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Critiques de Kate Summerscale (74)
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La déchéance de Mrs Robinson : Journal intime d..

La déchéance de Mrs Robinson est un pur bonheur de lecture, mêlant connaissances historiques, sociologiques et anthropologiques.

Il m'est difficile de parler de cet ouvrage tant ses apports sont multiples. Bon allez je me lance.

En premier lieu, l'auteur en choisissant de nous relater cette tranche de vie, nous montre combien il est difficile d'être une femme au 19ième siècle et ce même au sein de la bourgeoisie. Les femmes sensibles aux lettres, et à la politique ont alors ce côté indépendant quelque part déplaisant. Après tout quel meilleur rôle peut jouer une femme que celui d'épouse aimante, soumise et surtout dévouée à ses enfants.

Ensuite l'auteur aborde le thème de la sexualité et nous fait constater combien au cours du 19ième siècle la phrénologie avait voie au chapitre en la matière. Ainsi une femme aux pulsions quelques peu comment dire affirmées avait un crâne répondant à des formes spécifiques. Pour m'être intéressée de près à la naissance de la police judiciaire, et pour avoir de manière modeste obtenue quelques informations en matière de phrénologie, je savais qu'il existait des formes de crane spécifiques pour le violeur, le meurtrier ou le voleur mais je ne pensais pas que l'on avait trouvé une forme de crane spécifique pour les nymphomanes. Bon en matière de nymphomanie il faut relativiser, surtout pour ce qui est de notre héroïne qui ne vit que dans le fantasme d'un homme certes viril et sensuel mais surtout aimant et attentionné. Peut on reprocher aux femmes de cette époque d'avoir voulu s'affranchir de la froideur de leurs maris qui ne leur conféraient que le maigre statut de reproductrices et meneuses de foyer.

Un dernier point pour cet ouvrage, j'avoue avoir été surprise de voir à quel point les écrits romantiques d'une femme pouvaient être perçues comme déviants à cette époque. A croire que la seule évocation de sentiments même avec pudeur était de la part d'une femme la caractérisation d'un besoin sexuel refoulé.

En posant cet ouvrage je me dis que nous avons tout de même bien fait avancer la condition féminine, du moins sur le point littéraire.
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L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

Les meilleures histoires policières sont les vraies. Surtout servies par une bonne plume.
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L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

Le 30 juin 1860, la maison de Samuel Kent à Road dans le Wiltshire, est en émoi. Saville, âgé de quatre ans, a disparu de sa chambre. La nurse , qui dormait dans la même pièce que l’enfant, pensait que Mrs Kent était venu le chercher après l’avoir entendu pleurer. Après de longues recherches, le corps de Saville est retrouvé dans la fausse des toilettes à l’arrière du jardin. Il a été poignardé et égorgé. La maison avait été entièrement fermée la veille au soir, personne ne pouvait y pénétrer de l’extérieur. L’assassin habite donc obligatoirement Road Hill House.



Kate Summerscale reconstitue de manière minutieuse ce fait divers qui marqua les esprits et fut à l’origine de plusieurs œuvres littéraires notamment "La pierre de lune" de Wilkie Collins. Le meurtre de Saville eut un écho retentissant dans la presse pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’enquête fut menée par un célèbre détective de Scotland Yard, Jack Whicher. Une unité de détectives en civil avait été fondée peu de temps auparavant en 1852. La figure du détective naît à cette époque et est rapidement transposée en littérature. Edgar Alan Poe fut le précurseur avec Dupin bien avant les anglais. C’est véritablement la naissance du corps d’élite londonien qui donne vie au détective intuitif, observateur, à l’affût du moindre détail et avec un sens élevé de la déduction. Cet archétype se retrouve dans "La maison d’Apre-vent" de Dickens avec l’inspecteur Buchet et bien entendu dans "La pierre de lune" où le personnage de Cuff est directement inspiré par Jack Whicher.



Ensuite la famille Kent semble au-dessus de tout soupçon. Il s’agit de la haute bourgeoisie issue de l’industrialisation. Comme pour l’affaire de l’assassinat de Mr Briggs dans un train de première classe, ce qui fascine c’est que les classes élevées soient vulnérables et touchées par le crime. L’intimité des Kent est rapidement mise à nu, la maison et les affaires personnelles de chacun sont fouillées. Cette recherche poussée est choquante à l’époque victorienne. La maison est un havre de paix, de repos qui doit être inviolable. Bien entendu la famille Kent se révèle plus complexe et moins lisse qu’il n’y paraissait. Saville, ainsi que deux autres enfants, est issu du second mariage de Samuel Kent. Quatre enfants du premier lit habitent également la maison. La deuxième Mrs Kent était la nurse des enfants et la première Mrs Kent était considérée comme folle. Les secrets de famille sont exposés aux yeux de tous et feront le sel des romanciers comme Mary Elizabeth Braddon dans "Le secret de Lady Audley". "L’histoire familiale que Whicher reconstitua à Road Hill House donnait à penser que la mort de Saville s’inscrivait dans un tissu de tromperie et de dissimulation. Les romans policiers que l’affaire inspira, à commencer par "La pierre de lune" en 1868, retinrent la leçon. Tous les suspects d’une énigme criminelle classique ont leur secret et, pour le garder, ils mentent, dissimulent, éludent les questions de l’enquêteur. Chacun a l’air coupable parce que chacun a quelque chose à cacher."



Les enquêteurs et les journalistes vont faire leur miel des révélations sur la première Mrs Kent et sa soi-disant folie. La médecine aliéniste est en plein développement et tend à enfermer toute personne un peu fragile. Ses dérives sont pourtant connues et Wilkie Collins en avait fait le cœur de "La dame en blanc". Mrs Kent était-elle vraiment folle ou a-t-elle été abusivement cloitrée chez elle ? Les révélations sur la vie antérieur de Samuel Kent sont bien évidemment le centre de l’affaire.



Tous les détails de ce fait divers concouraient à marquer les esprits et à attiser la curiosité morbide du public. Kate Summerscale retranscrit cette histoire et son contexte historique avec rigueur et précision. Le livre est extrêmement bien documenté et est aussi captivant qu’un roman policier.
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L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

En cours de lecture... page 282 / 523 .



Nous sommes au matin du 30 juin 1860, en la demeure bourgeoise de Road Hill House, habitée par la famille Kent, la nuit a été calme. Le jeune Saville Kent, âgé de 4 ans, a disparu. Il est retrouvé quelques heures plus tard, dans les latrines des domestiques, égorgé et exsangue. Après quelques tâtonnement de la part de la magistrature en charge de l'enquête, on fait appel au plus célèbre détective de Scotland Yard de l'époque, le détective Jack Wihicher, et bien vite l'évidence apparaît : le jeune garçon n'a pu être assassiné que par une personne de la demeure, un proche. Pourquoi, comment, pour dissimuler quelque sombre secret ? Débute alors un gigantesque Cluedo. On commence à étudier, disséquer l'emploi du temps, les déplacements de chaque protagoniste, pas à pas, étapes par étapes et ce apparemment jusqu'au dénouement final...



En parallèle, l'affaire passionne les médias de l'époque et la population entière de cette Angleterre si victorienne se pique de cette histoire. Chacun, chacune y va de sa théorie, de l'anonyme au plus grand nom, les courriers inondant les ministères, les journaux, Scotland Yard. C'est un chaos qui va laisser des traces, jusque dans la littérature... Charles Dickens et Wilkie Collins vont s'inspirer de cette affaire dans leurs ouvrages à venir. Ils vont surtout se nourrir de cette "folie", de cette passion qui secoue l'Angleterre de ce goût du crime qui a attisé les plus folles théories et de futures vocations...



Alors, bienvenue à Road Hill House, dans une Angleterre victorienne si souvent décrite, écrite. Bienvenue dans ce roman noir qui se joue de tous les codes, vous entraîne dans une valse de détails. Mais voilà, un peu trop à mon goût... je commence à lâcher prise à la page 282. Je vais continuer ma lecture pour connaître le coupable du crime du petit Saville Kent mais en sautant sûrement quelques passages... Dommage car dès le début on mène l'enquête, on se laisse emporter par l'intrigue mais beaucoup trop de longueurs...



A suivre...

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Un singulier garçon

Robert et Nattie, 13 et 12 ans, affirment à tout ceux qu'ils croisent que leur mère est à Liverpool. Mais une curieuse odeur commence à flotter... on apprend alors que Robert a tué sa mère.



C'est mon 3e livre de cet auteur et ma 5e reconstitution de fait divers victorien. Ces ouvrages sont toujours très documentés, et bien qu'Un singulier garçon est celui que je trouve le moins réussi, il y a plusieurs choses qui m'ont passionnée.



La vie des deux frères, la découverte du corps, le procès sont vraiment passionnant parce qu'on évoque la santé mentale de Robert qui sera d'ailleurs la grande question du procès.



L'auteur nous fait aussi découvrir la vie dans un asile à l'époque victorienne. C'est l'une des parties les plus intéressantes à mon sens, même si l'asile dont il est question est clairement un modèle pour l'époque.



De plus j'ai trouvé que c'était bien de voir la reconstruction de l'avenir de Robert en Australie, où beaucoup d'anciens criminels anglais refaisaient leur vie. Par contre tous les passages sur la Grande Guerre m'ont semblé ennuyeux. Qu'il se soit distingué aurait pu prendre seulement quelques lignes et non des pages et des pages.



De même, le contexte politique ne m'a pas spécialement intéressé, par contre les passages sur les penny dreadful (des histoires à sensation) sont "drôles" car les gens de l'époque récriminaient contre ce genre littéraire au même titre que certains aujourd'hui blâment les jeux vidéo du mauvais comportement des jeunes.
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L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

En 1860 l'Angleterre se passionne pour un crime choquant, le meurtre du jeune Saville Kent, trois ans, dans la maison de ses parents. Le petit garçon a été emporté de son lit en pleine nuit -sans que sa nurse qui dormait dans la même pièce n'entende rien- égorgé, puis son cadavre a été jeté dans les latrines. Le meurtrier est forcément quelqu'un de cette maisonnée bourgeoise, membre de la famille ou domestique. Dans un premier temps l'enquête est assez mal menée par la police locale du Wilthshire puis les autorités font appel à Jack Whicher, détective de Scotland Yard.



A partir des nombreuses sources de l'époque, notamment la presse qui a suivi toute l'affaire de très près, Kate Summerscale étudie, à travers cet exemple, les débuts de la police d'investigation en Grande-Bretagne. Elle analyse aussi la façon dont les protagonistes et les faits ont influencé les auteurs de l'époque comme Wilkie Collins et Charles Dickens.



Alors qu'on nous présente les Britanniques comme des gens très jaloux de leur intimité, qui considèrent leur foyer comme un lieu où chacun doit être libre de mener sa vie comme il l'entend, les premières intrusions de la police chez les Kent scandalisent la presse mais rapidement les scrupules tombent et presse et public ne se lassent pas d'imaginer des scénarios qui décortiquent la vie privée de la famille : c'est la mère, c'est la nurse, c'est le père -qui couchait avec la nurse, c'est la fille adolescente, enfant d'un premier lit et jalouse de son petit frère... Des détectives en herbe vont jusqu'à envoyer leurs déductions à la police ou aux journaux.



C'est cette presse si présente qui me frappe le plus. Le nombre de journaux à l'époque était beaucoup plus élevé qu'aujourd'hui. Il n'y avait pas la télévision.



Moi qui suis une lectrice assidue d'Anne Perry j'ai trouvé fort intéressant cette incursion dans un vrai crime de l'époque victorienne.
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L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

Sous l'ère victorienne, un petit garçon est retrouvé assassiné au sein du domaine familial.

Le premier enquêteur britannique sera alors envoyé chez eux pour découvrir l'assassin.

Ce livre passionnant, très bien documenté, relate l'enquête sur cet assassinat, le destin des protagonistes, etc...

A lire comme un roman policier, historique, sociologique !
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La déchéance de Mrs Robinson : Journal intime d..

Je pense que c'est le genre d'ouvrage qu'on appréciera plus facilement si on le parcourt comme un documentaire plutôt qu'un roman. On apprend beaucoup de choses sur la condition féminine à l'ère Victorienne. D'ailleurs, certaines choses n'ont pas disparues. Combien de femmes se marient de nos jours non par amour mais par besoin?
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La déchéance de Mrs Robinson : Journal intime d..

LA DECHEANCE DE MRS ROBINSON DE KATE SUMMERSCALE



Grande-Bretagne, milieu du 19e siècle. Mrs Robinson, mère de 3 enfants, est malheureuse en ménage. Passionnée de littérature et d'art, elle ne trouve en son mari qu'un compagnon froid et distant. Elle livre son amertume et sa frustration dans les pages de son journal intime et ne tarde pas à croiser le chemin d'un jeune et séduisant médecin qui partage ses centres d'intérêt. Malheureusement pour elle, atteinte d'une forte fièvre, elle parle malgré elle de son adultère. Son mari ouvre alors son journal intime. Blessé au plus profond de son orgueil, il réclame le divorce pour faute. S'ensuit un procès dont les journaux de l'époque se feront l'écho.



Kate Summerscale dévoile un fait divers qui met en lumière la condition féminine à l'époque victorienne. Elle a réalisé une véritable enquête pour reconstituer cette histoire, fondée largement dans la première partie du récit sur le journal intime et la correspondance de Mrs Robinson. La narration est concise et replace les faits dans leur contexte. L'auteur ne prend pas partie pour l'un ou l'autre des protagonistes mais nous livre les faits tels qu'ils se sont présentés en leur temps. Cette neutralité garde ce fait divers dans son jus, comme une percée dans une époque qui n'est plus la nôtre. Un voyage dans le temps instructif et passionnant.

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L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

En juin 1860 s'est déroulée en Angleterre une affaire criminelle qui a secoué tout le pays : le meurtre d'un enfant de la bonne société, Saville Kent, 4 ans, au sein même de la maison familiale. A l'époque ce fait divers fit couler beaucoup d'encre, pas seulement dans les journaux, dans le milieu littéraire également où le genre policier voyait le jour.

K. Summerscale qui a notamment travaillé pour l' "Independant" et le "Daily Telegraph", s'est longuement plongée dans les archives pour nous offrir maintenant "L'affaire de Road Hill House". Elle nous présente plus que les faits, elle dépeint aussi toute la société victorienne et nous ouvre les coulisses d'une grande maison, exposant au grand jour son linge sale. Et elle met en avant un nouveau type de personnage promu à un bel avenir : le détective. Ici Jack Wicher, membre de la nouvelle section d'investigation de Scotland Yard, et qui va par ailleurs inspirer le sergent Cuff de la "Pierre de lune" de W. Collins.

"L'affaire de Road Hill House" est très intéressant pour son parallélisme entre histoire vraie et histoire littéraire, en revanche, côté suspense, cela manque un peu de palpitant. Plutôt à lire avec une tasse de thé qu'avec un whisky sec.
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L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

Dans la campagne anglaise de 1860, le très jeune Saville Kent disparut une nuit de son lit et fut retrouvé mort peu après. Une douzaine de personnes vivaient alors sous le toit de Road Hill House : membres de la famille et domestiques. Pour autant, l’enquête qui aurait dû être facile mit des années à aboutir. Qui avait froidement assassiné le petit garçon : un inconnu de passage, ou pire, un de ses proches parents ?

Pour rédiger ce roman-documentaire, l’écrivain Kate Summerscale s’est plongée dans une énorme quantité d’archives policières et journalistiques d’époque. A la fois analyse d’un crime horrible et des perversions d’une famille aux apparences idéales, ce livre est aussi un passionnant tableau de mœurs de la société victorienne et de ses turpitudes soigneusement dissimulées. Ce fait divers inspira a l’époque les prémices du roman policier anglais, ainsi que l’écrivain Henry James et son célébrissime « Tour d’écrou ».
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La déchéance de Mrs Robinson : Journal intime d..

Une reconstitution extrêmement bien documentée et précise, émaillée de nombreuses références que ce soit à travers des extraits du journal d'Isabella ou des auteurs du moment ou de correspondance et des minutes des procès. Cependant, je dois admettre que j'ai eu du mal à en venir à bout et que je suis soulagée de l'avoir enfin terminé.. La narration, plus documentaire que romancée est la principale raison de mon ennui... En effet, même si l'auteure présente très bien les faits et que tout est bien expliqué, j'ai du mal avec le côté documentaire- récit circonstancié Du coup, ça m'a intéressée mais j'ai trouvé ça long. Pour le reste, le personnage d'Isabella m'a vraiment plu et j'ai eu mal au cœur pour elle (la condition féminine de l'époque était réellement déplorable, je ne suis pas féministe mais tout de même... ) J'ai apprécié également le parallèle fréquent avec Mme Bovary (mais contrairement à beaucoup de personnes, j'adore ce roman)





Ce que j'aime : le sens du détail et la superbe reconstitution. Les références littéraires.





Ce que j'aime moins : trop rigoureux pour l'amoureuse de fiction romancée que je suis ^^





En bref : Un excellent récit, documenté, qui m'a appris énormément de choses mais, hélas, le côté trop "biographique/témoignage" m'a refroidie (pas mon style)





Ma note





6/10
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La déchéance de Mrs Robinson : Journal intime d..

Livre reçu lors d'une masse critique babelio, que je remercie. J'ai découvert l'auteur et je pense que sans avoir à publier une critique je ne serai pas allée au bout de ma lecture.

Le titre et le thème m'ont attiré lors de la masse critique, mais je pensais avoir à lire un roman. Mais il ne s'agit pas d'une fiction, mais d'un compte rendu très documenté sur une affaire qui défraya l'actualité britannique en 1858. Isabella, veuve, se marie en secondes noces avec Henry Robinson en 1844. Son mariage est malheureux, Isabella lit beaucoup, aime la philosophie, les idées nouvelles, tandis que son mari est uniquement intéressé par l'argent et les affaires. Isabella s'ennuie...En 1850 elle fait la connaissance d'Edward Lane, brillant étudiant en médecine, de 10 ans son cadet, tombe amoureuse de lui et consigne la relation qu'elle entame avec lui dans son journal intime. Robinson trouve alors ce journal et demande le divorce pour adultère...Alors nous suivons avec force détails l'évolution du procès avec comme intrigue principale : ce journal est il une réalité ou une fiction? Les scènes d'amour qui y sont suggérées ont elles été vécues ou inventées? Un journal intime est il une preuve d'adultère?

Nous nous trouvons également plongés de façon documentaire dans une société dans laquelle la condition féminine est déplorable. "Une femme doit obéir à son mari, comme les hommes obéissent à Dieu"...Le procès, qui décortique jour après jour le journal d'Isabella, le fait recopier, en livre certains extraits à la presse, ne fait jamais la moindre illusion aux infidélités de Robinson, qui, lui, a des enfants illégitimes...

Le récit est très documenté (extraits de presse, témoignages, lettres...) disgressif (beaucoup de personnages secondaires, de parcours de vies similaires à celle du personnage principal), c'est un témoignage d'époque de l'époque Victorienne très intéressant.

Même si j'ai apprécié être plongée de façon aussi réaliste dans cette période et si j'ai appris beaucoup de choses, je n'ai pas été passionnée par cette lecture, un peu trop indigeste, disgressive. J'ai vraiment peinée à poursuivre ma lecture au delà de la moitié du livre (même si l'intrigue démarre vraiment à ce moment là). Cependant je me suis attachée à cette héroïne, une héroïne qui a existé et dont le destin fait froid dans le dos!!!

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La déchéance de Mrs Robinson : Journal intime d..

Excellente étude, vivante et pertinente. K Summerscale a définitivement un don de narration et de précision.
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L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

Ce livre revient sur un fait divers anglais du 19ème siècle qui a marqué son époque : le meurtre d'un garçon de 4 ans dans une famille bourgeoise de la campagne anglaise.



Les personnages sont présentés, le drame est relaté puis tout ce qui lié de près ou de loin à l'enquête qui a été menée est étudié. C'est en effet l'occasion pour l'auteure d'aborder de nombreux sujets. Elle évoque les moeurs, les préjugés de classe et de genre de l'époque, la naissance de la police moderne et le développement du travail d'enquête qui se veut de plus en plus scientifique. Le traitement médiatique de l'affaire est particulièrement important, questionnant le partage entre vie publique et vie privée. Le public se passionne pour ce meurtre et tout le monde veut contribuer à la découverte du coupable. C'est cette ambiance qui voit également l'émergence du roman policier et des détectives comme personnage de roman.



Le travail réalisé par l'auteure est admirable et sûrement exhaustif sur le sujet. Malheureusement, le texte est pesant et presque étouffant tellement il est surchargé de détails. D'autant plus que l'enquête en elle-même n'est pas captivante. Elle n'avance pas, tourne en rond, cela perd en tension et on en oublie presque le meurtre premier de cet enfant. Il est dommage que ce texte n'arrive pas à rendre justice aux recherches de l'auteure. Mais ce livre sera passionnant pour quiconque s'intéresse à l'époque victorienne et aux sujets cités.

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La déchéance de Mrs Robinson : Journal intime d..

En 1844 Isabella Walker, veuve avec un bébé, épouse l'ingénieur Henry Robinson. Elle ne l'aime pas mais il faut bien qu'elle se case, lui s'intéresse surtout à sa dot qui va lui permettre de développer son entreprise. Bien vite Isabella est insatisfaite et malheureuse. Elle s'intéresse à la littérature, à la médecine, sujets qui laissent froid Henry, de surcroit fréquemment absent pour affaires. A Edimbourg où la famille réside, Isabella fréquente les Lane. Edward Lane est un jeune médecin séduisant qui la fait fantasmer. Dans son journal intime elle rapporte leurs rencontres, leurs conversations, les rêves qu'elle fait de lui, ses espoirs que leur amitié évolue puis le premier baiser, la relation intime, enfin. Peu après Henry met la main sur ce journal et va s'en servir pour demander le divorce.



Dans la première partie de son étude Kate Summerscale introduit le lecteur auprès des intellectuels progressistes du milieu du 19° siècle. Dans l'entourage des Lane gravitent en effet Charles Darwin et George Combe, pionnier de la phrénologie en Grande-Bretagne. La phrénologie c'est cette tentative de déduire le caractère des gens d'après la forme de leur crâne. D'après ce que je comprends elle m'apparaît comme un premier pas vers la psychanalyse sauf que les phrénologues sont restés à la surface des choses, si je puis dire, tandis que Freud est allé à l'intérieur. La phrénologie en tout cas a fait perdre la foi à Isabella.



Dans une lettre à Combe elle explique que "les gens comme lui, qui ont accompli de grandes choses, ont la possibilité de "se consoler avec le sentiment de n'avoir pas vécu en vain", mais pour elle et d'innombrables autres femmes, "qui ne font qu'exister sans bruit, qui (pour certaines) élèvent une famille, suivant en cela l'exemple inutile de celles qui les ont précédées, quelle motivation, quelle espérance peut-on trouver, qui soient suffisamment puissantes pour leur permettre de faire face aux épreuves, aux séparations, au grand âge et à la mort même ?"



Malgré tout je constate que la phrénologie de Combe est entachée de préjugés sexistes et racistes. Il pense ainsi que l'amour de l'approbation, bien développé chez Isabella, est une faculté "souvent prononcée chez les femmes, les Français, les chiens, les mulets et les singes."



Dans cette première partie on fait la connaissance d'un autre personnage fort intéressant. Il s'agit de George Drysdale, frère de Mme Lane. A l'âge de 15 ans ce pauvre garçon a découvert fortuitement la masturbation et se masturbe bientôt deux à trois fois par jour. Pour se débarrasser de son "vice" "il subit une série d'opérations destinées à lui cautériser le pénis -c'est-à-dire à en détruire les terminaisons nerveuses en introduisant dans l'urètre une fine tige métallique enduite d'une substance caustique. Il se soumit sept ou huit fois à cette intervention." (Bien que n'étant pas équipée d'un pénis, j'en ai mal pour lui!) George consulte enfin le dr Claude François Lallemand, spécialiste français de la lutte contre l'onanisme qui lui suggère d'essayer le coït. Et ça fonctionne ! George étudie ensuite la médecine et publie des livres dans lesquels il préconise des relations sexuelles épanouissantes pour tous, hommes et femmes et donc l'usage de la contraception. Tout ceci avec pour objectif de lutter contre la masturbation, considérée comme une maladie mentale à cette époque. Encore une fois un mélange d'ouverture d'esprit bienvenue et de résidus du passé.



La deuxième partie présente le déroulement du procès en divorce intenté par Henry Robinson contre son épouse et qui a lieu en 1858. Henry attaque aussi Edward Lane à qui il demande des dommages et intérêts pour adultère. La principale preuve à charge présentée et qui va être disséquée tout au long des audiences est le journal d'Isabella. Pour préserver la réputation d'Edward (à qui des maris confient leur femme en cure d'hydrothérapie) celle-ci et ses avocats adoptent la ligne de défense suivante : il ne s'est rien passé de répréhensible entre Edward et Isabella. Le récit qu'elle en fait dans son journal est entièrement fantasmé. Edward et ses soutiens vont s'engouffrer dans cette voie. La déchéance de Mrs Robinson est en marche. Tous ceux avec qui elle discutait littérature ou science, mais qui sont avant tout des amis d'Edward, vont avoir à coeur de se démarquer d'elle pour ne pas être entraînés dans sa chute. Il s'agit de prouver qu'elle est folle et qu'elle l'a toujours été.



"Chacune des actions de Mrs Robinson ne nous laisse le choix qu'entre deux conclusions (...) : ou bien elle est la créature la plus ignoble et débauchée qui revêtit jamais forme féminine, ou bien elle est folle. Dans l'un et l'autre cas, son témoignage est sans valeur." cqfd ! L'hystérie, diagnostique fourre-tout, s'avère bien commode pour réduire au silence une femme qui a eu le culot de vouloir exprimer ses sentiments.



Cette femme intelligente est bafouée de façon scandaleuse. On vient au procès comme on irait au spectacle pour se repaître des "bonnes feuilles" du journal. Il y a là un mélange de voyeurisme et de pudibonderie très hypocrite. Cette société patriarcale qui réprouve tout ce qui peut s'apparenter à une volonté d'autonomie chez une femme est effrayée par celles qui, comme Isabella, n'apparaissent pas entièrement soumises à leur mari.



J'ai trouvé passionnant cet ouvrage qui aborde de nombreux sujets. Ce qui m'a le plus intéressée c'est tout ce qui concerne la sujétion des femmes mariées à leur époux (l'auteur cite aussi d'autres cas de divorces difficiles à cette époque) et les questions de sexualité. J'apprends qu'il y a controverse au sujet de l'usage du spéculum pour les consultations gynécologiques. Peu de médecins l'utilisent par crainte d'exciter leurs patientes qui bientôt ne pourraient plus s'en passer...
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L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

Lu il y a plusieurs années.



Un excellent roman, très instructif sur les mœurs de l époque victorienne. Les dernières lignes sont juste parfaitement amenées mais tellement terrible. Je m en souviens encore.
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L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

Un très bon livre avec une intrigue complétement folle. Un des rares policier qui m' a autant fait vibré. Inspiré de fait réel cette histoire autant sombre que macabre est une parfaite image d'un crime parfait dans une maisons de haute lignée ou en son sein la discorde est de mise. Le fait que l'histoire est inspirée de fait réel rajoute une touche de tension et de cruauté mais même dans les histoires sombre et macabre une pars de lumière subsiste.



ugo
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Un singulier garçon

Il s'agit ici de l'histoire d'un matricide dans l'Angleterre de la fin du XIXe siècle.

L'auteur s'appuie sur une riche documentation et nous dit tout, des faits, du procès et de ce qu'il advint de l'accusé. Plus qu'une étude psychologique l'auteur nous livre une étude sociologique et historique sur le comportement de la société anglaise de l'époque victorienne vis à vis des criminels et des aliénés.

L'écriture est sèche, précise, allant droit au but, sans affect, sauf à la fin du livre où l'auteur se livre un peu.
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L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

Je n'avais encore jamais lu de roman-enquête mais après voir fini celui-ci, j'ai découvert que j'appréciais ce style de lecture.



Cet ouvrage se compose en deux parties qui se complètent :

- la trame de fond avec son déroulement et les personnages qui gravitent autour.

- le contexte de historique, social, de l'époque où on nous raconte d'autres faits, les habitudes de l'époque, etc.



Etant donné le contenu, on nous donne beaucoup d’éléments que ce soit au niveau des noms, dates, lieux, etc. mais il est facile de s'y retrouver grâce au style fluide de l'auteur car il s'agit avant tout d'un roman et non d'un documentaire.



Je pense que ce livre apporte du divertissement comme tout autre roman mais qu'il a cette "particularité" d'être informatif également.
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