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Critiques de Kate Summerscale (74)
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Un singulier garçon

Juillet 1895. Un meurtre, un matricide perpétué à Cave Road, rue du quartier londonien de West Ham nouvellement construit pour faire face à la croissance démographique galopante à la fin du XIXéme siècle.

Deux frères Nathaniel et Robert Coombes âgés de 12 et 13ans qui vécurent 10 jours dans la maison où le corps de leur mère qu'ils avaient tués, gisait dans son lit exposé à des températures caniculaires.

A partir de ce fait divers, Kate Summerscale mène son enquête et tente de comprendre et d'expliquer ce geste qui suscita l'indignation dans la presse de cette époque. Elle nous guide à travers les méandres de la justice victorienne où un enfant était jugé comme un adulte. Elle nous présente une magnifique galerie de portraits des hommes et des femmes qui croisèrent la route de Robert Coombes et le suit jusqu'à sa dernière demeure.

Forte d'une riche documentation et d'une grande érudition, entre roman et essai, Kate Summerscale nous plonge dans une société tellement proche chronologiquement et pourtant psychologiquement et moralement tellement éloignée de nous.

Cet ouvrage est aussi palpitant que captivant tant par sa forme audacieuse que par le choix du sujet.



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L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

Ce livre met en perspective un fait divers réel (l'assassinat d'un garçonnet dans une maison bourgeoise du Wiltshire pendant l'été 1860) en soulignant de quelle manière il a contribué à définir les codes du roman policier. A l'époque, le double assassinat rue Morgue d'Edgar Poe est déjà paru, mais la Pierre de Lune de Wilkie Collins n'est pas encore écrit. Et c'est dans ce meurtre que Collins et ceux qui lui succéderont puiseront tous les ingrédients qui nous sont devenus familiers: le huis clos, les indices qui pointent vers un faux coupable, la police locale forcément incompétente, le détective dont la venue est à la fois espérée et redoutée. Passionnant pour qui s'intéresse à la génèse de ce genre littéraire.
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La déchéance de Mrs Robinson : Journal intime d..

Après l’Affaire de Roadhill House, voici le deuxième opus de Kate Summerscale qui fait de nouveau une plongée dans un fait divers victorien. Dans La déchéance de Mrs. Robinson, nous sommes en présence d’une femme de la bonne société britannique qui s’ennuie à mourir. Inexistante aux yeux de son mari si ce n’est qu’en tant que porte-monnaie, elle met sur papier ses états d’âme de mère mais surtout de femme. Elle se sent tellement seule qu’elle s’imagine des relations ambigües avec d’autres hommes qu’elle rencontre au gré de sa vie. Amis de la famille, précepteurs de ses fils, tout homme qui semble un tant soi peu isolé et d’aspect « romantique » devient l’objet du désir de Mrs. Robinson.

Pour exemple, le cas du Dr Edward Lane. Ami très proche de la famille Robinson, il est un médecin reconnu et apprécié et est lui-même marié et père de famille. Pendant des années et des années Isabella Robinson va fantasmer sur ce séduisant médecin, bien sous tout rapport et épancher ses sentiments à son égard dans son journal intime jusqu’à ce qu’un jour, le fantasme devienne réalité et qu’ils tombent tous deux dans une passion éphémère.

M. Robinson tombe bientôt sur ces journaux intimes, décide de demander le divorce et bientôt la vie privée d’Isabella est jetée en pâtures aux journaux et autres avocats et médecins précurseurs en matière de psychiatrie. Pourquoi ? Car, dans les années 1850 – 1860, il ne fait pas bon être une femme laissant vagabonder son esprit dans des limbes érotiques ou au moins romantiques. C’est un signe de dégénérescence voire même de folie. Une femme de la bourgeoisie victorienne doit savoir se tenir, être d’agréable compagnie et surtout, doit se plier à toutes les volontés de son époux aussi monstrueux soit-il.

Kate Summerscale nous présente donc de nouveau, sous couvert de rapporter un fait divers « classique » de l’époque, une véritable étude anthropologique de l’Angleterre victorienne. La famille, le cercle amical, les bons usages en société, la nombreuse correspondance que ce doit d’avoir une femme de ce statut, son effacement face à la figure paternelle puis maritale, son hystérie supposée si elle choisi d’avoir une vie sexuelle épanouie : tout est épluché par K. Summerscale.

Et toutes ces informations, nous les devons aux journaux intimes de cette femme et j’avoue, la lecture de cet ouvrage ne m’a pas permis de savoir si il y a une part de vrai dans ce que raconte Mrs. Robinson. Est-elle tellement frustrée dans sa vie de femme qu’elle s’imagine des relations charnelles ou romantiques avec des hommes (plus jeunes qu’elle) ou est-elle sincère dans ses écrits privés et donc a-t-elle eu une relation avec le Dr Lane ? Le lecteur ne le sait pas car lors du procès en divorce institué par son mari, elle niera avoir jamais eu de relations avec le Dr Lane mais est-ce pour le protéger lui et sa famille ? Protéger sa réputation de médecin ? Ou bien, elle nie car rien ne s’est véritablement passé entre eux si ce n’est dans l’esprit d’Isabella.

A la lecture de cette histoire, le lecteur est assez ambivalent face au comportement de Mrs. Robinson. On n’arrive pas à savoir si elle est foncièrement stupide à écrire à tout bout de champs ses envies, ses rencontres, ses états d’âme et ses fantasmes (au risque d’être pincée) ou si c’est une affabulatrice de première qui s’est créer un monde de chimères tant sa vie quotidienne est assommante.

Finalement, Mrs Robinson et son supposé adultère ne sont que prétexte pour nous plonger dans l’étude des mœurs de la bourgeoisie sous le règne de Victoria et c’est assez saisissant de constater qu’en ce milieu de XIXe siècle, les Britanniques, tout empreints de sciences en tout genre (médecine en particulier) et champions en matière de révolution industrielle, tentent de faire bouger les choses au sein de la famille en faisant voter des lois plus « justes » pour les femmes notamment, sans pour autant réussir véritablement à ne serait-ce qu’essayer de se débarrasser de ce joug masculaniste écrasant.

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L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

Pendant mes vacances à Londres j’ai fais l’acquisition de deux romans : Wicked et The Suspicions of Mr Whicher or The Murder at Road Hill House. Deux livres totalement différents, une histoire revue et corrigée du Magicien d’Oz et un « roman documentaire » sur le meurtre de Road Hill House qui a ébranlé l’Angleterre dans les années 1860-1870.



La nuit du 30 juin 1860 fût sanglante pour la famille Kent, résidant à Road Hill House. Au petit matin, une des servantes de la famille Kent se rend compte de la disparition du petit dernier, Saville Kent, âgé alors de 3 ans. Le berceau est retrouvé vide et sa couverture avait disparue. En premier lieu, la servante pense que la mère de l’enfant s’est levée la nuit et l’a pris avec elle pour la fin de la nuit. Mais au réveil de la famille, force est de constater que l’enfant n’est nul part et que personne ne l’a vu.



La police est prévenue de la disparition de l’enfant et vient sur les lieux afin de le retrouver, et en effet, l’enfant est retrouvé mort égorgé et poignardé dans le coeur. Un meurtre horrible et sanglant secoue la famille Kent et va passionner les foules. L’inspecteur Whicher, reconnu pour son talent, va être plus tard appeler pour tenter de résoudre le mystère de la mort de Saville Kent. Tout de suite, Whicher va penser que cet affreux crime a été commis par l’une des personnes présentes cette nuit là dans la maison… Ses soupçons sont-ils justifiés ?



Presque trente ans avant que Jack l’Eventreur ne terrorise Londres en 1888, les histoires de meurtres passionnaient déjà les foules. Alors que le meurtre de Road Hill House s’est fait assez discret en France, en Angleterre c’est tout autre chose. Plusieurs livres ont déjà fait étalage de l’affaire, mais c’est avec brio que Kate Summerscale se fait une place parmi les récits de Road Hill House.



Très bien mené, ce roman/documentaire retrace toute l’histoire du meurtre de Road Hill House, tout en le replaçant dans son contexte historique. On reste sidéré par les méthodes policières de l’époque et le fonctionnement de la justice. Palpitant, aguicheur et étonnant, on comprend bien vite la frénésie qu’avait entouré en 1860 le meurtre de Road Hill House.



En bref : un très bon roman/documentaire, facile à lire (même en anglais) et captivant, surtout quand on sait qu’il s’agit d’une histoire vraie.
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L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

Ce n'est pas le récit d'un fait divers arrangé à la sauce romanesque, mais plutôt un document très précis sur l'affaire et ses protagonistes, du côté des accusés comme du côté des enquêteurs - et même des journalistes. L'auteur s'attache à démontrer comment l'affaire est à la source du développement du métier de détective à la Sherlock Holmes et, plus ou moins directement, du roman policier anglais. Elle se perd parfois en digressions, par exemple sur les carrières de détectives en rapport avec l'affaire, mais le récit n'en reste pas moins captivant, jusqu'à la résolution (malheureuse et incroyable) de l'énigme
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L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

Fait divers en Angleterre au 19eme siècle, Saville Kent, petit garçon de trois ans, est poignardé au domicile par un des membres de la famille ou de la domesticité. Le récit de l'affaire est l'occasion de relater en même temps les débuts de la police anglaise, des bobbies à Scotland yard. L'auteur montre aussi à quel point le traitement de cette affaire fait naître le roman policier et la figure du détective. C'est tout à fait passionnant et très bien documenté.
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La déchéance de Mrs Robinson : Journal intime d..

Voici un livre que j'ai eu du mal à apprécier. J'ai trouvé l'histoire lente, ennuyeuse et sans surprise.

Mrs Robinson est malheureuse dans son mariage : délaissée par son mari, elle trouve un peu de joie grâce à la présence de ses voisins, qui deviendront ses amis. C'est ainsi qu'elle rencontre Edward Lane, dont elle s'éprend.

Elle confie ce secret ainsi que tous ses états d'âme à un journal intime, qui deviendra son confident. Hélas, le journal tombe entre les mains de son mari qui, furieux de lire les lignes le concernant, décide d'entamer une procédure de divorce.

Mrs Robinson n'est pas très attachante : une grande partie de ce livre est une énumération des griefs qu'elle a envers son mari, de la solitude qui lui pèse ainsi que de son engouement pour le Dr. Lane. J'imagine qu'à cette époque il était difficile pour une femme de « s'émanciper » mais Mrs Robinson aurait pu rendre son existence plus agréable : elle est riche, elle a trois enfants, elle est entourée d'ami(e)s et peut voyager à sa guise. Pourquoi se focaliser sur un époux volage et absent ?

Ensuite, elle savait que son journal contenait des propos compromettants. le plus judicieux aurait été de le ranger soigneusement plutôt que le laisser traîner.

L'auteur a parsemé son récit des extraits du journal pour rendre le côté authentique mais je trouve ce procédé un peu ennuyeux.

Néanmoins, on découvre les conditions des femmes du XIXème siècle qui sont assez accablantes : les conditions pour le divorce n'étaient pas les mêmes selon le sexe du demandeur.

La seconde partie du livre décrit le procès : c'est honteux tout ce voyeurisme et cette vie privée étalée dans la presse.

Le style d'écriture est lourd, notamment à cause du mélange documentaire/récit. Mais il manque un peu d'énergie, du tonus, un talent de conteur qui aurait pu rendre cette histoire plus passionnante. Dommage !
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L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

A moins d’être universitaire ou passionné par l’époque victorienne, ce livre ne vous passionnera pas, trop de détails - trop de hors sujet - on en oublie le fil conducteur - et on finit par se désintéresser de l’histoire principale - pourtant cela commence fort bien.
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Un singulier garçon

Kate Summerscale, comme dans tous ses ouvrages est d'une précision chirurgicale. Tout est daté, précis, découverte du crime épouvantable, étude psychologique des auteurs, juste ou erronée, c'est selon l'expert, courriers, presse, procès, violence et maltraitance des enfants peu ou pas évoquées au procès (on n'accable pas la victime).

J'ai été toutefois moins emballée que par L'affaire de Road Hill House. Pourtant le crime est tout aussi effroyable.

Mais lecture très intéressante.
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L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

Une enquête d'une grande précision et bien écrite.

J'observe que certains lecteurs ont été déçus et découragés pour le moins et contraints d'abandonner pour le pire.

J'ai même lu que l'ouvrage devrait intéresser les initiés "aux études d'enquêtes de police", j'ajouterais et les juristes pénalistes et ou criminologues ! On ne se refait pas....



J'ai beaucoup apprécié cette première lecture de Kate Summerscale. Il faut d'ailleurs que je le retrouve car je ne le vois pas dans mes étagères que j'ai réorganisées par thèmes, ce qui témoigne que j'ai encore à faire !

J'ai moins aimé "Un garçon singulier".
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Un singulier garçon

Londres, 1895. Dans un quartier populaire, en l'absence de leur père en déplacement pour son travail, deux garçons de 12 et 13 ans mènent une vie de loisirs. Ils assistent à un match de cricket, vont au théâtre, organisent une partie de pêche. Pour subvenir à leurs besoins, ils mettent au clou, petit à petit, des objets de la famille. Où est passée leur mère ? Aux voisins qui s'en inquiètent les deux frères répondent qu'elle est chez leur tante. C'est quand la police intervient après 10 jours de disparition qu'elle découvre le cadavre de la malheureuse Emily Coombes, dans son lit, déjà dans un état de décomposition avancée. L'aîné des garçons, Robert, avoue aussitôt que c'est lui qui a poignardé sa mère.



Comme elle l'a déjà fait, Kate Summerscale s'est saisie de ce fait divers et a enquêté sur les motivations et le devenir de Robert Coombes.



Ses motivations : la justice britannique de l'époque n'interroge pas les prévenus (ce que j'avais déjà découvert en lisant Anne Perry). Seuls les témoins sont appelés à déposer. Une fois son crime avoué, on laissera peu à Robert l'occasion de s'expliquer sur ses actes. L'auteure se base sur ces premiers aveux et sur les rapports des médecins qui ont observé Robert après son arrestation mais cela fait des sources maigres et je ne trouve pas ses conclusions toujours très convaincantes. Peut-être parce qu'il est difficile d'accepter qu'un enfant puisse devenir meurtrier et de sa mère en plus. Le déroulement du procès de ce pauvre garçon qui ne comprend pas ce qui lui arrive me fait penser à celui de Mary Bell, plus de 70 ans après.



Le devenir de Robert : jugé coupable mais fou Robert est interné à l'asile de Broadmoor, construit spécialement pour recevoir les hommes et femmes reconnus déments devant les cours de justice. S'il reçoit de vrais forcenés cet asile semble aussi avoir été un moyen pour les jurys de l'époque d'éviter la peine de mort à de trop jeunes condamnés ou à des criminels présentant des circonstances atténuantes pas prises en compte par la justice. Libéré en 1912, Robert émigre pour l'Australie en 1914 puis s'engage comme volontaire lors de la première Guerre mondiale.



Sur ses traces et à son habitude, Kate Summerscale explore tous azimuts ce qu'a vécu son personnage. Après le déroulement du procès, elle présente l'asile de Broadmoor, les conditions de vie et l'histoire de quelques internés. Robert s'engage dans l'harmonie de l'asile, elle présente les harmonies à la fin du 19° siècle. Il y a ensuite de longs développements sur les combats des troupes australiennes durant la première Guerre mondiale, dans l'empire ottoman (à Gallipoli) puis sur la Somme. Le cas particulier des brancardiers et des musiciens est plus particulièrement étudié. C'est tout cet aspect de son travail qui m'intéresse le plus car je découvre plein de petits détails sur la vie à cette époque. J'ai donc apprécié la lecture de cet ouvrage.
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L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

J’avais trouvé passionnant Un singulier garçon, où l’auteure reconstituait, à l’aide de nombreux documents d’archives, une affaire criminelle des plus obscures, qui avait eu lieu au XIXè siècle. Il s’agit ici de l’assassinat d’un garçonnet de quatre ans, dans une demeure bourgeoise à la campagne. Les suspects sont peu nombreux, puisque le meurtrier n’est pas venu de l’extérieur, mais ses motivations demeurent mystérieuses. Je n’ai pas adhéré au parti-pris de Kate Summerscale, qui s’intéresse principalement à l’enquêteur chargé de lever le voile sur ce crime odieux, et aux prémices du roman policier, et j’ai peiné dans ma lecture…
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Un singulier garçon

J'apprécie beaucoup le travail de K Summerscale, et celui ci est particulièrement instructif et surprenant.
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Un singulier garçon

Dans ce roman passionnant, fruit d'un travail de recherche forcené et d'une enquête minutieuse, Kate Summerscale revient sur un fait divers particulièrement morbide.

L'assassinat d'une mère par son propre fils va glacer d'effroi la population anglaise et faire les gros titres de la presse. Les circonstances de ce crime et l'attitude paisible affichée par les deux frères ajouteront encore une couche à l'horreur.

Un beau matin de 1895 Nathaniel et Robert Coombes, respectivement 12 et 13 ans, sortent de chez eux pour assister à un match de cricket. Leur père, marin, vogue vers New York et les deux enfants prétendent que leur mère est allée à Liverpool pour un héritage. Au bout d'une dizaine de jours l'odeur émanant de la maison alerte une tante, qui force la porte de la chambre à coucher maternelle...

Les forces de police y découvrent le cadavre décomposé d'Emily, la mère de famille, sauvagement assassinée à l'arme blanche. L'attitude des deux frères épouvante les inspecteurs. Calme et déterminé l'ainé avoue son crime sans rechigner, tandis que le cadet reconnait la préméditation. Lors du procès le procureur évoquera en particulier l'influence pernicieuse des penny dreadful sur l'esprit du garçon.

Dans ce récit captivant, qui intègre les éléments de contexte de l'époque, l'auteur tente de comprendre les raisons de ce geste et l'étrange attitude du jeune meurtrier. Elle suit Robert jusqu'à sa mort et fait ainsi le portrait d'un homme qui reste néanmoins un mystère, devenant à sa sortie de l'asile un héros de guerre.
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La déchéance de Mrs Robinson : Journal intime d..

Toute femme se piquant d'écriture devrait avoir une chambre à soi et une bonne serrure, voilà pour la morale! Cette enquête, mi-historique, mi-journalistique, d'un procès pour divorce à l'ère victorienne est oppressant. Au coeur de l'affaire un journal intime, celui d'une femme présumée adultère: réalité ou folle imagination d'une femme mal mariée? C'est aux juges d'en décider. Leur verdict très nuancé sera imprégné de bon sens et d'humanisme. C'est remarquable dans une société où les "bonnes moeurs" poussent toute personne saine d'esprit à l'hypocrisie si elle veut éviter de sombrer dans le dérèglement psychique.

Connaître le statut des femmes à cette époque est une chose. Le ressentir en est une autre. Or Kate Summerscale nous donne à ressentir l'enfermement mental et sociétal que fut cette époque pour les femmes, mais aussi pour les hommes. J'ai pensé à l'excellent film "les femmes du bus 678", autre temps, autre lieu, même problème. Le maître est victime du système tout comme l'esclave, même si au choix, sa position est moins mauvaise.

Isabella est la victime lucide car intelligente sur sa condition, et son mari un homme abject de l'avis de tous. Les autres hommes, et notamment Edward Lane l'amant présumé, sont plutôt lâches ou égoïstes. Ils sont loin du héros sans peur et sans reproche. C'est vrai. Mais plus pitoyables que mauvais. Dans une autre société, ils auraient été des hommes plutôt "bien" avec leurs faiblesses, sans plus.

A la lecture de cette enquête, je comprends mieux la "mode du journal intime" au XIXème siècle. Je comprends aussi pourquoi on compte autant de femmes écrivains dans la "classe moyenne" en Grande-Bretagne. C'était le seul exutoire à leurs frustrations, à leur dépendance, à leur ennui ressassé dans leur prison plus ou moins dorée. Je ressens mieux rétrospectivement les romans des soeurs Brontë, de Jane Austen, de George Eliot, d'Elizabeth Gaskell et des autres... Leur connaissance de la nature humaine alors même qu'elles étaient sensées n'avoir rien vécu, prend sens.

Qu'ajouter? Que malgré sa longueur, l'enquête se suit comme un roman policier? C'est vrai. Elle se laisse lire agréablement. Elle est bien écrite comme un (très long) article de journal pourrait l'être. Pas d'erreur toute foi: Kate Summercale n'est pas un écrivain. Elle a bien fait de ne pas choisir la forme romancée. N'est pas Truman Capote qui veut et "La déchéance de Mrs Robinson" ne supporterait pas la comparaison avec "De Sang Froid". Mais elle vaut bien des romans ratés et plaira certainement à toutes les personnes qui aiment les romancières anglo-saxonnes.
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Un singulier garçon

Pour Kate Summerscale, le fait qu'il fasse un temps nuageux dans la banlieue de Londres le 4 juillet 1895, et que ce soit attesté par la presse du jour, c'est terriblement important. Elle déploie un sens du détail qui en devient presque étouffant. Le livre est ainsi truffé de notes de bas de page, de références, dont le but est un peu trop ostensiblement de nous épater par la profondeur de la recherche historique et du travail préparatoire.



... Mais pour autant, ça fonctionne très bien. Ce récit, presque à l'heure près, de la vie de Robert Coombes, qui fera quelques temps la une des journaux l'année de ses treize ans pour avoir assassiné sa mère, avant de devenir un héros ordinaire de la Grande Guerre puis de se faire oublier en Australie, est passionnant par la richesse de la reconstitution.



A lire, comme les deux autres livres du même auteur.

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L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

L'été est chaud en cette année 1860. Le petit Saville Kent, 3 ans, n'en a pas profité. Il a été retrouvé sauvagement assassiné dans la grande demeure familiale. L'enquête est bâclée et l'assassin court toujours. Jusqu'à l'arrivée de Jack Whicher, un célèbre détective londonien, qui accuse la sœur aînée du jeune garçon. Personne ne veut y croire et le fin limier ne survivra pas professionnellement à cet échec.

Au-delà du fait divers sordide que ce documentaire raconte avec minutie tout en dévoilant les secrets de la famille Kent où le remariage du père a entraîné des jalousies entre les enfants des différents lits, « L'affaire de Road Hill House » s'intéresse à l'émergence du flic moderne. Le 19ème est aussi le siècle de la création d'un nouveau genre littéraire : le roman policier dont le plus célèbre représentant fut Edgar Allan Poe. On apprend aussi que Dickens, fin pourfendeur des conditions sociales de l'époque, se passionne pour les crimes de toutes sortes.

Parallèlement, la démocratisation de la presse donne une visibilité au moindre fait divers et fait de chaque lecteur un enquêteur dont le comportement frise souvent le voyeurisme.


Lien : http://papivore.net/litterat..
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La déchéance de Mrs Robinson : Journal intime d..

La déchance de Mrs Robinson relate l'existence d'Isabella Robinson, accusée d'adultère par son mari, qui demande le divorce.

Dans la première partie de cet ouvrage, très documenté, on fait la connaissance des différents protagonistes. Isabella est une femme entre deux âges, qui déçue par son second mariage, fantasme sur d'autres hommes et note ses pensées et envies dans son journal intime. Sa vie est ennuyeuse, et j'ai trouvé cette femme assez pathétique. Henry, son époux, est souvent absent, et ne l'a épousé que pour sa fortune.Isabella se rapproche petit à petit du Docteur Lane... J'ai trouvé cette première partie un peu longue. J'ai trouvé que les nombreux paragraphes parlant des avancées médicales (notamment dans le domaine de la psychologie) apportaient une certaine longueur au récit des évènements. J'attendais qu'on rentre dans le vif du sujet, et la seconde partie de l'ouvrage ne m'a pas déçue.

La seconde partie est en effet consacrée au procès d'Isabella Robinson. Henry lui a dérobé son journal intime et demande le divorce pour adultère. Tout au long du procès, on se demande si le journal sera une preuve suffisante pour prouver l'adultère. J'ai été très surprise aussi par l'idée qu'une femme pouvait à l'époque être accusée d'adultère, alors que l'homme (de bonne réputation) avec qui elle a trompé son mari pouvait être lavé de tout soupçon ! Ce livre est un véritable témoignage de la domination masculine et montre à quel point les femmes ont pu être dirigée par les hommes et leurs intérêts. Cet aspect du livre m'a beaucoup intéressée.

Une biographie d'Isabella Robinson intéressante, malgré quelques longueurs. J'aurais aimé que l'ouvrage soit davantage écrit comme un roman plutôt que comme un documentaire, ce qui aurait apporté plus de fluidité à la lecture.
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L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

Trop de détails finissent par lasser le lecteur...

Ce livre relate l'histoire vraie d'un terrible crime à élucider. Malheureusement on s'enfonce dans des descriptions sur les journalistes et les détectives de l'époque, on nous perd dans des détails sur d'autres affaires criminelles élucidées ou non, bref, à moins de suivre des études sur les prémices des enquêtes de police du XIX ème siècle, pas la peine de se lancer dans la lecture de ce pavé.
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L'affaire de Road Hill House : L'assassinat..

Voilà un texte qui m'a intéressée dès que j'en ai entendu parler. L'auteur raconte l'histoire d'un fait divers, d'un crime comme ceux qui attirent irrésistiblement les médias et le grand public: un petit garçon disparait de son lit dans la nursery, sans que ni la gouvernante, ni la petite sœur qui dorment dans la pièce s'aperçoivent de quoi que ce soit. Le lendemain on retrouve le corps du bambin dans les lieux d'aisance situés dans les communs: il a été lardé de coups de couteau. La famille appartient à la bourgeoisie: le père, sa femme enceinte, les trois filles et le fils d'un premier mariage qui s'entendent assez mal avec leur belle-mère - leur ancienne gouvernante - et les petits du second mariage.

(suite sur mon blog)
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