Il n’y a que chez cette auteure que je retrouve toujours une ambiance à la fois dure et intrigante, toujours captivante et remplie d’émotions. Modern monsters (ou Le piège de l’innocence en français) est le deuxième roman de Kelley York que je lis (après Sous la même étoile, lu plusieurs fois) dans lequel j’ai su retrouver sa plume, ses personnages et ses bouleversements caractéristiques. Et ce, pour mon plus grand bonheur… On pourrait comparer Le piège de l’innocence à 13 reasons why ; je n’ai pas cherché à savoir qui avait inspiré l’autre. En tout cas, tous les ingrédients sont présents entre les pages pour faire du roman un drame adolescent américain au sujet grave. Ici, Callie, violée lors d’une soirée entre ados, coqueluches du lycées, marie-couche-toi-là et stars de l’équipe de football américain ; Vic, ado paumé, timide, presque loser, accusé du viol alors qu’il portait secours à une Callie nauséeuse un peu trop alcoolisée. Les clichés s’arrêtent cependant ici ; l’auteure sait ne pas en abuser et bien que ses personnages puissent éventuellement avoir été aperçus ailleurs, l’originalité et la fraîcheur de ses idées résident dans les événements et les épreuves qu’ils vont traverser. Ceux-ci promettent alors des dialogues intelligents et entiers, ainsi que des rebondissements surprenants et passionnants.
Dans les romans de Kelley York, l’amitié et la famille sont toujours des valeurs fortes et omniprésentes. Mais elles sont torturées aussi et mises à l’épreuve. Dans Le piège de l’innocence, les éléments qui viendront les perturber ne manqueront pas et sauront parfois se montrer sans pitié. Bien que le récit soit relativement calme et linéaire dans son ensemble, les éléments perturbateurs qui se comptent sur les doigts d’une main sont tellement forts et inattendus que l’histoire monte en puissance pour nous assommer autant que les personnages. Comme dans Sous la même étoile, les ados de l’auteure sont malmenés et ils sont tellement humanisés que l’on ne peut rester insensible à leur sort et que nous sommes touchés en plein coeur. Leurs réactions en sont d’autant plus naturelles, justifiées et humaines et nous, lecteurs, ne pouvons que partager leurs peines, leurs joies, leur rancoeur…
J’ai énormément aimé Le piège de l’innocence car l’auteure m’a donné ce que je voulais alors que je ne m’imaginais même pas qu’elle aurait pu avoir le cran de le faire. Deux révélations, plus particulièrement, qu’on ne voit pas venir et que, bien entendu, je me retiendrai de partager avec vous (même si ce n’est pas l’envie qui m’en manque tellement elles sont ahurissantes !). Kelley York a su les dévoiler lorsque l’histoire me glissait des mains, lorsqu’une longueur commençait à se faire désagréable. Elle sait donner à ses romans un souffle, que dis-je, une tempête qui vient soudainement souffler tout sur son passage, à point nommé, une tempête qui vient bousculer nos convictions les plus fortes, nous étonner, nous captiver, jusqu’à la toute dernière ligne du roman. Les rebondissements ne sont peut être pas des plus nombreux mais la qualité prime ici sur la quantité : l’auteure va loin, elle ne nous épargne pas et malmène ses personnages.
Mais il est finalement difficile de parler réellement de l’histoire. Je ne peux que partager les émotions hors norme qu’elle m’a procurées car la moindre petite révélation risquerait de gâcher le plaisir de lecture de ce roman ô combien captivant, humain et fort.
J’accorde ★ ★ ★ ★ ★ à Le piège de l’innocence. L’auteure est la seule à détenir une recette pareille ; celle qui mêle des personnages humains à des événements inimaginables mais complètement crédibles, parfois dignes de la plus grande tragédie que l’on puisse vivre sans pour autant faire dans le dramatique lourd et ridiculement larmoyant. Kelley York fait preuve d’une grande empathie au point de nous raconter des histoires très touchantes avec des personnages inoubliables. Comme dans Sous la même étoile, le personnage principal ici nous donne l’impression d’exister réellement, avec ses défauts, ses craintes, ses envies, sa quête ; et il n’y a que Kelley York qui nous fait cet effet-là !
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