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Critiques de Kurt Busiek (138)
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Histoire d'un sorcier, tome 1

Et dire que cet album aurait pu ne pas voir le jour... alors je peux dire un grand merci aux personnes qui ont retrouvé les planches originales.



Et puis que dire de la collaboration de ces deux auteurs , qui ici sortent complètement de leurs créations habituelles.. c'est purement génial. Les graphismes sont hauts en couleur et d'une belle exécution. Il est plus qu'agréable de feuilleter ce livre.

Quand a l'histoire si elle s'adresse aux enfants, elle est belle et la magie de l'enfance opère encore sur les adultes.. et bien oui je suis conquise par cette magie.



Et en prime la recette du gateau du soleil... qui m'a déjà été commandé par mes enfants.. il ne restera plus qu'a le déguster en revant
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Astro City Metrobook, tome 1

Alors ça, c'est différent!



Astro City est une série de comics indépendants publiée sporadiquement depuis les années 90. C'est une série extrêmement humaniste, quelque chose de très doux, personnel et touchant. C'est réellement centré sur la vie banale des gens ordinaires.



Pourtant, ça se déroule dans un univers de superhéros. Astro City est une ville qui fusionne les éléments du New York de Marvel et du Metropolis de DC. Tous les superhéros les plus connus y sont (sous d'autres noms), mais ils demeurent en périphérie du comics. Pas de baston, de fin du monde quotidienne, de petite copine kidnappée ou de drame entourant les identités secrètes.



Chaque comic, ou chapitre de 30 pages est donc une nouvelle qui se lit seule. On peut y suivre une palette de personnages ordinaires.



Qu'est-ce que c'est que la vie d'un journaliste dans une ville où les superhéros et les supervilains sont normaux?

Celle du minion, petit criminel sans envergure, qui voit les superhéros débarquer et arrêter ses patrons aussitôt qu'il se trouve un contrat moindrement lucratif?

Et le nouvel arrivant dans la ville, qui voit les dommages collatéraux des batailles pour le sort de l'univers(hors case) et se demande si c'est une ville où ses filles seront plus ou moins en sécurité qu'ailleurs?



Il y a bien quelques chapitres du point de vue de superhéros, mais elles ne concernent jamais vraiment leur "superhéroage". On voit une journée de travail de "Superman", en tant que journaliste. Un chapitre montre un rencart entre deux superhéros socialement maladroits. Mais même dans ces quelques chapitres, le ton et les thématiques sont toujours d'une très grande humanité.



Ce comic conviendrait parfaitement à quelqu'un qui n'aime pas les comics de superhéros.



(Il y a quelques tomes de disponibles en français. Ce ne sont pas les mêmes que j'ai pu lire en anglais, mais le format "nouvelle" fait que vous pouvez commencer pas mal n'importe où dans la série.)



Pour les connaisseurs, Astro City est une tentative de sortir de la violence et du cynisme des comics des années 90. C'est à mon avis la tentative la plus réussie. Meilleure que les Tom Strong de Alan Moore ou les Zot! de Scott McCloud dans la même veine.

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JLA/Avengers

Voilà un comics qui sort des sentiers battus !



Il existe quelques crossovers entre les maisons DC et Marvel, bien que peu nombreux (j’ai lu deux Superman et Spider-Man différents dans ma jeunesse). Je suis tombé sur celui-ci dont le casting ne pouvait que me sauter aux yeux : une réunion de la Ligue de Justice et des Vengeurs qui a été publiée au début des années 2000.



Pour les réunir, il ne fallait rien de moins que la menace de destruction de toute la Création. Krona (DC) est une force implacable qui sonde et détruit les univers à la recherche de la réponse à une simple question : comment le multivers est-il né ? Atteignant l’univers Marvel, il rencontre le Grand Maître, toujours joueur, qui lui propose un pari : choisir chacun une équipe et les lancer à la recherche des objets de pouvoir des deux mondes (genre le gant de l’infini, la batterie des Green Lantern, etc.). Celui dont l’équipe rassemble le plus d’artefacts gagne. Si c’est Krona, le Grand Maître lui donnera le nom d’un être qui a survécu à la destruction d’un univers et qui aura peut-être les réponses à ses questions ; Si c’est le Grand Maître, Krona s’engage à laisser les univers tranquilles. Les guéguerres entre héros sont bien orchestrées, le point focal étant la lutte entre Superman et Thor.



Sur cette idée assez simple et déjà exploitée par Marvel dans « Le Tournoi des Champions », Kurt Busiek et George Perez tirent un scénario plutôt réussi, dans lequel ils exploitent la puissance des intervenants en les faisant manipuler la réalité. Celle-ci changeant en permanence, il n’y a plus aucune référence possible et l’on perd vite pied. Qu’est-ce qui existe vraiment ? Philip K. Dick aurait aimé cela. Quand les héros finissent par comprendre les manipulations dont ils sont l’objet, ils demandent à connaître quelle est la « vraie » réalité qu’ils vont devoir restaurer. Et celle-ci a de quoi les faire renoncer : morts tragiques, pertes d’enfants, mauvais traitements et divorces. Veulent-ils de cette « réalité là ?



Autre idée bien exploitée : les points de vue croisés de chaque univers sur l’autre. Les « images d’Épinal » de DC et Marvel sont mis dans le scénario. Pour Captain America, le monde DC est trop beau et propre et les héros y sont trop admirés, signe pour lui d’un abandon de liberté en faveur de la sécurité. Pour Superman, le monde Marvel est fruste et ses héros, qui parviennent tout juste à maintenir l’équilibre avec les forces malfaisantes, manquent d’efficacité et de volonté. En dehors du pari qui les oppose, ces préjugés maintiendront les deux équipes dans la méfiance pendant un moment. C’est plutôt bien joué de la part des auteurs.



Evidemment, on a droit à un final de choc avec une confrontation des équipes unifiées face à Krona menée comme un jeu vidéo à niveaux. La réalité ne cessant d’onduler, les héros sont sans cesse remplacés par d’autres et Krona ne cesse de leur opposer de nouveaux vilains issus des deux univers. On assiste ainsi au passage d’à peu près tout le casting des deux univers, qui s’achève par la vision d’un Superman portant le bouclier de Captain America dans une main et le marteau de Thor dans l’autre.

Sacré spectacle !

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Bafflerog le sorcier, tome 1 : Le grand voy..

« Il était une fois dans le recoin le plus éloigné du pays de la nuit éternelle », un certain Bafflerog Rumplewhisker, descendant d’une terrible lignée de sorciers diaboliques. Mais en dépit de cette terrifiante ascendance, Bafflerog peine à mettre au point de vilains sorts, la méchanceté n’étant visiblement pas sa nature profonde. Chaque fois, il rate son coup et au final, l’effet inverse se produit, il sème le bien sur le village qu’il domine du haut de son donjon.



Tout pourrait aller pour le mieux, mais le Conseil Ténébreux ne l’entend pas de cette oreille. Et lorsque par sa maladresse, un arc-en-ciel illumine le ciel, la colère du seigneur Grimthorne retentit.



« Tu es inutile, Rumplewhisker… Plus qu’inutile ! Tu es le plus pathétique simulacre de sorcier diabolique que j’ai jamais vu. »



Une seule alternative pour Bafflerog afin d’apaiser sa colère, retrouver le Livre du Pire, « la plus grande concentration de magie noire jamais créée » sans quoi Grimthorne menace de détruire son château ancestral.



Accompagné de Gumpwort, un crapaud qui n’a pas encore livré tous ses secrets, et de Désordre, un jeune villageois plein de ressources, la quête dans les couloirs du temps s’annonce périlleuse…



« Règle ton télescope afin qu'il puisse voir à travers le temps et la réalité, pas seulement l'espace. [...] Parfait. Monte de trois degrés. Deux de plus. Grossissement six. Douze siècles vers la gauche. En avant de quatre réalités. Recule de dix-sept minutes. »



Clairement destinée à la jeunesse, cette sympathique bande dessinée offre un bon moment de détente à la découverte d’un sorcier vraiment pas comme les autres.


Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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The Marvels, tome 1 : La guerre de Siancong

Du bel ouvrage, solide et enchanteur

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Ce tome n'entretient pas de rapport avec Marvels (1994) de Kurt Busiek & Alex Ross, si ce n'est d'avoir le même scénariste. Il s'apprécie mieux avec une connaissance préalable de l'univers partagé Marvel. Il regroupe les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2021, écrits par Kurt Busiek, dessinés et encrés par Yildiray Cinar, avec une mise en couleurs réalisée par Richard Isanove pour les épisodes 1 à 5, et par le studio Furu-eFX pour l'épisode 6. Les couvertures ont été réalisées par Alex Ross. Il contient également les couvertures variantes réalisées par Gabrielle Dell'Otto, Steve Epting, Carlos Pacheco, Dan Panosian, Dave Johnson, Greg Smallwood, Mahmud Asrar, Dustin Weaver.



En 1947, en Indochine française dans la province de Sin-Cong, trois hommes d'affaires discutent de l'état de la région avec le départ des Japonais, mais le retour des Français : Wong Daochu, monsieur Khruul, Jacques Duquesne. Soudain une femme asiatique court vers leur table en terrasse, dans une belle robe de soirée révélatrice, déchirée. Elle requiert leur aide car elle est poursuivie par les superhéros du All Winners Squad. Ils acceptent de l'abriter sous réserve qu'il y ait quelque chose à gagner pour eux : elle dit s'appeler Lotus. Il y a dix-sept ans dans l'état libre de Sin-Cong, un détachement militaire guide le civil Reed Richards et le militaire Ben Grimm vers un crâne géant dans la jungle, avec deux immenses cornes et des canines inférieures très proéminentes. Il y a douze ans, dans les Territoires Unis du Sing-Cong Ouest, Daredevil se produit sur une scène dans une base militaire pour divertir les troupes basées là. Le simple soldat Thompson surprend une conversation sur un trafic.



Il y a sept ans de cela, Iron Man et Thor se battent contre un serpent de mer, dans la mer de Chukchi, vers Point Hope en Alaska. Ils finissent par le neutraliser par la force, et leur ennemi se dissout dans l'eau. Dans dix jours de cela, dans un vaisseau en orbite autour de la Terre, Captain America effectue un saut dans le vide, bouclier en avant. Il chute à une vitesse vertigineuse vers un dôme noir qui recouvre une portion importante du territoire de la République Socialiste de Siancong. Il tire sur le dôme avec une arme confiée par Doctor Strange et le choc de l'impact lui permet de passer au travers et d'atterrir sous le dôme. Il se met à courir pour se rendre à sa destination. Il est intercepté en cours de route par des soldats. Il parvient à les assommer et se rend compte que, sous leur casque, ce ne sont pas des humains. Il parvient enfin au pied du temple qui constitue sa destination : il en voit sortir Lady Lotus, et d'autres soldats qui ouvrent le feu, pendant que cette belle femme en robe violette fendue lui dit qu'il n'aurait pas dû venir seul. Il répond qu'il n'est pas venu seul : derrière lui, se tiennent Vision (Aarkus), Aero (Lei Ling), Black Cat (Felicia Hardy), Iron Man (Tony Stark), Storm (Ororo Munroe), Human Torch (Johnny Storm), Kevin Schumer, Warbird. Au temps présent, Steve Rogers déguste un hotdog à Prospect Park dans Brooklyn en compagnie de Carol Danvers. Kevin Shumer en profite pour les prendre en photo et la charger sur les réseaux sociaux.



Voilà un projet bien mystérieux quand il débute : le retour de Kurt Busiek chez Marvel pour une série annoncée comme d'une ampleur impliquant tous l'univers Marvel, mais sans indication claire de l'intrigue. La quatrième de couverture promet un nombre conséquent de superhéros, et c'est le cas, plus de soixante-dix au bas mot. Le lecteur tire son chapeau au dessinateur qui parvient à tous les faire tenir dans les cases (pas tous dans la même) et à reproduire les différents costumes, sans erreur, permettant de les identifier assez facilement. Il apparaît aussi bien des superhéros très connus comme Spider-Man, Captain America, Iron Man, que d'autres moins célèbres comme Punisher, ou Whizzer. Voire il faut un peu de recherche au lecteur pour être sûr d'identifier Aarkus (Vision), personnage créé en 1940 par Joe Simon & Jack Kirby, ou Red Raven créé la même année par Joe Simon & Louis Cazeneuve. Le scénariste intègre une superhéroïne plus récente : Aero, créée en 2018 par Keng & Zhou Liefen pour le marché chinois. L'artiste impressionne tout du long avec une représentation reproduisant le dynamisme des superhéros, la dimension spectaculaire de leurs superpouvoirs au premier degré, et une forme de réalisme rappelant celui de Brent Anderson sur Astro City, la série majeure de Kurt Busiek.



Alors que l'épisode 1 est double, le lecteur éprouve la sensation de ne pas être beaucoup plus avancé quant à l'intrigue, en entamant le numéro deux. Non content de mener son récit sur plusieurs époques en simultané, ou en tout cas de faire des retours en arrière, de mettre en scène une pléiade de superhéros, le scénariste en invente en plus quelques-uns : Kevin Schumer qui semble être le personnage principal, Warbird (troisième du nom). Il en ramène d'autres assez confidentiels comme Threadneedle (créé par ses soins avec Alex Ross en 2019), ou encore Ace (créé en 1985, par Peter David, Mark Beachum, Josef Rubinstein, Mark Bright). C'est un festival, totalement maîtrisé par le scénariste qui sait construire des séquences brèves, claires, et qui ne nécessitent pas de reconnaître chaque personnage, mais ça apporte plus de saveur pour un lecteur capable de le faire. Le lecteur se laisse donc porter par l'enchaînement de séquences : un crâne de monstre géant dans la jungle, un temple perdu avec une supercriminelle en robe de soirée, un hotdog dans le parc, une balade touristique en Fantasti-Car dans le ciel de New York pour apercevoir des superhéros,

Punisher en train d'abattre froidement des criminels, un jeune homme prenant son petit-déjeuner avec ses parents âgés, le pillage de décombres, les superhéros discutant de la marche à suivre dans leur base secrète, l'évocation des équipes de superhéros ayant combattu pendant la seconde guerre mondiale (Les Invaders, All Winners Squad, Kid Commandos), aller chercher conseil auprès du Conseil Silencieux de Krakoa, etc.



Kurt Busiek fait effectivement honneur à la richesse foisonnante de l'univers partagé Marvel, à la fois du point de vue des différentes générations de superhéros, à la fois à divers endroits du globe. Le lecteur un peu tatillon finit par s'interroger sur la temporalité du récit qui commence donc en 1947, puis qui établit des dates en fonction du temps présent, mais en même temps avec des marqueurs temporels qui peuvent laisser supposer que le temps présent n'est pas forcément celui de la publication du récit, mais peut-être celui calé sur un début d'activité des superhéros comme Spider-Man et l'équipe des Fantastic Four en 1961. Le dessinateur impressionne tout du long, non par des planches très spectaculaires ou à l'esthétique affirmée, mais pas la solidité et la constance de sa narration visuelle. Outre la multitude de personnages à mettre en scène, les divers environnements, et les scènes de combat, il parvient à conserver une dimension humaine. Kevin Schumer est un jeune homme entre vingt et trente ans, sans capacité physique extraordinaire, et le lecteur voit bien en quoi il est en décalage par rapport avec les superhéros habitués à affronter des gaillards dotés de superpouvoirs offensifs et destructeurs. Alors que passé la moitié du récit, les civils se font plus rares, Schumer continue d'incarner l'individu normal au milieu des superhéros, ce qui permet de faire ressortir le côté merveilleux de leurs capacités extraordinaires.



Le scénariste raconte bel et bien une histoire de superhéros Marvel, sans fausse honte, sans condescendance vis-à-vis des conventions du genre. Oui, les superhéros portent des costumes moulants colorés. Oui, ils disposent de superpouvoirs le plus souvent pyrotechniques et allant à l'encontre de la réalité, des lois de la physique et de la biologie. Oui, c'est ce qui fait le spectacle et qui confère une dimension merveilleuse à ces aventures. Le dessinateur embrasse lui aussi, sciemment et volontairement, les conventions visuelles correspondantes : Daredevil bondissant, Lady Lotus dans une robe moulante fendue, Ace sur une grosse moto (même dans des endroits où ça n'a aucun sens), Black Cat et son décolleté plongeant, un commando de l'armée américaine qui progresse à toute allure avec des motos à trois roues dans une jungle dense, Spider-Man qui se balance au bout de sa toile en lançant des vannes, des gros monstres issus des années 1950, etc. Au cours de quelques séquences, le lecteur éprouve même la sensation que Busiek lui-même joue aussi avec des conventions des récits d'aventures du vingtième siècle, du temple caché dans la jungle, à une forme plus insidieuse des États-Unis venant faire la police dans ce pays asiatique fictif.



Quoi qu'il en soit, un comics de Kurt Busiek, ça se refuse rarement. Le lecteur assidu de sa série Astro City finit par se dire qu'il a plongé dans une version un peu édulcorée, avec un dessinateur qui concilie l'apparence pétante des comics de superhéros traditionnels, et une sensation plus à dimension humaine. Mais très vite, il se retrouve emporté par la verve calme et riche de la narration. L'écriture de ce scénariste ne donne pas dans la vitesse à tout prix, et préfère prendre le temps de poser les choses. Cela peut rebuter certains lecteurs, et d'autres peuvent apprécier cette manière d'étoffer les situations, les personnages, de prendre le temps de mettre à profit la richesse de l'univers partagé Marvel. Sous réserve qu'il s'adapte à ce rythme moins frénétique que d'habitude, il a tôt fait de ressentir le plaisir de l'aventure, du merveilleux de ces personnages hors du commun, risquant leur vie dans des combats plus grands que nature.
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Marvel

Dans les mains des créateurs

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Ce tome contient une histoire complète, tout en fonctionnant comme une anthologie de prestige, et un écho thématique à Marvels (1994) d'Alex Ross & Kurt Busiek. Chaque épisode à l'exception du dernier comprend un prologue et un épilogue entièrement réalisé par Alex Ross (scénario et peintures) avec l'aide de Kurt Busiek & Steve Darnall pour l'histoire, et deux ou trois histoires complètes assimilables à des nouvelles. Le tome commence par une courte introduction de Ross expliquant le lien thématique avec Marvels.



Doctor Strange a été réduit à l'impuissance par Nightmare qui se repaît des rêves des êtres humains. Spider-Man, par Frank Espinosa (avec Sajan Saini pour les dialogues) : Spider-Man se bat contre Rhino tout en pensant à la demande de Mary Jane Watson de réduire ses dépenses, en particulier en utilisant moins de fluide pour toile d'araignée, dont les composants chimiques coûtent si cher. Avengers, par Kurt Busiek (scénario) & Steve Rude (dessins) : les membres de l'équipe originale sont en train de se sustenter, alors que Rick Jones a revêtu un casque qui lui permet de projeter l'image de Hulk. X-Men, par Dan Brereton : juste après le sauvetage sur Krakoa, les membres des deux équipes de X-Men s'entraînent dans la Danger Room, les anciens ayant des réserves sur le comportement du petit canadien. Silver Surfer, Spider-Man, The Thing, par Eric Powell : Ben Grimm est parti acheter des Cannoli chez Giuseppe, mais il se fait piquer sa boîte par Spider-Man. Vision, par Paolo Rivera : Vision va extirper des décombres un enfant qui tient une figurine de Captain America dans sa main. Namor, par Alan Weiss : Namor est invité à une soirée pour collecter des fonds dans une base sous-marine où se trouve Argno Gwace. Uatu, par Bill Sienkiewicz : le gardien passe en revue l'enfance d'un garçon qui dessine des bandes dessinées. Rocket Raccoon, par Scott Gustafson : il se retrouve sur une planète avec des créatures à fourrure. Black Widow (Claire Voyant), par Ryan Heska : Black Widow est en enfer où elle se retrouve aux côtés de Red Skull, devant Satan lui-même.



Deviants, par Daniel Acuña : dans un futur proche, les déviants sont maîtres du monde et organisent des combats de gladiateurs entre superhéros. Doctor Droom (Anthony Druid), par Hilary Barta & Doug Rice : Droom n'a pas un instant de répit, à arrêter monstre après monstre à New York. Ben Grimm, par Alex Ross (scénario) et Sal Abbinanti (dessins) : Ben marche dans la rue en repensant à quel point il fait peur aux autres depuis qu'il a une peau de brique orange. Wong, par Gene Ha & Zander Cannnon : Wong se rend dans une autre dimension pour aider des novices en magie qui se sont retrouvés dans une situation périlleuse. Nick Fury, par Adam Hughes : à Berlin, à la fin de la seconde guerre mondiale, Nick Fury déverse ses propos cyniques devant une bouteille, au profit d'un jeune garçon allemand. Wolverine, par Mark Waid (scénario) et Lucio Parillo (dessins) : Cyclops s'interroge sur l'instinct de mort de Wolverine alors qu'il est en train d'affronter Hulk. Nick Fury, par Greg Smallwood : Fury accomplit mission d'espionnage après mission avec une classe extraordinaire. Silver Surfer, par Lee Bermejo : Surfer est de retour sur une terre dévastée et affronte un individu entouré d'un halo de flammes. Doctor Strange, par Alex Ross (scénario) et Mitch O'Connell (dessins) : Strange a réussi à trouver comment contrattaquer contre Nightmare.



C'est une copieuse anthologie, donc il y a à boire et à manger, du bon et du moins bon, en fonction des goûts du lecteur. Les responsables éditoriaux sont parvenus à respecter le principe édicté par Alex Ross : donner carte blanche à des artistes prestigieux. S'il dispose d'une large culture comics, le lecteur ne peut pas résister à la perspective de retrouver des légendes comme Adam Hughes, Bill Sienkiewicz, Gene Ha, des artistes confirmés plus récents comme Daniel Acuña, Lee Bermejo, et des artistes indépendants comme Eric Powell ou Steve Rude, sans oublier Alex Ross lui-même qui réalise toutes les couvertures originales ainsi que 14 planches intérieures réparties dans les 6 épisodes. Elles sont magnifiques, mais ne valent pas à elle seule le prix de l'ouvrage. Le lecteur passe alors à l'histoire de Spider-Man avec une personnalité graphique très séduisante, mêlant des personnages à la Bruce Timm, avec un rendu impressionniste des arrière-plans pour une histoire sympathique et visuellement mémorable. L'histoire suivante est tout aussi sympathique avec Steve Rude en mode Jack Kirby, ce qu'il fait très bien sans donner l'impression d'un ersatz au rabais, avec une saveur amusée sans être moqueuse ou railleuse, à nouveau très agréable. La page peinte par Alex Ross pour clore ce premier numéro et c'est fini. Sympathique.



C'est parti pour le deuxième numéro avec une histoire peinte et écrite par Dan Brereton, artiste à la saveur particulière, dans un registre descriptif et coloré, avec un ton adulte. Très sympathique. Puis arrive Eric Powell avec une histoire de 10 pages, résolument distrayante par sa bonne humeur et son prétexte léger : pouvoir déguster les fameux cannoli de Giuseppe. Les dessins du créateur de The Goon sont toujours aussi plein de vie avec des visages expressifs, et l'histoire se déguste. Paolo Rivera réalise des planches peintes dans un registre plus sombre, pour un récit poignant : excellent. Numéro 3 : un récit à l'ancienne de Submariner contre des sympathisants nazis, plein de malice, et une touche de bonne humeur, aussi savoureux que désuet. Changement total de registre avec les 8 pages de Sienkiewicz. Pas d'histoire de superhéros malgré la présence de Uatu, un scénario très particulier qui raconte le besoin de dessiner d'un jeune garçon qui va devenir un auteur de comics. Comme il a pu le faire par le passé, l'artiste raconte à sa manière, plutôt avec des cartouches de texte qu'avec des phylactères, avec une forme d'humour assez à froid, sans affrontement physique, mais le comics de superhéros est au cœur de l'histoire. Le lecteur sent bien qu'il est passé dans un registre un peu plus cérébral, moins axé sur le divertissement, fascinant et enrichissant. Indispensable. Cela ne l'empêche pas de revenir avec plaisir à des récits plus premier degré, comme cette illustration en double page dans laquelle Rocket Raccoon essaye de faire comprendre le concept de distance personnelle entre individus. Enfin Claire Voyant (avec une référence à son apparition dans Mystic Comics 4 d'août 1940) emmène le lecteur en enfer avec un style de dessin naïf, tout aussi personnel que ceux de Sienkiewicz, dans un registre très différent.



Par la suite, les récits vont mêler ces deux approches avec un dosage différent à chaque fois : soit un peu plus d'action, soit un peu plus de recul. Daniel Acuña se fend d'une dystopie mêlant à la fois la saveur de Killraven et celle de Earth X, inventant des croisements possibles entre des personnages Marvel pour un futur proche avec une narration visuelle axée sur l'action, sur un rythme soutenu et souvent explosif, tout en proposant une réflexion sur les jeux du cirque et sur l'inventivité et la créativité du genre humain. Hilary Barta et Doug Rice réalisent un délicieux pastiche en mettant en scène le personnage du docteur Droom, proto docteur Strange, pour neutraliser les monstres Marvel qui pullulaient dans années 1950 et début 1960, avec une narration visuelle à la saveur proche de celle d'Eric Powell : délicieux. Ross plonge dans la psyché de Ben Grimm à travers ses états d'âme avec des dessins aux crayons de couleurs, délicats et aventureux, une sensibilité d'une grande justesse. Gene Ha et Zander Cannon œuvrent dans un registre bien différent de Top 10 d'Alan Moore. S'il a lu Kaijumax de Cannon, le lecteur retrouve toute sa sensibilité et sa facétie dans cette mission indigne de Docteur Strange, donc réalisée par Wong, avec ces néophytes peu conscients des risques qu'ils prennent mais refusant de renoncer aux profits potentiels de leur petite entreprise, avec des dessins dans des teintes pastel évoquant bien des dimensions magiques.



Ça fait plaisir au le lecteur de retrouver Adam Hughes même si celui-ci a choisi un personnage masculin, et mal rasé de surcroît, plutôt qu'une jolie jeune femme accorte. Il retranscrit avec justesse le cynisme désabusé de Nick Fury, ainsi que sa volonté d'aller de l'avant, avec des dessins toujours aussi réalistes et arrondis. Wolverine contre Hulk, encore certes, mais avec un artiste réalisant des planches peintes évoquant Gabriele Dell'Otto au meilleur de sa forme, et un scénariste concis et pénétrant quant à la psyché de Logan : parfait. Arrivé à ce stade du recueil, le lecteur a acquis la conviction que le responsable éditorial a bien fait son travail pour s'assurer de la qualité des récits. Effectivement, Greg Smallwood est en pleine forme sur le plan visuel avec une touche pop art dans les aventures de Nick Fury, et une touche parodique dans ses missions et sa capacité à se sortir de toutes les situations périlleuses. Bermejo réalise un récit de Silver Surfer en noir & blanc avec des nuances de gris, dans une ambiance de monde en déliquescence, de toute beauté. Enfin, la dernière histoire voit Docteur Strange reprendre le dessus sur Nightmare avec des dessins à la naïveté évoquant celle des comics des années 1960, en totale cohérence avec la nature du récit.



Dans un premier temps, le lecteur se dit que les responsables éditoriaux ont profité de la notoriété d'Alex Ross pour assembler un produit de bric et de broc, plus ou moins bien ficelé, avec des auteurs plus ou moins inspirés. Dès le premier numéro, il constate que quel que soit le niveau d'inspiration des auteurs, leur investissement dans l'histoire qu'ils racontent est total, avec un savoir-faire éprouvé. Arrivé au numéro 3, il se produit comme un déclic avec le récit de Bill Sienkiewicz, à la fois en termes de liberté de ton, de prise de risque graphique, et la suite se maintient à un niveau extraordinaire, même si les créateurs suivants n'œuvrent pas dans le même registre.
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Astro City, tome 16 : Broken Melody

Ce tome fait suite à Astro City Vol. 15: Ordinary Heroes (épisodes 35, 36, 39, 40, 42, 44) qu'il serait dommage de ne pas avoir lu avant car c'est un tome extraordinaire. Celui-ci regroupe les épisodes 37, 38, 41, 43, 45 et 46, initialement parus en 2016, écrits par Kurt Busiek, dessinés et encrés par Brent Anderson, avec une mise en couleurs réalisée par Peter Pantazis & Alex Sinclair. Comme depuis le numéro 1, les couvertures sont l'œuvre d'Alex Ross.



À Astro City, Broken Man est en train de jouer de la guitare dans sa maison appelée Dream House. La batterie entre en jeu, suivie par une deuxième guitare et par les claviers. Tout d'un coup, il s'interrompt : il a senti la présence du lecteur. Il se met à lui parler : cela fait quelque temps que la conversation a été interrompue, car il a voyagé de ci de là, effectuant des préparatifs en vue de la guerre contre de l'Oubor, ralliant des alliés. Mais il avait promis de revenir et d'en dire plus, et il est temps qu'il tienne promesse. Il explique qu'il est normal qu'il habite la maison des rêves, même s'il est l'homme brisé, car c'est la demeure où il a grandi. Il descend au salon, puis passe à la cuisine, où sa mère (une sorte de figurine en plastique de taille humaine) fait la vaisselle et lui propose de lui préparer des pierogi. Cette maison est pleine de sons, d'odeurs, de toute sorte de musique. Il ne peut plus entendre la musique, mais la musique est importante et puissante, et l'histoire de la ville y est indissolublement liée. Le premier musicien à avoir été associé à Astro City était un individu à l'origine incertaine, un individu itinérant jouant de la guitare, venu d'on ne sait où, et arrivant avant que la ville ne porte ne le nom d'Astro City, ou même de Romeyn Falls, ou même que ce soit une ville. Il voyageait et il jouait d'une guitare aux cordes d'argent, pour tout le monde, sa musique ayant la capacité de tenir à distance les ténèbres et les démons. Ce musicien itinérant avait parcouru le pays, et il n'est pas associé à Astro City pour y avoir élu domicile, mais pour y être mort, assassiné par un groupe de personnes au motif inconnu. Quand il est mort, sa guitare s'est brisée et a pris feu.



L'homme brisé continue son récit. Il reprend son histoire en 1905, alors que Earl Baker était encore le maire de Romeyn Falls, et son récit se situe plus précisément dans le quartier de Bakerville, celui des afro-américains. À l'époque dans ce quartier, la précédente musique en vogue était le Cake-walk, une façon d'exprimer sa joie de vivre en face de l'adversité, et des propriétaires et patrons blancs. Mais dans ces années-là, le ragtime commençait à percer, à incarner l'esprit de la jeunesse, une forme de défiance. Le meilleur endroit pour écouter du ragtime et danser était le bar Freeman's, où jouait l'inégalable Jim Korvus. De temps en temps, un couple de blancs pouvait pousser la porte et venir écouter et même danser. Leur argent était le bienvenu et la coexistence était possible, sans arrière-pensée. Mais un jour, des individus en robe blanche, avec des cagoules blanches, les chevaliers de la fleur de lys ont fait une descente estimant qu'il n'était pas possible que des blancs s'amusent dans un quartier noir. Curieusement, ils ne furent pas arrêtés, alors que les descentes de police se sont poursuivies contre les afro-américains.



Quand il ouvre un nouveau tome de cette série, le lecteur sait déjà ce qu'il va trouver : des histoires de superhéros, mettant l'accent sur les personnages, plutôt que sur les superpouvoirs, montrant les répercussions de l'existence des superhéros sur le commun des mortels. D'un côté il sait exactement ce qu'il attend des auteurs ; de l'autre côté, il ne sait jamais à quel superhéros il sera rendu un hommage, quel genre de personne il va côtoyer. L'ambition de Kurt Busiek dans cette suite d'épisodes est de satisfaire cet horizon d'attente, mais aussi de proposer une histoire avec une structure originale. Le cake-walk est une danse populaire originaire de la communauté afro-américaine du Sud des États-Unis, pour imiter ironiquement l'attitude des maîtres blancs se rendant aux bals. Le scénariste évoque ensuite le ragtime (très populaire au début du vingtième siècle), puis le jazz, et à la suite d'une énorme ellipse, le glam. C'est une première dans la série de voir des superhéros incarner littéralement des musiques, et plus particulièrement celles qui émanent de la culture jeune, mêlant joie de vivre et esprit de rébellion. Grâce à la conception graphique d'Alex Ross, en interaction avec Brent Anderson, les superhéros en question ont l'étoffe pour servir d'incarnation, et le lecteur n'est pas près d'oublier Jazzbaby, magnifique.



Avec une sensibilité et une adresse remarquables, Kurt Busiek parvient à évoquer la musique d'origine afro-américaine, sans tomber ni dans l'admiration envieuse, ni dans la condescendance paternaliste. Il met en avant ces styles de musique comme étant l'expression de la jeunesse, et de sa rébellion contre un ordre établi injuste. Pour autant ce n'est pas une forme de révolte violente, mais l'envie et la joie de vivre irrépressibles, comme un jaillissement inextinguible, quelle que soit l'oppression systémique en place. L'auteur ne passe pas en mode musicologue académique en exposant une filiation assommante, et dans le même temps le lecteur amateur peut reconnaître la pertinence et la justesse des éléments évoqués et de leur placement. De manière tout aussi discrète, il peut voir des gens normaux en train de venir écouter de la musique, en train de danser, avec une reconstitution historique cohérente avec chaque période évoquée. À l'évidence, Brent Anderson a lui aussi effectué son travail de recherche, tout en le restituant de manière organique, sans chercher à en mettre plein la vue du lecteur, en conservant comme objectif premier de raconter l'histoire. Les auteurs présentent ces différentes musiques comme l'expression d'une pulsion de vie résistant à l'oppression, de la même manière que les superhéros d'Astro City dévouent leur vie à protéger les civils, comme s'ils étaient l'expression de la volonté de se défendre des habitants. Les deux thèmes entrent en résonnance, s'unissant dans une seule et même allégorie.



Ces 6 épisodes sont encore bien plus que ça. La numérotation discontinue laisse à penser qu'il s'agit d'épisodes disjoints : en fait les auteurs ont procédé ainsi pour préserver la régularité de la fréquence de la parution, tout en faisant en sorte de l'artiste dispose d'un temps suffisant pour soigner ses planches. Le résultat est bien là : Brent Anderson réalise des pages bien construites, avec une gestion remarquable du niveau de détails. Il relève le défi de représenter avec conviction tout ce qu'exige le scénario : musicien errant mythique, l'évolution du quartier de Barkerville au fil des décennies, des tenues civiles qui évoluent avec les époques, la scène d'un théâtre de spectacle, des engins d'anticipation basés sur une science rétrofuturiste au tournant des années 1930, des extraterrestres belliqueux, une fillette d'une dizaine d'années en train de faire la vaisselle dans la cuisine, une créature des ténèbres sous forte influence de la mythologie de Cthulhu, etc. Le trait classique, solidement descriptif de l'artiste montre aussi bien des gens normaux plausibles et familiers, que des visions de superhéros en action, et des combats. La magie opère à plein, chacun de ces éléments coexistant dans une réalité cohérente, sans jamais que l'un ou l'autre ne dépare. La qualité de la mise en couleurs a encore progressé depuis le tome précédent, que ce soit lors des scènes naturalistes, ou pour l'emploi sophistiqué des effets spéciaux, par exemple le halo qu'émet le corps de Jazzbaby. C'est donc un enchantement visuel dans chaque page, à la fois pour la qualité prosaïque de la narration, à la fois pour la richesse de ce qui est montré, et le naturel des personnages.



En plus du thème de la musique comme manifestation de la pulsion de vie, Kurt Busiek n'oublie pas le personnage central de la série : la ville même d'Astro City. Puisque l'Homme Brisé évoque le style de musique de plusieurs décennies différentes, il évoque forcément en arrière-plan l'évolution de la ville, en particulier avec l'existence d'un culte très discret et très secret tourné vers l'adoration du serpent. À l'occasion du centième épisode (cumul des épisodes des différentes séries), les auteurs réalisent un numéro double et ils racontent à l'occasion de quels hauts faits, le maire de la ville Romeyn Falls a décidé avec l'appui des habitants de rebaptiser la ville du nom d'Astro City. Même avec tout ça, ils n'oublient pas que le cœur des histoires reste les personnages, et le lecteur n'est pas près de les oublier. Il compatit avec le pauvre Homme Brisé, d'autant plus qu'il s'adresse directement à lui, brisant le quatrième mur, avec une conviction qui prend le lecteur à partie. Il se souviendra également de Matilda (Tillie) James Armstrong qui d'une certaine manière a rêvé son papa en superhéros, une histoire magnifique qui émouvra le cœur des lecteurs même les plus blasés et les plus endurcis.



À chaque tome, le lecteur se dit que les auteurs ne pourront pas faire mieux dans le suivant, et auront même beaucoup de mal à faire aussi bien. Ce tome 16 est une preuve éclatante de l'accroissement continu de leur talent. Le lecteur retrouve tout ce qui fait l'âme de la série, à commencer par des individus inoubliables pour leur humanité, ainsi que des superhéros portant la marque de l'héritage de ceux de DC et Marvel, tout en étant profondément originaux et uniques. Dans ces épisodes, il est visible que Brent Anderson a disposé du temps nécessaire pour soigner chacune de ses pages, et que le coloriste a travaillé en étroite collaboration avec lui. En outre, le lecteur découvre des personnages générant une sympathie extraordinaire, un monde partagé d'une richesse épatante, et encore plus par le biais de l'évocation d'une forme de la musique populaire, et d'une facette de l'histoire d'Astro City. Extraordinaire de bout en bout.
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The Autumnlands, tome 1 : De griffes et de ..

Dur réveil sur terre, pour ces Mages dans les nuages.



Elles sont 17. 17 cités flottantes, qui imposent leurs vues au reste de cette contrée, Autumnlands, tel un reflet de nos pays développés.

Ce qui les tient en l'air? La magie…

Sauf qu'à l'image de nos énergies fossiles, les sources de magie se tarissent, et présagent de lendemains qui déchantent.

En particulier si les peuples qu'ils ont peut-être un poil trop exploités, décident de les accueillir à grands coups de massues.



Sous l'égide de Gharta, avec les maigres ressources qu'ils leurs restent, une équipe va tenter de faire revenir la légende pour les guider, celui par qui toute leur puissance a vu le jour, le "Grand Héros"...



Tous ces sacrifices, pour... çà. C'est çà le champion ?

Ils idéalisaient un charismatique félin à crinière, Herculéen, et ils se retrouvent avec... c'te chose.

Un humain.

Mais pas n'importe lequel. Ils attendaient un guerrier, ils l'ont eu. Et un bien vicelard, eux qui espéraient du chevaleresque.

Finalement, c'est ce qui leur fallait...



Une bonne surprise que cette série, bien dessinée, même si le choix d'un jeune héros "terrier" surprend un peu au départ.

Du suspense, une histoire maîtrisée, un côté fantastique, couplé à ces cités dans les cieux, qui me fait un peu penser aux œuvres de Miyazaki.

En plus "bestial"...

(plus d'avis sur PP)
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Redhand, le crépuscule des dieux - Intégrale

Redhand est une trilogie globalement réussit bien que l'ensemble ne soit pas très homogène qualitativement parlant, le premier tome est d'ailleurs certainement le meilleur.



Redhand, sur-homme amnésique placé en hibernation depuis des siècles par une civilisation aujourd'hui disparue, est ramené à la vie par accident pendant un rixe qui oppose un groupe de chasseurs venue se réfugier dans le laboratoire abandonné, à une bande de mercenaires esclavagistes.



Véritable machine de guerre, Redhand prend le parti des faibles avec qui il lie son destin tout en triomphant de l'adversité.

Amnésique mais doté de connaissances pré-acquises, Redhand semble également immunisé de l'influences des Dieux qui régissent ce monde.

Véritable mystère pour lui même tout autant qu'il l'est pour ceux qui l'accueille au sein de leur communauté, l'homme en quête d'identité semble investit littéralement par un quête viscérale qu'il porte dans ses gênes.

Et parce qu'il est celui qui provoquera le crépuscule des Dieux, dans son sillage souffle un vent chaud auquel personne ne peux résister, bons comme mauvais...



L'histoire prend place dans un monde post-apo, une prophétie annonce l'avènement d'un élu qui renversera les dieux et par là même libèrera les hommes de la tyrannie de ceux qui représentent le pouvoir divin.

La grande faiblesse du récit tient au fait que tout est très conventionnel et déjà vu, si on mélange les codes de la SF à ceux de l’héroïque fantasy pour le meilleur plus que pour le pire çà sent quand même clairement le réchauffé à l'image d'une prophétie qui sert d'introduction et qui est relou au possible. Qui a dit qu'il faudrait définitivement classer cette facilité scénaristique dans le dossier des mille et une choses à éviter dans un récit de fantasy !

Cette histoire est toutefois satisfaisante bien que le deuxième tome soit sans doute légèrement en deçà des deux autres. Bien que Kurt Busiek abuse d'ellipses temporelles pour nous amener au final (ce qui est bien dommage car certains passages auraient mérité plus de développement comme la révolte des esclaves), celui-ci se révèle épique et grandiose.



Au niveau de la conception graphique, deux dessinateurs au style radicalement différent se succèdent, Mario Alberti dont le trait s'apparente à celui d'un sous-Régis Loisel, et Bazal (Horlemonde) au style très comics américains.

Si le premier fait preuve d'une belle habileté sur les détails des environnements, le second est clairement plus à l'aise pour le traitement des personnages et de manière générale pour la gestion de la dynamique des scènes d'action.



Redhand est une minisérie sympathique à découvrir bien qu'elle commence déjà à souffrir du poids des ans.

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Conan

C'est un peu par hasard que j'ai acquis ce one shot consacré à Conan, le plus célèbre des barbares depuis que Howard le créa.

Je fus tout d'abord séduit par le concept de réunir plusieurs auteurs pour créer des histoires originales mettant le Cimmérien en scène.

Ce one shot contient donc 6 histoires "nouvelles" et c'est bien la présence de certains noms aux commandes qui m'a le plus attiré. Je parle de Roy Thomas et Chris Claremont. Je ne connais pas les autres, sauf peut être Kurt Busiek dont le nom me dit quelque chose.

La première histoire, Exode, ne comporte aucun texte, hors mis les quelques bulles prononcées par des personnages dans une langue que Conan ne comprend pas, et donc non plus. C'est donc une histoire muette qui le met en scène alors qu'il vient de quitter la Cimmérie et qu'il tente de survivre par tous les moyens. Les épreuves sont nombreuses et permettent de l'endurcir. Il affronte des loups, puis un puma, puis un ours et enfin les hommes ( la civilisation donc!). L'idée est bonne mais le format insuffisant et inadapté car comme je l'ai dit plus haut, ce volume comporte six histoires qui tiennent en 90 pages, soit un peu plus de 12 pages en moyenne pour chacune.

Cela ne nuit pas à cette première histoire mais par la suite c'est plus discutable.

En effet pour la seconde, écrite par Roy Thomas, 10 pages ne suffisent pas à cet auteur pour exercer tout son talent. On a le sentiment d'être le spectateur d'un épisode très court d'une histoire dont il nous manque les tenants et aboutissants. d'ailleurs la dernière page nous invite à nous reporter au premier numéro de Conan the barbarian de Marvel, pour connaître la suite. C 'est très frustrant.

La troisième histoire nous montre toute l'astuce de Conan, profitant des malheurs de jeunes apprentis magiciens pour se remplir les poches. Là encore même constat, trop court pour entrer efficacement dans l'histoire.

La quatrième est un peu plus réussie. Écrite par Chris Claremont, elle est, avec la dernière, celle qui présente un intérêt dans ce one shot. On appréciera le clin d'oeil à la nouvelle "la tour de l'éléphant" glissé au détour d'une case. Elle montre toute la dureté de la vie à travers un Conan qui "accompagne" une jeune guerrière dans ces derniers moments. L'auteur décrit ainsi un personnage proche de ce qu'en avait conçu son créateur original, dans le sens où le barbare n'apporte aucun réconfort à la jeune fille, adoptant même une attitude résignée face au destin.

On passera sur la cinquième. C'est une horreur graphique et un vide scénaristique. C'est juste horrible et invraisemblable.

La dernière est selon moi celle qui mérite le plus notre attention, d'une part parce qu'elle est réussie (toutes proportions gardées), d'autre part parce qu'elle met en scène le personnage de Bêlit.

Graphiquement, c'est très variable, mais globalement c'est plutôt moyen quand ce n'est pas simplement infecte. Les dessins de Steve Mc Niven (la seconde) et Pete Woods ( la troisième) sont corrects mais je n'apprécie pas les traits asiatiques qu'a donné ce dernier à Conan. Ceux de jesus Saiz, mettant en scène Bêlit sont plutôt réussis ainsi que ceux d'Esad Ribic, l'histoire sans paroles, car ils se suffisent à eux mêmes. Les plus réussis sont ceux de Roberto de la Torre qui restitue parfaitement l'ambiance morne qui règne dans cette histoire et qui ajoute au sentiment d'inéluctabilité instillé par le scénario.

Malgré ses défauts, ce one shot a le mérite d'être conçu comme les histoires de Robert E Howard. C'est à dire sous forme de chroniques. Chaque histoire se déroule à une époque différente de la vie de Conan, toutes sont plus ou moins courtes, et elles nous sont contées dans un ordre qui ne respecte aucune chronologie, à l'image de quelqu'un qui raconterait différents épisodes de sa vie... exactement comme Howard avait conçu les nouvelles de son personnage.

Malheureusement, le format ne se prête guère à ce jeu et les auteurs choisis pour ses exercices ne conviennent pas forcément.

Dommage...
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Avengers Forever, Tome 1 :

« Avengers forever, volume 1 » fait réellement l’effet d’une aventure largement surestimée utilisant un scénario emberlificoté digne de l’esprit le plus tordu d’écrivain de Science fiction pour mettre en scène des combats d’envergure des Vengeurs contre des armées de barbares ou des clins d’œil appuyés aux anciens héros de comics des années 50.



Point positif néanmoins, le trait de crayon superbe et particulièrement soigné du styliste Carlos Pacheco qui provoque un réel ravissement à l’œil.



Plutôt agréable sur la forme et parfois pénible sur le fond, « Avengers forever, volume 1 » se laisse néanmoins lire, en attendant de s'attaquer au second volume ?


Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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The Autumnlands, tome 2 : Le retour à la terre

Une montagne aux surprenants secrets.



Où l'on quitte dès le départ nos magiciens, empêtrés dans leur guéguerre interne.

Learoyd, le "Grand Champion" humain, et Dunstan, notre apprenti magicien à tête et corps de terrier, sont entrainés par les flots déchainés vers les montagnes.



Un nouveau monde les attend, ainsi que de biens curieuses rencontres...



Habile, ce changement de décor dans les premières pages.

Des héros qui s'émancipent et satisfont grandement notre désir de curiosité.

Des rencontres aussi, adieu bisons et magiciens de tous types, bonjour moutons, chèvres, et... créatures humanoïdes.



Habituellement peu emballé par les histoires un peu trop fantastiques, cette série s'avère attirante par bien des aspects.

Son originalité, cette dualité humain bestial dans ce monde animal civilisé, le plaisir de tourner les pages ne se dément pas du premier au dernier chapitre.

(plus d'avis sur PP)
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The Autumnlands, tome 1 : De griffes et de ..

Avec les comics indépendants, c’est toujours un peu la loterie. On peut dénicher des pépites, ou tomber sur des choses qui ne sont pas toujours à notre gout, quitte à ne pas aimer des titres que tout le monde encense (comme par exemple Saga, titre qui s’est perdu en cours de route à mon sens.)



Avec ce premier tome de The Autumnlands, nous plongeons dans un univers étrange et magique avec une population totalement constituée d’animaux anthropomorphes. Tous vivent dans un société assez basique, avec divers niveaux de hiérarchie, et c’est sur la cité céleste de Keniel que nous découvrons Dunsan Dourlaison, le fils d’un riche marchand. Oui car les grandes cités céleste, flottent dans les airs grâce à la magie, et le père de Dunsan fait du commerce avec le peuple d’en bas, les sauvages qui semblent dénués de magie.



Mais dans ce monde idyllique pour les cités célestes, la magie se meurt et d’ici quelques dizaine d’années, elle aura totalement disparue. Personne ne croit trop en cela et surtout personne ne s’en soucie vraiment, chacun s’occupant de se placer en politique ou de préserver sa situation.



C’est dans ce contexte que Gharta une magicienne reconnue, évoque le mythe du Grand Champion. Une sorte de légende, comme quoi un être incroyable redonnerai sa pleine puissance à la magie. Hélas personne ne veut l’écouter, et elle part faire son expérience dans son coin avec quelques adeptes. C’est là que la catastrophe a lieu, car durant son rituel pour faire apparaitre le Grand Champion, elle va épuiser toute la magie de Keniel et faire chuter la cité sur les terres d’en bas, au milieu des sauvages.



Je ne vous en dit pas plus car il y a moult rebondissements, et tout commence vraiment avec le crash de la cité. Les survivants sont peu nombreux, et vont devoir composer avec le peuple hostile d’en bas, faire face aux changements et aux prises de pouvoirs parmi les survivants de la cité, et aussi, devoir gérer l’arrivée du Grand Champion.



Personnellement, j’ai trouvé ce premier tome vraiment excellent, même si j’ai rapidement deviné ce qu’était le Grand Champion. Par contre d’où il vient, cela reste un peu plus compliqué, et cela apporte un bon nombre de questions sur l’histoire de cet univers.



Je ne suis pas spécialement fan des animaux anthropomorphes, mais là ça ne m’a posé aucun problème, ils sont tous très humanisé, on les différencie très bien et pourtant on reconnaît parfaitement les différents animaux.



J’ai hâte de lire le deuxième tome qui est sorti il y a peu, et si vous aimez les histoires qui sortent vraiment de l’ordinaire, avec de magnifiques dessins, foncez, vous ne serez pas déçus. En plus, c’est du comics indépendant, donc vous n’avez pas besoin d’avoir une quelconque connaissance dans l’univers des comics pour débuter.


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Superman, Tome 1 : Identité secrète

Contrairement à ce que laisse entendre le titre, cette BD ne parle pas de Superman, mais d'un jeune qui s'appelle Clark Kent et qui trouve son nom un peu lourd à porter. Depuis toujours, sa famille pense lui faire plaisir en lui offrant des comics, des produits dérivés à l'effigie du célèbre super-héros. Au lycée, ses camarades s'obstinent à lui présenter des filles prénommées Lois et Lana... parce que c'est tellement drôle que ça ne peut que marcher ! Il en a gros, mais comme c'est un garçon poli, il s'efforce de ne pas montrer son agacement.



Pour compenser ses sombres journées de cours, entre isolement et crainte de se faire embêter à chaque bout de couloir, Clark se ménage des temps de solitude bien voulue pendant son temps libre ; il aime le Kansas, la randonnée, dormir à la belle étoile, et taper ses états d'âme à la machine à écrire _on est alors en 1990. Il ne lui manque que ces deux ou trois personnes de confiance que le "vrai" Superman a la chance d'avoir ; voilà ce qu'il lui envie, bien plus que sa force et sa faculté de voler.



Une nuit pourtant, il découvre qu'il peut voguer dans les airs, lui aussi ! C'est le pied total, même s'il n'a rien demandé. Qui cracherait sur le privilège de survoler la plaine tout en s'approchant de la lune ?
Lien : https://pulco-suivezlepapill..
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Arrowsmith, tome 2

Deux choses :

1. Ca tue.

2. C'est trop court.

3. POURQUOI N'EST-CE PLUS DISPONIBLE ??







Ah pardon ça fait trois.
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Vampirella Masters Series, tome 4 : Visiona..

Il s'agit d'un recueil qui regroupe plusieurs histoires courtes parues entre 1993 et 2006. La couverture de John Bolton réunit Vampirella et Dracula pour une image magnifique.



Le tome commence par une interview de 3 pages d'Alan Moore (en 1997) qui explique comment il va repenser le personnage de Dracula.



"The new european" (scénario d'Alan Moore, dessins de Gary Frank, 1997, 12 pages) - Un pauvre américain essaye d'aider un habitant d'un état balkanique à émigrer aux États-Unis, pour se retrouver impliqué dans une affaire de suceurs de sang. Eh bien, non, Alan Moore n'a pas révolutionné le mythe de Dracula en 12 pages. Et en plus il s'agit d'un Gary Frank débutant, encore trop lisse sur lui, sans style marqué. 2 étoiles.



"Vampirella of Drakulon" (Scénario de Forest J. Ackerlan, illustrations de Mark Texeira, 1996, 9 pages) - Cette histoire permet de redécouvrir les origines premières de Vampirella au travers de l'atterrissage d'une navette spatial transportant des humains sur Drakulon. Elle permet au lecteur qui découvre le personnage de se familiariser avec cette version originelle. Mark Texeira se déchaîne à la peinture pour une Vampirella über-sexy prenant des poses lascives digne de Penthouse, avec des talons hauts impossibles, dans son costume riquiqui. C'est 100% régressif avec une exploitation éhontée du corps féminin. C'est Vampirella dans toute sa splendeur. 5 étoiles.



"Looking for Mr. Goodwin" (scénario de Jeph Loeb, illustrations de Tim Sale, 1999, 8 pages) - Vampirella vient trouver Archie Goodwin pour qu'il accepte d'écrire son histoire. Jeph Loeb s'en donne à coeur joie dans l'autoréférence en mettant en scène le créateur du personnage vampirisé par sa créature. Tim Sale réussit quelques belles cases bien qu'il soit un peu à l'étroit dans ce format court. 4 étoiles.



"Bugs" (scenario de Kurt Busiek, illustrations d'Art Adams, 1993, 13 pages) - Vampirella voyage en compagnie de Pendragon, en roulotte pour faire son spectacle de petite bourgade en village. Ils arrivent dans une ville où de méchants cafards géants dotés de conscience enlèvent d'innocents habitants. Kurt Busiek déroule un scénario classique qui tient la route. Art Adams ne semble pas très à l'aise. Le lecteur reconnaît facilement son style qui est cependant encore un peu gauche. 3 étoiles.



"Sanctuary" (scénario de Christopher Priest, dessins d'Alan Davis, 1999, 6 pages) - Il s'agit d'une histoire sans parole dans laquelle Vampirella sauve un nouveau né de méchants monstres pas beaux. L'histoire est vraiment simple et linéaire, sans surprise. Les dessins d'Alan Davis (encré par mark Farmer) manquent de punch. 2 étoiles.



"Lust for life" (scénario de Ty Templeton, illustrations de Bruce Timm, 1999, 6 pages) - Dracula pose pour un peintre et essaye de lui expliquer d'où elle vient. Là encore, l'histoire suit une trame classique, mais cette fois-ci elle met bien en valeur le pouvoir de séduction de Vampirella. Et pourtant, les illustrations de Bruce Timm ont ce coté faussement enfantin adopté pour Harley and Ivy. Le résultat envoute le lecteur dans une séduction perverse irrésistible. 5 étoiles.



"The killing floor" (scénario et dessins de Steve Lieber, 2003, 10 pages, en noir et blanc) - Vampirella aide un policier à enquêter sur un sinistre abattoir. Lieber construit un vrai scénario avec un culte démoniaque sur des illustrations solides. 4 étoiles.



"Winter rose" (scénario et dessins de Liam Sharp, 2005, 8 pages, en noir & blanc) - Liam Sharp mélange une bonne dose d'ambiance gothique avec une histoire d'amour condamnée, avec de très belles illustrations, pour un résultat ordinaire. 3 étoiles.



"Matinee" (scénario et dessins de Michael Golden, 2005, 5 pages) - Vampirella vient en aide à des enfants pendant une séance de cinéma. Michael Golden se contente d'illustrations sympathiques, sans se forcer. 3 étoiles.



"Fantasy feast" (scénario de Jimmy Palmiotti et dessins d'Amanda Conner, 2004, 7 pages) - Un gobelin sème la panique en mangeant des humains lors d'un grand carnaval. L'histoire se lit tranquillement. Amanda Conner n'est pas dans un jour exceptionnel sauf pour la pleine page d'introduction avec une magnifique moue de Vampirella sur les toilettes. 4 étoiles.



"Ink" (Scénario de Phil Hester, et dessins de Stephen Segovia, 2006, 16 pages) - Vampirella offre son corps à l'art d'un tatoueur renommé et lui raconte la nouvelle version de son origine. Hester a mitonné un scénario malin dans lequel la séduction de Vampirella atteint des sommets. Segovia illustre le tout dans le plus pur style de Marc Silvestri pour un résultat très troublant. 5 étoiles.



Ce tome regorge également d'illustrations pleine page réalisées par Dan Brereton (superbe), Mike Mignola (envoûtant), Frank Frazetta (magistral), Tim Sale, Arthur Suydam (évocateur), Alan Davis, Bruce Timm (troublant), Michael Golden (réussi), Jae Lee (inquiétant), et d'autres.



Il s'agit donc d'un tome fourre-tout qui a la particularité de contenir des travaux de grands noms des comics. Le contenu oscille entre l'anecdotique et le vraiment réussi.
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Superman, Tome 1 : Identité secrète

Novice en comics, je suis vraiment bien tombée : ce Superman est magnifique. L'histoire tient plus du psychologique que de l'aventure, et pourtant le rythme est là. Le dessin est précis et souvent très impressionnant. Le travail sur les paysages et les angles de vue m'a bien plu. L'idée d'un superman qui se tâte à écrire, pensant que sa vision "décentrée" pourrait révéler son secret est fine. Vraiment une lecture engageante, profonde et philosophique. J'adore !
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Superman : Identité Secrète

Dans un monde où Superman n'est qu'un personnage de comics, un adolescent impopulaire et moqué par tous car portant le nom de Clark Kent, va découvrir qu'il possède réellement des super pouvoirs... et deviendra le héros éponyme ! Nous le suivrons alors à différentes étapes importantes de sa vie et comprendront ses nombreux questionnement sur sa condition, mais aussi ses relations avec les autres. Adolescence, amour, filiation, vieillesse etc. sont autant de thématiques abordées.



Le talentueux Kurt Busiek construit son scénario via l'introspection du héros et les dialogues sont alors peu nombreux accentuant le côté intimiste de ce récit.



Ce comics est une histoire indépendante de toute autre et très originale où nous découvrons Superman sous angle inédit. Une vraie réussite.
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Astro City, tome 15 : Ordinary Heroes

Ce tome fait suite à Astro City Vol. 14: Reflections (épisodes 26, 29 et 30, 32 à 34). Il regroupe les épisodes 35 & 36, 39 & 40, 42 et 44, parus en 2016/2017, tous écrits par Kurt Busiek, avec une mise en couleurs de Peter Pantazis, et des couvertures d'Alex Ross.



Pendant mes vacances : épisodes 35 & 36, dessins et encrage de Ron Randall. Imaginer un garçon dont le père n'est jamais revenu à la maison. Imaginer une fille dont le père n'est jamais revenu à la maison. C'est une histoire assez compliquée, mais tout a commencé alors que Jack-in-the-Box se battait contre un groupe de Weirdies, les hommes de main d'Underlord. Mais ça a aussi commencé des décennies plutôt. Jerome Isaac Johnson (surnommé Ike) se rend sur une île au large d'Astro City, sur une fouille archéologique, sous la responsabilité de son père Zachary Johnson, le propriétaire de l'entreprise Z.J. Toys, et l'un des responsables de la fondation Trouble Boys. Jerome est venu pour observer, et la raison des fouilles est surtout de découvrir ce qui est arrivé à Jack Johnson, le premier Jack-in-the-Box, c’est-à-dire le grand-père de Jerome et le père de Zachary.



Astro City est une série hommage aux superhéros de DC et Marvel, mais aussi un univers auto-contenu, des personnages originaux, même s'il est possible de trouver des similitudes avec ceux de Marvel et DC, et un scénariste qui fait passer les êtres humains avant toute chose. Les cartouches de la première séquence l'indiquent clairement : c'est l'histoire de deux individus dont le père a disparu. La narration est à l'opposé des comics de superhéros industriels : le lecteur suit des individus avec une vie personnelle, des convictions morales et leurs actions ont des conséquences durables. Ici, le premier Jack-in-the-Box a disparu lors d'un combat contre un ennemi, se sacrifiant pour sauver des civils. Sa disparition a fortement influé sur la vie de son fils (Zachary), ainsi que sur le déroulement de la vie de son petit-fils. Le scénariste ne raconte ni un mélodrame larmoyant, ni une comédie de situation. Il intègre le fait que les enfants portent en eux l'éducation et les espoirs de leurs parents, soit de manière directe par leur éducation, soit de manière indirecte par l'exemple que donnent les parents, et qu'ils peuvent soit suivre leur exemple, soit au contraire décider d'avoir une vie différente.



Cette histoire est l'occasion pour le dessinateur et cocréateur de la série de prendre un peu de repos : Brent Anderson cède la place, à Ron Randall, artiste chevronné, auteur de la série Trekker. Ses dessins sont dans la droite lignée de ceux d'Anderson, avec une approche descriptive et réaliste, sans exagération dramatique de tous les instants, et une bonne maîtrise des conventions graphiques propres au genre superhéros. Le lecteur peut voir des êtres humains plausibles et normaux évoluer dans des lieux concrets et réalistes dans lesquels il peut se projeter. Il sait concevoir des plans de prise de vue rendant les mouvements des combats, avec une cohérence dans les déplacements. Les superhéros et les supercriminels sont originaux et bien rendus : Jack-in-the-Box et ses gadgets, ses bras et ses jambes extensibles, Mister Drama et Drama Queen avec un costume semblant avoir été conçu par Steve Ditko lui-même. La narration visuelle trouve le bon équilibre entre une approche pragmatique d'un reportage factuel, et des moments plus spectaculaires, sans tomber dans l'épate pyrotechniques déconnectée de la dimension humaine.



C'est bien sûr un plaisir de retrouver le bondissant Jack-in-the-Box. C'est impressionnant comment Busiek parvient à rendre le récit intelligible à un lecteur qui n'aurait jamais lu un seul épisode de la série Astro City, tout en conservant la sensation de continuité pour les autres. Ron Randall réalise une narration visuelle tout à fait raccord avec l'ambiance de la série, sans singer Brent Anderson. L'histoire est racontée à hauteur d'être humain, mettant les conventions du genre superhéros, au service d'une historie sur la filiation.



Épisodes 39 & 40 : dessinés et encrés par Carmen Carnero. En 1748, en Picardie, une région de France, est pendu au gibet, coupable de crimes contre ses voisins. La corde cède, et il s'envole sous la forme de Hanged Man. Au temps présent, Marta Dobrescu sort de chez elle pour se rendre au travail, et elle prend bien soin de prononcer la formule de protection pour sa porte d'entrée, et de s'assurer de la présence des talismans en refermant sa porte de sa maison située dans le quartier de Shadow Hill à Astro City. Elle se rend aux bureaux de son cabinet d'avocat, où elle est accueillie par la secrétaire Clara qui lui rappelle les dossiers courants, ainsi que les rendez-vous de la journée. Son premier rendez-vous de la journée est chez un client Vasiliu, pour un dossier d'extension de sa boucherie. Le second est chez une personne défunte pour résoudre un conflit entre ses héritiers. En rentrant au bureau, le spectre de sa mère vient lui parler. Quand elle pénètre enfin dans son propre bureau, Hanged Man l'attend flottant à un mètre au-dessus du sol.



Retour à Shadow Hill, le quartier d'Astro City où se concentrent les praticiens de la magie et de la sorcellerie. Le lecteur se souvient encore de l'épisode 11 dans le tome Astro City: Private Lives avec Raitha McCann, la secrétaire de Silver Adept, histoire parfaite. Il fait ici la connaissance d'une autre femme, ayant choisi de vivre dans ce quartier si particulier, qui nécessite de se protéger contre les manifestations magiques. Kurt Busiek est à nouveau dans une forme éblouissante. Il donne du corps à cette femme entre 40 et 50 ans, une histoire personnelle, un quotidien unique et très humain : sa relation avec ses employés, les affaires à traiter, son amant hors du quartier de Shadow Hill, son savoir-faire professionnel. À nouveau, le personnage dispose d'une épaisseur extraordinaire, avec sa sensibilité propre, différente de celles des personnages de la première histoire, et le lecteur ressent que le scénariste porte une véritable affection à Marta Dobrescu. Celle-ci se retrouve impliquée dans une affaire où elle doit représenter Silver Adept pour la défendre contre des demi-dieux, dans une intrigue bien tournée, faisant la part belle au personnage, mais aussi aux manifestations de la magie. En creux, le lecteur peut percevoir en quoi ces éléments magiques relèvent de métaphores plus ou moins explicites, par exemple le spectre de la mère incarnant l'éducation qu'elle a donné à sa fille, et la culture qu'elle lui a transmise.



Ces deux épisodes sont confiés à une jeune artiste espagnole. Ses dessins sont un peu moins affinés que ceux de Ron Randall, manquant parfois d'assurance dans les morphologies ou de naturel dans les expressions des visages. Pour le reste, elle se coule dans le moule de la série, et sait transcrire l'ordinaire de la vie de bureau de Marta, les constructions de Shadow Hill, et les effets spéciaux associés à la magie et aux entités cosmiques, bien aidée en cela par la mise en couleurs de Peter Pantazis. Le lecteur ne tombe pas forcément amoureux de Marta Dobrescu au premier coup d'œil, mais il aimerait bien pouvoir la compter parmi ses amis, et il lui confierait ses affaires judiciaires les yeux fermés. Une nouvelle réussite extraordinaire de Kurt Busiek.



Épisode 42 : dessiné par Matthew Clark, et encré par Sean Pearson. Martin Mantel était le supercriminel Mister Manta, mais au temps présent il est un survivant sur une île déserte, ayant réussi à construire une belle maison avec les matériaux naturels de l'île, et essayant de rafistoler son costume de Mister Manta comme il peut, avec ce qu'il a pu récupérer après le naufrage, et ce qu'il retrouve de temps à autre. Il lui tient à cœur de s'assurer que tout fonctionne parfaitement avant de regagner la civilisation, de tester son équipement pour ne pas essuyer une défaite lors d'un éventuel prochain combat. Un jour, il entend un appel au secours d'un paquebot en train de couler, attaqué par un groupe de pirates équipés d'une technologie d'anticipation.



Changement de registre : le récit se déroule sur une île déserte et pas à Astro City, le personnage principal était un supercriminel, et pas une cheffe d'entreprise ou un fils de superhéros, l'enjeu est de regagner la société. Matthew Clark réalise des dessins un peu plus rigides que Randall ou Carnero, avec un contour délimité par un trait encré très fin, très minutieusement par Sean Parsons. Pantazis réalise une mise en couleurs qui fait ressortir le vert de la végétation, le bleu clair du ciel, et le bleu profond de l'océan. De page en page, le lecteur ne peut pas faire autrement que de se dire que l'artiste laisse quand même beaucoup de travail au coloriste et qu'il représente rarement les décors en fond de case. Pour autant la narration visuelle reste claire, et le récit s'aventure dans un registre un peu différent, tout en restant encore l'histoire d'un être humain avec son passé, ses névroses, et un traumatisme. Petit à petit, le lecteur comprend que Martin Mantel a été marqué par sa défaite, au point d'être devenu très précautionneux. C'est encore un récit bénéficiant d'une sensibilité remarquable, utilisant les conventions de la robinsonnade pour raconter comment un être humain essaye de vivre avec un échec.



Le chat qui traversait les murs (épisode 44) : dessiné par Rick Leonardi et encré par Ande Parks. Lors d'un combat contre Stove-Pipe-Johnny, un chat a été recouvert par une étrange matière gluante, et en est ressorti a priori indemne. Il a été recueilli par Ginny (Nightingale) qui l'a surnommé Kittyhawk, et ramené avec elle dans la base qu'elle partage avec sa partenaire Sunshrike (Leah). De manière inexplicable, ce chat parvient à sortir de la pièce où elle l'a enfermé. À leur insu, il va même sortir et apporter son aide à Rocket Dog dans une histoire de kidnapping.



Kurt Busiek s'est amusé à dire que le genre superhéros n'est pas un genre, mais plutôt un média et qu'il est possible de raconter toutes les histoires possibles avec. Il en fait une nouvelle démonstration éclatante avec cet épisode, grâce à l'aide de Rick Leonardi très en forme, avec des dessins un peu plus simplifiés et des plans de prise de vue parfaitement adaptés aux déplacements du félin. Avec cet épisode, le scénariste passe de l'appréhension d'un quinquagénaire à affronter la société, aux aventures d'un chat avec des superpouvoirs, qui ne parle pas et dont les pensées ne sont pas explicitées. L'aventure fonctionne parfaitement, le chat gardant son quant à soi insondable propre à sa race, le chien se montrant plein d'entrain, les pages silencieuses (sans dialogue ni cartouche de texte) étant emplies de bruits comme des feulements ou des aboiements. Le lecteur a le sourire aux lèvres de la première à la dernière page, grâce à une narration premier degré dépourvue de condescendance ou de mépris.



Un tome de type anthologique, avec quatre récits consacrés à des personnages différents, et autant d'artistes. Quatre réussites éclatantes d'humanité, avec un épisode indispensable même comparé aux standards établis par la série, et des dessinateurs ne déméritant pas.
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Astro City, tome 17 : Aftermaths

Ce tome fait suite à Astro City Vol. 16: Broken Melody (épisodes 37, 38, 41, 43, 45, 46) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant, mais ce serait dommage de s'en priver. Il contient les épisodes 47 à 52, initialement parus en 2017/2018, tous écrits par Kurt Busiek avec des couvertures d'Alex Ross. Les épisodes 47 & 48 ont été dessinés et encrés par Mike Norton, avec une mise en couleurs réalisée par Peter Pantazis. Les épisodes 49 à 52 ont été dessinés et encrés par Brent Anderson, et mis en couleurs par Peter Pantazis.



G-Dog : épisodes 47 & 48. Mannie doit de l'argent à son pote Andy Merton et il est incapable de le rembourser. Andy fait une descente chez lui et repart avec son chiot sans savoir que Mannie l'avait volé chez un éleveur pour le revendre, afin de rembourser ses dettes à Mack Faraday. Andy avait l'intention de lui rendre, mais Mannie se fait tuer dans une tentative désespérée de récupérer du fric. Andy conserve le chien appelé Hank. Quelques nuits plus tard, il effectue un cambriolage dans un appartement de haut standing, il en repart avec de l'argent, des bijoux, des montres, et d'autres babioles, et il prend encore le temps d'accaparer une amulette dans une pièce consacrée au souvenir du superhéros Stormhawk. Alors qu'il est en train de jouer avec le chiot, il se produit un phénomène surnaturel entre eux et l'amulette.



C'est toujours avec un plaisir anticipé que le lecteur revient pour un séjour à Astro City, certain à l'avance que Kurt Busiek lui présentera des individus remarquables. Il comprend que l'histoire est consacrée à un personnage entrevu pour la première fois dans l'épisode 44 : un toutou anthropomorphe avec des superpouvoirs. Certes, c'est une tradition des comics américains que d'intégrer des animaux familiers dans les séries de superhéros, que ce soit Krypto le chien de Superman, ou Bat-Hound, le chien de Batman, mais est-ce que ça a bien sa place dans une série adulte comme celle-ci ? En outre, le dessinateur n'est pas celui habituel. S'il est distrait, il faut quelques pages pour que le lecteur s'en aperçoive, car le coloriste assure une continuité avec les épisodes d'Anderson. Mike Norton reste dans un registre très proche, réaliste, avec des personnages humains aux morphologies variées et banales, et des superhéros éclatants, à commencer par G-Dog. Les décors sont soignés, avec un bon niveau de détail, et représentés régulièrement. En particulier, les pièces de l'appartement d'Asa Martin bénéficient d'un aménagement intérieur qui sort de l'ordinaire, comme on peut s'y attendre pour l'appartement d'une architecte. Les scènes d'action sont représentées avec le panache attendu. L'artiste réussit aussi bien Hank sous forme de chien aimant et joueur, que sous forme de superhéros bondissant, avec un costume jaune vif, faisant montre du même entrain. Il représente avec exactitude les superhéros récurrents de la série. Il n'y a que les expressions de visage qui manquent de nuance et de naturel.



La qualité des derniers tomes n'ayant fait que croître, la confiance du lecteur n'est même pas entamée à l'idée de suivre un superhéros de type chien anthropomorphe. Le scénariste raconte le récit du point de vue d'Andy Merton. Il s'agit de voir comment le comportement de celui-ci va évoluer sous l'influence de l'amitié inconditionnelle que lui porte son chien. Certes exprimé comme ça, ça fait très florianesque. Ce serait oublier le talent d'auteur de Busiek. Il sait faire s'exprimer les sensations et les émotions d'Andy Merton, avec justesse et sensibilité. Le lecteur éprouve une empathie extraordinaire avec ce personnage principal, ressentant l'évolution de son état d'esprit, devenant jaloux de sa relation avec son chien (même s'il n'aime pas les animaux), ressentant une réelle tristesse quand l'inéluctable se produit. Encore une réussite extraordinaire, rappelant par l'exemple que les superhéros peuvent être considérés comme un genre, et que ce genre peut servir à parler de tous les sujets, qu'il n'est jamais aussi puissant que lorsque les auteurs font la part belle à l'humain.



Épisode 49 : Resistor. Lulu Garneau est une journaliste et elle est en train de prendre un café à l'aéroport. Elle n'a pas beaucoup dormi la nuit d'avant car elle a rompu amicalement avec son copain Sandy. Elle se trouve là pour couvrir l'arrivée de réfugiés extraterrestres qui doivent transiter par l'aéroport avant d'être dirigés vers un campement un peu éloigné de la ville. Alors que plusieurs citoyens sont présents avec des pancartes pour accueillir amicalement ces réfugiés, surgit un commando de trois individus masqués avec des costumes et des jetpacks appartenant à au groupuscule Earthpride, opposé à ce genre d'immigration. Soudain un premier individu s'élève de la foule, transformé en superhéros Resistor, puis un autre, puis un autre, puis encore un autre. À sa grande surprise, Lulu découvre que son père le docteur Bertram Garneau est également présent et lui adresse la parole, en lui offrant des bonbons au citron.



C'est le retour de Brent Anderson : le lecteur retrouve ses contours moins arrondis, parfois irréguliers, ses décors parfois moins présents, parfois un peu trop propres. Mais il retrouve aussi des décors très travaillés, et surtout des expressions de visages plus naturelles plus nuancées. Comme à son habitude, il sait également donner vie aux personnages conçus par Alex Ross, ici les Resistors. Le lecteur identifie tout de suite la référence : le personnage Marvel appelé Captain Universe, c’est-à-dire l'énergie Uni-Force habitant des êtres humains. Mais bien sûr, le scénariste en fait un personnage, ou plutôt un concept différent, plus abouti, qui fait plus sens. Sur toutes les pages sauf une, le lecteur a accès aux pensées de Lulu Garneau, dans des cellules de texte, ce qui donne une narration assez dense, sans être rebutante. L'intrigue fonctionne sur la dynamique d'une enquête, la journaliste souhaitant savoir ce qui est arrivé à son père dont elle n'a plus de nouvelles depuis plusieurs années. Il s'y ajoute un questionnement sur l'origine de la force qui vient habiter le corps de citoyens normaux, et sur sa nature même. Le lecteur peut deviner la réponse à cette dernière question assez rapidement, ce qui ne diminue en rien la pertinence et la force de cette métaphore, totalement en phase avec la notion même de superhéros. Une réussite éclatante.



Épisodes 50 à 52 : groupe de paroles. À 06h56, le réveil de Michael Tenicek sonne. Ce dernier l'éteint calmement. Il se lève, prend ses médicaments, allume la télévision. Il passe ensuite à la salle de bains pour se laver les dents, se raser, tout en écoutant les informations annonçant les dernières nouvelles relatives à des interventions de superhéros. Il prend sa douche, s'habille et sort à l'extérieur. La neige a presque fini de fondre. Il passe chez le marchand Astro Donuts, et en demande une douzaine de plus que d'habitude. Il arrive devant un escalier qui mène à un local en sous-sol. Il en ouvre la porte, tout en tenant les 3 boîtes de donuts, avec une aisance née d'une longue pratique. Il pose les boîtes de donuts, dispose les chaises en cercle, prépare le café, et ressort pour faire fondre les petits tas de neige qui subsistent devant l'escalier. Tout est prêt pour une nouvelle séance de groupe de paroles à destination d'individus dont la vie a été affectée par des supercriminels ou des superhéros.



Les auteurs savent prendre le lecteur par les sentiments : ils reviennent à une histoire courte mémorable initialement parue dans Astro City 1/2 en 1996. S'il l'a lue, le lecteur n'en est que plus ému ; sinon il peut apprécier l'histoire sans avoir connaissance de son existence. Après l'histoire de Lulu Garneau, simple humaine sans superpouvoir, c'est celle de Michael Tenicek, également simple individu sans superpouvoir. Il anime une association dont il est le seul membre qui organise des groupes de paroles, pour personnes ayant perdu un être cher dans affrontement entre superhéros et supercriminels, ou ayant été blessées, ou ne pouvant simplement pas passer outre le traumatisme d'avoir été le témoin de tels phénomènes aussi violents qu'extraordinaires. C'est à nouveau une étude de caractère d'une sensibilité extraordinaire. Le lecteur ressent une admiration sincère dès le départ pour cet homme un peu résigné, hanté par le souvenir à demi effacé d'une femme dont il était éperdument amoureux, exerçant une activité sans gloire, et pourtant essentielle, vitale même pour de nombreuses personnes, sans chercher à se mettre en avant, sans chercher à en retirer le maximum de bénéfices financiers. Les dessins montrent un monsieur banal d'une cinquantaine d'années, aux expressions posées, sachant garder son calme devant des accusations terribles ou en présence du Hanged Man, montrant une compassion réelle, sans affectation. La narration visuelle naturaliste est remarquable de bout en bout, à la fois pour la restitution de l'ordinaire de ces personnes, à la fois pour une mise en scène qui rend intéressants ces échanges au sein du groupe de parole. Anderson réalise également des pages mémorables dans les égouts avec le monstre, la présence sinistre de Hanged Man, ou encore l'apparition toujours décalée de Broken Man.



C'est maintenant une constante depuis plusieurs tomes : les auteurs font toujours plus fort dans le suivant. Ici, l'accent est mis sur les civils pour des histoires touchantes, sans être mièvres ou moralisatrices, portées une narration visuelle en harmonie parfaite avec l'intention du scénariste. Le lecteur en ressort ému, et enthousiaste. Pourtant il y a une ombre au tableau : ce tome regroupe les derniers épisodes de la série. À la fin du tome se trouvent deux pages dans lesquelles Kurt Busiek annonce qu'elle devrait se poursuivre sous la forme d'albums sans prépublication, comprenant également des pages crayonnées et la couverture du prochain. Le lecteur espère de tout cœur que ce tome verra le jour prochainement.
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