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Astro City tome 16 sur 7
EAN : 9781401281496
192 pages
DC Comics (21/08/2018)
4.75/5   2 notes
Résumé :
A deep dive into Astro City's history, from comics masters Kurt Busiek, Brent Anderson and Alex Ross.

Music hath charms. The song of the Broken Man, Astro City's most mysterious figure, is revealed at last. From the Old West to the Roaring Twenties, the Swinging Sixties and beyond, music has played a hidden role in the city's heroic history. But is that music now...broken?

Acclaimed creators Kurt Busiek, Brent Anderson and Alex Ross tel... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Astro City Vol. 15: Ordinary Heroes (épisodes 35, 36, 39, 40, 42, 44) qu'il serait dommage de ne pas avoir lu avant car c'est un tome extraordinaire. Celui-ci regroupe les épisodes 37, 38, 41, 43, 45 et 46, initialement parus en 2016, écrits par Kurt Busiek, dessinés et encrés par Brent Anderson, avec une mise en couleurs réalisée par Peter Pantazis & Alex Sinclair. Comme depuis le numéro 1, les couvertures sont l'oeuvre d'Alex Ross.

À Astro City, Broken Man est en train de jouer de la guitare dans sa maison appelée Dream House. La batterie entre en jeu, suivie par une deuxième guitare et par les claviers. Tout d'un coup, il s'interrompt : il a senti la présence du lecteur. Il se met à lui parler : cela fait quelque temps que la conversation a été interrompue, car il a voyagé de ci de là, effectuant des préparatifs en vue de la guerre contre de l'Oubor, ralliant des alliés. Mais il avait promis de revenir et d'en dire plus, et il est temps qu'il tienne promesse. Il explique qu'il est normal qu'il habite la maison des rêves, même s'il est l'homme brisé, car c'est la demeure où il a grandi. Il descend au salon, puis passe à la cuisine, où sa mère (une sorte de figurine en plastique de taille humaine) fait la vaisselle et lui propose de lui préparer des pierogi. Cette maison est pleine de sons, d'odeurs, de toute sorte de musique. Il ne peut plus entendre la musique, mais la musique est importante et puissante, et l'histoire de la ville y est indissolublement liée. le premier musicien à avoir été associé à Astro City était un individu à l'origine incertaine, un individu itinérant jouant de la guitare, venu d'on ne sait où, et arrivant avant que la ville ne porte ne le nom d'Astro City, ou même de Romeyn Falls, ou même que ce soit une ville. Il voyageait et il jouait d'une guitare aux cordes d'argent, pour tout le monde, sa musique ayant la capacité de tenir à distance les ténèbres et les démons. Ce musicien itinérant avait parcouru le pays, et il n'est pas associé à Astro City pour y avoir élu domicile, mais pour y être mort, assassiné par un groupe de personnes au motif inconnu. Quand il est mort, sa guitare s'est brisée et a pris feu.

L'homme brisé continue son récit. Il reprend son histoire en 1905, alors que Earl Baker était encore le maire de Romeyn Falls, et son récit se situe plus précisément dans le quartier de Bakerville, celui des afro-américains. À l'époque dans ce quartier, la précédente musique en vogue était le Cake-walk, une façon d'exprimer sa joie de vivre en face de l'adversité, et des propriétaires et patrons blancs. Mais dans ces années-là, le ragtime commençait à percer, à incarner l'esprit de la jeunesse, une forme de défiance. le meilleur endroit pour écouter du ragtime et danser était le bar Freeman's, où jouait l'inégalable Jim Korvus. de temps en temps, un couple de blancs pouvait pousser la porte et venir écouter et même danser. Leur argent était le bienvenu et la coexistence était possible, sans arrière-pensée. Mais un jour, des individus en robe blanche, avec des cagoules blanches, les chevaliers de la fleur de lys ont fait une descente estimant qu'il n'était pas possible que des blancs s'amusent dans un quartier noir. Curieusement, ils ne furent pas arrêtés, alors que les descentes de police se sont poursuivies contre les afro-américains.

Quand il ouvre un nouveau tome de cette série, le lecteur sait déjà ce qu'il va trouver : des histoires de superhéros, mettant l'accent sur les personnages, plutôt que sur les superpouvoirs, montrant les répercussions de l'existence des superhéros sur le commun des mortels. D'un côté il sait exactement ce qu'il attend des auteurs ; de l'autre côté, il ne sait jamais à quel superhéros il sera rendu un hommage, quel genre de personne il va côtoyer. L'ambition de Kurt Busiek dans cette suite d'épisodes est de satisfaire cet horizon d'attente, mais aussi de proposer une histoire avec une structure originale. le cake-walk est une danse populaire originaire de la communauté afro-américaine du Sud des États-Unis, pour imiter ironiquement l'attitude des maîtres blancs se rendant aux bals. le scénariste évoque ensuite le ragtime (très populaire au début du vingtième siècle), puis le jazz, et à la suite d'une énorme ellipse, le glam. C'est une première dans la série de voir des superhéros incarner littéralement des musiques, et plus particulièrement celles qui émanent de la culture jeune, mêlant joie de vivre et esprit de rébellion. Grâce à la conception graphique d'Alex Ross, en interaction avec Brent Anderson, les superhéros en question ont l'étoffe pour servir d'incarnation, et le lecteur n'est pas près d'oublier Jazzbaby, magnifique.

Avec une sensibilité et une adresse remarquables, Kurt Busiek parvient à évoquer la musique d'origine afro-américaine, sans tomber ni dans l'admiration envieuse, ni dans la condescendance paternaliste. Il met en avant ces styles de musique comme étant l'expression de la jeunesse, et de sa rébellion contre un ordre établi injuste. Pour autant ce n'est pas une forme de révolte violente, mais l'envie et la joie de vivre irrépressibles, comme un jaillissement inextinguible, quelle que soit l'oppression systémique en place. L'auteur ne passe pas en mode musicologue académique en exposant une filiation assommante, et dans le même temps le lecteur amateur peut reconnaître la pertinence et la justesse des éléments évoqués et de leur placement. de manière tout aussi discrète, il peut voir des gens normaux en train de venir écouter de la musique, en train de danser, avec une reconstitution historique cohérente avec chaque période évoquée. À l'évidence, Brent Anderson a lui aussi effectué son travail de recherche, tout en le restituant de manière organique, sans chercher à en mettre plein la vue du lecteur, en conservant comme objectif premier de raconter l'histoire. Les auteurs présentent ces différentes musiques comme l'expression d'une pulsion de vie résistant à l'oppression, de la même manière que les superhéros d'Astro City dévouent leur vie à protéger les civils, comme s'ils étaient l'expression de la volonté de se défendre des habitants. Les deux thèmes entrent en résonnance, s'unissant dans une seule et même allégorie.

Ces 6 épisodes sont encore bien plus que ça. La numérotation discontinue laisse à penser qu'il s'agit d'épisodes disjoints : en fait les auteurs ont procédé ainsi pour préserver la régularité de la fréquence de la parution, tout en faisant en sorte de l'artiste dispose d'un temps suffisant pour soigner ses planches. le résultat est bien là : Brent Anderson réalise des pages bien construites, avec une gestion remarquable du niveau de détails. Il relève le défi de représenter avec conviction tout ce qu'exige le scénario : musicien errant mythique, l'évolution du quartier de Barkerville au fil des décennies, des tenues civiles qui évoluent avec les époques, la scène d'un théâtre de spectacle, des engins d'anticipation basés sur une science rétrofuturiste au tournant des années 1930, des extraterrestres belliqueux, une fillette d'une dizaine d'années en train de faire la vaisselle dans la cuisine, une créature des ténèbres sous forte influence de la mythologie de Cthulhu, etc. le trait classique, solidement descriptif de l'artiste montre aussi bien des gens normaux plausibles et familiers, que des visions de superhéros en action, et des combats. La magie opère à plein, chacun de ces éléments coexistant dans une réalité cohérente, sans jamais que l'un ou l'autre ne dépare. La qualité de la mise en couleurs a encore progressé depuis le tome précédent, que ce soit lors des scènes naturalistes, ou pour l'emploi sophistiqué des effets spéciaux, par exemple le halo qu'émet le corps de Jazzbaby. C'est donc un enchantement visuel dans chaque page, à la fois pour la qualité prosaïque de la narration, à la fois pour la richesse de ce qui est montré, et le naturel des personnages.

En plus du thème de la musique comme manifestation de la pulsion de vie, Kurt Busiek n'oublie pas le personnage central de la série : la ville même d'Astro City. Puisque l'Homme Brisé évoque le style de musique de plusieurs décennies différentes, il évoque forcément en arrière-plan l'évolution de la ville, en particulier avec l'existence d'un culte très discret et très secret tourné vers l'adoration du serpent. À l'occasion du centième épisode (cumul des épisodes des différentes séries), les auteurs réalisent un numéro double et ils racontent à l'occasion de quels hauts faits, le maire de la ville Romeyn Falls a décidé avec l'appui des habitants de rebaptiser la ville du nom d'Astro City. Même avec tout ça, ils n'oublient pas que le coeur des histoires reste les personnages, et le lecteur n'est pas près de les oublier. Il compatit avec le pauvre Homme Brisé, d'autant plus qu'il s'adresse directement à lui, brisant le quatrième mur, avec une conviction qui prend le lecteur à partie. Il se souviendra également de Matilda (Tillie) James Armstrong qui d'une certaine manière a rêvé son papa en superhéros, une histoire magnifique qui émouvra le coeur des lecteurs même les plus blasés et les plus endurcis.

À chaque tome, le lecteur se dit que les auteurs ne pourront pas faire mieux dans le suivant, et auront même beaucoup de mal à faire aussi bien. Ce tome 16 est une preuve éclatante de l'accroissement continu de leur talent. le lecteur retrouve tout ce qui fait l'âme de la série, à commencer par des individus inoubliables pour leur humanité, ainsi que des superhéros portant la marque de l'héritage de ceux de DC et Marvel, tout en étant profondément originaux et uniques. Dans ces épisodes, il est visible que Brent Anderson a disposé du temps nécessaire pour soigner chacune de ses pages, et que le coloriste a travaillé en étroite collaboration avec lui. En outre, le lecteur découvre des personnages générant une sympathie extraordinaire, un monde partagé d'une richesse épatante, et encore plus par le biais de l'évocation d'une forme de la musique populaire, et d'une facette de l'histoire d'Astro City. Extraordinaire de bout en bout.
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