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Citations de Laetitia Bourgeois (28)


L’ ennemi est à l’intérieur. Est-ce que je saurai m’en préserver, cette fois ?
Son cœur se serra brusquement.
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L’intérieur était juste éclairé par une petite fenêtre et les braises d’un maigre feu.
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-Mareta, quelqu'un répand des rumeurs sur la mort de votre mari.
-Et...En quoi est-ce nouveau ? dit-elle doucement. Je suis veuve et je ne me suis pas remariée. Avec tout ce qu'on raconte sur moi, on pourrait écrire un livre, et un in-folio avec ça.
-Ce ne sont pas juste des histoires, Mareta. Ce sont des dénonciations. Des maléfices aussi.
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Les corps de toutes les tailles étaient alignés les uns contre les autres, sur un maigre lit de paille, à même le sol de l’église. La lumière dansante d’un unique cierge se reflétait sur le ruban de la gardienne, sur les linceuls cousus à longs points, tissus de lin, de chanvre et parfois même de jute, dont dépassaient occasionnellement un pied ou une touffe de cheveux. Le bourdon retentit douze fois. Un instant plus tard, la porte du clocher claqua et les pas du sonneur s’éloignèrent. L’église retomba dans le silence.
L’odeur de l’encens, luttant avec celle de la décomposition rendait l’atmosphère à peine respirable et la veilleuse remonta une fois de plus son chaperon sur le nez.
Au discret grincement de la porte latérale, elle se leva d’un bond. Un homme, le visage ombré par un large chapeau noir, referma derrière lui. La jeune femme avança à sa rencontre, naviguant entre les corps, enjambant ici un nourrisson aux yeux figés langé serré, là une gamine dont la tresse s’échappait d’un drap sale. L’homme n’avait pas bougé, jambes légèrement écartées, poings sur les hanches, expression indéchiffrable.
— Lequel est-ce ? interrogea-t-il.
La veilleuse désigna l’un des cadavres du doigt.
L’homme s’agenouilla, tira de sa ceinture un couteau de table et défit la couture.
— Hé ! protesta-t-elle.
— Je veux en être certain.
La femme recula, avec un petit claquement de langue. L’homme trancha les coutures du linceul à hauteur de la tête. Des cheveux clairs emmêlés dans des brins de paille émergèrent, puis des yeux grands ouverts sur des pupilles dilatées et un visage souillé d’une croûte de divers fluides à présent secs.
L’homme grimaça.
— Il n’a pas été lavé ?
— Il n’y a pas assez d’eau dans tout le Doleson pour laver les morts de chaque jour. Bien heureux qu’on puisse encore les enterrer.
L’homme regarda le visage figé un moment, semblant se remémorer quelque ancien souvenir, et il relâcha enfin une respiration longtemps retenue.
— Ils ont dit la peste ?
La fille désigna tous les cadavres qui les entouraient.
— Comme les autres. Même s’ils en trouvaient un avec un couteau dans le ventre, ils diraient encore que c’est la peste.
— Et ça pourrait même être vrai.
L’homme recouvrit le visage du mort et se redressa. Il fouilla dans son aumônière et en tira un sachet de la taille d’un poing d’enfant.
— Ton prix. Mais tu sais ce qui arrivera si tu parles.
— La peste ?
Le sourire de l’homme s’étira, menaçant.
— La peste.
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Elles se tenaient toutes deux sur le chemin qui sépare la vie de la mort. Liées toutes deux par le geste qu’elles allaient accomplir. Nine risquait sa vie et le savait fort bien. […] Ysabellis la risquait aussi. Sa main frémit tandis qu’elle attirait à elle le lourd mortier de buis. Les herbes qu’elle allait broyer, c’était une recette que son maître ne lui avait jamais apprise.
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Malgré la peine de soixante sous pour blasphème, dix livres pour récidive, la langue trouée au fer rouge pour une troisième occurrence, il jura et blasphéma jusqu'à épuisement de salive.
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- ... Que lui as-tu laissé espérer ?
- Une peine de pèlerinage
- Moui, c'est bien ce qu'il risque. Tu n'aimes pas pendre les gens, n'est-ce pas ?
- En effet.
- Et pourquoi ?
- La mort vient bien assez vite comme ça...
- Tu es trop sensible.
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La voix du seigneur enfla de façon menaçante :
- J'ai bien remarqué que tu évitais soigneusement de prononcer le nom des participants à l'insurrection, sauf celui des morts. Me prendrais-tu pour un imbécile ?
- Non, sire.
- Alors, tu reste en val d'Amblavès. La corvée n'est pas terminée.
- Ça suffit sire, coupa sèchement Barthélemy. Là c'est moi que vous prenez pour un imbécile ! Je suis votre lige, pas votre esclave.
.../...
- Mais tu es devenu vindicatif !
- Je suis tel que vous m'avez fait.
Randon partit d'un grand rire, ample et généreux :
- J'ai beaucoup attendu ce jour. Je l'ai craint et espéré.
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- Moi je ne porte pas la main sur lui, bayle ou pas. Il est le seul à avoir essayé de faire quelque chose pour nous, quand nous étions retenus au château. Sans son intervention, je n'en serais pas ressorti vivant. Toi non plus, Ytier. Je ne porte pas la main sur lui.
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- Ah ! C'est une situation singulière. Mais je dois m'en remettre totalement à la volonté de mon époux. Agenouillez-vous. De part la volonté du seigneur de Randon et de Polignac, Barthélemy Mazeirac, je vous investis de la fonction de bayle du mandement du val d'Amblavès. Vous pouvez vous relevez.
Barthélemy obéit, tandis que les vassaux, chevaliers et officiers s'agitaient sur leurs bancs, pas certains de comprendre ce qui se passait, et encore moins sûrs d'apprécier.
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- Vous allez être jugés, les informa Ysabellis avant de sortir.
- Jugés ?
- La vicomtesse a parlé de faire venir la Cour.
- On a une chance, alors...
- Ils vont nous pendre ! marmonna Verteil, la voix rendue pâteuse par le sang qui coulait de son nez cassé.
- Un juge mage ne prendra cette responsabilité tant que vous n'êtes coupables d'aucun crime de sang. Gardez espoir, les encouragea Ysabellis.
- Mais ils pourraient nous tuer avant !
- Je vous ai vu. Je connais vos noms. Je témoignerais pour vous.
- Rentrez vite au château, guérisseuse Aelis intervint Barthélemy.
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Ysabellis revit en pensée le visage mangé de rides du vieil homme, ses yeux écarquillés, son expression de joie inattendue. Il avait retrouvé sa fille, finalement, l'enfant de son enfant, rendue à lui quelques instants avant de trépasser. Avait-il compris, à ce moment là, qui elle était, ou avait-il cru voir se mère, par une exceptionnelle faveur du destin ? Elle ne le saurait jamais.
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- Vous partez ? interrogea-t-il sans préalable.
- Oui, répondait Douce à voix basse.
- Mais...
- Vous voulez sans doute dire que la situation est maintenant assainie, et que nous, Juifs, pouvons vivre en paix avec les Chrétiens.
- Oui, j'allais dire quelque chose comme ça.
- Mais moi, je ne le pense pas.
- Vraiment ?
- Revenir ici, était le désir de Baruch. Il est mort, et nous ne resterons pas dans cette ville, en attendant la prochaine expulsion.
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- Je l'aurai puni. Et cela, je ne te le pardonne pas d'en avoir douté. Mais je l'aurais puni de façon moins infamante. Sais-tu ce que cela veut dire, pour un seigneur, d'avoir un des siens condamné à la décapitation ? Je porterai cela jusqu'à la fin de mes jours.
.../...
je vais simplement te démettre. J'ai assez perdu dans cette affaire.
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Sur un lit de bois simple, un vieille homme étendu, le visage angoissé, les cheveux éparpillés sur un oreiller froissé.
.../...
Ysabellis entra. Le blessé écarquilla les yeux et ouvrir la bouche. Aucun son n'en sortit, mais un spasme de souffrance tordit ses traits. Ysabellis approcha, l'examina un instant..
.../...
Seriez-vous Baruch de Montpellier ? interrogea-t-elle à mi-voix.
Le vieil homme cligna des yeux en signe d'assentiment.
.../...
Rien de ce qu'elle connaissait, ne pouvait plus le sauver, mais elle pouvait au moins soulager ses derniers instants.
.../...
Ses lèvres s'ouvrirent une dernière fois et, sans que le moindre son ne sorte de sa bouche, tous comprirent "Elisheva". Sa mâchoire se figea sur la dernière syllabe.
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- Penses-tu qu'Hugo de Villedieu fera un bon successeur comme bayle du val d'Amblavès ?

- Il devrait faire un bon bayle, approuva Barthélemy, la gorge serrée.

- Tant mieux, je te donne trois mois pour le former à ton tour.

- Je le ferai. Me reprendrez-vous comme sergent à Marcouls ?

- Non. Il y a un nouveau sergent, qui me semble compétent. Je ne vois pas de raison de lui retirer son office. De toute façon, il n'y a pas besoin d'être une lumière pour ramener les chèvres égarées et séparer les ivrognes qui se battent.

Barthélemy déglutit.

- En revanche, continua le seigneur, j'ai besoin d'un bayle à Châteauneuf. Penses-tu pouvoir remplir ce rôle ?

Un sourire de travers éclaira le visage émacié de Barthélemy.

- Avec joie, sire. Si jamais vous m'accordez de nouveau votre confiance.

- Tu ne l'avais jamais perdue.
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- Rentre chez toi, je te ferai appeler le moment venu. Garde le cheval. Je ne veux pas te faire envoyer une monture à chaque fois que j'aurai besoin de toi. Et pui, tu t'es habitué à lui mieux que je ne l'espérais. J'ose croire que tu n'en feras pas un cheval de labour. Garde aussi les vêtements. Tu as meilleure allure comme ça,et je veux que mes hommes inspirent le respect.

- Mais...

- Encore un mais ?

- Sire, ce sont des présents royaux...

- Parfaitement. Quelle que soit ta façon, disons... spéciale de mener ton enquête, tu es arrivé au résultat.

- Une enquête ne vaut pas ça.

- Non, c'est vrai. Mais je rétribue toujours les services que l'on me rend.
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Fidélité, songea silencieusement le sire quand ils furent partis. En le prenant avec moi, je me prépare probablement les pires ennuis. Mais je peux toujours essayer de le dompter...
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Je crois qu'il a bien fait de ne pas nous dire où il allait. J'en connais qui l'auraient vendu pour assurer leur tranquillité sans une once de reconnaissance pour tout ce qu'il a fait pour nous.
.../...

- Et prions aussi pour que ces jeunes sauvages ne retrouvent jamais Barthélemy et Ysabellis.
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- Et puis, éluda-t-elle, qu'avis-tu besoin de sauver la mise à ce gros Jehan qui, lui, n'aurait pas levé le petit doigt pour te porter secours, je te le demande !

Peut-être, et alors ? Je ne peux pas le laisser condamner s'il est innocent, sans avoir rien fait pour lui.

Cette phrase avait été dite avec un peu de malice. Au tout début de sa nomination comme sergent, Ysabellis avait été prise à partie par quelques jeunes du village.
.../...
Seule l'intervention de Barthélemy l'avait alors sauvé, nul homme ou femme n'ayant fait mine de bouger pour lui venir en aide.
.../...
Depuis entre Barthélemy et Ysabellis s'étaient noués des liens de reconnaissance et de réelle amitié.
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