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Citations de Lars Saabye Christensen (35)


Et pardonnez-moi si je suis obligé de mentir, car le mensonge est uniquement ce que l'on ajoute pour que les surfaces de cassure puissent s'emboiter les unes dans les autres afin de reformer la règle du récit. Et force m'est de constater que ce que je raconte est toujours plus court que ce que nous avons vécu.
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C'était un garçon de peu de mots. Les mots n'étaient pas de son côté. Ils étaient positionnés de travers à l'intérieur de lui
et souvent les lettres ne lui venaient pas dans le bon ordre.
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Attendre en vain revient à différer la vie. Je le sais. J'ai attendu pendant si longtemps qu'il est désormais trop tard pour revenir en arrière. J'attends toujours, Vera. J'ai pris beaucoup d'avance sur la mort. Les imbéciles et les sentimentaux m'admirent. Mais j'en sais plus qu'eux. L'espoir est une vieille dame fatiguée et fragile.
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Ah... tout ce que nous faisons et qui rate, nos gestes insolites, le réconfort qui finalement se transforme en souffrance, les récompenses qui se transmuent en châtiments, la prière en malédiction.
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Des pensées par milliers sourdent dans l'obscurité, beaucoup trop ; même quand la lampe est allumée, même quand le globe brille, les pensées s'insinuent dans sa tête comme une colonie de fourmis qui pénètrent par ses oreilles et se multiplient, se démultiplient, jusqu'à former une fourmilière de questions. Est-ce vrai que le temps panse les plaies ? Le temps porte-t-il une blouse blanche, est-il assisté d'une infirmière ? Quelle taille peut mesurer le nain le plus grand du monde ? Pourquoi les yeux sont-ils plus gros et plus vite rassasiés que le ventre ? Les temps sont-ils forts ou faibles ? Pourquoi commencent-ils depuis la nuit ? Pourquoi courent-ils ? Ou bien le temps ne fait-il que passer ?
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Et personne ne s'arrête de rire puisque personne ne riait .
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Ce que nous faisons n'est que l'ombre de ce que nous aurions dû faire.
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Si ce n'est que je n'arrivais pas à écrire. Je voulais commencer ma divine comédie mais les mots mouraient sitôt couchés sur le papier. En somme c'était peut-être l'entière vérité : ce qu'on révèle devient impossible à écrire, car alors on prive le récit de sa force, on le dilue dans des phrases accessibles à quiconque veut les entendre, et, dès lors, on s'est dévoilé en totalité.
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Sauf qu’il n’était pas certain qu’elle soit encore là demain. J’ai alors ressenti cette aspiration à l’estomac que j’ai si souvent ressentie depuis. Je n’écoutais plus les autres. J’ai coupé la rue d’un pas tranquille, seul, je me suis penché sur le capot, mon cœur battait encore mollement, un couple sortait de chez Berle, les deux types sous les pommiers lorgnaient vers moi, les perroquets dans la vitrine poussaient des cris muets. Puis j’ai tourné l’étoile de Mercedes trois fois de suite, je l’ai relâchée brusquement, j’ai tiré, et je l’ai cachée sous mon pull. John, George et Ringo avaient déjà pris la tangente, faisant mine d’adopter une démarche la plus naturelle qui soit alors que vus de dos ils ressemblaient à trois réverbères équipés d’une ampoule rouge. John s’est retourné, m’a fait un signe furieux de la main ; j’ai souri, lui ai rendu son geste, et ils ont détalé en direction de l’Urraparken. J’étais toujours sur le lieu du crime. J’ai jeté un regard circulaire mais personne n’avait réagi.
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Ils savaient tous que c’était moi le spécialiste des Mercedes. Même pas besoin d’outils. Il suffisait juste de tourner trois fois l’emblème sur la gauche, de le relâcher brusquement et enfin de tirer dessus puisque le pivot avait cédé depuis longtemps. On a monté les marches quatre à quatre, ça me chatouillait sous mon pull. On a évalué la situation.
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Kim Karlsen se tourne vers l'autobus jaune garé sur ce parking incliné. Il est toujours en mesure de lire le panonceau au-dessus du pare-brise où figure : Dirty Fingers. Il sent le fil glisser entre ses doigts. Et une certaine tranquillité se dépose sur lui. Il ignore pourquoi. Toujours est-il qu'elle descend lentement sur lui. Le chauffeur s'accroupit pour caler une pierre derrière l'une des roues avant pendant qu'Albert et Gustav suivent chacun de ses gestes. La pluie se met à tomber, Gustav échange une parole avec le chauffeur au moment où celui-ci se relève. Aussi se rabaisse-t-il, retire la pierre pour aller la caler derrière l'autre roue, plus proche du couloir rocheux. Au même moment, une femme se dirige vers eux de l'autre côté, sortant de la Maison pour tous, un bâtiment très bas, en préfabriqué, avec une toiture plate. La femme, en revanche, est plantureuse, elle a la poitrine opulente, n'importe qui peut le voir, malgré son manteau qui tombe au bas de bottes en plastique et une barrette jaune dans les cheveux qui lui tire pour ainsi dire le visage en arrière. En tout état de cause elle l'a été un jour, plantureuse, nantie d'une poitrine opulente. Elle s'arrête sous la pluie, ne semble pas avoir peur d'être trempée.
- Suivez-moi, crie-t-elle.
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Kaia dut s'accorder un moment de réflexion et, tandis qu'ils se regardaient dans les yeux, Peter Wihl fut de nouveau terrassé, submergé par ce regard vert, le regard de son enfant, franc, impavide, comme s'il n'avait jamais servi, comme s'il voyait toujours tout pour la première fois.
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Puisque, d'espace, il n'y en avait pour pas plus d'un chaos à la fois : l'artiste est bourgeois, l'art est libre.
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Dis bonjour aux connaissances communes, si jamais tu en vois. Ah si, une toute dernière chose: les sherpas savent qui ouvre la marche. Monter c'est facile. Descendre, c'est dur. Quand on est arrivé au sommet, on n'a parcouru que la moitié du chemin. C'est Kipa Lama qui l'a dit. Il sait que le plus fort ferme le cortège. Et lui il monte toujours en dernier. Celui qui tient la corde. Celui qui nous tient.
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Kim Karlsen est un voyageur sans bagage, un marin sans navire, il est le passager embarqué sur un morse et ils voguent leur propre galère, là où les anges et les sébastes, les alevins et les étoiles, se croisent à mi-chemin, dans la bouche écumante des déferlantes, dans l'escalier mécanique du vent - et salut à vous, pêcheurs échoués, soyez les bienvenus vous qui nous fournissez le chagrin folâtre des vieilles rengaines:

Ne pense pas au lendemain
Suis les vagues jusqu'au lointain
Ne pense pas au lendemain
Suis les vagues jusqu'au lointain
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Gunnar traverse le champ, récupère ses gants, continue vers la route. Il a le temps. Il a tout le temps devant lui. La lisière de la forêt est bleue. L'oiseau s'est envolé. Et quand le vent souffle dans une direction bien déterminée, on entend un cognement sourd, qui ne vient de nulle part, une note, qui permettra aux blés d'onduler.
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Un beau jour, nous avons décrété que le monde était suffisamment grand. On ne connaissait rien de mieux. On y trouvait la place qu'on désirait avoir. Puis le monde a rétréci. A moins bien sûr que nous ayons grandi et soyons devenus plus exigeants. Nous avons agité les bras. A force, les coutures du monde ont craqué et le monde s'est déchiré tout autour de nous.
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Le mensonge est parfois plus éclatant que la vérité.
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Entre les blessures et les cicatrices se niche le temps.
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Si vous ouvrez bien grand vos yeux par une nuit claire, alors vous apercevrez à coup sûr les épaves qui jonchent la profondeur de la voûte céleste, et s'amoncellent dans la fosse de réparation.
Croyez-moi quand je vous dis que les mécaniciens qui triment dans cet atelier sont très occupés.
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