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Critiques de Laura Alcoba (145)
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Les passagers de l'Anna C

Fin des années 60, les belles années nourries de l'illusion. Les parents de la narratrice (de l'auteure sans doute) quittent l'Argentine avec d'autres pour Cuba pour une « formation de guérilleros ». Nous les suivrons dans leurs aventures, leurs ressentis, les problèmes de cohabitation, la découverte d'un pays en voie vers le socialisme, leur rencontre avec un personnage de légende, je n'en dis pas plus. Ils rejoindront plus tard l'Argentine, chacun vers son destin, qui s’avérera souvent cruel nous dira brièvement l'auteure dans une postface.

Voilà un livre agréable à lire, un peu superficiel mais touchant.
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Les passagers de l'Anna C

Ce livre, à la fois roman historique et romanesque relate l’incroyable voyage effectué dans les années 60 par une poignée de jeunes révolutionnaires argentins , inexpérimentés, en 67 , 68, à peine sortis du lycée et de l’adolescence.

Ils quittent l’Argentine clandestinement et s’embarquent dans un périple qui leur permettra de rejoindre le Che Guevara.



Naïfs , enthousiastes , prêts à donner leur vie pour l’idéal de la révolution .



L’auteure âgée d’un mois lors de la traversée de l’Atlantique à bord de l’Anna C , relate ce périple à partir des souvenirs des rares survivants de cet incroyable voyage , dont ses parents , très jeunes , même pas vingt ans , Soledad et Manuel , très amoureux , au cours duquel elle est née….



Les protagonistes séjournent à Prague, à Paris , La Havane , Gênes, dans diverses villes cubaines .

Ils suivent un entraînement militaire , confrontés à l’idéal du communisme , l’auteure conte d’une façon dérisoire, la fascination et la ferveur insolentes, l’effervescence, les déceptions , leur idéal révolutionnaire s’ émoussera tout au long de ces mois d’apprentissage , dans un camp d’entraînement cubain : trop de questions sans réponses, trop de silences …



De vraies amitiés naîtront , de belles rencontres aussi, ils apprendront ——lorsqu’ils quitteront Cuba , dans l’espoir de répandre la révolution en Amérique du Sud , notamment Soledad et Manuel avec Laura , leur bébé ,——-par un vieux barman que le Che , lorsqu’il était étudiant en médecine était infirmier et travaillait à bord de l’Anna C .

Sa mort les plongera dans une grande tristesse .

L’auteure , à la fin du livre, dans un court chapitre nommé «  Stèles » , dévoile le destin funeste , parfois , de certains de ces jeunes révolutionnaires, assassinés ou torturés plus tard . …..



Laura Alcoba reproduit l’atmosphère de Cuba, les discours incroyablement longs de Fidel, les conditions misérables de vie des paysans , les contradictions entre l’idéal communiste et les préjugés sexistes —- ou plus curieux ——-la foi catholique——-restitue avec beaucoup de justesse les convictions puissantes de cette jeunesse , leurs problèmes de cohabitation nourries de grandes illusions . ….

Un livre intéressant , au style vivant et efficace , agréable à découvrir à travers lequel , une dignité est redonnée à ces jeunes révolutionnaires lors de leur épopée cubaine , attachés à leur mission , animés d’une foi presque naïve . ……



«  Une des règles incontournables dans l’apprentissage de la vie GUERRRILLERA: un GUÉRILLERO , digne de ce nom , se doit d’être toujours botté en cas d’embuscade , ou d’attaque soudaine de l’ennemi, ce qui pouvait arriver à tout moment de la journée » .

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Les passagers de l'Anna C

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Les passagers de l'Anna C

Non sans dérision mais avec la fascination qu'appelle cette ferveur naïve, Laura Alcoba fait percevoir l'enjeu à la fois historique et romanesque de cette quasi-épopée.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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Les passagers de l'Anna C

La découverte de la littérature cubaine m'a aiguillée vers cette histoire de militants universalistes décidés à aller porter les idées de la révolution vers le continent américain.

Nous suivons pas à pas la lente reconstitution de l'itinéraire improbable suivi par ces idéalistes.

Un livre qui ne nous parle pas de Cuba même si les protagonistes y ont vécu de longs mois.

Un livre qui nous parle de la folie révolutionnaire qui a bercé la jeunesse des années 60, je me rappelle la lecture assidue des bouquins d'Ernesto, les frémissements d'une jeune fille qui voyait dans l'idéal révolutionnaire la justification de la lutte armée.

Ce qu'il reste de ces livres :

La tactique

Muerde y huye... mords et fuis.

Les consignes

Il est bien plus important de tuer des moustiques que de faire l'amour.

Je me rappelle ces lectures ... franchement, des années plus tard, je me rappelle encore l'ennui qui s'en dégageait ... c'était ch... et complètement décalé pour une gamine parisienne mais cela a été pour moi, l'occasion de rêver à l'aventure et la croyance que ce n'était pas si compliqué que ça de changer le monde !

Les passagers de l'Anna C y ont cru aussi !
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Les passagers de l'Anna C

Ayant adoré "Manèges", le premier roman de Laura Alcoba, j'ai abordé celui là avec excitation ("pourvu que ce soit aussi bien!") et crainte ("pourvu que ce ne soit pas moins bien!") Les quatre ou cinq premières pages, je me suis dit que finalement, ça allait être moins bien. Et puis j'ai laissé la comparaison avec "Manèges" derrière moi et je me suis laissée emporter par l'aventure passionnante de ces cinq jeunes argentins (dont les parents de l'auteur) qui fuient le confort de leurs familles à Buenos Aires pour aller prêter main forte à Fidel à Cuba, et pourquoi pas, au Che en Bolivie.

Vous n'allez pas être déçus par tout ce que vous allez découvrir sur le chemin qu'il fallait suivre à l'époque pour rejoindre ces deux héros. Vous n'allez pas être déçus par tout ce que vous allez apprendre sur l'entrainement à la guerilla et au tir, la découverte des usines et des hôpitaux de Cuba, mais aussi des cafés et des plages. Mais je tiens à dire que vous n'allez pas être déçus non plus par le talent d'écrivain de l'auteur, la construction en petits chapitres qui s'emboitent les uns dans les autres avec une fausse légèreté, et même de l'humour. Le tout forme un ensemble aérien, qu'on lit vite sans s'en apercevoir. Laura Alcoba a certainement beaucoup d'amour et d'admiration pour ses parents et leurs amis, mais cela n'empêche pas la lucidité. L'épilogue s'appelle "Stèles". Elle nous y donne le destin final de tous ces jeunes de 18, 20, 25 ans maximum, qui ont appris le soulèvement organisé à Cuba, et qui dix ans plus tard, l'ont appliqué en Argentine contre la dictature de Videla. Je ne surprendrai personne en disant que soudain, notre gorge se serre.
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Les passagers de l'Anna C

Dans ce livre, Laura s’efforce de retracer quelques mois vécus par ses parents, le temps d’un voyage. Ils sont partis d’Argentine pour aller à Cuba, aider le Che et Fidel dans leur Révolution. En chemin, ils sont passés par Paris. Pour le retour, ils ont pris un bateau à Gênes, l’Anna C. Entre-temps, Laura Alcoba était née. En partant des souvenirs de ses parents et de leurs compagnons, l’auteure a ainsi créé un roman, racontant ce qui s’est passé durant ce périple et lors de leur séjour à Cuba. Elle brode ainsi une histoire qui est également celle de sa naissance.



Ce roman nous fait voyager puisque les protagonistes séjournent à Prague, à Paris, à la Havane, à Gênes, et dans diverses villes cubaines. Pour ces jeunes gens qui n’ont même pas vingt ans, c’est une véritable aventure. Pour les parents de Laura Alcoba, cela s’apparente presque à une fugue : leurs familles en Argentine s’opposent à leur relation. Ainsi pour eux, ce voyage est une véritable lune de miel, qui les mènera à une parenté précoce. Eux qui rêvaient de changer de vie, elle ne sera en effet plus jamais la même.



La Révolution menée par les communistes à Cuba est omniprésente durant tout le roman. L’action se déroule en 1967 et 1968, presque dix ans après la prise de pouvoir de Fidel Castro à Cuba. Le Che est alors chargé de la « contamination révolutionnaire » en Amérique du Sud, où plusieurs guérillas vont être lancées. Au début du voyage, les parents de Laura sont convaincus du bien-fondé de ce combat et sont bien décidés à se battre pour cet idéal. Au fil des pages, on voit leur position évoluer, leur conscience se débattre face à l’extrémisme de certaines situations. On garde au final l’impression d’un gâchis humain et financier.



Les personnages sont des jeunes gens inexpérimentés, à peine sortis du lycée. Ce voyage va les faire grandir. D’une part, ils suivent un entraînement quasiment militaire. D’autre part, ils confrontent leurs idéaux à la réalité du terrain. Manuel, le père de Laura, est un jeune homme assez déterminé qui laisse assez peu le doute le pénétrer. En revanche, sa mère, Soledad, est assez vite désenchantée. Elle qui pensait qu’il lui suffisait de partir pour commencer une nouvelle vie se rend rapidement compte que la vie n’est pas rose à Cuba.



Le style de Laura Alcoba est agréable à suivre. Elle retrace les évènements de 1967 et 1968 tout en nous expliquant l’intéressante démarche qui a été la sienne. Parfois, les souvenirs des uns et des autres ne concordent pas, elle propose aux lecteurs une interprétation. En un peu plus de 200 pages, elle parvient à planter une multitude de décors et à faire évoluer ses personnages.



Ainsi, ce livre est intéressant à plusieurs titres. Au carrefour du roman et du récit, il s’attache à un petit épisode de la Révolution que les communistes cubains ont tenté d’essaimer en Amérique du Sud. Il nous présente un groupe de jeunes idéalistes confronté à la réalité du communisme. Enfin, c’est aussi l’histoire d’un couple et d’une naissance…
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Les rives de la mer douce

Il lui a fallu des années pour comprendre qu’une enfant, alors nommée Maria Laura Guerra selon ses faux papiers, y demeurait encore, réclamant d’en sortir enfin, pour prendre corps de réalité, corps de mots.
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Les rives de la mer douce

La collection « Traits et portraits », dirigée par Colette Fellous, n’est pas avare en merveilles et le livre de Laura Alcoba, Les Rives de la mer douce, le prouve une fois de plus. Ce sont les mots, les premiers héros de ce livre : ceux que l’écrivain Hector Bianciotti, compatriote de l’autrice, a perdus suite à une maladie de la mémoire ; ceux qu’il a écrits, posés dans ses livres sur un douloureux souvenir enfantin, accompagné du « désarroi de nommer en ignorant et d’éprouver la sensation panique d’être, faute de mots, prisonnier en [s]oi-même ». On pense d’abord que cette citation reflète l’envie de décrire un rapport au langage, celui d’une traductrice et écrivaine argentine arrivée en France à l’âge de dix ans ; d’une locutrice qui a dû acquérir une langue étrangère, apprendre à la manier et à la chérir. Et on est d’autant plus enclin à le penser que le livre médite ensuite sur les paysages de plaine et le Río de la Plata, des souvenirs qu’Alcoba et Bianciotti ont en commun et qui « parlent à [l]a mémoire »; s’enchevêtrant à ceux de l’Aven, en Bretagne, lieu où vit maintenant celle qui a rédigé ce récit.



C’est l’eau qui fait le lien, mer, fleuve, rivière et mascaret. Les pages superbes, qui racontent comment l’eau douce des fleuves recouvre celle de la mer, dans l’estuaire du Río de la Plata (qu’on surnomme « La mer Douce »), ne sont pourtant que le prélude à une autre histoire : celle qui fait que Laura Alcoba n’a pu revenir dans son pays natal que douze ans après son départ d’Argentine. Eaux mêlées, celles du Parana « couleur de lion » qui recouvre la salinité de l’Atlantique ; mais aussi métaphore des couches d’oubli qui ont enfoui loin au-dessous du verbe les eaux de l’enfance, rendues amères et muettes par l’Histoire. Et ce n'est pas par hasard qu’on évoque, au fil d’un récit ancien, un Espagnol épargné par les Indiens qui l’ont recueilli, qu’apparaît un homme qui a perdu sa langue quand il est retrouvé par les siens dix ans plus tard.



Lire la suite :
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Les rives de la mer douce

Tentative d’élucidation du brouillard qui nimbe sa mémoire, c’est un livre des hantises et des passages, entre les continents et les langues, de l’espagnol au français, entre la clandestinité, qui fut parfois heureuse, et le monde normal.
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Les rives de la mer douce

Son enfance en Argentine durant la dictature, le silence imposé, la résistance organisée entre femmes. Autant de sujets au cœur du nouveau roman de Laura Alcoba.
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Les rives de la mer douce

Ce livre, exercice pudique d’autoportrait ou de voyage intérieur, se concentre autour des mots, de leur apprentissage, de leur usage et et de leur transmission. En tant qu’écrivaine et traductrice, Laura Alcoba manie la langue argentine et celle française. Elle est la mer douce du titre et coule entre deux rives culturelles. En ouvrant son texte par la souvenir de l’annonce de sa première publication, elle remonte le cours de sa mémoire et de sa relation avec le langage. Son entrée dans la maison Gallimard l’amène à parler d’un de ses compatriotes, Hector Bianciotti, lui aussi tiraillé entre sa langue maternelle et celle dans laquelle on entre. Elle parle de l’attention portée au choix des mots. L’écriture devient alors orfèvrerie. Au moment où elle publie, Hector Bianciotti a des troubles de la mémoire. La vie et ses moyens pour l’appréhender lui échappent. C’est ce fossé dont la tragédie intime est capté qui anime le récit, le retour en arrière vers les prémices.

Avec douceur – celle qui n’étouffe jamais la violence et la brutalité de la vie et des sentiments -, l’autrice nous parle de son enfance. On découvre alors un pays heurté, des opposants politiques pourchassés et Laura Alcoba, enfant, obligée de changer de nom, de jouer avec les mots pour mentir. Au fur et à mesure du récit, on perçoit tout l’apprentissage de la réalité et le poids de leçons d’une vie. Sa vie, ses souvenirs et son amour pour la littérature se mêlent. Ce livre est un hommage au croisement des cultures, à celles et ceux qui ont nourri son rapport aux mots. On retrouve la profonde écoute de l’autrice pour le monde, une écoute et un sens du collectif déjà présents dans Le Bleu des Abeilles ou l’une de ses dernières traductions, Les Vilaines de Camilla Sosa Villada.
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Manèges : Petite histoire argentine

À la sinistre époque de la dictature militaire, en Argentine (1976-1983), il existait un groupe politique appelé "Montoneros", issu de la gauche péroniste et prônant la lutte armée, dont la plupart des dirigeants et militants furent exécutés par la junte au pouvoir lorsqu'ils ne réussirent pas à s'exiler. L'auteure, à cette époque, était une fillette de sept ans et ne voyait la réalité politique qu'à travers les déménagements et changements d'identité successifs imposés par la clandestinité et le séjour en prison de son père. Laura Alcoba revit pour nous ses souvenirs, dans une langue simple et vivante, et nous fait partager ses peurs, de la police, de la dénonciation, mais aussi son émerveillement devant une réalité sans cesse en mouvement. Un témoignage émouvant...
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Manèges : Petite histoire argentine

"Tu dois te demander, Diana, pourquoi j’ai tant tardé à raconter cette histoire. ..

...M’y voici.

Je vais évoquer cette folie argentine et toutes ces personnes emportées par la violence. je me suis enfin décidée parce que je pense bien souvent aux morts, mais aussi parce que je sais qu’il ne faut pas oublier les survivants. Je suis à présent convaincue qu’il est très important de penser à eux. de s’efforcer de leur faire aussi une place. C’est cela que j’ai tant tardé à comprendre, Diana. Voilà sans doute pourquoi j’ai tant attendu.

Mais avant de commencer cette petite histoire, j’aimerais te dire une chose encore: si je fais aujourd’hui cet effort de mémoire  pour parler de l’Argentine des Montoneros, de la dictature et de la terreur à hauteur d’enfant, ce n’est pas tant pour me souvenir que pour voir, après, si j’arrive à oublier un peu."



Le livre est dédié à Diana E. Teruggi.



En exergue:

Un souvenir, mon ami.

Nous ne vivons qu’en avant ou en arrière.

Gérard de Nerval.



L’épisode de son enfance que Laura Alcoba raconte commence en 1975 . Les montoneros doivent impérativement se cacher pour ne pas être arrêtés, et torturés, et très vite, d’ailleurs, Laura va aller voir son père en prison. Sa mère est recherchée , et toutes les deux vont aller habiter dans une maison, qui est en fait une imprimerie clandestine. Sa mère travaillera cachée derrière tout un camouflage de casiers de lapins. Et celle que Laura va le plus côtoyer, c’est cette Diana.

Cette histoire est vue , de façon parfaite, par petites annotations, souvenirs , et si elle raconte des évènements très particuliers, elle parle également très bien de l’enfance. A cet âge là, 8 ans, l’enfant qu’elle était ressent beaucoup de choses, en comprend d’autres, mais pas tout bien sûr. Pas les véritables enjeux, pas le pourquoi de cette existence bizarre qu’elle est amenée à mener. On rejoint là tout à fait le film de Benjamin Avila, Enfances clandestines. Et, de même on constate , devant ce combat contre une dictature, l’existence de trois générations : ces jeunes hommes et femmes, donc, les Montoneros, qui prennent, ils le savent, le risque d’être tués à tout moment, leurs enfants qu’ils entrainent dans ce risque , et leurs parents qui sont le plus souvent ambivalents: "Ce qui fait peur à mon grand-père, ce sont les gens qui veulent que tout change. "Qui les aident comme ils peuvent mais ont tellement peur de les perdre.

Ce seront ces fameuses grands-mères qui ont commencé à défiler toutes les semaines depuis le 30 avril 1977 sur la place de Mai, certaines d’entre elles ont d’ailleurs été assassinées aussi.

Les enfants.. Laura Elcoba le décrit très bien. Elle est prévenue, elle sait qu’il faut se taire : "J’ai compris et j’obéirai. Je ne dirai rien. Même si on venait à me faire mal. Même si on me tordait le bras et qu’on me brûlait avec un fer à repasser. Même si on me plantait de tout petits clous dans les genoux. Moi j’ai compris à quel point il est important de se taire."

A cet âge-là, les enfants veulent faire plaisir, s’adaptent à tout, et ce qui la heurte la plus, la petite Laura, ce qu’elle a le plus retenu, ce sont les erreurs qu’elle fait , et souvent bien malgré elle. La peur de mal faire, la honte d’avoir mal fait. Le reste, se cacher sous des couvertures pour circuler, cesser d’aller à l’école parce que c’est trop dangereux,tout ce qui lui est imposé, lui semble presque normal. Laura Elcoba sait très bien traduire la tension à hauteur d’enfant, le reste, la fin, c’est l’adulte qui l’écrit.

En lien, un peu plus sur Diana Esmeralda Teruggi de Mariani, Daniel Enrique Mariani et leur fille Clara Anahi.



C’est..bouleversant. Merci MaiteBsAs de m'avoir fait découvrir Laura Alcoba.


Lien : http://www.desaparecidos.org..
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Manèges : Petite histoire argentine

Je ne crois pas qu'on puisse faire une lecture objective d'un roman. En tout cas, je ne crois pas qu'on soit sur Babelio pour être objectif. Je crois qu'on y est par passion, parce qu'on ne peut pas se passer de lire et qu'on est avide de découvrir d'autres romans. Ceci posé, je ne suis vraiment vraiment pas objective sur "Manèges". Il se trouve que je n'ai que quelques années de différence avec l'auteur, et qu'à peu près au moment où elle quittait l'Argentine pour la France, je quittais la France pour l'Argentine. Elle y raconte un épisode de son enfance, quand elle avait sept ans, avant l'arrivée de Videla au pouvoir. Son père, opposant politique au régime de la seconde femme de Peron, était en prison, et sa mère vivait en clandestinité. Laura Alcoba a donc dû changer de prénom, de nom, d'école, de quartier, et vivre dans une maison isolée avec sa mère et d'autres montoneros, un des deux groupes majeurs d'opposition. Il se trouve aussi que j'ai moi-même écrit un roman ("Et toujours en été") qui parle justement de ses enfants de "révolutionnaires" devenus grands, de la façon dont ils ont essayé de se construire sur l'exil, les disparitions et les silences. Je tiens à préciser que je ne parle jamais de mes romans quand je poste des chroniques sur Babelio, mais qu'après deux jours de réflexion, j'ai décidé d'arrêter de me demander comment parler de ce livre de façon objective. J'ai terriblement envie de donner envie de le lire, et j'ai pensé à des accroches genre "Si vous avez aimé La Garçonnière, d'Hélène Grémillon, lisez ce livre!", "Si vous avez aimé les romans d'Elsa Osorio, lisez ce livre!", mais je crois que c'est une erreur. Vous voyez, une des phrases qui m'a le plus émue dans "Manèges" est presque anodine. "Des années plus tard, bien après le retour à la démocratie, mon père, qui était libre depuis longtemps déjà -il a été libéré quelques mois avant la guerre des malouines, comme beaucoup de prisonniers politiques relâchés au moment où la dictature commençait à s'effondrer-, m'a tendu un livre, en me disant "Tiens, là-dedans on parle de la maison où tu as vécu avec ta mère". Il n'a rien dit d'autre. C'est que nous avons beaucoup de mal à parler de tout ça". Voilà pourquoi j'ai eu brusquement les larmes aux yeux, à cause de ce bout de phrase "C'est que nous avons beaucoup de mal à parler de tout ça". J'ai moi-même beaucoup de mal à parler de tout ça. J'ai caché pendant des années que j'avais vécu en Argentine tant je redoutais les questions, et je me souviens, quand j'ai fini "Et toujours en été", qui a été, de tous mes livres, celui que j'ai eu le plus de mal à écrire, je me suis dit que je n'avais fait qu'effleurer ce que je voulais vraiment dire, que je ne l'avais peut-être même pas approché. Je pense parfois que je n'y arriverai jamais, ou en tout cas que je n'y arriverai jamais seule, que ce que j'essaie de dire est disséminé dans tout un tas de romans, et que "Kamchatka" de Marcelo Figueras, et "Manèges", sont une partie de ce puzzle. 130 pages, une dernière phrase magnifique, je ne saurais que trop recommander, sans aucune objectivité donc, la lecture de ce livre.
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Manèges : Petite histoire argentine

Ce livre, court mais efficace, conte la vie d'une fillette de 8 ans dont les parents luttent contre le pouvoir en Argentine.

Son père emprisonnée, elle doit suivre sa mère dans la clandestinité.



Un livre poignant. Je regrette qu'il n'y ait pas plus d'éléments de contexte historique nous aidant à appréhender la lutte de ses parents
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Manèges : Petite histoire argentine

Une petite fille de 7 ans va vivre dans la clandestinité avec sa mère pendant que son père est en prison, pendant les années de dictature en Argentine. On lui raconte un peu, mais pas tout, elle comprend beaucoup mais pas tout.

Plus tard, elle se souvient. Pour pouvoir peut-être oublier.

c'est très bien écrit. il est généralement difficile de se mettre de façon juste dans le regard d'un enfant quand il est le narrateur. Ici, c'est juste et sobre. La tension, l'angoisse, l'exaltation, tout est là. Et l'on partage ces jours sombres avec elle, mais qui possèdent encore leur lumière.

Ce livre m'a donné envie de me plonger dans "Le bleu des abeilles".
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Manèges : Petite histoire argentine

Une histoire autobiographique qui plonge dans l'Argentine des années 1970 en plein cauchemar de guerre civile. L'auteure, nous fais vivre cette période sombre à travers les yeux d'une enfant de 8 ans en nous relatant un témoignage bouleversant et d'une sincérité effroyable.

Comment ne pas s'attacher à cette fillette de 8 ans tout en priant pour qu'elle échappe à la folie des hommes et à l'horreur de la guerre.

Un récit poignant et émouvant qui ne vous laissera pas indifférent. Une lecture à découvrir.
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Manèges : Petite histoire argentine

Laura ALCOBA écrit avec simplicité une tranche de vie pourtant chargée d'émotions et de tensions. C'est une prouesse et le signe d'un grand talent, qui présage des bonnes lectures pour les autres ouvrages de cette autrice.



J'ai déjà beaucoup apprécié ce premier livre, et envie de lire à l'occasion les suivants d'une plume si fine et agréable.

Pas de trémolos et autres excès d'effets dans cette histoire qui permet d'avoir une vision de l'intérieur de ces évènements tragiques de l'argentine sous la dictature. Passionnant!!

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Manèges : Petite histoire argentine

Une petite fille qui apprend qui sont les Montoneros ... des membres d'une organisation politico-militaire argentine péroniste, qui pratiqua la lutte armée entre 1970 et 1979 (1) ...

Une petite fille qui admire aujourd'hui encore Carlitos Gardel, écharpe blanche et chapeau rabattu sur les yeux, et la vierge de Luján, petite bonne femme perdue sous son manteau bleu ciel et écrasée par sa couronne de pierres ...

Une petite fille qui écoute Julio Sosa, El Varón del tango ....

Une petite fille qui adore faire des frisotis sur des paquets cadeaux enfermant les revues Evita Montonera (2) ...

Une petite fille qui se souvient.

C'est émouvant, les souvenirs sont douloureux.

Un livre comme un pansement sur des plaies sanguinolentes, le temps ne permet pas de guérir, l'écriture comme un remède, comme un baume sur les blessures jamais refermées ...

Alors, n'oublions jamais qu'il ne faut pas oublier les survivants ...

il est sûre que "Clara Anahí vit quelque part. Elle porte un autre nom, elle ignore probablement qui furent ses parents et comment ils sont morts".

Clara nous pensons à toi et à tous tes frères et sœurs qui ont été kidnappés par la junte ... qui vous ont privé de votre histoire, qui ont volé l'histoire de votre pays



(1)

Leurs objectifs étaient : la déstabilisation du gouvernement autoproclamé, le retour au pouvoir du général Juan Domingo et l'instauration en Argentine d'un système politique qu'ils baptisaient « Socialisme national », ce qu'ils considéraient comme l'évolution historique naturelle du péronisme.



(2)

La revue Evita Montonera (EM) est éditée clandestinement par l'organisation des Montoneros, publiée entre décembre 1974 et août 1979, il y eut 25 numéros.

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