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Critiques de Lauren Beukes (142)
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Afterland

Voilà un roman qui laisse une étrange impression après la lecture, tant par l'idée de départ que par le traitement qui en est fait.



Le choix d'aller à contre-courant des romans dans la veine de la servante écarlate, en campant cette fois l'asservissement et la traque des éléments masculins est à la fois osé et très intéressant. Une fois investies de tous les pouvoirs et de toutes les responsabilités, les femmes peuvent en effet se révéler aussi impitoyables que les hommes avant elles. le même égoïsme, le même opportunisme, la même façon de voir le monde selon le prisme qui les arrange.



Cette société nouvelle est plutôt bien traitée par Lauren Beukes, elle illustre par petites touches tous les changements induits par la disparition des hommes et joue avec nos automatismes inconscients en faisant apparaître des "elle" et des féminins là où on n'est pas habitués à en voir. Ce jeu sur le genre est également présent dans le choix des noms des personnages : Nicole, la mère, est surnommée Cole, un prénom normalement masculin. Billie, la tante porte également un surnom à consonnance masculine.



Toute la première partie du roman est menée tambour battant et on découvre peu à peu les méandres de ce monde post-apo, qui tente tant bien que mal de continuer à tourner, en attendant une hypothétique découverte permettant le retour des hommes sur Terre.



Hélas, à partir de la seconde partie, ça se gâte. Lauren Beukes tourne en rond, lance des pistes qui ne seront jamais exploitées et s'appesantit avec lourdeur sur une espèce de secte religieuse dans laquelle Miles et Cole se cachent. le récit se traîne, perd toute les qualités du début. Exit la réflexion sur le post-apo, la pointe de science-fiction, l'exploration philosophique des conséquences d'un monde sans les hommes, les considérations sur la maternité et l'amour sororal. Ne reste plus qu'un thriller mou sans grande surprise, trop consensuel pour vraiment accrocher, où le personnage de Billie devient carrément ridiculement caricatural.



Dommage.
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Afterland

"Afterland" est un roman que j'ai reçu grâce aux éditions Albin Michel Imaginaire, que je remercie.



On suit dans cette histoire Cole et son fils, Miles, dans un monde post-apocalyptique où 99,9% des hommes sont morts des suites d'un virus. Les garçons sont devenus une denrée rare, et Cole va tout faire pour protéger son fils du nouveau gouvernement qui veut garder une emprise sur celui-ci, tout comme sa tante Billie, qui elle voit simplement la rentabilité du jeune homme dans le marché noir des fluides reproducteurs (ouais, c'est glauque). Les chapitres s'alternent entre la fuite de Cole et son fils, et la traque de Billie pour la retrouver.



J'ai trouvé les 100 premières pages assez ardues pour ce qui est de la prise en main ; le langage grossier et certains moments de confusion m'ont lancé dans le récit avec réticence. Mais voilà, au bout de 70 pages la sauce a pris, j'étais très attaché à nos personnages principaux, et la société matriarcale instaurée était si bien construite qu'elle m'a donné envie d'en savoir plus. Malheureusement, mon enthousiasme est vite redescendu.



Parce que ce qui apparaît dans la suite du récit, c'est que le fond et la forme ne se valent pas autant.

En effet, les sujets lié à ce contexte post-apo sont très bien traités, et on sent que l'autrice a mis un point d'honneur à les détailler. Cela donne une super cohérence à l'histoire, et au monde rebâti après la disparition des hommes

MAIS ils sont bien trop nombreux, ce qui tout du long donne une sensation de fouillis assez dérangeante.



L'histoire aurait pu être addictive, de par les personnages bien bâtis et attachants et l'univers original

MAIS une certaine lourdeur s'installe dans l'intrigue au fur et à mesure, qui ralentissent trop la lecture pour qu'elle en soit toujours aussi plaisante (et ce surtout dans la deuxième moitié).



Le point fort de ce roman est que tous les sujets abordés sont très intéressants (identité, racisme, maternité, religion, et j'en passe...) mais le problème est qu'il y en a trop, et l'intrigue autour de ça n'est pas assez solide pour que l'on puisse apprécier l'histoire à sa juste valeur. Je trouve vraiment que c'est dommage car ce récit avait un énorme potentiel mais le résultat me paraît assez brouillon finalement.

Si vous avez d'autres romans de Lauren Beukes à me conseiller je suis preneur, car j'aimerais vraiment découvrir son style dans un livre qui révèle son plein potentiel.
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Moxyland

Attention, ce livre est une vraie claque ! Premier roman d'une journaliste sud-africaine, Lauren Beukes écrit en 2007, Moxyland reste cruellement d'actualité treize ans plus tard.

Que raconte-t-il ? Une tranche de vie de quatre jeunes adultes dans une version du Cap dystopique. Une nouvelle apartheid s'est abattue sur l'Afrique du Sud, et en creux sur le monde entier. Soit vous appartenez à une grande entreprise(qui vous emploie, vous loge, vous soigne et vous nourrit) ; soit vous vivez hors de son monde. Au sens littéral du terme : vous n'avez pas accès aux restaurants, écoles et commerces que les entreprises réservent à leurs employés, ni aux lignes de transports et immeubles d'habitations dédiés également aux employés. Soit vous avez un smartphone qui vous sert non seulement à vous connecter au réseau, mais également à prouver votre identité ou à accéder à votre argent ; soit vous n'êtes pas connecté et vous êtes à la frange, condamné à vivre d'expédients et à vous faufiler entre les mailles du filet. Dans ce monde outre ces fractures au sein de la société, la nanotechnologie est tellement développée que les chiens policiers augmentés sont devenus de véritables armes de guerre et que des compagnies utilisent des nanorobots pour greffer de la publicité au sein de votre ADN s'affichant sous forme de tatouage sur votre peau.

Dans Moxyland, les quatre personnages principaux – Toby, Tendeka, Kendra et Lerato – servent de narrateurs à tour de rôle et sont placés à travers les différentes classes de cette nouvelle société. Kendra, jeune artiste photographe vient d'être recrutée par un grand groupe pour tester un nouveau jeu de nanobots publicitaires. Lerato, issue d'un orphelinat sponsorisé par un autre grand groupe est prête à tout pour grimper dans l'échelle sociale quitte à pirater son entreprise et faire un peu d'espionnage industriel. Toby, ancien étudiant attardé et fils désoeuvré de parents fortunés, vit à la marge et se rêve journaliste indépendant animateur de sa propre chaîne vidéo. Tendeka, rebelle des nouveaux townships est prêt à tout pour renverser l'ordre socio-policier qui gouverne le pays. Il va y être aidé par un mystérieux skyward* rencontré sur un monde virtuel, mais ira-t-il trop loin ? Son action va forcer les quatre narrateurs à interagir ensemble et déclencher une chaîne d'événements qui prendront un tour dramatique.

Moxyland reprend la trame classique d'un bon roman de cyberpunk : l'utilisation de l'informatique et de biomodifications à tous les échelons de la société même les plus bas, une lutte des classes entre les grandes corporations et les « déclassés » et une bonne dose d'action assez soutenue pour tenir le lecteur en haleine. Et pourtant Lauren Beukes y apporte un vent de fraîcheur. Déjà d'une façon cosmétique, en se passant dans l'ancienne « nation arc-en-ciel », les différents personnages ne sont pas tous d'une même couleur de peau. Et là, où cela devient intéressant, c'est qu'avant que l'autrice ne le révèle au détour d'un détail, vous ne pouvez pas deviner la couleur de chacun d'entre eux. Les divisions de cette nouvelle Afrique du Sud ne sont pas tant liées à la teinte de leur peau (sauf peut-être pour Emily, personnage secondaire et réfugiée d'un des multiples conflits qui ravagent encore le reste du continent) qu'à leurs places dans l'échelle sociale (Avec ou sans carte SIM ? Intégré à une corporation ou non ?). Elle vous place dans un univers à la fois très familier, même si assez futuriste, et avec juste ce qu'il faut de décalage pour vous bousculer dans vos préjugés et retenir votre attention jusqu'à la fin de ce livre. Puis vous faire réfléchir un bon moment.

Précision, j'ai lu ce livre en version originale, mais il a été traduit en français chez Presse de la Cité.
Lien : https://www.outrelivres.fr/m..
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Les lumineuses

Bon roman mais pas completement abouti. Si le contexte voyage dans le temps passe bien, le coté thriller aussi au travers de courts chapitres où le narrateur est alternativement le tueur, sa ou ses victimes, le journaliste. Le souci c'est le manque de réponses au pourquoi.Le comment est expédié en quelques phrases ce qui est aussi un peu court. A part cette deception finale (sauf s'il est prevu une suite mais je n'en ai pas l'impression), le roman est assez haletant, un vrai page turner! L'explication limitée n'empéche pas d'avoir pris du plaisir à sa lecture, mais cela aurait pu être beaucoup mieux.
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Fairest, tome 2 : Le Royaume caché

Ce tome est le deuxième de la série, après Le grand réveil (épisodes 1 à 7). Il contient 2 histoires indépendantes, et il peut être lu sans avoir lu le premier tome. Il comprend les épisodes 8 à 14 parus, initialement parus en 2012/2013. Toutes les couvertures de ces 7 numéros ont été réalisées par Adam Hughes.



Épisodes 8 à 13 (scénario de Lauren Beukes, dessins et encrage de Inaki Miranda, mise en couleurs d'Eva de la Cruz) - En 2002, les Fables vivaient encore à Fabletown en plein cœur de New York (voir Légendes en exile). Les règles d'admission dans Fabletown étaient assez strictes, et la présence de Raiponce (Rapunzel en VO) était tolérée, à condition qu'elle ne sorte pas à l'extérieur. Avec l'aide Joel Crow, elle avait mis au point un trafic de vente de cheveux (les siens) assez lucratif. L'histoire se déroule en 2002 alors qu'elle reçoit un message en japonais sur un origami de grue l'informant que ses enfants sont encore vivants. Elle passe outre l'interdiction de Blanche Neige et Bigby (le grand méchant loup) et prend l'avion pour se rendre au Japon, en compagnie de Joel Crow, avec une broche ralentissant le rythme de croissance de ses cheveux (confiée par Frau Totenkinder), avec l'aide de Jack of Fables pour se procurer de faux passeports. Arrivée à Tokyo, elle est attaquée par Mayumi, et sauvée par Tomoko. Elle découvre qu'il existe un bâtiment abritant des Fables qui livrent une guerre à une autre faction de Fables. Cette opposition prend ses racines dans des événements survenus 900 ans plus tôt dont elle a été le témoin.



Après un tome consacré à la Belle au Bois dormant (Briar Rose) et écrit par Bill Willingham (le créateur de la série Fables), le deuxième suit les pérégrinations de Raiponce (personnage peu utilisé dans la série Fables), sous la plume de Lauren Beukes, auteure de romans policiers (Zoo city, Les lumineuses). Le premier épisode se déroule de manière un peu laborieuse : le lecteur a l'impression que Beukes ne sait pas trop comment s'y prendre pour placer ses pions (scène inutile avec Jack of Fables et la fin d'une de ses arnaques, discussion artificielle entre Raiponce et Blanche Neige pour poser l'interdiction de départ). Mais elle fait déjà montre d'une bonne maîtrise des éléments fantastiques, qu'il s'agisse du vol de grues en papier, ou de la petite combine de revente des cheveux de Raiponce. Avec l'arrivée à Tokyo, l'intrigue prend le dessus pour la recherche de ses enfants, et la compréhension du conflit qui oppose de clans de Fables. Beukes a construit un suspense qui tient en haleine, avec une profusion de références à la culture japonaise. Elle n'utilise pas ces références pour donner un cours ou faire un exposé magistral, mais pour densifier la couleur locale. Fort heureusement le résultat est l'opposé d'un auteur qui se regarde écrire en se gargarisant de son savoir, il produit plutôt un effet touristique à destination de lecteurs disposant de quelques repères pour pouvoir les reconnaître et les comprendre. Cela commence avec le Shinkansen (1 case) et l'arrivée à la gare du quartier Hachiko. Jack dérange une joueuse de pachinko, et a hâte de pouvoir faire une séance de karaoke dans un soapland. Parmi les Fables locales, le lecteur apercevra plusieurs représentants de Yokai, allant du kitsune au tanuki en passant par le kappa et un gros neko (avec une apparition humoristique d'un cousin de Godzilla). Il ne s'agit pas simplement d'agiter quelques stéréotypes banals et convenus, mais plutôt de montrer la richesse et la diversité du patrimoine fantastique japonais, et les liens que Raiponce entretient avec.



Si le lecteur est un peu familier de cette culture (par exemple en tant qu'amateur de mangas), il se sentira en territoire familier, avec un scénario un peu démonstratif, mais accueillant. Ce qui participe également à éviter une enfilade de stéréotypes sur le Japon, ce sont les magnifiques dessins de Miranda. Cet artiste réalise des planches d'une grande minutie, avec un réalisme soigné pour les décors, et une volonté affichée de donner à voir dans le détail au lecteur. Tout du long des 6 épisodes, il apporte le même soin maniaque à ses planches (pas de baisse de qualité d'épisode en épisode), réalisant des images magnifiques : le vol de grues en origami, les kimonos, Raiponce et Joel faisant l'amour sous un rideau de cheveux, le carrefour Hachiko de Shibuya, le cocon de cheveux dans la forêt (évoquant un nid de Marsupilami), une cérémonie du thé, de la porcelaine japonaise, un combat dans une bambouseraie. C'est un enchantement visuel d'autant plus exotique, que Miranda utilise un style plutôt européen, sans influence manga, sans singer le travail des mangakas.



Comme dans le premier tome, la mise en couleur est minutieuse et lumineuse, avec des tons intenses qui ressortent très bien même sur ce papier à mi-chemin entre papier journal et papier glacé. Le travail d'Eva de la Cruz rehausse chaque image en la faisant resplendir, et en en améliorant la lisibilité (en particulier par le contraste entre des formes qui se jouxtent.



Lauren Beukes et Inaki Miranda proposent au lecteur un voyage exotique dans un Japon moderne habité de créatures fantastiques, dans un conflit élaboré où les 2 factions en présence ne se définissent pas selon une dichotomie simpliste. Le suspense tient en haleine du début jusqu'à la fin grâce à des personnages attachants et une petite touche d'horreur. 5 étoiles.



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Épisode 14 (scénario de Bill Willingham, dessins et encrage de Barry Kitson, mise en couleurs d'Andrew Dalhouse) - À la ferme (l'endroit ou vivent les Fables dotées d'une apparence ne leur permettant pas de passer pour un humain), la princesse Alder (une dryade) se languit de ne pas trouver de prétendant à son goût. D'un commun accord avec Bo Peep (personnage issu d'une comptine anglaise, apparue pour la première fois dans Peter & Max), elle accepte de tenter un dîner romantique avec Reynard T. Fox.



Bill Willingham revient le temps d'un épisode, pour une comédie sophistiquée, enlevée, à la séduction irrésistible. Alors que Reynard Fox et Alder sont d'accord sur un dîner dont l'issue ne fait pas de doute du fait des affinités déjà existantes entre eux, le choc des 2 cultures est terrible, servi avec un humour subtil, et quelques vérités bien senties. À l'évidence une dryade et un homme garou ne s'alimentent pas avec les mêmes nutriments. La volonté de Reynard de goûter le plat d'Alder conduit à une catastrophe à base d'excréments, et pourtant cette situation cocasse n'a rien de vulgaire (ce qui en dit long sur le talent de conteur de Willingham). En tant que Dryade, la princesse Alder se promène écorce à l'air, sans parement vestimentaire. Bo Peep la convainc de revêtir une robe, non par modestie, mais parce que les hommes aiment le mystère et le plaisir de l'anticipation (même s'ils connaissent déjà le corps de leur partenaire).



Cette histoire bénéficie également de dessins magnifiques de délicatesse, dans une veine réaliste, avec moins d'éléments par case que la première histoire, avec un encrage plus léché apportant une touche de classe supplémentaire. À nouveau les couleurs viennent rehausser chaque dessin pour le rendre plus vivant.



Willingham et Kitson réussissent un petit bijou de comédie romantique adulte en 1 épisode, une petite merveille de concision et de sensibilité. 5 étoiles.
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Moxyland

Je suis passée par beaucoup d’émotions en lisant ce roman. Tout d’abord, je n’ai rien compris et j’ai failli abandonner cent fois avant la page 50. Mais puisque je lisais ce livre dans le cadre de l’opération Masse Critique de Babelio, je me suis forcée à faire un petit effort. Dans cette première partie, le vocabulaire est très compliqué, ou plutôt spécifique, si bien que parfois je ne parvenais pas du tout à visualiser de quoi il pouvait être question. Mais petit-à-petit on s’habitue. Au bout d’un moment, j’ai commencé à vraiment accrocher à l’histoire, ou plutôt à certains personnages. Le récit est raconté tour à tour par quatre héros, Kendra, Tendeka, Lerato et Toby. J’ai bien aimé lire les récits des trois premiers. Quant au quatrième, Toby, c’est celui qui m’a paru le plus hermétique tout au long du roman, même si petit à petit je l’ai de mieux en mieux compris. Chaque personnage est vraiment différent et évolue dans un cercle également différent. Au fil du récit, le lecteur reconstruit les liens qui les unis, mais également ce qui les différencie. Kendra est une artiste photographe qui a laissé tomber ses études pour devenir un bébé sponsorisé, une personne qui arborera une toute nouvelle technique de tatouage pour faire de la publicité pour une grosse entreprise. Tendeka est un rêveur qui veut faire bouger les choses. Il s’occupe des gamins de son quartier avec son petit-ami et contracte un mariage blanc pour aider une réfugiée. Lorsqu’il s’aperçoit que les petites actions n’ont que de petits effets, il décide de suivre les conseils d’un inconnu sur un tchat et d’aller plus loin dans son action. Lerato est tout le contraire : bébé du sida, elle a été élevée dans un orphelinat sponsorisée par une grande université qui lui a permis d’avoir une excellente formation de programmatrice et de s’élever au plus haut de la société. Elle a tous les privilèges mais ses capacités et ses relations l’amènent parfois à transgresser la loi. Enfin, Toby est un être à part, bloggeur célèbre, joueur virtuel invétéré, drogué, qui lui aussi participe à des petites actions mais surtout pour le plaisir de les filmer et de faire le buzz sur son blog.



Quand on commence à vraiment comprendre le principe de cette société et les relations entre les quatre personnages, tout devient plus passionnant. Je n’arrivais plus à quitter le livre ! Cela dit, il y a encore beaucoup de vocabulaire qui, personnellement, m’a empêché de comprendre toutes les subtilités. La société sud-africaine du futur telle qu’elle est décrite ici fait peur et en même temps paraît assez réaliste. L’auteur nous livre une réflexion sur le totalitarisme assez poussée (on ne le comprend que dans les toutes dernières pages), et également sur les avancées technologiques qui ne sont pas forcément un bienfait. Dans cette société, les téléphones portables sont au cœur de la vie : passeport mais également carte d’entrée pour certains quartiers, le métro, les immeubles… il sert également d’unique moyen de paiement. Ce qui fait qu’une personne n’ayant pas les accréditations nécessaires ne peut pas aller où elle veut. Et si quelqu’un est reconnu coupable d’un délit, on le « déconnecte », on lui coupe son téléphone pendant quelques heures, quelques années voire définitivement. Les « déconnectés » se retrouvent à la rue, obligés de mendier pour survivre, ou envoyé à la Campagne.



J’ai trouvé toute cette société très intéressante, ainsi que l’histoire de ces quatre personnages. Mais la fin m’a énormément déçue ! Avec cette fin, je suis vraiment en manque d’explications, en manque de descriptions, d’approfondissements, en manque de passion. En effet, beaucoup trop de choses restent floues pour moi (sans en dire plus sur ce qui va se passer pour les personnages…) Je trouve dommage d’inventer une société comme celle-ci et de ne pas l’exploiter à fond. J’aurai aimé savoir ce qu’il se passait dans les Campagnes si redoutée, j’aurai aimé savoir si la Révolution était possible, et tant d’autres choses encore.



Bref, un roman qui ne m’a pas laissée de marbre mais pour lequel j’éprouve surtout de la déception, comme s’il manquait une fin ou une suite pour que l’histoire soit complète.



Merci beaucoup à Babelio aux Presses de la cité pour me l’avoir fait découvrir !
Lien : http://blogonoisettes.canalb..
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Les lumineuses

Les Lumineuses est présenté comme étant un thriller fantastique. Il y a de ça, cependant, le surnaturel étant avéré, je l'aurais plutôt classé en Science-Fiction pour ma part. En effet, il est ici question de voyages dans le temps et, si au départ cela semble être un prétexte à l'intrigue policière, cet aspect surnaturel va prendre de plus en plus d'importance au fil du récit.

Ces multiples allées et venues qui s'étalent entre les années 30 et 90 se compliquent au fur et à mesure pour former une boucle temporelle complexe, à laquelle s'intègrent toutes les circonvolutions secondaires et qui me laisse quand même un peu dubitative. J'ai un certain mal à adhérer à ce cercle vicieux car il faut bien qu'il commence un jour. Mais quand ? Où ? Cela reste incertain. Ne croyez pas toutefois que l'auteur a bâclé son concept. Il se dévoile au fil des pages, amenant parfois le lecteur sur de fausses pistes pour mieux le remettre, au détour d'un chapitre, sur le bon chemin et lui offrir au final une explication concrète à ce phénomène. L'auteur a su trouver le bon dosage, elle propose sans trop nous en dire non plus. Ainsi, cela appelle à l'imagination tout en restant construit et cohérent. C'est extrêmement bien pensé. Mon problème est venu du fait que j'ai quelquefois du mal avec le concept même du voyage dans le temps, ses paradoxes, ou absences de paradoxes surtout. J'ai donc moins apprécié le dernier tiers du roman dans lequel tout cela prend de l'ampleur. Ceci dit, chacun percevra ce choix de l'auteur avec sa propre subjectivité.

Si ces boucles temporelles sont le canevas des Lumineuses, c'est la traque d'Harper qui le remplit et donne toute sa dimension ainsi que son suspense au récit. L'homme nous est présenté dès le début comme un psychopathe. le désespoir dans lequel sont plongés les gens de son époque aurait pu faire illusion un moment le concernant, mais l'auteur ne cherche pas à nous cacher son instabilité. Au contraire, elle a choisi d'en jouer.

Harper a un but, une obsession : tuer les lumineuses. Si j'ai ma théorie sur la naissance de cette fixation, l'auteur ne développe pas vraiment le sujet. On sait juste que pour Harper ces femmes brillent horriblement. Elles l'attirent et forment entre elles une constellation qu'il n'a de cesse de relier par les objets qu'il vole à ses victimes enfants, mais aussi adultes au moment de leur mort, pour les déposer auprès des suivantes. C'est un cercle vicieux complexe que lui seul comprend vraiment.

Ces femmes sont toutes différentes, mais ont du caractère, une présence. On les voit peu pour la plupart, mais elles sont passionnantes. Or l'une d'entre elles a pu échapper au tueur et tient entre ses mains, sans le savoir, les fils qui la relient au reste de la constellation. Cette jeune femme, Kirby, est l'un des personnages principaux et c'est sa propre obsession, reliée à celle d'Harper, qui nous offre le deuxième axe narratif de ce roman. Elle veut comprendre et arrêter son agresseur. On ne peut que la comprendre…

Les chapitres sont courts, incisifs, centrés sur divers personnages. le nom de celui que l'on va suivre est indiqué en début de chapitre, mais l'auteur ne se gêne pas pour brouiller les pistes car un personnage en amène toujours d'autres…. le récit est écrit à la troisième personne et privilégie ainsi une immersion dans l'esprit de chacun qui, si elle reste légère car l'auteur ne cherche pas à décrypter dans le détail l'esprit des protagonistes, permet tout de même de s'attacher à certains et de comprendre leurs motivations à tous.

Au début, deux histoires semblent se dérouler chronologiquement, dans une narration en deux temps. Mais ensuite cela se complexifie. On suit Kirby à deux époques de sa vie et le nombre des personnages augmente tandis qu'Harper se balade sur le fil du temps, jusqu'à nous embrouiller un tantinet. L'intrigue est volontairement déstructurée et demande une certaine gymnastique mentale, pas trop épuisante non plus, mais qui met les nerfs à rude épreuve. On sait forcément que certaines choses vont arriver, comme on sait dès le départ qui est le serial killer. Cependant, avec une telle structure narrative, le stress monte et le lecteur cherche à se souvenir des détails pour relier les points entre eux. C'est ce fouillis permanent qui fait le charme d'une historie qui serait sinon assez banale (si on excepte également les voyages temporels et qu'on se concentre sur l'aspect thriller du récit). Si vous aimez les histoires linéaires, sincèrement ça ne va pas le faire. de même, si vous lisez beaucoup de thrillers et que vous recherchez de l'originalité, ce n'est pas non plus ce qu'il y a à retenir de ce roman.

Il est prenant pourtant, bien construit dans ses détours, l'auteur sait parfaitement où elle emmène son lecteur. Son point fort est indubitablement ses personnages, même s'ils ne sont que très sommairement brossés parfois. Harper, le psychopathe, est le plus abouti, mais pas forcément le plus intéressant car il paraît souvent un peu caricatural. L'auteur semble en effet avoir voulu remplir le cahier des charges du tueur en série de base, avec toutes les caractéristiques du cas d'école. Ce n'est pas dérangeant en soi, pas non plus trop répétitif ou appuyé, le personnage est cohérent, mais ça manque un peu de profondeur et de subtilité à mon goût. On sent toutefois que Lauren Beukes s'est bien documentée sur les tueurs en séries, autant que sur tout le reste : les évolutions de la ville de Chicago au XXe siècle, les moeurs, les années de mise en circulation de certains objets, etc. le travail est minutieux et le résultat intéressant pour le lecteur.

L'histoire est plutôt glauque, mais j'ai lu pire dans le genre scènes sanglantes et scabreuses. Néanmoins, les âmes sensibles devraient s'abstenir. C'est dans la forme du roman, avec ces chapitres épars, que Lauren Beukes maintient la tension quant à ce qu'elle va nous raconter. C'est un bon thriller. Il ne s'embarrasse pas vraiment de psychologie, le ton est vif, sans être froid, mais on ne lit pas non plus ce genre d'ouvrage pour la beauté du style. L'histoire est prenante et se lit très vite, c'est le principal.

J'ai trouvé la fin un peu bâclée, mais dans l'ensemble j'ai vraiment apprécié cette lecture.
Lien : http://livropathe.blogspot.f..
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Les lumineuses

Un excellent thriller de science-fiction mettant en scène un tueur en série voyageant dans le temps. J'ai adoré la manière dont Beukes jongle avec différents genres dans ce livre, et son attention aux détails historiques et géographiques ajoute en crédibilité. Particulièrement réussies sont les esquisses des victimes, Beukes les façonne en personnes tridimensionnelles, réelles, avec du sang et de l'âme. Toutes étaient des femmes intéressantes, lumineuses et fortes, et le lecteur ressent vraiment la perte dans la manière dont leurs vies se sont terminées de manière si absurde. Oui, c'était un livre violent et horrifiant à bien des égards, mais la violence n'est jamais fétichisée. Une lecture recommandée (si vous en avez le courage !)
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Moxyland

Ce livre est un ovni littéraire. Lauren Beukes nous entraîne un roman de science-fiction qui montre les inégalités en Afrique du Sud. Il s’agit d’une lecture engagée et qui pourrait inspirer un film. On découvre un avenir futuriste, peu engageant et bien sombre, avec du sexe à outrance, et de la drogue. Par le biais de cette fiction, j’ai découvert un vocabulaire riche lié à la culture de ce pays. Mais malheureusement j’ai décroché des personnages sont peu sympathiques. La science-fiction n’est pas mon « truc » mais je voulais sortir de ma zone de confort. J’ai tenu 80 pages mais la lecture me semble décousue et peu compréhensible. Problème de traduction, peut-être ?
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Afterland



Coucou mes Mystigris 😉



J'ai lu Afterland de @laurenbeukes Je remercie encore les éditions @editionsalbinmichel et @albinmichelimaginaire pour cet envoi.



🅲🅷🆁🅾🅽🅸🆀🆄🅴 Un cancer a décimé 99,9 % des hommes. Trois ans plus tard, le monde est dirigé par des femmes. Aux États-Unis, le peu d'hommes qui restent sont considérés comme des rats de laboratoire, des donneurs de sperme, des esclaves sexuels ou bien encore des fils de substitution. Miles 12 ans est un des rares garçons à avoir survécu. Cole, sa mère ne veut qu'une seule chose : élever son fils chez elle en Afrique du Sud afin de le protéger de cette folie. Malheureusement Cole va devoir travestir son fils afin d'échapper à toutes ces femmes et en particulier à sa soeur Billie qui les traque sans relâche ! Un bateau pour le Cap les attend... Une course contre la montre s'engage.



🄼🄾🄽 🄰🅅🄸🅂 Un univers dystopique nous montrant ce que deviendrait un monde sans homme dirigé uniquement par des femmes, finalement pas si bien que ça surtout pour le peu d'hommes qu'il restent. Une réalité dure et cruelle, un pays devenu hostile, anarchique où le matriarcat est le maître mot. J'ai aimé toutes les thématiques abordées comme la drogue, le racisme, l'adolescence, la sexualité... J'ai beaucoup aimé les personnages de Cole et Miles, cette maman et son fils en fuite. Malgré les doutes, le conflit mère/adolescent ainsi que les embûches rencontrées, au final l'amour maternel est plus fort que tout !



🄲🄾🄽🄲🄻🅄🅂🄸🄾🄽 j'ai adoré ce roman post apocalyptique, deux personnages principaux attachants, une course contre la montre avec beaucoup d'action qui donne du pep's à l'histoire.
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Afterland

Pendant que nous nous débattons aujourd'hui avec une pandémie due au virus de la Covid et de ses variants, Lauren Beukes imagine un autre scénario qu'elle positionne dans un futur proche : 2023. Une pandémie aussi, le HCV, Human Culgoa Virus, mais je dois dire autrement plus glauque pour la simple raison que dès qu'il a commencé à se manifester, il était déjà trop tard pour essayer de développer un vaccin. En quelques mois, tous les hommes, entendez mâles, ou presque meurent. 99,9 %. Il y a bien sûr quelques exceptions, non expliquées, et c'est l'une d'elle que nous allons suivre.



Cole, Devon et leur fils Miles, originaires d'Afrique du Sud étaient en visite dans la famille de Devon aux USA lorsque la pandémie s'est déclarée. Devon comme tous les autres sont décédés, sauf Miles. Le nouveau gouvernement va installer Cole et son fils dans un centre ultra sécurisé, ultra surveillé pour "les protéger" mais aussi les analyser. Billie, la soeur de Cole, va les aider à fuir, mais sa motivation à elle est encore plus sordide. Elle voit en son neveu la poule au sperme d'or sur le marché noir déjà instauré suite à la promulgation de la reprohibition... Le môme n'a que 12 ans hein !



L'instinct maternel de Cole va prendre le dessus et l'obliger à se débarrasser de tous ceux qui vont se mettre entre elle et son fils. Miles est désormais Mila et elles vont fuir à travers les States, se cacher de tous, afin de rejoindre Miami et de là un bateau pour rentrer au pays, la voie aérienne étant exclue.



Les chapitres alternent entre les points de vue de Cole, Miles et Billie. C'est trash, violent, prenant.

La suite sur le blog ;)
Lien : https://www.bookenstock.fr/2..
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Les lumineuses

Un peu particulier ce thriller…



Disons qu’on navigue entre thriller et science-fiction.



A Chicago, pendant la Grande Dépression, Harper Curtis, un vagabond, découvre par hasard une maison abandonnée dans laquelle il est content de pouvoir squatter. Mais cette maison est spéciale… Elle a la faculté de le faire voyager dans le temps! Quand il ressort de la maison, il passe dans une autre époque. Il voyage ainsi au long des décennies. En contrepartie, parce que rien n’est gratuit, faut pas déconner quand même, il doit retrouver et tuer des femmes surnommées « les lumineuses ». L’une des victimes, Kirby, survit miraculeusement et va tout mettre en œuvre pour retrouver son assassin.



Bien sur, tu l’as compris, les victimes ne vivent pas à la même époque. Harper est froid et insensible, imperturbable, impitoyable. Il reste impassible à tout ce qui ne le concerne pas directement et accomplit inexorablement sa tâche.



Les premiers chapitres sont difficiles à suivre, c’est très confus. On met un peu de temps à comprendre que les différentes époques où Harper intervient se mélangent et se confondent. C’est surprenant. D’autant plus que, outre ces sauts temporels, Harper n’est pas sain d’esprit… Disons que le récit suit le cheminement du cerveau perturbé de Harper. Et ça ne facilite pas les choses, évidemment…



Le plus de cette errance désordonnée est la toile de fond relative à chacune des victimes: chacune est décrite dans son époque bien sûr, ce qui donne une vision en filigrane de la société américaine d’une décennie à l’autre, et de l’évolution de la condition féminine.


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Moxyland

L’autrice place son roman, comme le précédent, au Cap en Afrique du Sud et dans une société qui se place dans un futur plus ou moins proche du notre. On peut l’imaginer facilement dans une dizaine d’années ou un peu plus loin. Dans ce roman, la société est ultra technologique et le virtuel y est quasiment plus important que le réel. Les téléphones sont indispensables car toute l’identité d’une personne passe par son téléphone : ils permettent de payer dans les magasins, de prendre le métro mais permettent aussi aux autorités un certain pouvoir sur la personne (ils peuvent vous électrocuter via le téléphone). Une des sanctions est la déconnexion : pendant ce laps de temps, vous ne pouvez plus rien faire car votre téléphone est éteint, c’est comme si vous n’existiez pas.



Dans cet univers nous allons suivre plusieurs personnages qui vont graviter les uns autour des autres. Il n’y a pas d’intrigue avec des buts particuliers on suit plutôt mes personnages et leur vie dans cette société de dictature et d’inégalités. Certains ont des buts et vont tenter d’arranger leur monde, de se rebeller mais souvent on leur rappelle que le système est plus fort qu’eux. J’ai bien aimé cette intrigue car elle était plus simple à suivre que celle de ZooCity (il y avait une enquête policière assez complexe). Au début j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages que l’on suit, ils sont tous assez marginaux et très particuliers : ce n’est pas évident de les comprendre au départ. Mais finalement je me suis attachée à certains d’entre eux, mais du coup j’avais tendance à m’ennuyer un peu sur certains chapitres.



Comme dans l’autre roman que j’avais lu, l’autrice a un style très particulier. Déjà, elle pose un univers et une société très sadique, très glauque et franchement peu accueillant. Son style est souvent assez cru, elle ne nous épargne rien ! L’ambiance est très glauque et parfois malsaine, j’avoue que je ne lirais pas tous ses romans à la suite à cause de l’ambiance mais de temps en temps ça change.



En bref : Un roman de science-fiction original où le virtuel contrôlé par l’état creuse les inégalités, mais certains tentent toujours de se rebeller, souvent sans succès.
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Zoo City

Qui connaît le réalisateur Neil Blomkamp ? Si le nom ne vous dit rien, peut-être que District 9, Elysium ou Chappie le feront. Lauren Beuks a mis en mots ce que l’on connaît en images dans ces films, ce climat tendu, cette misère latente, cette ville cosmopolite aux origines incertaines. L’apartheid a laissé beaucoup de traces, mais depuis l’arrivée des Animaux, une nouvelle classe est arrivée au bas de l’échelle. Elle a fini dans Zoo City, quartier mal famé et plus dangereux que tous les autres, mais où on ne questionne personne. Il faut simplement arriver à y survivre.



Zinzi est un personnage très fort. Depuis que Paresseux l’a trouvée, après un drame familial pour lequel elle a passé des années en prison, la jeune femme ne fait plus confiance à personne. Y compris au lecteur. On suit son parcours, mais on ne sait rien d’elle, au fond. Les infos arrivent au compte-gouttes, on sent sa méfiance. Elle traite ainsi, en tant qu’ancienne journaliste, toutes les informations qu’elle glane.



On ne sait pas grand-chose non plus du pourquoi des Animaux. Le récit autour de Zinzi est parfois entrecoupé de retranscriptions de conversations web, de promotion de films, de témoignages, qui donnent d’autres visions des Animalés, celle du grand public, celle des principaux concernés. Même si la base, l’animal associé à un humain par l’âme, est semblable à celle de la trilogie À la croisée des mondes, de Philip Pullman, on en est bien loin. C’est la culpabilité qui est au cœur de cet étrange lien, et pour moi c’est une sorte de Purgatoire, sans fin.



L’action est relativement lente, avec une explosion assez inattendue à la fin. Le rythme un peu décousu, entrecoupé par les témoignages, peut facilement perdre le lecteur. De même les mots d’argot, assez nombreux et donnant le ton de l’univers, empreint de magie, sont expliqués dans un glossaire à la fin du livre, mais auraient mieux aidé l’histoire dans des notes de bas de page.



Finalement, c’est une bonne lecture, mais plus pour l’univers à découvrir que pour l’histoire en elle-même.
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Survivors' Club: The Complete Series

Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il comprend les 9 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2015/2016, coécrits par Lauren Beukes & Dale Halvorsen, et dessinés par Ryan Kelly (sauf épisode 4), avec une mise en couleurs d'Eva de la Cruz. Inaki Mirandi a dessiné et encré l'épisode 4. Mark Farmer et Peter Gross ont participé à l'encrage des épisodes 6, 8 et 9. Les couvertures ont été réalisées par Bill Sienkiewicz. La quatrième de couverture comporte des phrases louangeuses de Joe Hill, Warren Ellis, Kieron Gillen, Mike Carey et Ed Brubaker (mazette, quelle brochette !).



De nos jours, Chenzira Moleko (une jeune femme) a envoyé un courriel à 5 autres personnes pour leur donner rendez-vous chez Alice Taylor-Newsome (une autre jeune femme), habitant dans le quartier de Silver Lake, à Los Angeles; sont donc réunis dans le salon : Simon Wickman, Alice Taylor-Newsome, Kiri Nomura, Chenzira Moleko et Teo Reyes. Harvey Lisker n'a pas répondu à l'appel, même s'il rôde non loin de là dans le quartier. Chenziro Moleko explique aux autres qu'elle pense qu'ils sont liés comme survivants d'une épreuve personnelle et différente que chacun a dû affronter en 1987. Pour elle, il s'agissait d'un jeu d'arcade en salle nommé Akhero, auquel elle jouait et dont elle pense qu'il a ouvert une porte sur une réalité démoniaque.



Chenzira Moleko projette aux autres un extrait d'une émission de télévision consacrée aux jeux vidéo, avec la bande annonce d'un jeu appelé Happy Hero Toast. Elle est persuadée qu'il s'agit d'une mise à jour du jeu Akheron. Tous les autres sont sous le choc d'une remémoration violente te traumatique, mais n'en font part à personne. Non loin de là, Harvey Lisker est assis sur un banc dans un parc, avec la conviction qu'il a tué les individus autour de lui. Teo Reyes repart à l'hôpital où il est ambulancier et apprend que le présentateur de l'émission de jeux vidéo y est un patient. Il appelle Chenzira pour qu'elle puisse venir. Kiri Nomura rentre se coucher chez elle, avec un spectre dans son lit. Simon Wickman décide de retourner rendre visite à Alice Taylor-Newsome qui adopte un étrange comportement. Plus tard, dans un bar, il est contacté par Abigail Rhea pour le compte de la société Tentra.



Au début des années 2000, Vertigo, la branche mature de DC Comics, semble en perte de vitesse, et les lecteurs craignent qu'elle ne survive pas à l'arrêt de la série phare Fables (de Bill Willingham & Mark Buckingham), puis au départ de la responsable éditoriale historique Karen Berger. Vertigo continue de publier quelques séries mensuelles peu nombreuses, et plus régulièrement des histoires complètes comme celles-ci. Le lecteur est tout de suite impressionné par les louanges dithyrambiques, et il conserve un bon souvenir de la précédente histoire de Lauren Beukes, Fairest Vol. 2: Hidden Kingdom, une série dérivée de Fables. Il découvre la page de remerciement rédigée par les auteurs, évoquant les personnes qui les ont aidés dans leur recherche sur un dialecte obscure, le métier d'ambulancier, ou encore la culture des jeux vidéo. Il se dit que le récit va être consistant.



Lauren Beukes & Dale Halvorsen plongent effectivement le lecteur dans une narration ambitieuse. Ils introduisent les 6 survivants de manière à ce que le lecteur ait le temps d'assimiler leur nom. Ils partent d'un point de convergence, un événement au cours duquel ils sont tous réunis, puis ces personnages se séparent et leur fil narratif correspondant recroise celui d'un ou plusieurs autres au gré de l'intrigue. Dès le début, les événements montrent que ce récit s'inscrit dans le genre horreur de type surnaturel. Il y a le jeu vidéo qui ouvre une porte vers une dimension démoniaque. L'un des survivants dispose d'un double sous forme de mannequin de grandeur réelle. Il y a une prolifération soudaine et inexpliquée d'insectes de belle taille, etc. et même une maison hantée. La quatrième de couverture donne une indication sur l'intention des auteurs : il s'agit de mettre en scène des classiques des films d'horreur des années 1980/1990. Le lecteur retrouve également des classiques d'horreur des décennies précédentes.



La majorité du récit est illustré par Ryan Kelly, un collaborateur semi-régulier du scénariste Brian Wood. En découvrant le premier épisode, le lecteur se dit que l'artiste a dû disposer d'un temps appréciable pour réaliser ses pages. Il dessine de manière descriptive et réaliste, avec un haut niveau de détail. Sur les pages 2 & 3, alors que les 4 survivants se dirigent chacun de leur côté vers la maison d'Alice Taylor-Newsome, il est possible d'observer les grilles et le mur d'enceinte de sa maison, ainsi que son architecture et celle du garage, l'intérieur de sa cuisine avec les maniques accrochées au mur, le saladier dans lequel elle prépare quelque chose, le livre de cuisine ouvert devant elle, le bureau avec les écrans d'ordinateur de Chenzira Moleko, l'affiche du film fictif Muskagee House, une une de journal sur des émeutes à Soweto, le catalogue d'exposition d'un musée, tout ça et encore plus sur une double page. Tout au long des 3 premiers épisodes, le lecteur s'immerge dans des lieux très détaillés, très tangibles, où évoluent des personnages à l'allure normale, avec des vêtements ordinaires, tout en étant révélateur de la personnalité de celui qui les porte. Les traits de contour varient légèrement d'épaisseur, avec des parties un peu plus grasses qui donnent plus d'épaisseur à la partie de la forme concernée. Ryan Kelly s'attache également à donner du relief à chaque forme par le biais de petits traits à l'intérieur des formes. Eva de la Cruz réalise une mise en couleurs avec une approche naturaliste qui augmente le degré de réalisme. Les manifestations surnaturelles relèvent du grand guignol dans leur représentation, mais elles sont mises sur le même plan que le reste de la réalité, ce qui leur donne un levier sur les personnages et les décors, leur donnant ainsi une dimension tangible.



La prestation de Ryan Kelly est interrompue le temps de l'épisode 4 qui est dessiné par Inaki Miranda, artiste ayant également illustré Coffin Hil de Caitlin Kittredge (une autre série Vertigo) et l'histoire écrite par Lauren Beukes pour Fairest. Il a un trait plus sec que celui de Ryan Kelly, et plus incisif, générant une impression diffuse de danger tranchant. Le niveau de détails est un peu moins élevé, ou plutôt la densité d'informations visuelles est moins élevée. Dans le cadre de l'intrigue, ce changement temporaire de dessinateur se justifie car l'épisode est consacré à la maison hantée qui a servi de modèle pour le film fictif Muskagee House. Arrivé ainsi à presque la moitié du récit, le lecteur s'enfonce en douceur dans une horreur visuelle et dans un mystère touffu et bien fourni, alimenté par de l'horreur corporelle, des légendes sur un vieux jeu vidéo, la présence d'un tueur en série aimant bien découper ses victimes, un phénomène non révélé liant ces 6 jeunes gens. Les coscénaristes ne jouent pas du tout dans le registre de la nostalgie vis-à-vis des formes d'horreur des années 1980. Leur construction narrative évoque plutôt celle de Stephen King, avec des traumatismes refoulés dans l'enfance, des conséquences dans le temps présent, et vraisemblablement un prix à payer du fait des actes de la génération précédente, dans une société dont la diversité reflète celle du monde réel.



L'épisode 5 continue les différents fils de l'intrigue en en révélant progressivement plus sur le passé des individus, alors que certains s'enfoncent plus dans le bizarre et le surnaturel, et que d'autres découvrent quelques pièces supplémentaires du puzzle. Au bout de quelques pages, le lecteur remarque que dans certaines, Ryan Kelly commence à diminuer la densité des informations visuelles par case. Ce n'est pas systématique, mais certains arrière-plans sont portés disparus, ne laissant plus que les personnages au premier plan. Cette alternance de cases où tout est dessiné complètement, et de cases uniquement avec des personnages n'a rien d'anormal dans des comics américains, mais elle dénote par rapport aux 3 premiers épisodes. Les dessins se sont également faits un tout petit peu plus lâches, comme si Ryan Kelly avait du mal à tenir les délais, ou essayait de réaliser des planches plus vivantes et moins alourdies. La narration visuelle reste très claire, mais la baisse de détails concrets rejaillit sur les créatures surnaturelles qui en deviennent plus grotesques et plus artificielles. Cela a pour conséquence que la narration qui était très premier degré au départ se teinte d'une forme de moquerie sous-jacente, minant le sérieux du propos.



Dans la première moitié du récit, les coscénaristes bâtissent leur récit en le nourrissant d'éléments et d'informations, à commencer sur les jeux vidéo, et sur les émeutes de Soweto. Mais à partir de l'épisode 5, le lecteur se rend compte que Beukes & Halvorsen accordent plus d'importance au mécanisme de leur intrigue qu'aux thèmes sous-jacents, aux révélations bien construites qu'à la justesse des émotions de leurs personnages. La structure du récit est impeccable, avec la découverte petit à petit de l'histoire personnelle des 6 survivants, l'existence de monstres personnels liés à ladite histoire, les conséquences de ces comportements placés sous l'existence de ces monstres. Les auteurs ont beau respecter les règles du genre : des monstres issus de l'histoire personnelle des protagonistes, monstres qui peuvent être interprétés comme des manifestations de troubles psychologiques. Les différents fils narratifs convergent vers un final spectaculaire qui permet d'apporter une résolution à chaque mystère. Mais cette convergence bien pratique s'accompagne de combats physiques grand guignol en décalage avec l'horreur plus psychologique du début. il ne s'agit pas de n'importe quoi puisque la trame narrative repose sur une structure rigoureuse, mais d'un basculement progressif vers l'hémoglobine et les monstres avec plein de dents, de plus en plus en plastique, de moins en moins crédibles du fait de l'allègement des dessins, même s'ils restent très professionnels. L'intrigue secondaire relative au jeu vidéo Akheron s'étiole pour devenir tout aussi ridicule.



À la fin du récit, le lecteur reste sous le charme de la première moitié du récit, intelligente et ambitieuse, nourrie par de nombreux éléments culturels. Il regrette le glissement vers une horreur plus basique à la fois pour les dessins et pour l'intrigue dans la deuxième partie qui inscrit le récit dans un registre plus quelconque.
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Les monstres

Ma chronique: http://www.leslecturesdelily.com/2016/01/les-monstres-ecrit-par-lauren-beukes.html



Extrait de mon avis: J'ai opté pour la version audio du livre Les monstres pour cette première lecture de Lauren Beukes, une auteure que je ne connaissais jusqu'ici que de nom. L'étrange couverture m'a interpellée et m'a donné envie de découvrir ce livre. Je peux vous dire aujourd'hui que je suis assez satisfaite de cette écoute.

La couverture est intrigante et colle parfaitement au roman. Un mélange troublant et angoissant vous attend si vous vous lancez dans cette lecture et peut-être même, oserais-je dire que la version audio est encore plus inquiétante et flippante.

Ce thriller dont le sujet, à la base, est très dérangeant, puisqu'un enfant est retrouvé mort avec à la place des jambes le corps d'un cerf, a su me conquérir grâce aux personnages, je pense notamment aux héroïnes Gabriella et sa fille Layla, mais aussi grâce au suspense qui est vraiment haletant. C'est un livre qui fait froid dans le dos, âmes sensibles s'abstenir et à ne pas mettre entre toutes les mains, mais qui prend aux tripes et ne peut laisser quiconque indifférent. Les protagonistes sont tous très particuliers, plus particulièrement le tueur en série qui lui, a un profil perturbant et qui est vraiment difficile à cerner. J'ai été très surprise qu'une femme puisse écrire un tel bouquin. [...]



Lire la suite sur mon blog www.leslecturesdelily.com
Lien : http://www.leslecturesdelily..
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Les monstres

Une réussite ! Un thriller noir, qui au travers des destins croisés de plusieurs personnages aborde une richesse de thèmes impressionnante (art, éducation, harcèlement, poids des médias sociaux) avec justesse et réalisme. L'intrigue monte en puissance petit à petit pour un final jubilatoire. A ne pas louper !
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Les lumineuses

Lecture mitigée : d'un côté, l'histoire est originale ; de l'autre, on ne comprend pas très bien les motivations du tueur et donc, ses crimes ont l'air totalement gratuits et on a du mal à adhérer à l'histoire. Malgré cela, on continue à lire ce qui fait que l'auteur a parfaitement réussi son coup ! On n'a pas trop aimé mais on ne peut arrêter la lecture...
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Fairest, tome 2 : Le Royaume caché

Le premier volume de Fairest présageait d’un spin-off de qualité et ce second volume le confirme puisqu’il relève encore plus le niveau, déjà de bonne facture.



L’histoire principale suit le personnage de Raiponce, que l’on n’avait fait guère plus que croiser ici et là dans la série-mère. Chronologiquement parlant, l’intrigue se déroule avant les événements relatés dans les premiers volumes de Fables, mais certains éléments de l’histoire risquent, à mon avis, de faire écho à des mystères soulevés dans les volumes Blanche-Neige et Camelot de Fables. Raiponce reçoit un message sous la forme d’origamis, message qui la pousse à retourner au Japon, accompagnée de Joël, son coiffeur attitré, et de Jack. Là-bas, elle va replonger dans un passé bien plus mouvementé qu’on pourrait le croire…



Le royaume caché nous permet donc de découvrir plus avant le personnage de Raiponce. Ici, on va bien plus loin que les pans connus de son histoire. Raiponce, étant une Fable, a un passé aussi long que chargé et c’est tout un pan de celui-ci qui nous est dévoilé, lié au Japon.



Jusque là totalement absent de l’univers de Fables – qui reprend les contes de fées – le folklore japonais fait une entrée fracassante dans cet opus ! Et quelle entrée ! Le traditionnel se mêle au moderne de manière fluide, enrichissant considérablement l’univers de cette série de comics. Kappa, kitsune, et bien d’autres créatures de la mythologie japonaise emplissent les pages de ce volume, avec à leurs côtés des créatures issues des légendes urbaines modernes, comme cette référence au spectre qui hante le film Ring de Nakata. Ce mélange détonnant est, par ailleurs, un bon reflet de la société japonaise qui marie ses traditions à des technologies de pointe.



Je puis le dire, j’ai été absolument ravie de découvrir enfin l’univers des contes japonais dans cet opus, de la même façon que le tome Les Mille et une Nuits (et jours) de la série-mère m’avait plu par son exploration des Fables issus des Mille et une Nuits. Avec Le royaume caché, l’équipe créatrice de Fables continue de montrer que le terreau de leur oeuvre, les contes, n’a pas de limites géographiques et c’est tant mieux !



C’est d’autant meilleur que le scénario a été confié à Lauren Beukes, romancière déjà couronnée par le prix Arthur C. Clarke en 2011 et le British Fantasy Award en 2014 – excusez du peu ! [Lire la suite de la critique sur le blog]
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Zoo City

Déçu
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