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Critiques de Laurence Biberfeld (69)
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Vive la Commune !

Un cri du cœur.



Rassemblant plus de 20 plumes contemporaines, ce recueil de nouvelles mettant en scène des acteurs majeurs ou anonymes de la Commune de Paris est un très bel hommage en forme d'initiation à cet événement capital de l'histoire de l'émancipation humaine.



Souvent des femmes, les personnages mis en scène à travers des poèmes ou des textes courts redonnent vie à ces quelques semaines où plus que jamais l'espoir a eu droit de cité entre les murs de la capitale... avant la derniere, la "Semaine sanglante" et son anéantissement dans un bain de sang.

Agrémenté de gravures et de reproductions d'époque, un livre agréable et nécessaire.



Publié en 2021, à l'occasion des 150 ans de la Commune.



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Sous la neige, nos pas



Esther, jeune institutrice et maman de Juliette, 4 ans, décide de quitter Paris et part s'installer dans un petit village de Lozère, presque isolé du monde. Tous les villageois s'interrogent d'ailleurs sur cette nouvelle venue. D'autant que ce n'est pas avec seulement trois élèves qu'elle va avoir beaucoup de boulot et que les femmes, peu nombreuses au village, cherchent toutes à le quitter. Très vite, elle fait la connaissance de Lucien, son voisin qui, à un âge déjà avancé, s'occupe à longueur de journée de ses vaches, de Lionnel, le patron de l'hôtel-restaurant, et de sa fille, Alice. Elle apprendra très vite aussi que ce village a ses propres règles, que tout le monde fait face, ensemble, aux difficultés de la vie en montagne. Lorsque Vanessa, l'une de ses amies, une jeune toxico qui a déjà fait de la prison, lui demande de l'héberger quelque temps, Esther est ravie de pouvoir l'aider à nouveau. Mais celle-ci ne vient pas seule. Une valise chargée de drogue et, dans son sillage, deux malfrats...



Aujourd'hui qu'Esther est malade et au crépuscule de sa vie, elle se rappelle, avec une certaine nostalgie, ses années passées en Lozère, ces villageois à la fois tendres et rudes, ces mains tendues, cette solidarité indéfectible, cette humanité authentique, ces montagnes vertigineuses et ce froid mordant. Si l'histoire est simple mais n'en demeure pas moins intense, ce sont bien les personnages qui la portent et les mots de Laurence Biberfeld. Des personnages sans fard, attachés à leur terre, leurs bêtes et leurs montagnes, rugueux pour ne pas dire rustres pour certains, mais le cœur sur la main. Quant aux mots de l'auteure, ils sont d'une force, d'une intensité, d'une précision et d'une poésie incroyables. Ils apportent de l'épaisseur, des émotions ; ils nous enveloppent et nous emprisonnent, nous aussi, dans cette communauté de Lozère. Ils sont à l'image de ce roman à la fois enraciné, minéral, rugueux, écorché.
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Sous la neige, nos pas

Emportée dès la première page sur ce plateau de Lozère par le talent d’écriture de Laurence Biberfeld, pianiste extrême des mots, jouant d’eux dans des accords qui nous kidnappent toutes affaires cessantes.





Inventivité des images, choix redoutable des adjectifs , tout cela sans l’impression de labeur mais au contraire d’une intense évidence ; les phrases semblent exister depuis toujours , avoir toujours dû exister comme telles, exhumées pantelantes des sentiers ancestraux de Lozère. On les relit plus lentement pour le plaisir, envie de les dire à voix haute pour mieux en sentir la rotondité.



Elle achève nos dernières résistances par une ambiance à la Frank Bouysse, qui nous téléguide vers le fin fond du plateau de la Margeride, avec ses autochtones tous plus AOC les uns que les autres.



On sent à merveille une jubilation d’auteur, de quelqu’un qui se plaît à tripoter les mots, les chausser jusqu’à trouver celui qui portera le mieux l’image qui ondule dans sa tête à la recherche de son incarnation.





Une connexion lecteur-écrivain qui profite aux personnages ; mais bien sûr ! on les connaît, revenus d’il y a peu, quand la plupart d’entre nous avions des ancêtres les pieds dans la tourbe, la glaise, le varech, et tous sens en alerte à surveiller les vents, les neiges, la vague, décomposant leurs mille nuances pour en extraire leur survie. Personnages de paysans, intubés aux éléments naturels, avec des mains « qui ressemblent plus à des outils », des perceptions archaïques et surdéveloppées, collectant des micro-informations essentielles qui nous échapperaient totalement.





Neige qui tombe, ne tombe plus, se retient de tomber, puis recouvre tout, se déversant du ciel « qui fait ventre ». La neige , personnage protéiforme, divinité terrestre, dotée d’un lexique mûri par des milliers d’années d’observation vissée au ciel, comme sous d’autres cieux un marin vous parlerait des vagues et des nuages, cheminant étroitement enlacés et décidant de sa vie.





Ça me fait mal, mais j’ouvre quand même un tout petit cahier de doléances : l’intrigue polar fourvoie pour moi ce magnifique récit, avec quelques précipitations, certaines incongruités, qui ankylosent le rythme majestueux de l’histoire. Les ficelles font grosses, un peu apprenti 1ère année en CAP boucherie, boudinant le rôti qui s’indigne et se récrie sous l'affront. Ça frise la comédie policière, style « les barbouzes » de Lautner. Pas grave !

C’est un aparté qui n’enlève rien à mes yeux de la puissance et beauté du texte, comme on apprécie jusqu’aux défauts de ceux qu’on aime.





Oui car on s’est régalé de pied en cap, on a bu du petit lait, ou du lait ribot (ça rafraîchit et ça picote), on s’endormirait sous la neige, ravis-bercés par ce talent qu’elle a pour cuisiner ses phrases, l’esprit qu’elle insuffle sous leur peau, et qui nous font écho d’ancestrales figures, réminiscence de solidarités oubliées.

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Les enfants de Lilith

"(...) J’ai commencé il y a longtemps à m’intéresser à cette culture parce que c’est la seule civilisation nomade qui nous reste en Europe. Or cette balance entre cultures sédentaires et nomades fait partie, pour moi, d’un équilibre savant de l’humanité qui est aujourd’hui complètement rompu. Les cultures nomades sont stigmatisées un peu partout sur terre, et particulièrement en Europe. Elles auraient beaucoup à apprendre aux cultures sédentaires qui aujourd’hui essaient de les faire disparaître : pour les Tsiganes un autre rapport au temps, une autonomie collective très grande, une solidarité extrême, une indifférence relative au confort et aux biens, etc… La soumission collective par exemple sur laquelle s’appuie la puissance des Etats n’a guère, dans ces cultures, de terreau où prospérer. "

Laurence Biberfeld dans un entretien in DM
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Le voyage de Mehdi

"Les personnages de Laurence Biberfeld évoluent dans des romans à la construction impeccable. Dans le voyage de Mehdi, les images figées du photographe Mehdi Makhales prennent vie, chapitre après chapitre, dévoilant les secrets d' «un des derniers retranchements de la sauvagerie», jusqu'à former un puzzle d'une cohérence parfaite qui prendra tout son sens à la fin du livre, dans une rare adéquation entre le fond et la forme, du premier mot jusqu'au dernier."

Kits Hilaire (Extrait) in "Entre les machines à broyer du libéralisme et les êtres promis à la casse, se dresse Laurence Biberfeld" DM




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Sous la neige, nos pas

"(...) Car solidaire, Laurence Biberfeld l’est toujours. Solidaire de la terre dévastée et des animaux mis en pièces. De celles qui se battent, de ceux qui se rebiffent. Solidaire des plus faibles, des farouches qui tentent les pas de côté pour se mettre hors d’atteinte, de ceux qui baissent les bras comme de celles qui ne se résignent pas… Elle les accueille dans ses livres sans poser de question, les adopte sans condition, dans leurs renoncements, leurs doutes et leurs richesses, ainsi que le fait Sara, la gitane pluri-centenaire, conteuse-mère universelle de Les enfants de Lilith.

Chez elle, leur résistance, muette parfois, leur solitude, est protégée. Comme l’est celle de Lucien, inoubliable personnage de Sous la neige nos pas, petit paysan de la montagne, accompagné de La Chiffe, son chien, et de sa gentiane « qui vous faisait plisser le nez tant elle était amère » qu’il utilise « depuis l’adolescence, de loin en loin, quand ses insomnies, en se rejoignant, formaient un long boyau rayé d’obscurité qui s’enfonçait doucement, telle une vis sans fin, dans la folie. » Lucien, adopté par Alice, une petite fille pour qui il s’est pris d’une affection indéfectible, et qui s’interroge à propos de la nouvelle institutrice venue « se perdre ici alors que tout le monde en partait, qu’ils n’étaient plus que trente l’hiver au village, pour la plupart des vieux, pour la plupart des hommes (…) accrochés à la terre parsemée de rochers, au froid, à la solitude démente des forêts, au ressac sans merci des jours sur ce grand plateau granitique étagé de neuf cents à mille cinq cents mètres, où l’hiver appuyait son ventre de neige et de glace huit mois par an. » "

Kits Hilaire (Extrait) in DM
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La meute des honnêtes gens

"C’est un livre qui laisse des traces, qui griffe comme les ronces que l’on brave pour attraper de bons fruits. C’est que les humains ne sont pas tendres, qu’ils ne l’ont jamais été, en particulier quand il s’agit de leurs appétits charnels et matériels. Mais les muriers de cette histoire sont tout autres que les ronces, ce sont les amouriers, plantés en Pays d’Oc pour nourrir les vers à soie. Le polard est aussi un document précis sur l’industrie de la soie au XIXème siècle, et au début du XXème dans le Sud de la France, l’auteure y décrit le travail des jeunes et des petites filles sous la houlette de leur contremaître. Tout un univers se développe sous les mots, avec ses dominants et dominés, raconté sans concession, en parallèle d’une intrigue similaire qui a lieu cent ans plus tard. Ainsi l’on passe d’une époque à l’autre, dans un même lieu, avec une même famille, hier et aujourd’hui. Et l’auteure nous fait apercevoir combien les injustices demeurent bien qu’elles ne prennent plus tout à fait les même formes."

Alegría Tennessie (Extrait)
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Panier de crabes

Un court roman, une novella d’une soixantaine de pages, mais un récit dense, intense, bourré d’émotions proposé par Laurence Biberfeld.



Dans ce récit noir que l’on pourrait également qualifier d’anticipation, nous découvrons une France dévastée dans laquelle, l’armée a pris le pourvoir et où les femmes et hommes cernés par la mort, tentent de survivre à leur manière. Un groupe par exemple, « Les Sans Clôture » traverse les campagnes pour libérer les animaux issus des élevages abandonnés afin de leur épargner une mort atroce, les tuants avec dignité afin de s’en nourrir. Ils seront bientôt rejoints par Myriam, fuyant son passé, sa mère distante, son ancien compagnon Nathan et leur fils Benjamin, tous deux incarcérés pour avoir violé conjointement une gamine de 13 ans. Elle n’emportera avec elle qu’un passager clandestin, un crabe, s’étant établi dans ses poumons.



Au gré des déplacements de ce groupe et des rencontres que fera Myriam, nous en apprendrons un peu plus sur son histoire, sa relation avec son fils pour qui elle ne ressent plus que dégoût et sur ses compagnons de route, tel Gabin, jeune homme au sombre passé.



Laurence Biberfeld, nous fait découvrir une France post-apocalyptique qu’elle nous décrit avec poésie, rendant presque belle, par exemple, la décomposition d’un corps humain. Ses nombreuses métaphores accentuent les conséquences de l’effondrement de la société dans laquelle la mort est quotidienne et seule issue pour ces êtres en survie…



Nous ne pouvons que faire le parallèle, à l’issue de cette lecture, entre le lien maternel brisé par la perversité de son fils et ce lien qui relie notre Terre à l’humanité, véritable Panier de crabes, cancer généralisé ayant détruit notre environnement. Nous avons, nous aussi, par la perversité de l’argent rompu ce lien et commençons à en payer les conséquences.
Lien : https://imaginoire.fr/2021/0..
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Stop

68 textes. Quelques 300 pages. 68 hommes et femmes pour jeter une bouteille à la mer, dire leur colère, leur amertume, leur désespérance.

Un combat, ou 10, ou 100... L'anthropocène devenu capitalocène et anthropocide; la folie guerrière qui jette ses filets pour prendre les dollars des marchands de guerre; l'ineptie d'empoisonner la terre au principe de nourrir les populations; l'injure faite aux majorités dans l'injonction de faire plus et mieux quand ils donnent quasiment tout; le mépris jeté à la face de jeunes qui n'ont d'avenir assuré que leur lendemain; l'abrutissement orchestré dans une virtualisation offerte comme un pis aller rassurant; la compétition stérile et injurieuse sans cirque mais nourris de pouces baissés...

68 textes, cela fait beaucoup de mots et pourtant si peu quand il faudrait reboiser les esprits de milliers de gens.

Mais peu de mots au carré, au cube, à la puissance de 1000 lecteurs, voilà que cela devient une marée, un tsunami.

Romanciers, poètes, dessinateurs, réalisateurs, journalistes, sociologues, ces hommes et femmes ont joué le jeu d'un appel lancé par Oliviet Bordaçarre. Ecrire pour marquer un Stop, pour dire la colère et la peur.

Bribes de réflexion, manifestes, poèmes, courtes nouvelles, ces textes empoignent le cœur, rallument l'effroi ou offrent un peu d'espoir. Mais tous sans exceptions, secouent la torpeur insouciante qui sait que la situation est grave mais veut croire que l'humanité, en bonne élève, poursuivra sa course, persuadée de l'impossibilité de son extinction.

Collapsologie, pourront penser certains, oublieux des chiffres qui disent chaque jour la disparition de nos voisins aquatiques, volatiles, férus de froid, ou de forêts luxuriantes.

C'est peut-être un coup d'épée dans un océan d'impossibles, mais il a le mérite d'exister.

Alors, je sais gré à chacun de ces hommes et femmes, sentinelles, qui posent des mots comme on gratte une plaie, pour qu'elle suppure, gangrenne, et qu'enfin on coupe le membre.

Qu'importe le temps qu'il nous reste. Toutes les civilisations se sont éteintes un jour, mais, sans doute pouvons nous gagner un peu de temps avant que, pour citer cette belle expression de Mouloud Akkouche, la planète ne baisse définitivement ses paupières.

Un grand coup de chapeau à l'éditeur, la manufacture des livres, qui a joué le jeu.

Et, cerise sur le gâteau, tous les droits du livre dont reversés à des associations et collectifs locaux qui, en fourmis travailleuses, œuvrent sans relâche pour faire leur part du colibri.
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Apprendre à désobéir

contraire affirmer que certaines choses ne sont pas permises“, déclarait Jean-Pierre Vernant. » Laurence Biberfeld et Grégory Chambat reviennent sur cent cinquante ans de lutte et d’insoumission au sein de l’institution scolaire, de la naissance contrariée du syndicalisme dans l’éducation à la dénonciation du fichage informatique des élèves, en passant par les luttes « anti-hiérarchiques » et la résistance à la « rééducation » vichyste.

(...)

Les auteurs invitent donc plus que jamais à apprendre à désobéir à l’école, à la (re)politisation de celle-ci, mettant au goût du jour « l'idée d'une révolution scolaire et pédagogique, non pour la substituer à une révolution démocratique, sociale et écologique, mais pour l'accompagner et l'étayer ». Rétrospective fort intéressante, illustrée par de nombreux exemples de mobilisations, d’actions de sabotages inventifs notamment. À lire… pour préparer la rentrée !



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Ce que vit le rouge-gorge

T'as des livres mine de rien qui cachent bien leurs jeux et des auteurs qui te surprennent d'autant plus .

Dans celui-ci par exemple qui nous offre en couverture un joli rouge-gorge et nous concocte une sacré surprise dés les premières pages

.Alors si comme moi vous hésitez encore à devenir végétarienne , lisez ce livre ,à sa manière pas banal il vous fait découvrir un univers assez étrange , assez boueux même crasseux et surtout répugnant n'ayant pas peur des mots où tout est bon pour parvenir à engraisser le cochon . Quand je pense que certains s'insurgent du gavage des oies , ben sérieux ici c'est pas mieux .

Ce livre est l'histoire de Garance qui pour découvrir le secret de la disparition de sa fille se fait embaucher à l'élevage de porc comme domestique ....

Dans ce livre , la parole est aussi donnée aux animaux ce qui donne une dimension particulière au récit .L'histoire est parfois déroutante mais la plume est extra .


Mon premier de Laurence Biberfeld qui nous a déjà écrit 10 précédents romans sur lesquels je vais me pencher , car si cette histoire m'a un peu dérangé , je dois reconnaître que l'écriture m'a énormément plu .



Alors amis carnassiers, dévoreurs de porcs sous toutes ses formes , puisque "tout est bon dans le cochon " je vous laisse seul juge pour découvrir ce roman hors norme à la couverture si attrayante où la plume de qualité m'a permis de poursuivre ma lecture et m'a fait réduire de 80% ma consommation de viande.... Si si ça m'a encore calmé ... Lisez et vous verrai .....

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Sous la neige, nos pas

La rugosité de la Lozère sert de cadre majestueux à ce roman poétique et rustique.

Esther, une jeune mère célibataire parisienne, accompagnée de sa petite fille de 4 ans, prénommée Juliette s’installent dans un village retiré de Lozère qui compte plus de bêtes que d’hommes. Esther est la nouvelle institutrice du village. Elle incarne l’espoir, la vie, même si sa nouvelle classe se résume à trois élèves. Le bourg se dépeuple à vitesse grand V, les femmes se font rares et les hommes qui vivent là ressemblent à des animaux. Seuls Lucien et Lionel sortent du lot. Ils prendront la mère et la fille sous leur aile et leur prodigueront soutien et affection.

Ainsi lorsque le passé d’Esther ressurgit sous les traits de Vanessa, une copine paumée et camée jusqu’à l’os et ses dealers prêts à tout pour récupérer une valise de drogue, Lucien et Lionel ne failliront pas et seront là.

L’intrigue est simple et prend corps avec la terre, les pierres, le ciel, la neige et les hommes quels qu’ils soient.

Le récit se déroule sur deux périodes : 1985 et 2015. Images et façons de penser se télescopent et apportent de l’épaisseur à l’histoire. Des valeurs humaines importantes sont mises en lumière, telles que la solidarité et l’amitié.

La plume de Laurence BIBERFELD est riche, tour à tour rugueuse et aérienne… sublime.

Un tableau aride mais beau.

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Péter les boulons

"Avec ce roman enragé, transgressif, publié chez un éditeur où on ne l’attendait pas, les sympathiques et courageuses éditions in8, elle inaugure le « social revenge », qui nous venge des saloperies d’un monde ayant porté le capitalisme à son apogée mortifère avec, en contrepoint, l’ombre de plus en plus menaçante du totalitarisme numérique, complice et, de plus en plus, « maître des horloges », pour reprendre l’expression du président de ce que la France est devenue : une « start-up nation ». Et dont seul l’effondrement pourrait assurer la pérennité, sinon la survie, de la race humaine. Sans savoir si l’échéance est proche, dans quelles conditions elle aura lieu, et ce qu’il y aura après.

Quant au style de Péter les boulons… Sûr qu’un Cavanna se serait écrié : « Nom de Dieu ! C’est magnifiquement écrit ! » Car Laurence Biberfeld fait partie, avec Pierre Pelot, Hervé Le Corre, Hugues Pagan, feu Hervé Prudon et quelques autres, dont on ne citera pas le nom pour ne pas faire de jaloux, des grands stylistes du roman noir français. Et je me pose personnellement la question : comment se fait-il que les grandes collections de poche (Folio, Livre de Poche, Pocket, Points, J’ai Lu, 10/18) ne se soient pas précipitées sur les pépites que sont ces romans ? "

Jean-Jacques Reboux (Extrait) in DM
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La B.A. de Cardamone

Dans le cadre des Ancres Noires du Havre(2015-2016),J'avais déjà lu deux romans de cette auteure :La meute des honnêtes gens qui m'avait vue faire des recherches sur les magnaneries tant J'étais ignorante sur l'élevage de vers à soie!!,J'avais beaucoup aimé l'ambiance et l'atmosphère.

Le 2ème roman:ce que vis le rouge -gorge m'a fait réfléchir sur l'élevage intensif de porcs,en dehors d'une très bonne intrigue où les animaux prennent la parole ,ce qui donne une touche d"humour.En dénichant celui-ci dans une foire aux livres,J'étais contente de ma trouvaille, mais je n'ai pas "accrochėe".Au final je suis déçue, J'ai retrouvė cette ambiance noire ,sombre,glauque,ces causes perdues sur fond de misère sociale,avec cette petite touche d'humour apportée par les enfants de notre héroïne.;mais la fin m'a semblé bâclée et brouillonne dû sans doute à trop de personnages gravitant autour de Cardamone .Hélas pour moi,je l'avoue,je n'ai pas tout compris ,j'en suis navrėe car J'avais aimé ses deux autres romans,mais celui-ci ne restera pas dans ma mémoire.⭐⭐
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Sous la neige, nos pas

On imagine volontiers l’homme arpentant les forêts de la région d’Aubusson en quête de l’emplacement idéal pour bâtir une solide cabane. Une fois construite, autour d’un feu qui crépite, Cyril Herry peut y convier ses amis ou prendre simplement le temps de parcourir un manuscrit qui vient de lui parvenir et dont il publiera peut-être la teneur au sein de sa collection Territori qu’il a patiemment constituée depuis plusieurs années. La maison d’édition prend le nom de ces territoires méconnus ou oubliés qu’il nous fait découvrir par l’entremise d’auteurs partageant cette même passion pour un contexte rural, voire sauvage évoqué sous l’angle d’une thématique noire. Nouvelle venue chez Territori, Laurence Biberfeld n’est pas une néophyte en matière d’écriture puisqu’elle a déjà publié de nombreux polars se déroulant dans un cadre champêtre tout comme son dernier ouvrage Sous La Neige, Nos Pas où l’auteur nous convie sur les rudes terres d’un plateau perdu au nord de la Lozère.



Esther a quitté Paris avec sa fille Juliette pour occuper un poste d’institutrice sur le plateau de la Margeride en Lozère. Le climat y est aussi rude que la terre et ses quelques habitants qui peuplent la région. Pourtant autour des nouveaux venus, les villageois deviennent comme une seconde famille afin de favoriser l’intégration de cette institutrice dynamique. Mais quelques reliquats de la vie citadine d’Esther refont surface à l’instar de Vanessa, une ancienne colocataire qui débarque avec une valise bourrée d’héroïne et deux dealers à ses trousses. Face à la menace, les habitants vont se révéler de farouches protecteurs et dans un paysage figé par l’hiver, la neige efface les pas et étouffe les cris.



Quitter une vie citadine pour occuper une fonction d’institutrice dans un petit village isolé, c’est une similitude parmi d’autres que l’on décèle si l’on superpose les parcours de vie de l’auteur et de son héroïne et qui confèrent à l’ensemble du récit un sentiment de vécu notamment en ce qui concerne les interactions avec les habitants de la Margeride. Ce vécu on le retrouve notamment dans un vocabulaire précis qui permet d’immerger rapidement le lecteur dans le décor intimidant de ce plateau isolé. Il y a une sorte d’éclat sauvage qui émane d’un texte très maîtrisé, même si l’on s’égare parfois aux détours de quelques phrases un peu trop alambiquées. Il n’empêche, il s’agit d’un roman à la beauté rude, parfois sauvage et emprunt d’une certaine forme de nostalgie puisque le récit s’installe sur deux époques qui se font échos à mesure des rebondissements qui émaillent une histoire se révélant bien plus surprenante qu’il n’y paraît. Mais au-delà de la splendeur des paysages qu’elle dépeint, Laure Biberfeld se sert du décor et surtout du climat, pour mettre en place des scènes de confrontations extrêmement originales dont les conséquences projetteront l’ensemble des personnages vers une inéluctable logique de violence immédiatement teintée de regrets et de remords. C’est d’ailleurs sur ces deux aspects que l’auteur s’attarde en compartimentant les secrets et les non-dits des uns et des autres tout en distillant au fil du récit des révélations singulières dont seul le lecteur aura une vue d’ensemble.



Deux citadines au pays des bouseux, avec Sous La Neige, Nos Pas, nous sommes bien loin de ce cliché éculé, car l’auteur installe une dynamique particulière avec une institutrice bien moins ingénue qu’il n’y paraît et des villageois bien plus malins et surtout bien plus déterminés qu’ils ne veulent le montrer. On appréciera ainsi le portrait de Lucien, ce vieux paysan farouche qui va devenir le protecteur d’Esther et surtout de sa fille Juliette en déclenchant les hostilités afin de dissuader les trafiquants qui voudraient s’en prendre à elles. Prisonniers de leurs secrets respectifs, les protagonistes n’en demeurent pas moins liés par une amitié indéfectible qui s’avère être un des facteurs touchants de ce roman surprenant. Et ainsi, c’est sur la somme de ces secrets que l’on découvrira les trahisons des uns et des autres et tous les chagrins qu’ils auront causés avec l’espoir peut-être un peu vain pour Esther de trouver une forme de pardon et de rédemption au-delà des rêves et des souvenirs qui la taraudent.



Comme un long poème noir et rugueux Sous La Neige, Nos Pas dépeint également le rude quotidien de cette communauté qui s’obstine à faire face aux difficultés d’une terre difficile et dont les aléas se répercutent sur la condition de femmes maltraitées qui souffrent en silence. Emprunt d’une âpre vérité, Sous la Neige, Nos Pas est un roman douloureux et poignant.



Laurence Biberfeld : Sous La Neige, Nos Pas. Editions La Manufacture de Livres/Territori 2017.



A lire en écoutant : Lorelei Sebasto Cha de Hubert-Félix Thiéfaine. Album : Soleil Cherche Futur. Sony BMG Music Entertainment 1982.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Les auteurs du noir face à la différence

15 auteurs de polars avec des styles propres et une approche du thème de base bien différente, ont pour mission de nous faire réflechir sur le regard que l'on accorde à l'autre..



Lu rapidement mais pas vraiment marquant !
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Qu'ils s'en aillent tous !

Au port autonome de Grestain c'est l'effervescence suite à l'annonce d'une future privatisation du port. Pour faire face à l'afflux massif de manifestants le préfet à même fait appel à l'armée. Au milieu de toute cette agitation, le corps du capitaine du port a été retrouvé, grâce à la voile, au pied d'une falaise d'où s'élance habituellement que les para-pentes. La police a conclu au suicide.

La sœur de la victime vient trouver les détectives privés Maria la Suerte et Gandalf de Saint Aygulf. Elle ne croit pas au suicide de son frère qui avait le vertige.



Une enquête moyennement intéressante qui consiste surtout à l'interrogatoire de la famille et des relations de travail de la victime.



Une enquête qui va révéler les dessous cachés d'une famille de la grande bourgeoisie locale.



En parallèle l'auteure nous narre les difficultés et la violence d'enfants migrants embarqués clandestins sur des navires de marchandise. C'est au fil du récit que l'on comprend le rapport de l'enquête menée par les deux bras cassés.



Le duo d'enquêteurs a vite fait d'agacer le lecteur dans de nombres d'échanges verbaux. Tout les opposent et leurs échanges, qui d'abord prennent largement le pas sur l'enquête, qui finassent par plus qu'agacer le lecteur et qui rendent les personnages complètement caricaturaux. Ce qui cadre très mal avec un roman classé policier.



Un roman plus que décevant.
Lien : http://imaginaire-chronique...
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Ce que vit le rouge-gorge

Enorme coup de coeur.

A la recherche de sa fille, Garance, qui vient tout juste de sortir de prison, se fait embaucher au service de Marylène et Michel, un couple à la tête d'un élevage industriel de porcs. C'est là que Sophie travaillait comme porchère, quatre ans auparavant, avant de disparaître mystérieusement.

Les polars de Laurence Biberfeld ne sont pas que des polars cévenols. Ils ont l'originalité de se passer en province mais leurs implications sont universelles. Un huit clos étouffant dans un élevage intensif de porcs cette fois-ci. Un roman noir poignant, immersif, incroyable.

Une claque littéraire incomparable.
Lien : https://collectifpolar.com
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Sous la neige, nos pas

C'est un roman noir et rural à la fois, qui se passe dans un village de Lozère dont les habitants vivent encore dans un autre monde. Une jeune institutrice y passe deux ans avec sa petite fille de 5 ans au caractère affirmé, que l'on qualifierait sans doute d'hyperactive.

Les personnages sont bien décrits, originaux, attachants. L'histoire qui se déroule en marge aurait plus sa place dans une banlieue mal famée, elle se teinte là d'autres couleurs.

Le personnage principal, la neige, ponctue le récit de belles pages, rudes et pourtant familières et naturelles.

Un roman bien écrit, agréable à lire, bien dans la ligne éditoriale de la Manufacture de Livres.
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Ce que vit le rouge-gorge

La parole est aux animaux



Garance se fait embaucher par un couple d’éleveurs de cochons pour s’occuper à plein temps des enfants des éleveurs. Mais Garance a un autre but : découvrir ce qui est arrivé à sa fille Sophie, disparue quatre ans auparavant après avoir été recrutée dans la même entreprise d’élevage de cochons.



L’histoire écrite par Laurence Biberfeld, si elle propose de nombreux personnages, se déroule en huis-clos entre l’élevage de cochons où a travaillé Sophie et la maison du couple où travaille Garance.



Les relations entres les êtres humains sont au cœur du récit de Laurence Biberfeld auxquelles elle mêle les pensées des animaux : cochons, bien entendu, mais aussi le chien de la maison, les belettes et autres oiseaux qui vivent à proximité. Ils vont faire office du chœur antique que l’on trouve dans les pièces de théâtre.



Mais ses pensées animales faites pensées humaines par la magie de Laurence Biberfled ne sont pas là pour donner une respiration au lecteur mais bien pour attiser la tension qui monte au sein des deux récits parallèles : celui de Garance et celui de Sophie.



Le parallélisme des deux récits sera d’ailleurs conservé par Laurence Biberfled jusqu’au bout pour offrir à Garance et Sophie la même fin comme s’il avait fallu réunir mère et fille dans un destin tragique que les lieux et les acteurs des drames ne peuvent que provoquer. Si le personnage de Bambi peut s’approcher de ce qu’on pourrait appeler un ange de miséricorde, il n’est pas là pour sauver physiquement mais psychologiquement les personnages, pour leur indiquer la fin d’un chemin douloureux, lien entre le passé et le présent.



Le moins qu’on puisse dire est que Laurence Biberfeld ne s’embarrasse pas d’optimisme ou de positivisme : les êtres humains sont tous, sans exception ou presque, des cas pathologiques à divers degrés. Il n’y en a pas un qui n’ait rien à se reprocher : Sophie attente au fonctionnement de l’élevage en provoquant des catastrophes aux conséquences dramatiques, les éleveurs sont arrivistes, folâtres et inhumains, les employés de l’élevage sont pervers, méchants, violents, machistes et alcooliques, Garance est infanticide… la liste serait trop longue.



Et pourtant, sur ce terreau de fumier, Laurence Biberfeld arrive à faire germer quelques semblants d’humanité. Bambi, l’équarrisseur, derrière ses magouilles est un être bon, Garance ne cherche pas à esquiver ses fautes passées mais tente de construire un semblant de vie dans un monde sombre, l’éleveur semble touche in fine par une sorte de prise de conscience rédemptrice…



A travers une construction sans faille, à l’aide des pensées des animaux qui émaillent le roman, apportant une touche d’originalité qui peut être déroutante mais qui reste diablement efficace, grâce à une histoire d’une banalité crasse, Laurence Biberfeld emmène le lecteur sur des sentiers boueux et peu ragoutants dont on est soulagé de sortir sains et saufs… enfin pas tout à fait : la vie des personnages emportés comme autant de fétus de paille par le récit de Laurence Biberfeld reste gravée longtemps dans l’esprit du lecteur comme autant de facettes de l’ignominie des êtres humains auxquelles il faut se confronter soi-même pour éviter de sombrer dans les mêmes pièges.



Un grand roman, dur mais fort, sombre mais avec des touches de tendresse et de bonheur trop rares.


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