L'émission "Le coup de coeur des libraires est diffusée sur les Ondes de Sud Radio, chaque vendredi matin à 10h45. Valérie Expert vous donne rendez-vous avec votre libraire Gérard Collard pour vous faire découvrir leurs passions du moment !
Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici !
Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan de Roland Perez aux éditions Les Escales
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Mon Roi déchu: Juan Carlos d'Espagne de Laurence Debray aux éditions Stock
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le Duc du Maine de Pierre-Louis Lensel aux éditions Perrin
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Les aveux de John Wainwright et Laurence Romance aux éditions 10-18
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Ce qui manque à un clochard de Nicolas Diat aux éditions Robert Laffont
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Jeux de dupes de Maud Tabachnik aux éditions City Poche
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le Cinquième jour de Maud Tabachnik aux éditions Livre de Poche
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La paix des sexes de Tristane Banon aux éditions de l'Observatoire
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Un monde de cochons - la Totale de Mario Ramos aux éditions Ecole des loisirs
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Gérard Collard & Jean-Edgar Casel
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Difficile de voir Juan Carlos, dans un crépuscule aux allures d'errement moral, finir sa vie ostracisé. Il fut un temps où le monarque renvoyait en calèche dans son château de province un noble indigne banni de la cour ; aujourd'hui, c'est le roi qui est renvoyé en jet privé à l'autre bout du monde sous la pression des réseaux sociaux. Un statut sur siège éjectable. 244.
Contrairement à d'autres monarchies, héritages millénaires, la Couronne espagnole n'est le fruit que d'un compromis récent issu de la transition démocratique, mené par un monarque absolu qui a souhaité devenir un monarque constitutionnel. 212.
Nous, nous habitions toujours notre cagibi, mon père se déplaçait toujours à vélo lorsqu'il n'empruntait pas la vieille Peugeot 104 de mes grands-parents, qui grinçait tellement que j'étais très embarrassée lorsqu'il venait me chercher à l'école, et ma mère ne s’endimanchait pas chez Sonia Rykiel comme les autres femmes de ministres et de conseiller. Ils n'étaient pas intéressés par les prérogatives, ni par le superflu : le pouvoir était un devoir, pas un privilège
Jacques Chaban-Delmas, venu de Bordeaux malgré son grand âge, montrait à tous comment se comporter en homme d’État. Il se pliait scrupuleusement à un agenda chargé, même lorsque ses forces physiques diminuaient. Beau et séducteur, rapide et nerveux, avide de voir de belles Andalouses danser les sevillanas comme de visiter des monuments historiques, il rayonnait, attentif avec tous. « Je vais m’occuper de la petite », lança-t-il à ma mère avant de partir. Il m’offrit son livre sur de Gaulle et me parla de la France, celle qui avait résisté au fascisme, de cet esprit français indomptable, et du renouveau toujours à construire. J’eus pour la première fois la sensation de côtoyer un personnage historique, qui avait eu maille à partir avec la grande histoire et qui en était encore tout imprégné. Son ton était plein de force et ses yeux pétillants. « Il faut investir dans la jeune génération », dit-il à ma mère, en me ramenant à elle. Je reste persuadée que les Français sont passés à côté d’un grand homme. « On ne tire pas sur une ambulance », avait dit Giroud lors des élections présidentielles de 1974. Je voudrais bien voir passer de telles ambulances aujourd’hui dans le panorama politique français.
Mon père ne s’occupe que de son œuvre. Le reste, il délègue. Il étudie les différentes formes de transmission, du haut de la médiologie, discipline dont il est le fondateur, mais ne se soucie guère des casseroles qu’il laisse à sa progéniture. « Après moi, le déluge ! » C’est connu, les cordonniers sont les plus mal chaussés. Alors que faire avec ce soupçon qui fait planer une ombre sur mes origines ? Et si j’étais la fille d’un délateur ? Si j’avais vécu jusqu’à présent dans l’imposture ? Un sentiment de malaise me hanta. Et de dégoût, face à tant de lâcheté et d’ambivalence. Tant que les ados, et les éternels ados, arboreront des T-shirts avec l’effigie d’Ernesto Guevara aux quatre coins du monde, l’affaire continuera à être embarrassante… Que raconter à mes enfants quand viendra l’âge de la rébellion et de l’admiration des révolutionnaires ?
.... Et chez mon père, les ordinateurs prennent la poussière. On s'était pourtant donné beaucoup de mal pour connecter le Minitel et j'avoue avoir beaucoup frimé adolescente avec le Bi-Bop. Puis tout est allé trop vite. Du haut de ses ans, mon fils gère instinctivement sa tablette avec dextérité alors que mon père se demande encore comment l'allumer? C'est très injuste.
Il s'inquiète de la décadence de la France, passant du flamboyant homme d'influence, qui a pris les armes avant d'arpenter les couloirs des palais de la République, entre trois essais, deux maîtresses et cent complices, à "Schtroumpf grognon" qui pond des pamphlets entre trois arbres, deux chevaux et cent courtisans. L'avenir serait-il donc si peu prometteur au point de ne pas l'investir ?
Le communisme apportait beaucoup de bénéfices. On avait une vision du monde, on avait une raison de vivre, on avait une activité qui compensait les éventuels problèmes qu'on pouvait avoir dans sa vie privée et on pensait que nos idées avaient une efficacité. C'était le comble du bonheur.
(André Senik)
Qu'avait donc fait mon père pour provoquer tant de haine chez certains, ou d'intérêt chez d'autres ? En septembre 1966, il s'était consacré à l'étude du terrain le plus propice à l'implantation d'un foyer révolutionnaire au coeur de la cordillère des Andes. Avec comme couverture une étude de sociologie rurale mandatée par un institut de recherche français, il avait arpenté durant deux mois le haut Beni et le Chapare, obtenu malicieusement des cartes militaires, cerné les lieux de repli, et étudié la logistique. Ces régions présentaient l'avantage d'une population dense, de communications faciles entre les villes, et de l'influence du Pérou où un noyau rebelle s'était déjà constitué. Il rentra à la Havane avec deux rapports précis et détaillés, illustrés par des photos, qui furent analysés en haut lieu.
Je n'ai jamais rien compris, ni à leur engagement politique, ni à leur vie dissolue. C'étaient mes parents, a fortiori des personnes intimes, mais à mes yeux incernables. Ils étaient - et restent encore - incompréhensibles. Leurs moteurs - à part celui d'avoir la paix pour lire et écrire - demeurent énigmatiques ; leurs bonheurs, inconnus ; leurs angoisses, pléthoriques et existentielles. Leur point commun : un sens de l'analyse aigu et le sentiment d'être mal aimé. Tout être a ses mystères, bien sûr. Parfois le masque tombe et l'autre devient moins impénétrable. Mais ils ne tenaient pas à être déchiffrés. On parlait d'eux dans les médias, je les voyais à la télé, mais à la maison, ils ne révélaient rien, et expliquaient encore moins. Je m'étais conformée à cet état de fait.
Il est difficile de faire le tri entre le fondamental et l'anecdotique. Et il est encore plus difficile de se mettre en scène sans trahir. Faut-il l'histoire qu'on aurait voulu qu'elle soit, ou l'histoire telle qu'elle est? Entretenir le mythe supposé forcément des amnésies volontaires.