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Citations de Laurence Schaack (65)


Cette histoire de Nouvel An chez Sand, ça me tartiflette pas mal.
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Ils furent dehors en quelques enjambées, tandis que des hurlements de rage emplissaient le pub. Ils coururent aussi vite qu'ils le purent, remontant la rue dans l'air glacé, toujours main dans la main. A cinq cent mètres du pub, Peter s'arrêta pour voir s'ils étaient suivis. Des Teds auraient déjà sauté sur leurs bécanes pour leur faire la chasse. Mais les Spurs avaient préféré rester au chaud à l'intérieur, comme les bons gros lourdauds qu'ils étaient. N'empêche, il allait falloir faire attention. Etre punk allait devenir un métier dangereux et à plein temps.
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Il n’y a personne qui soit né sous une mauvaise étoile, il n’y a que des gens qui ne savent pas lire le ciel.
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– Laisse tomber, murmura Peter. On est repérés.

À l’intérieur du magasin de musique, le vendeur ne les lâchait pas des yeux. Il avait une coupe au bol avec la frange aplatie sur le front, un costume uni avec une cravate enfoncée dans un horrible pull en cachemire. Encore un abruti de ringard scotché à vie aux Beatles – été 1964. Il les avait repérés à la seconde où ils étaient entrés dans le magasin. Même le dos tourné, Peter sentait son regard lui trouer la nuque. Il insista en tirant Damian par la manche de son vieux pardessus militaire :

– Allez, viens, on se casse !

Damian retroussa les lèvres et passa un petit bout de langue rose sur son incisive ébréchée. Le menton tendu vers le vendeur, il siffla entre ses dents.

– Si tu crois qu’il me fout la trouille…

Il adressa au type un sourire provocant, puis avança lentement la main vers la guitare à neuf mille livres qui était exposée devant lui.

– Fender Telecaster ! beugla-t-il soudain en accentuant son timbre aigu de péquenot irlandais. Waou ! C’est d’ la super gratte, ça, mon vieux ! À ce prix-là, c’est donné ! Toi qui t’y connais, Pete, t’en dis quoi ?

– Arrête ton cirque, fit Peter de plus en plus mal à l’aise. On se tire !

Mais Damian souriait toujours. D’un doigt délicat, il fit résonner les cordes avant de défaire l’attache qui retenait la guitare sur son socle. Le vendeur se mit aussitôt en branle, les poings serrés et les épaules rentrées, avec la détermination d’un tank allemand de la Seconde Guerre mondiale.

– On va brouiller les pistes, chuchota Damian sans cesser de sourire au vendeur. Tu fais l’idiot, tu l’attires vers la sortie et tu tournes à gauche.

– Non, c’est trop…

– Putain, magne-toi !

Le vendeur n’était plus qu’à une dizaine de mètres. Le temps de contourner les casiers à partitions et il serait là. S’il se mettait à courir, il serait sur eux en dix secondes. Il fallait se décider tout de suite.

– J’y vais, grogna Damian. Arrête-le !

Il se saisit de la guitare et la serra contre lui avant de s’élancer d’un bond vers la sortie du magasin. Le vendeur outragé poussa une espèce de gémissement et courut aussitôt à sa poursuite.
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[...] que la musique transperce les murs, qu'elle défonce le toit pour aller dégommer les étoiles.
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Le spectacle est le mauvais rêve de la société moderne enchaînée, qui n'exprime finalement que son désir de dormir.
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L’or, toujours l’or, encore l’or ! Maudit soit l’or et ce qu’il fait faire aux Espagnols. Hier, Hernàn Cortés a cédé devant la colère de ses soldats. Afin de prouver qu’il n’était pas de mèche avec les Mexicas pour escamoter le trésor, il a accepté que Cuauhtémoc soit torturé. Mais il n’a pas eu le courage d’assister au supplice, tandis que moi, il a ordonné que je reste pour traduire ! Oh, parfois, je hais Hernàn Cortés tant je hais ce qu’il exige de moi.
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Une brise glaciale chargée de flocons serpente entre les huits tours de la Bastille. Au pied de l’imposante muraille de plus de vingt mètres de haut qui relie les tours entre elles, Thérèse, Ariane, Philomène et Soledad se serrent les unes contre les autres. Petite silhouette emmitouflées, elles sont plantées sous la neige et attendent qu’un gardien leur ouvre. Maintenant que le procès de Germain Lavol est passé, il n’est plus gardé au secret, et, moyennant finances, elles ont obtenu l’autorisation de lui rendre visite.
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De tous les phénomènes célestes, l'orage est bien le seul qui l'effraye. La foudre céleste, le choc chaotique des nuages, le déchaînement du vent, tout ça met en péril les règles parfaites de l'Univers.
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Ce soir, elle songe que Germain Lavol a trop regardé le ciel et pas assez dans le cœur des hommes. Il s'est laissé aveuglé par la beauté des étoiles.
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Il voyageait beaucoup. Il rentrait d'une grande tournée américaine, suivie de deux mois à se balader en Grande-Bretagne. Le groupe n'arrêtait pas de jouer, d'enregistrer. Bus, concerts, hôtels, bus, enregistrements. Une vie de forçats. C'était la vie qu'il voulait, il était heureux. The Clash était sa famille.
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Plutôt la barbarie que l'ennui!
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Marie vénérait l'insolence et l'honêteté de Rotten.Elle adorait sa façon de rembarrer McLaren et disait que, dans le fond, il était un poète maudit.
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Les hurlements ont fusionné en un seul cri énorme et j'ai compris que les Pistols venaient d'entrer dans l'arène. Peter m' tirée jusque sur le côté de la scène, derrière les gros rideaux qui masquaient les coulisses. Aussitôt, quelque chose comme l'apocalypse nous est tombé dessus. Guitare, basse, batterie ont convergé comme un seul missile. La grosse caisse pour nous écraser le coeur, la basse pour percuter notre estomac et la guitare pour arracher nos tympans.
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Johnny Rottn a regardé sa montre pendant que les autres étaient morts de rire Grundy a annoncé la fin de l'émission, et tandis qu'un générique tout guilleret retentissait, Steve Jones s'est levé et a montré à la caméra ses fesses moulées de cuir noir.
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Je me croyais la plus grande des rebelles parce que j'avais osé tenir tête à mon père. Mais je n'étais qu'une petite fille docile et aveugle. Peter avait soulevé un pan du rideau. Il m'avait montré une Grande-Bretagne que jamais je n'avais croisée dans mes livres scolaires : le poids de l'etablishment, le système des castes sociales, la rigidité de la société... J'avais l'impression de voir le pays à travers ses yeux. Ce n'était ni agréable ni rassurant.
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The Clash n'avait jamais été meilleur que ce soir-là. Le public était éléctrique. Dans le fond, les hippies réfugiés contre le bar sifflaient et lançaient des canettes. Aux premiers rangs, la bataille pour la vie se jouait. Elle était trépidante, féroce, à la mesure de tout ce qui l'oppressait. Elle engloutissait tout le reste dans ue pulsation de basse et un déchaînement de rythmes.
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Au moment où il allait crier pour prévenir que les flics les suivaient, Damian trébucha et s’affala de tout son long sur le trottoir, empêtré entre le manche de la guitare et les plis de son pardessus.

Il lui tendit la main pour l’aider à se relever. Damian grimaçait de douleur en massant sa cheville. Une de ses chaussures trempait plus bas, dans la rigole du caniveau.

– Putain de Doc ! Elles me lâchent toujours quand j’en ai le plus besoin…

– Grouille, les flics arrivent ! rétorqua Peter en agitant sa main tendue.

Damian leva les yeux et aperçut à son tour les deux casques arrondis qui se rapprochaient dangereusement. Il balança la guitare dans les bras de Peter.

– Prends-la et dégage… Je m’ démerde.

Peter hésita un quart de seconde, le temps de scruter le regard délavé de Damian, guettant une autre bravade, un nouveau coup de « trompe-la-mort, ce qui arrivera, je m’en tape ». Non, il avait juste raison : c’était la seule solution pour les sauver tous les trois, Damian, lui-même et la guitare.

Deux rues plus loin, il y avait une station de métro. S’il parvenait jusque-là, il s’enfoncerait dans le dédale des couloirs et se retrouverait bientôt à l’abri à Finsbury, avant même que les flics aient compris qu’il les avait semés pour de bon.

Il se saisit de la Telecaster et détala comme s’il avait les chiens de l’enfer à ses trousses.
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La guitare avait l’air toute nue dans le métro. Peter la serra contre lui et les battements de son cœur résonnèrent contre le bois de la Telecaster. Les gens le regardaient de travers. Soupçons ? Convoitise ? Il faudrait d’urgence lui trouver une housse. Une gratte aussi bien roulée ne pouvait pas se balader comme ça, à poil. C’était de l’incitation à la débauche.

Lorsqu’il émergea du métro, Finsbury Park resplendissait sous le soleil comme si l’été décidément ne voulait pas disparaître. Peter pensa que c’était peut-être ça, que cet été 1976 durerait jusqu’à la fin du monde, avec son ciel en fer-blanc accroché au-dessus de Londres. Un été de plus en plus chaud, une canicule comme on n’en avait pas vu depuis 1940 selon les vieux et les journaux. La nuit, les rues grouillaient de monde. Les gens glandaient dehors, cramés, hargneux, pressés de vivre et de s’éclater. Les concerts se suivaient, le pub rock vivait ces dernières heures, une nouvelle musique était en train de naître. On disait « punk » ou « new wave ». On sentait qu’on était au bord de quelque chose et qu’il ne fallait rien louper. Enfin, on crachait sur les hippies et c’était peut-être ça le plus marrant.

L’été avait démarré en fanfare, le 4 juillet, au Dingwalls, avec un super concert des Ramones, quatre New-Yorkais complètement déjantés jouant à fond la caisse. Ensuite, il y avait eu un groupe londonien, les Damned. Puis le choc, au Lyceum, avec un nouveau groupe, les Sex Pistols. Leur chanteur, Johnny Rotten, beuglait comme un bébé abandonné en écrasant ses cigarettes sur sa main. Damian était devenu complètement fou ce soir-là. Il avait pogoté toute la nuit en hurlant à la mort. Il avait enfin trouvé son héros, un Irlandais fêlé comme lui, un prolo énervé qui n’avait peur de rien ni de personne…

Grâce à son job dans une épicerie pakistanaise, Peter avait des tarifs de gros sur les bières. Solo avait toujours de l’herbe jamaïcaine et Damian fournissait le speed, qu’il achetait pour rien dans la rue ou qu’il fabriquait avec des produits en vente libre. Ensuite, chargés jusqu’aux oreilles, ils écumaient les boîtes et les clubs. Ils s’étaient fait des biceps en titane à force de porter le fauteuil roulant de Solo dans le métro. Après les concerts, en attendant le premier métro, ils traînaient dans les clubs homos, les seuls endroits où l’on passait de la bonne musique et où personne ne venait les chercher à cause de leur dégaine.

Puis, fin août, une autre bombe musicale avait éclaté dans l’arène : un festival punk dans un vieux cinéma pourri, avec les Sex Pistols, les Clash et les Buzzcocks, un groupe de Manchester. Le public commençait à ressembler à quelque chose de plus consistant qu’une meute de jeunes délinquants. Avec Damian et Solo, ils étaient allés dans les coulisses, au flan. Personne ne leur avait barré la route.
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Les Dead Rats étaient nés, et depuis, la roue tournait de plus en plus vite. Ils dormaient quelques heures par nuit. ...
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