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Critiques de Laurence Vilaine (93)
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Le silence ne sera qu’un souvenir

Cette présentation de l'éditeur vous dit le récit. Je préfère vous parler des mots.



Ce roman là, c'est une voix, une voix d'outre-tombe, profonde, terrible, une voix aux accents tragiques, aux accords farouches, une voix de nuit, de loin, le verbe tranchant, la langue douloureuse, déchirante, pourtant retenue, pourtant éloquente; une voix comme un écho qui raconte les outrages, le gouffre de l'incompréhension culturelle, l'exclusion autant imposée que revendiquée.



C'est un roman, pas un essai. S'il raconte l'histoire de Tsiganes " retors à éduquer et à blanchir " [...] " dont on aura égaré le dossier à Nuremberg " installés sur cette rive du Danube, il le fait dans ce dernier souffle d'un vieil homme qui vous prend, prend tout. On s'abîme dans ce livre, le vent y est froid.



Ce roman là, c'est un chant dont on connait trop certains refrains sans avoir jamais écouté les couplets, une ballade qui n'est pas sérénade, une complainte qui n'est pas plainte, une mélopée en mémoire communautaire, la tradition de l'oralité, le monologue devient choral. Le Rom ne lit pas l'écriture ou la partition, ne s'y lie pas, sa musique qui raconte se transmet et se partage, elle ne s'apprend pas.



Cette lecture qui saisit, c'est une main posée sur le bras qui vous retient, juste une pression qui vous retourne, des mots et un regard envoûtants aussi sombres et durs que le bois des marionnettes, que celui des violons. Qui résonnent. Longtemps. Depuis longtemps.



Ce livre, c'est une exigence et une révélation. Pour ce qu'il dit et pour la façon dont il le dit.



" Gadzeske basavav andro kan, rineske andro jilo, disaient nos ancêtres, je joue à l'oreille des gadjé, je joue au coeur des miens. ". Pas cette fois, cette musique là atteint tous les coeurs. Et malgré le titre, c'est bien le silence qui s'impose la dernière page tournée.




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Le silence ne sera qu’un souvenir

Une lecture chaotique, le début nous invite dans un drôle de souvenir, on ne sait pas trop où l'auteur veut nous emmener. Il faut dépasser plusieurs pages pour que le récit commence à poser ses jalons. Je dois avouer que c'est assez déroutant. Bien que le roman soit court, il y a beaucoup à en dire sur ce "témoignage" d'un peuple persécuté. La pauvreté, le rejet, l'indifférence, la maltraitance aussi, bien des sujets sensibles qui sont le lot des Roms.

C'est aussi l'histoire d'une Allemagne divisée, la chute du mur de Berlin, le nazisme avec les conséquences que l'ont connait.

C'est au-delà de tout cela, l'histoire d'un homme gadjo qui prend pour épouse une Rom, chose quasi impossible et pourtant. Mais le destin n'est pas toujours heureux, mais là s'arrête mon récit, à vous de poursuivre.

Vous serez certainement très sensibles à la magnifique plume de l'auteur et vous serez aussi touchés par cette histoire des Roms, et peut être cesser de leur coller des étiquettes de voleurs de poules. C'est un peuple avec ses croyances, ses traditions, ses coutumes et ses besoins de vivre dignement dans le respect de chacun. De très grands musiciens aussi et bien d'autres qualités que les gadjés n'auront jamais.

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Le silence ne sera qu’un souvenir

D'une plume vibrante et absolument magnifique, Laurence Vilaine nous entraîne en même temps dans le peuple rom, sa fierté et ses souffrances, et dans une terrible histoire d'amour et de silences. Le vieux Miklus enfin parle de sa communauté installée sur la rive slovaque du Danube. Mais il parle aussi de rejet, de mépris, de violences inutiles et de musique. Le réalisme est parfois insoutenable.
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Le silence ne sera qu’un souvenir

Après de longues années de silence, Miklus a décidé de parler. Le chef du camp gitan, installé sur une rive slovaque du Danube, retrace la vie du camp depuis 1942 et l'arrivée au camp de Lubcko, un gadjo arrivant avec son violon, à l'histoire de Dilino, le jeune garçon laissé de côté car un peu différent des autres.



Bon, je crois que je ne vais pas trop parler de l'intrigue, car j'ai lu l'ouvrage sur un laps de temps assez court, et de nombreux détails m'ont déjà échappé quelques jours après la fin de ma lecture. Retour donc sur quelques impressions de lecture, qui sont finalement assez bonnes.



Impressions bonnes, car j'ai trouvé que Laurence Vilaine arrivait de façon très impressionnante à nous plonger dans le monde gitan et slovaque en restant très abordable. Le lecteur sait qu'il est en terre inconnue, dans une culture qu'il ne connaît pas ou peu, et pourtant, je ne me suis jamais senti dérouté par cette intrigue. Et ce n'est pas parce que l'auteur simplifie l'histoire ou l'occidentalise, mais parce qu'elle parvient à transmettre cette culture aux néophytes de façon très subtile, sans didactisme ni obscurité.



Le deuxième bon souvenir que j'ai du roman est lié à cette plongée dans l'histoire d'un camp gitan. Pas de généralisations abusives ou de grands discours humanistes, juste la chronique d'un camp, marqué par les rivalités entre personnes, la folie de certains protagonistes ou le rejet de certains membres du clan. Le personnage de Chnepki, appelée la vieille et qui est à l'origine de l'histoire racontée dans ce roman, est passionnant. Il évolue de façon assez inattendue au long du roman, mais ces changements sont toujours justifiés par l'intrigue.



Le troisième bon souvenir est lié à l'écriture de Laurence Vilaine. Car ce premier roman est très agréable à lire. J'ai une petite réticence sur le choix en fin de roman d'intercaler un nouveau narrateur, alors que l'ensemble de l'histoire est vue auparavant par les yeux de Miklu s, mais c'est vraiment pour chipoter. Un roman à découvrir par ceux qui s'intéressent à la vie de la communauté gitane, mais aussi par ceux qui apprécient les romans sur fond historique bénéficiant d'une écriture prenante.
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Le silence ne sera qu’un souvenir

Le Silence ne sera qu'un souvenir est un livre que je devais lire. Un concours d'heureuses circonstances m'y a poussé et je sais ainsi qu'il renferme un message pour moi.



Il est vrai, par ailleurs, que j'ai été touchée par la poésie de la langue de Laurence Vilaine, des langues même, puisque le slovaque et le romani viennent y faire des incursions bienvenues. Certains thèmes comme celui de la mémoire transgénérationnelle, de l'héritage, de la famille, des croyances, me parlent beaucoup.



J'ai été moins convaincue par d'autres thèmes abordés, franchement très sensibles pour moi, et que j'aurais préféré ne pas nécessairement lire. Et puis par un léger manque d'authenticité et des clichés parfois un peu gros sur la communauté Rom, pourtant dépeinte avec une grande tendresse et beaucoup de sincérité dans l'intention.



Une jolie lecture, à ne pas forcément mettre dans les mains de femmes qui ont souffert de blessures de femmes, car le roman est particulièrement lourd de ce point de vue là.
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Le silence ne sera qu’un souvenir

Par ses mots, sa poésie sombre, ses interpellations, elle recompose les silhouettes, offre des visages précis à ces ombres qu'on rejette. Le plus loin possible des cités où les hommes et les femmes se cachent derrière les rideaux.
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Le silence ne sera qu’un souvenir

ce texte n’a rien d’un plaidoyer en faveur des Roms ; il est plus que cela, mieux que cela : Un hommage vibrant, plein de poésie, aux êtres fragiles malmenés par la vie ; un précieux hymne à la tolérance. Un sacré beau livre !
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Le silence ne sera qu’un souvenir

Les débuts de cette lecture furent assez difficiles.

Qui est ce vieillard qui parle ? Est-il vivant ? Est-il mort ? A qui s’adresse-t-il ?

Qui est cet enfant blond ?

Et puis les choses se mettent en place et on entre dans un tourbillon douloureux.

Les passages racontés par Maruska sont poignants.

Ce séjour au milieu des roms de Slovaquie m’a complètement absorbée, passionnée, bouleversée.

Et puis il y a ce visage, à chaque fois que j’ai pris le livre en main, ce regard qui en dit tant et reste dans mes pensées.

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Le silence ne sera qu’un souvenir

Sublime écriture qui nous emporte sur les airs mélancoliques d'une mélodie manouche. Je ne suis pas particulièrement proche de l'histoire du peuple Rom. J'ai ouvert ce roman avec réticence. Cependant, après quelques pages pour me mettre au diapason de l'écriture, j'ai été happée. La parole libérée uniquement par sa mort, le vieux Mikluš nous livre peu à peu la terrible histoire de quelques membres de son peuple. Au-delà de l'inscription dans cette communauté particulière que cette fiction nous fait découvrir pudiquement, ce roman évoque le mur du silence qui recouvre les secrets de famille, et la difficulté d'en faire éclater les briques. Une mélodie aux accords discordants, comme toute vie.
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Le silence ne sera qu’un souvenir

Une immersion dans une communauté rom près du Danube, qui marque la frontière avec le monde des gadjos.

Le narrateur est un vieil homme, qui dévoile par bribes la terrible histoire d'un enfant, ostracisé au sein des siens en raison de sa blondeur, et attaché viscéralement à son violon, sa seule possession.

La musique est omniprésente, pour le simple plaisir de jouer ensemble, pour gagner quelques pièces auprès de touristes ou dans des restaurants.

Omniprésente aussi, la violence, ancienne lorsqu'il s'agissait des nazis pour lesquels cette race inférieure n'était que chair à expérience, et actuelle quand des néonazis organisent des chasses aux tziganes... et, aujourd'hui comme hier, viol de femmes par des hommes, proches ou inconnus.

Deux femmes, deux générations, deux histoires où se mêlent amour et détresse, sont au centre du livre, et les douloureux liens (de sang) avec celle du petit garçon apparaissent petit à petit.

En refermant le livre, on entend encore le chant de l'enfant, celui du violon, et celui du chnep, "un petit piaf de chez nous"...



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Le silence ne sera qu’un souvenir

Difficile de parler de ce livre... Soyons clairs, le texte est absolument magnifique, Laurence Vilaine a trempé sa plume dans un bain de poésie, aucun doute là-dessus...

Quant à ce qu'elle nous raconte... eh bien elle nous raconte plein de choses dont il est un peu difficile de faire le tri..., des choses dures, terribles, atroces même…

D'abord, il y a la communauté Rom : c'est Miklus le narrateur un vieux tsigane, qui raconte son histoire tout en évoquant sa communauté, ces Roms qui se sont sédentarisés sur la rive slovaque du Danube, de l'autre coté du rideau de fer (en tous cas jusqu'à la chute du mur de Berlin évoquée dans ce roman) ; ils se sont installés dans un campement de fortune sur les bords du Danube, un endroit qui n'est que poussière et chaleur en été, boue, déluge et froid en hiver, misère et saleté en toutes saisons. De ces Roms, il nous dévoile certains traits par petites touches, leur amour pour la musique, leur besoin de promiscuité, leur sens de la fête, leur méfiance envers les « gadgé »…

Ensuite il y a l’histoire dont il aurait du parler depuis longtemps mais qu’il n’a jamais eu le courage de révéler qui met en scène une jeune et belle femme Rom et un violoniste « gadjo ». C’est une histoire qui prend sa source pendant la 2ème guerre mondiale, sous le règne nazi, et qui se perpétue de nos jours, dans l’indifférence générale, voire l'hostilité que suscitent les malheurs du peuple Rom. Une histoire de malheur, de discrimination, de génocide, où la musique tient une place prépondérante et fait se rencontrer les communautés tsiganes et juives, les peuples opprimés et rejetés depuis l’aube des temps.

Mais cette histoire, et je ne vous en révèlerai pas plus, est une histoire extrêmement triste, terrible, insoutenable, où le (mauvais) sort s’acharne, la folie rôde et le destin frappe avec une violence maléfique, à la limite du rationnel, alors que Miklus, rongé par le remords parce qu'il a plusieurs fois laissé passer l'occasion de parler et d'arranger les choses, mais plein de tristesse et d'humanité, dévide ses souvenirs...

Un récit envoutant et dérangeant, difficile à lire donc, et en ce qui me concerne, j’étais contente de refermer mon livre… en attendant le prochain roman de Laurence Vilaine dont la qualité d’écriture m’a « scotchée » !

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Le silence ne sera qu’un souvenir

En lui seul, le titre de ce roman porte les accents mélancoliques qu’on sentira vibrer tout au long du récit. Mélancolie qui, chez les Tsiganes, les Rom, les Manouches fait bon ménage avec une soif de vivre chevillée au corps par des siècles de persécutions et de rejets quel que soit le point cardinal où l’on pointe le regard. Mélancolie des violons, musique omniprésente qui transmet mieux que les mots la culture et la profondeur des sentiments d’un peuple fier et fidèle à ses traditions.



La puissance de ce roman s’annonce dès l’incipit. Magistral, il est à la mesure d’une écriture qui frappe aussi fort qu’une pluie d’orage. Le décor est posé, sans concession, sans flonflons, sans l’hypocrisie ni la frilosité qu’on retrouve si souvent quand il s’agit d’aborder, romancée ou pas, la question des différences, de l’exclusion, du déplacement des peuples et de leur rejet.

Laurence Vilaine fait entrer le lecteur chez les Tsiganes par la voix d’un mort de fraîche date, Miklus, doyen du clan, dont le poids des souvenirs trop lourd à porter impose qu’il s’en déleste. Ce sera auprès de celles et ceux qui tourneront les pages, plus ou moins désorientés comme les gadjé peuvent l’être dans ce monde dur à cuir, dur à mourir mais qui survit, pugnace, entêté, sur la friche des Cigàni, à Supava, sur la mauvaise rive du Danube. Ou comme partout ailleurs.



L’histoire ? A travers celle de l’énigmatique Dilino –l’idiot-, enfant à peau claire et cheveux blonds, qui joue du violon en silence, que les autres malmènent, qui vit à l’écart du clan, c’est celle de ses ascendants qui refait surface. En trame de fond, c’est finalement aussi celle des destins douloureux et tourmentés des Tsiganes du monde entier que l’auteur livre en 173 pages d’un récit émouvant, dérangeant parfois, instructif et captivant toujours.

Le talent de l’auteur n’y est pas pour rien. Laurence Vilaine possède un style tout à la fois direct et poétique, riche, vibrant, coloré, dense.

Une très belle et puissante écriture qui signe l’entrée en littérature d’un écrivain dont, je l’espère sincèrement, on entendra parler.



Extraits

… Etions-nous forgerons, vanniers ou rétameurs, nous n’étions attendus nulle part. Retors à éduquer et à blanchir, ils nous ont frotté le dos pour nous emmener propres à la ville : ils ont jeté au feu tout ce qui n’était pas digne de prendre place dans les logements qu’ils nous réservaient et nous rendraient civilisés. Pensaient-ils vraiment que nos différences se consumeraient en un frottement d’allumette ? La vie de plusieurs générations s’est envolée dans la fumée épaisse de nos cabanes en cendres…



… Il me parlait normalement, je veux dire sans ces efforts d’articulation que fournissent parfois certains gadjé qui, quand ils n’aboient pas comme des chiens, croient nécessaire de s’adresser à nous comme à des arriérés ou des étrangers. On dirait qu’ils s’entêtent à ignorer que nous partageons le même pays, et du même coup, ne soupçonnent pas que, pour une fois, peut-être le seul certes, nous avons bien souvent un avantage sur eux qui s’appelle le bilinguisme…



… Nos superstitions nous empêchaient-elles de parler des malheurs, des viols et des morts, ou nous convainquions-nous sottement que le silence les ferait sombrer dans l’oubli ? Nous ne poussions pas si loin l’analyse ; et par habitude surtout, transmise depuis des siècles, nous nous accommodions de l’amertume qui nous collait au palais, en espérant secrètement une saveur sucrée qui la camouflerait, un pis-aller finalement, comme le sirop rouge sans saveur qui enrobe les pommes des fêtes foraines


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Le silence ne sera qu’un souvenir

Sur une rive slovaque du Danube, vit une communauté rom. Alors qu'on célèbre les 20 ans de la chute du mur de Berlin et que les journalistes affluent, le vieux Mikluš, lui, est rongé par le passé. Un passé qu'il a toujours tu et dont le poids n'a fait que s'accentuer avec les ans.

Alors le vieil homme va raconter son peuple à l'un d'eux. Il lui narre l'histoire de sa communauté, son quotidien. Puis, peu à peu, sa langue se délie et bientôt c'est le profond secret autour duquel se joue un terrible drame familial que Mikluš confie à son interlocuteur.



Les éditions Gaïa, connues pour leur catalogue nordique, propose ici leur premier roman français. Et quel roman !! Autant vous le dire de suite, il s'agit pour moi de LA perle de la rentrée qui passera certainement entre les mailles des journalistes mais s'avère pour un premier roman totalement abouti et réussi !



Mikluš est donc le narrateur de cette histoire un peu déstabilisante dans ses premières pages mais très vite impossible à abandonner. Notre homme est mort et cette libération lui permet de se libérer du secret qu'il détient. Il s'adresse à la fois au lecteur et au journaliste. Il commence par évoquer sa communauté, les gamins de Supava qui font le singe devant les touristes pour récolter quelques sous, la défiance des gadjé qui les voit comme de "crasseux tsiganes et voleurs de poule".



Il raconte leur tentative de les loger dans des immeubles les coupant de la Terre et de la collectivité amicale, de la stérilisation forcée des femmes, de l'école qui tente d'inculquer une autre culture aux petits roms. Il remonte l'histoire et parle de l'arrivée des nazis et de leurs méfaits sur les tsiganes : tontes, viols, raffles.

Et puis, à travers son récit, un petit garçon apparait par intermittence. Adam, dit le Petit, dit Dilino. Adam qui ne parle pas, qui n'a pas de famille, qui est le souffre-douleur des autres enfants, troublés par sa blondeur et par sa façon de trainer son violon envers et contre tout. On découvrira aussi Chnepki, désormais La vieille, à moitié folle.

Mikluš, bientôt, remonte l'origine du secret. Il raconte le drame de Chnepki qui lui fit perdre sa gaieté originelle puis l'arrivée de celui qui saura réouvrir ses barrières : Lubko, le vagabond violoniste qui lui donnera une jolie fille Maruska. Il raconte le destin qui s'acharne sur cette pauvre Chnepki, son homme qui s'enfuit avec sa fille pour la sauver de la folie de sa mère. Il raconte leur vie à deux, le travail du bois pour créer des marionnettes. Et le drame qui une fois de plus vient les toucher.

Mikluš raconte tout, il se vide de sa honte, de son immobilisme devant le petit Dilino dont il nous confiera l'origine. Un enfant qu'il n'a pas su protéger, aimer. Un enfant à qui il aura caché jusqu'à sa mort la tragédie qui conditionne son existence.



Vous l'aurez compris, ce roman fait le portrait d'une communauté défaite qui peine à survivre devant les soubresauts de l'histoire, la haine de ses voisins (sera évoquée les nouveaux cranes rasés qui errent dans cette Allemagne contemporaine), l'indifférence du monde devant les persécutions passées et non jugées (Nuremberg les a oublié...), tout comme les humiliations d'aujourd'hui. Mais c'est aussi le portrait d'un groupe qui vit au rythme des saisons, qui se refuse à toute porte entre les personnes, pour lesquelles l'entraide n'est pas un vain mot.

C'est un peuple fier qui continue à vivre libre et à s'épanouir dans des travaux manuels et dans ces joyeuses orgies musicales où chacun s'oublie dans le flot des violons.



Le roman est aussi l'histoire d'une famille qui voit construire son histoire dans un drame perpétuel qui dépasse les générations. C'est l'histoire de ce petit Dilino et de ses ancêtres, bousculés par une vie faite de malheurs, d'intolérance et de misère.



Le silence ne sera qu'un souvenir est véritablement un roman magnifique que l'auteur a écrit dans une prose poétique qui reprend les lancinants sanglots du violon tsigane. Laurence Vilaine nous offre ici un condensé d'émotion qu'on penserait écrit par un tsigane lui-même tant cette communauté est si bien décrite et interprétée. Pour un premier roman, je le répète, c'est un coup de maître !



C'est une histoire à la fois dure et douce. Une histoire qui parle d'amour et de souffrance. Une histoire que personne ne pourra oublier après avoir tourné la dernière page de ce roman que vous devez ABSOLUMENT découvrir !



Mais " N'oubliez pas que les fins heureuses n'ont jamais été le fort des histoires tsiganes"...
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