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Critiques de Laurence Vilaine (93)
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La Géante

Voici aujourd'hui un court roman, 187 pages à peine, que j'ai trouvé à la fois étrange et très poétique.

La Géante c'est la grande montagne qui semble veiller sur le village.

Noële vit là, dans la vallée avec son jeune frère muet de naissance qui aime la nuit avant tout et la montagne, ramasser de la pyrite dans les ruisseaux et chanter avec le grand duc. Leur mère est morte en mettant le petit garçon au monde. Le père est reparti un matin pour travailler et n'est jamais plus revenu. Les enfants ont été élevés par une vieille tante qui est une simple voisine qui les a pris sous sa coupe et a pris soin d'eux, même si elle-même était plus que démunie jusqu'à sa mort. Elle a appris à Noële à cueillir les plantes qui soignent.

Noële ne connait rien à la vie, le lecteur ne sait pas son âge. Elle ne connait rien à l'amour non plus, vu que le village est perdu en haut de la vallée... et qu'elle n'a jamais quitté ses montagnes.

Mais un jour, un homme débarque et s'installe dans la "maison froide" en face de chez elle. Il vit simplement, reçoit de nombreux courriers de toutes provenances d'une femme amoureuse, se dit malade et explique ses absences par des visites médicales et des envois au journal dans lequel il rédige des chroniques littéraires. C'est Maxim. Il était photographe dans les zones de conflit. Son amoureuse, Carmen, aussi...



Par petites touches subtilement amenées, grâce à l'alternance du récit qui donne la parole à l'un ou l'autre des personnages, le lecteur découvre ce que chacun a enfoui au fond de lui-même.

Noële se fait indiscrète, lit les lettres que lui ne veut plus lire, en apprend chaque jour davantage sur leurs relations. Elle devient le témoin d'un amour qui n'arrive pas à s'exprimer et peu à peu comprend ce qui relit deux êtres qui s'aiment...Elle va peu à peu grâce aux mots qu'elle lit et qu'elle intègre redécouvrir son corps, et renouer avec la vraie vie.

Le lecteur ne sait pas toujours où il en est, mais se laisse porter par les propos. Il découvrira peu à peu pourquoi Carmen, cette "femme qui monte" au long manteau est venue jusqu'au village en plein hiver (le roman commence par là), pourquoi Maxim s'est installé là dans ce village du bout du monde, pourquoi Noële a baptisé son petit frère qui ne parle pas, Rimbaud, et pourquoi elle a si peur d'aller au-delà de la "Pierre debout" et de suivre les sentiers qui montent vers le sommet de la Géante.

La fin m'a cueilli sur un chemin que je n'avais pas pris, une belle surprise donc.

Un livre à savourer mais à lire d'une traite pour rester sous le charme de ce très beau texte, une véritable ode à l'amour.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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La Géante

Lecture débutée et terminée un matin au levé du jour. Rien de plus beau avec cette poésie et cet hymne à la nature!
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La Grande Villa

« Ce que nous avons eu, que nous avons perdu, qui est parti, laisse en nous un vide permanent, irréparable. »



La narratrice est seule dans une grande maison au bord de la mer, c’est le deuil de son père qu’elle vient faire là, mais aussi la grande villa devient résidence d’écriture, pour se souvenir, pour sortir de soi les émotions enfouies et pour lui écrire sa peine, ses regrets, les mots qu’elle n’a pas su lui dire. Et comme il n’y a pas de boîte aux lettre à la grille des cimetières, elle en fait un livre entre récit et roman, entre ombre et lumière.



«  Reste à faire de la littérature pour remplir les espaces vides de la mémoire ».



On ne saura pas grand-chose de ce père mais elle assistera impuissante à sa lente décrépitude et à son isolement social, ne reste que la villa, les pièces où elle a entendu le son de sa voix, la lumière du matin à travers la fenêtre.



Disons que cette lecture avait mal commencé : que fait-elle seule dans cette grande villa ? Et pourquoi je n’arrive pas à prendre le train du roman ? C’est peut-être aussi le style qui m’a un peu dérouté au début. Et puis la magie des mots et les belles phrases sur la nécessité mais aussi les difficultés de l’acte d’écrire m’ont séduit.



Un texte très sensible, souvent poétique où l’on comprend que chaque phrase a été travaillée, ciselée, comme l’œuvre d’un orfèvre.



« Écrire, c’est peut-être ça. Un peintre qui s’envole et des lumières qui dansent ».



Challenge Riquiqui 2023.

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La Géante

Je pense que ce roman n’était pas vraiment pour moi. L’écriture est poétique mais cela ne m’a pas transporté. Les personnages sont taiseux et durs (description très raccourcie des montagnards…)

Je n’ai sûrement pas dû comprendre toutes les subtilités du récit mais finalement il ne se passe que très peu de choses, toutes narrées de façon très elliptiques. Bref, c’est long, c’est lent. Un beau rapport à la végétation et la nature tout de même.
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La Géante

La géante, imposante, règne sur le paysage et les êtres qui l'entourent. Noële d'abord qui vit à son rythme, qui fait commerce de ses fagots, de ses plantes et qui chante si bien la nature qui lui procure tout cela. Rimbaud, le frère de Noêle, chante lui aussi mais ne parle pas.

Et puis, arrive Maxim qui vient respirer le bon air de la Géante pour soigner son cancer...

Le verbe de Laurence Vilaine est fort et puissant, coloré et poétique, dédié à la nature et à la découverte de l'Autre.
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La Géante

«  Le monde est froid quand tu n'y es pas » .



«  «  La vie n'est pas sans épines, il va falloir que tu t'occupes de tes hommes, petite » .



«  Je déterrais les racines de guimauve, cueillais les dernières noisettes et sous les hêtres guettais les premiers pieds- de - mouton » .



Quelques passages de ce roman si singulier, une nature grandiose aux pieds de cette géante, dans les vallons de la Bendola, cette montagne mystérieuse , à la présence aussi silencieuse que majestueuse, tranquille, immuable, imposant son rythme ,fournir les fagots pour l'hiver, bourrache, gentiane ou bleuet pour les onguents et les tisanes, à la fois baume pour les hommes mais aussi menace grandiose , empreinte de solennité et de gravité , un rappel utile , constant à la fatigue et au chagrin éventuel, sauvage et élégant , rappel à une certaine humilité , au respect pour ceux qui osent y pénétrer .



«  Y pénétrer , c'est dire au monde si le diable veut bien, parce ce que c'est lui qui ouvre la route , caché sous les pierres rondes de la calade, douze lacets abruptes jusqu'à la clairière d'Agu, un chemin de croix sans station » .



«  Tu dois y monter sans t'arrêter, disaient les anciens » .



Noële a toujours vécu au pied de la géante, ,cet endroit pétri de mystère, de superstitions si anciennes , de ruses , un peu sorcière , vivant avec son frère Rimbaud qui ne parle pas mais chante avec le grand - duc, élevés par leur tante , qui les as recueillis , ces deux - là ne font qu'un avec cette terre rugueuse.



Noële sait bien qu'on ne peut rien attendre du ciel , ne lève plus les yeux vers lui depuis longtemps .



Repliée loin de tout , elle mène une existence aussi rugueuse et dure qu'un silex , un chemin à la pente très forte ,vouée au travail, enveloppée dans un nuage de sorcellerie .



Soudain surgit dans sa vie , l'histoire de deux inconnus , dont un certain Maxime , très malade , qui vient s'installer dans «  la maison froide », laissant loin derrière lui, sa petite amie Carmen et sa vie tumultueuse.



Noële découvre alors ce que peut être le manque et le désir, l'amour qui encombre ou qui porte très haut , l'absence , le poids intense des mots , cela bouleversera sa vie …. Elle aimera par procuration ….



C'est un roman initiatique d'une grande beauté , à la structure fragmentée , au début très obscure, l'auteure n'a pas son pareil pour décrire la nature avec un grand N , l'écriture est poétique , subtile, ciselée et originale,



J'ai vraiment eu du mal à comprendre les 90 premières pages malgré la beauté du texte, l'écriture est pourtant très soignée , délicate , la langue riche , incroyablement poétique , puis plus tard le récit très touchant nous prend aux tripes .



Il nous faut patienter et revenir en arrière .



Un roman qu'il faut s'approprier !



« De la douceur je n'ai connu que les oreilles d'ours qu'enfant je cueillais et glissais dans mes poches. La Tante me houspillait, l'école prend déjà bien assez de temps , il y a autre chose à faire que se caresser le menton.



Couper, tailler, cueillir, le bois , le feu, les plantes, ramasser, effeuiller , sécher, ensacher, ranger, aller porter. de la douceur à coups de kilomètres dans les mollets et de besognes en rentrant ,aux fourneaux, au grenier, ,à la table ,jusqu'à tard » …..











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La Géante

Belle découverte, un hommage à l Amour pur et sauvage. Celui des femmes, de la nature, d' une soeur et d un frère, d une enfant pour sa mère, d une inconnue pour des enfants et de la nature pour les humains. L Amour n est il vraiment que féminin ou innocent, il faut beaucoup aimé les hommes pour laisser advenir leur part de féminité. Écriture magnifique, je rajoute toutes les étoiles du ciel de Corse (c est là que j ai voulu imaginé La Géante) à mes quatre petites étoiles, ce roman en vaut largement cinq à mes yeux.
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La Géante

Noëlle vit seule depuis le décès de la Tante, au pied de la Géante, cette imposante montagne de laquelle elle tire les ingrédients pour ses tisanes et ses onguents.

Arrive Maxime, journaliste taiseux et sa relation épistolaire avec Carmen qui va venir perturber le quotidien pourtant si simple et pur de Noëlle.



Le récit se veut simple, beau et poétique, pourtant, j'ai eu un peu de mal à être emballée et à me plonger réellement dans l'histoire.
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La Géante

Noële a été élevée au pied de la Géante, montagne qui s’impose et donne son rythme aux habitants des lieux. Avec son frère Rimbaud, elle a été recueillie et élevée par la Tante qui lui a transmis quelques secrets sur les plantes et la nature. L’apparition dans sa vie de Maxim et Carmen va bouleverser l’immuabilité de sa vie et l’emmener sur les chemins de l’amour et du désir.



Ce récit s’apprivoise petit à petit. Il faut se laisser porter par la plume de Laurence Vilaine qui regorge de poésie, de sous-entendus, de métaphores pour entrer dans l’univers de la Géante et de Noële. Se laisser déborder par la relation de Maxim et de Carmen dont Noële est à la fois témoin et actrice.



L’avouerais-je ? Je ne suis pas sûre d’avoir saisie toutes les subtilités de cette histoire et d’avoir lu tout ce qu’il fallait lire entre les lignes du récit. La Géante fait sans doute partie de ces livres qui supportent sans soucis une seconde lecture pour mieux les appréhender.



Malgré tout, j’ai été très sensible à la délicatesse de l’œuvre, au cheminement de Noële qui va découvrir, au contact de Maxim et Carmen, ce que peut être l’amour passion mais aussi les douleurs qui l’accompagnent. J’ai été transportée au pied de la Géante, dans cette nature que Noële a apprivoisée grâce aux secrets que lui a livrés la Tante. J’ai été émue par le Rimbaud, le frère de Noële, qui, s’il ne parle pas aux hommes, sait communiquer avec les animaux.



C’est, à tout point de vue, un livre riche. Par la langue qu’il utilise, par les images et les émotions qu’il véhicule, par la profondeur du texte. A lire, et peut-être à relire.
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La Géante

Il m'a fallu du temps pour entrer dans ce roman, me laisser happer par la langue poétique de Laurence Vilaine, commencer à distinguer les décors, les personnages, la temporalité. Un début de lecture aride et pourtant entrainant, à l'image de cette montagne, La Géante, qui domine la vue, donne et reprend au fil des saisons, ne se laisse apprivoiser que par celles et ceux qui savent le danger des pierriers, les bienfaits des plantes et la chaleur d'un foyer.

Noële y vit depuis toujours une existence aussi rugueuse que ses mains jusqu'au jour où Maxim s'installe a côté de chez elle. Il a choisi l'exil et la solitude pour lutter contre la maladie qui le ronge. Carmen lui écrit chaque semaine des lettres d'amour que Noële lit en cachette.

Elle est peu à peu touchée par ces mots qui ne lui sont pas destinés, des mots plein d'émotions jamais ressenties qui s'infiltrent peu à peu dans sa vie pour y faire naitre un peu de douceur, d'envie et de souvenirs enfouis.

Il se passe peu et beaucoup de choses dans ce roman, des destins qui se croisent, des promesses non tenues, des deuils et des renaissances, des combats à mener et le ressac de la mer.



Un joli moment de lecture plein de poésie qui donne envie de palpitant dans le cœur et de montagne à gravir.
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La Géante

C'est un roman doux et beau qui se lit comme un poème, qui se savoure page après page. Un roman qui nous cueille par la délicatesse de ses mots.



On y suit Noële sur les traces d'une inconnue qui ne l'est pas tant, dans les méandres d'un amour qui n'est pas le sien, sur le versant d'une montagne qu'elle connait par cœur - ou presque. Une ode à la nature, à l'amour, et aux tourbillons de la vie.
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La Géante

Les immortelles bleues.



Noële, la narratrice de ce roman, est rude comme les montagnes qu’elle habite depuis toujours. Ici, l’hiver arrive plus tôt que dans la vallée et les fagots qu’elle prépare pour les cheminées du village sont comme un peu de vie qu’elle ferait entrer dans les maisons. Depuis sa fenêtre, tous les soirs, elle observe la Géante, un pic qui parait inaccessible, au sommet duquel dit-on pousse des immortelles bleues… Mais, depuis peu, elle observe aussi les allers-retours d’un homme venu s’installer dans la Maison Froide, un homme mystérieux et insondable dont elle va, par le biais de lettres volées, découvrir l’histoire.



Laurence Vilaine est une poétesse. Au fil des pages de ce court roman, elle joue avec les mots et dissémine au compte-goutte une intrigue aussi captivante que déroutante. A travers une histoire d’amour contrarié mais aussi le portrait de Noële qui n’a jamais connu la tendresse ni la vie à deux, elle dresse un tableau incroyablement humain et sensible. Ses personnages semblent réels et, quand la fin arrive, on se dit qu’on continuerait bien un peu la route avec eux… La puissance des paysages est décuplée par sa plume ciselée et très originale



Une fable puissante et hypnotique.
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La Géante

J'ai lu "La Géante" de Laurence Vilaine dans le cadre du Prix "Passeurs de Mots" 2023 auquel participe ma médiathèque : 5 romans présélectionnés avec la nature pour thématique cette année, et ce sont les lecteurs qui votent pour leur titre préféré. Il est rare qu'une lecture me laisse une impression aussi étrange. Je ne saurais dire si j'ai vraiment apprécié ce roman ou pas, mais j'ai été assurément interpellée par son écriture.



Noële, la narratrice, vit en solitaire au pied de la Géante, une montagne aussi protectrice qu'impitoyable. Orpheline, elle a été élevée avec son frère par une femme du village qui lui a appris la science des plantes et comment tirer partie de la nature omniprésente. Sans âge, un peu sorcière, elle vit désormais au service des autres, s'oubliant totalement derrière ses oripeaux. L'installation dans la maison d'en face de Maxim, un journaliste venu se réfugier loin de tout pour affronter le cancer qui le ronge, va bouleverser sa vie. A travers la correspondance que lui envoie son amante Carmen qu'il refuse de voir, Noële va découvrir les douceurs et les souffrances de l'amour.



J'ai bien décelé toute la beauté de l'écriture de l'auteure. C'est la poésie de chaque mot qui souligne aussi bien la rudesse de cet univers de solitude imposé par la montagne, que la magie de l'éveil de Noële au sentiment amoureux. J'ai aimé le contraste avec ce lieu coupé du monde et de son agitation qui vit au rythme de la nature, capable d' imposer à Maxim et Carmen, journalistes, donc en lien permanent avec l'actualité mondiale et les réseaux, à correspondre par ce moyen si désuet qu'est la lettre. Malheureusement, ce côté très lyrique du texte me l'a rendu imperméable. J'ai vécu dans un rêve éveillé, ayant du mal à suivre des personnages qui évoluaient comme dans un théâtre d'ombres, impression accentuée par le fait que passé et présent se mélangent allégrement.



Je suis restée sourde à la beauté de ce roman initiatique auquel j'accorde un 12/20 car j'en reconnais tout de même les qualités d'écriture. Le sentier à gravir pour en découvrir toute la magie du sommet était sans doute trop escarpé pour moi...
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La Géante

Ce roman parle d’amour : l’amour de la nature, l’amour à sens unique, la découverte de l’amour, de l’amour de soit.

Ce roman est un poème, une prose qui vous entraîne, qui vous fait rêver et marcher dans forêt.

Ce roman est puissant, grâce à ses métaphores et ses descriptions.

Ce roman est une pause bienvenue dans un quotidien tendu !
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La Géante

Emprunté par hasard dans ma nouvelle bibliothèque j'ai d'abord eut beaucoup de mal à commencer ce roman. Aucun repère dans le temps, récits croisés, j'étais perdue. Puis je me suis laissée aller et là....

Je recommande vivement La Géante, roman épistolaire qui nous entraîne dans une nature hors du temps enveloppée d'un nuage de sorcellerie.
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La Géante

« Partir dans la montagne par une nuit calme et sombre comme l'enfer pour y trouver la folie ou la félicité, c'est peut-être cela vivre quelque chose. »

Jón Kalman Stefánsson



C'est en flânant dans une libraire que mon regard s'est posé sur ce livre aux couleurs franches qui marient la chaleur de l'orange et la profondeur du bleu. Cette couverture m'a rappelé les superbes critiques de mes amies DianaAuzou et Ladybirdy que je vous encourage à lire. Quant à moi, je les remercie, leurs deux billets m'ont permis de découvrir une petite pépite.



Le nature-writing et les jolies plumes poétiques m'attirant comme un aimant, j'ai commencé à le feuilleter et après avoir lu l'incipit, je n'avais qu'une envie, celle de poursuivre ma lecture tranquillement chez moi.



Après une première lecture où je suis malheureusement restée en surface, une relecture m'a permise de ne pas passer à côté de ce roman beau et fort, en comprenant ce qui m'était demeuré trop flou et pas assez explicite au départ.



*

Ce court récit nous emmène dans les vallons de la Bendola, au pied de la Géante, cette montagne dont la présence majestueuse, tranquille et silencieuse est à la fois un baume pour les maux des hommes, une gardienne, une bienfaitrice, mais également un menace, un rappel constant à l'humilité et au respect pour tous ceux qui s'y aventurent.



« Ton coeur devient petit, c'est celui de la Géante que tu entends battre. »



Compagne des bons et des mauvais jours, elle rythme la vie des hommes qui vivent en son sein dans une alternance d'ombre et de lumière, de passé et de présent, où les harmonies complexes des voix se répondent et s'emboitent les unes dans les autres.



*

C'est dans cet endroit reculé plein de rudesse, de mystères et de superstitions que vivent Noële et son frère Rimbaud. Elevé simplement par leur tante, ils ne font qu'un avec cette terre qui les a vu grandir : Rimbaud le muet vit la nuit à l'écoute du Petit-Duc, cherchant à la pleine-lune dans le lit de la rivière Bendola des petits cailloux dorés ;



« Mon unique culotte avait un large trou

- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course

Des rimes mon auberge était à la Grande Ourse

- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou »



quant à Noële, la narratrice, un peu sorcière, elle suit les pas de sa tante, vivant de ce que lui offre généreusement la nature, cueillant dans la montagne des plantes médicinales pour en faire des tisanes et des onguents, ramassant du petit bois pour les longs mois d'hiver. Dans cette vie de labeur et de solitude, elle n'y puise aucune chaleur. Elle ne sait pas ce que signifie aimer. Orpheline, personne ne le lui a appris. Elle ne connaît ni la tendresse, ni le désir, ni le réconfort de bras qui vous enserrent.



« La vie n'est pas sans épine. »



*

Les mots de l'auteure insufflent une force et une âme à ce récit. Mon esprit s'est chargé d'images, d'odeurs, de couleurs et d'impressions.

J'ai aimé suivre Noële, emprunter les sentiers balisés par les sangliers et les chevreuils, mêler mes pas aux siens, la regarder vivre en parfaite harmonie avec la nature. Ignorante, je l'ai regardée fagoter, chercher les plantes qui soignent.



*

Et puis, un jour, un homme, Maxim, vient s'installer pour quelques temps dans « la maison froide ». Il recherche le silence, la discrétion, la solitude, loin de l'agitation du monde dans lequel il baignait jusqu'alors. Il a laissé derrière lui sa vie tumultueuse, bruyante, et Carmen, sa petite amie.







« La guerre battait son plein, il ne voulait personne dans les rangs. Lui seul et le silence, dont il fait son arme. Il voulait tout éteindre, le volume en même temps que la lumière et le bruit du monde, jusqu'aux mots sur le papier qui bruissaient trop fort. Plutôt se taire quand on n'a rien à offrir et aucune promesse à faire… »



*

Noële va se rapprocher de cet homme qui l'intrigue et dont elle sent la peur et la souffrance.

Elle va découvrir les lettres intimes de Carmen qu'il n'ouvre plus et les lire en secret.



Ces lettres d'amour d'une beauté douloureuse sont comme des fils de soie, elles tissent un lien invisible mais résistant entre Carmen et Maxim, entre l'absence et la distance, entre la vie et la mort. Elles sont chargées de douceur et de force, mais aussi de silence et d'ignorance.



« Pour vivre sans l'urgence de te voir, je suis en train de faire de mes espoirs des certitudes pour plus tard. »



« J'ai peur, bien sûr que j'ai peur, mais avec la peur, on ne fait rien. Aussi je la congédie. Parce que la vie, c'est maintenant. »



Pour Noële, cette indiscrétion va lui ouvrir les portes d'un monde qui lui était fermé jusqu'alors. Elle va découvrir ce qu'est l'amour, le désir, l'attirance.



*

L'histoire étant racontée de manière fragmentée, décousue, la structure du récit m'a paru particulièrement obscure au départ. Je ne l'ai comprise que très tardivement, d'où mon envie de reprendre le texte depuis le début.



Sans dévoiler l'intrigue, je vous indique quelques clés pour entrer plus facilement dans ce récit.







*

Ce roman rappelle irrésistiblement un autre roman qui fut un coup de coeur pour moi, celui de « Je chante et la montagne danse » d'Irene Solà dans lequel l'écriture lyrique, la beauté sauvage et mystérieuse de la montagne m'avaient charmée.



*

Pour conclure, Laurence Vilaine est une formidable conteuse.

Je vous encourage à découvrir ce très beau récit dont les thèmes, la solitude et le silence, l'éveil du désir et la découverte de l'amour, la vie et la mort, l'absence et le deuil, peuvent sembler rebattus, mais dont la poésie et la sensibilité m'ont charmée et totalement emportée.

« La géante » est un magnifique roman qui se révèle par la délicatesse des mots, la beauté de la nature et de cette Géante, la simplicité des personnages qui se découvrent comme un voile que l'on soulève et que l'on rabat délicatement par pudeur.
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La Grande Villa

« La Grande villa » est un autre coup de cœur 2022. Je suis tombée dessus par hasard. Peut-être est-ce le nom de l'auteure Laurence Vilaine. Et puis, elle vit à Nantes, donc pas très loin. Ce court texte a été écrit lors d'une résidence d'écriture à Marseille.

La grande villa, elle y retourne après le décès de son père. C'est une expérience intime de la perte. La pensée émerge entre les silences et les longueurs à la piscine. Il y a la lumière qui dessine dans chaque pièce des arabesques, des rides, des démarcations. Il y a la lumière, fenêtre entre le passé des souvenirs et le présent. Cette lumière encourage à toucher puis abandonner les choses agréables, les odeurs, les sons, le vent. Ce que l'auteure voit n'est plus là. Sauf, peut-être la couleur rouge, celle de l'armoire dans le vestibule et une carte postale, copie d'une peinture De Toulouse Lautrec, Rosa la Rouge.

J'ai été captivé par l'étrange attachement de l'auteure à sa maison d'enfance. Sans doute parce que mes parents n'ont jamais été propriétaires et que je ne le suis pas non plus. L'enfance, on fait des réserves de souvenirs pour prévenir le manque. La perte permet aussi de réinventer certains souvenirs. J'ai aimé son style, les ruptures de rythmes dans les scènes de la piscine. L'absence de dialogue, même avec le père absent affaiblit le texte introspectif. "Quand le tournis m'assoit par terre, je souris en rêvant."

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La Géante

La Géante, c’est la montagne impressionnante et familière, réconfortante et froide, majestueuse et généreuse. C’est à ses pieds que grandit Noële (avec un « l ») et son frère muet qu’elle a surnommé Rimbaud, élevés par la Tante dont elle suit les traces.

Elle ramasse, cueille, conserve et empile avec beaucoup de respect et de sagesse ce que la Géante lui offre. Une vie bien tracée jusqu’à l’installation d’un journaliste rongé par la maladie dans la « maison froide » voisine de la sienne. Une rencontre qui va bouleversée sa vie, l’ouvrir aux mots et aux sentiments.



Un roman comme un bijou qui ne se lit pas mais se contemple. Dans une langue riche, soignée, et sublimée, le récit est rythmé par des bribes de souvenirs, des douleurs, des lectures de lettres, des contemplations ou des mouvements des corps qui en autant que les mots.



Des mots qui éveillent Noële à l’amour, au désir mais aussi à la solitude et au silence.

Des mots qui ébauchent la vie des personnages sous les yeux de la Géante, plus qu’une nature environnante, un personnage à part entière.

Des mots qui monopolisent les sens, qui s’échppent au gré du vent ou s’écrasent sur le col de La Géante.

Des mots qui viennent du cœur, ceux qu’on tait, ceux qu’on étouffe

Des mots violents, doux, timides et tous ceux que le silence sait si bien dire.



Un roman d’une splendide beauté !


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La Géante

La Géante , Laurence Vilaine, Editions Zulma****



Si on me demandait quelle est l’histoire que raconte ce roman, je dirais que c’est une histoire de sens, de leur langage simple à lenteur de fleuve d’où des vérités s’échappent et trouvent leur interlocuteur dans la montagne, la Géante, dans les rivières, dans l’air ou dans le ciel, auprès des bêtes, en foulant la terre. « J’ai été élevée sans broderies et aux couleurs de la pierre et des forêts sombres. » p.107. L’histoire est racontée à la première personne par « Noële, oui. Avec un seul l » p.93. Elle vit au pied de la montagne depuis son enfance, depuis que sa mère a été emportée dans l’au delà en donnant naissance à son frère « ma mère était plus blanche que les lys, elle s’était éteinte sans une braise pour éclairer la nuit qui l’emportait, et Rimbaud naissait sans un cri… Sa voix est restée dans les ténèbres et il est venu au monde sans le dire à personne. » p.44. « Et jamais il ne parle à personne. Jamais une poignée de main et à peine un regard à qui le croise ou lui parle, il n’y a que les pierres et les bêtes qui ont grâce à ses yeux, peut-être parce que, comme lui, les unes n’ont pas de voix et les autres, pas de mots. » p.21.



Je reste sous le charme de la beauté de ce texte à qui la plume de Laurence Vilaine donne souffle d’une manière des plus subtiles. Des mots qui disent le silence la solitude l’amour le désir. L’histoire est racontée par bribes, déchirures, extases, souvenirs, lectures presque indiscrètes de quelques lettres d’une femme amoureuse. Il y a des moments où la narration s’arrête pour suivre les mouvements d’un corps dont le langage frappe les yeux, saisit les entrailles : « ...avec les poings elle a cogné comme on cogne parce qu’on devient fou d’être enfermé. Les coudes saillants sous le grand manteau laissaient deviner son corps fin en dessous, mais le corps fin ne laissait rien préjuger de sa force. » p.17.

Il y a les lettres qu’une femme, Carmen, écrit à l’homme qu’elle aime, Maxim réfugié dans ces lieux pour combattre un crabe qui lui ronge la vie. Elles tombent dans les mains de Noële et le récit, du début à la fin n’est écouté que par la Géante. Quatre personnages et une montagne présente comme leitmotiv, lien, référence, présence immense, force protection et indifférence. Présence - absence, toutes les deux de la même puissance. Et le temps qui va vient et à nouveau s’en va, un pas en avant un pas en arrière, un présent qui se brouille, un passé qui revient, un temps qui monte un temps qui descend, quelques lettre qui laissent entrevoir une histoire , mais un voile cache les lignes nettes et laisse seule une sensation, « ton cœur devient petit, c’est celui de la Géante que tu entends battre. » p.64.

L’histoire se brouille, s’illumine, se noue, se serre, se cherche et se perd, son fil se casse, il est repris plus loin. La force de l’histoire n’est pas dans ses événements mais dans la façon dont elle est ressentie, la Géante en est le témoin fidèle. « Jamais la Géante n’a connu de cri de la sorte...un long cri de guerre… le cri des hommes contre la mort... Et de son dos tellement triste, j’ai été jalouse, de sa nuque pliée et de sa tête à genoux, de l’amour dont elle avait rempli le trou, du couvre-lit pour la nuit éternelle. Et j’ai eu grande pitié de moi. » pp.30-33



Le style de Laurence Vilaine simple, soigné dans le choix des mots, des pauses, des rythmes et de larges respirations donne à cette histoire racontée à la première personne un certain mystère qui présente des personnages plutôt esquissés, suggérés par ce que la vie les a marqués, un manque, un trop plein, un désir à peine avoué par un corps qu’il a touché et surpris. Des silences et des écoutes, un regard tendre sur Rimbaud, le garçon qui ne parle pas : « L’or fait courir le monde mais le monde se trompe de course, on ne fait pas belle fortune en vidant les rivières, et surtout quand l’or est de la pyrite de fer. Aujourd’hui…. Les cailloux qui brillent n’intéressent plus personne car il n’en reste de toute façon plus guère. A part aussi Rimbaud qui cherche et ramasse ceux-là que le monde n’a pas mis dans ses poches, parce qu’à courir, le monde passe à côté de l’essentiel, à côté des discrets, les plus secrets qui scintillent et répondent à la lune... »

La Géante lie relie révèle. Unique, elle est démultipliée dans chacun des quatre personnages, elle fait peur et protège, écoute toujours et ne répond que rarement, mystérieuse et familière, elle est vivante. Elle reconnaît, avec indifférence, les mots qui viennent du cœur, ceux qui s’étouffent et meurent avant de naître, les mots timides, les mots violents, et tous les mots que le silence sait dire si bien.

Une feuille emportée frémit au gré du vent, elle danse, se ploie, gémit chante murmure, elle est fleur et guerrière, elle nourrit notre imagination et touche nos sens du premier au sixième et d’autres encore. C’est aussi l’écriture de Laurence Vilaine. Des pages à relire, s’imprégner d’une atmosphère, et aller jusqu’à la fin car « Sans gravir les montagnes, à moins d’être un oiseau de tout là-haut, on ne peut pas savoir ce qu’il y a derrière. » p.94



Un grand merci à Magali (Ladybirdy), Régine (Zéphirine) et Yves Montmartin qui, par leur chroniques sensibles, m’ont fait découvrir la plume délicate de Laurence Vilaine.
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La Géante

c'est un roman très poétique, avec une belle écriture.

J'ai beaucoup aimé le cadre de l'histoire, un petit village de montagne, les sentiers, le refuge, les bergers.

Cependant je me suis souvent perdu. je n'ai pas bien compris le début de l'histoire. J'ai réussi à mieux comprendre qu'à partir du milieu, et ça m'a aidé à terminer le livre.

Je pense qu'il faudrait que je le relise une autre fois pour mieux comprendre.
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