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Critiques de Laurence Vilaine (93)
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La Géante

" Rimbaud marche toute la nuit, et à l'aube il s'assoit pour contempler sa récolte, seulement quelques pépites, parfois une bonne dizaine qu'il dispose en rond dans sa paume "

Ce roman est une pépite. Gardez le longtemps au creux de votre paume !

Court roman (187 pages ) mais quelle écriture quelle poésie!

L'écriture est ciselée, dentelée comme les pics et les arrêtes des montagnes ou se situe le roman.

Noele vit au pied de la Géante, montagne imposante et austère. La Géante est le personnage central qui veille, qui peut être bienveillante mais qui peut aussi être dangereuse pour qui ne la respecte pas.

Noele, narratrice, fille de cette montagne, sorcière à ces heures, la parcourt en tout sens afin de cueillir les plantes, fabriquer des tisanes et ramasser les fagots de bois qui présage les feux de l'hiver.

Noele a un frère , Rimbaud, qui parle aux oiseaux et qui court les ruisseaux et torrents afin de ramener les pierres d'or.

Noele et Rimbaud ont été élevés dans la montagne par La Tante. C'est la mémoire du pays , la mémoire de Noele.

A ces trois personnages il faut joindre Maxim et Carmen.

Maxim est un journaliste qui vient se ressourcer et se soigner au pied de la Géante.

Carmen est photographe engagée dans un centre sanitaire au Congo. Elle envoie des lettres à Maxim. Lettres que l'amour enveloppe.

Afin de faciliter le travail du facteur, c'est Noele qui apporte les lettres à Maxim.

l'histoire est posée. Seulement l'histoire. Elle ne se raconte pas. Elle émeut.

Pour le reste ce n'est que poésie , délicatesse, découverte ouverture.

L'écriture de Laurence Vilaine est un écrin dans lequel brille la montagne , ses calades , ses marmottes , ses immortelles bleues. L'écriture est précise pour nous dire l'importance d'une robe , d'une blouse , d'une flanelle ou le mouvement d'un chignon. L'écriture devient poétique pour nous enivrer des immortelles des argousiers des sorbiers et des Tiou Tiou Tiou du petit duc.

L'écriture est littérairement suave et élégante quand il s'agit de ressentir l'absence et la distance dans le transport amoureux:

"Je t'embrasse longtemps"

" Tu me manques... un peu. Ca veut dire infiniment "

"Dans ton cou je pose ma tête"

"Je te serre"

"C'est l'heure des silences que l'on chuchote, je t'enveloppe."

c'est un roman du coeur , de l'émotion, des sentiers et des chemins perdus dans la montagne à la recherche d'une chapelle, d'un amour.

Sans aucun doute il mérite une deuxième lecture , installé dans le Mercantour au pied de la Géante. et de la vallée des Merveilles.

Merveille comme ce roman !


















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La Géante

Il m'a fallu du temps pour entrer dans ce roman, me laisser happer par la langue poétique de Laurence Vilaine, commencer à distinguer les décors, les personnages, la temporalité. Un début de lecture aride et pourtant entrainant, à l'image de cette montagne, La Géante, qui domine la vue, donne et reprend au fil des saisons, ne se laisse apprivoiser que par celles et ceux qui savent le danger des pierriers, les bienfaits des plantes et la chaleur d'un foyer.

Noële y vit depuis toujours une existence aussi rugueuse que ses mains jusqu'au jour où Maxim s'installe a côté de chez elle. Il a choisi l'exil et la solitude pour lutter contre la maladie qui le ronge. Carmen lui écrit chaque semaine des lettres d'amour que Noële lit en cachette.

Elle est peu à peu touchée par ces mots qui ne lui sont pas destinés, des mots plein d'émotions jamais ressenties qui s'infiltrent peu à peu dans sa vie pour y faire naitre un peu de douceur, d'envie et de souvenirs enfouis.

Il se passe peu et beaucoup de choses dans ce roman, des destins qui se croisent, des promesses non tenues, des deuils et des renaissances, des combats à mener et le ressac de la mer.



Un joli moment de lecture plein de poésie qui donne envie de palpitant dans le cœur et de montagne à gravir.
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La Géante

Non pas une lecture « traditionnelle » mais plutôt une promenade un peu mystérieuse, voilà le premier sentiment que j’ai eu en refermant ce joli livre des éditions Zulma (offert par ma soeur à laquelle l’autrice avait plu lors d’une rencontre littéraire). Je me suis laissée bercer, à défaut d’emporter, par le quotidien -réel et fantasmé- de la narratrice Noële et de son frère Rimbaud, qui épousent les saisons et le silence de leur montagne baptisée « La géante ». Entre roman initiatique, ode à la nature et aux éléments et réflexion sur l’existence et le rapport à l’autre, les « fenêtres » de Laurence Vilaine m’ont paru à la fois sensibles et singulières. Une découverte intéressante pour les amoureux des mots et donc, par là, du pouvoir de ceux-ci.
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La Géante

Les immortelles bleues.



Noële, la narratrice de ce roman, est rude comme les montagnes qu’elle habite depuis toujours. Ici, l’hiver arrive plus tôt que dans la vallée et les fagots qu’elle prépare pour les cheminées du village sont comme un peu de vie qu’elle ferait entrer dans les maisons. Depuis sa fenêtre, tous les soirs, elle observe la Géante, un pic qui parait inaccessible, au sommet duquel dit-on pousse des immortelles bleues… Mais, depuis peu, elle observe aussi les allers-retours d’un homme venu s’installer dans la Maison Froide, un homme mystérieux et insondable dont elle va, par le biais de lettres volées, découvrir l’histoire.



Laurence Vilaine est une poétesse. Au fil des pages de ce court roman, elle joue avec les mots et dissémine au compte-goutte une intrigue aussi captivante que déroutante. A travers une histoire d’amour contrarié mais aussi le portrait de Noële qui n’a jamais connu la tendresse ni la vie à deux, elle dresse un tableau incroyablement humain et sensible. Ses personnages semblent réels et, quand la fin arrive, on se dit qu’on continuerait bien un peu la route avec eux… La puissance des paysages est décuplée par sa plume ciselée et très originale



Une fable puissante et hypnotique.
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La Géante

Ceci un roman d'amour je pense. L'amour découvert par une jeune femme solitaire au pied d'une montagne. Elle découvre que les gens s'aiment, parfois sans logique, sans le comprendre, sans l'accepter. Et que l'amour peut être puissant, même quand la mort est là, même quand l'exprimer est difficile. Que l'amour qu'elle doit connaître avant tout est celui dû à elle-même. Parce qu'elle aide les autres, elle aime son frère aussi. Mais c'est elle qui est oubliée, au pied de cette géante.

Ce livre est beau, l'écriture est belle. Pour moi c'est une histoire en creux. Pas celle de cet homme ou de cette femme que nous raconte la jeune fille, mais la sienne, avec la géante pour gardienne.
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La Géante

Ce roman parle d’amour : l’amour de la nature, l’amour à sens unique, la découverte de l’amour, de l’amour de soit.

Ce roman est un poème, une prose qui vous entraîne, qui vous fait rêver et marcher dans forêt.

Ce roman est puissant, grâce à ses métaphores et ses descriptions.

Ce roman est une pause bienvenue dans un quotidien tendu !
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La Géante

Elle s'appelle Noële et vit seule avec son frère silencieux Rimbaud. Ils ont été élevé par une tante depuis longtemps disparue. ils vivent à l'ombre de la géante, la montagne tutélaire du pays. puis un jour arrivent dans leur vie Maxim et Carmen, ou plutôt leur histoire à travers des lettres...C'est un magnifique roman, court mais intense, qui nous transporte dans cette nature rugueuse et dangereuse et dans une une histoire pleine de grâce et de délicatesse. Splendide!
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La Géante

J'ai pris un plaisir incroyable à lire ce livre de Laurence Vilaine.

Les mots coulent, glissent et résonnent. Pas de fioriture, juste quelques regards, paroles et pensées magnifiquement déposés sur ces quelques pages.

L'intrigue s'entremêle parfaitement avec la maitrise des mots de l'autrice.

Les temps se mélangent, la Nature et les émotions humaines cohabitent.

L'espace des possibles dans l'ombre d'une montagne immuable et mystique appelée La Géante.

L'histoire d'une femme solitaire qui rentre en écho avec les sentiments amoureux de deux inconnus.

L'amour des lettres et des mots, la Poésie qui surgit au détour d'une virgule, le Brut, le Simple et le Beau qui se réinventent à chaque page…



Je viens de refermer ce livre et manque ostensiblement de subjectivité, mais si cette citation de Laurence Vilaine vous évoque un tant soit peu quelque chose, nul doute que vous ne perdriez pas votre temps à découvrir et parcourir ces quelques pages …



« Ecrire, c'est crier sans bruit, cracher entre les lignes, aimer en secret, frissonner beaucoup ».
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La Géante

Je pense que ce roman n’était pas vraiment pour moi. L’écriture est poétique mais cela ne m’a pas transporté. Les personnages sont taiseux et durs (description très raccourcie des montagnards…)

Je n’ai sûrement pas dû comprendre toutes les subtilités du récit mais finalement il ne se passe que très peu de choses, toutes narrées de façon très elliptiques. Bref, c’est long, c’est lent. Un beau rapport à la végétation et la nature tout de même.
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La Géante

C’est avec ravissement que j’ai découvert l’écriture subtile, poétique et suggestive de Laurence Vilaine dans « La Géante ».

Laurence Vilaine n’a pas sa pareille pour décrire les émotions et nous rendre ses personnages si proches. Ses mots pulsent au rythme des pensées de Noële la narratrice, ils font écho à sa vie rude, proche de la nature. L’auteure excelle aussi à nous décrire cette nature sauvage, parfois effrayante en plantant le décor dans une montagne éloignée et entourée de mystères et superstitions. La nature règne en maître dans ce lieu perdu, on y vit entre soi et l’étranger y est rare. Tout est là, il n’y a plus qu’à dérouler tout doucement l’intrigue.

« Ça sent la terre profonde dans le bois, j’ai pensé aux bêtes sauvages, et aux femmes et aux hommes qui un jour sûrement sont passés par là des années, des siècles avant moi, je me suis dit que le bois n’avait pas voulu d’eux, ni de leurs ponts, ni de leurs chapelles, que la nature est plus forte que les humains qui passent leur vie à chercher leur place »

La Géante, c’est la montagne à l’ombre de laquelle a grandi Noële et son frère muet surnommé Rimbaud, qui se passionne pour les oiseaux. Noële a suivi le chemin tout tracé de la tante qui l’a recueillie et élevée avec son petit frère, elle vit de ce que lui offre la montagne et ramasse ses plantes médicinales et le petit bois qu’elle fagote. Un jour, un journaliste vient s’installer dans « la maison froide » voisine de la sienne. Elle va s’intéresser à cet homme malade et solitaire mais qui reçoit les lettres touchantes d’une femme. Noële, par sa présence discrète, va vivre dans l’ombre de cet homme énigmatique et taciturne. Dépositaire de ces lettres, elle va découvrir l’amour entre les lignes, cet amour qu’elle, l’enfant abandonnée, n’a jamais connu.

On part à la rencontre, au même rythme que Noële, de la femme amoureuse, photographe et bourlingueuse, cette Carmen dont les lettres émaillent l’histoire et c’est émouvant.

« Ses lettres étaient un fils de soie qu’elle tendait dans leur ciel trop grand »



Une belle découverte que ce court roman qui se lit d’une traite et que je recommande.



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La Géante

«  Le monde est froid quand tu n'y es pas » .



«  «  La vie n'est pas sans épines, il va falloir que tu t'occupes de tes hommes, petite » .



«  Je déterrais les racines de guimauve, cueillais les dernières noisettes et sous les hêtres guettais les premiers pieds- de - mouton » .



Quelques passages de ce roman si singulier, une nature grandiose aux pieds de cette géante, dans les vallons de la Bendola, cette montagne mystérieuse , à la présence aussi silencieuse que majestueuse, tranquille, immuable, imposant son rythme ,fournir les fagots pour l'hiver, bourrache, gentiane ou bleuet pour les onguents et les tisanes, à la fois baume pour les hommes mais aussi menace grandiose , empreinte de solennité et de gravité , un rappel utile , constant à la fatigue et au chagrin éventuel, sauvage et élégant , rappel à une certaine humilité , au respect pour ceux qui osent y pénétrer .



«  Y pénétrer , c'est dire au monde si le diable veut bien, parce ce que c'est lui qui ouvre la route , caché sous les pierres rondes de la calade, douze lacets abruptes jusqu'à la clairière d'Agu, un chemin de croix sans station » .



«  Tu dois y monter sans t'arrêter, disaient les anciens » .



Noële a toujours vécu au pied de la géante, ,cet endroit pétri de mystère, de superstitions si anciennes , de ruses , un peu sorcière , vivant avec son frère Rimbaud qui ne parle pas mais chante avec le grand - duc, élevés par leur tante , qui les as recueillis , ces deux - là ne font qu'un avec cette terre rugueuse.



Noële sait bien qu'on ne peut rien attendre du ciel , ne lève plus les yeux vers lui depuis longtemps .



Repliée loin de tout , elle mène une existence aussi rugueuse et dure qu'un silex , un chemin à la pente très forte ,vouée au travail, enveloppée dans un nuage de sorcellerie .



Soudain surgit dans sa vie , l'histoire de deux inconnus , dont un certain Maxime , très malade , qui vient s'installer dans «  la maison froide », laissant loin derrière lui, sa petite amie Carmen et sa vie tumultueuse.



Noële découvre alors ce que peut être le manque et le désir, l'amour qui encombre ou qui porte très haut , l'absence , le poids intense des mots , cela bouleversera sa vie …. Elle aimera par procuration ….



C'est un roman initiatique d'une grande beauté , à la structure fragmentée , au début très obscure, l'auteure n'a pas son pareil pour décrire la nature avec un grand N , l'écriture est poétique , subtile, ciselée et originale,



J'ai vraiment eu du mal à comprendre les 90 premières pages malgré la beauté du texte, l'écriture est pourtant très soignée , délicate , la langue riche , incroyablement poétique , puis plus tard le récit très touchant nous prend aux tripes .



Il nous faut patienter et revenir en arrière .



Un roman qu'il faut s'approprier !



« De la douceur je n'ai connu que les oreilles d'ours qu'enfant je cueillais et glissais dans mes poches. La Tante me houspillait, l'école prend déjà bien assez de temps , il y a autre chose à faire que se caresser le menton.



Couper, tailler, cueillir, le bois , le feu, les plantes, ramasser, effeuiller , sécher, ensacher, ranger, aller porter. de la douceur à coups de kilomètres dans les mollets et de besognes en rentrant ,aux fourneaux, au grenier, ,à la table ,jusqu'à tard » …..











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La Géante

Nul besoin de résumer... les synopsis sont nombreux par ici.

Zulma livre encore une fois une pépite littéraire. A lire sans plus d'attente, à croquer les yeux fermés pour mieux savourer.

Rappelant la nature menaçante mais pleine de douce poésie d'un Claudio Morandini ou d'une Bérengère Cournut, ce court roman de Vilaine est (comme sa couverture l'indique) une ode à la nature, au féminin, à la force tranquille de ces géantes.

Les personnages sont magnifiquement développés, sans fioritures. Ils sont réels, vivants. Ils découvrent, grandissent, apprennent et désirent. Ils ont soif de vie.

Incontournable de la rentrée littéraire 2020, ce récit excelle et se détache pour sa clarté. Rien n'y est de trop et tout y est.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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La Géante

Noëlle vit seule depuis le décès de la Tante, au pied de la Géante, cette imposante montagne de laquelle elle tire les ingrédients pour ses tisanes et ses onguents.

Arrive Maxime, journaliste taiseux et sa relation épistolaire avec Carmen qui va venir perturber le quotidien pourtant si simple et pur de Noëlle.



Le récit se veut simple, beau et poétique, pourtant, j'ai eu un peu de mal à être emballée et à me plonger réellement dans l'histoire.
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La Géante

Noële vit au pied de la Géante. Elle ramasse branchages, bleuets et bourrache, en forme des fagots pour l'hiver et fabrique des onguents et des tisanes. Son frère qu'elle nomme Rimbaud est un bienheureux mutique, qui ramasse des cailloux. Repliés sur eux même, ils mènent une existence simple.

Maxim est journaliste, solitaire et se sachant atteint d'un mal incurable affectant sa vue, il est venu s'installer loin du bruit et des lumières de la ville.

Carmen quant à elle, parcourt le monde et entretient une relation épistolaire avec Maxim, qu'elle aime et pour lequel elle s'inquiète.

Noële va découvrir par le biais de ces lettres, que le facteur lui confie, le désir amoureux, le manque, leur pouvoir et leur fragilité...



L'écriture est singulière et la construction du texte surprenante, à tel point que, dans un premier temps, le lecteur se perd dans l'histoire, puis lorsqu'il en comprend le concept, la lecture devient délice.

Un roman libératoire, vibrant d'humanité, tendre et sensible où les silences résonnent dans la vallée des sentiments...

A découvrir sans faute.

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La Géante

Sous fond de guerre et de maladie, un récit initiatique d’une grande beauté, porté par une plume poétique, imagée, magnifique.

La géante, c’est la montagne où vit cachée Noële avec son frère Rimbaud depuis le décès de sa tante. Sa rencontre avec Maxim, un journaliste, va bouleverser sa vie tranquille et linéaire. Lectrice puis messagère de ce dernier, Noële va découvrir dans sa correspondance avec Carmen l’amour, l’absence, le poids des mots. Un roman lu une première fois dans le cadre du prix Fnac et relu pour le plaisir de la langue ! Superbe 👍🏼
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La Géante

« La Géante » Laurence Vilaine (Zulma 188p)

Magnifique…

… Même si j'ai été un peu dérouté par le début de l'histoire, où tout semble se mêler, les personnages, les lieux, et surtout l'intrigue en elle-même, avec des rebonds parfois elliptiques ; d'où mon envie aussi de n'en rien dévoiler ici, de laisser chacun se débrouiller et faire son chemin en suivant les mots de la narratrice, pour entrer à son rythme dans la trame du récit.

Mais au bout de quelques pages, je me suis laissé apprivoiser par le texte de Laurence Vilaine, j'ai saisi les fils narratifs de la pelote qu'elle déroule ou tricote pour nous, et, entré certes avec un peu d'hésitation ou de perplexité, une fois dedans, je n'en suis plus sorti, je n'ai plus lâché le roman.

Il y a quatre personnages féminins dans ce récit. La Géante, c'est la montagne de ce coin magnifique et reculé du Mercantour (ceux qui connaissent s'y retrouvent), la montagne à l'ombre de laquelle se déroule ce récit plein de douleurs. La Tante, elle, a élevé Noële la narratrice et Rimbaud le petit frère muet, simple mais si proche de la nature, après la disparition de leur mère. La Tante, qui a transmis à Noële son savoir-faire des plantes de la montagne est morte depuis longtemps, ce sont donc deux personnages silencieux qui accompagnent de leur présence muette et forte le récit, c'est leur ombre tutélaire qui imprègne toute l'histoire.

Et il y a donc Noële la narratrice, qu'on imagine plus toute jeune, qui vit seule à l'écart du village, aux côtés de son frère Rimbaud. Et enfin Carmen, journaliste aux quatre coins du monde, qui écrit à Maxim, l'homme qu'elle aime passionnément et qui s'est retiré dans une cahute reculée au pied de la Géante.

Noële, on le sait vite, de sa vie de peu, de sa vie solitaire, n'a jamais rien su de l'amour. Elle va en découvrir la puissance extraordinaire en entrant secrètement et par effraction dans le lien qui unit Carmen à Maxim.

Mais au-delà de l'histoire si émouvante, ce qui m'a impressionné plus que tout dans ce roman, c'est la poésie magnifique de Laurence Vilaine. Flotte dans son récit un parfum chargé de mélancolie d'un Giono en hiver, ne serait-ce que par la proximité avec la nature. Et surtout, je ne peux m'empêcher de songer à Erri de Luca, à l'extraordinaire ciselure de son écriture. Crayon en main, j'ai souligné et souligné nombre de phrases si belles…

« Septembre marchait vers l'automne sans brusquerie… »

« L'orage de la nuit avait lavé le ciel, dans le bleu je suis allée chercher de la paix. »

« Rimbaud n'a pas beaucoup encombré la Tante. S'il pleurait, c'était en silence et il ne dérangeait pas. Il ne parlerait pas et serait donc idiot, et elle l'a laissé faire, tout seul le tour de la maison à quatre pattes, tout seul ses premiers pas. Il a appris à marcher en s'écorchant le nez sur les montagnes, les papillons et les oiseaux l'ont fait se relever en souriant, et les chèvres puis les chamois lui ont indiqué le chemin toujours plus haut. »

« Ça sentait le serpolet qui faisait paillasson à la porte, elle regardait la nuit dans les yeux… »

« La Géante boudait entre l'hiver et le printemps. »

« Rien jamais ne console sauf peut-être la vérité à condition qu'elle ose. »

« Le vent énervait maintenant la montagne, couchait les herbes autour des petits lacs et les peignait dans l'autre sens. »

« (…) l'amour est capable de ça, il a la force de chasser novembre pour recevoir juillet (…) »

Etc, etc…

« La Géante », un livre superbe à lire deux fois, au moins.

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La Géante

Il est des livres qui s’attachent à des souvenirs, et aux lieux qu’ils décrivent. J’ai eu la chance de lire « La côte sauvage » de Jean-René Huguenin lors d’un séjour en Bretagne, le plaisir de découvrir « les mémoires d’Hadrien » de Marguerite Yourcenar en villégiature à Rome. Ça change tout, et voilà ce qui m’a manqué dans « La géante » : la présence d’une montagne. L’auteur n’y est pour rien, j’aurais dû prendre mes dispositions. Car tout, jusqu’au titre du roman, converge vers la masse millénaire qui semble écraser celles et ceux qui l’approchent.

L’histoire est touchante, empreinte de gravité et de mélancolie. La narratrice a grandi dans l’ombre ingrate de La géante, oubliant qu’elle est femme, absorbée par le chaos d’une famille éclatée. La géante est son double, et son alibi. Jusqu’au jour où elle découvre une correspondance amoureuse dont elle devient, à son insu, la dépositaire. Entre les lignes, elle réapprend son corps, encore trop loin des sentiments (formidables pages 122-125) mais avec assez d’intensité pour éprouver des regrets et nourrir quelques espoirs. Elle aime, par procuration.

Ce livre est plein de contrastes, alternant la brutalité et la minéralité avec des passages beaucoup plus doux, plus poétiques. La pente est raide, il est parfois difficile de suivre la sinuosité de ce roman. Il faut franchir des paliers, s’habituer aux ellipses, faire fi des tournures escarpées et des chassés-croisés entre le présent et le passé, mais au bout du chemin, il y a des sommets d’émotion.

Bilan : 🌹

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La Géante

Quel joli roman, comme souvent ceux qui sont édités chez Zulma, quel roman émouvant et facile à lire ! L'écriture percutante et brute de Laurence Vilaine donne un effet efficace et authentique à la lecture, d'une fluidité épatante.



Si j'avais accroché à l'histoire d'amour centrale et à ceux qui la vivent, j'aurais attribué à ce livre 5 étoiles: or, tout le coeur du texte est incarné par Noële, LA protagoniste, dont les découvertes et re-découvertes m'ont fait fondre ... comme neige au Soleil. Le Soleil, donc, et la Montagne (nommée la Géante) y sont de merveilleux personnages à part entière, ainsi que l'Amour, omniprésent, vécu par procuration ou par souvenir, wagon perpétuellement raccrochable au long des pages, au détour d'une intention ou d'une description, d'une attention ou d'un mot.



Une fin magistrale et enlevée comme une délicieuse pâtisserie en dessert au menu d'un repas savoureux...
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La Géante

Il est des livres que l'on commence et qu'on ne lâche plus, comme si l'histoire et l'écriture nous avaient envoûtés, La Géante est un de ces livres.



Ce roman tourne autour de six personnages principaux :

La Géante, la montagne qui veille sur les humains, qui leur fournit tout ce dont ils ont besoin.

Noële la narratrice, elle parcourt les flancs de la géante pour cueillir des plantes et fabrique des tisanes et des onguents, et faire des fagots pour entretenir le feu.

Rimbaud, le frère de Noële, il ne parle pas, mais il connaît le langage des oiseaux.

La Tante, elle a élevé Noële et son frère, tout ce que sait Noële c'est elle qui le lui a enseigné.

Maxim, un journaliste, il est venu s'installer dans la maison froide, pour oublier la bête qui ronge ses yeux.

Carmen, photographe, d'un dispensaire du Congo, elle continue d'envoyer à Maxim des lettres, à lui expédier de l'amour.



Il est de romans qui sont comme une rencontre, comme un vieil ami avec qui on a envie de passer du temps.

Il est des livres qui racontent une histoire banale une vie simple qui n'exige que de quoi manger, de quoi marcher, un toit pour dormir, mais parfois les mots, la qualité de la plume de l'auteure transforme le récit en un moment de grâce.



Il est des romans qui sont tout petits, et pourtant quand on les ouvre on découvre un véritable trésor, la littérature à l'état pur qui brille tout au long des 187 pages. Avec son écriture poétique où chaque mot a été finement ciselé, Laurence Vilaine nous délivre un roman d'amour dans un cadre grandiose.



Il est des livres qu'on lit avec son coeur tant l'atmosphère vous pénètre, tant les mots couchés sur la page vous parlent, vous émeuvent, vous transportent.



Il est des romans qui méritent d'être lus, connus et reconnus. Lisez La Géante, faites lire ce livre à vos amis, vous leur ferez un immense plaisir.



Un grand merci au cercle livresque de lecteurs.com pour ce cadeau, car ce roman est un véritable cadeau.





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La Géante

Un superbe texte, qu’il m’a fallu un peu de temps pour apprivoiser. J’ai été un peu perdue au début entre les personnages, dans les brumes au pied de la Géante avant de comprendre où l’auteure voulait m’emmener. Puis, j’ai commencé son ascension en compagnie de Noële et Carmen, je me suis laissé porter par les phrases de Laurence Vilaine et leur douce poésie. J’ai beaucoup aimé ce voyage dans la montagne, les bois, la vie rude, frustre et sans amour de Noële et celle bien remplie, trépidante de Carmen, mais incomplète car il lui manque l’essentiel, l’amour de Maxim. Maxim, qui une fois qu’il sait son combat contre la maladie perdu, va peu à peu se détacher d’elle et ne plus répondre à ses lettres éperdues d’amour.

Cependant, dans ce récit, il m’a peut-être manqué un fil d’Ariane pour adhérer complètement à l’histoire, une trame plus robuste qui aurait donné un peu plus de structure à l’ensemble, un but. J’ai fait cette lecture sous le charme, mais en ayant l’impression d’être passée à côté de certaines clés qui m’auraient permis de pleinement savourer cette belle découverte.

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