AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Laurence Vilaine (93)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La Géante

Il m'a fallu du temps pour entrer dans ce roman, me laisser happer par la langue poétique de Laurence Vilaine, commencer à distinguer les décors, les personnages, la temporalité. Un début de lecture aride et pourtant entrainant, à l'image de cette montagne, La Géante, qui domine la vue, donne et reprend au fil des saisons, ne se laisse apprivoiser que par celles et ceux qui savent le danger des pierriers, les bienfaits des plantes et la chaleur d'un foyer.

Noële y vit depuis toujours une existence aussi rugueuse que ses mains jusqu'au jour où Maxim s'installe a côté de chez elle. Il a choisi l'exil et la solitude pour lutter contre la maladie qui le ronge. Carmen lui écrit chaque semaine des lettres d'amour que Noële lit en cachette.

Elle est peu à peu touchée par ces mots qui ne lui sont pas destinés, des mots plein d'émotions jamais ressenties qui s'infiltrent peu à peu dans sa vie pour y faire naitre un peu de douceur, d'envie et de souvenirs enfouis.

Il se passe peu et beaucoup de choses dans ce roman, des destins qui se croisent, des promesses non tenues, des deuils et des renaissances, des combats à mener et le ressac de la mer.



Un joli moment de lecture plein de poésie qui donne envie de palpitant dans le cœur et de montagne à gravir.
Commenter  J’apprécie          40
La Géante

La Géante, c'est le nom que Noële donne à la montagne qui lui fournit tout ce dont elle a besoin pour vivre : fagots, herbes, baies, champignons, comme le lui a appris la tante qui les a élevés, son frère Rimbaud et elle. Vie sauvage au rythme des saisons.

L'arrivée d'un voisin va bouleverser cet équilibre. Maxim, un journaliste, s'est retiré là pour soigner un méchant mélanome qui le rend aveugle. C'est ainsi que Noële va lui lire les lettres que lui envoie sa bien aimée Carmen.

Elle va découvrir l'univers des sentiments, refoulés depuis le décès de sa mère dont elle se croit coupable.

Récit initiatique d'une très grande beauté.

Commenter  J’apprécie          50
La Géante

Un jour, dans un village de montagne à l’écart des grands axes, une femme arrive, à pied, porteuse d’un lourd chagrin à mettre en terre malgré le gel. Derrière ses rideaux, une autre femme l’observe, qui ne la connaît pas mais sait le poids de sa douleur et une part de son histoire qu’elle va nous raconter, révélant au passage la dure existence qui est la sienne.

Sur la couverture toute en dents et en pointes, quelque chose interpelle dans ce triangle inversé si reconnaissable des éditions Zulma :@ LAURENCE VILAINE @La Géante. Les mots s’y suivent et s’entrechoquent et l’on ne sait plus très bien qui, de Laurence ou de la Géante, est vilaine, qui, de la Vilaine ou de Laurence, est géante. Et le ton est donné. Dans ce roman caillouteux à la beauté claire comme de l’eau de roche, on se sent tout petit face à la langue qui se déploie comme un paysage et fait rouler ses mots sous nos gros sabots de lecteurs, s’offrant à la lecture sans précautions, les émotions à fleur de page. On y découvre deux femmes, l’une qui marche, l’autre qui l’observe puis lui emboîte les pas, l’une qui voyage, l’autre enracinée depuis longtemps, l’une qui écrit, l’autre qui raconte, l’une qui aime, l’autre qui découvre. Au fil du récit porté par la voix profonde et sans plainte de la narratrice, on en apprendra plus, à la fois sur elle-même qui se croit sans histoire, et sur celle dont, « quand elle est arrivée au village, on aurait dit une légende ». Sous les yeux de cette observatrice qui ignorait qu’elle avait un cœur faute d’en avoir eu l’usage, on verra se raconter un amour qui n’a plus que les mots pour exister et pour durer, puis que la force de l’espoir et le pouvoir de la mémoire. Et puis le courage, le courage de deux jambes qui marchent au rythme obstiné d’un cœur qui bat.

Ce roman court, finement structuré, à l’intensité allant crescendo et qui semble s’éclairer et révéler des pans de lui-même au fil de la lecture comme la lumière gagne en éclat sur une marche entreprise de bonne heure dans un paysage montagneux, attise et module nos émotions en même temps que se déploient celles de la narratrice dont on n’apprendra le nom que plus tard dans l’histoire, comme si son existence et sa propre expérience ne prenaient sens et corps qu’à la lueur et à la chaleur de celles dont elle se fait témoin, dont elle se fait gardien. La plume de Laurence Vilaine est légère mais puissante, tenue mais vibrante, et l’on se sent prêt, avec elle, à gravir des montagnes, fussent-elles des Géantes.

Commenter  J’apprécie          40
La Géante

Elle s'appelle Noële et vit seule avec son frère silencieux Rimbaud. Ils ont été élevé par une tante depuis longtemps disparue. ils vivent à l'ombre de la géante, la montagne tutélaire du pays. puis un jour arrivent dans leur vie Maxim et Carmen, ou plutôt leur histoire à travers des lettres...C'est un magnifique roman, court mais intense, qui nous transporte dans cette nature rugueuse et dangereuse et dans une une histoire pleine de grâce et de délicatesse. Splendide!
Commenter  J’apprécie          30
La Géante

La Géante ... c'est le titre, le décor, la montagne qui fournit à Noêle ses fagots de bois pour l'hiver et ses recettes herboristes qui lui permettent de survivre dans ce petit hameau.

Elle et son frère ont été recueillis enfants par la soeur de leur mère (la Tante, on va beaucoup en entendre parler) quand ils se sont enfuis d'un pays lointain.

Cette femme frustre, qui n'a jamais appris à s'occuper d'elle, va s'ouvrir vers ses sentiments intérieurs, au travers de 2 événements remarquables ...

Tout d'abord, Maxim, un journaliste parisien, vient s'installer dans la maison d'à côté. On va apprendre qu'il est malade et que comme un animal blessé, il se terre dans ce coin isolé pour combattre la maladie.

Et puis vont commencer à arriver les courriers de Carmen, la maitresse amoureuse et interdite de visite de Maxim.

Noêle va d'abord être amenée à les lire à Maxim, puis comme il n'en veut plus, à les lire pour elle-même.

Ces lettres baignées de l'amour intense de cette femme pour Maxim vont insuffler à Noêle un désir de sentiments, de découverte d'elle-même et de son corps.



J'ai bien aimé ...

Le début est compliqué, il faut un peu de temps pour arriver à relier tous ces petits bouts, à se mettre dans l'ambiance, dans le style de l'auteure qui ressemble par moment à du Maylis de Kerengal, nerveux, sans ponctuation, et par moment très poétique.

Il y a les très belles lettres d'amour de C., et les jolies descriptions de la végétation de la Géante.

Un très bon livre pour qui arrive à passer les premières dizaines de pages.
Commenter  J’apprécie          50
La Géante

C’est avec ravissement que j’ai découvert l’écriture subtile, poétique et suggestive de Laurence Vilaine dans « La Géante ».

Laurence Vilaine n’a pas sa pareille pour décrire les émotions et nous rendre ses personnages si proches. Ses mots pulsent au rythme des pensées de Noële la narratrice, ils font écho à sa vie rude, proche de la nature. L’auteure excelle aussi à nous décrire cette nature sauvage, parfois effrayante en plantant le décor dans une montagne éloignée et entourée de mystères et superstitions. La nature règne en maître dans ce lieu perdu, on y vit entre soi et l’étranger y est rare. Tout est là, il n’y a plus qu’à dérouler tout doucement l’intrigue.

« Ça sent la terre profonde dans le bois, j’ai pensé aux bêtes sauvages, et aux femmes et aux hommes qui un jour sûrement sont passés par là des années, des siècles avant moi, je me suis dit que le bois n’avait pas voulu d’eux, ni de leurs ponts, ni de leurs chapelles, que la nature est plus forte que les humains qui passent leur vie à chercher leur place »

La Géante, c’est la montagne à l’ombre de laquelle a grandi Noële et son frère muet surnommé Rimbaud, qui se passionne pour les oiseaux. Noële a suivi le chemin tout tracé de la tante qui l’a recueillie et élevée avec son petit frère, elle vit de ce que lui offre la montagne et ramasse ses plantes médicinales et le petit bois qu’elle fagote. Un jour, un journaliste vient s’installer dans « la maison froide » voisine de la sienne. Elle va s’intéresser à cet homme malade et solitaire mais qui reçoit les lettres touchantes d’une femme. Noële, par sa présence discrète, va vivre dans l’ombre de cet homme énigmatique et taciturne. Dépositaire de ces lettres, elle va découvrir l’amour entre les lignes, cet amour qu’elle, l’enfant abandonnée, n’a jamais connu.

On part à la rencontre, au même rythme que Noële, de la femme amoureuse, photographe et bourlingueuse, cette Carmen dont les lettres émaillent l’histoire et c’est émouvant.

« Ses lettres étaient un fils de soie qu’elle tendait dans leur ciel trop grand »



Une belle découverte que ce court roman qui se lit d’une traite et que je recommande.



Commenter  J’apprécie          532
La Géante

«  Le monde est froid quand tu n'y es pas » .



«  «  La vie n'est pas sans épines, il va falloir que tu t'occupes de tes hommes, petite » .



«  Je déterrais les racines de guimauve, cueillais les dernières noisettes et sous les hêtres guettais les premiers pieds- de - mouton » .



Quelques passages de ce roman si singulier, une nature grandiose aux pieds de cette géante, dans les vallons de la Bendola, cette montagne mystérieuse , à la présence aussi silencieuse que majestueuse, tranquille, immuable, imposant son rythme ,fournir les fagots pour l'hiver, bourrache, gentiane ou bleuet pour les onguents et les tisanes, à la fois baume pour les hommes mais aussi menace grandiose , empreinte de solennité et de gravité , un rappel utile , constant à la fatigue et au chagrin éventuel, sauvage et élégant , rappel à une certaine humilité , au respect pour ceux qui osent y pénétrer .



«  Y pénétrer , c'est dire au monde si le diable veut bien, parce ce que c'est lui qui ouvre la route , caché sous les pierres rondes de la calade, douze lacets abruptes jusqu'à la clairière d'Agu, un chemin de croix sans station » .



«  Tu dois y monter sans t'arrêter, disaient les anciens » .



Noële a toujours vécu au pied de la géante, ,cet endroit pétri de mystère, de superstitions si anciennes , de ruses , un peu sorcière , vivant avec son frère Rimbaud qui ne parle pas mais chante avec le grand - duc, élevés par leur tante , qui les as recueillis , ces deux - là ne font qu'un avec cette terre rugueuse.



Noële sait bien qu'on ne peut rien attendre du ciel , ne lève plus les yeux vers lui depuis longtemps .



Repliée loin de tout , elle mène une existence aussi rugueuse et dure qu'un silex , un chemin à la pente très forte ,vouée au travail, enveloppée dans un nuage de sorcellerie .



Soudain surgit dans sa vie , l'histoire de deux inconnus , dont un certain Maxime , très malade , qui vient s'installer dans «  la maison froide », laissant loin derrière lui, sa petite amie Carmen et sa vie tumultueuse.



Noële découvre alors ce que peut être le manque et le désir, l'amour qui encombre ou qui porte très haut , l'absence , le poids intense des mots , cela bouleversera sa vie …. Elle aimera par procuration ….



C'est un roman initiatique d'une grande beauté , à la structure fragmentée , au début très obscure, l'auteure n'a pas son pareil pour décrire la nature avec un grand N , l'écriture est poétique , subtile, ciselée et originale,



J'ai vraiment eu du mal à comprendre les 90 premières pages malgré la beauté du texte, l'écriture est pourtant très soignée , délicate , la langue riche , incroyablement poétique , puis plus tard le récit très touchant nous prend aux tripes .



Il nous faut patienter et revenir en arrière .



Un roman qu'il faut s'approprier !



« De la douceur je n'ai connu que les oreilles d'ours qu'enfant je cueillais et glissais dans mes poches. La Tante me houspillait, l'école prend déjà bien assez de temps , il y a autre chose à faire que se caresser le menton.



Couper, tailler, cueillir, le bois , le feu, les plantes, ramasser, effeuiller , sécher, ensacher, ranger, aller porter. de la douceur à coups de kilomètres dans les mollets et de besognes en rentrant ,aux fourneaux, au grenier, ,à la table ,jusqu'à tard » …..











Commenter  J’apprécie          356
La Géante

Nul besoin de résumer... les synopsis sont nombreux par ici.

Zulma livre encore une fois une pépite littéraire. A lire sans plus d'attente, à croquer les yeux fermés pour mieux savourer.

Rappelant la nature menaçante mais pleine de douce poésie d'un Claudio Morandini ou d'une Bérengère Cournut, ce court roman de Vilaine est (comme sa couverture l'indique) une ode à la nature, au féminin, à la force tranquille de ces géantes.

Les personnages sont magnifiquement développés, sans fioritures. Ils sont réels, vivants. Ils découvrent, grandissent, apprennent et désirent. Ils ont soif de vie.

Incontournable de la rentrée littéraire 2020, ce récit excelle et se détache pour sa clarté. Rien n'y est de trop et tout y est.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
Commenter  J’apprécie          20
La Géante

Noëlle vit seule depuis le décès de la Tante, au pied de la Géante, cette imposante montagne de laquelle elle tire les ingrédients pour ses tisanes et ses onguents.

Arrive Maxime, journaliste taiseux et sa relation épistolaire avec Carmen qui va venir perturber le quotidien pourtant si simple et pur de Noëlle.



Le récit se veut simple, beau et poétique, pourtant, j'ai eu un peu de mal à être emballée et à me plonger réellement dans l'histoire.
Commenter  J’apprécie          00
La Géante

J'ai pris un plaisir incroyable à lire ce livre de Laurence Vilaine.

Les mots coulent, glissent et résonnent. Pas de fioriture, juste quelques regards, paroles et pensées magnifiquement déposés sur ces quelques pages.

L'intrigue s'entremêle parfaitement avec la maitrise des mots de l'autrice.

Les temps se mélangent, la Nature et les émotions humaines cohabitent.

L'espace des possibles dans l'ombre d'une montagne immuable et mystique appelée La Géante.

L'histoire d'une femme solitaire qui rentre en écho avec les sentiments amoureux de deux inconnus.

L'amour des lettres et des mots, la Poésie qui surgit au détour d'une virgule, le Brut, le Simple et le Beau qui se réinventent à chaque page…



Je viens de refermer ce livre et manque ostensiblement de subjectivité, mais si cette citation de Laurence Vilaine vous évoque un tant soit peu quelque chose, nul doute que vous ne perdriez pas votre temps à découvrir et parcourir ces quelques pages …



« Ecrire, c'est crier sans bruit, cracher entre les lignes, aimer en secret, frissonner beaucoup ».
Commenter  J’apprécie          80
La Géante

Je pense que ce roman n’était pas vraiment pour moi. L’écriture est poétique mais cela ne m’a pas transporté. Les personnages sont taiseux et durs (description très raccourcie des montagnards…)

Je n’ai sûrement pas dû comprendre toutes les subtilités du récit mais finalement il ne se passe que très peu de choses, toutes narrées de façon très elliptiques. Bref, c’est long, c’est lent. Un beau rapport à la végétation et la nature tout de même.
Commenter  J’apprécie          30
La Géante

L’histoire, ou plutôt, les histoires, celle de l’enfance de la narratrice et celle de sa rencontre avec l’autre femme, me laissent sur ma faim. J’ai eu la sensation de lire des ébauches d’histoires qui ne sont pas complètement exploitées. Les personnages eux aussi sont comme de pâles reproductions de ce qu’ils pourraient être.

Je n’accroche pas non plus au style de l’écriture, à se vouloir trop poétique il m’a perdue.
Commenter  J’apprécie          20
La Géante

Noële vit au pied de la Géante. Elle ramasse branchages, bleuets et bourrache, en forme des fagots pour l'hiver et fabrique des onguents et des tisanes. Son frère qu'elle nomme Rimbaud est un bienheureux mutique, qui ramasse des cailloux. Repliés sur eux même, ils mènent une existence simple.

Maxim est journaliste, solitaire et se sachant atteint d'un mal incurable affectant sa vue, il est venu s'installer loin du bruit et des lumières de la ville.

Carmen quant à elle, parcourt le monde et entretient une relation épistolaire avec Maxim, qu'elle aime et pour lequel elle s'inquiète.

Noële va découvrir par le biais de ces lettres, que le facteur lui confie, le désir amoureux, le manque, leur pouvoir et leur fragilité...



L'écriture est singulière et la construction du texte surprenante, à tel point que, dans un premier temps, le lecteur se perd dans l'histoire, puis lorsqu'il en comprend le concept, la lecture devient délice.

Un roman libératoire, vibrant d'humanité, tendre et sensible où les silences résonnent dans la vallée des sentiments...

A découvrir sans faute.

Commenter  J’apprécie          110
La Géante

L’auteur possède une belle écriture, très poétique. J’ai aimé les lettres de Carmen, mais je me suis ennuyée pendant le reste du récit. Trop de poésie tue la poésie et j’avoue que tant de métaphores m’ont complétement éloigné de l’histoire et des personnages. J’ai eu du mal à gravir la montagne, j’ai peiné, me suis arrêtée, j’ai repris ma marche et enfin terminé ma route, mais que me restera-t-il finalement : une grande tristesse devant cet homme qui maltraite son amoureuse passionnée. J’aurais tellement aimé apprécier ce livre qu’une amie m’avait conseillé. Une autre fois peut-être.
Commenter  J’apprécie          80
La Géante

Sous fond de guerre et de maladie, un récit initiatique d’une grande beauté, porté par une plume poétique, imagée, magnifique.

La géante, c’est la montagne où vit cachée Noële avec son frère Rimbaud depuis le décès de sa tante. Sa rencontre avec Maxim, un journaliste, va bouleverser sa vie tranquille et linéaire. Lectrice puis messagère de ce dernier, Noële va découvrir dans sa correspondance avec Carmen l’amour, l’absence, le poids des mots. Un roman lu une première fois dans le cadre du prix Fnac et relu pour le plaisir de la langue ! Superbe 👍🏼
Commenter  J’apprécie          463
La Géante

La Géante, c’est une montagne que Laurence Vilaine nous invite à découvrir, à parcourir, de sentier en sentier à travers la forêt ou sur les pentes escarpées, une mère montagne secourable où on peut trouver les fagots de bois, les fruits sauvages et les herbes qui vous nourriront, vous chaufferont, vous guériront, mais aussi une montagne qui peut se montrer rude et peu accueillante si vous ne connaissez pas ses secrets. Une montagne au nom féminin où vont se croiser deux femmes : Noële (oui, avec un seul L), qui y est arrivée enfant, qui y vit depuis longtemps, qui connaît presque tous ses coins et recoins grâce à l’initiation de la Tante, une femme dont l’existence est marquée par l’exil, la mort, l’âpre réalité de cette existence en altitude ; Carmen, « la femme qui monte », l’étrangère, l’inconnue qui vient frapper de ses poings et de pioche le sol glacé du village de Noële. Un lien inconnu de Carmen unit les deux femmes : les lettres que Carmen n’a cessé d’envoyer à Maxim, un journaliste venu se réfugier dans la Maison Froide, en face de chez Noële. Lui qui aime tant les mots, les lettres, lus, écrits, a éveillé quelque chose chez celle qui parle très peu.



Laurence Vilaine, que je découvre enfin avec La Géante, nous conte cette histoire avec poésie et simplicité, avec pureté, oserais-je dire, rien que de nécessaire pour entrer avec délicatesse dans la vie de Noële, dans la nuit de Maxim, dans l’attente de Carmen et dans la douceur de Rimbaud. Un caillou, une fleur têtue, un fagot de bois, un peu d’eau fraîche, vous n’aurez besoin que de l’essentiel pour apprécier ce petit bijou littéraire.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
Commenter  J’apprécie          120
La Géante

« La Géante » Laurence Vilaine (Zulma 188p)

Magnifique…

… Même si j'ai été un peu dérouté par le début de l'histoire, où tout semble se mêler, les personnages, les lieux, et surtout l'intrigue en elle-même, avec des rebonds parfois elliptiques ; d'où mon envie aussi de n'en rien dévoiler ici, de laisser chacun se débrouiller et faire son chemin en suivant les mots de la narratrice, pour entrer à son rythme dans la trame du récit.

Mais au bout de quelques pages, je me suis laissé apprivoiser par le texte de Laurence Vilaine, j'ai saisi les fils narratifs de la pelote qu'elle déroule ou tricote pour nous, et, entré certes avec un peu d'hésitation ou de perplexité, une fois dedans, je n'en suis plus sorti, je n'ai plus lâché le roman.

Il y a quatre personnages féminins dans ce récit. La Géante, c'est la montagne de ce coin magnifique et reculé du Mercantour (ceux qui connaissent s'y retrouvent), la montagne à l'ombre de laquelle se déroule ce récit plein de douleurs. La Tante, elle, a élevé Noële la narratrice et Rimbaud le petit frère muet, simple mais si proche de la nature, après la disparition de leur mère. La Tante, qui a transmis à Noële son savoir-faire des plantes de la montagne est morte depuis longtemps, ce sont donc deux personnages silencieux qui accompagnent de leur présence muette et forte le récit, c'est leur ombre tutélaire qui imprègne toute l'histoire.

Et il y a donc Noële la narratrice, qu'on imagine plus toute jeune, qui vit seule à l'écart du village, aux côtés de son frère Rimbaud. Et enfin Carmen, journaliste aux quatre coins du monde, qui écrit à Maxim, l'homme qu'elle aime passionnément et qui s'est retiré dans une cahute reculée au pied de la Géante.

Noële, on le sait vite, de sa vie de peu, de sa vie solitaire, n'a jamais rien su de l'amour. Elle va en découvrir la puissance extraordinaire en entrant secrètement et par effraction dans le lien qui unit Carmen à Maxim.

Mais au-delà de l'histoire si émouvante, ce qui m'a impressionné plus que tout dans ce roman, c'est la poésie magnifique de Laurence Vilaine. Flotte dans son récit un parfum chargé de mélancolie d'un Giono en hiver, ne serait-ce que par la proximité avec la nature. Et surtout, je ne peux m'empêcher de songer à Erri de Luca, à l'extraordinaire ciselure de son écriture. Crayon en main, j'ai souligné et souligné nombre de phrases si belles…

« Septembre marchait vers l'automne sans brusquerie… »

« L'orage de la nuit avait lavé le ciel, dans le bleu je suis allée chercher de la paix. »

« Rimbaud n'a pas beaucoup encombré la Tante. S'il pleurait, c'était en silence et il ne dérangeait pas. Il ne parlerait pas et serait donc idiot, et elle l'a laissé faire, tout seul le tour de la maison à quatre pattes, tout seul ses premiers pas. Il a appris à marcher en s'écorchant le nez sur les montagnes, les papillons et les oiseaux l'ont fait se relever en souriant, et les chèvres puis les chamois lui ont indiqué le chemin toujours plus haut. »

« Ça sentait le serpolet qui faisait paillasson à la porte, elle regardait la nuit dans les yeux… »

« La Géante boudait entre l'hiver et le printemps. »

« Rien jamais ne console sauf peut-être la vérité à condition qu'elle ose. »

« Le vent énervait maintenant la montagne, couchait les herbes autour des petits lacs et les peignait dans l'autre sens. »

« (…) l'amour est capable de ça, il a la force de chasser novembre pour recevoir juillet (…) »

Etc, etc…

« La Géante », un livre superbe à lire deux fois, au moins.

Commenter  J’apprécie          81
La Géante

Quel joli roman, comme souvent ceux qui sont édités chez Zulma, quel roman émouvant et facile à lire ! L'écriture percutante et brute de Laurence Vilaine donne un effet efficace et authentique à la lecture, d'une fluidité épatante.



Si j'avais accroché à l'histoire d'amour centrale et à ceux qui la vivent, j'aurais attribué à ce livre 5 étoiles: or, tout le coeur du texte est incarné par Noële, LA protagoniste, dont les découvertes et re-découvertes m'ont fait fondre ... comme neige au Soleil. Le Soleil, donc, et la Montagne (nommée la Géante) y sont de merveilleux personnages à part entière, ainsi que l'Amour, omniprésent, vécu par procuration ou par souvenir, wagon perpétuellement raccrochable au long des pages, au détour d'une intention ou d'une description, d'une attention ou d'un mot.



Une fin magistrale et enlevée comme une délicieuse pâtisserie en dessert au menu d'un repas savoureux...
Commenter  J’apprécie          50
La Géante

Un superbe texte, qu’il m’a fallu un peu de temps pour apprivoiser. J’ai été un peu perdue au début entre les personnages, dans les brumes au pied de la Géante avant de comprendre où l’auteure voulait m’emmener. Puis, j’ai commencé son ascension en compagnie de Noële et Carmen, je me suis laissé porter par les phrases de Laurence Vilaine et leur douce poésie. J’ai beaucoup aimé ce voyage dans la montagne, les bois, la vie rude, frustre et sans amour de Noële et celle bien remplie, trépidante de Carmen, mais incomplète car il lui manque l’essentiel, l’amour de Maxim. Maxim, qui une fois qu’il sait son combat contre la maladie perdu, va peu à peu se détacher d’elle et ne plus répondre à ses lettres éperdues d’amour.

Cependant, dans ce récit, il m’a peut-être manqué un fil d’Ariane pour adhérer complètement à l’histoire, une trame plus robuste qui aurait donné un peu plus de structure à l’ensemble, un but. J’ai fait cette lecture sous le charme, mais en ayant l’impression d’être passée à côté de certaines clés qui m’auraient permis de pleinement savourer cette belle découverte.

Commenter  J’apprécie          180
La Géante

Voici aujourd'hui un court roman, 187 pages à peine, que j'ai trouvé à la fois étrange et très poétique.

La Géante c'est la grande montagne qui semble veiller sur le village.

Noële vit là, dans la vallée avec son jeune frère muet de naissance qui aime la nuit avant tout et la montagne, ramasser de la pyrite dans les ruisseaux et chanter avec le grand duc. Leur mère est morte en mettant le petit garçon au monde. Le père est reparti un matin pour travailler et n'est jamais plus revenu. Les enfants ont été élevés par une vieille tante qui est une simple voisine qui les a pris sous sa coupe et a pris soin d'eux, même si elle-même était plus que démunie jusqu'à sa mort. Elle a appris à Noële à cueillir les plantes qui soignent.

Noële ne connait rien à la vie, le lecteur ne sait pas son âge. Elle ne connait rien à l'amour non plus, vu que le village est perdu en haut de la vallée... et qu'elle n'a jamais quitté ses montagnes.

Mais un jour, un homme débarque et s'installe dans la "maison froide" en face de chez elle. Il vit simplement, reçoit de nombreux courriers de toutes provenances d'une femme amoureuse, se dit malade et explique ses absences par des visites médicales et des envois au journal dans lequel il rédige des chroniques littéraires. C'est Maxim. Il était photographe dans les zones de conflit. Son amoureuse, Carmen, aussi...



Par petites touches subtilement amenées, grâce à l'alternance du récit qui donne la parole à l'un ou l'autre des personnages, le lecteur découvre ce que chacun a enfoui au fond de lui-même.

Noële se fait indiscrète, lit les lettres que lui ne veut plus lire, en apprend chaque jour davantage sur leurs relations. Elle devient le témoin d'un amour qui n'arrive pas à s'exprimer et peu à peu comprend ce qui relit deux êtres qui s'aiment...Elle va peu à peu grâce aux mots qu'elle lit et qu'elle intègre redécouvrir son corps, et renouer avec la vraie vie.

Le lecteur ne sait pas toujours où il en est, mais se laisse porter par les propos. Il découvrira peu à peu pourquoi Carmen, cette "femme qui monte" au long manteau est venue jusqu'au village en plein hiver (le roman commence par là), pourquoi Maxim s'est installé là dans ce village du bout du monde, pourquoi Noële a baptisé son petit frère qui ne parle pas, Rimbaud, et pourquoi elle a si peur d'aller au-delà de la "Pierre debout" et de suivre les sentiers qui montent vers le sommet de la Géante.

La fin m'a cueilli sur un chemin que je n'avais pas pris, une belle surprise donc.

Un livre à savourer mais à lire d'une traite pour rester sous le charme de ce très beau texte, une véritable ode à l'amour.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
Commenter  J’apprécie          153




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Laurence Vilaine (358)Voir plus

Quiz Voir plus

Jack et la grande aventure du cochon de Noël

Comment s'appelle la demi-sœur de Jack ?

Emie
Holly
Lory
Lily

5 questions
1 lecteurs ont répondu
Thème : Jack et la Grande Aventure du cochon de Noël de J. K. RowlingCréer un quiz sur cet auteur

{* *}