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Critiques de Laurence Vilaine (93)
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La Géante

" Rimbaud marche toute la nuit, et à l'aube il s'assoit pour contempler sa récolte, seulement quelques pépites, parfois une bonne dizaine qu'il dispose en rond dans sa paume "

Ce roman est une pépite. Gardez le longtemps au creux de votre paume !

Court roman (187 pages ) mais quelle écriture quelle poésie!

L'écriture est ciselée, dentelée comme les pics et les arrêtes des montagnes ou se situe le roman.

Noele vit au pied de la Géante, montagne imposante et austère. La Géante est le personnage central qui veille, qui peut être bienveillante mais qui peut aussi être dangereuse pour qui ne la respecte pas.

Noele, narratrice, fille de cette montagne, sorcière à ces heures, la parcourt en tout sens afin de cueillir les plantes, fabriquer des tisanes et ramasser les fagots de bois qui présage les feux de l'hiver.

Noele a un frère , Rimbaud, qui parle aux oiseaux et qui court les ruisseaux et torrents afin de ramener les pierres d'or.

Noele et Rimbaud ont été élevés dans la montagne par La Tante. C'est la mémoire du pays , la mémoire de Noele.

A ces trois personnages il faut joindre Maxim et Carmen.

Maxim est un journaliste qui vient se ressourcer et se soigner au pied de la Géante.

Carmen est photographe engagée dans un centre sanitaire au Congo. Elle envoie des lettres à Maxim. Lettres que l'amour enveloppe.

Afin de faciliter le travail du facteur, c'est Noele qui apporte les lettres à Maxim.

l'histoire est posée. Seulement l'histoire. Elle ne se raconte pas. Elle émeut.

Pour le reste ce n'est que poésie , délicatesse, découverte ouverture.

L'écriture de Laurence Vilaine est un écrin dans lequel brille la montagne , ses calades , ses marmottes , ses immortelles bleues. L'écriture est précise pour nous dire l'importance d'une robe , d'une blouse , d'une flanelle ou le mouvement d'un chignon. L'écriture devient poétique pour nous enivrer des immortelles des argousiers des sorbiers et des Tiou Tiou Tiou du petit duc.

L'écriture est littérairement suave et élégante quand il s'agit de ressentir l'absence et la distance dans le transport amoureux:

"Je t'embrasse longtemps"

" Tu me manques... un peu. Ca veut dire infiniment "

"Dans ton cou je pose ma tête"

"Je te serre"

"C'est l'heure des silences que l'on chuchote, je t'enveloppe."

c'est un roman du coeur , de l'émotion, des sentiers et des chemins perdus dans la montagne à la recherche d'une chapelle, d'un amour.

Sans aucun doute il mérite une deuxième lecture , installé dans le Mercantour au pied de la Géante. et de la vallée des Merveilles.

Merveille comme ce roman !


















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La Géante

L’histoire, ou plutôt, les histoires, celle de l’enfance de la narratrice et celle de sa rencontre avec l’autre femme, me laissent sur ma faim. J’ai eu la sensation de lire des ébauches d’histoires qui ne sont pas complètement exploitées. Les personnages eux aussi sont comme de pâles reproductions de ce qu’ils pourraient être.

Je n’accroche pas non plus au style de l’écriture, à se vouloir trop poétique il m’a perdue.
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La Géante

Non pas une lecture « traditionnelle » mais plutôt une promenade un peu mystérieuse, voilà le premier sentiment que j’ai eu en refermant ce joli livre des éditions Zulma (offert par ma soeur à laquelle l’autrice avait plu lors d’une rencontre littéraire). Je me suis laissée bercer, à défaut d’emporter, par le quotidien -réel et fantasmé- de la narratrice Noële et de son frère Rimbaud, qui épousent les saisons et le silence de leur montagne baptisée « La géante ». Entre roman initiatique, ode à la nature et aux éléments et réflexion sur l’existence et le rapport à l’autre, les « fenêtres » de Laurence Vilaine m’ont paru à la fois sensibles et singulières. Une découverte intéressante pour les amoureux des mots et donc, par là, du pouvoir de ceux-ci.
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La Géante

L’auteur possède une belle écriture, très poétique. J’ai aimé les lettres de Carmen, mais je me suis ennuyée pendant le reste du récit. Trop de poésie tue la poésie et j’avoue que tant de métaphores m’ont complétement éloigné de l’histoire et des personnages. J’ai eu du mal à gravir la montagne, j’ai peiné, me suis arrêtée, j’ai repris ma marche et enfin terminé ma route, mais que me restera-t-il finalement : une grande tristesse devant cet homme qui maltraite son amoureuse passionnée. J’aurais tellement aimé apprécier ce livre qu’une amie m’avait conseillé. Une autre fois peut-être.
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La Géante

Ceci un roman d'amour je pense. L'amour découvert par une jeune femme solitaire au pied d'une montagne. Elle découvre que les gens s'aiment, parfois sans logique, sans le comprendre, sans l'accepter. Et que l'amour peut être puissant, même quand la mort est là, même quand l'exprimer est difficile. Que l'amour qu'elle doit connaître avant tout est celui dû à elle-même. Parce qu'elle aide les autres, elle aime son frère aussi. Mais c'est elle qui est oubliée, au pied de cette géante.

Ce livre est beau, l'écriture est belle. Pour moi c'est une histoire en creux. Pas celle de cet homme ou de cette femme que nous raconte la jeune fille, mais la sienne, avec la géante pour gardienne.
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La Géante

La Géante ... c'est le titre, le décor, la montagne qui fournit à Noêle ses fagots de bois pour l'hiver et ses recettes herboristes qui lui permettent de survivre dans ce petit hameau.

Elle et son frère ont été recueillis enfants par la soeur de leur mère (la Tante, on va beaucoup en entendre parler) quand ils se sont enfuis d'un pays lointain.

Cette femme frustre, qui n'a jamais appris à s'occuper d'elle, va s'ouvrir vers ses sentiments intérieurs, au travers de 2 événements remarquables ...

Tout d'abord, Maxim, un journaliste parisien, vient s'installer dans la maison d'à côté. On va apprendre qu'il est malade et que comme un animal blessé, il se terre dans ce coin isolé pour combattre la maladie.

Et puis vont commencer à arriver les courriers de Carmen, la maitresse amoureuse et interdite de visite de Maxim.

Noêle va d'abord être amenée à les lire à Maxim, puis comme il n'en veut plus, à les lire pour elle-même.

Ces lettres baignées de l'amour intense de cette femme pour Maxim vont insuffler à Noêle un désir de sentiments, de découverte d'elle-même et de son corps.



J'ai bien aimé ...

Le début est compliqué, il faut un peu de temps pour arriver à relier tous ces petits bouts, à se mettre dans l'ambiance, dans le style de l'auteure qui ressemble par moment à du Maylis de Kerengal, nerveux, sans ponctuation, et par moment très poétique.

Il y a les très belles lettres d'amour de C., et les jolies descriptions de la végétation de la Géante.

Un très bon livre pour qui arrive à passer les premières dizaines de pages.
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La Géante

Une tres belle écriture, poétique et imagée, au plus proche de la nature, certes. Mais qui mouline dans le vide. On ne comprend l’intrigue, plus que tenue, qu’à la moitié du livre et le roman ne prend pas plus forme pour autant.

Un livre pour rêveurs peut être qui m’a laissée totalement indifférente.

Le format d’une nouvelle aurait mieux convenu.

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La Géante

La Géante, c'est le nom que Noële donne à la montagne qui lui fournit tout ce dont elle a besoin pour vivre : fagots, herbes, baies, champignons, comme le lui a appris la tante qui les a élevés, son frère Rimbaud et elle. Vie sauvage au rythme des saisons.

L'arrivée d'un voisin va bouleverser cet équilibre. Maxim, un journaliste, s'est retiré là pour soigner un méchant mélanome qui le rend aveugle. C'est ainsi que Noële va lui lire les lettres que lui envoie sa bien aimée Carmen.

Elle va découvrir l'univers des sentiments, refoulés depuis le décès de sa mère dont elle se croit coupable.

Récit initiatique d'une très grande beauté.

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La Géante

Au pied de la Géante, sommet à la fois protecteur et inquiétant, Noëlle récolte les plantes, les trie soigneusement avant les sécher pour en faire des tisanes ou des onguents. Un peu rebouteuse, un peu sorcière, elle vit loin de toute communauté humaine en compagnie de son frère qui ne sait que chanter en duo avec un petit-duc.

Cette vie de quasi ermite s’interrompt avec l’arrivée de deux inconnus. Leur venue s’accompagne de sentiments, d’attentes et de désirs. Et puis surtout, dans un domaine où régnaient le chant des oiseaux, le bruit du vent et le silence, arrivent les mots et leurs conséquences funestes.

A l’instar des grands écrivains américains du Natural writing, Laurence Vilaine mélange l’onirisme à une nature incarnée, les gestes quotidiens aux réflexions existentielles. Elle publie avec sa « Géante » un roman totalement original, puissant et poétique.

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La Géante

Un jour, dans un village de montagne à l’écart des grands axes, une femme arrive, à pied, porteuse d’un lourd chagrin à mettre en terre malgré le gel. Derrière ses rideaux, une autre femme l’observe, qui ne la connaît pas mais sait le poids de sa douleur et une part de son histoire qu’elle va nous raconter, révélant au passage la dure existence qui est la sienne.

Sur la couverture toute en dents et en pointes, quelque chose interpelle dans ce triangle inversé si reconnaissable des éditions Zulma :@ LAURENCE VILAINE @La Géante. Les mots s’y suivent et s’entrechoquent et l’on ne sait plus très bien qui, de Laurence ou de la Géante, est vilaine, qui, de la Vilaine ou de Laurence, est géante. Et le ton est donné. Dans ce roman caillouteux à la beauté claire comme de l’eau de roche, on se sent tout petit face à la langue qui se déploie comme un paysage et fait rouler ses mots sous nos gros sabots de lecteurs, s’offrant à la lecture sans précautions, les émotions à fleur de page. On y découvre deux femmes, l’une qui marche, l’autre qui l’observe puis lui emboîte les pas, l’une qui voyage, l’autre enracinée depuis longtemps, l’une qui écrit, l’autre qui raconte, l’une qui aime, l’autre qui découvre. Au fil du récit porté par la voix profonde et sans plainte de la narratrice, on en apprendra plus, à la fois sur elle-même qui se croit sans histoire, et sur celle dont, « quand elle est arrivée au village, on aurait dit une légende ». Sous les yeux de cette observatrice qui ignorait qu’elle avait un cœur faute d’en avoir eu l’usage, on verra se raconter un amour qui n’a plus que les mots pour exister et pour durer, puis que la force de l’espoir et le pouvoir de la mémoire. Et puis le courage, le courage de deux jambes qui marchent au rythme obstiné d’un cœur qui bat.

Ce roman court, finement structuré, à l’intensité allant crescendo et qui semble s’éclairer et révéler des pans de lui-même au fil de la lecture comme la lumière gagne en éclat sur une marche entreprise de bonne heure dans un paysage montagneux, attise et module nos émotions en même temps que se déploient celles de la narratrice dont on n’apprendra le nom que plus tard dans l’histoire, comme si son existence et sa propre expérience ne prenaient sens et corps qu’à la lueur et à la chaleur de celles dont elle se fait témoin, dont elle se fait gardien. La plume de Laurence Vilaine est légère mais puissante, tenue mais vibrante, et l’on se sent prêt, avec elle, à gravir des montagnes, fussent-elles des Géantes.

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La Géante

Laurence Vilaine raconte avec beaucoup de poésie la solitude sous toutes ses formes dans un paysage qui accompagne très justement ce sujet. On suit pas à pas cette jeune femme qui vit au milieu de cette montagne, sa vie, ses habitudes et sa rencontre avec un autre, avec une autre histoire. C'est très bien écrit. Par moment, je me suis tout de même un peu perdue dans les tournures de phrase. Certaines, bien que très belles sont restées obscures mais cela n'enlève pas rien à ce très beau texte.
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La Géante

Il est des livres que l'on commence et qu'on ne lâche plus, comme si l'histoire et l'écriture nous avaient envoûtés, La Géante est un de ces livres.



Ce roman tourne autour de six personnages principaux :

La Géante, la montagne qui veille sur les humains, qui leur fournit tout ce dont ils ont besoin.

Noële la narratrice, elle parcourt les flancs de la géante pour cueillir des plantes et fabrique des tisanes et des onguents, et faire des fagots pour entretenir le feu.

Rimbaud, le frère de Noële, il ne parle pas, mais il connaît le langage des oiseaux.

La Tante, elle a élevé Noële et son frère, tout ce que sait Noële c'est elle qui le lui a enseigné.

Maxim, un journaliste, il est venu s'installer dans la maison froide, pour oublier la bête qui ronge ses yeux.

Carmen, photographe, d'un dispensaire du Congo, elle continue d'envoyer à Maxim des lettres, à lui expédier de l'amour.



Il est de romans qui sont comme une rencontre, comme un vieil ami avec qui on a envie de passer du temps.

Il est des livres qui racontent une histoire banale une vie simple qui n'exige que de quoi manger, de quoi marcher, un toit pour dormir, mais parfois les mots, la qualité de la plume de l'auteure transforme le récit en un moment de grâce.



Il est des romans qui sont tout petits, et pourtant quand on les ouvre on découvre un véritable trésor, la littérature à l'état pur qui brille tout au long des 187 pages. Avec son écriture poétique où chaque mot a été finement ciselé, Laurence Vilaine nous délivre un roman d'amour dans un cadre grandiose.



Il est des livres qu'on lit avec son coeur tant l'atmosphère vous pénètre, tant les mots couchés sur la page vous parlent, vous émeuvent, vous transportent.



Il est des romans qui méritent d'être lus, connus et reconnus. Lisez La Géante, faites lire ce livre à vos amis, vous leur ferez un immense plaisir.



Un grand merci au cercle livresque de lecteurs.com pour ce cadeau, car ce roman est un véritable cadeau.





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La Grande Villa

Un court texte qui vagabonde. Des pensées qui s'écoulent au fil des pages et interrogent sur le sens à donner à l'écriture comme acte, aux souvenirs laissés par un père tout juste disparu ; des pensées qui éclosent à l'abri de la gangue protectrice qu'offre la Grande Villa.



De bien jolies phrases ciselées avec délicatesse, où les mots suggèrent plus qu'ils ne disent. Une réflexion sur le sens de ce que nous vivons, ressentons, sur le lien entre les générations, non pas structurée mais qui se développe par bribes et par petites touches.



Un rythme lent et apaisant comme une douce mélopée. Bref, un moment bien agréable au coeur de cette Grande Villa.
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La Géante

Au pied de la Géante, la montagne dominant la vallée, Noële vit avec son frère Rimbaud dans un univers minéral et végétal. Les plantes guident sa vie et ses décoctions qu'elle revend le samedi. Tisanes, onguents, pommades, solutions qui apaisent les maux et éloignent le mauvais œil. Seule la fleur bleue des sommets résistent à Noële. Elle a appris son savoir de sorcière guérisseuse depuis ses 7 ans auprès de la Tante, depuis la mort de sa mère et la disparition de son père, depuis le premier cri muet du frère.

Dans cette vie en harmonie avec la nature et les saisons, deux âmes blessées surgissent : Maxim, reporter malade, venu se réfugier dans la maison froide et Carmen, photographe journaliste, en mal d'amour qui lui écrit des lettres sans réponse.

Bouleversement de l'amour et de la beauté en ces paysages arides et sauvages, Noële devient factrice et spectatrice des messages et attentions.

Un joli roman à la plume poétique qui m'a, je l'avoue, parfois un peu perdue. L'introspection teintée d'impressions fugaces rendent abstrait ce tableau de paysage où l'humain et la nature ne font qu'un.
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La Géante

Texte de guérisseuse ou bien de mauvaise fée faut-il le lire et le relire, tenter d'escalader ces chemins de montagne, arriver au sommet pour mettre en mots des vies trop ardues où la parole est si rare qu' elle sert à peine à la survie.

Mais quelle herbe sauvage calmerait hurlements et colère face à la mort d'un proche?
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La Géante

Un roman court et poétique qui est mon premier contact, et quel charmant contact, avec la plume de Laurence Vilaine. Déjà, je sais que je chercherai à revenir à cette auteure à l'écriture agréable, qui colle au sujet avec talent.

Qu'est-ce qu'est la Géante? La Géante, c'est cette montagne au pied de laquelle vit notre narratrice depuis ses sept ans, sans jamais la gravir, sans jamais la quitter, cette montagne dont elle a appris à cueillir les plantes pour constituer ses remèdes, et qui va accueillir un homme malade, grand reporter, dont la narratrice, curieuse, va découvrir le courrier et par-là, s'éveiller à ce que sa vie lui refusait. Dans les mots d'une autre, la maîtresse de ce malade, la chrysalide va peu à peu s'ouvrir, jusqu'à l'arrivée de la femme derrière les mots, et le dernier acte.

C'est très beau, parfois un peu déroutant, ça monte lentement, sûrement, comme sur un chemin escarpé, de mots en mots, et c'est très fort. En revenant sur ma lecture, je me rends compte qu'il reste tout de même une question inachevée dans les révélations de la fin, quelque chose qui est un peu dommage, mais tant pis, la Géante peut bien garder quelques secrets!
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La Géante

Il est des livres qui s’attachent à des souvenirs, et aux lieux qu’ils décrivent. J’ai eu la chance de lire « La côte sauvage » de Jean-René Huguenin lors d’un séjour en Bretagne, le plaisir de découvrir « les mémoires d’Hadrien » de Marguerite Yourcenar en villégiature à Rome. Ça change tout, et voilà ce qui m’a manqué dans « La géante » : la présence d’une montagne. L’auteur n’y est pour rien, j’aurais dû prendre mes dispositions. Car tout, jusqu’au titre du roman, converge vers la masse millénaire qui semble écraser celles et ceux qui l’approchent.

L’histoire est touchante, empreinte de gravité et de mélancolie. La narratrice a grandi dans l’ombre ingrate de La géante, oubliant qu’elle est femme, absorbée par le chaos d’une famille éclatée. La géante est son double, et son alibi. Jusqu’au jour où elle découvre une correspondance amoureuse dont elle devient, à son insu, la dépositaire. Entre les lignes, elle réapprend son corps, encore trop loin des sentiments (formidables pages 122-125) mais avec assez d’intensité pour éprouver des regrets et nourrir quelques espoirs. Elle aime, par procuration.

Ce livre est plein de contrastes, alternant la brutalité et la minéralité avec des passages beaucoup plus doux, plus poétiques. La pente est raide, il est parfois difficile de suivre la sinuosité de ce roman. Il faut franchir des paliers, s’habituer aux ellipses, faire fi des tournures escarpées et des chassés-croisés entre le présent et le passé, mais au bout du chemin, il y a des sommets d’émotion.

Bilan : 🌹

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La Géante

Ce que je retiens avant tout de ce livre , c'est l'écriture, car Laurence Vilaine sait, avec les mots, créer un décor, des images, et se mettre au coeur des personnages.

Ici il y a Noële, qui a perdu sa maman à l'âge de sept ans, et cherche dans la nature , outre plantes et petit bois, le réconfort des herbes, la caresse du vent et les odeurs des forêts. Au pied de cette montagne qu'elle appelle La Géante elle vit avec son frère Rimbaud, qui ne parle pas mais chante avec le hibou.

Dans cette vie austère son plaisir viendra de la rencontre avec le facteur, qui lui confie des lettres à apporter à un homme vivant seul, dans une maison loin de tout.

Les lettres portent en elles beaucoup d'amour, d'attente, de joie.

Ce livre est un peu déroutant...J'ai dû parfois relire les phrases dont la poésie peut embrumer le sens, c'est le reproche que je ferai à ce roman.
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La Géante

Ce court roman est un petit bijou et je n'ai pas la même virtuosité des mots, du son et des phrases comme Laurence Vilaine pour en parler mais je vais tenter de les trouver pour exprimer tout ce que j'ai ressenti et pourquoi il m'a tant touché.



"La femme qui monte regardait les flammes comme on baisse les armes et comme on se rend, à la vie et à la mort quand elles nous dépassent, quand leurs seuls noms qu'on chuchote, qu'on se répète, la vie, la mort, nous font lucioles ou cigales, briller ou chanter le temps d'un amour éteindre la lumière ou descendre de l'arbre quand il prend fin. (p163)"



J'avais commencé ma chronique en voulant vous résumer l'histoire et finalement je préfère vous la laisser découvrir en vous disant seulement qu'il s'agit d'une histoire d'arrière-pays du sud, dans une région rude, reculée, à l'ombre de la Géante, cette montagne qui rythme de son ombre la vie des habitants, à la fois protectrice et inquiétante. C'est l'histoire de Noële (avec un l et un e), une femme sans âge, mi-sorcière, mi-guérisseuse qui tient de la Tante qui l'a élevée ses connaissances dans les plantes et dans l'art du fagotage, du souffle sur les braises et de l'utile présence d'une boîte d'allumettes dans sa poche. Mais ce qu'elle ne connaît pas, ce qu'on ne lui a jamais appris c'est la beauté des sentiments et à travers un homme de passage, Maxim (sans e) et des lettres de Carmen, elle va s'ouvrir à l'amour mais aussi porter un regard sur elle, se sentir vivre, vibrer et ressentir des émotions dont elle ne se sentait pas capable.



"La Tante nous a élevés aussi simplement qu'elle vivait, comme elle cueillait les herbes, comme elle râpait les racines et effeuillait la sauge, avec son cœur de samaritaine calleux mais plein comme un fruit mûr, et comme ça jusqu'à ce qu'il lâche l'affaire.(...) L'appeler la Tante, c'était ma couverture de survie.(p104)"



Il y a eu d'abord quelques pages qui plantaient le décor, l'ambiance, mystérieuses et presque énigmatiques mais le ton était donné : j'arrivais dans un village où le moindre passage d'étranger est une question.. Et puis il y a eu l'écriture et peu à peu je l'ai entendue : rythmée, douce et sèche comme le sont les pensées de Noële, imagée et parfumée à la manière d'un ode poétique qui vous transporte dans la nature : cela sent le froid, le bois qui se consume et le serpolet. D'ailleurs en épigraphe figure une phrase de Jon Kalman Stefansson, résumant parfaitement où vous vous immiscez :



"Partir dans les montagnes par une nuit calme et sombre comme l'enfer pour y trouer la folie ou la félicité, c'est peut-être cela, vivre pour quelque chose. (La tristesse des anges)"



Ecoutez le son de ces mots même s'ils sont sous la forme de prose, ils ont la beauté et le charme d'une voix qui vous murmure des secrets, une voix de notre temps mais qui vit à un autre rythme, dans un lieu retranché. Et cette femme sans âge, presque sans visage possède bien des dons mais qu'elle ne délivre qu'à ceux qui trouvent grâce à ses yeux. Alors, et alors seulement, elle se fait messagère, intermédiaire, porteuse de lettres, présence attentionnée et discrète, comme cela l'air de rien. Elle n'attend rien, n'espère rien simplement découvrir un monde inconnu.



"Dans son chagrin, cette femme puisait les mots qui ne cachaient rien, elle se mettait à nu comme elle allait prendre un bain et nageait dans des eaux profondes avec la peur de rien. A côté d'elle, je marchais morte, morte de marcher à côté de l'essentiel.(p112)"



Ce roman à la rudesse des paysages, la sincérité des gens du cru, de ceux qui vivent loin de tout, parfois sans avoir fréquenté l'école, il y a la douceur d'une naissance, d'un éveil et quand on y prête un peu d'attention, on s'aperçoit que tout a un sens, pourquoi Léon, le jeune frère s'appelle Rimbaud, pourquoi la majuscule se mérite, se respecte : la Géante, la Tante, la Maison Froide, le Pont des Sémites.



Et puis il y a les lettres, celles de Carmen pour un homme partit trouver refuge au pied de la Géante, qui se mure dans le silence, acceptant la présence de Noële que parce qu'elle est comme lui, économe en mots, discrète et nécessaire parfois.



Voilà, j'ai quitté Noële (avec un l et sans e) avec regrets, après l'avoir vu se métamorphoser, se révéler, Laurence Vilaine se faisant mi-sorcière, mi-poète pour lui donner vie, pour relater l'histoire d'un apprentissage et d'une renaissance.



Une pépite !



"Pour vivre sans l'urgence de te voir, je suis en train de faire de mes espoirs des certitudes pour plus tard. (p132)"
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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La Géante

Il faut accepter de se perdre au début de La Géante, car l'ascension est fulgurante.



Oui, la lecture peut déboussoler au début. Que font ces lettres dans la narration ? Qui écrit ? Et à qui ? Mais n'est-ce pas ce qui tient en haleine, ce mystère ? Et la colère de cette femme sous son gros manteau - quelle est donc la détresse qui l'anime ? Alors on poursuit la lecture, touchés par la curiosité, et par la grâce aussi de l'écrit. Car si le chemin pour la gravir et arriver jusqu'à son sommet est captivant, c'est bien grâce à la beauté des mots et la poésie de Laurence Vilaine.



Lire La géante c'est prendre le temps d'enfiler ses chaussures pour aller chercher les mystérieuses immortelles bleues avec Noële, c'est partir avec elle pour une merveilleuse randonnée sillonnée de souvenirs -proches et lointains- qui fera surmonter toutes les peurs, même les plus enfouies. Une véritable bouffée d'air pur.
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