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Citations de Laurent Petitmangin (223)


Ce n'était pas prévu comme cela. Pas aussi vite. Dans les plans de Gerd, des années pouvaient se passer avant qu'on ne mette la main sur quelque chose d'intéressant, des années à patienter, à faire le dos rond, à faire comme si, à se faufiler, à s'insinuer dans cette nouvelle vie, à l'épouser dans ses moindres anfractuosités. Susciter la chance, être au bon endroit, dans les bons labos, auprès des professeurs qui comptaient. À moins que le signal ne vienne de notre patrie, qu'elle nous mette sur une piste, un document à intercepter, parfois à falsifier, un individu à rencontrer, à séduire, à aimer. Davantage s'il fallait. Tromper. Neutraliser, et même si nous n'étions pas des spécialistes de ces basses œuvres, même s'ils avaient bien d'autres moyens de régler les cas "ennuyeux", comme ils disaient, nous devions y être prêts aussi. De longues années à creuser patiemment nos petites galeries, surtout ne rien émettre de suspect, et c'était en quoi nous différions des vraies taupes, il n'était aucunement question de laisser de petites mottes de terre en surface, tout devait rester rentré. Des années où la patrie s'empêcherait de communiquer avec nous, tous signaux coupés, comme ces sous-marins qui disparaissent des radars pour longtemps, elle nous laisserait nous infiltrer, et si elle devait se rappeler à notre bon souvenir, pour une urgence ou une impérieuse raison de service, il n'y avait pas à s'en inquiéter, on saurait tout de suite, le signe serait évident, absolu. Là, c'était comme si toutes les portes s'ouvraient d'un coup et qu'il n'y ait qu'à se servir. Cela paraissait trop beau, mais c'était juste l'inconséquence de Mitchell et de ma mère : il n'y avait plus à hésiter. pg 108
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Dans notre folle descente, les sapins et les lauriers sentent plus fort. Cette nature augmentée se moque de nous et nous nargue.
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"Nous vivons de peu, nos corps se sont habitués. Nous vivons comme l'humanité aurait dû vivre depuis longtemps, comme ces hommes, au Bangladesh ou ailleurs, qui le font bien, et montrent si peu de besoins."
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On a beau avoir nourri la bête de toutes les excuses possibles, l’avoir rassasiée d’explications rationnelles [], lui avoir expliqué ce qu’on fait dans cette zone et les satisfactions qu’on peut en tirer, d’être débattus jusqu’à évoquer Vic [], elle revient à la charge, comme si elle n’avait encore jamais rien entendu et qu’il fallait tout lui redire, et si possible lui procurer de nouveaux morceaux.
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Pense aux tranchées, mec. On est dans une putain de tranchée. On est comme eux. On sait que désormais c'est là que ça se passe. On sait qu'on va se faire dégommer, qu'on sorte, qu'on reste, mais c'est trop tard pour faire quoi que ce soit d'autre.
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Avec Marc, on n’a jamais été des écolos. On voyait cette centrale de loin, elle ne nous dérangeait pas plus que ça. Il y avait la forêt entre elle et nous, des hectares de bois et de silence, cela nous semblait bien suffisant.
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Pourquoi rester ? Question interdite. On se contente de la circonvenir. Par quelques affirmations un peu débiles, c’est pas pire qu’ailleurs, au moins on est tranquilles, par de petites réassurances comme si on était en villégiature, on n’est pas bien là ?, puis, quand il faut dégainer le lourd : maintenant qu’on a commencé. Ce maintenant qu’on a commencé résume l’espère de pacte qui nous étreint, il prévient tout délitement.
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La maison est bouclée. Allessandro et Lorna ont fait pour nous tout ce que les autres avaient fait ,ils l'ont fermée proprement ,comme si on allait y revenir un jour.Comme une simple demeure de vacances,qu'on cadenasse au dernier jour de l'été. Les deux partiront demain,ou un peu plus tard.Les Ouzbeks ne partiront pas,pas tout de suite en tout cas .Ils veilleront encore sir ces terres animales ( Page 222).
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Au fil des rencontres ,cela reste animal.Nous ne nous promettons rien.Nous nous contentons de notre corps-à-corps,deux trois fois par semaine. Nous n'allons pas nous vendre une autre vie,là où nous en sommes .Pas plus fantasmer sur ce week-end en amoureux .On ne peut pas sortir de la zone .Et je ne crois pas que nous soyons tellement amoureux.
Et maintenant ,il y a cet enfant.( Page 112).
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Je sais d’où l’observer sans qu’elle me voie. Il faut monter bien plus haut, j’ai le temps de le faire. Une fois installé, je la vois tourner autour de ses plantes. Et je crois un instant qu’à l’instar d’Alessandro elle va les saccager. Mais non. Elle enlève sa combinaison, se dénude au milieu du champ, bras en croix, la tête qui fixe le ciel. On dirait qu’elle lui parle, puis qu’elle le maudit, l’injurie. (p. 172)
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LA RENTRÉE LITTÉRAIRE,

Fred
Il faudrait dire le silence.Longtemps .Le silence qui éprend la crénelure des arbres.La fine dentelle de ceux-ci,bien détachée du ciel lavé,qui n'attend que le printemps pour s'enrichir et foisonner. Dans trois semaines ,ces arbres seront magnifiques ,débourrés d'un vert déjà strident ou encore tendre .Partout le renouveau .Partout un motif d'espoir.Pas ici.(Page 11).
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Page 127 :
J'avais finalement compris que la vie de Fus avait basculé sur un rien. Que toutes nos vies, malgré leur incroyable linéarité de façade, n'étaient qu'accidents, hasards, croisements et rendez-vous manqués. Nos vies étaient remplies de cette foultitude de riens, qui selon leur agencement nous feraient rois du monde ou taulards. "J'ai été là au bon moment", voilà ce que bien des gens comblés pourraient confesser.
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Il y a ainsi des moments où l'on comprend pourquoi on vit avec quelqu'un, et pourquoi on l'aime.
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Ce qui fait mal, c'est de constater l'effarement, palpable, ces sentiments contradictoires qui ont traversé l'esprit, pensées inédites, inimaginables encore quelques heures avant l'accident. La panique, le désir de faire vite, ces mille réticences et hésitations aussi, les injonctions contradictoires ("Prends ça!" "ça ,non! Laisse le! on n'a pas le temps"), des décisions sans grande cohérence, les objets saisis et reposés, trop lourds, trop fragiles, on les sent ,ces remords, quand on se convaincra bientôt qu'on aurait pu faire l'effort d'embarquer cette babiole qui avait traversé les ans (mais après tout, on pensait vite revenir). Ces gens avaient une vie, pas forcément la plus glamour, leurs maisons étaient toutefois entretenues, et si, par manque de temps ou de budget les travaux étaient remis à la belle saison ou à l'année d'après, ces demeures vivaient, petit à petit, à leur rythme, au rythme de ces gens, elles n'étaient pas destinées à devenir ça.
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Notre amour n'a plus rien des premières années. Toute sa surface est lessivée, salement lessivée. Et rien dans les jours qui s'abattent ne ramène la moindre légèreté qui pourrait faire notre bonheur. On s'aime encore, d'un amour assommé. Vitrifié. Deux grands brûlés. Qui partagent la même chambre.
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Pourquoi rester ? Question interdite. On se contente de la circonvenir. Par quelques affirmations un peu débiles, c'est pas pire qu'ailleurs, au moins on est tranquilles, par de petites réassurances comme si on était en villégiature, on n'est pas bien là ?, puis, quand il faut dégainer le lourd : maintenant qu'on a commencé. Ce maintenant qu'on a commencé résume l'espère de pacte qui nous étreint, il prévient tout délitement.
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Ce qu'il faut de nuit (pour affronter le jour).
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Pense aux tranchées, mec. On est dans une putain de tranchée. On est comme eux. On sait que c'est désormais là que ça se passe. On sait qu'on va se faire dégommer, qu'on sorte, qu'on reste, mais c'est trop tard pour faire quoi que ce soit d'autre. Ce sont les tranchées qui nous obligent. Rien d'autre.
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L'air frais me saisit. Ça sent bon. Comme avant. J'en prends plein les poumons. On ne soupçonne rien. C'est le plus terrible de cette vie. Se dire qu'on ne voit rien, et quand on voit, il est trop tard;
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Ce sont nos instruments qui donnent la mesure qui nous attend dehors. De longs bips tout en ronflement, des sons saccadés, une syncope de bruits métalliques qui n'en finissent pas dès qu'on met le pied dehors, l'impression de vivre sous respirateur, un carcan entêtant, sans fin, qui dit inlassablement qu'on a beau marcher et chercher, il n'y a jamais, jamais, de zone saine, sauf à l'intérieur des maisons, et encore, je crois qu'on n'a plus trop envie de savoir, on coupe nos engins dès qu'on est chez nous. La vie serait impossible, s'il s'avérait qu'il y a nulle part où aller.
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