AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Laurie Cohen (83)


Elle coiffe sa tête d'une couronne de neige et drape parfois ses bras d'un manteau de glace.
Commenter  J’apprécie          20
Quand elle est un peu triste, elle exhale de la brume, un gros nuage gris et du vent, des flocons qui tourbillonnent.
Commenter  J’apprécie          20
Et quand il est tard, le soleil couchant la borde de rose, d'or et d'orange et parfois de violet.
Commenter  J’apprécie          20
C'est pour ça que moi, je suis... si petit.
Commenter  J’apprécie          10
Le lendemain, après avoir rassemblé mes effets personnels, je suis reconduite dans l’autre quartier, celui de la détention provisoire, sans femmes enceintes, sans enfants.
La réalité me percute de plein fouet. Comme un violent carambolage. Nouvelle cellule. 145. Les murs sont inlassablement sales, avec l’odeur de merde, de pisse, des graffitis maladroits, des rats le long des coursives et des punaises dans les matelas entassés les uns à côté des autres. Et constamment cet air glacé qui file à travers les barreaux. J’avais presque oublié cet endroit. Comme si c’était une autre vie.
Commenter  J’apprécie          10
Je veux prolonger ces minutes-là pour l’éternité.
Alors j’embrasse ma fille sur le front et je la serre fort contre moi. Des larmes coulent sur mes joues.
Commenter  J’apprécie          10
Plusieurs fois, je demande aux surveillantes si elles n’ont rien vu passer. Elles me regardent comme si j’étais folle, à espérer quelque chose qui ne viendra peut-être jamais. Ou, parfois, avec la pitié de celles qui ont déjà vu des détenues être oubliées par les gens de l’extérieur. Certaines reçoivent des visites pendant des années, des lettres, des cadeaux, et un jour, sans raison particulière, tout s’arrête. Que reste-t-il quand tout le monde vous abandonne ? Quand le dernier espoir vous échappe ?
Commenter  J’apprécie          10
Je m’épuise à chercher vainement une solution pour garder ma fille à mes côtés. Prolonger ce temps. J’ai entendu de rares cas où l’on peut garder son enfant jusqu’à vingt-quatre mois, voire jusqu’à trois ans dans certains pays d’Europe. Je donnerais n’importe quoi pour l’avoir même un mois de plus. Même un jour de plus. Je n’arrive pas à concevoir notre séparation.
Commenter  J’apprécie          10
J’ai souvent peur d’être une mauvaise mère, pas à la hauteur, de mal faire les choses. De ne pas voir l’évidence. J’ai beau lire et relire le Guide de la future maman, je crois qu’être mère ne s’apprend pas dans un manuel. Et que, en fait, on n’est jamais vraiment prête.
Commenter  J’apprécie          10
Ici, nous devenons des loques humaines. Plus d’âme. L’abolition des frontières. Entremêlées dans l’odeur de nos déjections. L’enfer est partout. Dans les murs. Dans l’autre. On ne supporte plus rien. Ni sa respiration, ni son corps, et encore moins la promiscuité. Ce manque d’intimité nous donne l’impression de ne plus avoir d’existence propre. De faire partie d’un tout, et d’oublier son individualité. On se perd dans les pensées et les gestes de l’autre. Nos sens s’embrouillent. Il règne en ces lieux quelque chose d’invraisemblable.
Commenter  J’apprécie          10
Elle a parfois un regard fou quand elle est en manque de sa dose… Je vois ici tellement de filles torturées… Quand on se penche sur leurs parcours, on réalise que l’évidence est souvent plus complexe qu’il n’y paraît.
Mais on refuse de voir la vérité en face. C’est plus simple de foutre les gens au bagne plutôt que de comprendre comment ils en sont arrivés là.
Commenter  J’apprécie          10
Je vais le garder dix-huit mois. Mais ensuite ? Qu’adviendra-t-il le jour où l’on viendra le prendre dans les bras ? Me l’arracher ? Que je ne pourrai plus le voir que de temps en temps ? Que je raterai des moments précieux ? Qu’adviendra-t-il quand il comprendra que maman est en « prison » ? Qu’elle l’a laissé tomber ? Qu’elle a fait des erreurs ? Qu’elle n’ose plus le regarder droit dans les yeux ?
Commenter  J’apprécie          10
Incipit :
Quand j’ai traversé la cour de la maison d’arrêt, j’ai guetté le ciel. Ce trou de bleu entre les murs de pierre. Les barbelés tordus. Le silence. Le vent. Une brise légère qui faisait clapoter les tee-shirts suspendus à quelques fenêtres brisées. Les silhouettes perdues, derrière les barreaux, qui déambulaient, me dévisageaient. Un matin de mai. Le soleil sur mes joues. Comme pour la dernière fois.
Commenter  J’apprécie          10
Ici, tout n'est que misère: cris, pleurs, folie, maladies, cauchemars, tentations, racisme, trahisons, insultes, coups, provocations, conflits, humiliations, maux de tête, abandons, oublis, fouilles, poussées suicidaires, illusions, menottes, colères, infantilisations, jugements. p. 122
Commenter  J’apprécie          10
On a enfermé mon corps, mais pas ma pensée. Qui vagabonde, inépuisable.

Envie de hurler mon innocence au monde entier.

On ne peut pas sortir comme on veut. Alors, on attend les heures de sortie.

Parfois, on rêve de retourner en cellule, pour s’isoler, et rêver. Ne plus se confronter au regard, à la vie des autres, à l’image des murs immenses et des barbelés. La cellule devient une échappatoire.

On effectue une promenade quotidienne d’une heure à l’air libre. On en profite pour avaler plusieurs litres d’oxygène, étudier le moindre centimètre carré du ciel, les nuages, l’herbe et les quelques arbres alentour.

Des micros, des haut-parleurs, des écrans et des caméras qui vont de droite à gauche et de haut en bas encerclent la cour goudronnée. Pourtant, la tension est tellement palpable par moments qu’on peut assister à de nombreuses scènes de violence.

Alors, il faut fuir, se mettre à l’écart et rester impassible.

Quand je les regarde, j’ai l’impression d’être au milieu d’une cage de fauves. Pendant les heures de promenade, tout devient permis.

Menaces, violences, trafics de stupéfiants, jets de projectiles, racket. L’explosion de toutes les frustrations.

On est toujours en attente, comme dans un village isolé en haute montagne, du petit événement qui troublera la journée.

Toujours le lever du soleil, le crépuscule et une nouvelle routine, mais pas d’avenir.

Pas d’objectif. La seule chose qui compte, c’est tenir. Survivre.

La tempête. L’orage. Ses chaussures pleines de boue. Et les coups de feu.

J’aimerais m’envoler. Transportée. Légère. Abandonner. Oublier.

Je sais qu’autour de la prison, un peu plus loin, on peut sillonner de profondes vallées, des champs, des prairies parsemées de boutons d’or, de marguerites.

Là-bas, des perdrix construisent des nids, des faons courent entre les chênes, des canards dérivent sur les lacs, des libellules vrombissent entre les roseaux, et des écureuils se cachent dans l’écorce des arbres.

Les herbes poussent dans le sens qu’elles désirent. L’eau peut creuser des trous.

Ici, le gazon est taillé parfaitement, aussi droit que les murs qui ornent son périmètre.
Commenter  J’apprécie          10
Des souvenirs aussi simples qu'un café en terrasse, le visage baigné de soleil, me hantent. Le goût du café corsé, fraichement moulu. La chaleur diffuse sur les joues. N'être plus qu'un numéro. Douze mètres carrés pour vivre. Perdre son identité Pas de rédemption.
Commenter  J’apprécie          10
On perd la sensation de notre corps. Sa beauté potentielle se dilue. Les traits ne ressemblent à rien. Et le désir se perd. Le manque de contact humain, de douceur est cruel. L'idée d'un baiser semble irréelle. La chaleur d'un sexe, improbable. L'étreinte violente qui provoque un instant le surgissement de l'extase n'est plus qu'une chimère.
Commenter  J’apprécie          10
C’est peu commun de se dire qu’on abrite un enfant. L’embryon d’une vie. Que progressivement les cellules vont former un corps minuscule, des organes qui vont se rattacher les uns aux autres, un cœur qui va se mettre à battre doucement, une bouche qui va s’ouvrir pour recevoir de la nourriture, un cerveau qui va grandir, créer une infinité de connexions, qui seront le siège des émotions, des pensées, et donc de la personnalité du futur petit être humain.
Commenter  J’apprécie          10
Comme si, après tout ce temps, elle avait peur de partir. Peur des incertitudes de l’avenir. Finalement, la surveillante claque la porte et elles s’en vont. J’écoute le bruit de leurs pas qui s’éloignent.
Commenter  J’apprécie          10
D’autres regardent inlassablement de vieilles photographies en noir et blanc. À force de les fixer, ils se souviennent des nuances. Puis l’image s’anime au fond de leur rétine. Ils retrouvent les crissements des roues sur les rails, le vent dans les arbres, sur les blés dans les champs immenses et dorés, l’écoulement régulier de la fontaine, les pas dans la boue, le café corsé que le barman jette dans le percolateur qui écrase le grain en petite poudre, infime.
 
C’est la seule chose qu’on ne peut pas nous prendre. La pensée. Les images nous appartiennent. On dit que même ceux qui sont victimes de maladies dégénératives oublient d’abord les souvenirs récents. La mémoire retient les plus précieux.
 
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Laurie Cohen (297)Voir plus

Quiz Voir plus

Un Palais d'Epines et de Roses

Qui est le personnage principal ?

Ferye
Fyere
Alis
Feyre

6 questions
248 lecteurs ont répondu
Thème : Un palais d'épines et de roses de Sarah J. MaasCréer un quiz sur cet auteur

{* *}