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Critiques de Leni Zumas (121)
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Les heures rouges

Une loi américaine à venir, interdisant l'avortement à toutes les femmes et l'adoption et la PMA aux femmes célibataires, met en difficulté quatre femmes. Euh... c'est de la science-fiction ? Oui et non, nous sommes dans un futur proche aux États-Unis, avec son nouveau Président — c'est dire le désagrément de ces femmes qui chacune à leur manière vont devoir se battre pour leur liberté.



Après cette lecture, au début un peu laborieuse, puis de plus en plus agréable, les premiers mots qui me viennent à l'esprit sont : déconcertant, poétique et militant. Déconcertant, je vous laisse découvrir pourquoi, militant : puisqu'il s'agit, avec humour et ironie, de défendre la liberté des femmes à disposer de leur corps ; de les inciter à ne plus subir les diktats d'une société patriarcale ; de tenter d'empêcher des illuminés d'imposer leur folie liberticide et pire encore.



Pour ça, pour l'originalité de l'écriture de Leni Zulma, pour la façon dont elle met en scène la souffrance, le courage et les ressources des femmes, pour la portée de son message à une époque où la Cour suprême américaine pourrait bientôt restreindre, voire éliminer le droit à l'IVG dans plusieurs États, Donald Trump ayant promis de nommer un juge anti-avortement à la cour, lire Les heures rouges me paraît une excellente idée.



Merci à Babelio et aux Presses de la Cité pour leur confiance
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Les heures rouges

Newville, Oregon, bientôt. Les heures tournent, pour Roberta, Susan, Mattie et Gin, quatre femmes qui symbolisent chacune un combat contre les hommes et la société.

Roberta, "la biographe", est professeure d'histoire au lycée. 42 ans, célibataire, elle veut faire un bébé toute seule. Mais le 15 janvier, dans quelques semaines, dans quelques jours, la loi qui interdit la procréation médicalement assistée pour les femmes seules entrera en vigueur. Roberta espère de toutes ses tripes que sa dernière fécondation in vitro réussira.

Pour Susan, "l'épouse", les heures tournent tellement vite qu'elle peine à dégager du temps pour elle, entre ses deux enfants, son mari et la maison, pour lesquels elle a renoncé à une prometteuse carrière d'avocate. Face au temps qui passe, pendant lequel rien ne se passe, elle pense souvent à divorcer, ou à se jeter en voiture du haut de la falaise.

Mattie, "la fille", même pas 15 ans, une des meilleures élèves du lycée, rêve d'un avenir de grande scientifique. Qui pourrait bien être compromis par une grossesse accidentelle. Elle veut avorter. Mais le 15 janvier, dans quelques semaines, dans quelques jours, la loi qui interdit l'avortement entrera en vigueur. Même le Canada, qui a érigé un "mur rose" à sa frontière, refoule déjà les candidates américaines à l'IVG. Restent les cliniques clandestines. Le temps presse, Mattie est à plus de 12 semaines.

Et puis Gin, "la guérisseuse". A 32 ans, elle vit depuis toujours en marge de la communauté, en véritable "femme des bois", que d'autres femmes viennent consulter discrètement pour soulager leurs maux. Dans ce village de pêcheurs à la mentalité superstitieuse et bornée, ce n'est qu'une question de temps avant qu'un procès pour sorcellerie soit ouvert contre Gin, dans cette bourgade proche de Salem (Oregon), cela ne s'invente pas...



"Les heures rouges" est une dystopie qui se déroule dans un avenir tellement proche que cela pourrait bien déjà être demain, et c'est très inquiétant. Au nom d'une loi proclamant que "chaque enfant a besoin d'un père et d'une mère", on interdit d'une part l'avortement, et d'autre part, la procréation assistée et l'adoption pour les femmes célibataires : "une fois l'avortement déclaré illégal, avaient annoncé les membres du Congrès, il y aurait plus de bébés susceptibles d'être adoptés. Interdire l'IVG ne causait de mal à personne, avaient-ils affirmé, parce que les gens qui avaient un utérus défectueux ou un sperme anormal pourraient simplement adopter tous ces bébés supplémentaires".

Sous les auspices d'Eivor, exploratrice islandaise du 19ème siècle au destin tragique, les femmes de ce roman se débattent dans le carcan d'une société patriarcale et réactionnaire, dans laquelle les hommes brillent surtout par leur lâcheté et leur brutalité. On y trouve beaucoup de symboles, à commencer par la couleur et le dessin de la couverture. Du pourpre et du rouge, la couleur du sang et des violences faites à la liberté des femmes. Quant au dessin, pas besoin de vous en faire un...

Si les personnages de Roberta et Susan n'apparaissent pas toujours très sympathiques en raison de leurs frustrations qui virent à l'aigreur et à l'obsession, ceux de Mattie et de Gin sont beaucoup plus attachants. Mais les quatre sont désespérées, chacune à leur façon, et pour cela, touchantes. Leurs luttes qui s'entrecroisent et s'opposent les unes aux autres résonnent jusqu'à nous, remuant coeur, ventre et esprit.

Ce roman lucide, à la fois ironique et poétique, à l'écriture simple, cible clairement les dérives potentielles de l'Amérique de Trump. Pourvu que les heures des droits des femmes ne soient pas comptées...



En partenariat avec les éditions Presses de la Cité via Netgalley.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Les heures rouges

Cinq femmes malmenées dans leur Féminité : une dystopie?

*

Je mets un point d'interrogation derrière ce mot. Est-ce un futur proche? Une prémonition? Ou juste une élucubration de l'auteure?

Ca fait froid dans le dos en tout cas.

Malheureusement, dans certains pays, les droits de la femme concernant leur liberté d'enfanter (ou non) est bafouée. le droit à l'avortement n'est pas acquis partout. Sans parler du mariage homosexuel ou de l'homoparentalité. Rien n'est figé dans le marbre. Tant de questions restées en suspens sont abordées ici dans ce roman.

*

Un roman polyphonique qui donne la voix à 5 femmes, toutes très différentes mais dont le destin est inextricablement lié par le sujet si brûlant actuellement aux USA : la loi anti-avortement.

Saviez-vous que dans 1 an, l'avortement sera illégal dans 20 états?

Effarant!

*

Une guérisseuse traitée de sorcière, une lycéenne enceinte mais voulant avorter, la biographe célibataire et désireuse d'enfant, une épouse/mère en burn out de la vie de famille et une exploratrice islandaise du 19eme siècle.

Toutes ces femmes très déterminées vont devoir régler leurs problèmes, se battre à chaque moment.

Car rien n'est acquis, tout peut bouger. Elles sont toutes les victimes du fonctionnement de leur société.

*

Je dois dire que le début de cette histoire a été laborieux. Surtout par les écrits de l'exploratrice, ne voyant pas où cela nous mènerait. Mais ensuite, tout s'éclaire. On se rend compte avec effroi que ces dérives sont peut-être à l'ordre du jour en Amérique.

Avec un ton militant, l'auteure nous met en garde, nous les femmes, contre ce patriarcat, carcan virtuel (même si nous ne portons plus le corset :).

Malgré une loi ratifiée, cette même loi peut immédiatement s'annuler quelques temps après. Restons vigilants!

Leni Zumas , sous forme de fiction, a levé les tabous, déversé sa colère et son amertume. Avec de l'humour et un peu d'ironie. Une lecture intéressante et éclairante .

Libre à chacun de se faire une idée.

Et je rajoute que les hommes peuvent également le lire.

*

Merci à Netgalley.

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Les heures rouges

Une n'arrive pas à avoir d'enfant, une autre rêve d'être autre chose qu'une mère, une autre encore ne veut pas l'être aussi tôt, une dernière a eu une fille qui ne connaît pas son existence...



Dans un futur proche aux ETATS UNIS, l’avortement est interdit, les femmes seules sont menacées à court terme de ne plus pouvoir avoir recours à la procréation médicalement assistée ni à l’adoption.



4 destins de femmes vont se croiser dans les Heures rouges dans une Amérique du futur où encore une fois des hommes décident ce qu'il convient de faire du corps des femmes.



Dans ce récit visionnaire et assez terrifiant la romancière Leni ZUMAS nous invite dans la vie de ces 4 femmes avec humour parfois, poésie souvent et revendique, à travers elles, le droit pour chacune de disposer de son corps.



Dur mais Terriblement actuel.
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Les heures rouges

Nous sommes le 16 août (déjà...) et les Presses de la Cité font paraître ce roman aujourd'hui pour la rentrée littéraire de 2018 !



J'ai eu le privilège de le découvrir en avant première grâce à une Masse Critique particulière de mon cher Babelio ♥♥♥



Il est l'heure ( rouge...) de vous dévoiler mon avis et de vous inciter à le lire.



Tout d'abord je tiens à vous signaler que ce livre est un bel objet, avec une belle couverture rouge au graphisme suggestif et aux rabats intérieurs.



On suit dans cette histoire 5 femmes, 4 dans le présent et une dans le passé.



Les chapitres sont nominatifs et suivent alternativement ces différentes femmes. Ainsi Leni Zumas en dresse les portraits et nous donne une vision plus généraliste des femmes.



Il y a l'exploratrice au XIX ème siècle, il y a la biographe, la fille, l'épouse et la guérisseuse.



Un élément est au centre du destin de ces femmes, l'avortement sera interdit très bientôt.



Les répercussions sont immenses sur leurs destins et la vie de ses 5 femmes font se croiser, se mêler, se lier



Leni Zumas a réussi à m'intéresser à toutes ses femmes. Qu'elles soient mère ou pas, qu'elles exercent une profession ou pas, qu'elles soient reconnues ou pas ... Elle met leurs forces en avant et pointe aussi leurs fragilités.



Le message de l'auteur sur la liberté de disposer de son corps est distillé de façon intelligente.



L'auteure nous démontre aussi qu'il 'y a pas qu'un modèle de vie à prôner. Qu'une femme peut ne pas se qualifier uniquement par sa condition de mère.



Les hommes par contre ici ne sont pas tellement mis en avant, non ils sont même un peu effacé... Trop peut-être ... Je serais d'ailleurs curieuse d'un avis masculin sur ce livre. Messieurs n'hésitez pas à le lire.



Les Presses de la Cité nous parle de la naissance d'une grande auteure féministe. Je ne sais pas qu'en penser...



J'ai lu et apprécié ce livre que j'ai lu rapidement, le rythme de ces petits paragraphes nous entraînant à tourner les pages facilement.



Toutes les fragilités de ces femmes et toutes leurs forces m'ont séduites. J'ai eu tout de même un faible pour la guérisseuse, un personnage "différent" très touchant.



Un livre à découvrir et à vous procurer

dès aujourd'hui 16 août 2018 dans votre librairie.



Faites connaissances avec ces femmes,

et par leurs intermédiaires avec les femmes !



Et gardons en tête de sauvegarder nos acquis précieux,

merci Madame Simone Veil ♥

et de veiller à nos droits fondamentaux en tant que femme.


Lien : https://imagimots.blogspot.c..
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Les heures rouges

« Nous ne sommes pas là pour retirer des vies », a déclaré récemment Bertrand de Rochambeau à propos de l'avortement (reportage diffusé le 11/09/2018 sur TMC).

Propos inquiétants de la part de ce médecin, puisqu'il est président du Syndicat national des Gynécologues et Obstétriciens de France (Syngof). Qui l'a promu à ce titre, au fait ?



Si on regarde l'actu récente, on constate que ce n'est pas le seul exemple de remise en cause de la pratique de l'IVG.

Le droit à l'avortement n'est donc pas définitivement acquis. Il faut par conséquent rester vigilants, comme pour d'autres sujets qui furent au centre des 'Manifs pour tous' en France en 2013 : opposition au mariage homosexuel et à l'homoparentalité (adoption, PMA, GPA), défense de la « famille traditionnelle ».



Ces thèmes sont au coeur du roman de Leni Zulmas.

Elle imagine les Etats-Unis ‘demain' : avortement interdit et lourdement sanctionné ; adoption et PMA pour femmes seules, en voie de l'être également. Et, pour blinder le truc : accord entre Canada et Etats-Unis pour refouler à la frontière et dénoncer les petites malines qui essaieraient d'aller faire ‘ça' ailleurs.



Tout cela m'intéresse, l'intrigue se découvre avec plaisir, et les personnages mis en scène ne manquent pas de piquant : une guérisseuse (donc, aux yeux de beaucoup, une ‘sorcière' responsable de tous les maux), une épouse mère de deux jeunes enfants qui a des envies d'ailleurs, une femme battue, une jeune fille pleine d'ambitions. Et puis Ro, cette prof célibataire quadra qui veut faire et élever un bébé seule, sans trop savoir pourquoi : horloge biologique ? peur de la solitude en vieillissant ?



Malgré tous les bons côtés de ce livre, la lecture fut longue et je rechignais parfois à m'y remettre. A cause des extraits énigmatiques de la biographie sur l'exploratrice islandaise Eivør ? des façons elliptiques de désigner les uns et les autres (la fille, l'épouse, la biographe) ? des redondances ?

Il faut dire que je pensais à des auteurs plus 'accessibles' qui abordent aussi ces thématiques, avec ce style d'ambiance féminine (Silvia Avallone, Auður Ava Olafsdottir, Liane Moriarty...).



En bref : le genre de livre sur lequel j'aurai peiné mais que je suis contente d'avoir découvert, et dont je relirai des extraits. Comme celui-ci :



■ « Dépensons l'argent du contribuable pour pénaliser les femmes vulnérables » a dit [la prof d'Histoire] en classe, et un élève s'est exclamé : « Mais si elles enfreignent la loi, ce sont des criminelles ! »

« Les lois ne sont pas des phénomènes naturels, a répondu [la prof]. Elles ont des histoires particulières et horribles. Vous avez déjà entendu parler des lois de Nuremberg ? Ou de Jim Crow ? »
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Les heures rouges

Ce que j’ai ressenti:



A corps et à cris étouffés, la féminité dans tous ses états d’âmes…



Leni Zumas bouscule les codes de l’écriture dans ce roman choral déstructuré et vibrant de féminité, pour nous présenter cinq femmes… Roberta, Mattie, Susan, Gin et Eivor. Mais ce n’est pas tant leurs prénoms qui importent, plutôt les rôles que chacune incarne.Des rôles où chacune d’entre nous peut se reconnaître. Fille, Mère, Grand-Mère, Amie, Épouse, Guérisseuse, Aventurière, Sorcière, Exploratrice, Professeure, Biographe…



Des femmes fortes et fragiles, unies dans un destin flou commun, menant leurs vies comme elles l’entendent… En dépit des lois, des logiques, de la société, des conventions, des menaces. Elles vivent, survivent, luttent, en équilibre précaire de leurs vagues d’émotions déstabilisantes…Une solidarité féminine qui se devine dans un regard, un geste, une attention…Pas toujours évidente, et pourtant présente, bouleversante…



Cette lecture se fait au rythme des humeurs, des coups de sang, des caresses et des douleurs intimes…Des bourrasques que seule, une femme peut ressentir. Leni Zumas les place au fil des chapitres, au gré de ses rencontres, avec une délicatesse respectueuse mais aussi avec un brin d’audace enflammé…Elle n’a pas peur des mots, des symptômes, elle enfonce les portes de l’impudique et n’hésite pas à mettre en avant, le fonctionnement du corps féminin.



"Aimer la vie comme elle vient."



A corps et à cris révoltés, la féminité dans un avenir éhonté.



Parce qu’il a une touche rougeoyante de dystopie, les femmes de ce roman, sont confrontées à une loi qui va bafouer les droits même, de pouvoir disposer de leurs propres corps. Une menace qui pèse sur leurs vies, leurs choix, leurs envies, leurs horloges biologiques. Et pendant ce temps-là, Les Heures Rouges s’égrainent, les cycles se poursuivent, le sang continue de couler…Et justement, cette interdiction prochaine va se fracasser sur les attentes de ces femmes, qui vivent à leur manière, leurs corps au féminin. Tantôt lasses, désespérées, heureuses, effrontées, indisciplinées, courageuses: Les femmes dans toutes leurs charmantes contradictions…



Elle est subtile, cette étiquette de science-fiction parce qu’il semble qu’on le touche presque du doigt, ce futur nébuleux. On pourrait bientôt voir les erreurs du passé reprendre forme, revivre éventuellement une nouvelle chasse aux sorcières version : demain. Alors Leni Zumas, avec sa fiction toute contemporaine, nous interpelle sur une des dérives potentielles susceptibles de se produire. Avec talent et une originalité surprenante. Juste des choeurs de femmes, des temps écarlates échoués sur des pages blanches..Libre à chacune et à chacun, de se faire sa propre idée, de se révolter, de s’engager, de ressentir au féminin: Les Heures Rouges.



"Le matin rouge où je partis pour Aberdeen, elle dit : « Allez, débarrassons nous de cette fisa défectueuse. »







A corps et à cris libérés, la féminité à faire valoir.



En cette rentrée littéraire et au vu de l’actualité internationale, cette histoire a les atouts nécessaires pour vous séduire. A l’instar de sa luminosité dans cet avenir obscurantiste, cet enjeu de découvrir un roman féminin, fort et engagé va réjouir tout un lectorat qui aurait envie de matière à réfléchir sur nos problèmes de sociétés passés ou à venir.



J’ai beaucoup aimé la sensibilité et la portée psychologique que Leni Zumas apporte dans son premier roman. Il y a comme une urgence dans ces morceaux de vies choisis, une urgence pour que les femmes prennent à cœur leurs libertés, une urgence pour faire changer les mentalités…



Alors, de toute urgence, vous aussi, découvrez Les Heures Rouges! Coup de Coeur!







"Et l’écume des vagues vire au rouge."







Ma note Plaisir de Lecture 10/10



Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement Babelio ainsi que les éditions Presses de la cité pour l’envoi de ce livre. Ce fut une lecture captivante!
Lien : https://fairystelphique.word..
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Les heures rouges

****



Newville, dans l'Oregon, est une petite ville proche de Salem. Dans un futur proche, quatre femmes sont touchées par la nouvelle loi fédérale, dénommée UPUM, qui proclame que chaque enfant a besoin d'un père et d'une mère. Désormais, l'avortement est un crime et l'adoption par une femme célibataire totalement impossible. C'est ainsi que Roberta la biographe, Suzan l'épouse, Mattie la fille et Gin la guérisseuse vont être impliquées dans la marche d'un peuple vers une catastrophe...



Voici un roman étonnant, puissant et totalement addictif !! Léni Zumas signe ici un roman très prometteur. Avec une écriture rythmée, sans détail inutile, dotée d'une fluidité dévouée à l'histoire, l'auteur nous pousse dans un monde glaçant. Les femmes ne sont plus libres de leur corps, elles subissent la loi rigide d'une maternité imposée.

Avec des regards croisés, les 4 personnages sont meurtries par une vie qu'elles n'ont pas choisies et elles tentent chacune à leur façon de garder la tête haute. Malgré leur lien, elles sont seules face à leur choix et il leur est parfois simplement difficile d'espérer...



Un immense merci à NetGalley et aux éditions Presse de la Cité pour leur confiance.
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Les heures rouges

Leni Zumas nous offre une dystopie pas si éloignée de la réalité dans certaines parties du monde. L'Amérique puritaine pourrait en effet demain adopter cette loi UPUM "Chaque enfant a besoin d'un père et d'une mère ».



Newville, Orégon, quatre femmes : Susan, l'Epouse, femme au foyer, transparente tant pour ses enfants que pour son mari a renoncé à sa carrière pour sa famille.



Roberta, la Biographe, Professeure célibataire de 42 ans. L'horloge biologique tourne, elle veut un enfant.



Mattie, la Fille, pas tout à fait 15 ans, meilleure élève du cours de Ro, enceinte dès la première fois avec son amoureux Ephraïm...



Gin, la Guérrisseuse, 32 ans, "marginale" vit près de Salem, de là à être estampillée "sorcière" comme au XVIIème siècle, après tout il y eut des précédents...



Et puis, L'exploratrice Eivor Minervudottir, fil rouge, lien entre les chapitres de cet étrange roman, dont l'histoire est racontée par la biographe.



5 femmes, 5 destins contrecarrés par une société patriarcale contre laquelle les femmes n'auront de cesse de devoir se battre pour exister en tant que personnes adultes responsables de leur vie, de celles qu'elles voudront donner au monde.



Les femmes veulent avoir le contrôle de leur corps, les hommes veulent le pouvoir de tout contrôler...



Cette question de la procréation a-t-elle toujours été l'enjeu d'un pouvoir absolu du patriarcat ? Le roman de Leni Zumas soulève des questions, à chacun d'apporter sa réponse au travers de la condition de Roberta, Mattie, Susan, Gin et Eivor l'Islandaise.



Le lien tissé entre toutes ces femmes, leurs doutes, peurs, leurs tous petits espoirs souvent étouffés dans l'oeuf par cette loi que certaines ont prise pour une "comédie politique" mais qui va être bel et bien voté par le Congrès.



Au nom d'une loi soi-disant protectrice de la famille, on oblige les femmes à garder un embryon non désiré. On ôte l'espoir d'être mère aux femmes célibataires, la stérilité n'ouvre pas systématiquement droit a être assisté médicalement pour enfanter. L'avortement est définitivement impossible sous peine d'être poursuivi pour homicide. Aucun droit à l'erreur dans les laboratoires, là encore la poursuite pour homicide involontaire est une épée de Damoclès. Mais il y aura plus d'enfants à l'adoption, c'est le pari fait par les politiques... enfin pas pour les célibataires puisque "UPUM" dit ce qui est bon pour l'enfant.



Au travers de ces cinq destinées mais également à travers le temps, un lien existe entre ces femmes qu'il vous faudra découvrir. "les heures rouges" est un roman fictionnel qui alerte sur les dérives possibles d'une société oppressante qui remet en question le droit des femmes à être des femmes.



Long est le chemin pour la liberté des femmes, toujours semé d'embûches, de larmes, trop rarement d'espoirs et de victoires, comme en Irlande ou un référendum ouvre la voie aujourd'hui la voie à une loi qui rendra peut-être aux femmes la pleine possession de leur corps.



Le roman de Leni Zumas est poignant, réaliste. Il appelle à la vigilance, dit les frustrations des femmes au travers ces personnages, toujours touchantes, emblématiques d'une souffrance bien réelle. L'auteure d'une écriture directe, limpide, sensible, joue de l'ironie des situations, pose son décor dans une Amérique "Trumpienne" aux dérives moralistes sous-jacentes qui donne froid dans le dos.



Je remercie les Editions Presses de la cité pour cette plongée dans un univers pas si avant-gardiste, la découverte de la plume parfois lyrique de Leni Zumas et de sa belle foi en l'humanité pour traiter un sujet délicat.



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Les heures rouges

Je dois dire que la quatrième de couverture donne extrêmement envie de découvrir ce livre. Même en la relisant juste avant de commencer la lecture, je me suis faite cette même réflexion.

Cela dit, étant donné la moyenne et les critiques Babelio, ce roman n’a pas été un coup de cœur pour tout le monde. Je ne savais donc pas si j’allais accrocher ou pas, mais j’avais vraiment envie d’aimer ce livre !…



Tout compte fait, mon avis est assez partagé sur certains points. J’ai d’ailleurs eu bien du mal à noter cette lecture. :’)



Commençons par ce qui justifie ma note 4/5, qui équivaut quand même à une très bonne découverte :

J’ai aimé ma lecture. Aussi simple que cela. Dès le début, j’ai apprécié la plume ; je l’ai trouvée agréable, jolie, même, par moments. Le changement de pdv est fluide, les personnages sont intéressants. J’ai rapidement aimé suivre nos quatre protagonistes. J’ai trouvé ce livre prenant, bref j’ai accroché au récit.



Puis concernant l’histoire, il est important de préciser que j’ai lu ce roman (qui date de 2018) en 2023. Et que de manière assez ironique (pas certaine que ce mot-là soit approprié, mais je pense que vous aurez compris…), le lire à l’heure d’aujourd’hui n’a donc rien de surprenant en ce qui concerne le scénario (et c’est bien sinistre que de réaliser la situation actuelle aux US…). Bien sûr… Interdiction de l’avortement aux États Unis, annulation de l’arrêt Roe vs Wade… Comme une sensation de déjà vu avec ce qu’il s’est passé en 2022…



Ce roman est catégorisé comme une dystopie. Pour moi, il n’a rien de dystopique.



Ensuite… venons-en aux points sur lesquels je suis davantage partagée.

Disons que je ne m’attendais pas à cela en lisant le roman. Après avoir lu la quatrième, je m’attendais à davantage d’action, davantage de moments ‘percutants’. (Encore plus parce qu’on nous cite Virginia Woolf et Margaret Atwood quand même !) Une part de moi n’a pas été dérangée par le changement comparé aux attentes que j’avais et a quand même beaucoup apprécié cette lecture. L’autre part de moi a été un peu désappointée, je l’admets. Cette description de cette société qui régresse et réduit les libertés des femmes… je voulais en voir plus. Me sentir davantage choquée, révoltée, ressentir plus de compassion pour nos héroïnes…

J’aurais voulu voir davantage de moments durs, et davantage mouvements peut-être, davantage de rébellion. Même si en soi on le voit un peu (il y en a dans l’ombre, comme on peut le voir avec les quelques personnes qui pratiquent encore l’avortement de manière très secrète), disons qu’il m’a manquée un petit quelque chose. Un petit truc vraiment marquant qui aurait fait que cette lecture soit un vrai coup de cœur. En lisant le résumé, je m’attendais à quelque chose de grand, de remarquable, de ‘waouh’, que je n’ai pas eu.

Cette lecture n’est pas un regret ceci dit, mais je finis simplement avec un petit goût d’inachevé, satisfaite et insatisfaite à la fois… ^^’



Conclusion : j’ai du mal à savoir si j’ai vraiment aimé cette lecture ou si j’en ai été déçue. :’) Un peu des deux je pense, mais globalement j’en retirerai quand même du positif, alors ça va !

J’ai hésité pour ma note, entre 3,5 et 4/5… Je me suis finalement décidée pour le 4/5. Quelque part, c’est vraiment intéressant de lire ce livre aujourd’hui car il nous fait prendre conscience de la réalité de ce roman, ce contre quoi il alerte s’étant bel et bien produit… (même si dans l’histoire, c’est au niveau fédéral et qu’il y a des différences avec aujourd’hui, en soi la volonté de restreindre voire interdire l’IVG est bien semblable).

La plupart des critiques que j’ai lues dataient de 2018/2019. L’ayant lu en 2023, cette lecture prend une dimension bien différente désormais… On peut dire que c’est un roman totalement actuel.
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Les heures rouges

Newville est une petite bourgade de l'Oregon, au Nord-ouest des Etats-Unis. C'est dans ce coin de l'Amérique profonde que Leni Zumas a situé son nouveau roman et a choisi de nous retracer le combat del quatre femmes très différentes et pourtant reliées par un lien aussi invisible que fort. Gin, aussi appelée la guérisseuse, est une marginale, que l'on vient consulter parce que l'on craint les médecins et surtout le qu'en-dira-t-on, est peut-être en fin de compte la plus censée et la plus libre de toutes.

Car dans la bourgade les tensions s'exacerbent, en raison d'un amendement voté par le Congrès sur l'identité de la personne qui décrète le droit à la vie dès la conception, ce qui rend notamment l'avortement illégal et pose de graves problèmes s'agissant de PMA et de dons d'ovule et de sperme, le transfert d'embryons dans l'utérus étant désormais interdit.

Bien entendu, il s'agit d'une dystopie, mais on sait que dans les Etats-Unis de Trump une large fraction de la population se bat pour ce type de régression qui entend faire de la seule cellule familiale traditionnelle le seul et unique modèle acceptable.

Mais revenons à nos quatre femmes. Si Gin est une observatrice attentive du microcosme qui gravite autour d'elle, Roberta est directement concernée par la nouvelle législation. Cette prof d'histoire a en effet décidé de faire un bébé toute seule. À 42 ans son horloge biologique tourne et elle se dit que la prochaine fécondation in vitro sera sans doute la dernière. Tout en décrivant sa peine, son mal-être et son combat, Leni Zulmas a eu la bonne idée d'entrecouper le récit avec des extraits de la biographie sur laquelle Roberta travaille et qui retrace la vie de l'exploratrice polaire Eivør Mínervudottír au XIXe siècle. Cette islandaise intrépide a aussi été victime de l'ostracisme et de la misogynie.

L'une des plus brillantes élèves de Roberta est Mattie. Quinze ans à peine et elle aussi en proie à un terrible dilemme. Sa première expérience sexuelle tourne au drame. Elle se retrouve enceinte et va éprouver toutes les peines du monde à avorter, le Canada ayant érigé un «mur rose» pour empêcher les Américaines de franchir la frontière pour avoir recours à une IVG.

Reste Susan, la mère de famille qui n'a, à priori, pas à se préoccuper de ces questions. Mais Leni Zumas est bien trop habile pour ne pas ajouter à ce panorama une femme bien sous tous rapports. Susan est mariée, mère de deux enfants qu'elle a choisi d'élever en mettant entre parenthèses sa carrière d'avocate. Mais le bilan est bien amer. Entre un mari et des enfants qui la délaissent, elle sombre dans la déprime et envisage le divorce et même le suicide.

Il faut d'abord lire ce beau roman comme un avertissement face à la montée d'un néo conservatisme qui viendrait mettre à mal les conquêtes si fragiles résultant d'années de luttes. La peur et la douleur qu'expriment ces femmes doit résonner auprès de tous les lecteurs comme un signal d'alarme.

Parce que c'est sans doute ce manque de vigilance qui a piégé toutes les femmes qui, comme Roberta, ont cru à « une comédie politique, une surenchère de la Chambre des représentants et du Sénat ligués avec le nouveau président amoureux des foetus». Jusqu'au jour où la loi est passée…
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Les heures rouges

Un roman intéressant sur les conditions de la femme moderne! Cinq femmes qui luttent pour trouver un chemin à leurs problèmes liés à leur féminité, dans une société moderne, où les problèmes de femmes semblent être éradiqués alors qu'ils ont juste changer de nature. Et ce sont des frustrations, des offenses quotidiennes qui surgissent , allant jusqu'à la dépression, qui devient une forme de folie pour les autres. Où fourrer sa tête, et parvenir à respirer devient une préoccupation cruciale...belle écriture, personnages bien ficelés, des questions actuelles abordées simplement, font sujet de réflexion...

Une agréable lecture!!!
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Les heures rouges

J'ai loupé le coche : abandon de ce roman à la page 227 pour cause d'ennui et d'agacement. J’ai essayé, je me suis appliquée à tenir... puisqu’il m’a été gentiment envoyé par les Editions Presses de la cité via une masse critique de Babelio et je les remercie tous deux pour ce partage. Mais je me dois d’être honnête.



Une dystopie ? Vraiment ? Non pas vraiment, seule la possibilité d’un nouveau projet de loi visant la fin de l’avortement et la procréation assistée est l’enjeu de ce futur possible. Vous me direz : mais c’est important et il en va de la vie des femmes ! Je vous répondrai : je suis tout à fait d’accord, la liberté des femmes passe par ces lois qui ont permis leur émancipation et qui dans bien des pays ne sont toujours pas à l’ordre du jour. Ce n’est donc pas le fond qui m’ennuie, vous l’aurez compris, mais bien la forme.

Nous avons affaire ici à quatre femmes luttant pour leurs libertés sexuelle, de procréation, d’avortement et d’aide aux victimes des violences faites aux femmes.

Un beau programme au demeurant ! La première est mariée mais s’ennuie au foyer, elle irait bien voir ailleurs. La seconde âgée d’une quarantaine d’années aimerait faire un bébé toute seule mais les FIV successives sont sans succès. La troisième est une jeune fille de seize ans qui a eu des rapports non protégés et se retrouve enceinte. La quatrième, quant à elle, est traitée de sorcière car elle connaît les plantes et s’en sert pour soulager divers problèmes féminins.

Ces quatre femmes sont en prise avec le calendrier puisque le 15 janvier, une nouvelle loi interdisant l’avortement, la PMA et l’adoption prendra effet.

Le tout se passe dans l’Oregon, près de Salem ! Là, évidemment on sent le procès en sorcellerie arriver à grands pas !



Voilà pour le scénario. Il aurait pu être intéressant, d’ailleurs c’est ce qui m’a attirée en découvrant la quatrième de couverture. Mais dès les premières lignes, j’ai déchanté. On passe d’un personnage à l’autre (nommés l’épouse, la biographe, la fille et la guérisseuse) sans arrêt en incluant d’autres personnages dont il faut deviner qui fait quoi et ce qu’ils viennent faire là. Ensuite, j’ai trouvé l’écriture froide, presque clinique, ce qui empêche la moindre connivence avec ces femmes. Et les dialogues n’apportent rien à l’histoire.



Alors oui, la condition féminine est au coeur de ce roman et il faut rester vigilant quant à l’acquis des droits des femmes, l’auteure le fait bien comprendre et je partage complètement ce postulat. Mais j’aurais préféré un autre traitement de cette actualité.



Dommage !


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Les heures rouges

Le récit se déroule dans un futur très proche. Les Etats-Unis sont gouvernés par un président misogyne et tyrannique qui depuis son élection n'a de cesse de rogner sur les droits des femmes et de revenir sur des acquis qu'elles croyaient immuables, tel l'arrêt "Roe v. Wade", rendu en 1973 par la Cour Suprême américaine et légalisant le droit à l'avortement en le reconnaissant comme un droit constitutionnel.

A travers les destins de quatre femmes qui vont se croiser et s'entremêler, l'auteure nous dresse le portrait d'une société en pleine régression, prônant le modèle familial traditionnel (un papa, une maman, des enfants) comme le seul valable pour l'épanouissement de sa progéniture.

Roberta, une enseignante et biographe célibataire âgée de 42 ans, essaie en vain de concevoir un bébé et s'affole car une loi va bientôt interdire le droit à l'adoption pour les femmes seules.

Mattie, une brillante lycéenne qui s'est retrouvée enceinte accidentellement est confrontée à un tout autre dilemme : Doit-elle garder l'enfant et ruiner ses chances de faire une carrière scientifique ou bien avorter en cachette au risque de devenir une criminelle aux yeux de la loi ?

Susan quand à elle, est une mère de famille frustrée d'avoir renoncé à une carrière d'avocate pour élever ses enfants. Elle échafaude des plans hasardeux et irréalisables pour se défaire des liens sacrés d'un mariage étouffant qui la mine tellement qu'elle envisage parfois le suicide.

La quatrième voix de ce roman polyphonique est celle de Gin la "guérisseuse" qui vit seule dans les bois et subit l'opprobre de ses congénères qui n'hésiteraient pas un instant à la faire griller sur un bûcher s'ils en avaient la possibilité !

Comment ces quatre femmes vont-elles réagir face à l'adversité ? Pourront-elles seulement tirer leur épingle du jeu dans un monde en pleine mutation qui leur reconnaît de moins en moins de droits et essaie de briser toute velléité de résistance à l'autorité suprême d'un gouvernement liberticide ?



Inquiétante, furieusement crédible et loin d'être innocente, cette dystopie à la couverture écarlate raisonne comme une mise en garde à l'attention de toutes les femmes, susurrant à l'oreille de ces dernières : Attention mes belles, ne vous endormez pas sur vos lauriers. Secouez-vous et réagissez avant que le loup n'entre dans la bergerie et vous dévore toute crue. Pensez à vos mères et grand-mères qui se sont battues pour vos droits et faites en sorte de les défendre et de les faire perdurer ! A la fois tragique, poétique et incendiaire, ce troublant roman ranime la flamme de nos peurs les plus profondes, telles la perte de nos droits fondamentaux ou le retour à un monde archaïque où l'on pratiquait en toute impunité la chasse aux sorcières !



Merci à Babelio et aux éditions Les Presses de la Cité pour la découverte de ce beau et troublant roman !
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Les heures rouges

Les quatre femmes qui interviennent dans ce roman vivent dans l’Oregon, non loin de Salem, dans un futur proche. Futur où malheureusement, les droits des femmes ont reculé, l’interruption de grossesse devenue interdite par la loi, ainsi que l’adoption par une femme célibataire. Pour Roberta, professeure dite « la biographe », célibataire, il va être difficile voir impossible d’avoir l’enfant qu’elle appelle de ses vœux. Pour Mattie, « la fille », quinze ans et enceinte, il va falloir prendre des risques insensés pour avorter. Pour Susan, « l’épouse », tout semble bien aller, mais jouer le rôle de la mère parfaite lui pèse au plus haut point. Quant à Gin, « la guérisseuse », marginale et traitée de sorcière, la vie n’est pas de plus faciles quand les mentalités régressent de façon alarmante…



Si le style de l’auteure m’a beaucoup plu dès les premières pages, il m’a fallu un moment pour m’habituer aux personnages, pour entrevoir les liens qui les unissent. Il faut aussi se raccrocher à d’infimes détails pour savoir de qui l’auteure parle, elle peut appeler une même personne, selon le narrateur, « la biographe », la nommer par son prénom, son nom, le nom que lui donnent ses élèves, ou ses amis… C’est un peu perturbant, mais donne aussi le ton au roman, sans oublier une certaine forme d’humour, notamment dans les dialogues, qui allège un peu le propos, plutôt sérieux, voir alarmiste.

Les intermèdes avec l’exploratrice polaire du XIXè siècle, sujet d’études de la biographe, peuvent désarçonner aussi, mais sont très certainement indispensables dans l’esprit de l’auteure (quoiqu’on pourrait sans doute se passer de la recette du macareux bouilli).

Ce roman riche de nombreux thèmes se remarque aussi par sa grande sincérité, j’ai le sentiment que le sujet principal du droit des femmes à disposer de leur corps tient particulièrement à cœur à Leni Zumas. (et elle a bien raison, il ne faut jamais être sûr que tout est acquis) Elle a de plus réussi à créer des personnages féminins forts et bien incarnés. À noter que le mari de Susan un brin macho est d’origine française… ah oui, vraiment ?

Une jolie découverte grâce au podcast des Bibliomaniacs de mars.
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La couleur du trois

Un livre abandonné !

je n'ai pas réussi à m'immerger dans l'histoire et ce n'est pas faute d'avoir essayé. j'ai été agacée par l'emploi de l'expression jeune branchu ...à ma connaissance pas encore entrée dans le langage et tout à l'avenant. Cela part dans tous les sens ce n'était sans doute pas le bon moment .
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Les heures rouges

Il m’a fallu un peu de temps pour digérer ma lecture… Non que je n’aie pas aimé, bien au contraire, mais c’est une lecture dense en émotion et en qualité.



L’auteure nous propulse dans un futur proche… Parfois on le sent tellement proche que cela en est effrayant, dans lequel les puritains s’imposent aux Etats-Unis avec de nouvelles réglementations sur l’avortement, l’adoption et la procréation médicalement assistées…



Vous pensez que c’est du déjà vu ? Vous pensez bien ! L’avortement est interdit, l’adoption et les PMA sont réservés aux couples mariés.



L’auteure n’a pas eu à inventer un univers pour présenter le sien, il lui a suffi de se pencher sur ce qu’elle a glanée, que ce soit dans les médias, dans les discours politiques et aussi dans l’obscurantisme de certaines personnes…



Quatre femmes, quatre portraits qui vivent une féminité et une maternité différente, sans qu’aucune ne soit pointée comme la bonne. Ro (la biographe), Susan (l’épouse), Mattie (la fille) et Gin (la guérisseuse). L’auteure, sans jugement, dépeint ce que ces femmes ressentent, ce qu’elles appréhendent et chaque lectrice se retrouvera dans un des portraits.



Même si les personnages sont bien construits avec une entité propre, on ne peut s’empêcher de penser que malgré la densité, l’auteure n’a fait qu’effleurer le haut de l’iceberg. Au lecteur de faire travailler ses méninges pour y trouver son compte. Une belle réflexion sur le possible devenir des droits des femmes.



Un bond en arrière, tout en étant dans ce futur glauque à souhait, puisque l’avortement devient illégal aux Etats-Unis. Les peines que ces femmes encourent lorsqu’elles décident de braver les interdits, mais aussi les risques que cela comporte d’avorter dans des cliniques secrètes, sans hygiène. Les femmes célibataires ne pouvant plus adopter, ni accéder aux PMA…



Avec une plume froide, parfois ironique, d’une violence qui peut déranger, l’auteure présente son intrigue comme un documentaire romancé, mais qui nous pousse à nous interroger sur certains choix politiques. Une plume distancée, comme un médecin qui pose son diagnostic, clinique, comme pour décortiquer, exposer les possibles travers du conservatisme. Chaque personnage, malgré des trajectoires, des vies et des envies différentes est piégé dans un imbroglio dont la porte de sortie laissera une emprunte destructrice.



Pendant ma lecture, j’ai beaucoup pensé à cette phrase de Simone de Beauvoir « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. ».



J’ai également pensé à cette fragilité des droits acquis depuis tellement peu, au regard des siècles de soumission au le pater familias qui est ici représenté par le gouvernement conservateur.



Une dystopie qui a tout d’un signal d’alarme où la plume de l’auteure a parfois des envolées lyriques au service de la femme et de ses droits à disposer d’elle-même. Un roman fort, engagé où la femme est la pièce maitresse contre l’obscurantisme et le conservatisme.




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Les heures rouges

Ce roman vendue comme de la Science-Fiction dystopique... C'est aujourd'hui beaucoup plus actuel que La Servante Ecarlate de Atwood, ou L'Enfant de la Prochaine Aurore de Erdrich, ou Un Paradis de Sheng... Qui parlent de quoi déjà? Ah oui de contrôler le corps des Femmes. Contrôler le corps des Femmes c'est tellement plus intéressant que de savoir dans quel monde vont grandir les enfants. Bref, Les Heures Rouges parlent de la condition de quatre femmes dans un pays où l'avortement est interdit. Quatre exemple de vies dans ces conditions.

Et cette citation : "Il y a deux ans à peine, a-t-elle rappelé _ crié, en réalité_, l'avortement était légal dans ce pays, mais aujourd'hui nous en sommes réduites à nous jeter au bas de l'escalier." me rappelle que j'ai lu ce roman en 2020, il y'a deux ans donc comme dans la citation. Même si je n'ai pas tout aimé dans ce roman, je ferais attention à ce que prédit Lena Zumas dans ses prochains romans dits dystopiques.
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Les heures rouges

Rentrée littéraire, quand tu nous tiens ! Qui dit rentrée, dit découverte, et en voici une bien intéressante placée sous le signe de la politique et du féminisme. Je vous vois déjà lever les yeux au ciel, mais rassurez-vous Leni Zumas, loin d'être moralisatrice, utilise avec pertinence sa plume pour dépeindre un pays victime d'une vague conservatrice dans lequel quatre portraits de femmes se font écho. Légèrement d'anticipation, ce récit pourrait être celui de demain et c'est bien cela qui le rend aussi convaincant. Car imaginez un seul instant que l'avortement soit absolument interdit. Que les célibataires n'ai plus droit ni à la procréation in vitro ni à l'adoption, uniquement réservée  aux couples. Que l'image de la femme célibataire soit associée à un caprice ou à la marginalité. C'est ainsi que la romancière à travers la voix de Ro, Susan, Mattie et Gin, quatre femmes au parcours et aspirations différentes, tente de nous alarmer sur la remise en cause des acquis de droits fondamentaux. Il y a du Margaret Atwood dans ce roman, mais il y a surtout une furieuse envie de pointer du doigt les oppresseurs d'hier, surtout d'aujourd'hui et peut-être de demain... 



Dans les Etats-Unis de demain, l'avortement est depuis maintenant deux ans strictement interdit. L'adoption et la PMA en passe de l'être également pour les femmes célibataires. A Newville, dans l'Oregon, le destin de quatre femmes vont être intrinsèquement lié face à l'oppression publique. Il y a tout d'abord Ro, quarante-deux ans, prof d'histoire "aux ovaires déficients", qui tente d'écrire la biographie d'Eivor, une exploratrice islandaise du XIXe s. éprise de liberté. Puis il y a Susan, femme de Didier et femme au foyer, reléguée au rang de mère, épouse et femme de ménage, n'aspirant qu'a profiter d'un peu de solitude. Mattie, meilleure élève de Ro, promise à un brillant avenir dans le domaine scientifique qui se laisse dépuceler à l'arrière d'une voiture. Et enfin Gin, guérisseuse et herboriste, marginalisée et accusée de sorcellerie pour venir en aide aux femmes. Celles-ci vont se croiser, s'entraider et parfois se juger, mais toujours faire preuve de détermination.



Avec un style intimiste qui peut parfois étonner, Leni Zumas met les pieds dans le plat ! En ne désignant pas le gouvernement actuel, elle ne fait que renforcer l'image qu'elle a de lui. Au bord du gouffre social, elle dénonce l'utilisation et la non-disposition des corps féminins dans un monde de plus en plus conservateur.  



Sans détour, la romancière montre l'impact de cette mentalité régressive sur le quotidien de ces femmes dont le courage est égal à leur détermination. Avec subtilité, elle suggère, propose, donne des pistes de réflexions au travers de ces quatre personnages, plus un avec Eivor, non seulement par l'écriture, mais aussi le visuel qui couvre la couverture du roman. De celle-ci, aux différentes nuances de rouge qui évoquent le sang, mais aussi l'anatomie féminine, j'y vois aussi le combat. Le combat d'une génération passée et future pour des droits ignorés et bafoués.



J'ai aimé les protagonistes, leurs différences, leur évolution comme leurs relations contradictoires. De l'amertume des unes, d'autres trouvent la force, la force de dire non, de prendre leur destin en main. Chacune définit sa propre féminité et chacune en est la victime.



Des mots jutes, il m'a fallu un petit temps d'adaptation face à la prose parfois déconcertante de l'auteure. Alors que rien n'est laissé au hasard, on se surprend à espérer, trembler et suffoquer auprès d'elles. Ro, va-t-elle réussir à procréer ? Susan arrivera-t-elle à s'imposer ? La vie de Mattie sera-t-elle réduite à une erreur, et Gin sera-t-elle jugé coupable de sorcellerie ? Autant de questions que de réponses, et plus dans ce très bon roman écrit dans l'urgence d'une situation problématique.
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Les heures rouges

Avis mitigé sur ce roman. Peut-être que la référence à Margaret Atwood m'avait laissé imaginé autre chose. En même temps, ce que l'auteur réussit à faire passer, ce n'est pas la répression des libertés pour la totalité d'une nation, c'est son impact très ciblé pour 4 personnages.

Il n'y a pas de résistance chez ces personnages, il y a un contexte, interdiction de l'avortement, interdiction d'adopter pour une mère célibataire, interdiction de la PMA, et chacune subit ce contexte sans se rebeller. L'impression donnée est qu'elles ne luttent même pas et cette sensation de passivité qui m'a gênée. Car l'écriture du livre est très agréable et les personnages attachants.
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