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Citations de Léon Frapié (40)


Et, par-dessus le marché, elle ne rit jamais. Ou bien elle pose pour l’affliction, elle fait exprès de pincer les joues, ou alors, c’est de nature, elle a un tempérament ingrat.

La marchande
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- Voyez comme nous observons les règlements sur l'hygiène ! Voyez comme nous avons souci de l'extrême propreté si indispensable à la santé des enfants ! Voyez la netteté du plancher !
Cet hiver, parfois, les tout-petits ressemblaient à des animaux, chats, chiens, hors de la maison, qui désirent rentrer ; pelotonnés dans leurs loques, ils fixaient obstinément les fenêtres, la porte du préau où il faisait chaud, comme si la force de leurs grelottements devait faire ouvrir.
- Pas moyen de vous réchauffer, mes chéris, nous attendons le délégué cantonal...
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Nous recélons plus de lâcheté, nous, les femmes : si nous ne pouvons pas gravir les marches; nous acceptons de les laver...
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Impossible de trier mon troupeau : en voici deux que j'ai mis à droite, je les reprends, je les range à gauche ; pour celui-là, j'ai envie d'opérer le changement inverse.
- Comment t'appelles-tu ?
- Zizi
Je ne suis pas plus avancée.
Heureusement Mme Paulin apparut :
- Je me doutais que vous seriez le bec dans l'eau, dit-elle ; tenez, voilà la manière, quand on ne les connaît pas par leurs noms.
Sans s'attarder à des réflexions, elle attrapa Zizi à pleine mains, par le milieu du corps, le retourna la tête en bas et regarda la marque, comme on retournerait et regarderait l'envers d'une potiche. Cette évolution fut si rapide que l'enfant n'eut pas le temps de dire ouf.
- Allez, c'est une fille. Et toi ?... Louton ? Fais voir un peu ton bulletin. Crac ! Les pattes en l'air.
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Pour en revenir au problème des punitions, je voudrais les remplacer par du raisonnement et de l'explication : "Tu as fait cela, c'est mal, je vais t'expliquer pourquoi. Ecoutez, vous autres, pourquoi votre camarade a mal agi."
La pédagogie officielle prône chaleureusement ce système. Mais où trouver le temps, le moyen, avec soixante enfants par maitresse?
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" Regarde, mais tais-toi et reste là. " Un vrai message de chiens savants, ces pauvres petits, comiques et piteux, qui s'oublient à chaque instant et doivent ravaler leurs langues, rentrer leurs gestes. Et ne sommes-nous pas à plaindre de fermer ainsi l'âme de l'enfant, au lieu de l'explorer au plus large, selon l'Idéal.
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Dans la plupart des cas, je crois que l'exemple du mal serait moins dangereux sans le soulignement de la punition.
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Les désolations sans causes sont peut-être les plus atroces.
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Oui, dans le peuple, on a beau laisser les enfants sans soins et les brutaliser d’importance, on les aime et on les respecte.
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Suis-je pas heureuse de pouvoir noter, au début de l’année scolaire, l’état d’un certain nombre d’enfants et de pouvoir suivre les améliorations successives jusqu’à la transformation acquise en fin de période ? Peut-on vivre une œuvre plus intéressante ?
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Encore un bienfait scolaire révélé fortement par la récréation : le mélange rend les enfants égaux.
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C'était un jeudi, dans le mois d'octobre. Le train qui, régulièrement, à deux heures de l'après-midi, éveille pour un instant la petite station de Bailloire endormie dans l'ombre de vieux marronniers, amena de Paris une jeune fille étrangère à la localité.
Après S'être renseignée auprès de l'employé de la gare, elle prit la route longue de trois kilomètres qui conduit à Chabois.
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Une ancienne institutrice vient de se présenter à l'école pour photographier les élèves par groupes.
En place pour le premier groupe, dans la cour. Les élèves de la grande classe par étages : une rangée d'enfants accroupis, ceux de la seconde rangée assis sur des bancs, ceux de la troisième rangée debout.
Mon cœur se serre devant ce lot débordant de pauvreté, de maladie, de laideur et de vice. On en finit pas de les placer convenablement : on a beau masquer des horreurs il en ressort toujours des nouvelles ; c'est la petite Doré qui louche plus que d'habitude, c'est Virginie qui remue ses gros orteil par les trous de ses chaussures, c'est Vidal qui abuse de sa bosse...
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Je m'étais couchée, je me suis relevée.
Je me remet à écrire sans bas, en chemise de nuit, je veux avoir froid, je veux que mes orteils se glacent.
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– Qu’est-ce que c’est le samedi ?
Julie devine qu’on veut lui faire dire une gentillesse ; elle se contorsionne, baisse les paupières et sourit sans répondre.
– Tu ne sais pas ?
– Si.
– Tu ne veux pas le dire ?
– Si.
– Eh bien, qu’est-ce que c’est le samedi ?
Alors, la mignonne, délicieuse, fière, séraphique :
– C’est le jour où qu’on se soûle.
Je n’entends pas. On n’entend jamais ces étourderies qui sont sans réplique ; on bifurque vivement 
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Louise Guittard manquait à l'appel depuis trois semaines, j'avais entendu parler d'un coup de pied trop sévère lancé pr son pseudo-père. A quatre heures, - j'ai appris qu'elle avait la jambe cassée : une chute dans l'escalier, - dit-on, sans insister, - il a fallu la placer à l'hôpital.
Sa mère s'était arrêtée devant la porte de l'école, après avoir communiqué des nouvelles à la directrice. Tout un groupe de femmes bavardait avec elle.
Et voilà que j'entends, au passage, une vois émue, heureuse :
- Pauv'gosse ! d'avoir la jambe cassée, elle n'a jamais été à pareille fête !
Je suis demeurée ébahie devant l'air émerveillé, attendri de toutes les ménagères, y compris la principale intéressée. Du reste, celle-ci m'a saisie par le bras et m'a fourni des explications avec complaisance et fierté, pour m'éblouir en même temps que les autres commères :
Figurez-vous que Louise a un lit ! un vrai lit ! du linge blanc ! des repas réguliers... Madame la directrice l'a visitée et lui a apporté une poupée.
C'est une joie qui empli les cœurs et gagne tout le trottoir ; le rassemblement augmente : décidément, d'avoir la jambe cassée, elle n'a jamais été à pareille fête ! Pauv'gosse, quel bonheur pour elle.
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– ...Mais je sais que la fonction d’un délégué cantonal est d’examiner la tenue de l’école ; il n’a nullement à s’occuper de moi.
– Oh !... tout le monde peut faire des misères à une subalterne : y a même pas besoin de motif.
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Ah ! cette tare de l’instruction ! Je ne sais quoi me trahissait : les employés me toisaient, mal disposés.
– Femme de service ?… Il faut des aptitudes.
J’avais beau torturer ma pauvre tête pour trouver le mot trivial, pour forger la tournure de phrase incorrecte, j’avais beau m’appliquer à faire des cuirs, ces messieurs se méfiaient ; une prévention hostile se devinait sous leur politesse étriquée.
– Les emplois de femme de service sont des emplois
modestes, qui ne permettent aucune ambition, mais qui exigent des qualités pratiques, sérieuses. On les destine de préférence à des personnes de condition ordinaire, sans prétentions.
C’est qu’il s’agit de ne pas dépasser le niveau, quand-on brigue un emploi !
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J'ai écrit dernièrement qu'il fallait subordonner la morale aux faits individuels ; eh bien, à ce propos je veux vous exposer une opinion qui me tracasse depuis l'âge de raison : je suis absolument révoltée de la façon dont on attribue de la vertu au gens par rapport à d'autres gens.
Pourquoi dire que l'industriel gagnant 50.000 fr. par an est plus honnête que le camelot affamé qui a volé ? Pourquoi dire que Mme Prudhomme, satisfaite en tous ses désirs, est plus vertueuse que Mlle Nana ?
On n'en sait rien.
Pour pouvoir comparer, il faudrait que le riche industriel, que l'heureuse Mme Prudhomme se fussent trouvés exactement dans les mêmes conditions de besoin que le camelot et que Mlle Nina.
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« Louise Guittard manquait à l’appel depuis trois semaines, j’avais entendu parler d’un coup de pied trop sévère lancé par son pseudo-père. A quatre heures (...), j’ai appris qu’elle avait la jambe cassée : une chute dans l’escalier, dit-on sans insister, il a fallu la placer à l’hôpital. (...)
Et voilà que j’entends, au passage, une voix émue, heureuse :
« Pauv’ gosse ! d’avoir la jambe cassée, elle n’a jamais été à pareille fête ! »
Je suis demeurée ébahie devant l’air émerveillé, attendri de toutes les ménagères, y compris la principale intéressée. Du reste, celle-ci m’a saisi par le bras et m’a fourni des explications avec complaisance et fierté, pour m’éblouir en même temps que les autres commères :
« Figurez-vous que Louise a un lit ! un vrai lit ! du linge blanc ! des repas réguliers... Mme la directrice l’a visitée et lui a apporté une poupée. »
C’est une joie qui emplit les coeurs et gagne tout le trottoir ; le rassemblement augmente : décidément, d’avoir la jambe cassée, elle n’a jamais été à pareille fête ! Pauv’ gosse, quel bonheur pour elle ! Les yeux en sont tout humides.
Une pointe d’envie se discerne dans l’enchantement de certaines mamans et des regards se promènent sur des moutards, comme si l’on cherchait ce qu’on pourrait bien leur démolir. »
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