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Citations de Leonardo Padura (891)


La vague d’immigrants était si forte que, ces dernières années, on répétait que les Havanais partaient à Miami ou Madrid et qu’un Oriental – ou trois – occupait chaque place laissée vacante dans la capitale. C’était devenu un cliché populaire.
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[...] ma mère s'est mise dans la tête que je devais étudier la médecine, et j'ai pensé que je devais lui faire plaisir et j'ai été un type heureux quand j'ai pu choisir de faire médecine, je crois même que je suis un bon médecin, n'est-ce pas? En chemin j'ai fait un bon mariage avec une femme qui me plait toujours, j'ai eu deux enfants, je suis devenu spécialiste et tout semblait si parfait que même vous, vous avez commencé à m'envier : vous disiez que j'avais tout réussi, que j'avais un beau travail, une belle famille, et même un bel avenir... Mais il y avait des choses qui ne marchaient pas comme je le voulais, et je ne savais pas si j'avais raison ou si j'avais le droit de demander ces autres choses. Je voulais que ma vie soit différente de celle qu'elle était, c'est-à-dire me lever le matin, aider les enfants à s'habiller, partir à l'hôpital, travailler toute la journée, rentrer l'après-midi et m'asseoir regarder mes enfants faire leurs devoirs et ma femme la cuisine, ensuite me doucher, manger, regarder un peu de télé, puis me coucher pour me lever le lendemain matin et faire la même chose que la veille, et l'avant-veille, et l'avant-avant-veille... Peut-être parmi vous quelqu'un pense-t-il que la vie est exactement cela, mais si c'est ça, alors la vie est une merde.
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Lorsque à l'issue de huit mois de prison, Ramón se retrouva dans la rue, il n'était plus un jeune romantique plein de fougue mais un militant habité par la foi, un ennemi impitoyable de tout ce qui s'interposerait sur le chemin vers la liberté et la dictature du prolétariat. Il allait pouvoir consacrer chaque souffle de sa vie à ce but, se disait-il, dût-il pour cela payer le prix le plus élevé.
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Lev Davidovitch savait que tant qu'il y avait de la vie, il restait aussi des balles à tirer.
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- Manolo, tu te rappelles quand nous sommes allés ensemble la première fois chez Tamara ?
- Bien sûr, quand son mari, Rafael Morin, avait disparu. À l'époque, on n'avait pas de test ADN et, au commissariat, il n'y avait qu'un ordinateur. La préhistoire...
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Me voici encore là, chère Anna,
A t’évoquer tandis que j’écoute le tonnerre
Et que je vois la zébrure carmin du ciel
Victime de l’orage.
Et comme toi, comme alors,
Je vais le cœur consumé par la flamme !
Fantôme parmi les fantômes qui peuplent la ville.

Toi, cela t’est arrivé à Moscou,
Et moi, cela m’arrive à la Havane.
Et, comme toi, je quitterai bientôt ce lieu pour toujours
Et me jetterai paisible dans ce port dérivé,
Sans laisser en héritage ne fût-ce que mon ombre.
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À partir de 1990, quand l'espoir s'envola et qu'il fut uniquement question de subsister, des milliers de personnes se jetèrent dans l'incertitude relative de l'exil, poussées par l'incertitude certaine de leur vie à Cuba.
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Durant leurs premières conversations, la jeune fille avait exigé de Ramsès, bien décidé à coucher avec elle, qu’il lui explique pourquoi un jeune comme lui, à quelques mois d’obtenir son diplôme d’ingénieur, avait préféré abandonner ses études pour pouvoir voyager et entreprendre un « départ définitif de son pays ». Comment fonctionnait ce système qui faisait que, s’il passait un diplôme, il n’avait pas le droit de quitter le pays sauf pour une mission de travail, un travail pour lequel, par ailleurs, s’il le faisait à Cuba, il gagnerait la même chose que sa mère, aussi ingénieure, une rémunération qui tournait autour de vingt ou trente dollars par mois.
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- À Madrid, quand je retrouve des gens et qu’on va boire des coups, si vous saviez combien de fois j’ai rêvé de me retrouver ici (à La Havane), pour descendre avec vous un litre de mauvais rhum, parler de tout et n’importe quoi, en crevant de chaud, et même en assistant à ce genre de spectacle…
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Le prix de cette sculpture pouvait donc être incalculable et c’était pour cela que deux victimes s’étaient ajoutées à la liste probablement très longue des hommes sacrifiés sur l’autel d’une puissante statue, peut-être rapportée par un Templier anonyme ou par un roi devenu saint, des mythiques collines de Jérusalem, la Terre sainte pour laquelle trois religions qui paradoxalement croyaient au même Dieu s’étaient battues, avaient tué, s’affrontaient et tuaient encore.
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Et nous sommes tous ici, heureux et contents parce que, malgré les coups de pied au cul, les distances, les illusions perdues, les balivernes dont ils nous ont bercés et dont ils nous bercent, les promesses devenues poussière dans le vent, comme dit mon amie Clara, nous méritons ça, parce que nous avons travaillé pour ça. Nous méritons des vacances pour toute la laideur, la méchanceté, la saloperie, la perversité, pour la tristesse qui nous harcèle, pour la réalité de ce qu’il n’y a pas, de ce que qu’il n’y a plus, de ce à quoi tu n’as pas droit… merde, quelle histoire on a vécue, qu’est-ce qu’on en a pris dans la gueule ! Et bon, là, aujourd’hui, ici même, on mérite d’être heureux…
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Ses prédictions sur l'imminence de la guerre semblèrent se confirmer quand Hitler montra au monde la longueur de ses couteaux. Après un entretien avec Chamberlain, le Führer avait imposé une conférence à Munich, le 22 septembre et dicté ses conditions aux puissances européennes : ou elles lui donnaient un morceau de la Tchécoslovaquie ou il déclarait la guerre. Comme il fallait s'y attendre, les "puissances" sacrifièrent la Tchécoslovaquie et Lev Davidovitch vit se profiler à l'horizon , plus clairement que jamais, le prévisible accord entre Hitler et Staline auquel les deux dictateurs avaient travaillé en secret (pas si secrètement) au cours des dernières années. Pour l'instant, écrivit il, ils avaient dû se mettre d'accord sur le partage de l'Europe ; Hitler aspirait à) la suprématie aryenne et à faire de l'est du continent sa réserve d'esclaves ; Staline rêvait d'avoir un empire plus grand que n'en avaient jamais eu les tsars. Le choc entre ces deux ambitions déclencherait la guerre.
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Le grand prix de sa vie érotique, sexuelle, et surtout la plénitude de sa consommation esthétique avec ses cinq sens lui avaient été donnés quand il avait pu aimer Tamara, la plus jolie fille du lycée de la Víbora.
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La vie de chacun est un projet unique et ça c’est con parce que si on s’est trompé , on aura jamais le temps de rectifier ce qui est déjà passé .
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Le jour s'est levé sous la pluie. C'est une pluie douce mais persistante, comme si le ciel pleurait et, dans sa douleur, n'avait aucune intention de s'arrêter. (p. 89)
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Les premières heures de la matinée et les dernières de l'après-midi étaient généralement les plus fertiles pour les vendeurs de livres anciens (...)
Cette foule confuse-fonctionnaires, petits commerçants, retraités, économes, vieux militants désormais sans militantisme mais obstinés à voir de leurs propres yeux l'ultime bastion du socialisme le plus pur, mélangés aux fantoches de tout acabit, convaincus par d'habiles voyagistes que Cuba était un paradis bon marché- avait tendance à s'adonner à d'autres passions plus élémentaires, sensuelles, climatiques et parfois même idéologiques, bien différentes de la bibliophilie. (Métailié, collection Suites, 2009, p. 73)
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Mais le choc des retrouvailles avec le cordon ombilical de son passé que pendant des années il avait tenté de couper, dont il semblait même avoir réussi à se libérer depuis longtemps, avait ébranlé les recoins les plus sombres de sa conscience.
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Car il devait en plus décider, avant l'arrivée de la mort, s'il brûlerait ou non Paris est une fête. C'était un beau livre sincère, mais il contenait trop de choses définitives, qui seraient sûrement retenues dans l'avenir. Mû par une sensation de gêne, il s'était senti obligé de garder le manuscrit dans l'attente d'une lueur susceptible d'éclairer son sort : l'imprimerie ou les flammes.
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-" la vie est un vertige et chacun doit faire avec le sien".
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Rien ne pouvait être dû au hasard. Les chemins de la littérature et de la vie sont tentés par caprice de se croiser et, quand l’une et l’autre se frottent, elles mettent à nu des essences inquiétantes, révélatrices parfois. Immobile en face du vieux porche de l’hôtel Inglaterra, il se demanda combien de ceux qui passaient par ce qui avait été le fameux Trottoir du Louvre, qui avait tout perdu, même son nom, combien de ceux qui rôdaient dans les halls restaurés de l’hôtel Inglaterra et de son voisin le Telégrafo, combien parmi les passants étourdis, ignorants ou égarés pouvaient avoir la moindre idée de ce qui avait existé là. Juste à cet endroit se trouvait le café Cosmopolita, le plus célèbre et le plus distingué de la ville élégante de la Belle Époque, le lieu où tant de rencontres mémorables s’étaient déroulées, où tant de vies avaient défini ou modifié leurs cours. Rares devaient être les gens susceptibles de s’intéresser à une information sans effet sur leurs existences, surtout qui ne pouvait pas l’améliorer à une époque épuisante où les gens avaient besoin de soulagements présents plus que de mémoires passées, éteintes, la mémoire d’une ville qui avait rêvé d’être la Nice des Amériques et commençait à ressembler à Beyrouth bombardée.
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