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Critiques de Lidia Yuknavitch (63)
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Le roman de Jeanne

La résistance lorsqu'il n'y a plus d'espoir. Dans le totalitarisme poussé à l‘extrême. Un cri pour garder dignité même dans l'horreur absolue.

Quel livre…Je me suis basée uniquement sur une critique, celle de @Kirzy, 5 étoiles et coup de coeur pour elle, avant de me lancer moi aussi dans ce livre avec curiosité. Une plongée dans un roman post-apocalyptique féministe, militant, rebelle, et d'une beauté noire et baroque. Seulement ensuite j'ai vu combien les critiques étaient très partagées, voire franchement négatives. Je fais partie de celles et ceux qui l'ont profondément aimé mais je comprends que la grande singularité de ce récit puisse déplaire.



Je ne l'ai pas seulement aimé, je suis bluffée par l'intensité de son message, par la beauté de ses images. L'écriture de Lidia Yuknavitch est étourdissante, c'est une plume sensorielle et sensuelle qui m'a fait vibrer. Je me suis même mise à le lire en pleine nuit, des heures durant, la nuit étant si adaptée à cette lecture dans laquelle les figures de Jeanne d'Arc et de Christine de Pizan, poétesse contemporaine de Jeanne d'Arc qui a écrit sur Jeanne d'Arc de son vivant, sont revisitées. Jeanne, dans ce monde dévastée, est une sorte de messie qui seule a pu voir ce qui allait arriver à la Terre et, seule peut la sauver. Une sauveuse tellurique, animiste, Jeanne la Terreuse. Christine va raconter son histoire au moyens de griphes, des sortes de fines scarifications, sur sa peau, sur tout son corps.



Nous sommes en 2049, la Terre dans l'espace n'est qu'une vague tâche au ton sépia. La vie est devenue quasi inexistante suite au géocataclysme. Quelques milliers de personnes qui en ont eu les moyens, se sont réfugiés dans le ciel, ou plutôt le CIEL, cet endroit dirigé par le dictateur Jean le Men, assemblage de vieilles stations spatiales reliées à la Terre par des cordons ombilicaux invisibles qui aspirent ses dernières ressources.



Les bouleversements de la couche d'ozone, de l'atmosphère et des champs magnétiques ont causé des bouleversements morphologiques. Les femmes et les hommes, au CIEL, sont devenus des êtres aux organes génitaux atrophiés donc stériles, blancs sans plus aucun pigment, sans cheveux. Une désévolution alors que, du cou aux tempes en passant par les oreilles et les yeux, leur tête est couvert de ports de données, implants nanotechnologiques. Les relations sexuelles, même simulées, sont des crimes, tout comme l'érotisme, la luxure. Il n'est pas autorisé d'y vivre au-delà de 50 ans, les gens deviennent alors des fardeaux dans ce petit monde où tout est rationné. de plus, à leur mort, leur carcasse est recyclée pour en extraire le liquide. Cinquante litre à partir d'un cadavre frais ce qui correspond à une ration de survie de vingt jours. Dans ce monde terrifiant, les rebelles ne peuvent faire qu'une chose : brûler leurs peaux de textes subversifs, résistants. Christine a 49 ans et souhaite, durant cette dernière année de vie, terminer son oeuvre, imprimer sur son corps l'épopée du mythe de Jeanne la Terreuse. Cette dernière griphe sera son chef d'oeuvre, celui de LA rebelle, LA résistance au régime de Jean le Men. D'autant plus que Jeanne est morte sur le bûcher, du moins le croit-on…



« L'extinction des organes génitaux. Notre corps n'était plus capable d'exprimer nos désirs les plus primaires, ni nos projets d'avenir les plus nobles. Dans notre désespoir, dans notre déni, nous nous sommes tournés vers notre seul espoir de salut, la technologie, et vers ceux qui en connaissaient les ficelles. Et une fois que nous étions tous lassés de la télévision et du cinéma, une fois que les réseaux sociaux ne pouvaient plus satisfaire notre appétit, une fois que les hologrammes, les réalités virtuelles, les drogues et les états de conscience de plus en plus hallucinés ne nous faisaient plus d'effet, l'un ou l'une d'entre nous a baissé les yeux de désespoir et remarqué la peau flasque de son bras. Une nouvelle frontière à explorer (…) La peau. Un nouveau papier. Un nouveau tissu. Un nouvel écran ».



Quant au dictateur Jean de Men, c'est un bonimenteur devenu célébrité puis milliardaire et enfin fasciste assoiffé de pouvoir. « Quand les Guerres ont éclaté, sa conversion en chef militaire sadique n'a surpris personne ». Un curieux mélange de dictateur militaire et de charlatan spirituel. Un imposteur belliqueux.



« Comme nous sommes idiots de croire en notre capacité à évoluer ! Une fois de plus, nous nous sommes pâmés devant un gadget qui a fini par nous dévorer. Ce que nous créons, nous le consommons, puis nous le devenons. Les choses ont toujours été ainsi ».



L'oeuvre de Christine comme un acte de résistance permet de rejeter les enseignements de ce faux messie. le but de Christine est de graver sur son corps, en marques de brulures, le récit de Jeanne non pour le mythifier mais justement pour offrir une résistance radicale à cette tentation. Pour rechercher une vérité supérieure et rejeter tout messie, pour « revendiquer notre humanité pour ce qu'elle est, et rien de plus : une énergie parmi tant d'autres, qui émerge, vit, meurt, puis prend une nouvelle forme ».



Le final est somptueux. Je ressors de cette lecture profondément chamboulée. En tant que femme, en tant qu'amoureuse, en tant qu'humaine. Chapeau bas Lidia Yuknavitch pour ce livre singulier, unique, rare ! Quelques larmes salées ont brouillé ma vue quelques secondes seulement. « Pas plus longtemps, à l'échelle du cosmos, que l'humanité n'avait vécu sur Terre ».



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Le roman de Jeanne

*** Rentrée littéraire 2018 ***



Waouh, au sortir de cette lecture, je suis littéralement abasourdie par la beauté et la puissance de ce roman complètement hors-norme.



Pour Lidia Yuknavitch, le futur est médiéval. A partir des figures de Jeanne d'Arc et de Christine de Pizan ( philosophe et poétesse française contemporaine de Jeanne, décrite par Simone de Beauvoir comme la première femme «  à prendre sa plume pour défendre les femmes », première femme à vivre de son oeuvre, première à chroniquer l'histoire de Jeanne d'Arc du vivant de cette dernière ), elle imagine un monde post-apocalyptique complètement dystopique, comme si le XXIème siècle, malgré ses avancées technologiques, nous avait ramenés à la brutalité des conflits pré-modernes.



2049 : la Terre a été anéantie par un géocataclysme causé par les excès de l'humanités, des guerres interminables l'ont achevée. Notre guide, dès les premiers pages, est Christine, une survivante semi-incarcérée dans un complexe suborbital, CIEL, construit à partir des restes de stations spatiales, dirigé par un dictateur, qui siphonne la Terre de ses ressources subsistances par des aéroducs.



Commen résister dans ce nouveau monde totalitaire ? La magnifique idée de l'auteur est d'avoir imaginé des corps scarifiés par des griphes, des tatouages de mots qui recouvrent parties visibles et recoins de peau, les plus riches n'hésitant pas à les afficher ostensiblement en étirant leur peau au maximum. Dans cet univers où les corps ont muté, ont désévolué ( dépigmentation, perte des cheveux et poils, atrophie des organes génitaux, stérilité absolue donc ), où les relations sexuelles sont des crimes capitaux, les rebelles brûlent leurs corps de textes sexuels, subversifs, résistants. L'histoire de Jeanne est une de ces histoires interdites car Jeanne incarne LA résistance au totalitarisme du sanguinaire Jean de Men. Elle en est morte, brûlée ... à moins que ...



Le récit est complexe, déstructuré entre passé et présent, entre la station orbitale et la Terre, dans un espace-temps assez fou qui nous fait découvrir le don unique de Jeanne, cette force mystérieuse qui vit en elle, lui permet de communier avec la Terre et peut-être d'initier un nouveau cycle de vie.



Je ne suis absolument pas une spécialiste de SF ou de roman d'anticipation, mais là, on est très au-delà d'une dénonciation classique des dysfonctionnements de notre société, de l' hybris qui pousse les hommes à détruire la Terre par avidité, à oublier que l'Homme n'est fait que de matière. Souvent, on lit, on se dit « mais oui » et on repose son livre dans un état d'esprit tout tranquille, comme si la menace était lointaine. Là on est profondément dérangé par la férocité de la réflexion de cette auteure, par sa plume incandescente qui se vautre dans la violence avec une force quasi tellurique.



Et quel final !!!! Il n'y a que 300 pages dans ce roman baroque et pourtant la fin est une vraie fin, d'une beauté poétique, quasi romantique, qui replace l'amour au centre de tout avec un féminisme fort et assumé. Une lecture qui j'en suis sûre restera indélébile en moi. Comme un griphe.
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La mécanique des fluides

Longtemps j'ai hésité à me plonger dans la mécanique des fluides de Lidia Yuknavitch, et puis je me suis immergée dans cette lecture.



L'auteur nous partage son enfance, son quotidien de nageuse qui lui permet d'entrevoir une lumière dans les eaux troubles de sa vie.



La natation est sa première planche de salut, face à un père incestueux et violent et une mère dépressive, handicapée incapable de l'aimer et de la protéger.



Elle obtient une bourse d'étude sportive pour devenir nageuse professionnelle au Texas. Cela lui permet de s'éloigner de ses parents toxiques et envisager de se construire un avenir, mais voilà ses mauvais penchants ne la quittent pas, elle est renvoyée.



Le lecteur se heurte aux excès de Lidia, l'alcool, le sexe (SM) avec toutes ses dérives et la drogue. Alors on nage et on rage de la voir ainsi couler et partir en lambeaux.



Elle nous entraine dans ses excès, sans détours, sans pudeur et on se questionne : comment va-t-elle s'en sortir avec ce comportement destructeur.



Son corps et son coeur sont en souffrance. Elle ne se plaint pas et reste vraie, sans complaisance.



Elle touche le fond et on s'interroge encore : comment va-t-elle pouvoir revenir à la surface. Elle est entourée de ses ami(e)s qui ne la lâcheront pas et la pousseront à écrire ses maux. Il y a aussi sa soeur fidèle qui lui tendra la main bien des fois.



C'est ce qu'elle nous partage dans la mécanique des fluides, le pouvoir de ses mots et de l'écriture, sans détour avec sincérité. Un livre choc qui fait réfléchir, sur la vie, la mort, l'amour, le rôle de la femme, la sexualité, les rencontres qui nous poussent vers une autre autoroute et changent notre trajectoire de vie.



Je ne regrette pas cette lecture autobiographique, magnifiée par des mots justes, percutants, simples résilients de confessions, de difficultés surmontées.

Une véritable renaissance.

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La mécanique des fluides

J'aurai eu toutes les raisons de détester ce livre : son côté « sex, drugs and rock and roll », ces nombreux passages de beuverie stérile, de scènes SM, cette application méthodique de l'auteure à se (tout) foutre en l'air et j'en passe. Mais, voilà. Je l'ai adoré !

Je l'ai adoré parce qu'il m'a touché.

Je l'ai adoré car il transpire la sincérité et résonne à mes oreilles comme un chant d'espérance.

Oui, vous avez bien lu, Espérance...

Pourtant rien ne prédestine à cela cette autofiction d'une auteure qui se raconte, avec ses mots de femme écorchée vive, amputée du sentiment de l'estime de soi par un père violent et incestueux, une mère non-aimante et alcoolique.

Lidia Yuknavitch nous raconte son enfance où sa seule lumière est son entraînement quotidien à la piscine, son seul espoir de fuite, une bourse pour étudier ailleurs, n'importe où, mais quitter ces parents toxiques qui n'ont de famille que le nom.

Elle devient une nageuse promise à un bel avenir professionnel. Mais voilà, la sirène, pour qui l'eau protège et isole du bruissement de la vie (comme un enfant qui se réfugie sous la couette) ne va pas savoir comment faire avec cette réalité pleine de promesses qui s'offre à elle. Comment accueillir cet avenir positif, se battre pour gagner, obtenir, mériter... quand on a en soi un degré zéro d'estime de soi...

Quand on nous a transmis que soumission et dégradation.

Quand on nous a appris qu'être femme c'est se taire, souffrir et écarter les cuisses...



La naissance de sa petite fille morte-née, (ne pas avoir su être une mère protectrice quand on n'a pas été une petite fille protégée) va décupler cette autodestruction.

Souffrir dans son corps autant que dans son coeur...



Se laisser descendre au plus profond, à la limite de la noyade, jusqu'à sentir le fond sous les pieds et donner une grande impulsion pour enfin entamer la remontée.

Ce fond salvateur se sera les mots, ceux de l'écriture et de la lecture, de la création et du partage, soutenu par une soeur aimante et une poignée d'amis fidèles, dont la bienveillance a accompagné toutes ses errances.



Lidia boit, rit, pleure, jouit, hurle, sans pudeur ni retenue... Est-ce plus vulgaire, choquant, dans les mots (le corps) d'une femme que dans ceux d'un homme ? Je ne sais... mais c'est la parole d'une femme qui écrit de cette singularité qu'est un corps de femme, des mots qui sortent de ses tripes et de son coeur...

« Ecrire face à la « culture » », nous dit Lidia Yuknavitch dans ses remerciements.



Sincérité car il en faut, pour donner de soi un tel portrait quand le but n'est pas d'effrayer ou choquer, encore moins de glorifier ou juger, mais livrer ainsi la réalité « à nue » à travers ses mots.

Ces descriptions crues et explicites sont sa réalité avant que l'écriture « la sorte de l'eau » comme une noyée qu'on récupère à bout de souffle et qu'on réanime : comme une seconde naissance et un second souffle... Les mots qui (re)donnent vie. Et quels mots ! Cinglants comme une paire de claques et beaux... Vraiment. Beaux.



Espérance car l'écriture en particulier, l'art en général, sont des bouées jetées aux bras des naufragés, des filets qui ramènent les rescapés sur le rivage.

Combien coulent encore ?



« C'est difficile de penser Oui. Vers le haut. Quand ce qu'on ressent n'est que combat ou fuite.

Si je pouvais revenir en arrière, je me donnerais des cours particuliers à moi-même. Je serais la femme qui m'a appris à me tenir debout, à vouloir des choses, à les demander. Je serais la femme qui dit, Ton esprit, ton imagination, ils sont plus importants que tout. Regarde comme c'est beau. Tu mérites de t'asseoir à la table. L'éclat tombe sur chacun d'entre nous. »



L'éclat tombe sur chacun d'entre nous...
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Dora la dingue

Papa est en haut,

Madame K. joue avec son flûtiau,

Maman est en bas,

S'anesthésie au Lysanxia, Temesta, et caetaera.

Et Idia, dans tout ça ? Elle a dix-sept ans et se débrouille comme elle peut pour survivre à cette ambiance familiale délétère. De séances curieusement interactives chez son drôle de psy, en « petites manigances » seule ou avec ses « voyous de copains » de tous les sexes, elle nous entraîne dans ses délires loufdingues, une caméra cachée dans son sac de Dora l'exploratrice légèrement customisé...



Hommage revendiqué à Sigmund Freud et à son célèbre « cas Dora », ce roman m'a fait penser aux premiers ouvrages de Virginie Despentes : esprit sex'n drug'n rock'n roll, et anti-macho. Ça se tripote, ça picole, ça s'enfile des cachetons comme des Smarties (merci, l'armoire à pharmacie des parents stressés/dépressifs) - le tout en musique.

Le début est prometteur, mais l'idée de la revanche et du petit film trash a beau être amusante, elle s'éternise et devient vite agaçante. Je me suis ennuyée et j'ai trouvé la deuxième partie interminable. Il manque l'humour de Despentes et ses critiques pertinentes et acérées sur la société. Avec 'Dora la dingue', Lidia Yuknavitch ne nous mène pas au-delà de quelques considérations banales sur les adolescents, leur mal-être et leurs conflits avec les adultes - ces vieux nazes lubriques qui ne pigent rien à rien...



Livre « parrainé » par Chuck Palahniuk qui en a rédigé la postface. Il me reste à découvrir cet auteur, son 'Snuff' m'attend depuis quelques années...
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Le roman de Jeanne

Dans un futur proche, la Terre est dévastée et ce qu’il reste d’humanité survit dans C.I.E.L., un vaisseau au-dessus de notre planète. Survivre, c’est le terme : asexués et incapables d’enfanter, sous le joug de Jean de Meer, ils écrivent sur leur peau, ou plutôt, ils la brûlent pour y laisser des « griphes », la brûlent et la rebrûlent pour y écrire des mots, des phrases, des histoires, masquant mal leurs corps exsangues. Ils se torturent eux-mêmes dans cette prison de l’espace.



Christine Pizan (nom rappelant la première femme de lettre française à vivre de sa plume) approche de ses cinquante ans. Selon les règles de cette communauté, elle sera sacrifiée et les éléments de son corps seront récupérés (ça vaut bien la peine de transformer son corps en manuscrit). Amoureuse de Trincullo depuis son plus jeune âge, elle reste sa meilleure amie alors que celui-ci est homosexuel. Il utilise son corps avec un art lubrique pour provoquer cette microsociété et surtout le dictateur Jean de Meer.



Tous se souviennent de Jeanne, une jeune fille promettant de sauver l’humanité mais brûlée sur le bûcher (oui).



Mais un jour, Christine apprend que Jeanne serait vivante.



Alors, disons-le franchement : les premières lignes de cette chronique reflètent mal l’immense noirceur de ce roman, son univers désespéré et désespérant, son obsession pour le sexe et la douleur dans un monde où les humains n’ont plus d’organes génitaux et regrettent le passé. Le passé, justement… On apprend assez vite que Jeanne pensait qu’elle était la cause de la fin de la Terre, mais le lecteur n’en saura jamais plus. Pourquoi, comment ? Mystère. On lit que cette jeune fille est proche de la terre, elle acquiert d’étranges pouvoirs, mais comment a-t-elle provoqué la fin de l’humanité ? Cela restera parmi les questions sans réponses. Je ne parle même pas de la raison pour laquelle le reliquat d’humanité, parqué dans C.I.E.L., est devenu asexué alors que l’histoire est censée se dérouler dans… moins de 30 ans (2049), donc le lecteur est en droit de demander une explication à ce bouleversement majeur.



D’autres éléments sont difficiles à comprendre : des révélations qui ne mènent nulle part, des évènements dont on peine à saisir l’intérêt dans la trame, le tout amplifié par quelques facilités narratives malheureuses.



Le récit est truffé de symbolisme, point que j’ai apprécié lors des premiers chapitres. Seulement voilà : l’auteure en rajoute, et à la fin j’ai eu le sentiment d’une succession d’allégories qui n’avaient plus tellement de sens. Et je pense que c’est la principale critique que je ferais : habituellement, ce type de roman, très noir, porte un message. C’est son intérêt majeur (car la noirceur « pour la noirceur » passionne peu de monde). Mais ici, lequel est-il ? Hormis la condamnation de la guerre, thématique survolée qui ne semble même pas être la raison de la fin de l’humanité sur Terre (qui, je le rappelle, aurait été provoquée par Jeanne, mais on ne sait pas pourquoi), ou la dégénérescence corporelle des survivants dans C.I.E.L. qui ne sera jamais justifiée, on peine à comprendre le sens de ce roman qui s’enfonce dans la noirceur et l’eschatologie.



À tel point que la conclusion, voulant distiller un peu d’espoir, m’a laissé de marbre.



En résumé : je suis passée complètement à côté de cette histoire !


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Le roman de Jeanne

Dans le CIEL, Christine de Pizan fait partie de ces rares humains survivant à la destruction accélérée de la Terre. Enfin, humain...ce n'est plus vraiment le mot qu'il convient, tant les corps ont évolué : peau translucide, disparition des sécrétion corporelle, absence d'organes génitaux, peau distendue et "griphée"....

Sur Terre, Jeanne et Léonie survive dans un monde post-apocalyptique, dévasté, violent, où règne la mort et les cendres, où la vie devient souterraine.

Les deux narrations s'alternent, en s'ignorant, puis se rejoignent. Cette construction est intéressante pour ce récit de deux réalités si différentes, qui s'ignorent.

J'ai trouvé curieux qu'une auteure américaine s'empare de deux figures françaises du moyen-âge pour écrire un roman de science-fiction. Elle a juste gardé le côté féministe de ces femmes, pour en faire des guerrières du futur, dotées de capacités hors-normes. C'est d'ailleurs un peu trop pour moi. J'ai mis plus de temps que d'habitude pour lire ce livre, car il fallait que j'accepte à chaque fois de replonger dans les excès décrits dans ce livre. C'est violent, cru, à la limite du chirurgical parfois.

Il y a cependant des notes de "douceurs" (même si ce mot n'est pas exactement approprié) dans l'amour qui unit Jeanne et Léonie, et Christine et Trinculo. Alors un amour dans la violence et l'excès, mais un amour puissant.

Un livre un peu dur, où les femmes sont à la fois les héroïnes et les destructrices du monde. Un livre où il faut parfois un peu s'accrocher, mais je ne regrette pas le voyage.
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La mécanique des fluides





"La mécanique des fluides" est l'oeuvre d'une certaine Lidia Yukanavitch dont je n'avais jamais entendu parler avant la publication de ce roman en cette rentrée littéraire fait partie de ce genre littéraire souvent périlleux qu'est l''autofiction, qui peut donner lieu à des romans souvent un peu pénibles à lire, qui nous donnent parfois l'impression de se sentir un peu voyeuriste devant les confessions les plus intimes qui soient.



Ca pourrait être largement le cas dans ce Mécanique des Fluides, mais heureusement il n'en est rien, comme quoi tout est question de style. Il faut dire que la vie que nous décrit Lidia Yukanavitch , et notamment son enfance auprès d'une mère alcoolique et dépressive et d'un père brutal n'est pas celle dont on peut rever. Et ses errances dans des excès de drogue, d'alcool et de sexe , ainsi que deux mariages malheureux avec des partenaires eux meme perdus, conséquences plus ou moins directe de cette enfance traumatique et traumatisante ne font rien pour rendre la lecture plus légère.



Mais si le livre arrive à toucher autant au coeur et rendre la lecture finalement plus optimiste que glauque et plombante, c'est tout d'abord lorsqu'on apprend que l'auteur a rencontré au fil de son chemin, deux lumières dans ce ciel sombre, ses deux passions, la natation d'abord, puis ensuite l'écriture, deux passions qui la sauvent et qui lui permettront d' atteindre enfin son équilibre et une apparence de bonheur.



Et puis et surtout le livre doit tout à la qualité de la plume de l'auteur, une écriture viscérale et imagée en même temps, singulière et sans fioritures. Bref un roman très réussi sur la résilience, d’une profonde humanité, et qui prouve que l'on peut s'en sortir grâce aux balises que sont l'art et le sport, bref un roman à vous conseiller sans hésiter malgré la dureté de certains passages.
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La mécanique des fluides

Lidia est une jeune femme promise à un avenir plus souriant que son enfance et son adolescence. Née dans une famille bancale, une mère alcoolique et dépressive, un père colérique et incestueux, elle s'entraîne tous les jours a la natation. Pressentie pour les meilleurs places, elle va anéantir tous les projets de réussite en buvant, en se droguant et en couchant avec des filles et des garçons...

Un roman percutant, qui ne peut pas laisser indifférent. Une écriture coup de poing, parfois très crue, sur une vie brisée par un langue d'amour et un sentiment de rabaissement perpétuel. Un corps meurtri qui se va se relever grâce à l'écriture...
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Le roman de Jeanne

Station orbitale année terrienne 2049.

Dans l'espace, en orbite terrienne, la station CIEL, accueille les restes de la civilisation humaine suite à l'anéantissement de la Terre.



Je n'ai pas réussi à accrocher au roman et encore moins aux personnages. A l'exception de rares moments, je me suis ennuyée. La construction du récit m'a perdue. Je me suis surprise à lever les yeux au ciel plus d'une fois tant le pamphlet moralisateur est trop appuyé.



Pourtant il y a de bonnes choses. Sur la question de l'amour et du désir, l'auteur a pris un point de vue intéressant en dé-sexuant l'humanité. La référence à Jeanne d'arc m'a intriguée sur quelques pages et c'est tout.



Je suis passée à côté de ce récit je ne m'y suis pas retrouvée. Rien de neuf proposé. J'ai eu le sentiment d'un déjà-vu déjà-lu.



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Dora la dingue

Merci à Dana Burlac et aux Éditions Denoël !

Écrire une critique dans le cadre de l'opération Masse Critique de nos amis de Babelio, c'est comme mettre ses habits du dimanche. Quand on essaie de se revêtir de ses plus beaux atours pour donner de la valeur et du relief aux mots que l'on choisira pour parler du livre reçu.



Malheureusement la lecture de ce livre est plutôt comme un marathon dans la boue. On en sort crotté. On aurait dû plutôt mettre un vieux jogging ou un short !

Et c'est dommage, le côté Teen Spirit de la couverture -superbe - ainsi que le résumé laissaient présager un roman puissant. Le rouge vermeil, ça émerveille.

Ce qui s'annonçait alors comme une chronique d'adolescente révoltée et déglinguée avec une écriture punk et pétillante s'englue vite dans un récit vain et ennuyeux plein de clins d'œil très (trop) appuyés à la psychanalyse.

Et v'la t'y pas que certains des personnages se prénomment Freud et Jung et qu'ils sont psy ! Ouah ça en jette ! Ah oui la 4ème de couverture nous apprend que l'auteur veut rendre justice à une patiente, Dora, traitée injustement par ce salaud de Sigmund qui s'est servi d'elle pour écrire l'un de ses bouquins au début du XXème siècle.

C'est mal ça, Sig !



Tout plein de symboles psy donc, ciselés à la hache (ouille ça coupe !), et une écriture d'une telle finesse qu'on la croirait écrite avec des Doc Martens rouges. Rouges comme le sang, les règles, la scarification, bref la violence intérieure de cette pauvre Ida/Dora...

Là aussi, c'est dommage, tant le potentiel de certaines lignes ou chapitres faisait saliver le Gothic Punk agité qui vit en moi.

Sans parler de toutes les scènes extravagantes et improbables où Ida/Dora se mue en Lisbeth Salander du pauvre. Avec une épaisseur du personnage proche du papier de cigarette.

Le cliché se poursuit même dans la bande de "copines" qui l'entoure : un travelo, un gay gros et hilare, une lesbienne indienne... Manque plus que la pute unijambiste et la naine à barbe...(sic).



Si ce bouquin avait été écrit par une ado de 17 ans, on aurait pu trouver cette maladresse tendre et attachante, promesse même d'un certain talent. Mais Lydia Yuknavitch a 50 balais dixit sa biographie sur Babelio. On était donc en droit d'avoir un récit moins naïf et plus éclairé.

Le happy end est faisandé, manichéen et cucul alors qu'on le rêvait trash et nihiliste.

Une fois encore, c'est dommage tant les 100 premières pages laissaient entrevoir un roman nerveux et méchamment brillant.

Virginie Despentes peut donc dormir tranquille (pas trop quand même, c'est pour quand le prochain bouquin ?), elle reste la papesse de la génération "No Future".

2/5
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La mécanique des fluides

Son père avait les mains baladeuses. Un impulsif, un castrateur, un alcoolique. Sa mère était dépressive, alcoolique et suicidaire, complètement démissionnaire.

Lidia Yuknavitch, Portland, Oregon, raconte sa vie. De ses rêves de nageuses olympiques à celui de devenir écrivain. Mais quelle vie ! Et quelle intelligente manière de procéder.

Ses souvenirs apparaissent dans le désordre. Elle se souvient de son enfance chaotique, de sa vie d’athlète et d’universitaire, ses échecs, ses tendances amoureuses, l’alcool, la drogue, les avortements, la vie d’épouse, de mère, le sexe, le sadomasochisme, et par la force des choses celle d’écrivain et de professeur de littérature.

Une rage folle habitait cette femme. Elle exprimait sa souffrance à travers le corps, l’eau, les métaphores, les rencontres comme celle avec Ken Kesey, les liquides de toute sorte. La mécanique des fluides est la pression sanguine variable, explosive, tranquille ; elle est les mouvements de l’eau, ses qualités apaisantes, sa force ; elle est l’alcool rideau sur la scène de cauchemar ; elle est l’accélération et le calme ; elle est tout ce qui enveloppe la vie de cette auteure courageuse et surprenante. Le style est non conventionnel comme Lidia Y. l’a décrit :

« Cette fois l’histoire avec laquelle je venais ne parlait pas de personnages de femmes sans voies issues de l’histoire littéraire. Cette fois ça parlait de ma vie. Des pères, de la natation, de la baise, de bébés morts, de la noyade. Entièrement écrite en fragments aléatoires – comme j’ai compris ma vie tout entière. Dans la langue – image, fragment et passages lyriques non linéaires – qui semblait la plus précise. L’histoire que j’apportais s’appelait « La Mécanique des fluides ». (P153)

Elle use de toute sorte de procédés pour rendre un récit dynamique et claire : périodes, phrases courtes, crues, tranchées ; plus longues et concises ; plus douces et amoureuses ; pleine de réflexion sur la condition de la femme, de la mère ; à propos du sexe, du souvenir, du temps, de l’amour des mots…

Très proche de « Féroces » de Robert Goolrick. Un excellent livre, abouti et d’une grande maîtrise. Madame Yuknavitch me rappelle aussi - en plus d’une influence Undeground et d’une influence joyeux lurons de la Beat Generation - un soupçon de « Le dernier stade la soif » de Frederick Exley. Réaliste et frappant. Vous voyez un peu ? Les histoires de ceux qui s'élèvent, de ceux qui passent de maux en mots. Étourdissant.

« Je suis pour le restant de ma vie une fille qui brûle.

Cette image de Jeanne d’Arc brûlant dans un feu à brûlé en moi comme une nouvelle religion. Son visage tourné vers le ciel. Sa foi bandée comme pour une guerre sainte. Et toujours la voie d’un père dans sa tête. Comme moi. Jésus. Qu’est-ce qu’un homme maigre cloué sur du bois face à l’image d’une femme soldat en flammes ? J’ai pris l’image d’une femme qui brûle dans ma tête et abandonné à jamais la croyance en la maison d’un père. » (P140)

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Le roman de Jeanne

Un livre monde, mais un monde pas beau, pas beau du tout! Un monde post-apocalypse qui vit dans le CIEL, une station qui orbite autour d’une terre détruite, en cendre, sur laquelle plus rien ne vit.



Et dans le CIEL, ce n’est pas beaucoup mieux, les survivants y sont devenus de translucides asexués aux corps couverts de griphes condamnés à mourir le jour de leurs cinquante ans dans un système tyrannique sous l’autorité du despote Jean de Men.



C’est noir comme la blancheur de leur peau et la résistance semble bien pâle
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Le roman de Jeanne

Découvert grâce à un article élogieux d’Usbek et Rica, ce roman atypique m’a attiré à la fois par son histoire librement inspirée de l’Histoire réelle, mais aussi par sa couverture absolument magnifique – avouons-le. Ici, Lidia Yuknavitch reprend les éléments constitutifs de l’histoire de Jeanne d’Arc (voix mystérieuses, mission céleste, bûcher) pour recréer cette héroïne au XXIème siècle, au moment où la Terre bascule, et l’humanité avec. C’est d’abord par flash-back que nous est racontée l’histoire de Jeanne, cette enfant atypique, ayant une connexion si particulière à la nature : Christine nous raconte la version censurée, plébiscitée par Jean de Men au sein du CIEL. Dictature, rébellion, talents artistiques et fin du monde, c’est un cocktail explosif qui nous est servi, une histoire pleine de rebondissements imprévus, impromptus, plus surprenants les uns que les autres, parfois même carrément choquants. Si l’auteur nous livre une vision très peu glorieuse du futur de l’humanité – si tant est qu’on puisse parler d’un futur, elle lui oppose une description émerveillée de la Terre et de ses ressources, même les plus infimes. Les insectes sont source d’émerveillement tandis que les hommes, ces créatures qui se croyaient si supérieures, sont présentées comme totalement grotesques. Le message est clair : arrêtez de vous prendre pour le nombril du monde et prenez soin des choses incroyables que la Terre vous a donné, vous pauvre humains irresponsables !



Ce message écologiste s’accompagne d’une réflexion plus profonde sur la nature même de l’être humain. Quand tout a été détruit, quand la vie humaine n’a plus aucun sens, quand la survie devient la seule réalité, tous ces personnages continuent à ne rechercher qu’une seule chose : l’amour. Le sentiment amoureux domine tout le récit, guide les actes de chacun, qu’ils soient héroïques ou sacrificiels. Les humains sont-ils donc des êtres profondément sentimentaux ? C’est ce que fait valoir l’auteur et c’est la perte de ce sentiment amoureux qui semble détruire les hommes, encore plus que la perte de leur planète. Seules quelques femmes, incroyablement fortes et résolues, continuent à porter en elles cet amour indescriptible et c’est cette force intérieure qui leur permet de retourner le cours de l’histoire.



Foisonnant, complexe et complètement stellaire, Le Roman de Jeanne est un livre exigeant, plein de messages et d’alertes pour nous autres, pauvres humains. Le style unique de l’auteur sert magnifiquement cette prédiction néo-dramatique et pourtant optimiste sur la capacité de destruction et de renouvellement des hommes.
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La mécanique des fluides

Gros coup de cœur !!

Lu grâce aux masses critiques :).

J'avais adoré son roman "Dora la dingue" de par le thème et son écriture cru et fluide.

Ici, c'est sa vie que l'auteure nous raconte. Autant dire qu’elle a ramé !

Un père qui abuse d'elle, une mère alcoolique, une adolescence et des premières années adultes sous l'emprise de toute sorte de drogue et du sexe, du sexe, du sexe.

Puis l'amitié, l'amour et l'écriture qui la sauve.

C'est une ode à l'art, à la littérature, à la vie...

Bon, vous avez compris, j'ai adoré.

Je pense que les avis sur ce livre vont être différents car son écrit peu choquer.

Mais il y a tellement de beaux passages, que j'ai noté au fil de ma lecture (je vous en mets un peu en citation), que je ne peux que vous le conseiller !!



A lire, à savourer, à surligner et à découvrir !!
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Le roman de Jeanne

C'est la couverture qui m'a attirée et m'a fait emprunter ce roman à la médiathèque. l'illustration est attirante, et le résumé semblait alléchant. J'ai cependant été plutôt déçue par cette histoire post-apocalypse (une de plus, mais pas la plus réussie je trouve). On y découvre en parallèle la vie dans une station spatiale où résident les plus favorisés, mais qui n'ont droit de vivre que 50 ans et dont le physique a évolué vers une dégénérescence asexuée , bouffie et blafarde. Cela m'a un peu rappelé le dessin animé "Wall-E". C'est là qu'habitent Christine Pizan et son éternel amour Trinculo, un amour volcanique mais jamais consommé. Dans le même temps sur Terre il reste quelques rescapés cachés qui survivent dans des conditions catastrophiques, toutes les villes et les paysages naturels ayant été détruits par des guerres et des catastrophes successives. Parmi ces rescapés il y a Jeanne la Terreuse dont l'histoire est calquée sur celle de Jeanne d'Arc et qui a comme elle été brûlée sur un bûcher. Mais elle en a réchappé grâce à sa fidèle amie Léonie. Christine dont elle est l'héroïne a entrepris de "gripher" son histoire, c'est-à-dire de la graver sur sa peau...

J'ai été déçue par ce roman moins novateur que ce que j'en attendais, beaucoup d'éléments ont un goût de déjà-vu. D'autre part, l'histoire de Jeanne est vraiment tirée par les cheveux, on ne comprend pas trop comment avec ses nombreux dons elle a pu se retrouver dans une situation aussi critique, isolée avec Léonie et ignorant même qu'il y ait des groupes de survivants. C'est un peu mal ficelé et la fin est carrément incohérente par moments. Dommage !

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La mécanique des fluides





Lidia, nageuse, quitte le domicile familial pour rentrer à la fac grâce à une bourse d'étude. Elle fuit son père sadique et violent, et sa mère dépressive et suicidaire. A l'université, elle fera la connaissance d'un monde de débauche où sévit sexe, drogue et alcool. Elle finira par rejoindre un groupe d'écriture encadré par Ken Kesey, qui lui donnera envie de devenir écrivain.



Que dire sur ce livre étrange et particulier ? Au départ, le résumé m'a clairement donné envie mais en ouvrant le livre et en lisant les premiers chapitres, j'ai assez vite déchanté...



Nous suivons la vie de Lidia par petits épisodes, par des souvenirs mis bout à bout, sans forcément suivre un ordre chronologique bien établi. C'est parfois destabilisant pour le lecteur de trouver une Lidia femme dans un chapitre, une Lidia enfant dans l'autre et de revenir dans le présent ensuite. Je dois même dire qu'à certain moment, je ne savais pas si elle était à la fac, si elle était petite ou si elle était adulte comme aujourd'hui.



Dès le début, nous savons que sa vie ne sera pas des plus roses : son accouchement d'un bébé mort-né, un père colérique et violent, une mère passive et suicidaire, ses trois avortements, son échec à la fac, ... Le style suit cette vie tourmentée avec un langage cru, parfois vulgaire, avec des passages qui pourraient en choquer certain.



On remarque tout de suite la volonté de Lidia de devenir écrivain. Dans ce livre, le style d'écriture évolue en permanence (répétition de mots et d'expression, ponctuation parfois manquante, interpellation du lecteur, champ lexical, ...). L'auteure s'applique aussi à nous donner un fil conducteur du début à la fin : l'eau. En effet, Lidia est une nageuse et à travers ses souvenirs, elle ne cesse de nous parler d'eau.



Bref, nous avons ici un petit olni (objet littéraire non identifié) qui je pense ne plaira pas à tout le monde. Pour ma part, j'ai eu du mal à adhérer à ce genre de lecture.


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Dora la dingue

Tout d’abord, je tiens à remercier le site Babelio, et son opération Masse Critique ainsi que les éditions Denoël. Lors de ma sélection de romans pendant l’opération, j’avais vraiment flashé sur celui-ci (de par la couverture et par le résumé). Hé bien, voila, ce fût un véritable FLOP…Ma première vraie déception depuis un moment (et encore, "déception" n’est pas assez fort pour exprimer mon ressenti sur ce livre)…



En fait, je n’ai surtout pas aimé le style…Franchement, pour moi, c’était une écriture beaucoup trop déjantée, trop fouillie, et trop crue… J’ai eu du mal à le finir (Pour dire vrai, le fait que j’ai reçu le livre gratuitement a engendré que je le lise entièrement…parce que sinon, j’aurais arrêter après les deux premiers chapitres !).



L’histoire, quant à elle, ne m’a pas intéressée non plus… Le personnage principal, Dora, est exécrable, totalement à côté de ses pompes, et la suivre n’a pas réussi à me passionner. Idem pour les personnages secondaires (qui sont chacun dôté de surnoms bizarres..j’avais encore plus de mal à suivre).



Donc voilà…Je ne pense pas retenter cet auteur, et vous comprendrez que je ne vous le conseille pas…même si j’avoue être curieuse de lire des avis dessus...
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La mécanique des fluides

J'ai toujours voué une admiration sans borne aux champions de natation.

Sans doute parce que je nourris personnellement pour ce sport une vieille aversion.



Enfin, soyons juste... ce n'est pas tant le fait de nager ou d'évoluer dans l'eau qui me répugne, mais celui de le faire à la piscine.

L'odeur de chlore, la résonance sonore, la promiscuité dans les vestiaires humides, sont devenues mes bêtes noires le jour où un professeur de natation chargé d'enseigner aux faibles élèves de CP que nous étions les rudiments de la brasse, à entrepris d'utiliser la méthode forte pour que j'accepte de plonger enfin la tête sous l'eau.



Tout ça pour vous dire que les conditions étaient réunies pour que j'éprouve d'emblée un certain respect pour Lidia Yuknavitch, pour qui les culbutes, les manières hommasses des nageuses poilues côtoyées dans les vestiaires (qui lui inspiraient un désir bestial) et les longueurs en apnée n'ont pas de secret.



Il faut dire qu'elle y a passé des heures, Lidia, à la piscine. Nager, c'était oublier, même temporairement, la perversité paternelle et l'apparente indifférence d'une mère alcoolique, ses angoisses irraisonnées d'enfant.



Mais Lidia n'est pas qu'une nageuse. C'est une femme à l'esprit torturé, que le passé traumatisant, profondément douloureux a poussé à vivre des expériences extrêmes et autodestructrices. Sexe, drogue, alcool... les abus auxquels elle s'est livrée avec une sorte de rage effrénée, ont fait avorter sa tentative pour suivre des études au sein de l'université texane pour laquelle elle avait obtenu une bourse sportive.



Un concours de circonstances l'amène à participer à un atelier d'écriture dirigé par Ken Kesey (auteur, entre autres du sublime "Et quelquefois j'ai comme une grande idée" et de l'excellent "Vol au-dessus d'un nid de coucou"). Écrire va peu à peu s'imposer comme une évidence, le moyen de se libérer de la hargne et de la souffrance qui la rongent de l'intérieur.



Aussi, sous l'apparence de chaos qui dans un premier temps émane de "La Mécanique des fluides", provoquée par l'absence de logique chronologique dans la succession des souvenirs de l'auteure, se dessine une logique. Le lecteur assiste à la maturation de son besoin d'écrire, et aux difficultés, aux mécanismes complexes qui président à la concrétisation de ce besoin. Progressivement, Lidia Yuknavitch, en tant que femme et écrivain, apprend à maitriser ses pulsions désordonnées, brutales, pour laisser place à une expression plus apaisée de ses émotions. Elle parvient ce faisant -et c'est sans doute l'une des grandes qualités de ce roman- à conserver tout de même une l'intensité qui alliée à une sincérité totale, contribue à doter son roman d'une puissance d'évocation hors du commun.



A tel point que certains passages sont difficilement soutenables. Lidia Yuknavitch, pour décrire le cauchemar que fut, de longues années durant, son existence, et les expériences extrêmes qu'elle vécut, malmène les mots (elle donne presque l'impression de les tordre...), assène au lecteur un langage cru et violent, une écriture saccadée. Le corps, avec ses fluides et ses pulsions, avec ses limites aussi, est omniprésent. Elle met ses tripes sur la table, mais l'étalage n'est finalement ni obscène ni gratuit. Parce qu'elle a appris à maîtriser le cataclysme que provoque son besoin d'expression, pour en tirer une œuvre littéraire à part entière.



Ainsi, "La Mécanique des fluides" n'est pas le témoignage racoleur d'une victime malchanceuse. C'est le récit d'une écrivaine, qui sait mettre son talent au service de son histoire. Si, en plus, cela lui permet de se libérer, et bien, tant mieux pour elle...
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Le roman de Jeanne

Encore une dystopie ? Certes, mais puissante et bien écrite, ce qui est rare dans un genre littéraire désormais surexploité.

Au-delà de la dénonciation de l'emprise de l'Homme sur la Nature, de la violence auto-destructrice et de la tyrannie, ce roman est aussi une belle allégorie du pouvoir de l'écriture.



Ici, ce sont les "griphes" qui inscrivent les histoires à même la peau :



"Dans une vie, tout a plusieurs couches narratives. Comme la peau : épiderme, derme, hypoderme, tissu sous-cutané. L'histoire que je griphe est pleine de sous-entendus".



Dans ce roman âpre, qui convoque les figures de Jeanne d'Arc et Christine de Pisan, l'amour et la guerre usent de la même violence.


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