AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Lilia Hassaine (511)


Ils avaient fait le choix de retourner en Algérie, quinze ans après l'indépendance, profitant des nouveaux accords entre les deux pays. Ahmed était impatient, autant qu'il était ému. Ses parents étaient enterrés là-bas, il voulait finir ses jours auprès d'eux. Et puis il avait encore beaucoup d'amis à Sétif, cela faisait si longtemps...
Commenter  J’apprécie          00
Saïd et Naja ne voulaient pas voir partir leurs voisins un par un, laissant la vraie misère s'installer peu à peu. Dans l'immeuble, il ne restait plus que les pauvres. Les classes moyennes avaient déserté, les Claudia, les Sheila..Il n'y avait plus qu'une catégorie de gens, celle des ouvriers. Naja était allée parler à Nora de certains de ses enfants, pour certains nés en France. Elle voulait sauver ce qui restait des années 60, une communauté d'âmes et non d'origine ou d'ethnie.
Commenter  J’apprécie          00
Les secrets sont des bâtons de dynamite qu'on cache sous un lit. Pendant des années, tout se passe bien, mais l'étincelle peut venir de n'importe où, n'importe quand.
Commenter  J’apprécie          00
Elle n'avait jamais remarqué à quel point c'était joli, le muguet. Ele avait pensé à un saxophone, la longue tige lui évoquait le corps de l'instrument, parcouru de plusieurs petites clés, des clochettes blanches, duveteuses, elle avait tendu le bras pour les effleurer. Elle entendait dans sa tête un air de jazz, une musique que son père lui faisait écouter quand elle était enfant, "He Ain't Got Rythm", joué par Lester Young, qui accompagnait la voix chaude de Billie Holiday.
Commenter  J’apprécie          00
Elle faisait respirer à Eve les parfums du lilas, des camélias et du jasmin. Elle lui parlait beaucoup en lui massant les mains : " En Algérie, tu sais, on ne te laisserait pas ici, dans cet hôpital. Ma mère, on l'a soignée jusqu'au bout, elle vivait chez nous. Ce n'était pas un devoir, c'était un bonheur, une fierté..Oui, c'est ça, une fierté, elle est partie dans mes bras, avec toute la famille, et tout le monde pleurait, parce que ça pleure beaucoup chez nous.."
Commenter  J’apprécie          00
On parle de l'année 1968, de la révolution sexuelle, de la libération des moeurs, mais ces idéaux ne sont réservés qu'à une certaine caste. Au fond, qui est libre ? Quelle femme peut aujourd'hui multiplier les relations amoureuses sans être insultée ou moquée ? La Parisienne libertine, la féministe de Saint-Germain, la femme de notable excentrique, pas Mme Tout-le-monde. Mme Tout-le-monde, elle doit se marier, faire des enfants, et si elle a désormais le droit de divorcer, Mme Tout-le-monde a rarement un bon salaire, et donc tout à y perdre. Je crois que le jour où les femmes n'auront plus besoin de se positionner en fonction des hommes, en bien ou en mal d'ailleurs, on aura fait un grand pas. Aujourd'hui, certaines se promènent quasiment nues, affirmant qu'elles font ce qu'elles veulent de leur corps, tandis qu'elles ne pensent qu'à plaire à l'autre sexe - si la nudité était l'insigne du pouvoir, les hommes se baladeraient à poil. Regarde les Clodettes..elles sont libres, personne ne les force, mais elles servent la carrière d'un homme. Elles ont été inventées par l'imagination d'un homme, pour les homnes. Et puis il y a les autres, celles qui crient leur haine du masculin et surjouent la virilité. Dans un cas comme dans l'autre, l'homme est au centre de la réflexion, il est au centre du monde..Moi même, je ne peux m'en empêcher, je ne pense qu'à eux, et c'est en cela que je dis qu'on n'a pas tellement avancé.
Commenter  J’apprécie          00
Sonia avait vingt ans, elle se posait tout un tas de questions sur son avenir, car elle ne trouvait pas de travail, elle n'était pas mariée, trop maigre pour qu'un Arabe l'épouse, trop bridée pour épouser un Français. Ses parents le lui avaient formellement interdit, et elle respectait la règle.
Commenter  J’apprécie          00
Avec la crise économique, l'Etat avait réduit le financement des HLM, au profit des banlieues pavillonnaires. Privilégier la propriété à la location, la maison aux barres d'immeubles. Le centre de loisirs fut la première victime de cette nouvelle politique. Depuis, les enfants s'ennuyaient, alors ils s'amusaient avec ce qu'ils trouvaient, y compris le mobilier urbain.
Commenter  J’apprécie          00
Nour méprisait ce qu'elle considérait comme une absence d'intensité. Il lui fallait vivre des émotions fortes. Un jour, elle demanda à sa mère si elle avait toujours voulu faire ça, couper des carottes, si c'était un genre de rêve de petite fille. Naja, habituée au cynisme de sa cadette, lui répondit : "Les seules émotions fortes que tu auras, ma fille, c'est de perdre ceux que tu aimes. Quand tu auras compris ça, tu trouveras de l'intensité jusquevdans la main qui te permet de couper des légumes, ce membre perfectionné par des milliers d'années d'évolution humaine, dans ces doigts qui te servent à guider la fourchette jusqu'à ta bouche."
Commenter  J’apprécie          00
De son côté, Nour avait du mal à comprendre ses parents. Ils avaient l'air apaisés. Pis, ils avaient le sourire tranquille des hommes et des femmes que la vie n'a pas épargnés, mais qui humblement, patiemment, savourent le plaisir de voir leurs enfants réunis, de sentir l'odeur des légumes qui mijotent dans la sauce. Nour était agacée par la lenteur des gestes de sa mère, sa manière de servir chacun d'eux avec attention, comme si son plat était une offrande. Elle voyait le temps qu'elle y avait passé mais elle ne comprenait pas qu'une vie puisse se résumer à cela. Il y avait tant de choses à faire, tant de mondes à découvrir, mais Naja coupait chaque jour ses navets et ses carottes, l'air serein.
Commenter  J’apprécie          00
Dans son coeur, elle ressentait une colère sourde, une colère qui ne demandait qu'à éclater, qu'à rugir. C'était ça, la noirceur dans ses yeux. Ce père qui courbait l'échine au travail, dans la rue, intimant l'ordre à ses enfants de ne jamais faire de bruit, de ne surtout pas se faire remarquer, de ne pas leur faire honte, de raser les murs. Il maîtrisait toutes les occurrences du champ lexical de la discrétion. Les peurs de son père, la soumission de sa mère, elle avait tout cela en horreur. Elle n'était pas française, car elle était née en Algérie. Le seul à être français, c'était Amir, né ici, dans ce pays qu'elle avait peur d'aimer. Elle disait qu'il n'y avait rien de pire qu'aimer sans être aimé. Sonia avait aimé la France, et qu'avait-elle obtenu en retour ? Elle avait étudié, eu les meilleures notes, son bachot haut la main, on avait fait une fête ce jour-là, et aujourd'hui, elle ne trouvait pas de travail comme un million d'autres chômeurs, on l'avait dit au journal télévisé, comme le mari de Nora, Ahmed, qui avait construit une autoroute au prix de sa santé, mais qui continuait d'entourer chaque matin les petites annonces dans le journal.
Commenter  J’apprécie          00
Amir avait de la tendresse pour les femmes, il avait vu sa mère souffrir, ses soeurs trembler à l'idée de croiser la route d'un homme, il s'était juré de ne jamais faire peur à une femme. Elles, en revanche, ne l'aimaient pas beaucoup.
Commenter  J’apprécie          00
"L'écrivain, c'est celui qui fait de sa vie le réceptacle des secrets, des sentiments profonds. Il se métamorphose sans cesse, voyage de corps en corps, d'âme en âme, dans une quête métaphysique effrénée. Il s'invente pour comprendre l'autre, conscient que cet autre ne montre toujours qu'une partie de son être ; seule la face cachée de la lune l'intéresse. "
Commenter  J’apprécie          00
Elles partageaient le même immeuble, se croisaient chaque jour, et pourtant, que savaient-elles les unes des autres, que savaient-elles vraiment ? Elles traversaient ensemble la vie quotidienne...mais la vie quotidienne est un décor de théâtre. La vie quotidienne est ce qui vient, par une somme d'habitudes, encadrer nos pensées obscures et nos douleurs secrètes. Faire les courses, le ménage, s'occuper des enfants, autant d'activités qui nous obligent, sans quoi on ne ferait plus rien. Le divertissement nous aide à survivre, car le désespoir est l'état naturel de l'homme. On ment tous.
Commenter  J’apprécie          00
Illustration de cette schizophrénie, Saïd voulait que ses filles se marient, mais que son fils fasse des études, qu'il fasse Polytechnique, disait-il, comme son patron et le fils de son patron, sans comprendre vraiment de quoi il retournait. Il voulait que son fils, celui qui perpétuerait le nom, fasse honneur à la famille et que l'écho de sa réussite résonne de l'autre côté de la Méditerranée. La réussite d'un fils justifiait tous les sacrifices, elle justifiait l'immigration, les années de labeur, le mal du pays.
Commenter  J’apprécie          00
D'un côté, il se disait fier de ses origines et de sa culture, de l'autre il espérait se fondre dans le paysage français. D'un côté il désirait rentrer au bled, de l'autre il rêvait que ses enfants s'intègrent. Il oscillait entre deux pays, deux projets, et élevait ses enfants dans la même dualité. La dualité comme identité, c'était déjà une contradiction, il n'existait pas de mot pour dire "un et deux" à la fois. Le langage échouait à décrire sa réalité. Alors devant la faillite de la langue, on le renvoyait à son étrangeté : dans le regard des Français, il était l'immigré ; en Algérie, il s'en était aperçu au mariage de Maryam, il était aussi devenu l'immigré. On ne veut pas de celui qui arrive, on en veut à celui qui nous quitte.
Commenter  J’apprécie          00
Surtout, elle était toujours en train de rire, en dépit des soucis de santé de son mari. Ahmed travaillait à la construction de l'autoroute A3, projet titanesque commencé au début des années 60 et qui touchait à sa fin. Il portait des marteaux-piqueurs de trente kilos chaque jour, sous la pluie ou en plein cagnard, et rentrait épuisé, le dos en morceaux, déjà voûté à quarante-cinq ans.
Commenter  J’apprécie          00
Ne m'oublie pas, Eve, ne m'oublie pas en pensant que tu as le temps, on croit toujours qu'on a le temps, la vérité c'est que tu n'as jamais le temps pour moi car tu en as trop, du temps..la vérité surtout, c'est que j'ai moins de temps que toi. Tu verras quand tu auras mon âge, le temps sera pour toi une espèce protégée, comme les tigres blancs et les éléphants d'Afrique, alors fais-moi ce cadeau..mon petit-fils ..de temps en temps..
Commenter  J’apprécie          00
"Il suffit de s'intéresser aux choses, de s'y intéresser vraiment, et alors tu pourras faire ce que tu voudras, devenir qui tu voudras. C'est magnifique, non ? Etre à l'âge où tout est encore possible...
- Amir aussi, il pourra tout avoir, comme moi ? "
Marcel hésita un instant :
"Non, Daniel. Pour Amir, ce sera sûrement plus difficile. Allez, au lit."
Commenter  J’apprécie          00
Il faisait exprès de ne pas lui proposer de jouer. Il voulait que l'idée vienne de lui, qu'il s'essaye sans demander la permission, comme quand il avait volé les caramels dans la bonbonnière. Quand le désir est irrépressible, la satisfaction est grande. Marcel voulait le surprendre en train d'apprivoiser les notes. Il jugeait que la liberté était le seul moyen de contraindre un homme.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Lilia Hassaine Voir plus

Quiz Voir plus

H20-Quizz

Dans la saison 1, comment s'appelle la brune ?

Cléo
Bella
Rikki
Emma

20 questions
31 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}