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Citations de Linda Lê (324)


Tu me faisais penser à la phrase de ce poète russe exilée en France dans les année 1920, morte suicidée après son retour dans son pays natal : la vie est une gare, je vais bientôt partir, je ne dirai pas où.
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Avant de faire le grand voyage, tu savais déjà que tu t'approchais du moment ultime de l'adieu. Tu te préparais non pas à démissionner mais comme je le devinais, à te retrouver dans une intimité avec toi même, en n'étant plus disposée à tout prendre sur toi, à tout endosser, pour devenir un vaillant soldant réfractaire à la discipline.
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La grâce. Quand je songe à Forever, c'est le premier mot qui jaillit dans mes pensées. Elle était douée de l'immatérialité d'une fée et animée par l'incandescence mystique d'une sainte. En elle se rejoignaient l'orgueil d'un être singulier et l'humilité d'une servante que le savoir a habituée à la connaissance de soi, laquelle rend fier quand on se compare, humble quand on se considère. Elle était née pour donner au monde un surcroît de beauté mais le monde n'était pas fait pour contempler ces beautés intérieures où l'intelligence et la compassion se rencontrent.
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Maintenant encore, mon père n'avait à la bouche que désir d'infini et regret des heures où, emporté dans le contre-monde dont sa peinture lui suggérait les reliefs, il rêvait à l'harmonie rebelle des couleurs. Le démon l'avait terrassé et le jeune alchimiste qui mêlait son sang à la palette pour trouver la nuance du feu originel, il ne restait que la dépouille d'un homme auquel la mue automnale avait ôté son manteau magique pour ne lui laisser qu'un vieille pelure mondaine, vulnérable comme un sceau de cire sur une enveloppe dont la lettre s'était perdue.
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En répétant sans cesse Je ne répondrai plus jamais de rien, tu cherchais à te convaincre toi-même qu’entre le monde et toi il y avait désormais un fossé, mais la vérité était que tu te savais de toute façon incapable de vivre en harmonie avec autrui, comme diraient les spécialistes du bien-être.

(p. 130)
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À qui la faute ? est le titre français d’un livre de Sophie Tolstoï, à propos de sa débâcle conjugale. Cela m’est venu à l’esprit pendant que je parlais à Adrien du couple que tu formais avec ton mari. Il n’était pas Lev Tolstoï, tu ne l’avais pas harcelé pour qu’il fasse passer sa famille avant ses fidèles. Je dis à Adrien que c’était plutôt toi qui, comme Tolstoï un matin s’échappant pour aller mourir dans la petite gare d’Astapovo, avais pris la fuite en te faisant interner. Bon, la comparaison s’arrête là. Je ne sais pas pourquoi, dis-je à Adrien qui prend un air dubitatif, je pense à cette exaspérante Sophie Tolstoï.

(pp. 137-138)
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Plus le temps passait, plus il me paraissait naturel que tu te sois défendue en préservant cette part de toi-même qui t’appartenait, que tu ne devais dévoiler à personne, pas même à moi, mais ma curiosité était trop forte, plus fort encore mon amour exclusif pour toi, amour né pendant toutes ces années où, ton mari parti, tu me choyais comme si rien au monde ne comptait pour toi en dehors de mon bien-être, de mes joies, de mes plaisirs, de mon contentement.

(p. 63).
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Et quand, au bout de longues heures de fignolage, je relisais mes amphigouris, j'étais si atterré qu'il me semblait entendre le rire mauvais de mon frère, penché sur moi pour s'ériger en zoïle. (page 120)
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Hormis chez les classiques, auxquels je continuais de me frotter, l'orpailleur que j'étais grappillait rarement des pépites. Amusé, parfois un brin éberlué devant la virtuosité, j'étais souvent excédé, saisi d'une lassitude à laquelle je m'empressais d'obvier en picorant dans les traités des anciens. (page 81)
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Moi non plus, je n’ai pas la foi, mais l’amour ne m’a jamais tenu lieu de réconfort mystique, Adrien n’a jamais été, à mes yeux, un démiurge capable de ressusciter une femme morte au monde, morte à l’amour. Il est mon complice, ce qui est bien plus précieux. Tu m’as souvent dit que tu m’enviais mes relations avec lui. Il est vrai que ton mari et toi, vous n’avez jamais su ce que complicité veut dire, tu t’es toujours comportée comme si tu étais tellement en dette vis-à-vis de lui que tu te prosternerais presque à ses pieds.
(p. 118-119)
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Au fond, tu te haïssais de n'avoir pas été capable de prendre le large, tu te méprisait pour ta passivité de biche, ou était-ce moi qui t'aurais voulue aussi fièrement criminelle que les froides amazones ?
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Je ne faisais pas encore de rêves de meurtre, comme plus tard, mais toute allusion à ton mari me hérissait, quand je me trouvais face à lui j'avais du mal à contenir mon agressivité.
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Tantôt je pariais que ton imagination t'avait joué des tours, tantôt je croyais réellement à une rencontre entre toi et Unica, la grande artiste happée par la nuit, qui dessinait et écrivait pendant de longues périodes d'internement ( qu'elle appelait ses vacances) qui aimait H.B parce qu'il l'incitait à explorer des mondes inconnus en dessinant.
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C'était moi qui te comparais à une feuille morte, sans savoir que, durant les huit mois de ton internement, tu ressemblais plutôt à une poupée de chiffon toute fripée ou à un petit animal traqué, gémissant de douleur parce qu'il est tombé dans un traquenard et ne voit pas comment s'échapper.
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Tu avais l'air tantôt sur tes gardes, tantôt au bord des larmes .
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Les recherches ne me prirent pas longtemps. Plusieurs sites de librairies proposaient, d’Unica Z., L’Homme-Jasmin (à mon grand dépit, moi qui aurais tant voulu, en entrant dans le cercle des lecteurs d’Unica, faire partie d’un club très fermé). J’ignorais que je venais aussi de rejoindre une autre communauté, celle des collectionneurs d’œuvres consacrées aux grandes épreuves de l’esprit : le texte d’Unica Z. est sous-titré Impressions d’une maladie mentale.
(p. 73).
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Tu te préparais, non pas à démissionner mais, comme je le devinais, à te retrouver dans une intimité avec toi-même, en n’étant plus disposée à tout prendre sur toi, à tout endosser, pour devenir un vaillant soldat réfractaire à la discipline. C’était ta petite révolte, elle se résumait à cette ritournelle de sept mots qui avait quelque chose de comique et de pathétique à la fois.
(p. 56)
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au lieu de mettre au point une action d'envergure j'ai lancé des pétards mouillés qui ont à peine fait trembler les vitres alors que je voulais faire sauter les fondations du monde tu n'as pas su t'abstenir dit l'Homme célèbre il a fallu que tu écrives des livres pour te chauffer les muscles des livres pour rien des livres pour la page du même auteur des livres qui sont trop verts qui agacent les dents des livres qui sont à moitié gâchés et quand on regarde la page du même auteur c'est un peu comme quand on regarde la photo d'une grande famille on se dit que c'est une suite d'erreurs, on se dit au lieu d'avoir le nez collé sur son entêtement à rallonger la liste du même auteur le même auteur aurait mieux fait de rester un peu plus longtemps dans son bain à se détendre un peu plus longtemps devant le cheminée à écouter le crépitement du feu un peu plus longtemps avec ses amis à finir les bouteilles de vin un peu plus longtemps les soirs d'été à guetter les escadrilles d'oiseaux qui passent au-dessus de la maison un peu plus longtemps dans le jardin a regardé les lapins courir vers les fourrés tout ce temps perdu lui aurait appris qu'il fallait mieux profiter des choses simples plutôt que d'écrire des livres à demi réussi pour ces gens moyennement cultivés ces livres qui au mieux lui font grimper quelques échelons qui mieux le font passer du statut de l'écrivain-qui-s'appelle-comment- déjà au statut de l'écrivain-qu'il-faut-avoir-lu ces livres qui l'ont rendu crispé hargneux toujours prêt à mordre au mollet de celui qui veut prendre sa place son strapontin dans le carré où l'herbe est plus verte alors que s'il était resté un peu plus longtemps à tremper dans son bain un peu plus longtemps à finir la bouteille de vin un peu plus longtemps à écouter les jacassements de pies ses idées se seraient décantées il se serait épargné cette moitié de livre un livre doublement ratée puisque son échec l'a obligé à le réparer par un nouvel échec un autre livre à demi réussi pour gens moyennement cultivés un nouvel échec qui a permis aux gens moyennement cultivés de soupeser ses petites crottes de les faire évaluer par la Commission du goût un nouvel échec qui a permis à des constipés n'ayant jamais réussi à lâcher la moindre œuvrette de touiller son vomi de renifler ses odeurs c'est lamentable toute la peine qu'il s'est donnée pour épater les pue-de-la-gueule qui ne font que tourner dans leur bouche la chique des autres qui ne font que répéter ce qu'ils ont entendu dire par d'autres pue-de-la-gueule qui eux-mêmes n'ont fait que mâchouiller les idées volées à des charognards de la pensée c'est lamentable dit l’Homme célèbre toute la peine que tu t'es donnée pour épater ces pue-de-la-gueule qui mâchent crachent encensent répandent partout leur puanteur jettent sur tout leur bénédiction et s’en tirent avec un pas mal tamponné sur des bluettes comme sur des chefs-d'œuvre qu'ils fourrent dans le même convoi en partance pour le néant les pue-de-la-gueule de la culture dans les calamités de cette fin de siècle dit l’Homme célèbre leur haleine empeste tout l'atmosphère est envahie par les relents de nourriture mal mâchée vite évacuée ces cracheurs de médiocrité bien-pensante dit l’Homme célèbre il faut les fuir ! quitte à ne fréquenter que des fous et des idiots il vaut mieux entendre toute la journée des évidences et des insanités des élucubrations et des radotages des insultes et les mêmes histoires qui ne font rire que le futé qui les raconte plutôt que de supporter la compagnie des petits grimpions qui se calent les joues de bons mots refont le monde aux frais de la princesse et sont les premiers à détaler quand leurs savants échafaudages s'effondrent sur les passants qui n'en peuvent mais les petits maîtres dit mon ami l’Homme célèbre il faut leur faire la peau !

(p. 45-48 de l'édition de poche « Titre 143 »)
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Maintenant que tu n’es plus, je me souviens brusquement de cet instant où tu semblais m’avoir échappé pour partir vers un ailleurs que je ne connaissais pas. Mais que peut bien vouloir dire cette expression tu n’es plus? Tu n’es plus? Au contraire, tu es présente comme tu ne l’as jamais été car tu es morte en me laissant le soin de résoudre l'énigme de ta vie les huit mois ou tu avais disparu sans que personne ait su ce que tu étais devenue.
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Après les cours, il se promenait seul à travers les rues du Quartier latin, observait les passants, jetait un coup d'œil aux vitrines, dévorait des yeux les devantures des librairies en songeant : « Un jour, j'y serai ! »
(p. 22)
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