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Critiques de Liv Strömquist (222)
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Astrologie

C'est la première BD sur l'astrologie qui existe à ma connaissance. Visiblement, ce sujet pourtant très à la mode n'inspire pas vraiment les auteurs. L'autrice suédoise Liv Stromquist a décidé de le traiter sur un mode humoristique.



L'originalité provient à ce qu'elle ne va pas dire des choses positives sur les différents signes mais que du négatif pour souligner ce qui ne va pas. Elle va prendre pour exemple la vie des personnalités que cela soit le show business ou quelques figures historiques. Bref, elle va passer au peigne fin les vices des douze signes astrologiques.



J'ai beaucoup aimé cette originalité dans le traitement car cela m'a fait vraiment sourire à de multiples reprises tant c'est parfois vrai. Il suffit juste de faire la comparaison avec des personnes que vous connaissez.



Au niveau du graphisme, ce n'est pas très folichon mais ce n'est pas le genre de BD qui dessine du beau. On est plutôt avec beaucoup de textes explicatifs et des illustrations assez sommaires.



Sur le fond, on peut dire qu'il y a trois parties qui compose cette BD. La première va se concentrer sur la présentation des différents signes. A noter que chaque signe zodiacal va en prendre pour son grade !



La seconde va traiter des relations de couple entre les différents signes selon l'un des quatre éléments : eau, air, terre, feu. Evidemment, le rapprochement est toujours favorable entre des signes du même élément mais des associations demeurent possibles comme feu-terre ou air-eau quand d'autres ne sont pas conseillé (air-terre ou feu-eau).



La dernière va conclure sur l'utilité de l’astrologie qui connaît un regain d'activité ces dernières années dans nos sociétés contemporaines. Les causes sociologiques et psychologiques seront évoquées via l'analyse d'un philosophe allemand Theodor Adorno.



Selon lui, les gens tiennent souvent l'astrologie comme quelque chose d'acquis sans beaucoup trop y réfléchir, à la seule condition que leurs propres demandes psychologiques correspondent d'une manière ou l'autre à l'offre. Ils ne s'intéressent guère à la justification du système. Bref, c'est de la manipulation psychologique, voire un instrument de domination pour obéir à une autorité supérieure...



En conclusion, l'astrologie peut nous servir mais cela ne définit pas un être humain tant il peut être complexe. C'est à nous de décider de notre identité et de la réussite de notre couple. La destinée est entre nos mains !

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L'origine du monde

Cet essai suédois sous forme de BD retrace l'histoire de nos connaissances concernant le sexe féminin et la reproduction. Il s'agit d'un "savoir" détenu d'abord par les pouvoirs politiques et religieuses avant de passer aux mains des scientifiques et psychologues.



Mais même ici, il a fallu beaucoup de temps avant que les femmes participent activement à la recherche. Les préjugés, la mysogynie et le phallocentrisme ont donc longtemps été au centre de la sexologie.



À quel point?



La première "carte" de l'anatomie des organes génitaux féminins date... des années 2000.



À ce point-là.



Mais L'Origine Du Monde n'est pas "juste" un essai féministe. On y explique en détails les connaissances scientifiques actuelles (2014) sur l'anatomie, la reproduction et l'orgasme féminin. On démonte aussi des mythes persistants : Vous vous demandez pourquoi on parlait tant du Point G il y a une trentaine d'années alors qu'il n'en est plus question aujourd'hui? La réponse est dans ce livre.



Honnêtement, je crois que tout le monde devrait le lire. Hommes et femmes de tout âges. Et cela ferait au excellent substitut à beaucoup de manuels d'éducation sexuelle.
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La Rose la plus rouge s'épanouit

Liv Strömquist poursuit, quelques années après « Les sentiments du prince Charles » sa réflexion sur l’amour, pas au temps du choléra, mais de nos jours, à travers deux exemples issus de la pop culture : les relations amoureuses à répétition de Leonardo di Caprio (victime au long cours de l’ouvrage), et l’indépendance amoureuse décrite dans la chanson « Irreplaceable » de Beyoncé.



L’autrice s’interroge ainsi sur la raison pour laquelle le héros de Titanic choisit toutes ses compagnes selon le même modèle : l’amour ne consiste-t-il pas à chercher son âme sœur, l’être en un seul exemplaire qui fait battre son cœur, justement en raison de ce caractère unique et introuvable ailleurs ?



Pour démontrer sa théorie, Liv Strömquist emprunte beaucoup des théories de l’essai de la sociologue Eva Illouz, « Pourquoi l’amour fait mal. L’expérience amoureuse dans la modernité » (celle-ci étant bien sûr à chaque fois citée, l’autrice faisant toujours un solide travail documentaire). L’explication de départ est que l’amour d’aujourd’hui est narcissique et autocentré, et à ce titre est incapable de distinguer l’autre dans son altérité ni même de reconnaître celle-ci.

En outre aujourd’hui, on a l’embarras du choix dans ses partenaires, alors qu’aux siècles précédents, il était bien plus contraint (le mariage était un contrat économique avant tout…)



Liv Strömquist aborde par la suite d’autres éléments plus novateurs : certains éléments constitutifs du statut social de la masculinité se sont érodés avec l’avènement de la modernité et du féminisme. Les hommes n’ont donc la possibilité d’exercer une autorité machiste que dans la sexualité, ce qui a mené à la longue à un détachement affectif et une certaine phobie de l’engagement qui caractérise certains spécimens (heureusement pas tous !). On est loin de la masculinité du XIXe siècle qui était, selon Eva Illouz, « définie dans la classe moyenne en termes de capacité à ressentir et à exprimer des sentiments forts, à formuler des promesses et à les tenir et à s’engager auprès d’autrui avec détermination et résolution »…

Mais en réponse à cette tentative de domination affective, les femmes ont adopté l’attitude masculine du détachement affectif et de la sexualité sérielle, pour atteindre cette espace de statut supérieur que les hommes se sont appropriés.



Ce qui fait le lien avec l’autre chapitre de la bande dessinée, « Un autre toi en une minute » : à partir de la chanson de Beyoncé (une femme déçue de son amant lui explique qu’elle trouvera mieux rapidement), Liv Strömquist interroge cette conception de l’amour féminin, sorte d’auto-empowerment où les femmes suraffirment leur valeur, refusent tout sacrifice pour dresser leurs sentiments et éviter des expériences négatives dans leurs relations amoureuses risquant de déprecier leur estime de soi. A partir de ce principe, peut-on quand même atteindre un amour heureux, puisque l’amour n’a rien d’inexplicable et de magique ? puisqu’on peut aimer et désaimer sur commande ?

C’est aussi typique de la société capitaliste dont l’un des moteurs est la performance, et qui sous-entend ainsi qu’« on devrait pouvoir créer un amour heureux sans mauvais côtés à la seule force de notre comportement », tout échec pour y parvenir étant de notre faute.

Car on n’est plus dans une société du devoir, mais pire, dans une société du pouvoir, ou l’on doit être capable de produire la meilleure version de soi-même, de peur de passer pour un raté.



Liv Strömquist est une autrice que j’aime beaucoup pour la finesse, la pertinence et la drôlerie de ses explications. Toutefois, j’ai moins aimé ce volume, car j’ai eu l’impression qu’elle n’a pas assez su prendre de recul sur sa lecture d’Eva Illouz, puisque l’essentiel de ses théories repose sur un seul ouvrage. Je ne suis pas particulièrement fan de Leonardo di Caprio mais j’ai été un peu gênée et agacée qu’il soit le running gag de l’ouvrage et surtout que Liv Stömquist parle à sa place (que sait-elle de ses pensées sur ses relations amoureuses après tout) ? De plus, certaines idées présentes le sont faites de manière un peu répétitive et pas forcément toujours convaincante. Bref, petite baisse de forme sur ce volume, qui ne m’empêchera pas toutefois de lire les suivants.

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Les sentiments du prince Charles

De la même autrice, j'avais adoré L'Origine du Monde et détesté Le Palais des Miroirs. Celui-là m'a laissé plutôt mitigé.



L'Origine de Monde parlait de l'évolution des connaissances scientifiques sur la gynécologie, la reproduction et tout ça. Je crois que je l'ai aimé parce que c'était une bonne synthèse amusante des savoirs, fondé sur la science.



Le Palais des Miroirs parlait plutôt des de l'évolution des critères de beauté et des carcans que cela impose aux femmes. Le sujet est intéressant mais Strömquist, pour mettre de l'avant sa thèse, semble donner un poids disproportionné à des anecdotes sorties de leur contexte et des essais non-scientifiques. C'est plutôt frustrant quand quelqu'un avec qui nous sommes d'accord argumente pauvrement.



Les Sentiments du Prince Charles aborde l'histoire de l'amour, son évolution dans le temps et la culture. Des mariages de raison aux mariages d'amour, et spécialement le rôle du patriarcat et de l'hétéronormativité dans ces conceptions.



Certains chapitres sont des résumés d'études historiques et sociologiques et sont très intéressants. Mais d'autres sont encore purement du Cherry Picking anecdotique. Un chapitre complet sert à faire une comparaison entre la recherche de l'amour et le libre marché capitaliste, où les gens sont des produits et... bref vous voyez où elle veut en venir. Elle théorise elle-même l'amour de la même façon que les pires Pick Up Artists, et se sert ensuite de ses propres fondements théoriques pour les dénoncer.



Il y a dans ce livre un côté très "adolescent rebelle". Oui, on sait, l'amour est une construction sociale. Oui, certains conçoivent l'amour comme un droit de propriété sur l'autre. On sait ça. J'y pensais constamment quand j'avais 15 ans et le cœur brisé.



Mais j'ai l'impression que le livre débouche dans un cul de sac quand on tire la conclusion que toute forme d'amour monogame se compare à de l'esclavage.



Je crois que c'est malsain d'avoir un modèle d'amour mis sur un piédestal alors qu'il n'est pas fait pour tout le monde. Vivement qu'on déboulonne les relations monogames hétérosexuelles comme Le Modèle Idéal&#xNaN.



Mais c'est quand même étrange d'en faire un épouvantail qui ne conviendrait à personne.



Je crois qu'une partie de ma réticence à ce livre vient d'une différence générationnelle. La BD s'ouvre en donnant l'exemple des humoristes (aujourd'hui has been) des années 80/90, omniprésents à la télévision, avec leurs mauvaises blagues misogynes. Elle prend cela pour expliquer que la culture a toujours été comme cela.



Et bon, ayant grandi beaucoup plus avec YouTube et Netflix qu'avec la télé câblée, je n'arrive pas à trouver ces référents ni actuel, ni représentatif, ni universels.



Pour preuve, leur actuelle désuétude.
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L'origine du monde

« L’origine du monde », trois petits mots évocateurs pour les amateurs d’art… Outre le titre de leur œuvre, Liv Strömquist partage avec Gustave Courbet un sujet fondamental des théories féministes : la représentation des organes féminins, et à travers celui-ci, de la sexualité féminine.



Les âmes sensibles, à qui les champs lexicaux de l’anatomie féminine et des menstruations font horreur, s’abstiendront de lire mon petit billet (mais aussi cette bande-dessinée) !





En effet, les organes féminins et la manière dont les femmes les utilisent semblent être – la nouvelle ne surprendra personne – au cœur des préoccupations, depuis quelques siècles sinon depuis toujours, d’un groupe d’hommes (philosophes, religieux, scientifiques – je vous laisse découvrir certains coupables gratinés dans un savoureux top 5 !) qui se sont employés à les réprimer avec succès à partir du XIXe siècle. Liv Strömquist démontre, par le biais de ses dessins ultra-documentés et très didactiques (comme à son habitude), qu’en premier lieu les organes féminins ont été réduits au vagin, organe interne, faisant disparaître des représentations artistiques comme médicales l’organe externe qu’est la vulve (et par la suite le clitoris). Pourtant, c’est aller à contre-courant de l’Antiquité, voire de la préhistoire, qui lui attribuaient un pouvoir magique puissant, contre les mauvais esprits notamment (les pages qui y sont dédiées sont passionnantes). Puis que les bonnes mœurs, ne s’arrêtant pas en si bon chemin, se sont acharnées à établir une hiérarchie entre sexes féminin et masculin, prêtant à ce dernier une supériorité non encore démentie, à l’aide de la science, dont le pouvoir s’est substitué à celui de la religion à partir du XIXe siècle, et qui a fait des « organes génitaux et [de] la sexualité […] un espace idéal où projeter toutes ces idées sur la différence entre les hommes et les femmes » et justifier toutes les âneries patriarcales qui ont encore bonne presse de nos jours.



Liv Strömquist réussit encore une fois à faire une bande-dessinée érudite, engagée, mais également très drôle, sur les schémas sexistes et patriarcaux, cailloux pointus dans les chaussures des femmes, en traitant des thèmes plutôt novateurs à la parution de l’album en 2016 : disparition du clitoris (qu’on a redécouvert grâce aux féministes depuis 2020), menstruations (pourquoi les sirènes marketing des protections périodiques parlaient-elles toujours de « fraîcheur », notion qui semble avoir disparu toutefois depuis) et syndrome prémenstruel (SPM) qui parlera à bon nombre de femmes, fluctuation hormonale que le patriarcat a su utiliser à sa guise : « L’anthropologue Emily Martin a démontré que la débat autour du SPM s’efface quand on a besoin des femmes comme main-d’œuvre, en temps de guerre par exemple, pour ressurgir de plus belle pendant les périodes où on veut les garder au foyer. […] Le plus étrange est que je n’ai pas trouvé un seul chercheur ni médecin dans l’histoire qui aurait par exemple affirmé que les fluctuations hormonales rendent les femmes inaptes à s’occuper des enfants. Personne n’a publié de rapport de recherche qui démontrerait que les femmes souffrant du syndrome prémenstruel engueulent trop leurs enfants er que, par conséquent, il serait mieux que les hommes restent à la maison avec les enfants et que les femmes travaillent ». Un album ludique, instructif et drôle, que demander de plus ?

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Dans le palais des miroirs

Sur Instagram, Kylie Jenner est une star. Ses selfies sont likés des centaines de milliers de fois. Mais la jeune femme est un modèle inatteignable : séances de sport quotidiennes, argent, produits de soin de luxe, temps illimité pour prendre soin d'elle, tout cela contribue au physique jugé parfait qu'elle exhibe. De fait, vouloir lui ressembler suscite évidemment des frustrations. « Alors que Kylie affirme qu'elle n'est pas là pour encourager les gens/jeunes filles à lui ressembler, les gens/jeunes filles font tout pour y parvenir. Pourquoi ??? »



Partant d'un phénomène populaire criant de vérité, l'autrice explicite les mécanismes du désir mimétique qui entrent dans la construction et la recherche d'identité. Au-delà de la concurrence induite par la rivalité mimétique, la beauté est ce qui rend mariable/baisable selon les époques et les sociétés. Précision : cette injonction à la beauté et cette tyrannie de la désirabilité ne concernent que les femmes. À elles tous les efforts pour plaire et tenter d'accrocher un homme et de le garder. Et qui définit les critères de la beauté ? Attention, méga surprise : ceux qui n'ont pas à s'y plier ! « C'est la raison pour laquelle aujourd'hui encore, des attributs aussi invalidants que des cheveux trois fois trop longs, des chaussures inconfortables ou des ongles manucurés continuent à être perçus comme féminins et attractifs. »



OK. Admettons que les femmes se soumettent à ces règles de beauté parfois aberrantes, voire douloureuses. Elles sont donc toutes superbes, ont raison de s'admirer et de jouir de leur pouvoir de séduction ? Non ? Ah oui, c'est vrai... La modestie est l'autre obligation paradoxale à laquelle doivent se plier les femmes. « Dans le monde occidental, selon une coutume vieille d'environ 1900 ans, les femmes ne doivent pas se trouver belles, ni savoir qu'elles le sont. » Et pire encore, il faudrait que les femmes soient belles, sans chercher à s'embellir, car sinon bonjour l'orgueil. Et il paraît que c'est laid, l'orgueil ou l'amour de soi. Bref, quoi qu'elles fassent ou ne fassent pas, les femmes sont foutues, condamnées à rester prisonnières du regard de l'homme, ou male gaze.



Sauf qu'en fait, non ! Liv Strömquist s'oppose à cette tyrannie de l'image qui n'est bonne pour personne, femme ou homme (mais surtout femme, hein !). Parce qu'à mesure que les années passent, la beauté – telle que la vendent les magazines, évidemment – fane irrémédiablement, et alors que reste-t-il ? L'autrice donne la parole à des femmes âgées qui, sous sa plume et son pinceau, sont toutes des reines. Car la beauté n'attend pas le nombre des années, ou à peu près... Ces femmes, affranchies des diktats, libérées des attentes contradictoires de la société, sont enfin heureuses et en paix avec leur image. Certaines, cependant, n'y parviennent jamais, et le terrible exemple de l'impératrice Sissi est déchirant, comme les doubles pleines pages que l'autrice lui consacre.



J'ai retrouvé dans ce brillant ouvrage la rhétorique brillante de Beauté fatale de Mona Chollet. Et même si le trait de Liv Strömquist me séduit toujours aussi peu, son argumentation fait mouche à chaque fois. Je vous recommande ses textes précédents : Les sentiments du Prince Charles et La rose la plus rouge s'épanouit. Sans surprise, la dernière bande dessinée de Liv Strömquist trouve sa place sur mon étagère dédiée à mes lectures féministes.
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La Rose la plus rouge s'épanouit

Cette bande dessinée est vraiment très intéressante. C’est une étude sociologique sur le sujet des relations amoureuses, il aborde la notion de rapport à l’autre, de recherche de l’amour, de coup de foudre, il fait un tour exhaustif, historique, psychologique, c’est très complet, j’aurais presque envie de le faire lire à quelques proches.

Malheureusement, la forme ne m’a vraiment pas convaincu. Les texte écrit à la main, avec de grosses lettres puis des toutes petites à côté, c’est très pénible à lire pour ne pas dire impossible pour un presbyte, j’ai beaucoup peiné, la lecture était très laborieuse, pour une lecture où il faut quand même cogiter, ça ne le fait pas. J’ai préféré les œuvres de Liv Strömquist plus militantes, parce que plus directes dans l’argumentation. Ici, la forme est vraiment un handicap, le format bande dessinée au graphisme un peu torché m’a gêné, et le plaisir de lecture n’était pas au rendez-vous. J'aurais préféré lire tout ça sous forme de prose.

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I'm every woman

« I'm every woman, it's all in me… » un tube de Chaka Khan (dont je connaissais surtout la reprise par Whitney Houston, mais on s'éloigne du sujet) sous le patronage duquel Liv Strömquist place sa bande dessinée éponyme.



Des femmes, il va en être question dans cette bande dessinée : des femmes artistes connues (Priscilla Presley, Britney Spears, Yoko Ono), des moins connues (les artistes Lee Krasner, Ruth Kligman, compagnes de Jackson Pollock, Nadedja Allilouïva-Staline, femme de) qui ont toutes pour point commun d'avoir souffert de la domination patriarcale dans leurs couples. Liv Strömsquist analyse ainsi, dans les rubriques composant ce roman graphique édifiant, les ressorts d'histoires d'amour marquées moins par les sentiments que par la volonté, plus ou moins conscientisée, d'emprise par la gent masculine sur leurs compagnes : dans une série de planches sur « les pires petits amis de l'histoire », on retiendra que (préparez-vous!) si Edvard Munch s'est tiré une balle dans le doigt à la suite d'une dispute avec sa fiancée, c'est parce que celle-ci était rousse, que Mao Zedong multipliait les aventures extra-conjugales pour se sentir pur (si bien qu'il ne se lavait plus dans sa douche, mais dans ses femmes…), que Phil Spector séquestrait sa femme Ronnie chez lui au point de mettre des caméras et interphones dans toutes les pièces de la maison, a l'instar de Sonny avec Cher et d'Elvis avec Priscilla… cette dernière ayant des instructions très claires pour être une parfaite petite épouse pendant que le King séduisait tout ce qui bougeait.



Mais entre ces planches-là, d'autres abordent des questions pertinentes concernant des sujets de société et de normes : pourquoi a-t-on besoin de valider certains comportements humains (ici l'homosexualité) par la comparaison avec les animaux, quand le plus souvent, on rejette les comportements de ces derniers ?

Pourquoi penser que la parité homme-femme serait LA solution pour faire avancer les droits des femmes, quand cela permet en réalité de perpétuer des schémas patriarcaux sous couvert d'avancée (ceux-ci insinuant notamment que la parité permettrait de mettre en place, grâce aux femmes, une société plus « douce » : est-ce que la société Shell arrêterait vraiment de polluer si sa direction était composée à moitié de femmes ? Certains exemples de comportements féminins n'étant pas fameux, rappelons-nous de la dureté de Margaret Thatcher ou de l'inhumanité de cette militaire américaine ayant torturé des prisonniers irakiens). Ne serait-il pas plus productif au contraire d'introduire une vision féministe plus radicale ? Notamment sur le mariage, idéal bourgeois ayant infusé dans la société, malgré les combats de certaines militantes comme l'américaine Voltairine de Cleyre menés dès le XIXe siècle et que l'autrice remet ainsi en lumière.



Ce roman graphique m'a ainsi appris beaucoup de choses, que j'aie été d'accord ou pas avec toutes les positions de Liv Strömquist. Son dessin, brut et réduit au strict nécessaire, est dans la veine de ceux de Pénélope Bagieu ou d'Erin Williams (que j'ai découverte avec son très chouette « Trajectoire de femme »). J'ai ri, appris, été indignée de certaines situations ; bref j'ai aimé cet ouvrage dont je recommande chaudement la lecture aux personnes intéressées par les enjeux du féminisme.
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Dans le palais des miroirs

Une bande dessinée engagée et féministe très percutante qui aborde notre obsession pour l'apparence, la manière dont nous sommes conditionnés dans nos choix par un désir mimétique savamment piloté, le culte moderne de la minceur, du sex-appeal, la tyrannie du regard (des autres, de nous sur nous-mêmes), l'injonction à la beauté modeste, la réappropriation maline par certaines influenceuses du regard sexuel porté sur elles, notre mise en scène permanente et notre dédoublement sur les réseaux sociaux, la positivité cynique du "lisse", du beau et du paraître au détriment de l'être. Un foisonnement d'idées sociétales et philosophiques... TRES intéressant !!
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L'origine du monde

Très bonne surprise que cette BD, L'origine du Monde. Je suis tombée dessus à la médiathèque et la couverture ne m'inspirait pas plus que cela mais j'ai commencé à la feuilleter et je l'ai emprunté illico.



Liv Strömquist nous parle ici du sexe de la femme, sexe qui semble avoir suscité une curiosité un peu trop poussée au cours des siècles.



La BD s'articule en trois parties : dans la première, l'auteur nous parle de ces hommes (psy, scientifiques, religieux, philosophes) s'étant intéressés d'un peu trop près au sexe des femmes au point de pondre des théories farfelues aux conséquences dramatiques. À titre d'exemple, le docteur Kellog prétendait que la masturbation féminine provoquait le cancer, l'épilepsie ou encore la folie. Il fallait donc empêcher les femmes de se masturber en versant de l'acide sur leur clitoris. Voilà, voilà...



Dans la seconde partie, Liv Strömquist revient sur la représentation du sexe féminin (son apparence, la façon dont il est perçu). On apprend ainsi que beaucoup confondent vulve et vagin et que, même dans des livres de SVT, le sexe féminin est défini uniquement en fonction du vagin comme si le clitoris et les lèvres n'en faisaient pas partie. Certains gynécos doivent en baver avec leurs patientes.



Dans la troisième partie, l'auteur s'exprime sur l'orgasme féminin, les règles et la honte que ressentent de nombreuses femmes face à leur propre sexe. Cette partie est aussi passionnante et édifiante que les autres mais en même temps dramatique car les témoignages des jeunes filles et des femmes, trouvés sur des forums, sont attristants. Il est terrible de se dire que des femmes modernes puissent avoir une image d'elle-même aussi dégradée.



Ce bouquin est formidable car hyper documenté, c'est très sérieux. Une bibliographie riche est fournie à la fin du livre.

Ce qui m'a plu c'est que, même si le sujet est important, il est traité de façon humoristique. Le ton est piquant mais aussi très drôle, parfois même loufoque. J'ai beaucoup ri aux gags et aux blagounettes de Liv Strömquist.



Cette BD - dont les dessins sont naïfs et peu détaillés - fait réfléchir de façon ludique. C'est le genre de livre que tout le monde devrait lire quel que soit l'âge et le sexe du lecteur.



En ce qui me concerne, c'est un immense coup de cœur et ma plus belle découverte de l'année 2017.
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Les sentiments du prince Charles

Avec ce titre intriguant s’il en est – Liv Strömquist a le talent de savoir choisir le nom de ses livres – je poursuis la découverte de l’œuvre féministe et engagée de cette autrice suédoise de bande-dessinée. Si j’ai été emballée par mes précédentes lectures, si comme d’habitude il y a de nombreuses choses justes et bien vues, cette fois-ci je n’ai pas toujours été convaincue par les histoires de ce volume, dont la principale m’a parue un peu confuse et relevant plus d’un militantisme idéologique que de l’universel.



Liv Strömquist s’intéresse ici aux sentiments, particulièrement ceux de la gent masculine, impactés par le patriarcat et une société de plus en plus individualiste, qui exige des hommes de se tenir à distance de leurs émotions, « féminines », et de leurs relations intimes. Distance également envisagée comme une manière pour les hommes de garder une position dominante tout en maintenant les femmes dans l’ombre. Paradoxalement, ces hommes férus d’indépendance sont pourtant dépendants de leurs partenaires, qui leur assurent une sécurité affective et qui supportent cet état de fait parce qu’elles sont dans une orientation relationnelle les poussant à oublier leurs besoins au profit de ceux des autres. Ce cercle vicieux a une solution pour Liv Strömquist : aux femmes d’abandonner la recherche auprès de leur compagnon d’une intimité qu’elles ne pourront obtenir qu’avec leurs enfants et/ou leurs amies. Bon. Je ne me suis pas trop retrouvée dans cette observation tranchée des relations amoureuses (il semblerait toutefois que ce soit une bonne nouvelle) mais admettons, puisque la thèse défendue est intéressante : pourquoi les femmes veulent-elles rester à tout prix avec un homme qui les maintient à une telle distance affective ?



Afin de creuser ce premier thème, vient une histoire sur le prix Bobonne attribué à Nancy Reagan. Pour l’autrice, qui reprend les expressions des sociologues Ulrich Beck et Elisabeth Beck-Gernsheim, s’occuper d’un grabataire comme Nancy avec son Ronald est entrer dans une « zone franche de l’amour » car « combler d’affection l’objet de son amour prend alors la dimension d’un acte contre une société sans cœur », « l’amour [étant] comme du communisme dans le capitalisme ». Moralité : la garde-malade s’oublie au profit de l’autre, dans une relation ici encore à sens unique.



Le capitalisme dans l’amour, le mot est lâché et sera donc filé dans les histoires suivantes, qui portent sur la question du droit de propriété dans l’amour et plus particulièrement dans le couple. Pourquoi penser, dans une relation hétérosexuelle (dommage que la réflexion ne soit portée que sur ce versant) que le corps de l’autre nous appartient ? L’autrice nous démontre ainsi que la relation à sens unique va encore dans le même sens, puisque ce sont historiquement les hommes qui s’approprient le corps des femmes (rien de mieux pour poursuivre une lignée qu’une fraîche et jeune vierge). L’occasion de nous parler une nouvelle fois de l’évolution de la perception du mariage, de l’irruption de l’amour dans celui-ci, qui ne réussit pas à abolir sa nature transactionnelle, mais surtout qui fait entrer le droit de propriété sur le corps de son partenaire comme une partie intégrante du couple. L’amour et le droit de propriété sur le corps sont donc rattachés l’un à l’autre. Pour terminer, Liv Strömquist convoque aussi Jürgen Habermas, selon qui vivre dans une société capitaliste nous amène à nous considérer comme des marchandises (et de citer des exemples d’expressions usuelles assez significatifs : être sur le marché, investir dans une relation, « parce que je le vaux bien », ce qui d’ailleurs souligne le profond cynisme de ce slogan...). L’expansion de l’ego (confondu souvent avec « développement personnel ») et le capitalisme font aussi, selon l’autrice, que nous avons tendance à considérer ce que nous aimons comme nos biens.



L’amour romantique est ainsi accusé de tous les maux : il vient enlever sa liberté aux femmes, qui avant son institutionnalisation dans le couple, pouvaient invoquer les déesses de la fertilité, faire des blagues ou folâtrer dans le foin, et qui après, ont entraîné la promotion de la pudibonderie pour les femmes, le patriarcat venant le justifier : si ces dernières veulent s’assurer une sécurité économique, il faut épouser un homme fortuné ; mais à l’inverse, quel intérêt le futur époux aurait-il à l’épouser ? Pour pouvoir être le seul à être autorisé à coucher avec elle.



Là où je deviens (encore) moins convaincue, c’est quand Liv Strömquist démontre que le concept de propriété sur le corps est absurde et relève d’un non-sens, même si cela heurte nos sentiments, pour la raison que les tractations autour du sexe et des relations de couple sont de puissantes génératrices de sentiments. Au début d’une relation on est dans l’incertitude, ce qui crée de l’inconfort. Et c’est cette position d’inconfort qui dramatise les histoires d’amour et génère des sentiments. Et que la menace de rompre génère de la passion, tandis que l’absence de conflits entraîne un lien affectif plus faible… L’amour naîtrait donc de la négociation entre deux personnes libres d’un contrat exclusif et de préférence permanent qui régit le droit de propriété sur le corps de son partenaire… Théorie absolument froide et une nouvelle fois très tranchée, en ce qu’elle fait entrer toutes les relations dans les mêmes cases, et je n’ai pas l’impression que toutes les relations amoureuses doivent être vécues dans le drame pour être passionnées.



Cette théorie de l’amour libéré a été traité par la suite dans « La rose la plus rouge », que j’ai lu avant celui-ci, et que j’avais trouvé plus percutant. J’ai eu une sensation de redite sur l’histoire du mariage et de l’irruption dans celui-ci de l’amour, ainsi que la critique d’un individualisme forcené empêchant toute velléité de relation intime durable, provoquant chez moi une sensation de redite assez ennuyeuse. Pourtant, c’est toujours aussi documenté (et pas les mêmes sources entre les deux ouvrages), mais cette fois, cette vision unilatérale des choses a plus tenu pour moi de la démonstration au forceps que de la nuance. Peut-être aurais-je dû lire ce tome d’abord…
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I'm every woman

Cette bande dessinée est constituée d’une suite de rubriques, à la manière de “Culotées” de Pénélope Bagieu, avec un dessin simple et brut, pas toujours très soigné, ce n’est pas important, c’est le contenu qui compte. On commence par “les pires petits amis de l’histoire” qui démontre le tempérament abusif, machiste, pervers narcissiques de plusieurs personnages célèbres, Edvard Munch, Mao Zedong, Ingmar Bergman, Percy Shelley, et Phil Spector. Par la suite, trois portraits de femmes soumises entrent dans le même ordre d’idées, Priscilla Presley, Lee Krasner (femme de Jackson Pollock) et Nadejda Allilouïeva-Staline. C’est un livre militant, qui s’attaque ouvertement au contraintes du patriarcat, aux religions, et assume sa volonté est de ruer dans les brancards, on attaque ouvertement la niaiserie des paroles de chansons de Britney Spears, la famille nucléaire, et démonte l’inanité de certains leures féministes dans “l’Egalité homme-femme” ou des jutifications dans la comparaison avec la nature dans “Animaux pédés” et “De la nature naturelle et des animaux animaux”. Elle ne se contente pas de condamner les travers du patriarcat, dans les portraits de Voltairine de Cleyre et de Yoko Ono, elle ouvre le débat plus loin vers une vision non patriarcale, c’est sans doute les deux rubriques les plus intéressantes avec la diatribe anti religieuse dans “Des gars qui disent salope”. C’est un livre qui ouvre les yeux, même si j’étais converti d’avance, mais ce livre a le mérite de pousser au bout chaque argument. C’est un livre marquant, très militant, sans concessions, radical mais nécessaire.
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Les sentiments du prince Charles

Après avoir lu et encensé L'origine du monde de Liv Strömquist, je me devais de poursuivre ma découverte de l'œuvre de la jeune dessinatrice Suédoise. J'ai donc emprunté à la bibli Les sentiments du prince Charles et je me suis une nouvelle fois régalée.



L'auteur s'attaque au couple hétérosexuel et au sentiment amoureux dans cette BD aussi instructive qu'hilarante. L'humour de Liv Strömquist est noir, corrosif et féministe et ça me plait énormément.

Certes le propos est parfois violent envers ces messieurs mais force est d'admettre qu'il fait réfléchir sur les relations hommes/femmes et sur la représentation des dites relations au ciné, à la télé, dans la presse...



Je mets cette BD sur ma liste des cadeaux à offrir pour Noël, j'en connais à qui cette lecture fera du bien ;-)
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L'origine du monde

Ayant découvert cette autrice un peu atypique avec son ouvrage Les sentiments du prince Charles, qui permet de réfléchir sur les relations amoureuses entre femmes et hommes, j'étais franchement curieuse de découvrir cette bande-dessinée.



Le sujet, c'est la vulve et le tabou qui peut l'entourer, mais aussi la fascination (un peu trop importante) de certaines personnes pour celle-ci. Ainsi, Liv Strömquist retrace l'histoire de ce que Gustave Courbet a nommé L'origine du monde. Du manque de connaissance aux mensonges éhontés, la vulve et le clitoris ont connu des périodes bien sombres. Il fait s'interroger sur les raisons pour lesquelles ces organes ont été diabolisés.



En tant que féministe convaincue, je trouve ce livre absolument indispensable. En effet, lorsqu'on a un vagin, une vulve et un clitoris (je préfère ne pas parler de "sexe féminin" parce que toutes les personnes qui en ont ne sont pas des femmes et certaines femmes ont un pénis : le terme "sexe féminin me semble donc erroné), il est fort probable que des personnes trouvent le moyen de les diaboliser et les rendre responsables des malheurs du Monde.



Encore aujourd'hui, la représentation de ce sexe (dans les manuels scolaires, par exemple, mais pas que) n'est clairement pas conforme à la réalité (la vulve est appelée bien souvent vagin, et le clitoris reste absent, comme s'il n'existait pas). Il suffit aussi de voir le dessin grotesque (et sexiste) publié dans Charlie Hebdo lors de la Coupe du Monde de foot féminin en 2019 pour voir que le travail qui reste à faire...



Grâce à cette bande-dessinée, j'ai appris énormément de choses et c'était très instructif. Encore une fois, ça me semble être un ouvrage indispensable pour tous·tes. L'autrice parle du tabou des règles, du clitoris, des mensonges autour de ce dernier... Au niveau des illustrations, nous restons sur quelque chose de très simple (avec un dessin qui ne plaira pas à tout le monde) mais le contenu importe plus que le trait de crayon, pour cette fois.
Lien : http://anais-lemillefeuilles..
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Dans le palais des miroirs

Dans le palais des miroirs est ma première lecture d’une bande dessinée de Liv Strömquist.



C’est extrêmement dense dans le texte, les dessins, les citations de philosophes, sociologues et historiens qui ont travaillé sur le beau, l’image, la féminité, le narcissisme. Dès lors, c’est très intéressant, mais j’ai parfois du mal quand le discours est tellement fourni que le propos devient difficile à résumer et à retenir. Ceci explique ma note très personnelle, mais ne doit en aucun cas décourager les futurs lecteurs.



Pour présenter les grandes lignes du livre, l’autrice a réparti son étude en cinq chapitres qui lient des portraits de femmes réelles (Sissi, Marilyn Monroe, Kim Kardashian, mais également plusieurs femmes anonymes de plus de cinquante ans) et de fiction (La mère, et non belle-mère, de Blanche-Neige, Léa, la sœur de Rachel dans la Bible…) pour présenter les notions puis pour s’interroger sur les avantages et inconvénients de cette dimension donnée à la beauté physique féminine.



Liv Strömquist développe notamment l’importance du regard de l’autre, notion d’autant plus présente dans un monde de grande consommation soumis à la mode, aux réseaux sociaux et à la comparaison à des modèles. Elle s’attache ensuite au lien (ou non) selon les sociétés et les époques entre le beau et les chances de trouver (et conserver) un partenaire et à la révolution du selfie, car ce qui est montré ne passe plus par le regard de l’autre, mais par sa propre appréhension.



L’analyse conduit à démontrer que l’obsession du paraître à la place d’être pose difficulté notamment en dissociant le moi public et le moi privé ce qui peut avoir de graves conséquences et n’est plus réservé aux stars avec l’avènement des réseaux sociaux. Néanmoins, cette valorisation de la beauté permet aussi de rappeler que rien n’est éternel, que nous sommes mortels et donc qu’il faut profiter du moment présent !



Malgré 283 lecteurs inscrits à ce jour pour cette bande dessinée sur Babelio et 107 notes, il n’y a que 10 critiques. J’ai donc hâte d’avoir d’autres ressentis sur cette œuvre, car le thème est passionnant et tout de même très bien documenté Dans le palais des miroirs !



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Les sentiments du prince Charles

Liv Strömquist est une jeune dessinatrice et animatrice radio suédoise, engagée politiquement dans les questions féministes.

A la question « Etes-vous amoureux ? » posée lors d'une interview peu après ses fiançailles avec Diana, le prince Charles a répondu : « Oui... Quel que soit le sens du mot amour... ». Partant de cette déclaration plutôt sobre et ambiguë, Liv Strömquist s'attache à brosser le portrait amer des amoureux célèbres de ces dernières décennies : Withney Houston et Bobby, Nancy et Ronald Reagan et bien sûr Charles et Diana. C'est aussi l'occasion de disséquer les relations homme/femme des séries américaines, comme Mon oncle Charlie, dont le héros se fait un devoir de dénigrer sa mère ou encore Sex and the City. Parfois, au contraire, l'auteur fait ressurgir de l'ombre une femme qui a fait preuve d'une abnégation totale pour un mari misogyne et écrasant quand il n'était pas volage, telle l'épouse d'Einstein ou celle de Picasso. Ou bien encore, elle évoque des situations de la vie quotidienne qui parlent à chacune de nous.

Contrairement à ce que pourrait laisser supposer le titre, il ne s'agit pas d'une bande dessinée humoristique mettant en scène les membres de la famille royale britannique. Une fois ce premier point admis, on se laisse facilement emporter par cette lecture fluide et agréable, les pages se tournent toutes seules. Le dessin évoque Marjane Satrapi – Persépolis, Broderies, Poulet aux prunes – par son trait noir, précis, souvent volontairement caricatural et sans fioritures. C'est un album qui fait la part belle aux représentations artistiques, comme la Pietà de Michel-Ange, Le baiser de Klimt ou The Love Embrace of the Universe, the Earth de Frida Kahlo, toutes revisitées bien sûr sous l'angle du féminisme ! Ces œuvres, représentées sur une page voire une double page, brisent le rythme et crée un certain dynamisme. A travers le prisme de l'ironie et du point de vue féminin, Liv Strömquist nous propose une petite histoire illustrée du sentiment amoureux très intéressant. L'ensemble est parfois un peu théorique - les séquences narratives sont régulièrement entrecoupées de vignettes récapitulatives faisant le point sur la thèse présentée, puisée dans des études sociologiques - mais convaincant, quand bien même le constat est fort pessimiste. Je ne suis pas une grande lectrice de bande dessinée (si ce n'est Tintin dans mon jeune âge!), mais j'apprécie celles qui, comme Les sentiments du Prince Charles, associent dérision et documentation sur un sujet d'actualité.

Je remercie à Babelio et les éditions Rackham pour cette découverte !
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L'origine du monde

Magnifique bande dessinée de l’autrice suédoise Liv Strömquist. C’est enrichissant et passionnant. Beaucoup de recherches derrière cette œuvre qui révèle plusieurs conclusions scientifiques ou croyances erronées qui ont contribuées à fausser l’image du sexe féminin.



Avant le XIXe siècle, les auteurs parlaient tous de la ressemblance entre le sexe des hommes et des femmes. Par la suite, tout est déterminé par la différence. Ce qui bien sûr, explique que les gens développent une obsession pour les différences biologiques. Avant, la religion déterminait le pouvoir inférieur de la femme ( quoi que c’est toujours comme ça dans plusieurs religions). Après, la science s’en mêle et trouve des causes physiques au fait que le femme doit restée inférieure à l’homme, d’où l’aspect politique de la menstruation, du SPM et des organes sexuels. Le avant et après se situe plus ou moins fin XIXe au début XXe siècle.

Bon, est-ce que ça a vraiment changé?

L’autrice nous reviendra peut-être un jour avec La suite du monde, qui serait à coup sûr très divertissant avec les codes de binarité ou non binarité et les critères de

beauté où la chirurgie est si vite mise à partie.



L’origine du monde est touffu, il nous propose un palmarès de 7 hommes bien-pensants qui ont fait de leurs champs d’expertise le sexe féminin. Quelques femmes également, qui ont fait des recherches ou qui ont subies des expériences pour faire avancer la science…

Ça parle d’histoire, de clitoris, de vulve, de menstruations, c’est le féminin mis de l’avant par le dessin, l’humour et le terrible…

Oui, j’ai beaucoup aimé avec le bémol du lettrage, alternant petites lettres et grosses lettres qui m’a tapé sur les nerfs. Quelques effets redondants aussi qui à mon avis, n’étaient pas nécessaires.aux histoires si passionnantes.

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L'origine du monde

Voici encore un documentaire BD très intéressant réalisé par Liv Strömquist et qui s'intéresse cette fois aux organes sexuels de la femme, à leurs perception à travers le temps et aux règles.

Et c'est super intéressant à plein de niveaux : scientifique, psychologique, social, sociétal, religieux, historique et même publicitaire (oui-oui).

Le tout est servi avec beaucoup d'humour et un brin de cynisme.

Bref, on apprend un tas de trucs qui changent complètement notre perception de notre propre pudeur et de notre propre corps.

Bon, la société étant ce qu'elle est, c'est pas toujours simple de replacer ce que l'on a appris dans ce livre pendant un repas de famille mais c'est une BD que je recommanderai volontiers.

Le dessin est assez simple mais n'est que le support du propos et tient parfaitement son rôle.
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L'origine du monde

Pour ceux qui n’auraient pas la référence, l’Origine du monde est un tableau de Gustave Courbet peint en 1866 qui montre, sans fausse pudeur ni obscénité, le sexe (et accessoirement le ventre et un sein) d’une femme allongée, jambes ouvertes. Il est visible au Musée d’Orsay. Une fois qu’on a l’image en tête, le thème est clair : le sexe féminin.

Il me vient soudain une question : est-ce que Liv Strömquist a été ou non dans l’obligation, par son éditeur, de cacher pudiquement son sujet sur la couverture de sa bande dessinée pour pouvoir la vendre en rayon grand public sans être accusée de pornographie ? A-t-elle eu la liberté, le choix de sa couverture ?

Car comme on l’apprend dans l’ouvrage, depuis la fin du siècle des lumières (fin du 18e siècle), l’ombre est tombée et l’opprobre a été jeté sur ce que le tableau de Gustave Courbet ne cachait pas, sur ce sexe en tant qu’organe à part entière, avec sa partie externe visible et sensible, ainsi que sur les sujets connexes d’orgasme féminin, de menstruations, toutes ces choses que les hommes « sachants » se sont employés à dénigrer, afin de maintenir les femmes sous leur emprise. Et on commence à peine à en sortir progressivement, plus de 200 ans après… Alors que dans d’autres civilisations, plus anciennes et plus « primitives » selon notre conception du monde auto-centrée, ces éléments font partie du sacré.

Cet ouvrage fait partie des pavés dans la mare, des points sur les i, qui dénoncent et affichent publiquement les mutilations, les manipulations, les aberrations pseudo-scientifiques, que le sexe qui s’est auto-proclamé « fort » a infligé à celui qu’il a désigné « faible ». Et c’est affligeant de bêtise, d’obscurantisme, de suffisance.

Un pavé, c’est aussi le terme qui convient au style graphique de la BD : pas hyper volumineux mais dense ! En noir et blanc (pas mal de noir) sauf quelques exceptions bienvenues (un chapitre coloré, un autre avec le sang en rouge), beaucoup beaucoup de texte au point qu’il rentre à peine dans les cases, quelques redites entre le texte et les phylactères qui n’apportent rien (surtout pas de légèreté). Pas de pagination, pas d’air, un chapitrage pas clair. C’est parfois lourd, il ne faut pas se mentir. Pour peu qu’on souhaite le faire lire à une personne pas totalement convaincue a priori qu’elle est concernée par le sujet, ce n’est pas en l’ouvrant qu’elle va se dire « waouh, ça a l’air chouette ». Ça dessert l’objectif d’une diffusion la plus large possible, c’est dommage.

Ce qui sert le propos, par contre, c’est l’humour caractéristique de Liv Strömquist, son côté cash, rentre-dedans, caustique.

Un ouvrage à lire, à faire lire, absolument, malgré son abord peu sexy. Halte aux tabous, idées reçues, mensonges, tous phallocentrés.
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L'origine du monde

Une bande dessinée décapante sur le ...sexe féminin.

Tout un ouvrage qui met en scène les femmes et leur sexualité à travers le temps : la perception du sexe dans les anciennes sociétés et son évolution dans la société occidentale contemporaine, une société régie par les religions patriarcales.

Il fallait y penser, il fallait le faire, et c'est très bien fait !

Pamphlet politique, féministe extrêmement bien documenté et très instructif, un peu violent à l'égard de ces messieurs "Les zinzins de la zézette", et assez drôle aussi.

Dans le premier chapitre, l'auteur dresse un palmarès des hommes - médecins, religieux, obstétriciens, sexologues, psychologues, philosophes - qui se sont intéressés un peu trop au sexe de la femme et qui ont tous à leur façon "massacrer" le sexe féminin et son image. Un petit exemple avec l'un des penseurs occidentaux les plus influents : Jean-Paul Sartre, qui dans "L'Être et le Néant" décrit comme suit le sexe féminin : «...c'est un appel d'être comme d'ailleurs tous les trous; en soi la femme appelle la chair étrangère qui doive la transformer en plénitude d'être par pénétration et dilution.»

Le deuxième chapitre aborde la représentation du sexe féminin et sa définition par rapport au sexe masculin.

Le troisième se penche sur l'orgasme, alors que le quatrième et le cinquième évoquent respectivement la "Honte" ressentie par les femmes et les règles.



Le ton est acerbe, vindicatif, mais à la fois très blagueur et décalé. Liv Strömquist prend le lecteur à partie, le tutoie, l'implique dans ses réflexions, et le pousse ainsi à prendre naturellement part à la réflexion, à s'interroger, à se rendre compte de toutes les méfaits, tous les dires erronés qui ont eu trait autour des organes génitaux féminins, que l'on ne nomme d'ailleurs pas correctement, même dans les livres de sciences, c'est pour dire.



Passionnant, une mise au point percutante, à mettre dans de nombreuses mains masculines comme féminines (je pense aux adolescentes et à leurs mamans) ;-)


Lien : https://seriallectrice.blogs..
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