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EAN : 9782878271973
Rackham (10/05/2016)
4.31/5   549 notes
Résumé :
Une certaine partie du corps de la femme, celle que Gustave Courbet a évoqué dans son tableau L’origine du monde, a suscité et continue de susciter l’intérêt un peu trop "vif" de certains représentants de la gent masculine.
C’est ainsi que le Dr. Kellogs, l’inventeur des corn-flakes, a pu affirmer que la masturbation provoque le cancer de l’utérus et le Dr. Baker Brown a pu préconiser l’éradication de l’onanisme féminin par l’ablation du clitoris (la dernière... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (48) Voir plus Ajouter une critique
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Cet essai suédois sous forme de BD retrace l'histoire de nos connaissances concernant le sexe féminin et la reproduction. Il s'agit d'un "savoir" détenu d'abord par les pouvoirs politiques et religieuses avant de passer aux mains des scientifiques et psychologues.

Mais même ici, il a fallu beaucoup de temps avant que les femmes participent activement à la recherche. Les préjugés, la mysogynie et le phallocentrisme ont donc longtemps été au centre de la sexologie.

À quel point?

La première "carte" de l'anatomie des organes génitaux féminins date... des années 2000.

À ce point-là.

Mais L'Origine du Monde n'est pas "juste" un essai féministe. On y explique en détails les connaissances scientifiques actuelles (2014) sur l'anatomie, la reproduction et l'orgasme féminin. On démonte aussi des mythes persistants : Vous vous demandez pourquoi on parlait tant du Point G il y a une trentaine d'années alors qu'il n'en est plus question aujourd'hui? La réponse est dans ce livre.

Honnêtement, je crois que tout le monde devrait le lire. Hommes et femmes de tout âges. Et cela ferait au excellent substitut à beaucoup de manuels d'éducation sexuelle.
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« L'origine du monde », trois petits mots évocateurs pour les amateurs d'art… Outre le titre de leur oeuvre, Liv Strömquist partage avec Gustave Courbet un sujet fondamental des théories féministes : la représentation des organes féminins, et à travers celui-ci, de la sexualité féminine.

Les âmes sensibles, à qui les champs lexicaux de l'anatomie féminine et des menstruations font horreur, s'abstiendront de lire mon petit billet (mais aussi cette bande-dessinée) !


En effet, les organes féminins et la manière dont les femmes les utilisent semblent être – la nouvelle ne surprendra personne – au coeur des préoccupations, depuis quelques siècles sinon depuis toujours, d'un groupe d'hommes (philosophes, religieux, scientifiques – je vous laisse découvrir certains coupables gratinés dans un savoureux top 5 !) qui se sont employés à les réprimer avec succès à partir du XIXe siècle. Liv Strömquist démontre, par le biais de ses dessins ultra-documentés et très didactiques (comme à son habitude), qu'en premier lieu les organes féminins ont été réduits au vagin, organe interne, faisant disparaître des représentations artistiques comme médicales l'organe externe qu'est la vulve (et par la suite le clitoris). Pourtant, c'est aller à contre-courant de l'Antiquité, voire de la préhistoire, qui lui attribuaient un pouvoir magique puissant, contre les mauvais esprits notamment (les pages qui y sont dédiées sont passionnantes). Puis que les bonnes moeurs, ne s'arrêtant pas en si bon chemin, se sont acharnées à établir une hiérarchie entre sexes féminin et masculin, prêtant à ce dernier une supériorité non encore démentie, à l'aide de la science, dont le pouvoir s'est substitué à celui de la religion à partir du XIXe siècle, et qui a fait des « organes génitaux et [de] la sexualité […] un espace idéal où projeter toutes ces idées sur la différence entre les hommes et les femmes » et justifier toutes les âneries patriarcales qui ont encore bonne presse de nos jours.

Liv Strömquist réussit encore une fois à faire une bande-dessinée érudite, engagée, mais également très drôle, sur les schémas sexistes et patriarcaux, cailloux pointus dans les chaussures des femmes, en traitant des thèmes plutôt novateurs à la parution de l'album en 2016 : disparition du clitoris (qu'on a redécouvert grâce aux féministes depuis 2020), menstruations (pourquoi les sirènes marketing des protections périodiques parlaient-elles toujours de « fraîcheur », notion qui semble avoir disparu toutefois depuis) et syndrome prémenstruel (SPM) qui parlera à bon nombre de femmes, fluctuation hormonale que le patriarcat a su utiliser à sa guise : « L'anthropologue Emily Martin a démontré que la débat autour du SPM s'efface quand on a besoin des femmes comme main-d'oeuvre, en temps de guerre par exemple, pour ressurgir de plus belle pendant les périodes où on veut les garder au foyer. […] le plus étrange est que je n'ai pas trouvé un seul chercheur ni médecin dans l'histoire qui aurait par exemple affirmé que les fluctuations hormonales rendent les femmes inaptes à s'occuper des enfants. Personne n'a publié de rapport de recherche qui démontrerait que les femmes souffrant du syndrome prémenstruel engueulent trop leurs enfants er que, par conséquent, il serait mieux que les hommes restent à la maison avec les enfants et que les femmes travaillent ». Un album ludique, instructif et drôle, que demander de plus ?
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Très bonne surprise que cette BD, L'origine du Monde. Je suis tombée dessus à la médiathèque et la couverture ne m'inspirait pas plus que cela mais j'ai commencé à la feuilleter et je l'ai emprunté illico.

Liv Strömquist nous parle ici du sexe de la femme, sexe qui semble avoir suscité une curiosité un peu trop poussée au cours des siècles.

La BD s'articule en trois parties : dans la première, l'auteur nous parle de ces hommes (psy, scientifiques, religieux, philosophes) s'étant intéressés d'un peu trop près au sexe des femmes au point de pondre des théories farfelues aux conséquences dramatiques. À titre d'exemple, le docteur Kellog prétendait que la masturbation féminine provoquait le cancer, l'épilepsie ou encore la folie. Il fallait donc empêcher les femmes de se masturber en versant de l'acide sur leur clitoris. Voilà, voilà...

Dans la seconde partie, Liv Strömquist revient sur la représentation du sexe féminin (son apparence, la façon dont il est perçu). On apprend ainsi que beaucoup confondent vulve et vagin et que, même dans des livres de SVT, le sexe féminin est défini uniquement en fonction du vagin comme si le clitoris et les lèvres n'en faisaient pas partie. Certains gynécos doivent en baver avec leurs patientes.

Dans la troisième partie, l'auteur s'exprime sur l'orgasme féminin, les règles et la honte que ressentent de nombreuses femmes face à leur propre sexe. Cette partie est aussi passionnante et édifiante que les autres mais en même temps dramatique car les témoignages des jeunes filles et des femmes, trouvés sur des forums, sont attristants. Il est terrible de se dire que des femmes modernes puissent avoir une image d'elle-même aussi dégradée.

Ce bouquin est formidable car hyper documenté, c'est très sérieux. Une bibliographie riche est fournie à la fin du livre.
Ce qui m'a plu c'est que, même si le sujet est important, il est traité de façon humoristique. le ton est piquant mais aussi très drôle, parfois même loufoque. J'ai beaucoup ri aux gags et aux blagounettes de Liv Strömquist.

Cette BD - dont les dessins sont naïfs et peu détaillés - fait réfléchir de façon ludique. C'est le genre de livre que tout le monde devrait lire quel que soit l'âge et le sexe du lecteur.

En ce qui me concerne, c'est un immense coup de coeur et ma plus belle découverte de l'année 2017.
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Pour ceux qui n'auraient pas la référence, l'Origine du monde est un tableau de Gustave Courbet peint en 1866 qui montre, sans fausse pudeur ni obscénité, le sexe (et accessoirement le ventre et un sein) d'une femme allongée, jambes ouvertes. Il est visible au Musée d'Orsay. Une fois qu'on a l'image en tête, le thème est clair : le sexe féminin.
Il me vient soudain une question : est-ce que Liv Strömquist a été ou non dans l'obligation, par son éditeur, de cacher pudiquement son sujet sur la couverture de sa bande dessinée pour pouvoir la vendre en rayon grand public sans être accusée de pornographie ? A-t-elle eu la liberté, le choix de sa couverture ?
Car comme on l'apprend dans l'ouvrage, depuis la fin du siècle des lumières (fin du 18e siècle), l'ombre est tombée et l'opprobre a été jeté sur ce que le tableau de Gustave Courbet ne cachait pas, sur ce sexe en tant qu'organe à part entière, avec sa partie externe visible et sensible, ainsi que sur les sujets connexes d'orgasme féminin, de menstruations, toutes ces choses que les hommes « sachants » se sont employés à dénigrer, afin de maintenir les femmes sous leur emprise. Et on commence à peine à en sortir progressivement, plus de 200 ans après… Alors que dans d'autres civilisations, plus anciennes et plus « primitives » selon notre conception du monde auto-centrée, ces éléments font partie du sacré.
Cet ouvrage fait partie des pavés dans la mare, des points sur les i, qui dénoncent et affichent publiquement les mutilations, les manipulations, les aberrations pseudo-scientifiques, que le sexe qui s'est auto-proclamé « fort » a infligé à celui qu'il a désigné « faible ». Et c'est affligeant de bêtise, d'obscurantisme, de suffisance.
Un pavé, c'est aussi le terme qui convient au style graphique de la BD : pas hyper volumineux mais dense ! En noir et blanc (pas mal de noir) sauf quelques exceptions bienvenues (un chapitre coloré, un autre avec le sang en rouge), beaucoup beaucoup de texte au point qu'il rentre à peine dans les cases, quelques redites entre le texte et les phylactères qui n'apportent rien (surtout pas de légèreté). Pas de pagination, pas d'air, un chapitrage pas clair. C'est parfois lourd, il ne faut pas se mentir. Pour peu qu'on souhaite le faire lire à une personne pas totalement convaincue a priori qu'elle est concernée par le sujet, ce n'est pas en l'ouvrant qu'elle va se dire « waouh, ça a l'air chouette ». Ça dessert l'objectif d'une diffusion la plus large possible, c'est dommage.
Ce qui sert le propos, par contre, c'est l'humour caractéristique de Liv Strömquist, son côté cash, rentre-dedans, caustique.
Un ouvrage à lire, à faire lire, absolument, malgré son abord peu sexy. Halte aux tabous, idées reçues, mensonges, tous phallocentrés.
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Ayant découvert cette autrice un peu atypique avec son ouvrage Les sentiments du prince Charles, qui permet de réfléchir sur les relations amoureuses entre femmes et hommes, j'étais franchement curieuse de découvrir cette bande-dessinée.

Le sujet, c'est la vulve et le tabou qui peut l'entourer, mais aussi la fascination (un peu trop importante) de certaines personnes pour celle-ci. Ainsi, Liv Strömquist retrace l'histoire de ce que Gustave Courbet a nommé L'origine du monde. du manque de connaissance aux mensonges éhontés, la vulve et le clitoris ont connu des périodes bien sombres. Il fait s'interroger sur les raisons pour lesquelles ces organes ont été diabolisés.

En tant que féministe convaincue, je trouve ce livre absolument indispensable. En effet, lorsqu'on a un vagin, une vulve et un clitoris (je préfère ne pas parler de "sexe féminin" parce que toutes les personnes qui en ont ne sont pas des femmes et certaines femmes ont un pénis : le terme "sexe féminin me semble donc erroné), il est fort probable que des personnes trouvent le moyen de les diaboliser et les rendre responsables des malheurs du Monde.

Encore aujourd'hui, la représentation de ce sexe (dans les manuels scolaires, par exemple, mais pas que) n'est clairement pas conforme à la réalité (la vulve est appelée bien souvent vagin, et le clitoris reste absent, comme s'il n'existait pas). Il suffit aussi de voir le dessin grotesque (et sexiste) publié dans Charlie Hebdo lors de la Coupe du Monde de foot féminin en 2019 pour voir que le travail qui reste à faire...

Grâce à cette bande-dessinée, j'ai appris énormément de choses et c'était très instructif. Encore une fois, ça me semble être un ouvrage indispensable pour tous·tes. L'autrice parle du tabou des règles, du clitoris, des mensonges autour de ce dernier... Au niveau des illustrations, nous restons sur quelque chose de très simple (avec un dessin qui ne plaira pas à tout le monde) mais le contenu importe plus que le trait de crayon, pour cette fois.
Lien : http://anais-lemillefeuilles..
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critiques presse (1)
BoDoi
13 juillet 2016
Liv Stromquist livre ainsi un ouvrage éclairant, utile aux hommes comme aux femmes.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Dans l'Histoire, le sang menstruel a été considéré non seulement sale mais aussi toxique pourvus de forces destructives et dévastatrices.
Le naturaliste romain Pline L'Ancien (23-79 après JC), écrit dans son livre 'Naturalis historia" à propos du sang menstruel : "Les liqueurs s'aigrissent à son contact. Les plantes perdent leur fécondité. Les graines dessèchent. Les fruits tombent des arbres. Les lames et l'ivoire sont ternies. Les essaims d'abeilles meurent. Le cuir et le fer rouillent. Une odeur repoussante emplit l'air. Les chiens qui le lèchent deviennent fous et, infectés par ce poison, meurent. Même la toute petite bête qu'est la fourmi ne l'apprécie point et rejette le grain qui en est imbibé pour ne plus jamais y retoucher !"
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Ces hommes, si obsédés par ce fameux "sexe féminin", sont à l'origine d'ÉNORMES problèmes de société. Tel Christophe Colomb baptisant de son nom et de celui de ses potes les pays de tout un continent, ces hommes DÉBORDANT D'ÉNERGIE ont colonisé le corps de la femme jusqu'à ses recoins les plus sombres et humides ! Avoir un passe-temps, c'est bien sympa mais plusieurs d'entre nous verraient bien ces obsédés de ce que l'on appelle "les organes sexuels féminins" faire preuve d'un peu moins de zèle et d'entrain.
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Vous connaissez sans doute « Le Penseur », la sculpture de Rodin où l’on voit un homme musclé complètement absorbé par ses pensées avec une main sous son menton – eh bien, cette statue pourrait bien sûr représenter une femme qui a posé sa main sur un ventre alourdi bien comme il faut par les douleurs menstruelles, plongée dans la profonde mélancolie du SPM et la statue transmettrait ainsi cet état de grande sensibilité, intelligence et raffinement!
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Kellogg rédige donc des manuels d'hygiène dans lesquels il affirme que l'onanisme serait la cause du cancer de l'utérus, de l'épilepsie, de la folie ainsi que diverses déficiences mentales et physiques. Comme le monde est bien fait, c'est Kellog lui-même qui a découvert le remède à la masturbation et ses dangers ! Dans son ouvrage "Quelques vérités pour les jeunes et les vieux", il écrit : "Quant aux femmes, j'ai découvert que l'application d'acide phrénique pur sur le clitoris constitue un excellent remède pour calmer toute excitation anormale".
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[...] L'exemple le plus célèbre est peut-être celui du docteur Edward H. Clarke qui publie "Sex in Education" en 1874 et y affirme que les femmes ne peuvent prétendre aux études universitaires parce que le travail cérébral consommerait tout le sang dont elles ont besoin pour leurs règles.
Un an plus tard, un autre médecin, docteur Azel Ames, publie un texte affirmant que les femmes ne doivent pas travailler dans l'industrie parce que cela pourrait nuire à leurs fonctions menstruelles. Par contre que les femmes s'échinent à des tâches domestiques, genre lavage du linge à la main dans des rivières glaciales, ne semblent pas du tout leur nuire.
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Vidéo de Liv Strömquist
1,2,3 BD ! Chez les libraires ! vous présente les BD coups de coeurs d' Aurélien et la librairie le Bidibul à Troyes. Également un petit focus sur le festival le crayon vert et la venue à la librairie de David Snug pour la lutte pas très classe éd. Nada ! - le Petit théâtre des opérations, Toujours Prêtes ! de Virginie Augustin et Julien Hervieux chez Fluide - Astrologie de Liv Strömquist chez rackham - Poltron Minet de Madd - Mayen - Éditions Dupuis 1,2,3 BD c'est le jeudi à 18h30 sur la chaine Youtube et les RS. Trait pour Trait parcourt toujours les librairies de France pour des conseils de lecture. #GALERIE #BD #POPCULTURE #BANDEDESSINEE #COMICBOOKS #9EMEART Retrouvez 1,2,3 BD ! Chez les libraires! sur : https://www.youtube.com/TraitpourtraitBD https://www.facebook.com/TraitpourTraitBD https://www.instagram.com/traitpourtraitbd/ https://twitter.com/TPTBD
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