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Critiques de Lize Spit (273)
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Débâcle

Lize Spit enseigne l'écriture du scénario à Bruxelles. On peut aisément imaginer la qualité de ses cours au vu de son premier roman, Débâcle, qui a débarqué en France tout auréolé de son invraisemblable succès outre-Quiévrain. Sur la couverture de son édition originelle flamande (intitulée Het smelt : tout fond) figure une bêche, "vedette" d'une des scènes centrales du roman, remplacée en France par l'image d'une fillette, une cigarette allumée en main (hors sujet mais dérangeante comme l'est le livre). Débâcle mène de front deux intrigues parallèles, à 13 ans de distance. Dans la première, Eva, 14 ans, participe un été à des jeux interdits avec deux garçons de son village. Dans la seconde, elle revient sur les lieux de son enfance et adolescence, avec un bloc de glace dans le coffre de sa voiture, animée par un fort sentiment de vouloir régler ses comptes. Le livre se situe en marge du thriller avec un art du suspense savamment distillé mais se déroule surtout comme une chronique paysanne qui n'épargne aucun de ses protagonistes. Ce monde rural, digne d'un Goupi mains rouges moderne et vu à hauteur d'adolescents, ne semble héberger que des individus dysfonctionnels, qu'ils soient adultes ou adolescents. La plume de Liz Spit, tranquille et brillante, il faut bien l'avouer, semble parfois faire preuve de complaisance dans le sordide et le morbide. Ce côté dérangeant du livre est assez difficile à supporter dans sa scène-clé, hyperréaliste et d'une crudité totale. Mais en même temps, avec son héroïne prise dans l'étau d'une domination masculine perverse qui la rend aussi bien complice que témoin, victime et bourreau d’agissements cruels, l'auteure rappelle à juste titre la violence de l'adolescence et la nécessité de délivrer un message féministe vibrant. De là à rendre aussi éprouvante la lecture, chacun jugera de la pertinence du choc des propos et du poids des mots.
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L'Honorable collectionneur

J'avais adoré les deux livres précédents de Lize Spit, Débâcle et Je ne suis pas là, découvrant ce matin chez mon libraire un nouveau roman de cette autrice, je n'ai pu résister, l'ai ramené et l'ai lu immédiatement.



Contrairement à ses oeuvres précédentes, le livre est bref, comprenant 134 pages seulement.



Il nous conte l'histoire d'un garçon de onze ans, Jimmy, collectionneur fanatique de flippos - vignettes que l'on trouvait alors dans les paquets de chips - , dont la vie a été transformée par l'arrivée dans son école de Tristan, réfugié kosovar.

Tristan l'appelle pour le convier à une soirée pijama : il a un plan pour que sa famille évite d'être expulsée De Belgique …



Comme dans ses récits précédents, l'autrice a le don de construire son histoire et nous tenir en haleine jusqu'au dénouement.



L'enfant est présenté avec sa naïveté, mais de telle manière que son caractère se dévoile petit à petit, nous le voyons tour à tour obsédé par sa collection, fier de pouvoir aider Tristan, curieux et en même temps méfiant par rapport à qu'on va lui demander, marquant beaucoup d'hésitation tout en restant confiant en son ami et désireux de garder cette relation privilégiée.



le roman est intéressant par le regard que Jimmy porte sur les réfugiés, à l'école, le parcours de cette famille kosovare a certes été étudié, le village (à quelques exceptions près) les a accueilli et aidé, mais ce n'est que pendant cette nuit passée chez Tristan qu'il perçoit les traumatismes vécus.



J'ai aimé, moins toutefois que les deux livres lus auparavant, les détails minutieux sur sa passion pour sa collection me fatiguaient - mais c'est souvent aussi ce que je ressens devant un enfant de son âge qui me raconte avec passion et force détails un événement qui l'a frappé.



La fin, abrupte, ne peut s'oublier, et est le plus bel atout de ce livre.
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Débâcle

Sur la route entre Bruxelles et Bovenmeer, un village en pleine campagne flamande, Eva conduit, elle revient après de nombreuses années après avoir reçu une invitation pour commémorer la mort, treize ans plus tôt, d'un jeune du village Jan, dont les parents sont agriculteurs.

2002, la jeune Eva treize ans, forme un trio avec Laurens, le fils des bouchers et Pim, le frère de Jan, ils sont tous de la même tranche d'âge et traînent souvent ensemble. Eva a dû mal à sympathiser et c'est avec beaucoup d'espoir et d'envie qu'elle rencontre Elisa, mais cette dernière reste distante, alors autant rester avec les garçons et se retrouver dans la remise de la boucherie, dans l'étable ou dans le poulailler de ses parents. Des parents qui forment une famille dysfonctionnelle, un père qui a la main leste et une mère alcoolique qui ne s'est jamais remise de la perte de la jumelle de son fils aîné Jolan, et qui a reporté sur la plus petite Tessie, ses angoisses et ses névroses, et la petite a développé des TOC et une anorexie. En juillet 2002, en plein désoeuvrement, les garçons imaginent un jeu mi-pervers, mi-sexuel pour obtenir des filles du village qu'elles se déshabillent si elles ne devinent pas l'énigme proposée par Eva.

Entre soumission et ennui, perversité et sexualité, c'est l'évocation d'un été particulier pour Eva, celui des signes inquiétants de la petite soeur, de la manipulation qu'exercent les garçons, la découverte de son corps, les défis que l'on veut relever pour ne pas passer pour une idiote...



Lize Spitz, avec débâcle, a connu un succès phénoménal en Flandres. Elle y dépeint sans concession une Flandre cafardeuse, triste et grise et des enfants pour certains cruels, pour d'autres absorbant les névroses des parents pour devenir eux-mêmes dysfonctionnels.

Un premier roman très abouti, une construction intelligente - maniant trois époques, une narration hyperréaliste, très détaillée et fouillée, des personnages bien campés, une très bonne traduction mais deux bémols qui ont eu raison de mon intérêt, le moment qui est la clé de voûte de l'action, est tellement trash qu'il en perd sa crédibilité et la narration est tellement précise que cela devient long et lent, j'ai dû lire en parcourant certains paragraphes car je n'en pouvais plus de cette longueur.

Un roman trash (trop), lent, marquant mais au final pas toujours crédible. Un roman pour choquer peut-être...
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Débâcle

L'histoire d'Eva commence tout en douceur. J'ai cru m'installer confortablement dans la vie paisible d'un village du fin fond des Flandres mais cette impression a été très vite bousculée par une intrigue qui devient de plus en plus étrange et dérangeante.

Pourquoi Eva trimballe-t-elle un bloc de glace pour assister à une réception ? Qu'est-il arrivé à Jan ? Comment vont se terminer les jeux pervers de Laurens et Pim ? Autant de questions qui provoquent une tension oppressante qui ne fait qu'augmenter tout au long des pages.

Le roman de Lize Spit est aussi captivant que l'illustration de couverture, il exerce une attraction impitoyable qui accroche aussi sûrement qu'un bon thriller. Mais il m'a aussi parfois mise autant mal à l'aise que Où sont les enfants ? de Simona Vinci. C'est à peu près le même scénario sordide qui se met en place. Certaines scènes de l'ordre du très intime sont dévoilées et décrites de manière extrêmement crue, mettant le lecteur en position de voyeur . Il faut bien reconnaître que ça n'est pas du tout agréable et même difficilement soutenable par moments.

Entre des parents poivrots et des amis malfaisants, la vie n'est pas un long fleuve tranquille pour Eva qui souffre d'une immense solitude. J'espère pour l'auteure que ses souvenirs n'ont rien d'autobiographique car son histoire est affreuse, terriblement triste... C'est celle de la mort de l'innocence et de la naissance du désespoir.
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Je ne suis pas là

Les histoires d’amour finissent mal, en général.

Dix ans depuis leur première rencontre ; dix ans de vie commune, d’amour, de complicité, de rires et de tendresse. L’achat d’un appartement, le projet d’agrandir la famille…

Jusqu’à ce que la maladie psychique fasse irruption dans leur couple.

Comme dans le puissant "Débâcle", son premier roman, Lize Spit nous balade entre plusieurs arcs narratifs.

Dans l’un, le présent, Léo pédale aussi vite qu’elle peut à travers Bruxelles, à la recherche de Simon dont elle ne sait plus de quoi il est capable.

Dans un autre arc, elle se remémore sa propre enfance, ses chagrins, puis sa rencontre et ses débuts avec Simon.

Le dernier arc retrace l’année qui vient de s’écouler, où l’on voit naître et grandir la folie.

Lize Spit mène les trois temporalités de front, avec une extraordinaire virtuosité (et dans une traduction impeccable par Emmanuelle Tardif).

Je me souviens avoir écrit une ou deux fois, dans ma chronique de "Débâcle", quelque chose comme : "Ça va, vous suivez ?"

Oui, on la suit, sans difficulté… à part celle de maîtriser l’angoisse qui monte, implacablement.

Pendant ces quelques jours de lecture, à chaque retour chez moi j’avais à la fois terriblement envie de reprendre le livre, mais également envie de ne pas poursuivre, tant c’était douloureux.

Parce qu’on souffre avec Léo, on souffre avec Simon, on souffre de tant de noirceur, on souffre au souvenir du lumineux bonheur perdu.



TW : maltraitance animale.



LC thématique octobre 2023 : "Un·e auteur·e déjà lu·e"
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Débâcle

Deux adolescents qui veulent regarder sous les jupes des filles organisent pour cela un jeu qui finira très mal. Un remarquable roman sur les influences que des jeunes peuvent exercer sur d’autres (sans Internet…), sans en mesurer l’ampleur des conséquences. Je recommande chaleureusement ce premier roman de la belge Lize Spit, même si la langue parfois crue et un chapitre très violent pourraient néanmoins rebuter certains lecteurs.



La gentille personne qui m’a offert ce livre comme cadeau de Noël m’avait ravi l’an passé en me faisant découvrir « Le petit joueur d’échecs » de Yoko Ogawa. J’ai donc abordé « Débâcle » avec des a priori positifs, malgré certains commentaires bien négatifs de lecteurs dont je partage souvent les avis. Sur le fond, j’ai trouvé ce récit remarquable mais sur la forme, je comprends que certains puissent ne pas accrocher, voire décrocher. Je vais m’en expliquer.



Le texte fait s’alterner deux histoires. Dans la première, Eva, la narratrice, a quatorze ans. Elle vit dans un petit village imaginaire de Campine où seuls deux autres jeunes, des garçons, sont nés la même année qu’Eva: Laurens et Pim. Ils forment un petit groupe soudé, par exemple parce qu’ils constituaient à eux seul un groupe d’âge à l’école primaire du village.



Cet été-là, curieux de voir ce qui se cache sous les vêtements des filles de leur âge, Laurens et Pim les convient une à une à un jeu malsain: ils leur soumettent une énigme qui peut leur faire gagner un beau cadeau à condition qu’à chaque mauvaise proposition de réponse, elle enlèvent une pièce de vêtement. L’énigme est évidemment fort difficile; c’est Eva qui l’a conçue, elle assiste au jeu. Lorsque se présente la dernière fille, le jeu va tourner mal. Très, très, très mal…



Dans la deuxième histoire, qui chevauche la première, Eva est adulte. Elle retourne dans son village, où se donne une fête. On la voit mijoter un plan, dont on sent qu’il est lié au jeu tragique de son adolescence.



De nos jours, on parle de plus en plus des problèmes de harcèlement subis par certains jeunes; d’aucuns en sortent marqués au fer rouge, allant parfois jusqu’à mettre fin à leurs jours. Dans « Débâcle », il n’est pas question de harcèlement mais plutôt de pressions que certains jeunes peuvent exercer sur d’autres. Internet n’y joue aucun rôle et j’y ai trouvé une piqûre de rappel extrêmement intéressante pour mettre en lumière qu’Internet n’est qu’un moyen, un coupable assez facile à accuser si l’on ne veut pas faire l’effort de chercher des causes plus profondes. L’ascendant que certains jeunes peuvent exercer sur d’autres est ici décrit à l’extrême. Laurens et Pim ne dressent pas des embuscades pour ceinturer des filles et les dépouiller de force de leurs vêtements. Non, les filles s’exécutent « librement », sans que les garçons ne les menacent de quoi que ce soit. Cette influence atteint son paroxysme dans la scène extrêmement violente qui se passe lorsque se présente la dernière fille. Cela se passe comme dans un jeu où des enfants se fixent des règles, auxquelles, pour rien au monde, ils ne dérogeraient.



Le malaise d’Eva est également fort bien rendu: d’un côté, elle se sent soudée aux deux garçons, amis de sa plus tendre enfance, mais d’un autre côté, elle est une fille et elle supporte de plus en plus difficilement leur attitude de jeunes mâles envers les autres filles. Elle les assiste, mais avec une difficulté croissante, surtout pour les filles desquelles elle se sent plus proche.



Et les parents, dans cette histoire ? Eh bien, ils jettent un oeil distrait à leur progéniture, mais sans plus. Et c’est l’occasion de réfléchir à ce qui aurait pu être évité si les relations avaient été plus proches, si le cadre familial avait été plus stable, etc. Je note l’épisode annexe de Tessa, une enfant qui souffre de problèmes psychologiques graves et qui, en fin de compte, est amenée à l’hôpital pour s’y faire aider non pas par ses parents mais par son frère et sa soeur… Le texte est d’ailleurs parsemé de petites phrases qui peuvent avoir des airs de révoltes d’adolescents, mais qui sont néanmoins pleine de vérité.



Ce livre m’a secoué par la force des émotions qu’il dégage. En particulier, sans vous dévoiler l’issue finale, je vous dirais qu’elle m’a plongé dans une grande tristesse. Il m’a fallu de longues minutes pour en sortir, après avoir refermé le livre. Maintenant encore, j’en garde une sorte de révolte, de celles que l’on ressent lorsque l’on se dit que des événements tragiques auraient pu être évités.



Pour tout cela, je vous recommande ce livre, très chaleureusement. Mais la forme pourrait vous faire fuir. D’une part, souvent, la langue est crue. On appelle une chatte, une chatte, oserais-je dire. Peut-être est-ce dû au côté plus terre à terre du flamand, qui est la langue originale du texte, ou peut-être un moyen de traduire le malaise de jeunes adolescents face aux changements de leurs corps. Peu importe, mais il faut s’y attendre. Et puis vous devrez aussi passer au travers des quelques pages fort violentes que j’ai mentionnées plus haut. En plus des images très fortes qu’elles suscitent, elles risquent de vous plonger dans un désagréable malaise: celui d’un spectateur impuissant, qui voudrait intervenir mais qui ne le peut pas. L’auteure aurait-elle pu arriver au même résultat sous une autre forme ? La réponse n’est pas claire pour moi.



Bref, je maintiens ma recommandation à ouvrir ce livre pour découvrir ce premier livre hors du commun de ma compatriote Lize Spit, en vous conseillant de l’aborder dans un esprit positif. Mais si vous n’accrochez pas à la forme, ma foi, ne vous torturez pas à tenir jusqu’à la dernière page: toute lecture doit rester un plaisir !
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Je ne suis pas là

Addictif - c' est le mot qui me vient à l'esprit après avoir terminé la lecture de ce thriller psychologique.

Dans une boutique de vêtements pour des femmes enceintes, la narratrice reçoit un appel alarmant. On ne sait pas encore à ce moment-là de quoi s'agit-il. Nous savons seulement qu'il ne reste qu' onze minutes pour intervenir. On saura les détails progressivement.

Et puis viennent les souvenirs : la vie de couple de la narratrice, les troubles observés chez son petit ami, le passé de chacun, la maladie psychique et les conséquences dans la vie de tous les jours...

Ente passé et présent où les minutes défilent à une vitesse incroyable, le lecteur sent l'angoisse monter à chaque page. Lize Spit maîtrise l'intrigue et même si tout est décrit en détail, le récit ne souffre pas de longueurs.

L'ironie est bien présente et la psychologie des personnages très bien travaillée.

Impossible de lâcher le livre.

Une lecture marquante !

Merci Lirtuel pour la découverte.



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Je ne suis pas là

Après le très (trop ?) dérangeant Débâcle, la romancière flamande fait son retour avec Je ne suis pas là, tout aussi inconfortable mais encore plus maîtrisé et nettement moins complaisant dans le scabreux, ce que l'on pouvait reprocher à certains passages de son premier livre. Il s'agit ici de l'histoire d'un couple, où la narratrice est confrontée à la maladie mentale de son amoureux, une bipolarité aigüe qui se manifeste par un cerveau en surchauffe et des bouffées paranoïaques épuisantes. Cela fait penser à l'excellent et poignant film de Joachim Lafosse (tiens, encore un Belge), Les Intranquilles, mais dans une version bien plus frénétique et minutieuse. Le livre se situe à la marge du thriller, avec un compte à rebours qui revient à intervalles régulier, jusqu'au dénouement fatal (ou pas). En attendant que sonne le glas, le roman remonte le temps et la manière dont la maladie a grignoté la tête de l'un et rendu la vie infernale à l'autre. Comme c'est cette dernière qui raconte, elle n'omet aucun détail, atteinte elle aussi par une sorte de dérèglement de sa raison, s'interrogeant sans cesse sur le bien fondé de ses propres actes, visant à protéger celui qui partage sa vie, quitte parfois à se mettre elle même en danger. La violence psychologique ne quitte guère les pages de Je ne suis pas là mais Lize Spit nous rappelle sans cesse qu'il s'agit aussi d'une histoire d'amour, éperdue et tragique. Il est également fréquent, mais moins dans les dernières pages, que la romancière use d'un humour noir dévastateur et irrévérencieux, qui desserre pour quelques instants l'étreinte, montrant au passage qu'elle n'a peur de rien et surtout pas de choquer. On peut voir aussi dans Je ne suis pas là un roman formidable de la ville de Bruxelles, avec une topographie précise qui ravira tous les habitants et les amoureux de la capitale belge. Ce livre est comme un long fleuve intranquille, à la séduction abrasive et décapante, qui exprime un talent sidérant d'écrivaine dont on se languit déjà de lire les prochaines folies.
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Débâcle

Décider de lire ce livre en période de Noël, c'est un peu comme vouloir absolument connaître le secret du Père Noël tout en sachant qu'on va le regretter.



J'ai pourtant longtemps retardé le moment d'entrer dans ce roman car les choix artistiques d'Actes Sud pour ses couvertures ne sont jamais anodins. Cette petite fille triste, cigarette au bec, habillée en adulte me mettait déjà bien mal à l'aise.

Cependant, à force d'entendre par-ci par-là « tu l'as lu ? Pas encore ? Tu vas voir, lis-le, c'est quelque chose ! » moi, ma curiosité littéraire et mon courage avons franchi le pas.



Las ! La révélation des secrets de Débâcle relègue la révélation du secret du Père Noël au rang de souvenir d'enfance heureux.

De fait, cette lecture fut un choc. Ce réalisme flamand pas dutout magique m'a happée alors que je suis plutôt coutumière des récits noirs de noirs. Je n'y ai vu aucune lumière, aucun espoir, juste la souffrance muette d'une enfance malheureuse qui vous pète en pleine figure au moment de Noël avec un relent acide de « Merditure des choses », l'humour en moins.



Si je n'habitais pas un petit village de Belgique où je connais forcément des jeunes qui …, une famille qui …, si le boucher ne me disait pas régulièrement qu'on raconte que, chez ces gens-là, Monsieur … peut-être aurais-je pu prendre du recul, relativiser et garder cette histoire à distance, dans son strict cadre fictionnel. Mais non, le style réaliste et la familiarité des décors du plat pays m'ont donné la désagréable impression que c'est arrivé près de chez moi.



Vous l'avez compris, plaisir de lecture il n'y a pas eu et mon déplaisir se traduit par trois étoiles. Je fus incapable, une fois la lecture terminée, d'extrapoler, de théoriser, de trouver un message, de trouver des mots pour exprimer mon inconfort tiens !



Néanmoins, je mettrais bien quatre étoiles pour la performance littéraire. Le scénario est irréprochable, la construction du roman parfaitement maîtrisée. Bien que je n'ai pas trouvé l'écriture exceptionnelle, elle fonctionne très bien. Sans métaphore ni euphémisme, elle provoque une immersion glaçante dans le récit. Elle participe, par sa simple et froide relation de faits, à la mise en place d'un climat glauque, d'un voyeurisme malsain de la première à la dernière page.



Bref. Licornes, fées, lutins et bisounours, fuyez ! Pour les autres, ma chronique, d'une belgitude assumée, ne doit pas vous empêcher de plonger dans une expérience littéraire intéressante d'une auteure douée et à suivre, sans aucun doute.


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Débâcle

Quel roman percutant! Son succès en Belgique et aux Pays-Bas est bien mérité et j'espère que les lecteurs français se laisseront tenter par ce récit à l'atmosphère glauque, dérangeante que l'on trouve rarement chez les auteurs européens. J'ai eu plusieurs fois l'impression de me trouver dans la lecture d'un roman de l'Américaine Laura Kasischke, la pudeur anglo-saxonne en moins.

La narratrice, Eva, reçoit un jour une invitation de la part d'un de ses amis d'enfance, Pim. Avec celui-ci et Laurens, ils ont durant toute leur enfance formé un trio que l'on a surnommé "Les Trois mousquetaires". Ils ont fait les quatre-cent coups ensemble, jusqu'à l'adolescence.

Ce courrier trouble Eva. Il est le point de départ de l'intrigue de ce roman. Dans certains chapitres, la narratrice va nous raconter des pans de son enfance, entre des parents alcooliques, un grand frère qui se passionne pour les insectes et s'absente régulièrement, et une petite sœur qui va développer des troubles psychiatriques perturbants. Ses deux copains, Pim et Laurens, vont représenter cette béquille qui lui permet de supporter une enfance dénuée d'amour et d'attention.

Jusqu'à l'été de 2002. Les garçons découvrent la sexualité et les rapports avec Eva changent. Ils vont la charger de trouver une énigme leur permettant de faire se déshabiller devant eux les plus jolies filles du village.

Un jeu qui va avoir des conséquences bien plus graves que prévues et que Lize Spit ne dévoile que dans les dernières pages.

En parallèle, des chapitres racontent le chemin qu'Eva va suivre pour se rendre à la fête organisée par Pim, révélant d'autres souvenirs... et jusqu'à une fin inattendue.

L'atmosphère de lecture est pesante; on sent que quelque chose de pas net du tout va éclater tôt ou tard et un sentiment de mal-être perdure par le récit de petits moments malsains ponctuant la vie d'Eva.

L'auteure est une spécialiste en écriture de scenarii. Cette histoire servirait probablement de base à un très bon film.
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Je ne suis pas là

Pour son histoire d'amour tragique, en forme de thriller psychologique, Liz Spit utilise trois fils narratifs comme dans Débâcle, son précédent roman qui mettait également en scène une forme d'emprise et de maladie mentale.



Le premier fil est un compte à rebours terriblement angoissant de onze minutes qui démarre dans une boutique du centre-ville et se poursuit à vélo dans les rues de Bruxelles.

Ensuite du 5 mai 2018 au 22 février 2019, Liz Spit déroule l'irruption de la maladie mentale dans la vie harmonieuse et heureuse d'un couple de trentenaires. Enfin, le dernier fil, plus gracile, plonge dans le passé de Léo et de Simon pour révéler des blessures d'enfance et de deuil.



La scène d'ouverture amorce toutes les techniques d'écriture utilisées par l'autrice pour dérouler sur plus de 500 pages une histoire sur la bipolarité dans un huis-clos dénué d'effets spéciaux.

La description au plus près des symptômes de la maladie n'a en soi rien de palpitant et le délitement d'un couple dans la maladie mentale peut rapidement tourner au voyeurisme et lasser les lecteurs.



Mais Liz Spit construit une machine infernale avec un sens de la narration et du découpage renforcé par des études en écriture de scénario.

Tout en prétendant donner une leçon de cinéma, elle donne le ton de sa pratique d'écrivain.

Dans les différents chapitres, l'emploi du je de la narratrice et du présent de la narration cohabite avec une mise à distance de la narratrice qui se regarde évoluer. Cette distanciation lui permet de rompre le pacte tacite de pathos lié à la maladie et de s'autoriser des pas de côté emplis de dérision macabre.

Ou comme ici lorsqu'elle se décrit avec malice comme "une jeune femme au travail" qui ne soupçonne pas ce qui est en train de se dérouler alors qu'un réalisateur omniscient choisit la métaphore cinématographique.

" La séquence se termine par un plan zénithal de cartons attendant d'être vidés de leur contenu : des piles de manteaux pliés tous pareils, manches croisées sur le devant, comme s'ils savaient, eux, ce qui va se passer- ils font déjà leur prière."



La connexion amoureuse entre Léonie et Simon est de l'ordre de l'intime, du charnel et du physiologique. Dans une écriture parfois crue et résolument moderne, la complicité du couple s'exhibe dans les manifestations les plus intimes et les plus organiques de leurs corps. Bien loin de la glamourisation de la relation amoureuse et pourtant celle-ci est totalement authentique et désirable.

" Je connaissais Simon dans ses moindres recoins, jusqu'au moindre détail. Quand il ronchonnait, je savais qu'il devait manger quelque chose ; à sa façon de monter l'escalier, j'evaluais l'intensité de sa journée de travail ; la nuit, s'il se détournait de moi, sur le flanc, c'est qu'il voulait un bras passé autour de sa taille. Je pouvais entendre à sa respiration qu'il était en train de penser à sa mère, le goût de sa sueur m'indiquait s'il allait tomber malade, l'odeur de son urine me disait s'il avait mangé trop d'œufs ou de viande, je connaissais le nombre exact de ses grains de beauté (....), je savais ce que signifiait chaque bruit qu'il faisait en dessinant. "



Liz Spit documente parfaitement les étapes de la maladie de Simon avant qu'il ne sombre totalement dans un délire paranoïaque.

L' exaltation et l'hyperactivite se manifestent par un manque de sommeil qui se répercute dans le couple, d'autant plus lorsqu'il est à ce point fusionnel. Difficile alors pour Léo de mesurer la gravité des symptômes alors qu'elle souffre elle-même d'un déficit de sommeil qui la rend inapte à la réflexion.

Les sentiments d'euphorie et de créativité, en adéquation avec sa profession de graphiste, sont d'abord perçus comme des signaux positifs pour entreprendre une nouvelle carrière. Car ce que Léo devine, elle ne peut l'admettre. On tremble pour elle, alors qu'elle culpabilise de ne pas être à la hauteur, qu'elle refuse l'ineluctable de la folie.



Aucun temps mort ni complaisance larmoyante dans ce roman totalement original, capable de puiser dans l'émotion et l'empathie tout en se maintenant à distance.

Cette distance, mise en pratique dans le roman par l'héroïne, relève également de l'écriture puisque Léo rédige ses chroniques dans un blog puis dans un magazine avec l'espoir de " maîtriser une réalité colossale, violente et souvent triste. Elle déclare que" ça me permettait de la surpasser, et donc, de la dompter. "



Car Léo fait partie de ces amoureuses exemplaires et inoubliables. Elle affronte pas à pas les drames de la psychose et dépasse même la violence la plus abjecte en se tenant toujours aux côtés de son compagnon.

"Rien qu'à l'idée de pouvoir enfin lui en parler, mon coeur battait à tout rompre. M'entendre enfin lui dire ce qu'il avait fait, ce qu'il m'avait infligé, pourquoi rien n'était plus pareil entre nous. Rouvrir l'étrange cicatrice invisible, en rincer toute la crasse, essayer tant bien que mal de refermer l'ensemble, dans l'espoir que la guérison commence. "



Sous le signe de la résilience, Liz Spit conclut magistralement son roman avec un clin d'œil à cette image du" mini-manteau de Leontine, grand comme un vêtement de poupée, les bras écartés " et un énorme sourire" face caméra ".
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Débâcle

Ce roman est partagé entre le passé où la petite Eva a 14 ans et le présent, 13 ans plus tard, où elle reçoit l’invitation de Pim, un ami d’enfance, à l’inauguration d’un site de production laitière en mémoire de son frère Jan, décédé à 17 ans. Je ne sais pas si je suis claire... Après avoir longuement hésité, elle se procure un énorme bloc de glace, et va à cette commémoration ainsi froidement munie. Durant son voyage, elle repense à son passé, à sa famille.



Dans son début, j’ai été partagée entre l’attirance, car le mystère et l’humour me plaisaient. D’abord, c’est quoi ce bloc de glace ?, de quoi Jan est-il mort dans le passé, et qu’est-ce qui les liait ?... Quelques pages plus tard, une scène sordide dans l’atelier du père de la petite Eva, alors 14 ans, m'a figée, et j'ai failli laisser tomber, mais cela passa. C’est une scène sur laquelle Eva revient en pensée, et bien qu’importante dans ce récit, elle passe en sourdine, et c’est autre chose qui nous intéresse, car on voit davantage de tendresse enfantine, d’humour, d’amitié, de jeux. Eva, dont les parents alcooliques incapables d’assumer leur rôle, ne révèle rien d’elle et protège sa famille, et passe son temps avec ses amis à jouer.



J’ai adoré l’histoire merveilleuse, remplie de nostalgie, de l’amitié entre ces 3 petits adolescents, Eva, Laurens et Pim, réunis à l’école en raison de leur année de naissance, et devenus ainsi meilleurs amis. Sans compter Jan, décédé d’une mort horrible. Leurs jeux entre grange et poulaillers, action-vérité, ou bien énigmes pour petites filles qu’ils doivent noter, leurs campements ou baignades improvisés, … sont des scènes délicieuses à parcourir.



Ce roman est d’une grande richesse de contenu, les traits d’humour sont un vrai trésor, il réveille le passé de l’enfance, et parle très bien de la culture villageoise. L’écriture n’est pas des plus académiques, mais la traduction francophone, dans ses tournures de phrases belges, y a tout son sens.

Une œuvre extraordinaire et une auteure à suivre.

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Débâcle

J'ai beaucoup aimé la construction de Débâcle : une journée dans la vie d'Éva, entrecoupée des souvenirs d'un été, 13 ans plus tôt, alors qu'elle était une petite fille traînant avec deux garçons de son âge. Cet été a lui-même été précédé, l'année d'avant, par un drame au village. Vous me suivez ?

On suit très bien Éva en tout cas : cet été a marqué un tournant tragique dans sa vie, on le saisit immédiatement, mais les circonstances ne sont révélées qu'au compte-gouttes.

La narration sème des indices sur la famille d'Éva, sur l'été, sur le drame survenu l'hiver précédent. Tous les personnages sont approchés de façon allusive, par toutes petites touches, avec une grande subtilité.

Ce qui commence comme des souvenirs d'enfance assez lisses va peu à peu se détraquer au fil du récit. Tout concourt à la tragédie finale : deuils, misère sociale, alcoolisme...

C'est sombre, c'est glauque, et c'est splendidement écrit. Une autrice à suivre, à n'en pas douter.

Traduction parfaitement fluide d'Emmanuelle Tardif.



Challenge Globe-trotter (Belgique)
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Débâcle

"C'est peut-être à ça qu'on les reconnaît, les familles où ce qui est le plus essentiel va de travers : pour compenser, elles inventent un tas de petites règles et de principes ridicules. (page 326)"



Dès la couverture il y a malaise alors on hésite, on sent que cela ne vas pas être facile et puis il y a le titre : Débâcle et malgré le chapeau sur le "a" on est pas protégé, on est pas à l'abri d'une vague de sentiments. Et on ne se trompe pas : dès le premier chapitre on comprend que l'on entre dans une lecture noire, sombre, poisseuse et à l'ambiance malsaine.



Eva est au centre de l'histoire et à travers deux étés, celui de 2002 où avec ses deux amis, Pim et Laurens, ils forment les trois mousquetaires, les seuls à Bovenmeer, village des Flandres, à être nés en 1988 et ont pour devise : Tous pour un, et celui de 2015, enfin plutôt une journée de 2015, où les heures s'égrènent lentement, faisant durer le supplice d'un acte calculé, préparé et attendu mais dont nous comprendrons tout le sens que dans les dernières pages, le tout ponctué de chapitres retraçant la vie de la famille De Wolf, où les parents se noient dans l'alcool et où les enfants Jolan, Eva et la petite Tessa vivent à la fois livrés à eux-mêmes mais également dans la crainte du moindre débordement.



Une enfance de misère, où la plus jeune des enfants souffre de troubles inquiétants dont seuls son frère et sa sœur se préoccupent, où la bande d'amis inventent un jeu stupide dont l'issue sera à l'origine d'un retour sur les lieux 13 ans plus tard.



Alors attention, ce livre il faut s'accrocher, tout au long de la lecture la tension est présente, on ne sait trop pourquoi car cela ressemble à la narration du quotidien et de jeux d'enfants, parfois poussés, mais il faut l'écouter Eva, les petits indices laissés ici ou là  et on comprend que tout cela va mal finir,  qu'elle-même attendait et préparait son retour, qu'elle va mal et que tout cela va prendre un tour que l'on est pas sûr de vouloir connaître.



L'écriture est sèche, épousant les pensées d'Eva enfant, devant pallier à des parents défaillant, mais également femme, une écriture maitrisée pour ne rien laisser transpirer et nous tenir jusqu'à la fin, entretenant une angoisse permanente et grandissante jusqu'à la révélation de la vérité qui sera bien en-deçà de ce que l'on peut imaginer. A la manière d'un thriller, d'un roman noir, mais noir de noir, du glauque, du puant, du poisseux qui vous répugne mais qui vous accroche et restera dans votre esprit très longtemps. Elle "colle" au récit, aux caractères, aux événements, elle distille son venin lentement, on le sent s'immiscer en nous, à travers les mots et les silences. Sans rien savoir, sans rien voir on se dit que l'on devrait refermer le livre, que les digues en nous vont lâcher, que la débâcle va arriver.



Alors on aurait aimé qu'il y ait moins de détails, moins de pages, parce que l'on comprend que cela va devenir insoutenable, mais l'auteure construit son roman en ne nous épargnant  aucune scène, où amitié et abus se mêlent, où une chappe de plomb nous envahit et nous scotche au récit. On tente de comprendre, d'analyser l'ambiguïté d'Eva, amie fidèle et victime consentante voire active, on ne sait pas s'il s'agit d'amitié ou d'un remède à la solitude dans une famille qui n'a que le nom. Comment un milieu familial, le désœuvrement dans une bourgade rurale peuvent conduire à de telles perversités.



Commencer et lire ce roman c'est se lancer dans ce qu'il y a de plus noir, de plus malsain, vous êtes prévenus, âmes sensibles s'abstenir car vous n'en ressortirez pas indemne. Mais il n'empêche que je suis chamboulée, qu'il va me falloir plusieurs jours pour ne plus avoir en tête certaines scènes, pour laisser Eva à son destin mais qu'il y a comme cela des lectures où vous comprenez qu'il y a un réel travail d'écriture, de construction pour installer une unité, un décor, un univers où les enfants sont parfois des monstres et où les parents ne valent pas mieux. 



A ne pas mettre entre toutes les mains, les trop sensibles, ou alors fermer le livre sans en connaître le dénouement  mais pour cela il faut presque du courage. Moi je suis restée malgré tout, jusqu'au bout, hésitant plusieurs fois entre continuer ou arrêter, parce que je savais que la fin allait être à l'image de la tension installée au fil des pages, qu'il ne pouvait en être autrement, à la manière d'un poison injecté à petites doses mais dont l'effet serait dévastateur. 



Débâcle est un premier roman, dérangeant, fort et implacable...... Je suis presque gênée de dire que j'ai aimé, mais oui j'ai aimé.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Débâcle

Un roman anti « feel good », qui a des relents de l'émission belge culte « Strip-Tease », ou mieux encore du film, belge lui aussi et tout aussi culte et tourné par la même équipe, « C'est arrivé près de chez vous » …



Que dire de ce livre qui a déjà fait couler beaucoup d'encre de ce côté-ci de la Lys ?



Je le referme et je me sens très mal à l'aise. L'histoire est d'abord complétement sordide et racontée sans une once de pudeur. Tout est dit, tout est montré. C'est du brut de fonderie. Du glauque même. A côté de cela, « Sukkwan Island » de David Vann, c'est de la gnognotte (dans un autre genre, je vous l'accorde).



Je dirais même plus, et c'est là que le malaise réside: tout nous est jeté à la figure, sans qu'on puisse détourner le regard. J'ai eu l'impression d'être prise au piège d'un exhibitionniste qui me forçait à regarder une scène malsaine, vulgaire, obscène, cruelle (impossible pour moi de choisir le qualificatif qui décrit le mieux mon impression). En plus, pour le lecteur, il est totalement impossible de réagir, d'intervenir, si ce n'est en abandonnant la lecture et en jetant ce livre dérangeant à la poubelle, euh, non, en le brûlant... En le jetant, les enfants pourraient tomber dessus, et cela serait une très mauvaise chose … Mais de quel droit abandonner une lecture, brûler un livre qui nous dérange ?



L'histoire est longue, très longue à se mettre en place. C'est une longue série d'anecdotes qui s'amoncellent, s'empilent, s'accumulent. Le décor est dressé, le cadre psychologique du drame et l'intrigue se met peu à peu en place. Procédé de narration classique. Le suspense monte, mais … l'ennui aussi (il faut bien l'avouer).



Je retiendrai juste ce roman comme un témoignage sur l'adolescence vécue et écrite au féminin (mais est-ce si fondamentalement différent pour les garçons ?).



Et surtout comme une expérience extrême de lectrice. Si, si.

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Débâcle

Ce livre ,vous tient captif

d'un malaise grandissant,

dont l'apogée est fulgurante.

C'est une lecture puzzle

qui fait fi de toute chronologie.

Les temporalités semblent

jetées là au hasard.

Des gamins, sous la dictature

de leurs hormones un été dans les Flandres.

C'est Eva qui nous dit l'indicible.

Eva, bourreau et .....victime...

Des parents toxiques, violents et alcooliques

protégés par le silence et la cécité des voisins.

Une sœur, sous l'emprise de ses TOC

qu'il faut rassurer..

Un cauchemar, ce quotidien qui défile

percé de cruautés et de sinistres épisodes.



La fin est sidérante.

Refermer ce livre nous sort de l'asphyxie .

Quelques longueurs,

mais cette vision de l'enfer servie au microcope

va nous hanter longtemps.











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Débâcle

" Jan aurait fêté ses 30 ans ce mois ci ...."

Eva est invitée à cet anniversaire, le retour dans son village va être l'occasion de dérouler le fil de sa vie .

Pim, Laurens et Eva sont les seuls enfants nés à Borenmeer en 1988. Ils deviennent vite inséparables. La famille d'Eva est le portrait type de la misère familiale : un père rustre ,une mère alcoolique, un grand frère toujours dans son monde et une petite soeur anorexique. Pim, le frère du défunt, vit dans une ferme retirée et Laurens est le fils du boucher .

Tout le début de leur histoire, bien que profondément triste, est très prenante. Eva s'accroche à ce trio jusqu'à l'adolescence où tout va déraper.

Les deux garçons vont inventer, un jour d'été, un jeu très pervers et vicieux : piéger les filles du village une à une avec la complicité d'Eva . Et .. là j'ai décroché petit à petit. La violence détaillée à l'extrême devient insupportable. Je suis allée jusqu'au bout. Je vous préviens, la fin est l'apothéose de ce roman qui m'a sidéré. Ces enfants ont dû absorber la tristesse et la violence de leurs parents et ils la vomissent dans leur vie. Mais est-il besoin de tant de détails sordides dans le dernier tiers du livre ?

Le livre est cependant bien écrit avec quelques phrases savoureuses .
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Je ne suis pas là

« Il était bien plus que mon havre dans la tempête, il était ces milliers de ridules formées dans le sable par la marée ou les courants et qui permettaient de marcher sur la plage pendant des kilomètres sans se mouiller les pieds en une seule fois. »

Léo et Simon s’étaient trouvés et leur vœu commun d’une histoire d’amour durable s’est peu à peu évaporé au cours de l’année 2018. Et lorsque le récit débute en février 2019, le lecteur ignore dans quel maelström la narratrice l’entraîne à sa suite. Une course contre la montre s’engage dont on ne peut encore mesurer toute la teneur et qui s’apparente à un combat effréné d’une femme aimante et protectrice envers son amoureux aux prises avec les spectres de la maladie mentale.

Oppressant et émouvant, ce texte peut se lire d’une traite comme un thriller, mais pour ceux et celles qui ont déjà connu ou vécu une telle situation, Je ne suis pas là se prend comme un coup de poing en plein ventre.

J’avais beaucoup aimé le premier roman de Liz Spit, Débâcle, mais celui-ci est encore plus percutant. Je lui accorde donc cinq étoiles pour la maîtrise de la structure, de la narration et pour ses personnages crédibles et convaincants.

Une autrice dont il ne faudra pas manquer les prochains romans!

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Débâcle

Très déçue par ce livre que j'attendais de découvrir depuis plusieurs mois. Si l'ambiance de la campagne flamande (ressemblant au film "La Merditude des choses de Felix Van Groeningen, 2008) est bien présente, j'ai trouvé que l'histoire était longue pour une énigme finale bien décevante. Cette histoire d'adulte qui se remet difficilement d'un choc subit dans l'adolescente est déjà vue. Bien sûr, le drame dont il est question est terrible mais je pense que la forme du récit n'a pas su mettre en valeur l'épisode sordide en question. L'alcoolisme des parents, l'anorexie de la soeur, la solitude du frère et de la narratrice définissent une famille en déshérence et offrent une vision d'une certaine misère sociale.
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Débâcle

Je ne sais pas...

Ai-je aimé ? Je ne sais pas.

Peut-on aimer ? Je ne sais pas.

Faut-il le lire ? Je ne sais pas.

"Je ne sais pas" c'est ce qu'il me reste après avoir refermé ce livre.

Par contre, je sais que je ne l'ai pas lâché. Je sais qu'il m'a retournée. Je sais qu'il impresionne. Je sais qu'il dit la noirceur de l'Homme, qu'il nous souffle cette terrible capacité que nous possédons à être noirs et blancs tout à la fois.

Cette petite fille sur la couverture, c'est nous. Innocents et pervers. Doux et durs. Amis et ennemis.

Je ne sais pas...
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