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Citations de Louis-Ferdinand Céline (2904)


Beaucoup ne faisaient qu'entrer et sortir, pour la terre ou pour le ciel.
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Mon tourment à moi c'est le sommeil. Si j'avais bien dormi toujours, j'aurais jamais écrit une ligne.
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On a beau dire et prétendre, le monde nous quitte bien avant qu'on s'en aille pour de bon. Les choses auxquelles on tenait le plus, vous vous décidez un beau jour à en parler de moins en moins, avec effort quand il faut s'y mettre. On ne tient plus à avoir raison.
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Mort aux mignonnes qui agacent les malheurs!
Qu'elles en crèvent et c'est tant mieux!
A propos, faut pas s’arrêter non plus au coin des rues derrière les accordéons , c 'est souvent la qu' on attrape du mal , le coup de vérité.
Une Polonaise est venue donc pour remplacer celle qui était malade, dans leur ritournelle.
Elle toussait aussi la Polonaise entre temps.
Une longue fille puissante et pale c'était.
Tout de suite , nous devînmes confidents.
En deux heures , je connus tout de son âme, pour le corps j 'attendis encore un peu.
Sa manie à cette Polonaise , c 'était de se mutiler le système nerveux avec des béguins impossibles.
Forcément, elle était entrée dans la sale chanson des Anglaises comme dans du beurre, avec sa douleur et tout.
Ça commençais d'un petit ton gentil leur chanson, ça n 'avait l'air de rien , comme toutes les choses pour danser, et puis voila que ça vous faisais pencher le cœur à force de vous faire triste comme si on allait perdre à l'entendre l 'envie de vivre, tellement que c 'était vrai que tout n'arrive à rien, la jeunesse et tout, et on se penchait alors bien après les mots et après qu ' elle était déjà passée la chanson et partie loin leur mélodie pour se coucher dans le vrai lit à soi, le sien , vrai de vrai, celui du bon trou pour en finir.
Deux tours de refrain et on en avait comme envie de ce doux pays de mort
, du pays pour toujours tendre et oublieux tout de suite comme un brouillard.
C'était des voix de brouillard qu 'elles avaient en en somme.
On la reprenait en chœur , tous, la complainte du reproche contre ceux qui sont encore par la, à traîner vivants, qui attendent au long des quais , de tous les quais du monde qu'elle en finisse de passer la vie, tout en faisant des trucs , en vendant des choses et des oranges aux autres fantômes et des tuyaux et des monnaies fausses, de la police, des vicieux,des chagrins, à raconter des machins, dans cette brume de patience qui n'en finira jamais....( p.364 Gallimard)
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Les chevaux ont bien de la chance eux, car s'ils subissent aussi la guerre, comme nous, on ne leur demande pas d'y souscrire, d avoir l'air d'y croire. Malheureux mais libres chevaux !
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Proust, mi-revenant lui-même, s'est perdu avec une extraordinaire ténacité dans l'infinie, la diluante futilité des rites et démarches qui s'entortillent autour des gens du monde, gens du vide, fantômes de désirs, partouzards indécis attendant leur Watteau toujours, chercheurs sans entrain d'improbables Cythères. Mais madame Herote, populaire et substantielle d'origine, tenait solidement à la terre par de rudes appétits, bêtes et précis.
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Ils en ont des pitiés les gens, pour les invalides et les aveugles et on peut dire qu'ils en ont de l'amour en réserve. Je l'avais bien senti, bien des fois, l'amour en réserve. Y'en a énormément. On peut pas dire le contraire. Seulement c'est malheureux qu'ils demeurent si vaches avec tant d'amour en réserve, les gens. Ça ne sort pas, voilà tout. C'est pris en dedans, ça reste en dedans, ça leur sert à rien. Ils en crèvent en dedans, d'amour.
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Les riches n'ont pas besoin de tuer eux-mêmes pour bouffer. Ils les font travailler les gens comme ils disent. Ils ne font pas le mal eux-mêmes, les riches. Ils payent. On fait tout pour leur plaire, et tout le monde est bien content. Pendant que leurs femmes sont belles, celles des pauvres sont vilaines. C'est un résultat qui vient des siècles, toilettes mises à part. Belles mignonnes, bien nourries, bien lavées. Depuis qu'elle dure la vie n'est arrivée qu'à ça.
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Serais-je donc le seul lâche sur cette terre? pensais-je. Et avec quel effroi!... Perdu parmi deux millions de fous héroïques et déchaînés et armés jusqu'aux cheveux? Avec casques, sans casques, sans chevaux, sur motos, hurlants, en autos, sifflants, tirailleurs, comploteurs, volants, à genoux, creusant, se défilant, caracolant dans les sentiers, pétaradant, enfermés sur la terre, comme dans un cabanon, pour y tout détruire, Allemagne, France et continents, tout ce qui respire, détruire, plus enragés que les chiens (ce que les chiens ne font pas), cent, mille fois plus enragés que mille chiens et tellement plus vicieux! Nous étions jolis! Décidément, je le concevais, je m'étais embarqué dans une croisade apocalyptique..............
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Mais le meilleur de cette visite c’était pour la fin ! Les traitements gynécologiques !... la spécialité de Touvabienovitch, le bouquet !... Un bazar, une collection, une rétrospective d’instruments, d’antiquités ébréchées, tordues, grinçantes, maudites... qu’on ne trouverait plus qu’au Val-de-Grâce, dans les cantines et les trousses du baron Larrey, avec bien du mal... Pas un broc, un trépied, une sonde, pas le moindre bistouri, la plus courante pince à griffes, de cette répugnante quincaille rien qui ne date au moins des Tzars... des vraies ordures, un fouillasson bien déglingué de saloperies innommables, tessons rongés, sublimés, pourris de permanganate à ce point qu’aux « Puces » personne n’en voudrait... les rabouins refuseraient sans appel... pas la valeur du transport en voiture à bras... une poubelle très décourageante... Tous les plateaux, corrodés, écaillés jusqu’à l’envers... macérés... je ne parle pas du linge, des trous et de la merde...
Toutvabienovitch, dans cette zone, il était aux anges... C’était sa consultation ! le moment de son art !... Retroussant ses manches, il se met en devoir aussitôt, et le voici qui fonctionne ! Les culs partout se ressemblent… Les malades attendent leur tour... une ribambelle pour grimper sur le chevalet… Les étudiants, un peu abrutis, un peu boutonneux, un peu malveillants, comme tous les étudiants du monde… prennent de la graine... il s’agissait de farfouillages, de décollages des replis… de grands suintements du vagin... du col... de tamponnements à pleine vulve, de pressurer les Bartholins... enfin la bricole ordinaire... le casuel glaireux des métrites... Toutvabienovitch s’en donnait... toujours cordial... bien pétulant... haut de verbe... à son affaire gaillardement !... Il m’en promenait plein la vue... c’est vrai qu’il était habile... il manipulait fort crânement avec une rude dextérité tous ces attirails en déroute, ces annexes, ces purulences... en grande série… un petit jet de permanganate et floutt !... Je te plonge dans une autre motte… la moitié du bras... en pleine fièvre il faisait rendre un peu les glandes... toujours pérorant... il se secouait à peine les doigts... et floup !... fonçait dans la prochaine... pas une seconde de perdue !... comme ça !... mains nues !... velues... dégoulinantes de jus jaune... sans doigtier absolument...
Je voulais pas du tout le gêner… paraître indiscret, mais quand même, je voulais savoir… Quand il a eu trifouillé comme ça des douzaines de vulves, j’ai fini par lui demander :
– Vous ne portez jamais de gants ?...
– Oh ! pas la peine !... pas la peine confrère ! Ici Tout va Bien !
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Son corps était pour moi une joie qui n’en finissait pas. Je n’en avais jamais assez de le parcourir ce corps américain. J’étais à vrai dire un sacré cochon. Je le demeurai.
Je me formai même à cette conviction bien agréable et renforçatrice qu’un pays apte à produire des corps aussi audacieux dans leur grâce et d’une envolée spirituelle aussi tentante devait offrir bien d’autres révélations capitales au sens biologique il s’entend.
Je décidai, à force de peloter Lola, d’entreprendre tôt ou tard le voyage aux États-Unis, comme un véritable pèlerinage et cela dès que possible. Je n’eus en effet de cesse et de repos (à travers une vie pourtant implacablement contraire et tracassée) avant d’avoir mené à bien cette profonde aventure, mystiquement anatomique.
Je reçus ainsi tout près du derrière de Lola le message d’un nouveau monde. Elle n’avait pas qu’un corps Lola, entendons-nous, elle était ornée aussi d’une tête menue, mignonne et un peu cruelle à cause des yeux bleu grisaille qui lui remontaient d’un tantinet vers les angles, tels ceux des chats sauvages.
Rien que la regarder en face, me faisait venir l’eau à la bouche comme par un petit goût de vin sec, de silex. Des yeux durs en résumé, et point animés par cette gentille vivacité commerciale, orientalo-fragonarde qu’ont presque tous les yeux de par ici.
p 38-39
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La beauté, c’est comme l’alcool ou le confort, on s’y habitue, on n’y fait plus attention.
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Dans ce métier d'être tué, il ne faut pas être difficile. Faut faire comme si la vie continuait. C'est ça le plus dur, ce mensonge.
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Louis-Ferdinand Céline
C'est un garçon sans importance collective, c'est tout juste un individu.

Louis-Ferdinand Céline, L'Eglise
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L'âme, c'est la vanité et le plaisir du corps tant qu'il est bien portant, mais c'est aussi l'envie d'en sortir du corps dès qu'il est malade ou que les choses tournent mal.
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Il existe pour le pauvre en ce monde deux grandes manières de crever : soit par l'indifférence absolue de vos semblables en temps de paix, ou par la passion homicide des mêmes en la guerre venue.
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La famille insistait pour que ça lui vienne malgré tout de son génie... J'avais beau essayer de lui expliquer à la famille que c'était plutôt la vessie qu'il avait de malade leur écrivain, ils n'en démordaient pas... Pour eux, il avait succombé à un moment d'excès de son génie et voilà tout... Il a bien fallu que je me range à leur avis finalement. Vous savez n'est-ce pas ce que c'est qu'une famille ? Impossible de lui faire comprendre à une famille qu'un homme, parent ou pas, n'est rien après tout que de la pourriture en suspens... Elle refuserait de payer pour de la pourriture en suspens...
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Il n’était point mauvais que Baryton me considérât dans mon ensemble avec quelque mépris. Un patron se trouve toujours un peu rassuré par l’ignominie de son personnel. L𠆞sclave doit être coûte que coûte un peu et même beaucoup méprisable. Un ensemble de petites tares chroniques morales et physiques justifie le sort qui l�le. La terre tourne mieux ainsi puisque chacun se trouve dessus à sa place méritée.

L’être dont on se sert doit être bas, plat, voué aux déchéances, cela soulage, surtout qu’il nous payait tout à fait mal Baryton. Dans ces cas d𠆚varices aiguës les employeurs demeurent un peu soupçonneux et inquiets. Raté, débauché, dévoyé, dévoué, tout s𠆞xpliquait, se justifiait et s’harmonisait en somme. Il ne lui aurait pas déplu à Baryton que j𠆚ye été un peu recherché par la police. C𠆞st ça qui rend dévoué.
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Le monde ne dure que par l'ivresse généreuse de la santé, une des forces magnifiques de la jeunesse, qui compte aussi l'ingratitude et l'insolence.
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La loi, c'est le grand « Luna Park » de la douleur. Quand le miteux se laisse saisir par elle, on l'entend encore crier des siècles et des siècles après.
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