Citations de Louis Hamelin (55)
Il n'avait pas besoin d'avoir sa marque sur des billots ensablés au bord d'un lac. Appartenir, c'était bien autre chose.
Le temps, Waldo… c’est la rivière dans laquelle je pêche.
Tandis qu’il improvisait un air, il eut l’impression de s’ouvrir à la vaste sympathie de la nature autour de lui. Les sons qu’il tirait de son instrument le rapprochaient de l’hirondelle et du granit, du ouaouaron et de la pruche, il était le parent de la moufette et du pourpier, de la larve de la phrygane et de la vaguelette sublunaire. La moindre aiguille de pin dans son élan vital lui manifestait plus de bienveillance que ses distants concitoyens. Non, il n’était pas seul, et encore moins étranger au Walden.
Dans ce pays qu’on dit libre, les gens vivent comme des machines!
Moi, ce que je j’aimerais bien savoir, c’est pourquoi un diplômé de Harvard voudrait vivre à l’écart, dans une cabane, pour commencer.
La construction, c’est temporaire. La destruction, c’est pour toujours.
Ne rien faire est plus facile à dire qu’à faire.
Je feuillette lentement les reproductions des lithographies originales, avec le mélange de studieux respect et de dévotion admirative qui convient à la lecture d’un livre sacré. Ces oiseaux qu’il massacrait pour mieux les peindre, personne, avant lui, ne les avait rendus aussi vivants.
Le problème de Chevalier était devenu le mien: nous vivions à une époque où l'idée même de conspiration avait été réduite, sous les espèces du complot et de la conspirationnite, à la permanente caricature d'elle-meme, discreditant d'avance toute tentation de réflexion un peu soutenue sur le thème des manipulations politiques.
Il avait attrapé la piqûre et à la chasse suivante son sang se remettait à bouillir. Il comprit, non sans surprise, que tuer ces mastodontes puis abandonner la carcasse pratiquement intacte aux loups et aux corbeaux ne lui causait guère plus de problèmes de conscience que d’abattre un merle des montagnes.
(Boréal, p.331)
Il avait écorché trop de bêtes dans sa vie pour ne pas ressentir profondément que nous sommes semblables aux animaux, composés des mêmes matériaux, des mêmes membranes, des mêmes fluides.
(Boréal, p.240)
Le wapiti prend tout son temps pour détaler, trotter majestueusement jusqu'à la rive, puis entrer dans le fleuve et s'éloigner à la nage, son gigantesque panache étalé sur l'eau comme une forêt à la dérive.
Et le soir, du haut du chemin de ronde, ils canardaient les loups aventurés sous les murailles avec la même application fanatique que des ados de l'ère informatique mitraillant les androïdes hostiles de leur jeu vidéo.
À chercher un fleuve sauvage et imprévisible dans le tracé dompté et harnaché qui s'évase à gros traits sur les cartes modernes, comme on essaie de retrouver la mince silhouette de la jeunesse à travers le corps épaissi de l'âge mûr.
Les Indiens qu'il connaissait auraient sans doute tiré sur l'ours, eux aussi. Mais ils ne se seraient pas moqués de lui.
Si les producteurs de 1492 : Conquest of Paradise ont pu imposer leur idiome impérial à un acteur français incarnant un découvreur génois commandité par des souverains espagnols, l'administrateur yankee d'un fort de traite du Haut-Missouri peut bien, le temps d'un bouquin, faire un petit effort et s'exprimer dans la langue de Molière.
Ces oiseaux qu'il massacrait pour mieux les peindre, personne avant lui ne les avait rendus aussi vivants.
À l'époque d'Audubon, Homo sapiens ne semble guère connaître d'autre langue que le plomb pour communiquer avec le monde vivant.
Pièges, filets, rafales de grenaille : tous les coups sont permis et aucune espèce n'est encore visée par la moindre mesure de protection. Les réserves d'oiseaux ne sont pas seulement inexistantes, elles ne sont même pas encore une vue de l'esprit.
Chapitre
CRITIQUE LITTÉRAIRE
Première question: Est-ce que la reconstitution des faits par l’auteur de La constellation du Lynx est plus crédible que la «Version officielle»?
Réponse: Oui, et ceci sans aucune incertitude.
Deuxième question: L’auteur a-t-il raison de trouver cette «Version officielle» bourrée de trous et d’invraisemblances?
Réponse: Oui, tout à fait!
Troisième question: Est-ce que l’auteur est toujours dans la rectitude quand il affirme que les machinations du pouvoir et des forces de l’ordre ont joué un rôle beaucoup plus important dans cette affaire que ne le reconnaissent les ex-felquistes et les autorités?
Réponse: Oui, assurément, voire: ben voyons donc tabarnak!
S, ancien de la GRC (S & I)
p. 185