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Citations de Luigi Pirandello (288)


De même qu'après un violent orage, des nuages légers courent, indécis, ainsi, des pensées étranges, des souvenirs perdus, des impressions lointaines se présentèrent à lui.
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Pour un tarif très bas, il dispensait des leçons d'anglais, d'allemand, de français, écorchant l'italien. Son front démesuré était donc une place internationale.
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MÉFIE-TOI !…GIACOMINO

…vous vous inquiétez comme tout à l’heure parce que les enfants se moquaient de moi alors qu’ils se moquaient du professeur. La profession est une chose, l’homme en est une autre. Dehors, les enfants me respectent et me baisent la main. En classe, ils font, eux aussi, leur métier d’élèves et fatalement ils se moquent de celui qui fait son métier de maître et le fait comme un pauvre vieux fatigué et qui s’ennuie.
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LIOLA

Voyons, ici vous avez une terre. Si vous restez là à la regarder sans rien lui faire, que produira-t-elle, cette terre ? Rien. C’’est comme une femme. Vous ne lui faites pas d’enfants. Bien. J’arrive moi sur le morceau de terre, je la pioche, je l’engraisse ; j’y fais un trou, j’y jette la semence : l’arbre va naître. A qui l’a-t-elle donné, cet arbre, la terre, à moi n’est-ce pas ? Vous vous amenez et vous dites que non, que l’arbre est à vous. Pourquoi à vous ? Parce que la terre est à vous. Mais la terre, vous savez peut-être à qui elle appartient, la terre ? Elle donne des fruits à ceux qui la travaillent. Vous vous en emparez parce que vous avez les pieds dessus et parce que la loi vous soutient, mais la loi peut changer demain ; et alors vous serez chassé en un tournemain ; et la terre restera à celui qui l’ensemencera et qui fera pousser les arbres.
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Mais comment, plus fort ? Ce ne sont vraiment pas des choses qu'on peut dire tout fort. J'ai pu les dire tout fort, moi, pour lui faire honte.
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Le drame, pour moi, est là tout entier, Monsieur : dans la conscience que j'ai que chacun de nous - voyez-vous - se croit "un" mais que ce n'est pas vrai : il est "beaucoup", Monsieur, "beaucoup", selon toutes les possibilités d'être qui sont en nous : "un" avec celui-ci, "un" avec celui-là - tout à fait différents ! Et en même temps, avec l'illusion d'être toujours "un, pour tous", et toujours ce "un" que nous croyons être, en chacun de nos actes. Ce n'est pas vrai ! Ce n'est pas vrai ! Nous nous en rendons bien compte quand, à l'un de nos actions, par un hasard très malencontreux, nous restons tout à coup comme accrochés et suspendus : nous nous rendons compte, veux-je dire, que nous ne sommes pas tout entiers dans cette action, et que ce serait donc une atroce injustice que de nous juger d'après elle seule, de nous y tenir accrochés et suspendus, au pilori, pendant toute une existence, comme si cette dernière était accumulée tout entière dans cette action.
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Ah quel dégoût, alors, quel dégoût de toutes ces complications intellectuelles, de toute cette philosophie qui dévoile la bête et veut ensuite la sauver, l'excuser... Je ne peux pas l'entendre, Monsieur ! Parce que, quand on est contraint de "la simplifier" - la vie -, en rejetant tout l'attirail "humain" des aspirations chastes, des sentiments purs : idéaux, devoirs, la pudeur, la honte, rien ne suscite plus l'indignation et la nausée que certains remords, qui sont des larmes de crocodile !
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TOUT POUR LE MIEUX !

Elle voulait dominer par son intelligence. Mais quand une femme est jolie, on admire sa bouche, ses yeux… et comme elle était bien faite. On sourit aux lèvres qui parlent sans écouter ce qu’elles disent. Elle s’en apercevait tout de suite et rageait un peu d’abord, mais elle était trop femme pour n’en pas sourire. Son sourire croisait celui de l’homme qui regardait ses lèvres. Elle répondait au baiser que lui donnaient ces yeux.
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L’INCONNUE : Le plus naturel des doutes – dès que je suis apparue… perdus comme vous étiez tous… Et lui,
elle désigne Salter
il a été aussitôt pris du doute contraire – en entendant quelqu’un qui ne m’avait pas encore vue m’appeler Cia. Mais c’est tout naturel… tout naturel…
À Lena, qui pleure en silence :
Arrête de pleurer ! – Toutes nos certitudes peuvent vaciller d’un coup : un tout petit doute nous prend et nous ne croyons plus comme avant !
SALTER : Donc, vous admettez vous-même que vous pourriez ne pas être Cia ?
L’INCONNUE : Bien plus ! J’admets que c’est elle qui pourrait être Cia.
elle désigne la Folle
– s’ils décident d’y croire !
ONCLE SALENSIO : Mais nous, nous n’y croyons pas !
SALTER, aussitôt, désignant d’abord l’Inconnue puis la Folle : Eh, parce qu’elle lui ressemble, et elle non !
L’INCONNUE : Ah non ! pas pour ça ! Pas parce que je lui ressemble ! Moi – moi-même – je vous ai dit à tous qu’au contraire cette ressemblance ne prouvait rien – qu’elle ne prouvait absolument rien, cette ressemblance grâce à laquelle vous avez tous cru me reconnaître. J’ai même crié : « Impossible – réfléchissez – quelqu’un sur qui la guerre est passée – après dix ans – rester comme ça – la même ? » – Ce serait plutôt – au contraire – une preuve que ce n’est pas moi !
MÀSPERI, frappé, spontanément : Eh oui ! C’est…
L’INCONNUE, aussitôt, se tournant vers lui : Ce n’est pas vrai ? – Une preuve que ça ne peut pas être moi !
De nouveau à Salter :
Vous voyez ? Il y en a qui n’y pensent que maintenant ?
BRUNO : On dirait que tu fais tout…
L’INCONNUE : Mais tu l’as admis toi-même !
BRUNO : Moi ?
L’INCONNUE : Oui, toi !
BRUNO : Quand ça ? Qu’est-ce que tu racontes ?
L’INCONNUE : Quand je te l’ai dit, à Berlin ; et vous aussi, Boffi, ça vous a ébranlé ! – Forcément ! – C’est seulement quand on croit – ou quand c’est bien commode de croire – qu’on ne réfléchit pas – ou qu’on ne veut pas réfléchir – à cette évidence : qu’être comme ça, la même, c’est plutôt une preuve du contraire – et donc que – pourquoi pas ? – Cia peut précisément être – en fait – cette malheureuse, justement parce qu’elle ne lui ressemble plus du tout.
BRUNO : C’est un jeu tordu !
L’INCONNUE : Je t’ai dit que c’est à lui
elle désigne Salter
que je dois répondre de mon imposture !
BRUNO : Comment ? comme ça ? en nous faisant toi-même douter de toi ?
L’INCONNUE : Comme ça ! Exactement ! – Parce que je veux que tout le monde – oui – doute de moi – comme lui – pour avoir au moins cette satisfaction de rester la seule à croire en moi !
À propos de la Folle :
Vous ne l’avez pas reconnue… Peut-être parce qu’elle n’est plus reconnaissable ? Parce que vous ne voyez pas la ressemblance ? Parce qu’ils ne vous ont pas apporté de preuves suffisantes ? – Non ! Non ! – C’est seulement parce que vous n’arrivez pas encore à y croire ! Voilà tout ! – Plus d’un malheureux est revenu comme ça, après des années,
elle désigne la Folle
– n’ayant presque plus de visage – méconnaissable – n’ayant plus de mémoire – et pourtant des sœurs, des épouses, des mères – des mères – se les sont disputés ! « C’est le mien ! » « Non, c’est le mien ! » – Pas parce qu’ils avaient l’air de leur fils, non ! (le fils de l’une ne peut pas ressembler au fils de l’autre !) – mais parce qu’elles y ont cru ! parce qu’elles ont voulu y croire ! – Et il n’y a pas de preuve qui tienne, quand on veut y croire ! – Ce n’est pas lui ? – Et pourtant pour cette mère, si, c’est lui ! Peu importe que ce ne soit pas lui, si cette mère le garde pour elle et le fait sien de toute la force de son amour ! Contre toute preuve, elle y croit. Même sans preuve, elle y croit. – Moi, sans preuve, vous m’avez bien crue, non ?
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Baldovino

Ça ne suffit pas. Voyez-vous, monsieur, nous nous construisons, inévitablement. Je m’explique. J’entre ici et je deviens immédiatement, en face de vous, celui que je dois être, celui que je peux être. Je me construis. C’est-à-dire que je me présente à vous sous une forme adaptée aux relations que je dois nouer avec vous. Et vous, qui me recevez, en faites autant de vous-même. Mais, au fond, à l’intérieur de nos constructions dressées ainsi l’une en face de l’autre, derrière les persiennes et les volets restent, bien cachées, nos pensées les plus secrètes, nos sentiments les plus intimes, tout ce que nous sommes pour nous-mêmes, en dehors des relations que nous voulons établir.
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FILLICO. - Ah, le voilà… le père Dima.

LA JARRE

TARARA, bas à Don Lolo. -Vous savez, il ne parle guère.

LA MÈRE TARA, mystérieuse. - Il parle peu.

DON LOLO. - Ah, vraiment ! (Au père Dima.) Et vous n’avez pas non plus l’habitude de saluer quand vous vous présentez ?

LE PÈRE DIMA. -Vous avez besoin de mon travail ou de mon salut ? De mon travail, je crois . Dites-moi ce que j’ai à faire et je le ferai.

DON LOLO. - Puisque « parler » vous coute un tél effort, pourquoi demandez-vous cet effort à autrui ? Vous le voyez bien ce que vous avez à faire.

Il montre la jarre.
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C'est seulement quand tu n'as plus de maison que l'univers t'appartient. Tu vas, tu marches, et puis tu te jettes dans l'herbe sous le silence des cieux, et tu as tout et tu n'as rien, et tu n'es rien et tu es tout.
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Eh là ! Qu'est-ce que tu fabriques ?
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Salter : Moi, je n’ai jamais menti !
L’Inconnue : Toi ? Mais nous ne faisons que ça, tous !
Salter : A toi, jamais !
L’inconnue : Parce qu’il y a des moments où tu oses m’avouer que…. ?
Salter : Arrête !
L’Inconnue : Tu te mens à toi-même, même avec ta sincérité dégoûtante, parce que même ça, ce n’est pas vrai : tu n’es pas si atroce que tu le dis. Mais console-toi : personne ne ment vraiment tout à fait. On cherche tous à donner le change, aux autres et à nous-mêmes !
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L’Inconnue : Tu ne peux pas nier que tu faisais vraiment le bouffon qd je t’ai rencontré au milieu des autres ?
Salter : Mais parce que j’avais au fond de moi le tourment de cette vie impossible !
L’Inconnue : Et maintenant, les autres, il les chasse avec l’air indigné ; et c’est lui qui me reproche à présent de compromettre sa réputation ! Il est devenu sa propre femme !
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L’Inconnue : Ce que je veux ? - oui, me fuir moi-même, vola ce que je veux – ne plus me souvenir de rien, de rien – me vider de toute ma vie -voilà, regardez : un corps – n’être que ce corps – vous dites que c’est le sien ? qu’il lui ressemble ? – moi, je ne me ressens plus – je ne me veux plus – je ne reconnais plus rien et je ne me reconnais pas – mon cœur bat, et je ne le sais pas – je respire et je ne le sais pas – je ne sais plus si je vis
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L’Inconnue : C’est le privilège des folles de pouvoir hurler – clairement - certaines choses - à la face du monde !
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Ah, l'homme qui prend tout à la terre et qui croit que tout est fait pour lui ! Cette vie-là aussi ? Non. Justement là, pour l'instant, le maître absolu était un gros bourdon vrombissant qui s'arrêtait pour boire avec une avide violence dans les délicats et tendres calices des fleurs, ployant sous lui. Et la brutalité de cette bête brune, bourdonnante, velue et striée d'or était offensante comme quelque chose d'obscène, et l'on ressentait un certain dépit devant la soumission avec laquelle ces tremblantes et fragiles campanules subissaient son outrage, pour ensuite trembler légèrement sur leur tige, après que l'insecte, repu et engourdi, s'en fut paresseusement éloigné.
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On en racontait de belles également sur Mauro. Un jour par exemple, à la chasse, il était tombé du haut du Mont des Forche ; il avait rebondi trois fois et chacune des trois fois, brandissant son fusil de la main droite, il avait crié :
– Heureusement que je suis bon valseur !
On l’avait relevé pourtant avec une fracture à la jambe droite et une légère commotion cérébrale, lui qui déjà n’avait pas le cerveau bien en place.
Une autre fois, à la chasse, il aperçoit trois ou quatre étourneaux posés sur la croupe de bœufs en train de paître sur une pente. Il se baisse, approche tout doucement et à peine à bonne portée, boum, un coup de fusil. Le bouvier bondit furieux.
– Halte, lui crie Mauro en le mettant en joue. Un pas de plus et je te déquille.
– Mais voyons, monsieur Mauro, mon bétail…
– Tu ne sais donc pas, imbécile, que là où je vois du gibier, je tire.
– Même sur la croupe de mes bœufs ?
– Même sur la tête de l’enfant Jésus, si je prenais l’esprit saint pour un pigeon.
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– Est-ce qu’il y aura suffisamment ?

Les trois sœurs Santa, Lisa et Angelica Borgianni échangeaient des regards de perplexité en s’interrogeant de la sorte. Elles travaillaient depuis deux jours à préparer ce dîner, un festin de « grands seigneurs ».

Santa, la cadette, était plus grande qu’Angelica ; Angelica plus grande que Lisa, l’aînée. Toutes trois, du reste, poitrinantes et fessues, ne le cédaient pas à leurs frères pour la stature colossale et la force herculéenne.

– La famille Borgianni, huit piliers de cathédrale ! disait Mauro, le plus jeune frère et le dernier-né de la famille.

Trois sœurs et cinq frères : Rosario, Nicola, Titta, Luca et Mauro par rang d’âge.
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