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Citations de Luis Sepúlveda (1558)


Mix grandit. Il devint d'abord un jeune et beau chat au poil noir sur le dos et blanc sur la poitrine et, plus tard, un chat adulte, fort et vigoureux.
Max grandit lui aussi et se transforma en un adolescent qui se rendait chaque matin à l'école en bicyclette mais, avant de partir, nettoyait la caisse de sable de Mix et remplissait sa gamelle de sa pâtée favorite, celle au goût de poisson.
Max veillait sur Mix et Mix veillait sur le placard afin que les souris n'approchent pas du paquet de céréales au chocolat, les préférées de Max.
Même s'il n'y avait pas de souris dans la maison, Mix remplissait avec plaisir les fonctions de gardien du placard car il savait que Max était son ami et les amis veillent au bonheur de l'autre.
Un après-midi, un camarade de classe de Max dit quelque chose à propos de la tête de Mix et, quand il s'en alla, Max ouvrit le dictionnaire à la lettre p, chercha le mot profil et trouva des reproductions de dessins de l'Antiquité qui le remplirent de joie. Il appela alors Mix, le fit grimper sur la table et lui montra le dictionnaire.
- Regarde, Mix, mon copain a raison, tu as un profil qu'on appelle un profil grec.
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Afortunada, vraiment fortunée

- Tu es une mouette. Là, le chimpanzé a raison, mais seulement pour cela. Nous t'aimons tous, Afortunada. Et nous t'aimons parce que tu es une mouette, une jolie mouette. Nous ne te contredisons pas quand tu cries que tu es un chat, car nous sommes fiers que tu veuilles être comme nous, mais tu es différente et nous aimons que tu sois différente. Nous n'avons pas pu aider ta mère, mais toi nous le pouvons. Nous t'avons protégée depuis que tu es sortie de ton œuf. Nous t'avons donné toute notre tendresse sans jamais penser à faire de toi un chat. Nous t'aimons mouette. Nous sentons que toi aussi tu nous aimes, que nous sommes tes amis, ta famille, et il faut que tu saches qu'avec toi, nous avons appris quelque chose qui nous emplit d'orgueil : nous avons appris à apprécier, à respecter et à aimer un être différent. Il est très facile d'accepter et d'aimer ceux qui nous ressemblent, mais quelqu'un de différent c'est très difficile, et tu nous as aidés à y arriver. Tu es une mouette et tu dois suivre ton destin de mouette. Tu dois voler. Quand tu y arriveras, Afortunada, je t'assure que tu seras heureuse et alors tes sentiments pour nous et nos sentiments pour toi seront plus intenses et plus beaux, car ce sera une affection entre des êtres totalement différents.
- J'ai peur de voler ! piailla Afortunada en se redressant.
- Quand ce sera le moment je serai avec toi. Je l'ai promis à ta mère, miaula Zorbas en lui léchant la tête.
La jeune mouette et le chat grand noir et gros se mirent à marcher. Lui, il lui léchait la tête avec tendresse et elle, elle lui couvrait le dos de l'une de ses ailes.
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Oiselle ou oisillon

En arrivant dans le pièce des livres, il salua depuis le seuil les chats qui y étaient réunis.
- Miaou ! miaula Vent-debout qui aimait miauler le dialecte à la fois rêche et doux de Hambourg.
- Tu arrives enfin, capitano. Tu ne sais pas comme nous avons besoin de toi ! répondit Colonello.
Ils lui miaulèrent rapidement l'histoire de la mouette et des promesses de Zorbas, promesses qui, ils le répétèrent, les engageaient tous.
Vent-debout écouta en hochant la tête, préoccupé.
- Par l'encre du calamar ! En mer il arrive des choses terribles. Parfois je me demande si quelques humains ne sont pas devenus fous, ils essayent de faire de l'océan une énorme poubelle. Je viens de draguer l'embouchure de l'Elbe et vous ne pouvez pas imaginer la quantité d'ordures que charrient les marées ! Par la carapace de la tortue ! Nous avons sorti des barils d'insecticide, des pneus, des tonnes de ces maudites bouteilles de plastique que les humains laissent sur les plages, indiqua Vent-debout avec colère.
- Terrible ! Terrible ! Si ça continue comme ça, bientôt le mot "pollution" occupera tout le tome 16, lettre P de l'encyclopédie, s'exclama Jesaitout scandalisé.
- Et qu'Est-ce que je peux faire, moi, pour ce pauvre oiseau ? demande Vent-debout.
- Toi seul, qui connais la mer, peux nous dire si ce poussin est un mâle ou une femelle, répondit Colonello.
Ils l'emmenèrent auprès du poussin qui dormait rassasié après avoir réglé son compte à un calamar apporté par Secrétario qui, selon les ordres de Colonello, était chargé de son alimentation.
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Il n'est pas facile d'être une maman

- Le poussin n'a rien à manger. C'est terrible ! Terrible ! insista Jesaitout.
- Tu as raison. J'ai dû lui donner des mouches et je crois qu'il va très vite avoir encore faim, miaula Zorbas.
- Secrétario, qu'Est-ce que vous attendez ? interrogea Colonello.
- Excusez-moi, monsieur, mais je ne vous suis pas, se défendit Secrétario.
- Allez au restaurant et ramenez une sardine, ordonna Colonello.
- Et pourquoi moi ? Hein ? Pourquoi c'est toujours moi qui fais les courses ? Moi qui trempe ma queue dans la benzine ? Moi qui vais chercher une sardine ? Pourquoi c'est toujours moi ? protesta Secrétario.
- Parce que ce soir, monsieur, il y a des calamars à la romaine pour le dîner. Ca ne vous semble pas une raison suffisante ? indiqua Colonello.
- Et ma queue qui empeste encore la benzine ?... Vous avez dit des calamars à la romaine ?... demanda Secrétario en sautant sur le toit.
- Maman, qui c'est ? s'écria le poussin en montrant les chats.
- Maman ! Il t'a dit maman ! C'est terriblement attendrissant!... arriva à s'exclamer Jesaitout avant que le regard de Zorbas ne lui conseille de fermer sa bouche.
- Bon, caro amico, tu as tenu ta première promesse, tu es en train de tenir la deuxième, il ne te reste plus que la troisième, déclara Colonello.
- La plus facile ! Lui apprendre à voler, miaula ironiquement Zorbas.
- On y arrivera. Je consulte l'encyclopédie, mais le savoir a besoin de temps, assura Jesaitout.
- Maman, j'ai faim ! coupa le poussin.
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Un chat qui sait tout

Mais ce que l'encyclopédie disait des mouettes ne leur fut pas très utile. Ils apprirent que la mouette qui les préoccupait appartenait à l'espèce argentée, appelée ainsi à cause de la couleur de ses plumes.
Ce qu'ils trouvèrent sur le pétrole ne les amena pas non plus à savoir comment aider la mouette, même s'il leur fallut supporter une interminable dissertation de Jesaitout, qui parla longuement d'une guerre du pétrole dans les années 70.
- Par les piquants du hérisson ! Nous sommes toujours au même point, miaula Zorbas.
- C'est terrible ! Terrible ! C'est la première fois que l'encyclopédie me déçoit, s'exclama Jesaitout désolé.
- Et dans cette enplico... encymolé... enfin tu vois ce que je veux dire. Il n'y a pas de conseils pratiques, du genre comment enlever les taches de pétrole ? s'enquit Colonello.
- Génial ! Terriblement génial ! C'est par là qu'on aurait dû commencer. Je prends tout de suite le tome 4, la lettre D, Détachant, annonça Jesaitout en grimpant sur le meuble.
- Vous vous rendez compte, si vous aviez évité cette odieuse habitude de m'enlever les miaulements de la bouche nous saurions déjà quoi faire, indiqua Colonello au silencieux Secrétario.
A la page consacrée au mot "Détachant" ils trouvèrent, outre la façon d'enlever les taches ce confiture, d'encre de Chine, de sang et de sirop de framboise, la solution pour éliminer les taches de pétrole.
- "On nettoie la surface affectée avec un linge humecté de benzine." Ca y est ! miaula Jesaitout euphorique.
- Ca y est pas du tout ! Et où on va trouver de la benzine ? grogna Zorbas avec une mauvaise humeur évidente.
- Mais, si je me souviens bien, dans la cave du restaurant il y a un pot avec des pinceaux qui trempent dans de la benzine. Secrétario sait ce qu'il doit faire, miaula Colonello.
- Pardon monsieur, mais je n'ai pas bien saisi votre idée, s'excusa Secrétario.
- Très simple : vous humectez convenablement votre queue avec la benzine et nous irons nous occuper de cette pauvre mouette, répondit Colonello en regardant ailleurs.
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A la recherche d'un conseil

Cette affaire réglée, Zorbas reprit son chemin jusqu'à la porte du restaurant. A l'intérieur, les garçons préparaient les tables pour les clients de midi. Zorbas miaula trois fois et attendit assis sur le seuil. Peu après, Secrétario, un chat de gouttière très maigre avec seulement deux poils de moustache, un de chaque côté du nez, s'approcha de lui.
- Nous regrettons beaucoup, mais si vous n'avez pas réservé, nous ne pouvons pas vous accueillir. Nous sommes complet, miaula-t-il en guise de salut.
Il allait ajouter quelque chose encore mais Zorbas le coupa :
- Je dois miauler avec Colonello. C'est urgent !
- Urgent ! Toujours des urgences de dernière minute. Je vais voir ce que je peux faire, mais c'est bien parce qu'il s'agit d'une urgence, miaula Secrétario, et il rentra dans le restaurant.
Colonello était un chat d'un âge indéterminé. Certains disaient qu'il avait le même âge que le restaurant qui l'abritait, d'autres soutenaient qu'il était encore beaucoup plus vieux. Mais cela n'avait pas d'importance, car Colonello avait un étrange talent pour conseiller ceux qui avaient des problèmes, et même s'il ne résolvait jamais aucune difficulté, ses conseils réconfortaient. Par son âge, et par son talent Colonello était une autorité chez les chats du port.
Secrétario revint en courant.
- Suis-moi. Colonello va te recevoir, exceptionnellement.
Zorbas le suivit. Passant sous les tables et sous les chaises de la salle, ils arrivèrent à la porte de la cave. Ils descendirent en sautant les marches d'un escalier étroit et, en bas, trouvèrent Colonello, la queue dressée, en train d'examiner les bouchons des bouteilles de champagne.
- Porca miseria ! Les rats ont rongé les bouchons du meilleur champagne de la maison. Zorbas, caro amico, salua Colonello qui avait l'habitude de miauler des mots en italien.
- Excuse-moi de te déranger en plein travail, mais j'ai un problème grave et j'ai besoin de tes conseils, miaula Zorbas.
- Je suis là pour ça, caro amico. Secrétario ! Sers à mi amico un peu de ces lasagnes alforno qu'on nous a données ce matin, ordonna Colonello.
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Une histoire racontée par une vieille mouette des îles Frisonnes revint à sa mémoire. Cela parlait d'un humain, nommé Icare, qui pour réaliser son rêve de voler s'était fabriqué des ailes avec des plumes d'aigle et avait volé très haut, tout près du soleil, si bien que la chaleur avait fait fondre la cire qui collait les plumes et qu'il était tombé.
Kengah battit des ailes, replia ses pattes, s'éleva de quelques centimètres et retomba dans l'eau.
Avant de recommencer, elle plongea complètement et remua ses ailes sous l'eau. Cette fois elle s'éleva d'un mètre avant de retomber.
Ce maudit pétrole collait les plumes de sa queue, de sorte qu'elle ne pouvait pas guider son ascension. Elle replongea et avec son bec retira la couche de saleté qui couvrait sa queue. Elle supporta la douleur de l'arrachage des plumes jusqu'à ce que sa queue soit un peu moins sale.
Au cinquième essai, Kengah réussit à s'envoler.
Elle battait des ailes désespérément car le poids de la couche de pétrole l'empêchait de planer. Un seul arrêt et elle tomberait. Par chance, elle était jeune et ses muscles répondaient bien.
Elle vola très haut. Sans cesser de battre des ailes, elle regarda en bas et vit à peine la côte comme une ligne blanche. Elle vit aussi quelques bateaux comme de minuscules objets sur une nappe bleue. Elle monta plus haut, mais les effets du soleil qu'elle attendait ne l'atteignaient pas. Peut-être les rayons donnaient-ils une chaleur trop faible, peut-êre la couche de pétrole était-elle trop épaisse.
Kengah comprit qu'elle n'aurait pas suffisamment de force pour continuer à battre des ailes et vola vers l'intérieur des terres en suivant la ligne verte et sinueuse de l'Elbe, à la recherche d'un endroit pour se pose.
Son battement d'ailes devint de plus en plus lourd et lent. Elle perdait ses forces. Elle ne volait plus aussi haut.
Dans un effort désespéré pour reprendre de l'altitude, elle ferma les yeux et battit des ailes avec ses dernières énergies. Elle ne sut pas combien de temps elle vola les yeux fermés, mais quand elle les rouvrit elle était au-dessus d'une haute tour ornée d'une girouette d'or.
- Saint-Michel ! cria-t-elle en reconnaissant la tout de l'église de Hambourg.
Ses ailes refusèrent de la porter plus loin.
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La troupe d’hommes a peur.
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Il faut que tu saches qu’avec toi, nous avons appris quelque chose qui nous emplit d’orgueil : nous avons appris à apprécier, à respecter et à aimer un être différent. Il est très facile d’accepter et d’aimer ceux qui nous ressemblent, mais quelqu’un de différent c’est très difficile, et tu nous as aidés à y arriver.
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La minuscule sardine n'attaque pas une autre sardine, la lente tortue n'attaque pas une autre tortue, le requin vorace n'attaque pas un autre requin. Il semble que les hommes sont la seule espèce qui attaque ses semblables, et je n'ai pas aimé ce que j'ai appris d'eux.
P. 37
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Soudain la femme a caressé une des photos, l'homme a posé une main sur la sienne et tous deux se sont mis à pleurer, doucement d'abord, avant de se serrer dans les bras et de pleurer ouvertement, à chaudes larmes, des sanglots peut-être libérateurs durant une minuscule portion du temps infini que l'univers avait prévu pour eux.
Je suis ressorti sans dire un mot, sans prendre congé pour ne pas interrompre l'angoisse intime du couple agrippé à son seul patrimoine : la douleur de la perte.
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Zorbas sauta sur le comptoir et regarda fixement le chimpanzé dans les yeux. Il soutint son regard jusqu’à ce que Matias cligne des yeux et commence à pleurer.
- Bon, en réalité, ça fait six marks. Tout le monde peut se tromper, reprit timidement Matias
Sans cesser de le regarder dans les yeux, Zorbas sortit une griffe de sa patte droite de devant.
- Ca te plait Matias ? J’en ai neuf autres pareilles. Tu peux les imaginer plantées dans ce cul rouge que tu as toujours à l’air ? miaula-t-il tranquillement.
- Pour une fois je ferme les yeux. Vous pouvez passer, glapit le chimpanzé en prenant l’air calme.
Les trois chats, la queue orgueilleusement dressée, disparurent dans le labyrinthe de couloirs.
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Il passa toute la saison des pluies à ruminer sa triste condition de lecteur sans livre, se sentant pour la première fois de sa vie assiégé par la bête nommée solitude. Une bête rusée. Guettant le moindre moment d'inattention pour s'approprier sa voix et le condamner à d'interminables conférences sans auditoire.
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Nul ne peut s'emparer de la foudre dans le ciel, et nul ne peut s'approprier le bonheur de l'autre au moment de l'abandon.
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Il possédait le seul antidote contre le venin de la vieillesse, il savait lire.
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- Tu es idiot, Jacinto. Entre ta mère et le vieux, il y avait quelque chose de très fort et de très beau qui s’appelle l’amitié. Une amitié entre deux entre deux êtres qui ont le plus gros de leur vie derrière eux. Il arrive que ça soit plus intéressant que l’amour.
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Les amis, je ne sais pas si j’ai la berlue, mais, sur le toit d’une maison, et j’ai eu l’impression de voir un chat au profil grec et une souris regarder le coucher du soleil. Et, le plus curieux, c’est que le chat semblait écouter attentivement, la souris.
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Max prit avec précaution, le petit corps de la souris, tremblante, la posa sur le sol et la vit se réfugier sous le ventre du chat.
– Je suis content que tu aies une nouvelle amie, Mix. Comme ça tu ne te sentiras pas tout seul dans les jours qui viennent, car je vais devoir faire d’autres voyages. À partir de maintenant, nous sommes trois dans cette maison, dit Max, et il déposa une petite assiette près de celle de Mix. Dans l’une, il versa une généreuse ration de pâtée au goût de poisson et dans l’autre, une ration aussi généreuse de céréales.
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Un jour d’hiver, quelqu’un frappa à la porte et, comme toujours, Mix se dirigea vers l’entrée pour être le premier à saluer le visiteur. Max le vit avancer dans le couloir, il vit aussi sur le sol, le carton de livres qu’il pensait rendre à la bibliothèque, un carton qui ne s’était jamais trouvé là, et il éprouva une douleur immense en voyant Mix le heurter.
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Je pourrais dire que Mix est le chat de Max, mais je pourrais aussi indiquer que Max est l’humain de Mix. Cependant, comme la vie nous enseigne qu’il n’est pas juste que quelqu’un soit propriétaire d’une autre personne ou d’un animal, disons alors que Max et Mix, ou Mix et Max, s’aiment l’un l’autre.
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