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Critiques de Mana Neyestani (96)
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Les Oiseaux de papier

Quelle claque! On excusera volontiers le trait de l'auteur, qu'on aurait parfois aimé plus en rondeur et en profondeur, compte tenu de ce que l'on apprend sur la vie terrible de ces habitants du Kurdistan contraints pour survivre de traverser des montagnes inhospitalières pour gagner quelques sous de subsistance pour leurs familles.
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Une métamorphose iranienne

Difficiles à supporter ces premières pages avec les interrogatoires, les scènes de prison où l'on retrouve tous les mêmes travers, tous les mêmes comportements, quel que soit le pays et les conditions de détention…

Mana Neyestani a vécu ce qu'il raconte, ce qu'il dessine tout en gardant un ton teinté d'humour malgré le caractère dramatique du récit. Dessinateur dans les pages jeunesse du supplément week-end du journal "Iran", il est inspiré par un cafard auquel il fait vivre de petites aventures. Dans une bulle, il place le mot « Namana » que les Iraniens disent souvent lorsqu'ils cherchent leurs mots. Hélas, ce mot est aussi un terme azéri et voilà que cela est mal interprété par la minorité de cette partie nord du pays en mal de revendications.

Au fil des pages et de la dramatisation recherchée par le régime, le lecteur comprend vite que tout cela n'est que prétexte pour faire payer à l'auteur les manifestations qui agitent cette région. le dessinateur et son rédacteur en chef se retrouvent incarcérés, soi-disant pour les protéger…

Passée la moitié du livre, nous quittons les geôles iraniennes pour la fuite de Mana accompagné par Mansoureh, son épouse, car l'auteur ne peut pas supporter la menace bien réelle de retourner en prison. Commence alors un parcours incroyable d'un couple qui n'arrive pas à trouver refuge dans les pays occidentaux et se trouve toujours à la merci de passeurs sans scrupule.

D'abord, c'est Dubaï avec le refus du Canada de les accueillir, puis la Turquie, la Chine, la Malaisie et enfin la France où il a pu publier ce récit poignant et révélateur de tellement de souffrances inutiles.

Le dessin est précis, toujours en noir et blanc, parfois proche de la caricature mais très expressif. le texte soutient bien l'action et permet de comprendre ce qui se passe. L'ensemble met souvent le lecteur mal à l'aise car cette histoire est très récente et se reproduit pour d'autres qu'ils soient journalistes, poètes, écrivains….
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Une métamorphose iranienne

(...)

Étonnant parcours auquel on accède par le biais d’Une métamorphose iranienne. L’auteur parvient parfaitement à relater les faits et leur caractère invraisemblable tout en évitant l’écueil du pathos. Le récit est construit de manière chronologique et montre l’engrenage dans lequel Mana Neyestani a été pris corps et âme. L’effet est d’autant plus frappant qu’il resitue d’emblée les conditions dans lesquelles il a réalisé le strip polémique. Les événements qui se déroulent ensuite nous permettent rapidement de prendre la mesure du décalage entre l’intention de l’auteur (sans arrière-pensées, à visée humoristique) et l’interprétation que les politiques en font. On voit l’effet pervers du système, on assiste à la construction de cette stratégie qui n’a qu’un objectif : la manipulation de l’opinion publique.

(...)
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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L'araignée de Mashhad

Une bande-dessiné très particulière, autant par le dessin que par l'histoire.



Un dessin en noir et blanc très anxiogène et l'histoire d'un tueur en série interrogé par des journalistes...



J'ai pourtant beaucoup aimé, même si ce n'est pas à proprement parler un coup de coeur ou alors un coup de coeur intellectuel plus que du fait de l'émotion engendrée.



C'est glaçant... glaçant cet homme ordinaire, marié, père de famille, qui pratique son intégrisme religieux en assassinant des prostituées, 16 femmes, parce qu'il les considère comme des "objets" à éradiquer de son pays ; glaçant le fait qu'à aucun moment il n'éprouve de remords ; glaçant que certaines personnes le traitent de héros ; glaçant que son fils finisse par le croire et que sa femme soit soumise au point de na pas être si choquée que cela ; glaçant que la journaliste qui fait l'interview en prison doive fumer en cachette...



On sent à chaque instant le poids de l'intégrisme religieux qui menace surtout les femmes, et ce à chaque instant de leur vie quotidienne.
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Une métamorphose iranienne

Il existe un tas de pays sur la planète où la liberté d’expression peut conduire des individus bien intentionnés en prison. Même un dessinateur de bd pour enfant ne peut parfois y échapper. Il suffit par exemple de dessiner un cafard et d’employer un mot qui dans un autre langage aurait une connotation négative. En l’occurrence, un groupe ethnique vivant en Iran et ayant des liens culturels avec la Turquie et l’Azerbaïdjan se sont servis d’une méprise pour manifester dans la violence leur mécontentement. En gros, ce sont des gens bien susceptibles qui se sentent persécutés.



Atteinte à la sécurité de l’Etat et voilà notre auteur emprisonné et privé de liberté. S’il faut ajouter un système politique et judiciaire assez corrompu, voilà le triste résultat. Cela me fait penser que même des soutiens modérés à ce régime peuvent être à un moment donné dans leur collimateur. Cela crée un réfugié politique de plus.



A la lecture récente de L'Araignée de Mashhad qui m’avait fort bien séduit, j’avais décidé de découvrir les œuvres antérieures de cet auteur assez étonnant. Après le Petit manuel du parfait réfugié politique, j’ai décidé de lire l’œuvre qui l’a fait connaitre. Il est clair qu’on ne pouvait s’attendre à mieux sur un sujet aussi délicat. C’est également une épreuve personnelle qu’a subi de plein fouet Mana Neyestani aussi bien dans son arrestation, son emprisonnement ou sa fuite dans différents pays pour échapper à la répression du pouvoir des Ayatollahs. Tout est intéressant pour peu qu’on puisse considérer tout cela comme un tout. Compartimenter n’a d’ailleurs aucun sens.



J’aime toujours le trait graphique qui colle à merveille pour ce type de récit. En même temps, c’est très lisible car c’est tout en rondeur. Je n’ai absolument pas eu de mal à rentrer dans cette histoire. C’est agréable à la lecture. Si on ajoute une narration bien réalisée, nous avons une œuvre complète. Certes, cela peut foutre le cafard pour ne pas dire le bordel. Chez nous aussi, il y a des gens susceptibles mais on ne termine pas en prison pour autant.
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Une métamorphose iranienne

Mana Neyestani est au départ un fils d'un très grand poète iranien, et également architecte de formation, reconverti dans la BD enfantine écrivant notamment dans une revue pour la jeunesse, donc a priori un univers peu suseptible de géner un régime iranien pas forcément reconnu pour garantir une bonne liberté de pensée.



Seulement, un jour, l'auteur imagine pour une nouvelle BD, les aventures d'un petit garcon et d'un cafard, et a le malheur de placer, de manière totalement fortuite, dans la gueule du cafard, une interjection pouvant etre considérée comme empruntée au vocabulaire azéri, une des tribus minoritaires de l'Iran.



Pour avoir dessiné ce cafard, Mana Neyestani va déclencher la colère des populations azéris du nord de l’Iran. Comment peut-on oser comparer les turcs à des cafards? La minorité azérie ( dont je n'avais en fait jamais entendu parler),vit dans le Nord de l’Iran et a longtemps été opprimée par le pouvoir central. Le dessin de Mana Neyestani est perçu comme un outrage de trop, et le prétexte idéal pour déclencher des émeutes.



Mana Neyestani et son rédacteur en chef ont beau présenter des excuses, rien n’y fait. La situation s’envenime et prend une ampleur inattendue, en très peu de jours.



Même si je m'en doutais déja, le récit de Mana Neyestani nous démontre merveilleusement bien à quel point la vie peut basculer pour un détail insignfiant. Ce détail prend ici la forme d’un mot, et de sa mauvaise interprétation, qui vont complètement bouleverser la vie de l’auteur, le faisant passer d’artiste établi à exilé politique en passant par un séjour dans les geôles de son pays natal. metamorphose-iranienne-neyestani-L-UJ2d6t



Une métamorphose iranienne raconte donc de manière à la fois réaliste et allégorique (voir dessin à gauche) cette descente aux enfers, l’enfermement, l’accusation, la menace, l’absence de possibilité réelle de défense,la douleur... Puis la liberté retrouvée, mais constamment mise en péril et l’exil inévitable vers les Emirats Arabes Unis, d’abord, puis divers pays (Turquie, la Chine et la Malaisie), puis enfin la France, où il est accueilli,depuis un an, grâce au réseau international de villes refuges Ircon.



Cette BD vous transporte autant par l’incroyable histoire qu’elle raconte que par la puissance graphique qui la porte. Et le livre est aussi un réquisitoire féroce sur le système judiciaire iranien. La référence à Kafka, omniprésente n est pas anodine tant la mécanique répressive apparait totalement antiliibertaire et totalement absurde.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Petit manuel du parfait refugié politique

Ce n’est pas facile d’être un réfugié politique. C’est tout le sens de ce petit manuel qui nous montre l’envers du décor. On n’a pas envie d’être à leur place, c’est certain. Alors, un peu de compassion est toujours le bienvenu.



J’ai découvert récemment cet auteur iranien avec l’excellent L'Araignée de Mashhad qui m’avait fort bien étonnée. J’apprécie le trait graphique qui est simple et lisible. La clarté du propos m’a également assez séduit.



Des lecteurs risquent de mal prendre certaines réflexions de l’auteur sur notre système qui encourage les aides sociales favorisant l’intégration de ces nouveaux migrants. Il y a des spécialistes qui jouent sur le système afin de maximiser le profit. Dans un climat social tendu, c’est toujours difficile à entendre mais cela a le mérite de refléter la réalité aussi imparfaite soit elle.



Cela pourrait pousser à la réflexion sur comment améliorer notre système d’aide à la planète face aux dictatures qui sévissent dans le monde. Cependant, je ne crois pas vraiment en une politique nouvelle d’ouverture en la matière. Tout sera fait pour compliquer le parcours afin de décourager les demandeurs d’asile.
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L'araignée de Mashhad

Ce sont des titres comme celui-ci qui me font renouer avec le monde de la bande dessinée dans ce qu’elle possède de plus beau et de plus passionnant.



En effet, j‘ai trouvé le sujet fort intéressant car peu connu du grand public. Il faut savoir que dans l’Iran des Ayatollah, il y a également des meurtriers en séries mais qui ont leurs propres spécificités. Bref, un sérial-killer religieux. Cependant, celui-ci se considère comme un très bon père de famille qui fait le ménage à la place de l’Etat chiite pour se débarrasser des immondes prostitués qui inondent le trottoir de leur venin charnel. A l’écouter, il devient véritable héros à la nation, adulé par les commerçants de la place, vénéré par son fils et par son épouse. J’avoue avoir été bluffé du début jusqu’à la fin où l’on apprend la terrible vérité qui dépasse l’entendement.



Ce titre est mon coup de cœur du moment. Je m’aperçois qu’il n’y a pas que Marjane Satrapi comme auteur iranien et qu’il y en a un autre à savoir Mana Neyestani qui fait un véritable carton. Le dessin est beaucoup plus abouti sans compter le scénario qui est maîtrisé d’une main de maître. Cela me donne même envie de connaitre les autres œuvres de cet auteur qui est devenu un réfugié politique dans notre pays. On peut en comprendre aisément les causes en lisant par exemple l’araignée de Mashhad.



Le récit sera très fort et parfois assez poignant. Mais inutile d’ajouter que cela sera sidérant pour un lecteur occidental qui parviendra dès lors à mieux comprendre comment un Etat religieux peut bousculer les comportements et les consciences. Cela fait très peur sur ce qui nous attend si on approuve les entreprises de nettoyage qu’elles soient ethniques ou morales.



Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4.5/5 - Note Globale: 4.25/5
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Une métamorphose iranienne

Dans certains pays, il est dangereux d'être dessinateur de presse, même si c'est pour distraire les enfants. Le dessinateur iranien Mana Neyestani et sa femme en ont fait les frais. Cette bande-dessinée retrace la création du dessin qui créa sa perte et témoigne de ce qu'il a subit par la suite, de l'enfer carcéral à la difficulté d'émigrer dans un pays se revendiquant respectueux des droits humains.



Les dessins de Mana Neyestani sont d'un réalisme frappant. Tout en noir & blanc, l'ambiance est oppressante. On a beaucoup de peine en voyant cet homme, et ceux qui croisent sa route, balayé par l'injustice et le bon vouloir de personnes souvent malveillantes et corrompues. C'est un témoignage effrayant mais important pour comprendre les mécanismes d'un régime répressif et pour comprendre ce qui pousse les gens à fuir malgré les difficultés rencontrées pour émigrer.
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Une métamorphose iranienne

Dans cette bande dessinée, Mana Neyestani nous raconte comment sa vie a basculé suite à un dessin mal interprété qu'il a réalisé pour le supplément pour les enfants d'un hebdomadaire iranien. Il nous explique d'abord sa vie à la prison d'Evin, puis son départ d'Iran avec sa femme - une véritable fuite pour ne pas se retrouvé enfermé à nouveau - et son quotidien de clandestin en attente de visa.

Ce fut une lecture très intéressante, émouvante et agréable à regarder.
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Une métamorphose iranienne

L’histoire commence par trois fois rien, comme souvent dans les tragédies. Mana, un jeune illustrateur de presse iranien, publie innocemment un dessin à destination d’enfants. L’un des héros est un cafard. Ce qu’ignore Mana, c’est que la minorité azérie du pays va se sentir insulter par cette représentation. Un bon prétexte pour manifester contre le régime en place. Par la force des choses, Mana et son éditeur deviennent des boucs émissaires de choix. Direction la terrible prison d’Evin, célèbre pour briser toute opposition. S’ensuit alors le récit de l’internement des deux hommes, les interrogatoires sans fins, l’arbitraire de gardiens sadiques, le compagnonnage avec des escrocs de grands chemins, des toxicos camés au dernier degré… Au fil des pages se décline la vie quotidienne de cette population, ballotée entre crainte du lendemain et folie de l’enfermement. On voit alors comment l’autorité transforme ses citoyens en sous-hommes sans foi, ni loi.

Comment ne pas penser à Kafka, tant les situations nous apparaissent absurdes et surréalistes ? Mine de rien, Mana Neyestani nous invite ainsi à relire Rousseau, à méditer sur ce qui constitue la liberté de pensée, la liberté d’expression et les risques à vouloir être un homme libre dans une dictature. Servi par un dessin en noir et blanc très précis, hachuré, Neyestani se souvient de son passé de dessinateur politique pour croquer efficacement le portrait de ses tortionnaires. A d’autres moments, il joue avec sa technique pour exprimer plus poétiquement l’espoir d’un jour meilleur sans oublier d’y introduire un peu d’humour, oh combien politesse du désespoir dans ce cas précis.

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Une métamorphose iranienne

Tout ça parce qu’un jour, Mana Neyestani, a eu l’idée fâcheuse de dessiner un cafard avec un mot de trop...

Un dessin, et tout bascule. L'histoire commence donc comme ça.

Il s'en suit une métamorphose !

C'est à dire :

Un changement de forme, une modification, ou un changement complet d'apparence, une transformation...

Et le cafard, c'est le dénonciateur hypocrite, un mouchard, ou est-ce simplement l'animal, type blatte...

Une chose est sûr, l'expression « avoir le cafard », Mana Neyestani, je pense qu'il doit la connaître.

Et pourtant, il a fallu être fort pour ne pas passer outre, ne pas flancher...

Une lecture poignante, surprenante, d'un destin impensable, inimaginable.



Avec son trait d’illustrateur de presse épuré mais expressif, Mana Neyestani dans Une métamorphose iranienne, retrace toute cette terrible aventure récente. Il dénonce autant le régime iranien que l’opposition turque, et égratigne la France et le Canada. Un parcours de combattant difficile et délicat, sensible où des mots comme peur, faux espoirs, trahisons, calvaire, résonne encore à la fin de cette lecture-écriture.



A la fois lucide et profond, le regard porté par l'auteur, donne à réfléchir sur l'asile politique, sur l'accueil d'un dessin presse, sur les conditions en prison... et autant de problèmes collectifs.

Dans cette autobiographie, Mana Neyestani raconte d'une manière très crue et déchirante, ses propres ennuis dans son propre pays suite à ce dessin qualifié d'impropre. Mais par qui, et pourquoi ? Les réponses, Mana ne vas pas les trouver du fait surtout parce que les éléments lui sont contraires. La solution se trouve dans la fuite, l'auto-dérision et dans une croyance de liberté partagée avec sa femme.
Lien : http://alamagie-des-yeux-dol..
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Petit manuel du parfait refugié politique

Ce récit est exactement ce qu'en dit le titre, sous forme humoristique. Mana Neystani est un dessinateur de presse iranien venu s'exiler en France. Pour cela, le parcours est long: il lui faut d'abord obtenir le statut de réfugié. Pour cela, toutes les preuves sont bonnes, et plus il y en a, mieux c'est: témoignages de prison, photos de manifestations violentes circulant sur les réseaux sociaux, menaces... après de multiples allers-retours d'un bureau à l'autre, de longues heures d'attente auprès d'autres centaines de réfugiés et une vie précaire, lorsque le droit d'asile est accordé - s'il est accordé dès le premier tour, loin d'être évident et dans ce cas-là: rebelote, c'est reparti pour des mois et des mois de démarches - rien n'est gagné. Il faut à présent obtenir tous les papiers nécessaires à la vie en France.

Ce récit est une suite de noms et d'acronymes d'administrations, organisations et associations qui heureusement existent mais rendent les démarches très compliquées, d'autant plus quand on ne parle pas la langue et qu'on ne connait pas la culture administrative du pays.

Ces démarches apparaissent parfois en filigrane de certains films ou romans traitant de l'immigration mais jamais de manière aussi détaillées. Il m'est arrivé d'avoir un aperçu de ces difficultés par certains étudiants de mes cours de FLE (français langue étrangère) mais un aperçu seulement, suffisant pour prendre la mesure de la somme de compétences nécessaires pour s'en sortir (par rapport à moi qui comme d'autres personnages plus connus souffre de phobie administrative.. la bonne excuse).

Un petit livre intéressant, donc, allégé grâce à cet humour un brin sarcastique de Mana Neyestani et ses dessins caricaturaux, d'un monde parallèle que nous, citoyens français, ne vivons pas (je dis ça mais je ne suis même pas une citoyenne française...!).

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Trois heures

Nous retrouvons l'auteur iranien exilé Mana Neyestani (auteur de "L'araignée de Mashhad" et du « Petit manuel du parfait réfugié politique »).



Dans cet ouvrage, il raconte avec minutie son calvaire pour embarquer lors d'un vol pour le Canada afin de participer à un colloque sur sa dernière parution. Il n'y arrivera pas malgré toute la meilleure volonté du monde car il vivra tout un cauchemar durant trois heures du fait de son statut de réfugié politique.



Certains pourront se dire qu'il y a beaucoup plus grave dans la vie que de louper un vol mais ce n'est pas le propos. Il s'agit de dénoncer les difficultés que rencontrent les réfugiés même quand ils sont en règle pour voyager à travers le monde avec des papiers réguliers. Il y a toujours quelque chose qui cloche comme le système infoirmatique qui ne reconnaît pas les papiers officiels pourtant si difficilement obtenus.



Notre auteur exprime une certaine souffrance qu'il nous faut comprendre. Cependant, il s'autorise à une vanne un peu mal placée lorsqu'il se compare à l'une des tours jumelles du World Trade Center sur le point de s'écrouler comme pour simuler un malaise après être resté debout pendant trois heures. Je n'oublie pas que de pauvres gens sont morts dans cet abominable attentat et que cela n'est pas comparable à une attente forcée dans un hall d'aéroport. Certes, c'est désagréable mais tout de même...



Ceci dit, c'est un épisode autobiographique qui revêt la forme d'un témoignage contre une certaine forme d'injustice touchant les exilés venant des pays du Moyen-Orient. On sait que notre auteur a fuit la dictature iranienne après avoir été arrêté et emprisonné pendant trois mois. Ce n'est donc pas sans raison qu'il a pu gagner la France, le pays des libertés.

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L'araignée de Mashhad

Tiré d’extraits d’entretiens filmés, ce roman graphique en noir et blanc expose la rencontre d’une journaliste avec un tueur en série iranien au début des années 2000. Auto-investi d’une mission purificatrice, ce maçon, bon père de famille et vétéran de la guerre Iran-Irak, a étranglé froidement seize prostituées dans les rues de Mashhad, deuxième ville du pays et cité sainte du monde chiite. Mana Neyestani met en lumière les contradictions de la société iranienne, partagée entre horreur et adhésion pour ces crimes, dans une ville où l’Islam côtoie la misère, la prostitution et les drogues. Le trait hachuré de l’auteur retranscrit la froideur de ce tueur sans remord, tout autant que la gêne bien palpable de la journaliste. Un témoignage intéressant livré par cet auteur iranien.
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Une métamorphose iranienne

Une métamorphose Iranienne est une BD autobiographique de Mana Neyestani qui raconte comment du jour au lendemain, sa vie a basculée et même plus précisément, sa descente aux enfers.

Suite à un dessin qu’il juge anodin, il doit affronter la colère des azeris, une communauté turque qui vit en Iran et depuis longtemps brimée par l’état iranien. Pour calmer les esprits, il faut un coupable, ce sera le dessinateur et pour ce dessin, il ira directement en prison.

Ce récit montre toute l’absurdité qui naît de cette malheureuse illustration et les conséquences fâcheuses qui en découlent. Mana décrit bien le régime totalitaire dans lequel il vit ainsi que la complexité de la situation.

Suite à son arrestation, il va vivre les humiliations, tortures morales et autres interrogatoires qui ne cesseront de le tourmenter. On plonge comme lui, sans crier gare, dans la violence et la dureté de l’univers carcéral qui ne lui laisseront aucun repos, même une fois dehors.

Servi par des dessins sublimes, cette BD offre une lumière claire et précise sur ce qu’est la situation en Iran. Loin d’être un état libertaire, on découvre à quel point il est difficile de s’exprimer sans subir les foudres d’un gouvernement ultra-totalitaire. Une fois pris dans cet engrenage, on se rend compte qu’il est impossible d’effectuer un retour en arrière et que le pire est toujours à venir.

Cette bande dessinée est un vibrant témoignage sur la liberté, qu’elle soit d’expression ou non, qui dénonce l’absurdité d’un système politique. On ne peut qu’admirer le courage de Mana, dont la situation semble toute droit sortie d’un roman. Pourtant il n’en est rien et cela rend cette histoire encore plus puissante.

A lire pour ne pas oublier que les libertés de chacun sont très loin de se trouver sur un pied d’égalité, encore aujourd’hui au XXI° siècle… A découvrir absolument!
Lien : http://lalydo.com/2013/09/un..
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Une métamorphose iranienne

Voici le récit autobiographique des mésaventures de Mana Neyestani. Ou comment un simple dessin va faire basculer son destin.

Après quelques expériences dans des journaux réformateurs, le dessinateur tient la rubrique jeunesse d'un journal iranien. En 2006, il décide de mettre en scène son personnage fétiche avec un cafard. Mais par maladresse ou simple ignorance, il laisse échapper un mot fatal de la bouche de ce dernier… un mot issu de la langue azéri. Les Azéris sont une communauté d'origine turque, vivant dans le Nord-Ouest du pays. Et il ne faut pas plus que ce dessin, amplifié, reproduit (et manipulé ?), pour réveiller les conflits ethniques et embraser cette région. C'est la spirale infernale pour l'auteur et son rédacteur en chef.

Mana Neyestani nous fait découvrir les prisons iraniennes, leurs habitants et le sinistre système juridique du pays. C'est aussi le partage d'une expérience intime, traumatisante. le trait hachuré noir et blanc dont le style rappelle le dessin de presse est bien adapté au sujet. le récit est captivant. La mise en scène joue parfois avec les codes de la BD ou du cinéma pour révéler l'horreur et les tourments de l'enfermement, de l'attente, et de l'exil.
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L'araignée de Mashhad

Cette bande dessinée se base sur un documentaire que le journaliste irano-canadien Maziar Bahari a réalisé à partir d'entretiens filmés de Saïd Hanaï, surnommé « le tueur araignée », emprisonné et condamné à la pendaison pour l'assassinat de dix-sept prostituées dans la ville sainte de Mashhad, en Iran, entre 2000 et 2001. Outre les personnages principaux – l'assassin et la journaliste Roya Karimi qui l'interviewe –, le récit convoque plusieurs personnages secondaires très intéressants : le juge (qui est un imam, calligraphe à ses heures), l'épouse et le fils de Hanaï, la première prostituée assassinée et son mari opiomane, et enfin, par ses dessins naïfs et colorés, une enfant de huit ans, la fille de la dernière victime de « l'araignée ». En retrait, mais non moins importante, se situe la vox populi, représentée par les passants, hommes et femmes, qui expriment leur opinion sur les crimes, le criminel et la justice.

Ce qui est frappant, ce sont justement ces opinions. Si Saïd Hanaï, non repenti, exprime le point de vue de l'homme pieux qui n'a fait qu'accomplir son devoir religieux, et la journaliste Karimi, la femme émancipée de Téhéran, sans doute une dissidente, exprime celui dans lequel le lecteur occidental peut se reconnaître, toutes les autres opinions, même de condamnation du tueur en série, sont littéralement incommensurables avec nos propres (para)mètres.

L'on peut donc sortir de la lecture avec une saine réflexion sur le relativisme éthique, dans sa forme la plus radicale, c-à-d. celle où justement les paramètres du jugement du bien et du mal ne sont pas comparables avec les nôtres. (Ce qui ne correspond pas, naturellement, au relativisme épistémologique...)



Du point de vue graphique, hormis le chapitre qui se compose des dessins de la petite fille, les planches sont toutes tracées à l'encre noir, d'un trait fin, dont les lignes parallèles et croisées donnent le relief, la courbure et les ombres. Elles reproduisent les plans cinématographiques, avec quelques subtilités très remarquables comme les flash-back et les scènes oniriques (de l'assassin et du fils), sans pour autant avoir une ambition de réalisme. Les trois dernières pages de l'album, avec une grande intelligence, offrent une chute ouverte sur le pessimisme ou l'optimisme... au gré de la sensibilité du lecteur.
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L'araignée de Mashhad

Saïd Hanaï était un maçon, père de famille et mari attentionné. Il vivait à Mashhad (la ville est considérée comme une ville sainte, elle se situe dans l’Est de l’Iran). Saïd Hanaï était musulman, croyant et fervent pratiquant. Musulman, croyant, Saïd Hanaï s’était donné pour mission de nettoyer Mashhad de la débauche. Entre août 2000 et août 2001, il a tué 16 prostituées. En août 2001, il s’en prend à une dix-septième prostituée mais c’est l’acte de trop. Il est arrêté et emprisonné. Surnommé « le tueur araignée », il croupira en prison jusqu’à son exécution en avril 2002.



Durant son incarcération, deux journalistes, Mazia Bahari et Roya Karimi, sont allés l’interviewer. Ils ont filmé cette rencontre. C’est en regardant ce documentaire que Mana Neyestani a eu envie d’adapter ce parcours atypique en bande dessinée et d’y mêler faits réels et fiction. En introduction, l’auteur précise d’ailleurs : « Ce livre résulte de la combinaison entre le documentaire de Mazia Bahari et mon propre imaginaire. Je n’ai pas tenu à être fidèle point par point à la réalité des faits, mais plutôt à m’inspirer de l’esprit des événements décrits ».



Ce qui marque en premier lieu, c’est la vie très ordinaire du tueur en série. Une enfance banale jusqu’à ce qu’il parte à la guerre dans les années 1980 (guerre Iran-Irak). On saisit vite que le conflit l’a traumatisé. Puis, il retourne à la vie civile, trouve du travail et se marie. Le Coran lui montre la voie à suivre, les règles à respecter ; la religion rythme sa vie. En fidèle croyant, il connaît les textes sacrés par cœur mais applique sa propre vision de la charia.



Mana Neyestani s’était fait connaître en France avec son excellent témoignage autobiographique « Une métamorphose iranienne ». On retrouve ici son style. Le propos va à l’essentiel et montre sans jugement toutes les contradictions d’une société prise à son propre piège et ballotée entre les traditions, la religion et la démocratisation.



Le journaliste iranien nous permet d’avoir plusieurs points de vue sur cet événement. Les entretiens avec le meurtrier sont le cœur du récit mais l’auteur l’enrichit du point de vue d’une victime, du juge en charge de l’affaire, de l’opinion publique. Des extraits de la rencontre avec la femme et le fils sont également de la partie.



Graphiquement, c’est tout aussi pertinent. Les dessins n’agressent à aucun moment et les jeux de hachures construisent une narration visuelle très fluide. L’ambiance graphique est sereine, presque posée. Elle donne un côté intimiste au reportage. Pas de tensions, pas de suspense mais une observation à la fois objective et empathique.



La personnalité du tueur est à la fois fascinante et terrifiante. Jamais il ne s’excusera pour les meurtres commis, convaincu d’être dans son bon droit et d’appliquer la justice divine.
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Une métamorphose iranienne

Mana Neyestani raconte comment il a du fuir son pays, sa famille, pour un dessin. A cause de l'interprétation qui en est fait par les lecteurs, le régime politique. Après des mois de prison et d'interrogatoires, il réussit à obtenir un visa pour la Chine pour lui et sa femme. Ils veulent s'envoler vers l'Angleterre grâce à un passeur. Mais ce n'est pas si simple. Un véritable parcours du combattant s'engage pour trouver les contacts auprès des ambassades ou autres soutiens.

Un récit poignant, d'autant plus qu'il est autobiographique. Le courage et l’opiniâtreté de l'auteur sont remarquables. La façon dont il le raconte l'est tout autant.

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