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Critiques de Manuel Rivas (38)
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Tout est silence

Tout est silence est un roman écrit en galicien par l’auteur espagnol Manuel Rivas, très connu pour avoir promu la littérature galicienne. Ici, il raconte d’histoire d’une petit village, Noitia en Galice, nord-ouest de l’Espagne, sous l’emprise de Mariscal, le patron de l’économie contrebande du village.



Dans l’intrigue, ils commencent avec l’histoire de trois jeunes, Fins, Leda et Brinco – qui sont adolescents et l’histoire son trajet de grandir. Leda et Brinco suit le patron du village Mariscal et en revanche, Fins devient policier. L’histoire raconte le changement de leur vie, et également de l’économie du village, avec la mondialisation, y compris l’activités de contrebande.



La description du paysage galicien par l’auteur était bonne. Avec un peu d’aide de la photo de la couverture choisi par la maison d’édition, je suis bien arrivé à visualiser Noitia et même les autres villages et villes dans sa route, comme La Corogne, les montagnes et la mer. L’écrivain a aussi utilisé beaucoup d’allusions latines, grecques, françaises et également à des contes galiciens qui a ajouté un aspect poétique de son écriture.



Malgré la belle écriture et un voyage en Galice par ses mots, ce n’est pas assez souvent que je lis 295 pages et je ne comprends rien ce que l’aut.eur.ice a voulu dire. Ici, Manuel Rivas a parlé d’un village galicien, introduit beaucoup de personnages tout au début, sans me donner beaucoup de temps pour comprendre la situation de chacun et chacune. En revanche, le résumé écrit par la maison d’édition est incroyable, qui m’a immédiatement attiré vers le livre, parce que c’est une histoire assez intéressante ou il y en a trois adolescent.e.s en précarité dans un village qui a presque une seule option pour gagner sa vie ; cependant, elle et ils ont choisi un chemin très différent.



On connait que Fins est un policier mais durant l’intrigue, je n’ai le jamais vu en posant des questions ou faire une enquête, il a pris quelques photos qui n’a eu aucun impact sur l’histoire. Même si le résumé m’a donné l’impression que Fins, Leda et Brinco sont des personnages principaux, on n’a vu que Mariscal partout.



Dans un roman, chaque aut.eur.ice crée un monde et a but pour attirer ses lect.eur.ice.s dedans. Mais avec cette intrigue, Manuel Rivas a laissé la porte verrouillée et je n’ai pu jamais entrer. J’aimerais bien donner un bénéfice de doute à cause d’une mauvaise traduction mais vu que je n’ai eu presque rien de positive à raconter, c’est vraiment difficile pour moi de garder ce bénéfice de doute.



Alors, pour conclure, c’était une lecture pénible, qui a quand même eu une belle écriture sans une intrigue. Je donnerai le livre une note de 2 sur 5.
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La langue des papillons et autres nouvelles

Peu sensible aux nouvelles de manière général, j’ai ouvert ce recueil surtout pour le texte qui lui a donné son titre : La langue des papillons.

C’est en effet l’un des textes les plus connus de l’auteur galicien, qui a fait l’objet d’une adaptation cinéma par Jose Luis Cuerda sur une BO d’Alejandro Amenabar.

Et effectivement, c’est un texte fort. En quelques pages seulement, toute la tragédie du Franquisme est dite.

L’histoire est celle d’un petit garçon qui tisse une relation forte et sincère avec son instituteur, autour de leur amour commun pour les sciences naturelles, la nature et ses trésors, l’émerveillement qu’ils ont du vivant. Quand les armées franquistes arrivent au village pour rafler les dissidents, le professeur part menotté sous les crachats et les insultes. Seul un petit garçon lui est resté fidèle.

Malgré le bouleversant final de ce court récit, le professeur ne part pas vaincu, car dans sa relation avec ses élèves il a semé une graine, un espoir : celui de la curiosité intellectuelle, de l’envie d’apprendre des autres, de la vie, des livres, qui est le meilleur rempart contre les dictatures.



Les autres textes m’ont moins remué, mais la langue de Rivas est belle et mérite le détour pour le lecteur-voyageur partit à la découverte de la Galice, ce pays rural de marins, de musiciens et de poètes.
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Le Crayon du charpentier

1936. En Galice, dans les geôles franquistes, le garde civil Herbal ramasse le crayon d’un peintre, exécuté ce soir là avec ses camarades prisonniers politiques. Il installe nonchalamment le crayon de bois sur son oreille, comme le faisait son oncle charpentier. Seulement, il ne se doute pas que la voix du peintre, sa victime, chuchotera désormais à son oreille chaque fois qu’il y posera le crayon… Et celui-ci lui ordonne de tout faire pour garder en vie un autre prisonnier, le docteur Da Barca.

Grâce au crayon de charpentier (qui est peut-être en fait la voix de sa conscience), Herbal se fera l’instigateur d’une histoire d’amour passionnée entre le docteur et la belle Marisa Mallo.



Cette histoire, qui est aussi celle de ma famille, m’a particulièrement touchée. Car on connaît peu finalement le climat de terreur qui régnait sous Franco; On assassinait en place publique les artistes et les poètes républicains mais également les notables, (et notamment les médecins qui soignaient sans discrimination) pour l’exemple.

On connaît peu également les ravages de la tuberculose que les prisonniers contractaient en prison, et les « sanatoriums de la mort », où l’ont envoyait les mourrants.

Comme on connaît assez mal le sentiment de déchirement de ceux qui se sont battus contre leur propre patrie.



La construction est assez décousue et déconcertante au début du livre. Pourtant, j’ai été assez vite happé par la très belle plume de Manuel Rivas.

Dans cette Galice rurale noyée de brume, la beauté est omniprésente, dans ses paysages, dans sa littérature, dans son art.

Un roman très fort et d’une infinie poésie qui m’a pas mal remué.
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Ella, maldita alma

Oeuvre courte (126 pages) de 13 nouvelles.



J’ai connu cet auteur Gallicien (Gallicia) grâce à « ¿Qué me quieres amor? » (la langue des papillons), un chef d’oeuvre.



Le titre fait surtout référence, à mon avis, à l’âme de certaine photos. Chacune des petites nouvelles de ce livre sont à prendre comme des monceaux d’âmes.
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La langue des papillons et autres nouvelles

Excellent recueil qui, selon moi, ne tombe pas dans la nostalgie niaise de la période "entre guerre" pré Franco. Manuel Rivas a réussi avec génie à illustrer de multiples facettes de l'humain tout en les plaçant dans une période qui lui tenait à cœur : La Galice dans les années 1920-1930
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Vivir sen permiso e outras historias de Oeste

La série policière Vivir sin permiso m'a menée jusqu'à Vivir sen permiso e outras historias de Oeste (Vivir sin permiso y otras historias de Oeste pour la traduction espagnole) de Manuel Rivas, trois histoires ancrées en Galice, terre où la « Fariña », la cocaïne, a métamorphosé la région entière.

Ces courts récits, noirs et bien serrés, «O medo dos ourizos», «Vivir sen permiso» et « Sagrado mar », montrent l'impact du trafic de drogue sur la vie quotidienne des Galiciens, toutes classes sociales confondues, via les répercussions provoquées par un afflux d'argent sale dans les rouages de la société.

Dans le premier récit, «O medo dos ourizos», (ou le dilemme du hérisson, évoqué dans Suppléments et omissions d'Arthur Schopenhauer) des jeunes marins aux vies précaires trouvent des ballots de cocaïne en mer. Hélas cette découverte fortuite ne sera pas sans conséquence.

«Vivir sen permiso», la nouvelle la plus connue, puisqu'elle a été développée et adaptée en série à succès, a pour personnage central Nemo Bandeira, un riche homme d'affaire qui perd la mémoire, oubliant son passé peu glorieux de trafiquant devenu cacique avec respectabilité de façade.

“Sagrado mar” est une tranche de vie dans une prison (avec accents dostoievskiens si je puis m'exprimer ainsi) et un appel à l'insoumission pour retrouver une liberté foulée aux pieds par les institutions.



Manuel Rivas créé une géographie imaginaire, un Oeste très galicien, dans laquelle il utilise le trafic de drogue comme métaphore d'un pouvoir corrompu qui broie les individus, altère tout ce qu'il touche, et contre lequel la seule issue est la désobéissance civile. Le parallèle établi par l'auteur entre narcos et hommes de pouvoir (toutes activités concernées) est sans appel, renforcé par le choix du romancier d'ancrer ses récits dans des espaces imaginaires qui donne à ce recueil une portée universelle.

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L'Eclat dans l'Abîme. Mémoires d'un autodafé

Les pages s’envolent et les mots colportent des bribes d’histoire dont s’empare l’écrivain, qui refuse l’oubli.
Lien : https://www.telerama.fr/livr..
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Le Crayon du charpentier

Un roman des années 2000 dont je ne connaissais pas du tout l’auteur. Manuel Rivas écrit en galicien, est traduit parfois en breton, solidarité des langues celtiques, se traduit lui-même en castillan et, est, plus rarement, traduit en français. Original, non ?



Ce roman raconte la guerre civile espagnole, cette guerre qui a laissé tant de traces et qui s’estompe dans les mémoires car les combattants des deux côtés disparaissent. Mes premières lectures « engagés » parlaient de cette guerre et un de mes chanteurs préférés étaient Paco Ibanez, cette chanson résume bien l’esprit de ce roman.En effet « Le crayon du charpentier », choisit une façon délicate et poétique de raconter l’horreur et la brutalité et ça fonctionne très bien. Un garde civil, Herbal, assassine un peintre dans sa cellule, celui-ci lui donne son crayon de charpentier, à partir de là cet homme va vivre avec une voix intérieure qui lui intime l’ordre de sauver le docteur Da Barca et de lui permettre de vivre une superbe histoire d’amour avec la belle Marisa Mallo. Grâce à cette histoire, nous allons rencontrer des hommes étonnants qui auraient pu dessiner une toute autre histoire à l’Espagne si seulement ils ne s’étaient pas détestés entre eux, et puis au milieu des plus grandes ordures au service du régime franquiste, cette superbe figure de la mère Izarne qui dirigeait le sanatorium réservé aux prisonniers tuberculeux. Tout le roman se situe entre réalité et le rêve, un peu à l’image de toute vie surtout quand la réalité se fracasse sur une dictature implacable et qui refuse à tout rêve de se réaliser. En suivant le cheminement d’Herbal, l’auteur veut donner une chance au pire des tueurs à la solde de Franco de prendre conscience de ce qu’il a fait et de se racheter.



L’art , la peinture, la poésie prendront une grande part aux déchirements intimes de ce garde civil qui réussira à sauver ce merveilleux docteur Da Barca qui a passé sa vie à faire le bien autour de lui, même si ce garde civil franquiste convaincu n’a pas pu sauver le peintre qui vient lui rendre visite si régulièrement depuis qu’il l’a certes assassiné mais pour lui éviter une mort sous la torture par ses amis plus franquistes ou tout simplement plus cruels que lui. Aujourd’hui, il termine sa vie dans un bordel, mais n’a pas perdu sa conscience (le crayon du charpentier), son message d’espoir, il le transmet à une jeune prostituée qui trouvera, peut-être, elle aussi sa voix intérieure qui la conduira vers un avenir où la beauté permet de combattre la laideur.
Lien : http://luocine.fr/?p=9391
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Le Crayon du charpentier

Le roman se passe en 1936, dans une prison galicienne, peu de temps après le coup d'état franquiste. Herbal, garde civil, abat un jeune peintre anarchiste, et ramasse son crayon. Dès qu'il posera ce crayon sur l'oreille, il sera, sans le vouloir, en communication avec ce peintre assassiné. Cette voix lui dira notamment de faciliter l'amour entre un médecin et une belle fille.

Le sujet est traité avec originalité. Cependant, je suis très mitigée par le style d'écriture. L'auteur s'éparpille trop, et passe trop du coq à l'âne.
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Tout est silence

Avec "Tout est silence" Manuel Rivas offre à nouveau, à ses lecteurs, un grand roman. Il dénonce moins que dans les autres, notamment dans " L'éclat dans l'abîme "où "La langue des papillons", la dictature franquiste, mais il montre qu'elle a noyauté pour longtemps une partie de la population espagnole, d'anciens nervis de la police de Franco se retrouvant à tenir les rênes des trafics. Dans le village de Noitià, 3 adolescents, Fins, Brinco, et Leda cachent dans une ancienne école, les trésors qui tombent des bateaux au large des côtes de Galice, et qu'ils trouvent sur les plages. Le jour où ils découvrent un stock de whisky que des contrebandiers ont caché là, ils font connaissance avec Mariscal, le parrain de la région. Devenus adultes, Brinco et Leda vont s'associer à lui, et vivre richement du fruit des trafics de tabacs et de cocaïne, installés derrière des façades de respectabilité. Fins à l'inverse, inspecteur de police judiciaire va les traquer et démanteler les réseaux. Les contrebandiers "artisans" sur de vieilles barques sont devenus de dangereux mafieux sur des vedettes rapides dont Brinco est un des meilleurs pilotes, ils n'hésitent pas à éliminer leurs ennemis, pour garder leur suprématie. Le livre montre bien les processus de blanchiment de l'argent du crime, de la corruption, ainsi que la position sociale que les truands réussissent à acquérir par le biais des sociétés écrans qu'ils mettent en place, au point de vouloir se présenter aux élections, où diriger le club de football local. Ce livre se lit comme un polar mais avec les envolées poétiques de Manuel Rivas, avec de belles pages de réflexion sur la société, sur les banques, sur la crise, sur la place de Dieu et sur les décombres de la dictature. Ce sont des milieux ou la langue ne sert pas à parler, mais à se taire, des milieux ou " Tout est silence ".
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La langue des papillons et autres nouvelles

Manuel Rivas, nous offre un recueil de dix-neuf nouvelles, pleines de poésie, pour nous décrire merveilleusement sa région natale, la Galice. Cette Bretagne d'Espagne, peuplée de paysans, de pêcheurs, qui luttent dur contre la misère, la rudesse de cette province balayée par les intempéries. Il nous montre avec délicatesse, sensibilité, leur existence, ainsi que leur combat. Les titres ne révèlent rien de ce que l'auteur nous dévoile dans le cours de chaque texte. Ainsi, dans " Un million de vaches ", une vieille femme qui a raté son autobus pour VIGO alors qu'elle se rend chez son médecin, prise en charge par le narrateur, entend une information, à la radio de la voiture, sur la présence en Galice d'un million de vache, c'est le point de départ d'une conversation dans laquelle elle confie, les difficultés pour une provinciale âgée de vivre chez ses enfants, dans la capitale, dans un immeuble. Tout est positif, MADRID est une ville merveilleuse, sa belle-fille est un bijou, son fils est un bon fils, l'appartement est bien conçu, mais elle n'a pas résisté à l'indifférence qui règne entre voisins, elle n'a pas supporté les pleurs d'un enfant dans l'appartement au-dessus de sa chambre, elle n'a pas accepté qu'on lui dise " Que cela ne la regarde pas ". Le texte se termine sur une note d'amour, car en réalité, la femme ne va pas chez son médecin mais elle va rejoindre son fiancée dans un bal du troisième age. Dans la nouvelle, " La flûte de pain " Manuel RIVAS nous montre avec poésie, simplicité, douceur, mais quelle force, jusqu'où la famine peut pousser un enfant, qui dévore en chemin le pain de ses frères, mais également, quel sommet, atteint l'amour d'une mère qui lui pardonne son geste. La description des bouchées de pain après une longue privation est éblouissante, qui déclenche un déferlement de saveurs, l'envol des oiseaux, le carillon joyeux des cloches. Dans, " La laitière de VERMEER ", pour nous décrire l'amour et le respect qu'il éprouve pour sa mère, qui était laitière, l'auteur décrit le merveilleux et célèbre tableau de Johannes VERMEER de DELFT. Dans " la langue des papillons ", par la poésie de ses descriptions, par les images subtiles qu'il utilise, Manuel RIVAS, nous entraîne au sommet de la beauté de la nature, au plus haut de l'amitié, il nous montre l'émerveillement de l'éducation, le respect qu'un enfant peut éprouvé pour son maître, pour mieux, mettre en évidence, ensuite, la lâcheté des hommes, de tout un village, ou moment ou s'installe la dictature et la peur, à travers laquelle la fidélité de l'enfant fait figure de résistance. Dans tous les textes de Manuel RIVAS, la vie est montrée, avec ses joies et ses peines, jamais de manière misérable, toujours avec force et poésie. Après la lecture de ce livre, on est pris par l'envie de lire tout ce que Manuel RIVAS a écrit, ou écrira. Si l'on a eu l'occasion d'assister, comme ce fût mon cas, à une rencontre avec cet auteur, notre envie est décuplée, il y a de la poésie jusqu'en dans ses réponses, Merci, à ceux qui nous font connaître ces auteurs. en l'occurrence la médiathèque de La Rochelle)
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L'Eclat dans l'Abîme. Mémoires d'un autodafé

Dans ce gros roman, Manuel Rivas, nous montre ce qui arrive aux livres lorsqu'un régime fasciste s'installe dans un pays et organise des autodafés. Il lui permet également d'exprimer toutes les facettes de son talent d'écrivain, la poésie, l'engagement, la belle écriture, et l'art de la narration. En août 1936, des livres sont brûlés à la Corogne en Galice, par des militants de la phalange. Les livres brûlent mal, des pages s'envolent, l'ex-libris de la bibliothèque du leader républicain Casarés Quiroga père de l'actrice, Maria Casarès apparaît sur la page de garde d'un livre qui se consume. Manuel Rivas nous racontent les histoires de ces fragments de papiers, mais également celui des personnages qui assistent à ces autodafés, à la fois ceux qui les allument, ceux dont les livres brûlent, ceux qui combattent la dictature qui se met en place. Un foisonnement de personnages, l'alternance entre des chapitres graves et d'autres plus légers, qui pour certains sont conçus comme des nouvelles, de belles descriptions de livres rares et de merveilleuses bibliothèques, mais aussi de la Galice, et des luttes qui s'y déroulent . Dans le roman, L'éclat dans l'abîme, (formidable titre), est un centre d'études sociales dans lequel se retrouvent ceux qui luttent contre la dictature.
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En sauvage compagnie

En sauvage compagnie, Manuel Rivas, roman, 1994, traduction de Dominique Jaccottet



Je ne sais pas si ce livre est véritablement un roman. L'auteur parle de légende contemporaine. Moi, je suis bien en peine de le définir, En sauvage compagnie tient du conte, en tout cas, c'est un récit narré par un corbeau-poète au roi de Galice, corbeau qui est une réincarnation d'un habitant d'Aran, village proche de La Corogne. Le roi de Galice qui est le dernier , vole, corbeau blanc, avec ses trois cents guerriers -troubadours. Il veille sur le village et ses habitants d'aujourd'hui. Ils volent Contre le vent.

Le récit mêle passé et présent, morts et vivants, dureté et tendresse, langage parlé et poésie, réalité et rêve, la mer et la ville, Aran et le monde. Les morts se sont réincarnés en animaux, et parlent, pensent, et ressentent. Et comparent: Pas une seule bête ne serait prête à se couvrir de cochonneries pour une paire d'oeufs. Nous oui. C'est en cela que nous sommes humains, philosopha Don Xil. Il s'agit d'oeufs de huppe dont le nid est goudronné d'excréments. Le paysage vit aussi: Et l'esprit de l'automne rôdait dans les chemins, cabriolait sur les sentiers, courait en criant dans les défilés, secouait à pleins bras les pommiers, frappait aux portes, sifflait sous les vantaux, et agitait les bannières du séchoir ...

Le personnage principal vivant est Rosa, épouse et mère, qui vit avec un mari brutal et alcoolique, et incapable de lui dire qu'il l'aime: "Et lorsque Cholo vit Rosa apparaître au haut de l'escalier, il allait dire Que tu es belle, en vérité, il pensa C'est vrai qu'elle est excitante, mais il dit Ca fait une heure que je t'attends, j'allais partir sans toi. Alors elle connaît une douce période avec un camarade d'enfance, Spiderman, qui fut laveur de vitres aux Etats-Unis, et qui lui parle avec tendresse, peint sa maison en blanc et bleu, plante des fleurs, joue avec les enfants, et soigne une renarde salement blessée. Petite, elle voulait s'enfuir avec le rossignol Joselito, impliqué dans des trafics de drogue aujourd'hui. Son frère est muet, à l'esprit endormi, et chevauche un cheval blanc qui parle. Lui aussi connaît une histoire d'amour avec Beatriz, tout un programme, qui se conduit avec lui comme une dame avec son chevalier, et qui s'en va sans lui dire adieu. Avec cette histoire, on baigne avec bonheur dans le merveilleux. C'est "comme respirer la brume d'une mer antique". La châtelaine du village, très âgée, est une sorte de mère pour elle, elle lui parle de ses hommes, trois comme Liz Taylor, non? ou Marylin Monroe, lui lègue ses bijoux avant de mourir; personnage de conte, elle mène paître ses brebis qui vont mourir autour d'elle.

Les personnages principaux morts sont des animaux, avatars de défunts habitants du lieu, Don Xil, le curé devenu rat, qui apprit à Rosa que celles qu'elles croyait saintes, ces figures de femmes très belles sur les murs de l'église, sont des pécheresses, et Toïmil, le corbeau, antérieurement protonotaire, "aussi droit qu'élégant", du roi de Galice.

L'auteur signale que la légende contemporaine véhicule un sentiment d'abandon, quelque chose de terriblement actuel. Rosa n'est pas une épouse heureuse, Simon meurt à la quête de son aimée, la châtelaine meurt seule, Toïmil est amoureux de Rosa. Cependant, dans l'enchantement, les corbeaux écoutent et rapportent leurs histoires. La mer recueille Simon. C'est en cela peut-être qu'on parle de la littérature de combat, comme on le dit du taureau, de Rivas engagé auprès des humbles. De plus, Mario Benedetti disait qu'il était difficile d'écrire un conte, ici Rivas, qui plus est, l'insère dans la modernité.

Ce livre, dont le titre provient d'un poème d'Eduardo Pontal, dont un extrait est placé en exergue, est irrigué de poésie. Il n'est pas facile d'accès, mais il emporte par son regard porté sur les gens- Elle chantait des chansons, de ces chansons qui mettent la mer dans la radio la nuit- le naturel avec lequel la vie quotidienne est rendue -Et vous, vous croyez en Dieu? _Tranquillement, dit Mohamed- la noblesse des personnages, et son écriture "pleine d'oiseaux" comme il est dit de la tête d'un personnage dont "on ne savait pas bien ce qu'il inventait et ce qu'il n'inventait pas".





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Le Crayon du charpentier

Très bon livre sur l'histoire d'un garde civil géolier d'un républicain espagnol medecin dont il a été le garde entre la fin de la guerre d'Espagne et le début des années 40. De l'histoire d'amour de ce médecin et du meutre d'un peintre commis par le garde civil dont il conserve le crayon de charpentier et ce lien lui permet de dialoguer avec l'esprit du peintre.

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Le Crayon du charpentier

Un chef d’œuvre. Un livre poignant sur les représailles et les conditions de détention des rouges-communistes- et des républicains emprisonnés par les fascistes. L'histoire prend ses racines en Galice, au Nord-est de l'Espagne, elle lie deux personnages que nous suivront : le docteur Da Barca et le militaire Herbal.

Le récit commence par le présent des protagonistes en Espagne, bien après la guerre civile et après la mort du général Franco. Herbal raconte ensuite dans l'ordre chronologique, sans digression, les événements du passé, son histoire à Maria de Visitação "qui avait débarqué depuis peu de temps d'une île de l'Atlantique africain. Elle n'avait pas de papiers. On l'avait en quelque sorte vendue à Manila. [...] Elle se disait qu'elle était trop au nord. Et qu'au-dessus de Fronteira commençait un paysage de brouillard, de tempêtes et de neige." Herbal est devenu une sorte de gardien dans un club.
Lien : http://poesiedesmots.over-bl..
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Le Crayon du charpentier

Le crayon du charpentier, celui qui a servi à un jeune peintre anarchiste fusillé par Herbal, sur l'ordre de ses supérieurs, va devenir pour celui-ci la voix de la conscience. Horreurs, cruauté, injustices, haine mais aussi amour et humour dans ce roman qui approche l'histoire de l'Espagne fasciste. Un récit fascinant.
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La langue des papillons et autres nouvelles

J'ai passé un bon moment avec ce recueil de nouvelles de Manuel Rivas. Toutes les nouvelles ne sont pas de même qualité, il y en a certaines qui sortent nettement du lot comme La langue des papillons qui est vraiment magnifique.

"La langue d'un papillon ressemble à une trompe enroulée comme le ressort d'une montre. Lorsqu'il est attiré par une fleur, le papillon la déroule et l'introduit dans le calice pour aspirer le pollen. Quand vous plongez le doigt humide dans un sucrier, vous sentez un goût sucré dans votre bouche, n'est-ce pas, comme si le bout du doigt était le bout de la langue ? Eh bien, la langue des papillons, c'est pareil."



C'est un voyage au cœur de l'Espagne que nous offre l'auteur avec ces nouvelles, toutes magnifiquement écrites.

"Pendant deux heures, le soir, je suivais les cours de musique de don Luis Braxe, dans la rue de Santo Andrés. Le maître était pianiste, il gagnait sa vie en jouant la nuit dans une boîte de variétés, et aussi comme ça, avec des apprentis. Il consacrait une heure au solfège et l'autre heure à l'instrument. La première fois il m'a dit : "Prends-le comme ça, fermement et avec tendresse, comme si c’était une fille." Je ne sais pas s'il l'a fait exprès, mais ce fut la leçon la plus importante de ma vie. La musique devait avoir un visage de femme que l'on veut séduire. Je fermais les yeux pour l'imaginer, pour pouvoir donner une couleur à ses cheveux et à ses yeux, mais je savais que tant que ne sortiraient de mon sax que de braiments d’âne, cette fille n'existerait pas."



Bref c'est une chouette découverte et j'ai passé un bon moment. Il me reste plus maintenant que de visionner l’adaptation sur grand écran de La langue des papillons.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Le Crayon du charpentier

La guerre d’Espagne est finie depuis bien longtemps, Sousa, le journaliste rencontre le Docteur Da Barca afin de recueillir les mémoire du vieil homme. Il était un rouge indomptable, il a été condamné à mort , puis gracié mais est resté longtemps emprisonné : « Avec tout le temps qu’il avait passé comme dirigeant républicain et avec tout le temps qu’il avait croupi en prison, Da Barca était devenu une véritable archive vivante. Il avait tout dans la tête. Ses textes contenaient des témoignages décrivant la répression en prison… »



Une guerre, bien moins présente dans la littérature que les deux guerres mondiales. Et pourtant également à notre porte.

Trois personnages principaux mêlent leurs voix, le docteur, prisonnier politique, puis Herbal, jeune phalangiste gardien de prison. Il sera l’un de ces « Paseadores » : ces « promeneurs » franquistes qui organisent pour les prisonniers des promenades sinistres une fois la nuit tombée, promenades dont ces derniers ne reviennent pas, promenades qui cachent des exécutions sommaires souvent précédées de tortures. Au cours de l’une d’elle, Herbal tire une balle dans la tête d’un peintre, et conserve sur lui le gros crayon rouge qu’il utilisait, ancienne propriété d’un autre prisonnier également exécuté, un charpentier.

Ce peintre dessinait de tête le porche d’une église, la Gloire de Saint-Jacques de Compostelle, et remplaçait les visages des saints par ceux de ses compagnons de captivité.

Et enfin un troisième personnage, qui parle par l’intermédiaire de son crayon: le peintre. Chaque fois qu’Herbal porte le crayon sur l’oreille, il entend les remarques venues d’outre-tombe du peintre qui lui tire l’oreille : « Fais attention à ce qui est en train de se passer ! « . Une forme de conscience qui le hante, qui le rend fou, et qui lui fait remarquer les turpitudes de ses actes.

Une construction poétique pour décrire le coté sordide de cette guerre, mais aussi des mots durs pour décrire les ignominies des phalangistes, les exécutions de masse, ces prisons dans lesquelles on pouvait croupir des années, souffrir de maladies respiratoires, être torturé pendant des jours et des jours, parce qu’on avait blasphémé l’Église, plaisanté sur Franco, ou simplement parce qu’on avait été dénoncé par un voisin, ou parce qu’on était seulement un humaniste. Une Espagne de charniers et de suspicion.

Sur fond de grande Histoire, une petite histoire d’amour et de jalousie : le docteur homme de paix, instruit, aidant les autres prisonniers, résistant au grand cœur, aime et est aimé par Marisa, le bourreau vainqueur qui incarne cette nouvelle Espagne de mort et de haine hait, quant à lui le docteur, et aimerait tant être aimé par Marisa !

En faisant dialoguer morts et vivants, en passant d’une prison noire et humide au soleil de l’Espagne, de la turpitude du bourreau, à l’humanisme du médecin fin d’esprit et disponible pour les autres et au regard du peintre, Manuel Rivas m’a fait encore mieux découvrir cette période noire de l’Histoire de l’Espagne

Une belle découverte littéraire, et une période historique à mieux connaître grâce aux livres pour la comprendre
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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La langue des papillons et autres nouvelles

Une écriture poétique qui, au fil de six nouvelles (de mon édition), peint un paysage très bucolique de la Galice et de ses habitants. Somme toute, un petit recueil de nouvelles choisies plutôt sympa. La version bilingue permet aussi de se familiariser avec la langue.
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L'Eclat dans l'Abîme. Mémoires d'un autodafé

Voilà un livre intéressant pour connaître la vie quotidienne en Espagne franquiste et la ville de La Corogne qui est ici décrite dans ses moindres détails.

Le titre fait référence à un lieu fréquenté avant le coup d'état du 15 juin 1936 par des républicains espagnols dispersés par la suite (assassinés, exilés ou restés sur place au prix de multiples concessions). Il raconte leur histoire ainsi que celle de leurs bourreaux.

Cependant, j'ai trouvé ce roman aux multiples personnages, bien réels (au moins pour certains telle Maria Casares) trop touffus et je me suis perdue dans ce récit.

La fin, un peu abrupte, ne m'a pas emballée non plus.

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