Citations de Marcel Rufo (104)
LE TEMPS DE LA MATERNELLE
Il n'est pas inquiétant qu'à la maternelle un enfant apprenne moins vite qu'un autre. Il importe avant tout qu'il soit intégré dans un groupe et vive bien le fait d'être séparé de ses parents.
Entre 3 à 6 ans, il considère que son papa est le plus fort et sa maman la plus belle. Cette "lune de miel" durera trois ans environ et prendra fin à l'entrée à l'école élémentaire, pendant laquelle le désir d'apprendre l'emportera sur le désir d'aimer. Toutefois, durant cette période, il pourra trouver chez ses enseignants une image identificatoire sur laquelle s'appuyer et qui le déliera un tant soit peu de la relation oedipienne.
C'est en sortant de sa famille que l'on part à la conquête du monde, et la rencontre avec l'autre dans ses différences, nous enrichit.
Le rêve d'être un enfant unique
C'est sans doute entre 7 et 14 ans que la distance est la plus grande entre frère et soeur, chacun évoluant dans son propre monde. Le caractère de l'un s'oppose à celui de l'autre. Le garçon mène une vie très physique faite de rapports de forces à la recherche de performances sportives. A l'inverse, la fille peut passer des heures à papoter avec ses amies et à leur raconter des secrets.
L'agacement est réciproque. A la maison, chacun s'isole dans sa chambre et se comporte comme un enfant unique. Les garçons aînés sont totalement indifférents à leurs cadettes. Il faut vraiment qu'elles soient en péril pour qu'ils se manifestent, notamment en cas d'agression par d'autres enfants. La soeur aînée est, pour sa part, de plus en plus autoritaire avec son "bébé" de petit frère. Il n'est bien sûr pas question qu'elle assume la surveillance ne serait-ce que quelques minutes.
Les parents croient souvent que l'enfant le plus doué peut tirer l'autre vers le haut, l'aider à réussir, or je ne l'ai pratiquement jamais constaté dans ma pratique.
Il est bien rare de voir un bon élève en mathématiques se donner la peine de livrer à son frère le secret de sa réussite; il aurait trop peur qu'un jour ce dernier ne soit capable de le mettre en difficulté. C'est la même chose en sport.
Aujourd'hui, bien des adultes croient pouvoir se contenter de dire la vérité à leurs enfants pour que tout aille bien.
Mais les explications, voire les justifications, ne peuvent pas tout résoudre. La parole n'est pas magique, car derrière chaque mot il y a un sens qui varie en fonction du stade de développement de l'enfant.
En réalité, il faut inverser le raisonnement : c'est aux parents de savoir où en sont leur enfants dans leur développement pour comprendre les sentiments qui les bouleversent.
Etre parent, c'est d'abord s'adapter à l'enfant que l'on n'envisageait pas.
Quand on est grand-parent,il convient de réfléchir aux éléments de son enfance qui ont été répétés,reproduits,au niveau des enfants.Et cela,afin de ne pas rejouer les situations pénibles,les petits-enfants devenant alors l'occasion d'une revanche.
J'ai compris que les moyens de diffusion de la connaissance passent obligatoirement par le contact avec le grand public plutôt que par des cénacles spécialisés.Certains de mes collègues peuvent me critiquer,j'assume cette responsabilité de vulgarisation.
Avoir une mère qui tient bon et un père pompeux et suffisant peut piéger définitivement un psychothérapeute.
On risque toujours d'en vouloir à celui qui ne se laisse pas guérir.
C'est cela le transfert. Dire au psy : voilà comment je fonctionne, tu vas m'expliquer pourquoi , et donc ça va aller mieux. Je me jette sur toi, je te donne tout ce que j'ai, tout ce que je sens , pour avoir une chance de vivre bien .
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, le transfert n'est pas une question de confiance. C'est le seul moyen qu'on trouve pour tenir.
L'acte thérapeutique dans cette histoire c'est la punition de l'agresseur. La punition du bourreau protège la victime et l'assure qu'elle n'est pas responsable des services qu'elle a subis. Si le bourreau n'est pas puni l'enfant abusé se croit soit menteur soit acteur participant de ce qu'il a vécu. La mise en examen, la condamnation, l'emprisonnement le reconnaissent dans sa blessure et dans son statut de victime. La victime défendue par la société c'est tout de même le fondement de la loi dont le but est de nous protéger d'autrui dès lors qu'il nous nuit et porte atteinte à notre intégrité.
Frères et sœurs: leurs relations sont le résultat d'une grande intimité qui n'est pas choisie mais imposée.
Entre l'âge de deux et trois ans, l'enfant croit qu'il est le plus fort, qu'il domine tout. Puis, peu à peu, après son entrée en maternelle, il s'aperçoit qu'il côtoie vingt-cinq enfants tout aussi intéressants que lui. C'est l'apprentissage de la vie en société qui lui permet de l'accepter.
Les parents d'aujourd'hui cherchent à comprendre plus qu'à éduquer. Il est vrai que l'on éduquait trop autrefois, tandis que maintenant on comprend trop.
Un drame à venir : ce sont les dernières vacances en famille qu'il passe avec vous et voisvne le savez même pas.
L’art contemporain a trouvé là ses thèmes de prédilection. Plus généralement, ces penchants, dont on s’employait à détourner les enfants et qui étaient jadis relégués, au mieux, dans la sphère privée, sont à présent au cœur des grands enjeux des politiques publiques : on revendique la mise en place d’un système éducatif et d’un marché du travail qui donnent à chacun l’opportunité de réaliser pleinement toutes ses potentialités (y compris les plus singulières) ; on veut une offre en matière de santé toujours plus personnalisée ; chacun aspire à une société où il puisse faire valoir et reconnaître toutes ses « différences » ; la préoccupation écologique comme celle de la protection des animaux s’affirment à proportion de notre sentiment d’appartenance au monde naturel et animal.
« L’importance des souvenirs d’enfance dans la vie des auteurs découle en dernier lieu de l’hypothèse d’après laquelle l’œuvre littéraire, comme le rêve diurne, serait une continuation et une substitution des jeux enfantins d’autrefois. »
SIGMUND FREUD
J'ai toujours pensé que les relations sexuelles précoces étaient un signe de fragilité, et non d'affirmation de soi.
A cet âge aussi, il acquiert la notion du temps -et, avec elle, la mémoire durable de ce qu'il vit, des histoires qu'on lui raconte, des voyages qu'il peut se repasser mentalement. C'est grâce à la temporalité qu'il s'approprie sa pensée. Il prend aussi conscience de la mort et de notre finitude, ce qui le rend très sensible, vers 6-7 ans, au vieillissement de ses parents. La peur de la maladie lui fait rejeter le tabac, par exemple.
Il faut aussi éviter de considérer cet enfant comme très compétent, cela l'écartera du groupe. Attention à ne pas singulariser les écoliers particulièrement intelligents, car ce qui importe à cet âge, c'est plus l'adaptation que les performances.