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Citations de Marcel Rufo (104)


À noter que les enfants adoptés cherchent souvent leur mère biologique mais ne s'intéressent jamais à leur père. Voilà le trouble majeur des identifications.
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De notre fréquentation des enfants tyrans, qui souffrent, répétons-le, d'un trouble de l'estime de soi aggravant leurs comportements d'opposition, il ressort l'importance de trois notions pour l'éducation de tout enfant: l'autorité, la pudeur, la politesse.
Par la pudeur l'enfant prend conscience qu'il est propriétaire de son corps; il fait ainsi l'apprentissage du respect qu'il se doit à lui-même et qu'il doit aux autres.
Par la politesse, si chère à Claude Halmos, il manifeste qu'il reconnaît l'Autre comme équivalent à lui-même. La politesse, chez un enfant, est le signe que le Surmoi est en place. Elle vient conforter les parents dans leur parentalité, car il est toujours agréable de s'entendre féliciter d'avoir un enfant bien élevé.
Enfin, l'autorité. L'autorité, ce n'est pas la rudesse. Il faut être serein pour aider son enfant. Il faut savoir lui dire non pour qu'il apprenne à dire oui. Alors, gronder le tranquillement, sans hausser le ton, vous le ferez grandir. En lui refusant d'être tout puissant, mégalomane et tyrannique, vous l'engagerez dans la sociabilité.
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Comme le dit Freud: L'amour des parents, si touchant et si enfantin, n'est rien d'autre que leur narcissisme qui vient de renaître. C'est le même narcissisme qui fait dire aux parents que leur rejeton est le plus beau du monde évidemment puisqu'il leur ressemble!
C'est aussi pour cette raison que le jeu des ressemblances, à la naissance, revêt tellement d'importance. Le bébé est objet d'idéalisation. Avec, au passage, le risque que, plus on idéalise quelqu'un, plus on lui donne le pouvoir
Phénomène bien connu en politique...
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C'est cela le transfert. Dire au psy : voilà comment je fonctionne, tu vas m'expliquer pourquoi , et donc ça va aller mieux. Je me jette sur toi, je te donne tout ce que j'ai, tout ce que je sens , pour avoir une chance de vivre bien .
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, le transfert n'est pas une question de confiance. C'est le seul moyen qu'on trouve pour tenir.
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L'acte thérapeutique dans cette histoire c'est la punition de l'agresseur. La punition du bourreau protège la victime et l'assure qu'elle n'est pas responsable des services qu'elle a subis. Si le bourreau n'est pas puni l'enfant abusé se croit soit menteur soit acteur participant de ce qu'il a vécu. La mise en examen, la condamnation, l'emprisonnement le reconnaissent dans sa blessure et dans son statut de victime. La victime défendue par la société c'est tout de même le fondement de la loi dont le but est de nous protéger d'autrui dès lors qu'il nous nuit et porte atteinte à notre intégrité.
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Les parents ont la manie de confondre partage et don, deux notions très différentes. Le don est un choix personnel, il fait appel au surmoi et ne peut être imposé de l'extérieur. La fratrie ne favorise pas le don mais le partage, qui est une acceptation sociale. Les parents disent toujours: Tu dois donner à ton frère puisque c'est ton frère. Si seulement ils pouvaient assister à l'ouverture de leur testament, ils comprendraient bien que ce n'est pas aussi simple que cela...
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Frères et sœurs: leurs relations sont le résultat d'une grande intimité qui n'est pas choisie mais imposée.
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Devenir adulte, c'est maîtriser ses pensées, sa vie, ses émotions, ses affects et son affectivité. Je crois que le frère ou la sœur peuvent offrir l'un des supports à toutes ces acquisitions. Pourtant, je reste persuadé d'une chose: sans affirmer que l'influence de la fratrie est négative pour la construction de l'individu, dans la vie de chacun, ce qui compte, c'est soi. On ne se construit pas avec ses frères et ses sœurs, mais grâce, contre ou sans eux. De nombreux parents se bercent d'illusions: nos enfants grandiront dans la même dynamique familiale.
Cette idée repose sur une erreur, car la famille n'est pas un micro-groupe social dont l'appartenance génétique organiserait le fonctionnement psychique.
L'être humain se bâtit en découvrant le monde, et non en recevant des données chromosomiques, identiques et familiales.
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Entre l'âge de deux et trois ans, l'enfant croit qu'il est le plus fort, qu'il domine tout. Puis, peu à peu, après son entrée en maternelle, il s'aperçoit qu'il côtoie vingt-cinq enfants tout aussi intéressants que lui. C'est l'apprentissage de la vie en société qui lui permet de l'accepter.
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Les parents d'aujourd'hui cherchent à comprendre plus qu'à éduquer. Il est vrai que l'on éduquait trop autrefois, tandis que maintenant on comprend trop.
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Mais ce qui est vrai pour le médecin, cardiologue, cancérologue, gastro-entérologue, ou autre, est sensiblement différent pour le psychiatre, car, excepté les cas où une pathologie somatique vient se greffer au trouble psychique, la mort en psychiatrie, c'est toujours le suicide. L'agressivité que cet acte exprime vis-à-vis de l'entourage, familial et amical, n'épargne pas le soignant, à qui il vient signifier son incompétence, ses failles. C'est en tout cas comme cela que je le ressens. Le suicide d'un patient est un échec dont je ne peux guérir.
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En médecine, les premières morts que l'on affronte sont toujours terribles, presque terrifiantes. Elles viennent mettre à mal la fougue de la jeunesse, ce sentiment un peu naïf de toute-puissance que certains peuvent avoir. Pourquoi choisir d'entamer des études de médecine, si ce n'est dans l'espoir un peu fou de soigner et de guérir, donc de combattre la mort et de réussir à faire triompher la vie? La mort d'un patient non seulement nous confronte aux limites de notre propre compétence et à celles de la science médicale en général, mais elle entraîne aussi un sentiment de culpabilité. Ai-je fait tout ce qui était possible? Ne suis-je pas en partie responsable? Ai-je été assez présent, assez proche? Le patient s'est-il senti vraiment soutenu ou, au contraire, a-t-il eu l'impression qu'on l'abandonnait? La leçon est toujours rude : contrairement à ce que l'on voulait croire, on ne peut pas tout maîtriser ; il faut pouvoir admettre que la maladie est parfois plus forte que notre science médicale.
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Etre psychiatre pour adolescents, c'est permettre à chacun de retrouver le temps, d'apprendre que le présent, pour être pleinement vécu, a besoin de passé et d'avenir.
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L'image de soi se construit dans l'enfance, essentiellement à travers le regard des autres. C'est parce que la mère (et les autres figures d'attachement) aime son enfant qu'elle lui donne le sentiment d'être aimable. Ainsi, la capacité de s'aimer et d'aimer les autres dépend de la façon dont on a été aimé et regardé dans les premiers temps de notre vie, où va se constituer notre capital narcissique.
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L'asile, c'était autant de moments ahurissants, d'images inoubliables, dans un monde entre Goya et Jérôme Bosch, où les patients, entassés dans des salles communes, entre des murs gris, étaient condamnés à ne rien attendre ni rien espérer. Une galerie de personnages bouleversants, dont on finissait peut-être par oublier la souffrance.
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(En effet), le psychiatre n'est pas celui qui met de l'ordre dans le psychisme : il aide chaque patient à apprivoiser son propre désordre qui fait toute sa richesse et sa singularité.
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Je suis un vieux pédopsychiatre, un "archéopsy", dis-je parfois. Mais il se pourrait bien que l'âge, considéré trop souvent comme un handicap, représente un atout dans ce métier si particulier. Parce qu'il est synomyme de temps, il permet l'expérience, une expérience faite de rencontres, d'interrogations, de doutes, d'erreurs, de progrès, d'échecs, de remises en question, d'approfondissements, de changements... et de quelques succès aussi, quand même. Ce temps passé, ces expériences accumulées autorisent à avoir un regard, une vue d'ensemble - sur ma vie, sur ma pratique, sur l'évolution de la pédopsychiatrie, cette drôle de spécialité qui en est encore à ses débuts.
Il m'apparaît que toutes ces années passées n'ont eu, paradoxalement, qu'un fil conducteur : le désordre. Désordre de la vie, avec ses découvertes, ses ruptures, ses deuils, ses imprévus. Désordre du psychisme et de ses va-et-vient permanents pour tenter de trouver un équilibre entre ses différentes instances : le ça, le surmoi et le moi, afin de vivre le plus harmonieusement possible avec soi-même mais aussi avec les autres.
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Un drame à venir : ce sont les dernières vacances en famille qu'il passe avec vous et voisvne le savez même pas.
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"Grand-père, grand-mère, j'aime un garçon" ou "j'aime une fille".
Il arrive que les petits-enfants dévoilent leur homosexualité à leurs grands-parents avant de le dire à leurs parents. Il convient de respecter et d'accompagner cette décision, afin de maintenir des relations affectives fortes avec eux, même s'ils prennent un chemin, dans leur vie amoureuse, moins classique que celui qu'on escomptait.
Cette confidence est une marque de confiance. Elle permettra aux jeunes gens d'aller plus loin et de surmonter les obstacles sociétaux qui existent encore.
Le fameux "coming-out" est en effet plus compliqué envers les parents que les grands-parents. Pourquoi? Peut-être parce que la sexualité est présumée éteinte chez les grands-parents, alors que celle des parents place les homosexuels dans un trouble de l'identification : "Je ne suis pas un homme comme mon père" ou "une femme comme ma mère".
Vous qui lisez ces lignes, êtes-vous sûrs de la sexualité de votre père ou de votre mère? N'avez-vous jamais eu l'impression qu'il ou elle avait des tendances homosexuelles? N'y a-t-il aucun homosexuel dans votre famille? Un des arguments obscurs, décrété par les opposants à l'adoption homoparentale, est que les enfants adoptés par des homosexuels seront eux-mêmes homosexuels, par transmission en quelque sorte. Comment expliquer alors qu'il y ait des homosexuels dans les familles hétérosexuelles? A qui la faute?
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Les grands-parents sont des êtres qui n'ont pas de sexualité aux yeux de leurs petits-enfants, et c'est une qualité fondamentale dans l'élaboration de la pudeur qui doit se développer chez ces derniers. Grâce à la représentation asexuée du grand-père ou de la grand-mère, les enfants peuvent construire leur propre parcours sexuel.
Cependant, il arrive que les sévices sexuels soient perpétrés par un ascendant ayant autorité, parfois hélas, par le grand-père. Les enfants ne se méfient pas des membres de leur famille. Les dommages sont importants, car cela détruit la pudeur, véritable garante de la construction de l'identité et de la propriété de son corps par l'enfant. En même temps sont démolis l'arbre de vie, la transmission, la confiance et la descendance.
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