Elle parlait aux bêtes qui ne risquaient pas de l'insulter, comme les humains.
Arrivé au lac, Patrice attendit le repos des eaux. Il se regarda puis se leva, très lentement, ouvrant ses bras magnifiques comme s'il eût désiré jouir de sa beauté, goutte à goutte et jusqu'au fond. Il était admirable et seul, prêt à rebondir dans le coucher du soleil.
Patrice courait... On eût dit qu'il inventait un ballet pour lui-même, rayon de son propre soleil. (...) Il courait sous les arbres; il se perdait dans l'ivresse de se plier, de se tendre de tout son corps, de caresser de ses mains ouvertes la terre grouillante.
Ayant réussi à moitié sa vengeance, elle en perdait le goût.
Un instant, elle repoussa ce nouveau goût de la perversité, puis elle l'accepta. Ah! Surprendre la beauté dans sa lente décomposition! Mais ne serait-ce pas criminel? Lui, le pauvre Patrice, était-il responsable de sa beauté? Le poison bougeait en elle et elle s'étonnait de sa propre puissance: «Et moi, alors, suis-je responsable de ma laideur?»
L'heure du repas était l'heure de nudité. On y tendait la main pour recevoir, on y montrait des doigts nerveux. Les visages se heurtaient en profondeur.