Marie Lu

Mais je sens l'adieu dans son baiser et, soudain je n'ai plus la force de retenir mes larmes. Il tremble. Son visage est humide. Je m'accroche à lui de crainte qu'il disparaisse à l'instant où je le lâcherai, de crainte de me retrouver seule dans cette pièce sombre, seule dans le néant.
Day, le garçon des rues qui ne possédait rien d'autre que les vêtements qu'il portait et un éclat de franchise dans ses yeux, le maître de mon cœur.
Le garçon dont l'âme rivalise de beauté avec son corps.
Un rayon de lumière dans un monde de ténèbres.
Mon rayon de lumière.

C'est ici, que pour la première fois, Day a tendu la main vers moi. Elle a surgi d'un nuage de poussière pour me venir en aide. C'était il y a si longtemps. Nous ne savions pas encore qui était l'autre. Ce fut le début de quelques nuits magnifiques entre un simple garçon des rues et une jeune fille qui avait des ennuis.

Ce poids, c'était celui de ne pas savoir, toutes ces années d'angoisse à imaginer le pire, à se demander si son frère ne pourrait pas réapparaître un jour. Toutes ces versions différentes qu'il a faites de son souvenir, à tenter de reconstituer la disparition de Sasuke. Le fil d'argent d'une histoire inachevée.

Quel est l'intérêt d'être milliardaire si on ne peut pas s'amuser un peu ?

-J'ai tué un type, lâche Kaede.

Elle dit cela le plus naturellement du monde. Dans l'obscurité, elle se rapproche de moi et examine mon visage sans la moindre gêne.

-Quoi? Ne me joue pas ce numéro de vierge effarouchée!

C’est ça, le Dark World : vous aurez beau faire toutes les recherches que vous voudrez, la seule façon de le connaître pour de bon, c’est de plonger dedans.

Internet a toujours eu une face cachée, une part du monde en ligne que quasiment personne ne voit, qu'aucun moteur de recherche ne montre jamais. A laquelle il est impossible d'accéder sans de solides connaissances.

" La mort a la fâcheuse habitude de trancher net les lignes que vous pensiez pouvoir tendre entre votre présent et votre avenir"

Je suis venue m'occuper de vous.
Je suis venue m'occuper de ma sœur.

"On me rapporte que tu pleures dans ton sommeil. Ne déplore pas notre séparation, mon Amour, car nous seront très bientôt réunis."

Je le regarde droit dans les yeux. Il sait qui je suis, mais il ne dira rien. J'en suis convaincu. Dans mon secteur, de nombreuses personnes m'ont aidé bien qu'elles aient deviné mon identité. Cet homme leur ressemble : il ne désapprouve pas vraiment mes attaques contre la République.

Je ne peux pas sourire. Je crois que je ne sourirai plus jamais.

... Les ténèbres m'aspirent un peu plus chaque jour. Qu'est ce que j'ai fait? Pourquoi suis-je ainsi?

Un million de pensées me traversent l'esprit mais, comme elle, je ne dis rien. Parce qu'il n'y a rien à dire.

Ses cheveux noirs sont attachés en une haute queue-de-cheval. Elle est mince, mais athlétique. Elle prend une pose étudiée, une main sur la hanche comme si rien au monde ne pouvait la surprendre. Je ne peux m'empêcher d'admirer la grâce de son visage.
Pendant un instant j'oublie tout le reste.

Metias m’a embrassée sur le front. " Je resterai toujours avec toi, ma grande. Jusqu’à ce que tu ne supportes plus ma vue. "

Je tire les azurites de ma manche. Les pétales sont un peu froissés, mais je les plante dans le sol avec un soin extrême et je rassemble un peu de terre autour des tiges. Ma mère ne les verra sans doute jamais mais, moi, je saurai qu’elles sont là. Ces fleurs me prouvent que je suis toujours vivant, que je prends soin de ma famille.

L’en-tête de sa copie d’examen s’affiche. Elle est marquée de la note: 674/1500. J’accède à la page suivante. Les réponses de Day. Certaines questions sont à choix multiples alors que d’autres doivent être rédigées. Je survole les trente-deux pages. Aucun doute n’est possible. Il y a quelque chose d’anormal.

Je ne veux pas voir la République s'effondrer. Je veux la voir changer.

Tout ira bien. (Je souris.) Mais si tu vois mon corps balloter entre deux vagues, n'hésite pas à venir me chercher.