Marilynne Robinson: 2015 National Book Festival
Comme je le dis à mes étudiants : le langage est musique. L’écriture s’apparente à la notation musicale. La musique d’un texte de fiction révèle la façon dont on doit le lire, et, au sens le plus large, ce qu’il signifie. Il est essentiel de ne pas oublier que les personnages eux-mêmes ont une musique, une tonalité et un tempo, exactement comme les personnes réelles. Pour les rendre crédibles, vous devez toujours sentir ce qu’ils diraient ou ne diraient pas.
Il y a comme un miroitement dans les cheveux d'un enfant, au soleil. On y distingue certaines des couleurs de l'arc-en-ciel, de petits rayons de lumière douce qui ont les mêmes teintes que celles qu'on voit parfois dans la rosée. On les trouve dans les pétales des fleurs, et sur la peau des enfants.
Parfois, j'ai adoré la paix d'un dimanche ordinaire. C'est comme se tenir au milieu d'un jardin nouvellement planté après une pluie chaude. On sent la vie silencieuse et invisible. Tout ce qu'elle requiert de vous, c'est de ne pas la piétiner.
La grosse vieille radio chauffait et dégageait une odeur de lotion capillaire rance. Elle lui faisait penser à quelque représentant de commerce nerveux. Et elle se mettait à grésiller et à crépiter quand Glory s'éloignait. C'était le genre de triste compagnon que la solitude rend appréciable.
Lila avertit l’enfant: «Ça fait tellement longtemps que le monde existe, c’est comme si tout avait un sens. On sait jamais exactement ce qu’on prend entre les mains, donc va falloir que tu fasses très attention.»
Si je suis folle, songea-t-elle, autant que je fasse ce dont j’ai envie. A quoi ça sert d’être fou si vous devez passer votre temps à vous inquiéter de ce que les autres pensent de vous.
Tous les auteurs que je connais, lorsqu’on leur demande comment on devient écrivain, répondent par un seul mot : Lisez.
Lila aimait beaucoup travailler dans le jardin du Révérend. Il n'y mettait quasiment jamais les pieds. Autrefois, quelqu'un de l'église passait de temps à autre pour désherber. Lorsqu'elle avait commencé à venir là, afin de s'occuper des roses et de nettoyer un peu, elle avait fait un petit potager dans un coin, y plantant quelques pommes de terre, rien que pour elle. Quelques haricots. Il n'y avait pas de raison de gâcher un bout de terrain aussi ensoleillé, d'autant que le sol était fertile. De vieux souvenirs. Elle adorait sentir l'odeur de la terre, et la toucher. Elle devait se forcer pour se laver les mains.
Je t'ai dit hier soir que je partirais peut-être un jour. Tu m'as demandé : Où ? Je t'ai répondu : Rejoindre le Seigneur. Alors, tu m'as demandé : Pourquoi ? Et je t'ai répondu : Parce que je suis vieux. Tu m'as dit : Je ne te trouve pas vieux. Tu as mis ta main dans la mienne et tu m'as dit : Tu n'es pas très vieux - comme si le problème était réglé.
Nous vivions sur une planète intéressante. Elle mérite toute l'attention que tu peux lui porter.