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Citations de Mario Vargas Llosa (700)


La fiction est un mensonge qui recouvre une vérité profonde.
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Mario Vargas Llosa
Tu n’avouerais à Teha’amana tes plans de retour en France qu’au dernier moment. Cela aussi se terminait. Tu devais être reconnaissant envers cette petite. Son jeune corps langoureux et son esprit éveillé t’avaient fait jouir, rajeunir, et parfois te sentir primitif . Sa vivacité naturelle, sa diligence, sa docilité, sa compagnie t’avaient rendu la vie supportable. Mais l’amour était exclu de ta vie, obstacle infranchissable pour ta mission d’artiste, car il embourgeoisait les hommes.

(Le Paradis - un peu plus loin, page 54)
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Etre inculte en plus d'être pauvre, c'était être doublement pauvre, [...].
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Mario Vargas Llosa
“Un écrivain ne choisit pas ses thèmes, ce sont les thèmes qui le choisissent.”
De Mario Vargas Llosa / Le romancier et ses démons
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Mario Vargas Llosa
Nous sommes nombreux à penser à l’autre vie comme à une résurrection de la littérature, ce rêve des rêves fait de mots, un refuge qui, comme le chant des oiseaux ou le parfum des fleurs, remplace la vie par les fulgurances d’un mauvais scribouillard. Pourquoi ne serait-ce pas possible ?

Toute vie humaine accumule les faits surprenants et déconcertants qui semblent tirés des livres, de ces histoires extravagantes ou impossibles qui se sont emparées de nous au point de convertir nos vies en choses fort apparentées à la littérature. Pourquoi ne la remplaceraient-elles pas finalement comme dans un roman quelconque ?

Cela serait la meilleure fin, assurément. Après avoir survécu à tant de sacrifices et de tourments, comme ceux que nous offre la vie réelle, connaître enfin une vie comparable à celle des héros, des hommes et des femmes qui ne vivent que dans notre souvenir, nourris seulement de mots et de lettres, comme une bonne fiction.

Discours de M. Mario Vargas Llosa, élu à l’Académie française à la place laissée vacante par la mort de M. Michel Serres, le jeudi 9 février 2023 (page 22)
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Mario Vargas Llosa
On raconte qu’Arthur Rimbaud, poète insolent et génial, au balcon sur une place du Quartier latin, récita pour la première fois, en soulevant l’applaudissement, ce poème mystérieux et terrible : Le Bateau ivre. Avec ses tumultes océaniques, ses passions, ses amours, et cette ligne docile et douce qui parcourt ces frénétiques strophes comme pour les apaiser et ne pas trop déferler en quête d’éclat et de tempête. Telle est la juste voie : réciter la bonne poésie sous les acclamations, la rapprocher des foules dont elle s’est éloignée. Et c’est ce que doit être la critique : signaler le chemin, non pour éviter les obstacles, mais pour les signaler, de façon à ne jamais être surpris et à pousser aux prouesses, là où la poésie et le roman ont été au plus loin, dans leur élan à atteindre avant les autres le bout de la course.

Discours de M. Mario Vargas Llosa, élu à l’Académie française à la place laissée vacante par la mort de M. Michel Serres, le jeudi 9 février 2023 (page 18)
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L’imbécillité me semble respectable si elle est génétique, héritée, pas si elle vient d'un choix, d'une prise de position délibérée.
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Mario Vargas Llosa
L’un d’eux qui, bafouillant et le regard vitreux, voulait à tout prix lui [ à Flora Tristan] montrer les églises et les remparts médiévaux au clair de lune s’entendit répondre :
— Que m’importent les vieilles pierres alors qu’il y a tant d’êtres humains qui ont des problèmes à résoudre ! Sachez que j’échangerais sans hésiter la plus belle église de la chrétienté contre un seul ouvrier intelligent.

(Le Paradis - un peu plus loin, page 489-490)
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Mario Vargas Llosa
Immédiatement après Flaubert, je mettrais Victor Hugo, non pas pour sa poésie qui nous paraît maintenant quelque peu rhétorique, mais pour Les Misérables, un roman que j’ai lu adolescent et que j’ai relu en partie plusieurs fois. Et qui a fait de Jean Valjean un compagnon inoubliable, toujours là pour me permettre de supporter le poids de l’infatigable Javert, ce policier obsédé dont il épargne la vie et qu’il sauve, en sortant des tunnels de Paris, entre la boue et la putréfaction ; dans une scène qui constitue une des prouesses les plus hardies du roman qui a converti bien des jeunes (d’alors) comme celui qui vous parle, à la vocation de romancier. Javert meurt, bien sûr, et la mort qu’il s’inflige à lui-même signe son fiasco retentissant, quand il découvre, chez celui qu’il prenait pour son ennemi mortel et un véritable fléau pour la société, un modèle de compréhension et d’harmonie à quoi il n’était pas préparé. Le romantisme qui entoure cette scène ne l’accable ni ne la falsifie ; elle reste là, debout, comme un idéal de justice qui nous convainc et nous stimule.


Discours de M. Mario Vargas Llosa, élu à l’Académie française à la place laissée vacante par la mort de M. Michel Serres, le jeudi 9 février 2023 (page 14)
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L'argent était le venin de la société ; il corrompait tout et faisait de l'être humain une bête cupide et rapace.
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Les activités et compétences physiques appelées sports ne rapprochent pas l’homme actuel du sacré et du religieux, mais l’écartent de l’esprit et l’abrutissent, en rassasiant ses instincts les plus ignobles : la vocation tribale, le machisme, la volonté de domination, la dissolution du moi individuel dans l’amorphe grégaire.
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Charles Poncy, le poète-maçon, auteur de l’hymne de l’Union ouvrière, sur qui Flora comptait pour la guider dans ses réunions avec les travailleurs marseillais, était parti à Alger en lui laissant une petite note : il était épuisé, et ses nerfs et ses muscles avaient besoin de repos. Que pouvait-on attendre des poètes, même s’ils étaient ouvriers ? C’étaient eux aussi des monstres d’égoïsme, aveugles et sourds au sort du prochain, des narcisses épris des souffrances qu’ils s’inventaient pour pouvoir les chanter. Tu devrais considérer, peut-être, Andalouse, la nécessité de proscrire dans la future Union ouvrière non seulement l’argent, mais aussi les poètes, comme l’avait fait Platon dans sa République.
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Les écrivains qui refusent leurs propres démons et s’imposent certains sujets, en ne croyant pas les premiers assez originaux ou séduisants, à l’inverse des seconds, se trompent du tout au tout. Un sujet en littérature n’est ni bon ni mauvais. Il peut être les deux à la fois ; cela ne dépend pas du thème en soi, mais de ce qu’il devient en se matérialisant en roman à travers une forme, une écriture, une structure narrative.
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La fonction du journalisme à notre époque, ou, du moins, dans notre société ( à Lima ), n'était pas d'informer, mais de faire disparaître toute distinction entre le mensonge et la vérité, de remplacer la réalité par une fiction où se manifestait la masse abyssale de complexes, de frustrations, de haines et de traumatismes d'un public rongé par le ressentiment et l'envie.
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Mario Vargas Llosa
En même temps que la religion, le nationalisme a été la cause des pires boucheries de l'Histoire.
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Elle, une femme très grosse et très grande, aux joues comme des jambons, noyée dans une sorte de tunique écrue qui lui arrivait aux chevilles et couverte d'un gros tricot vert caca d'oie. Mais le plus étrange était l'absurde bibi plat à voilette planté sur sa tête, qui lui donnait une air caricatural. L'homme , en revanche, menu, petit, rachitique, semblait empaqueté dans un étroit complet gris perle très cintré et un gilet bleu fantaisie des plus criards. Lui aussi portait un chapeau, enfoncé jusqu'au milieu du front. Ils avaient un air provincial, semblaient égarés et déconcertés dans la foule de l'aéroport, et regardaient tout avec appréhension et méfiance. On eût dit qu'ils s'étaient échappés d'un de ces tableaux expressionnistes pleins de gens extravagants et disproportionnés du Berlin des années vingt, peints par Otto Dix ou George Grosz.
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Mario Vargas Llosa
On n’a jamais rien inventé de mieux jusqu’à présent que le roman pour maintenir vivant le rêve d’une société meilleure que celle où nous vivons, où tous trouveraient suffisamment matière à leur bonheur – ce mot, bonheur, qui a tout d’une irréelle folie dans notre temps et qui, néanmoins, a alimenté, des siècles durant, le rêve de millions d’êtres humains. D’aucuns diront que le cinéma et la télévision jouent, dans notre siècle, le rôle des anciens romans. Ceux qui soutiennent pareille thèse n’ont pas encore réalisé la distance qui sépare les idées – qui sont toujours unies aux mots pour les dire – des images instantanées d’une caméra, ou l’éternelle immobilité d’une photo. Sans nul mépris et en reconnaissant la grande adhésion de notre époque au cinéma, il faut reconnaître la supériorité intellectuelle de la littérature, des mots et des idées, sur les images qui laissent dans notre mémoire une trace assez passagère.

Discours de M. Mario Vargas Llosa, élu à l’Académie française à la place laissée vacante par la mort de M. Michel Serres, le jeudi 9 février 2023 (page 16)
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Vous découvrirez vite que les prix, la reconnaissance publique, les gros tirages, le prestige social d'un écrivain suivent un chemin sui generis ; arbitraire au plus haut point, car ignorant obstinément les plus dignes pour harceler et accabler ceux qui le méritent le moins.
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… cette inquiétude subliminale qui affleurait chez lui quand il volait, ce souvenir qu’il était à dix mille mètres d’altitude — dix kilomètres —, glissant à une vitesse de neuf cents ou mille kilomètres à l’heure, et que, dehors, la température était de moins cinquante ou soixante degrés. Ce n’était pas exactement de la peur qu’il éprouvait en vol, mais quelque chose de plus intense, la certitude que ce serait à tout moment la fin, la désintégration de son corps en un fragment de seconde, et, peut-être, la révélation du grand mystère, savoir ce qu’il y avait au-delà de la mort, si tant est qu’il y eût quelque chose, (p. 475)
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L'inexpérience érotique des époux fit que la consommation du mariage fut très lente, un véritable feuilleton où, entre les velléités et les fiascos par précocité, manque de précision dans le tir et fausse route, les chapitres se succédaient, le suspense allait croissant, et l'hymen têtu n’était toujours pas perforé. Paradoxalement, s’agissant d'un couple si vertueux, doña Zoila perdit d'abord sa virginité (non par vice mais par hasard stupide et manque d’entraînement des nouveaux mariés) de façon hétérodoxe, c’est-à-dire sodomique.
Hormis cette abomination fortuite, la vie du couple avait été fort correcte.
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