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Citations de Marion Messina (25)


Marion Messina
L'homme de la société de l'imposture ne peut que se fuir. Se divertir. S'il tentait de s'affronter aux oeuvres, aux auteurs les plus classiques, les plus humains, il serait incapable d'y comprendre quoi que ce soit. Et s'il y comprenait quelque chose, il éprouverait un vertige tel, une telle souffrance de se voir ainsi humilié, dénudé, qu'il cesserait aussitôt, déprimé.
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Marion Messina
La société de Sabrina est celle de la norme, même si elle tente de se travestir sous un hédonisme de masse, fardée de publicité tapageuse et scientifiquement approuvée. L'imposteur est le véritable martyr de cet environnement. Il est une éponge des valeurs de son temps, un fétichiste des modes et des formes. L'imposture emprunte la froide logique des instruments de gestion, les combines de papier et les escroqueries algorithmiques, les usurpations d'identité, les expertises mensongères et l'hypocrisie des bons sentiments, cache-sexe de la barbarie. Dans cette civilisation du faux-semblant, l'homme sain est condamné à l'asile. Seule la culture de la liberté pourrait l'en extirper.
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Elle craint que les imposteurs ne soient l'archétype le plus représenté et le plus indétectable. L'imposteur est dans les sociétés du tertiaire comme un poisson dans l'eau. Faire prévaloir la forme sur le fond, valoriser les moyens plutôt que les fins, se fier à l'apparence et à la réputation à la place du crédit à apporter au travail et aux aptitudes naturelles, opter pour le pragmatisme plutôt que pour le courage de dire la vérité, pratiquer l'art de l'illusion, s'abandonner au mirage de la sécurité des procédures plutôt que se piquer aux risques inhérents à l'audace, voilà le terreau de l'imposture.
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Les conversations au téléphone s'articulaient autour de ruptures que l'on voyait venir dès le premier jour, d'envies d'enfants pas vraiment sincères- un moutard sur le tard, pour ne pas mourir idiote, pour voir ce que ça fait: une nouvelle expérience consommateur à évaluer. Un gosse banal au prénom extraordinaire, un petit être fabriqué dans le moule unique duquel on extrait les éléments de la société tertiaire, un être humain monitoré dès la conception, assommé de musique classique censée rendre intelligent, conditionné pour racheter les échecs des parents, formaté pour être présenté au monde comme un génie, biberonné à l'ambition et au fiel, amorti comme un investissement dans les clubs de sport dès 3 ans, invité à tous les anniversaires, à l'aise dans la foule et le bruit, future star de n'importe quoi pourvu qu'il eût été une star. Le genre de gosse absolument normal, sursocialisé, que les parents rêvaient de faire un jour diagnostiquer haut potentiel intellectuel. Un enfant pataugeant dans la dissonance cognitive dès le berceau, encouragé à être le meilleur partout mais bercé par des discours anti-compétition.
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Constance était tombée amoureuse comme on tombe dans les escaliers.
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On vante le libéralisme à l'américaine, la liberté de mener sa barque mais le modèle émergent est un hybride de laisser-faire et de despotisme administratif - on reste de grands enfants levant le doigt pour demander la permission d'aller pisser.
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Retourner travailler lundi est impossible. Les arrêts de travail se négocient comme des otages. Elle doit démissionner. Elle n'a plus envie de composer avec une administration lâche qui lui envoie des courriels truffés de fautes. Elle n'est plus en mesure de supporter des parents odieux convaincus d'avoir enfanté Einstein ; endurer la compagnie de parents gentils mais qui ne comprennent pas un mot de français ; mettre à jour son lexique professionnel comme une commerciale ; accueillir des enfants qui auraient été mieux ailleurs ; essuyer les remontrances des uns et des autres ; passer pour une privilégiée ; faire un peu de tout, mal, sauf son travail correctement.
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Dans cette civilisation du faux-semblant, l'homme sain est condamné à l'asile. Seule la culture de la liberté pourrait l'en extirper. Mais Sabrina a bien vu dans quel état sont les enfants, désireux, avides d'intégrer cette ronde macabre.
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Heureux de se délester de leurs mioches, bambins sur-stimulés dès le stade fœtal par des procréateurs compétitifs et hargneux, ils ne manquent pas de comparer l'école à un système carcéral tout en concoctant à leurs lardons des agendas de ministre. Ces semi-éduqués, seconds couteaux de boîtes de communication ou de publicité, ne cachent pas leur mépris pour Sabrina qui a enduré le même nombre d'années d'études qu'eux; ils la considèrent comme une nourrice que l'Etat met à leur disposition et entretiennent avec elle un rapport de client insatisfait.
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Il y avait un blocage, une envie de ne pas s'exhiber, un désir profond de ne pas tout donner à des inconnus, ni son amitié ni son cul trop facilement.
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L'appendice érectile entre ses jambes lui imposerait de reconquérir un vagin. Il citerait alors Cioran en exagérant son accent, enfilerait un préservatif et assouvirait ses besoins. Il était impérieux d'éjaculer régulièrement, au même titre que manger et pisser. Seules les femmes, jeune de surcroît, pouvaient se permettre de mourir d'amour.
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Tous les mots avaient été salis, leur vocation était de faire tomber sa jupe sur ses chevilles ou de la relever sur son bassin pour présenter son vagin à celui qui lui offrirait la meilleure logorrhée sirupeuse.
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Le désir du consommateur de disposer d'une capacité d'achat vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept se retrouvait dans la volonté de ses contemporains de disposer d'amis, camarades de fêtes, plans cul et relations sentimentales à leur guise. Toutes les formules de la vie sociale étaient sans engagement, rétractables sans délai de préavis.
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Le sens de sa présence en Europe lui échappait, il était devenu un branleur stricto sensu, la masturbation et la recherche du plaisir sexuel occupant l'essentiel de son temps libre.
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L'aventure et l'imprévu laissaient la place à l'extrême planification, à l'angoisse du lendemain, les road trips avaient disparu au profit des stages de prévention, des spots télévisés de sécurité routière peuplés d'enfants aux destins et à la nuque brisés, il ne fallait plus faire l'amour sans connaître les antécédents du partenaire sexuel.
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Il n'y avait que des citoyens libres de s'amuser et de choisir leur solitude en se pensant maîtres de leur vie, quand celle-ci était rythmée par l'heure des passages du train de banlieue. Il y avait quelque chose de mortifère dans toutes ces pintes de bière exhibées sur les photos de soirées, dans les meutes de festivaliers qui criaient dans la rue, dans la recherche de l'approbation de centaines d'amis virtuels, dans les fêtards de trente cinq ans qui draguaient des élèves de terminale dans les bars, dans les cursus universitaires sans fin et dans l'adulescence jusqu'à la mort.
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Citoyen du monde, c'était le caprice ultime du peuple repu qui se déplace sans risquer sa vie. p88
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Le désir du consommateur de disposer d'une capacité d'achat vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept se retrouvait dans la volonté de ses contemporains de disposer d'amis, camarades de fêtes, plans cul et relations sentimentales à leur guise. Toutes les formules de la vie sociale étaient sans engagement, rétractables sans délai de préavis.
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Elle n'entrait pas dans de grands délires mystiques pour savoir s'il y avait une vie après la mort, mais une avant.
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Avec le temps et grâce à d'hypothétiques futurs amis, elle rencontrerait un gentil garçon de son âge, elle aurait des enfants aux alentours de vingt-huit ans. Sa vie serait paisible et indolore, comme celle de ses parents.
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