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Citations de Marion Muller-Colard (228)


La position intellectuelle la plus honnête, quant à la question de l'existence de Dieu, est assurément celle de l'agnostique. Celui qui admet, sur un si vaste Sujet, ne pas avoir la connaissance. Le croyant et l'athée partagent l'effronterie de faire un pari. Chaque pari est valable car, s'il est autorisé de ne pas croire, il demeure également autorisé de croire. Le croyant croit positivement, l'athée croit négativement, l'agnostique ne croit pas : il voudrait savoir - et il se heurte à un domaine qui ne relève pas de la connaissance. Au sens, du moins, d'une connaissance admissible par tous.
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Et nous dormons du sommeil du juste, tant que notre réalité immédiate ne dément pas de façon trop flagrante ce postulat. Nous dormons du sommeil de ceux qui délèguent à Dieu la vigilance et la responsabilité. A Dieu ou à la Vie, à leur Bonne Etoile, à un défunt aïeul à qui la mort a soudain prodigué un pouvoir surnaturel de protection.
Nous dormons du sommeil confiant de ceux qui croient, comme Job, qu'ils sont protégés d'un enclos.
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La santé c'est être pourvu d'un corps oubliable.
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Il faut respecter le temps des spasmes dont l'âme a besoin pour se vider de sa bile.
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Il faudrait pouvoir mourir en sortant de table, après avoir rendu grâce. Au lieu de quoi on nous ligote à notre chaise et nous voilà punis, condamnés à rester à la table d'un interminable repas. Si bon qu'il fût, on est écoeuré à la seule vue des restes.
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C'est malheureux, mais il n'existe pas de formation universitaire qui prépare à l'impuissance.
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" Adolescence précoce" . Elle n'a rien trouvé de plus bidon. D'autant qu'il ne faut pas être psy pour savoir que quatorze ans, c'est l'adolescence tout court, pas précoce du tout. Et je dirais même : adolescence un peu à la bourre, pour ce qui me concerne.
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« Je ne juge personne », dit Jésus, parce qu’il sait combien profondes sont nos ténèbres et terrifiante cette vie crue à laquelle nous sommes nés. Il sait aussi que nous avons plus d’aptitude à consolider nos malheurs qu’à les consoler. Il sait que les enclos fermés de nos systèmes nous projettent plus loin dans nos enfers que le malheur lui-même, que nous sommes la seule espèce vivante qui double sa peine à se sentir maudit en plus que d’être malade. Il sait – et n’est-il pas d’ailleurs venu pour cela ? – que les significations perverses que nous donnerons aux événements nous feront plonger en désespoir plus sûrement que les événements eux-mêmes. Il sait notre faculté à nous mettre au ban, à ployer sur le regard imaginaire d’un Dieu totalitaire. Il connaît nos incompressibles relents de religiosité, notre compréhension pathétiquement binaire et notre quête folle d’un coupable.
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Je ne sais pas comment Dieu s'arrange avec mes petits arrangements. Je crois simplement entendre, dans le livre de Job, la supplication muette d'un Dieu qui cherche un homme pour le sauver. Le sauver de la relation contractuelle dans laquelle la religion le ligote si souvent.
En Job, Dieu cherche l'homme qui croit en lui pour 'rien', comme le dit perfidement le Satan. Et à la fin d'un long chemin, il trouve un homme qui croit en lui pour 'tout'.
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Il faut être patient, pour être Christ - c'est à mon avis la première qualité exigée sur le profil de poste. En Évangile, on appelle les amis de Job des pharisiens. Mais parfois, les propres disciples de Jésus sont obtus à désespérer. L'humain est rétif à la vraie nouveauté.
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En dépit des relents de superstition qui me saisissent parfois, en dépit de mon petit négoce intérieur qui n'en finira jamais tout à fait de marchander avec un Dieu imaginaire, j'ai entrevu un Autre Dieu qui ne se porte pas garant de ma sécurité, mais de la pugnacité du vivant à laquelle il m'invite à participer.
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Fâchée avec mon Dieu imaginaire qui avait rompu sans préavis mon contrat inconscient de protection, je manquais de secours spirituel. Je ne trouvais pas de prière qui puisse être autre chose qu’une immense contradiction, une négociation régressive avec la peau morte d’un Dieu qui ne tenait pas.

Pourtant, lorsque je caressais, du bout des doigts, le visage bleu et enflé de cet enfant presque étranger, dans le roulis devenu rassurant de l’oxygène qui lui parvenait machinalement, j’étais parfois saisie par une sérénité démente. Il arrive que l’impuissance ouvre sur des paysages singuliers.
La détresse m’avait dilatée et, en quelque sorte, elle avait élargi ma surface d’échange avec la vie. Et près de ce petit corps, se superposait à ma supplication muette pour qu’il vive, la conviction profonde que, ‘quoi qu’il arrive’, ce qui était incroyable et sublime, c’était qu’il fût né. Et que cela, jamais, ne pourrait être retiré à quiconque. Ni à lui, ni à moi, ni au monde, ni à l’histoire.

Je mis du temps à comprendre que cette clairvoyance fulgurante était peut-être la première véritable prière de ma vie.
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Tout comme le bonheur, le malheur n'est simplement pas juste. Ce n'est pas une attestation du contraire de la justice, mais simplement de son absence. C'est pourquoi je n'ai pas dit, à l'homme récemment retraité que la maladie contraignait à renoncer à tous ses projets, que sa situation était 'injuste'. Je ne voulais pas suggérer en lui une quelconque cause à cette injustice. Car alors Dieu, après avoir été le bienveillant papa gardien de nos sécurités, serait devenu le grand méchant loup sadique contre qui, à juste titre, Job intente un procès.
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Il n'y a pas de problème de la souffrance du juste, puisque aucun être - pas même Job - ne peut se prétendre juste. Il n'y a pas de problème de la souffrance du juste, puisque tout manquement à la justice rétributive relève d'un simple décalage entre la sentence et l'application effective (on imagine les dossiers qui s'empilent sur le bureau de Dieu, les rouages administratifs qui compliquent l'application immédiate de la sentence, le manque de personnel céleste...). Enfin, il n'y a pas de problème de la souffrance du juste parce que... Dieu n'a pas de compte à rendre à sa créature.
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En dépit de toute rationalité, mon économie psychique doit un certain nombre de ses défenses à un irréductible reliquat d'irrationnel.
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Nos « forteresses de certitude » – selon l’expression de Tillich que le Satan désigne sous le mot « enclos » – n’ont certes pas été bâties « sur le roc de la réalité ». Mais cette irréalité fut si longtemps la nôtre que nous peinons à découvrir autre chose. « Les dangers qui accompagnent le changement, le caractère inconnu des choses qui arrivent, l’obscurité de l’avenir tout cela contribue à faire de l’homme moyen un défenseur fanatique de l’ordre établi. »*



* Paul TILLICH, Le Courage d’être, Genève, Labor et Fides, 2014.
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C'est dans son exil aux Etats-Unis que Tillich rédige en anglais 'The Courage to Be'. Il est bien placé pour analyser ce fait ontologique qui met toute vie en tension : "Le penchant naturel vers la sécurité, la perfection et la certitude (...), est biologiquement nécessaire, mais il devient un facteur de destruction biologique s'il nous fait éviter tout risque d'insécurité, d'imperfection et d'incertitude."
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La position intellectuelle la plus honnête, quant à la question de l'existence de Dieu, est assurément celle de l'agnostique. Celui qui admet, sur un si vaste Sujet, ne pas avoir la connaissance. Le croyant et l'athée partagent l'effronterie de faire un pari. Chaque pari est valable car, s'il est autorisé de ne pas croire, il demeure également autorisé de croire. Le croyant croit positivement, l'athée croit négativement, l'agnostique ne croit pas : il voudrait savoir - et il se heurte à un domaine qui ne relève pas de la connaissance. Au sens, du moins, d'une connaissance admissible par tous.
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Les hommes ayant souvent fait, depuis Job, l'expérience que la piété ne protège de rien, certains sont tentés de vouer leur vie aux dieux hystériques du pouvoir.
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Où trouver le courage d'être lorsqu'on a fait l'expérience que nos grigris ne nous protégeaient de rien ; que le système rétributif faisait défaut à sa propre loi et ne garantissait aucune sécurité à l'homme pieux ; que notre enclos avait pour toute barrière la pathétique superstition que le pire n'arrive qu'aux autres ?
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