J'ai lu énormément de témoignages sur la déportation, je me suis demandée pourquoi en lire encore, découvrir une nouvelle fois l’horreur, l’innommable que je sais déjà….
Mais chaque histoire est importante et il ne faut pas négliger les témoignages. Simone Veil n’aimait pas que l’on parle de « devoir de mémoire » alors parlons de transmission. Dans quelques années il ne restera plus personne pour témoigner, pour coucher l’indicible sur du papier, pour se rendre dans les écoles et raconter…. il nous appartient d’expliquer à nos enfants qui transmettront à leur tour je l’espère, pour ne pas oublier, pour que jamais cela ne recommence.
Ginette Kolinka est déportée en 1944 avec son père, son frère et son neveu. Le convoi l’emmène à Birkenau elle sera ensuite transférée à Bergen Belsen, Raguhn et Theresienstadt. Dans ce livre elle témoigne de l’horreur, de l’inhumanité, de la survie.
Le froid, la faim, la maladie, la cruauté des kapos, les heures passées à attendre immobile sous le froid glacial lors des appels, chaque jour il faut tenir, chaque jour de vie supplémentaire est une petite victoire. Les nazis n’y arriveront pas !!
Comment peut-on survivre ? je m’interroge tout le temps là dessus lorsque j’aborde un livre sur la shoah, Ginette Kolinka se le demande encore aujourd’hui, comment a t’elle pu ? Comment a t’elle réussi ? Peut-être parce qu’au milieu de ce chaos il y a parfois une lueur d’espoir, si infime soit-elle, des petits gestes de fraternité qui aident à tenir et à se souvenir qu’on est vivant. C’est cette robe que Simone Jacob -Veil lui offre, un morceau de pain partagé, une main qui se tend, une prisonnière qui dit de ne rien lâcher… Ginette Kolinka se bat pour sa survie à chaque heure du jour et de la nuit, avec comme vêtement, une souffrance morale et physique inimaginables.
Puis c’est la délivrance, -si on peut l’appeler comme ça- celle qu’on attend et à laquelle on ne croit plus, celle qu’on a souvent imaginée… la libération des camps….. Ginette Kolinka est libre mais dans sa mémoire elle sera toujours prisonnière, impossible d’oublier ce qu’elle a enduré et vécu. Elle rentre seule, son père, son frère et son neveu ont été gazés à Birkenau dès leur arrivée.
Il va falloir se reconstruire et ranger son vécu de déportation dans un coin de sa mémoire parce que personne ne pose de questions. Les déportés reviennent méconnaissables, amaigris, abîmés, malades….. pourtant jamais personne ne demande comment c’était là bas… Est-ce par pudeur ? par peur de raviver les terribles souvenirs ? pendant longtemps les rescapés des camps de la mort ne parleront pas. Ginette Kolinka ne dira rien non plus, ni à ses proches, ni a son mari.
C’est le film de Steven Spielberg « la liste de Shindler » qui va la pousser à parler et à enfin expliquer ce qu’elle a vécu. Ginette Kolinka va aller témoigner dans les écoles et retourner à Birkenau 55 ans après.
Il n’y a pas une fois où je retourne là bas , sur la « Judenrampe » sans penser à eux, mon père, mon petit frère, Gilbert mon neveu. La dernière fois c’était en 2019, quatre-vingts ans après la déclaration de la guerre, j’ai songé : il y a soixante quinze ans, quasiment jour pour jour, je ne les ai pas vus descendre du train. Je ne leur ai même pas dit au revoir……
Un livre qu’il faut absolument lire, Merci Madame pour ce témoignage
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