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Critiques de Marlon James (57)
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Léopard noir, loup rouge

C’est un peu comme un bain dans l’eau froide. Ou certains objets que l’on insère dans certains endroits. Ou plutôt, comme un plat épicé. Au début c’est difficile, puis ça devient agréable, pour devenir ensuite douloureusement addictif.

Léopard noir, loup rouge est un OLNI (objet littéraire non identifié). Quelque part entre une dark fantasy poisseuse, un récit de réalisme magique et les contes d’une Afrique imaginaire. Il m’a fallu plus de 100 pages de néologismes abscons, de descriptions hallucinées et de personnages étranges pour être bien dedans. Mais ensuite, quel voyage !

Dans une Afrique de légende, pré-islamique et pré-chrétienne, Pisteur raconte son histoire. Une histoire pleine de sexe, pleine de sang, de monstres et de cauchemars, une épopée brûlante, hallucinée, à travers une Afrique comme un rêve paludéen.

Le Roman est ambitieux, complexe. Il digère les poncifs de la Fantasy et les recrache, tordus, changés. Extrêmement cru, Léopard noir, loup rouge est un livre débordant de stupre, dégoulinant de sang.

Outre la brutalité du récit, sa complexité me fait lever un sourcil quand je le vois dans la catégorie « jeunes adultes ». Ce roman, à mon sens, s’adresse davantage aux amateurs de belles plumes, aux fans de fantasy rincés de manger toujours la même soupe, aux lecteurs de l’imaginaire fatigués du manque paradoxal d’imagination de ce genre.

J’ai lu ce livre il y a quelques années, je l’ai refermé avec le sentiment agréable d’avoir lu mon chef-d’œuvre annuel, et les images d’un continent noir cauchemardesque m’ont hanté longtemps.











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Léopard noir, loup rouge

FOISONNANT.



Une plongée dans les contes, la mythologie, le surnaturel africain. Une grande sensualité, une grande force, de l'horreur, de l'annimalité,de l'humanite, il ya de tout. Mais que c'est difficile à lire, on a l'impression que l'auteur a voulu garder la force de l'oralité pour cette épopée qu'il veut coucher par écrit. Cela au final.donne une.lecture un peu rude, usante.

Le roman reste globalement interressant mais n'a rien à voir avec un GOT , ou un Tolkien l'africaine comme on veut nous le présenter.. C'est très différent et peut être que c'est tant mieux.
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Léopard noir, loup rouge

Ce roman me faisait de l’œil depuis sa sortie, ce n’est pas tous les jours qu’on a un cycle de Fantasy d’un auteur non occidental, inspiré de cultures non occidentales (africaines, pour ce qui est de ce roman). J’étais donc ravie de le trouver dans la médiathèque de ma ville, d’autant que le rayon SFFF est… meh.



Malheureusement, j’ai assez vite déchanté. Sans cette curiosité pour ce roman, je pense que je l’aurais même abandonné. Mais je me suis accrochée, et je dois dire que ça valait le coup quand même.



Je m’attendais un peu à être perdue par les différences culturelles, mais même pas. Les noms ne sont pas habituels pour nous, les coutumes et les mythes non plus, mais ce n’est pas forcément plus compliqué que n’importe quel autre roman de Fantasy. Non, c’est la narration qui m’a perdue. Elle m’a donné l’impression de partir dans tous les sens, on passe du coq à l’âne d’un paragraphe à l’autre sans toujours comprendre s’il y a un lien ou pas, certaines choses ne sont pas expliquées, on fait des avancées et des reculs dans le temps… En plus, le narrateur n’est pas fiable, ni dans la véracité de ce qu’il dit, ni dans ses souvenirs, et il se trouve que c’est lui qui raconte l’histoire, dans une narration très orale.



Autre difficulté, la violence omniprésente (notamment homophobe et sexuelle), que ce soit dans le langage, les insultes ou les agressions, ne rend pas l’immersion très aisée… Puis bon, à titre personnel, la thématique omniprésente du sexe, c’est pas mon truc (même si c’est beaucoup plus rare en Fantasy d’avoir des personnages ouvertement Gay, ça c’est chouette). L’humour ne m’a d’ailleurs pas parlé, c’est souvent glauque et/ou grivois.



Bref, j’ai vu que des lecteurices avaient abandonné, et franchement, je les comprends. Ce n’est pas un roman facile d’accès, à différents niveaux, et j’ai failli faire partie du lot.



Mais curieusement, vers la moitié du livre, la narration a semblé se fluidifier. L’intrigue principale vient enfin de commencer, fini les circonvolutions intempestives, nous avons enfin une direction et un but. Et là, j’ai retrouvé la curiosité qui m’avait attirée au début. C’est toujours aussi viscéral, mais au milieu de toute cette violence, il y a quand même des personnages auxquels on s’attache (enfin, essentiellement un, c’est dire), des mystères que nous aimerions éclaircir, des créatures inconnues qui effraient et fascinent à la fois. L’univers est extrêmement riche et foisonnant, inspiré par des cultures que nous ne connaissons pas forcément, et a plusieurs reprises je me suis vue aller sur notre ami Google pour en savoir plus sur certaines des spécificités culturelles ou mythologiques qui émaillent le livre.



Mais voilà, c’est vraiment exigeant et complexe à lire, clairement, je pense que ce roman en a laissé plus d’un’e sur le bas côté du sentier. Je lirai très probablement la suite, si tant est qu’il m’en reste assez de souvenirs (parce que je ne me vois pas rempiler pour un second round).



Bilan

Difficile de conseiller ce livre tellement j’ai moi-même galéré sur sa première moitié, en raison de sa violence et de son écriture qui donne l’impression de partir dans tous les sens sans expliquer grand-chose. Mais en même temps, c’est un livre extrêmement riche en terme d’univers et de thématiques. Et puis de la Fantasy issue de cultures africaines, on n’en a quand même pas souvent, il faut bien l’avouer.
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Léopard noir, loup rouge

Un livre unique en son genre : au début, jusqu'au début de la quête que ce roman raconte, j'ai eu du mal à rentrer dans l'univers. Mais une fois cette dernière initiée, j'ai été happée ar cette histoire qui cumule les inspirations issues de légendes africaines. L'écriture est chaotique, provocatrice et violence. Pour qui aime la fantaisie et n'a pas peur du cru, ce roman est à lire !.
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Léopard noir, loup rouge

Que dire de cette lecture... je l’ai pris en écoutant différents commentaires avec du positif, du positif et encore du positif. Il m’est impossible de faire un résumé et j’en suis désolé. Je cherche encore le GOT africain ou le futur Tolkien...



Je n’ai rien compris à ce livre, mais alors vraiment rien. J’ai essayé plusieurs fois de le lire dans un sens puis dans l’autre, de me concentrer, de suivre l’histoire, les personnages mais c’est un brouillon sans nom. Je me suis cru dans “Vorrh” de Brian Catling avec mon esprit complètement paumé dans cette lecture, dans cette jungle, dans cette savane, dans ces lieux, bref, c’était vraiment douloureux car je voulais aimer cette histoire.
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Léopard noir, loup rouge

J'ai mis une semaine pour le lire tellement qu'il est unique en son genre. Je ne peux pas dire que j'ai adoré, ni que j'ai détesté. C'est incontestablement une œuvre grandiose, mais où il faut lire petit à petit et être très concentré pour être happé.



Pourquoi cela ? Parce que l'auteur a construit son récit d'une façon particulière. Nous avons une histoire directive où s'insèrent des multitudes d'histoires pouvant nous perdre si on ne suit plus assez le texte. Le rythme est assez rapide et on trouve pas mal de descriptions.



L'immersion est directe et brutale dans cette Afrique mystérieuse et sans chichis. C'est crû, c'est violent, c'est triste, c'est joyeux, c'est traditionnel, c'est philosophique, c'est onirique... C'est tellement de choses &#xNaN



On y parle d'excision, de circoncision, de violence, de viol, de massacre, d'homosexualité, d'enfants mingis (enfants différents : maladies, albinos, déformations..), d'esclaves, et tant d'autres choses !



Le tout est raconté en parlant de sorcières, de fille fumée, de métamorphose... Et d'un pisteur capable de retrouver des gens grâce à son nez ! Ce dernier raconte son histoire à des inquisiteurs, c'est donc un récit oral que nous découvrons ici.



Il y a des scènes pouvant heurter les âmes les plus sensibles et les plus jeunes. Ce n'est pas un roman à mettre entre toutes les mains.



Quant au fait de lire la suite, je ne sais pas... Je verrais, peut-être un jour ! Mais ce n'est pas au goût du jour.
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Léopard noir, loup rouge

Je vais débuter par : ce roman est magistral.

Maintenant que c'est dit, je vais poursuivre par : ce roman n'est pas à mettre entre toutes les mains et il ne plaira pas à tout le monde.

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Si vous voulez savoir dans quoi vous vous embarquez, lisez le 1er paragraphe et dites vous que cela sera pire. Pourtant, ce même paragraphe m'a eu. Dès les premières phrases, je savais que j'entrais dans un roman qui allait me prendre au corps et me marquer à vif. La dernière fois que j'ai ressenti çà aussi vite, c'était en lisant les 5 premiers lignes de Dune.

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C'est un roman qui me sera difficile à raconter. La lecture demande de l'investissement, surtout au début, et l'auteur ne fait pas de cadeaux.

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C'est cru, c'est cruel, c'est gore, c'est violent, c'est choquant, c'est déroutant, c'est bouleversant. Mais est ce que vous me croirez si je vous dit que c'est parfois drôle... on va dire cyniquement drôle. Parce que oui c'est aussi très cynique.

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La plume de l'auteur est incisive et s'adapte parfaitement à l'univers décrit. Un univers extrêmement riche avec un folklore, un bestiaire et un lyrisme qui prend son origine en Afrique et qui vous dépayse complètement. Tout est juste parfois à la phrase, au mot ou à la virgule près, vous faisant passer par 1000 émotions souvent dérangeantes et bouleversantes. Il y a une phrase qui doit faire 2 pages de long mais elle a tout son sens dans ce que vit le personnage principal, Pisteur.

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Pisteur, le narrateur, qui pourra vous paraître détestable (je ne l'ai jamais détesté), qui va essayer de vous perdre, mais qui est à découvrir, lui et les personnages bons (il y en a peu) et mauvais (il y en a beaucoup) qu'il va croiser. Bon et mauvais ? La ligne est tellement flou dans ce roman. Tout est une question de perspective. Tout est gris et violant et perturbant et n'est jamais vraiment ce que l'on croit.

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Ce roman n'est pas une histoire. Ce sont plusieurs histoires mais elles tournent autour d'un personnage, un enfant. Enfant dont on connaît le destin dès la première phrase. Enfant qui va être le fil rouge, le mystère qui va lier le destin de tous.

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Cela fait longtemps que je n'avais pas été autant marquée par un livre. Je suis passée par plusieurs émotions. Les 100 dernières pages, et surtout, ce dernier chapitre, m'ont achevés. Je n'avais plus lu quelque chose d'aussi bien écrit et d'aussi bien maîtrisé depuis des années.

J'ai adoré. J'ai été bouleversée. Mais je ne regrette rien. Ce roman est un chef d'œuvre pour moi (voilà je l'ai dit).

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Mais je ne vais pas vous mentir. C'est une lecture qui va vous plaire, qui va vous déranger, qui va vous dégoûter ou au contraire qui va vous tomber des mains, tellement cela peut être extrême.

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Ne passez pas à côté des "trigger warning".

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Ce roman est déjà dans mon top 10 de mes meilleures lecture de l'année.
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Léopard noir, loup rouge

Comment parler d’une claque littéraire ? De ces lectures dont on ne se remet pas facilement ? De celles qui nous accompagnent toujours un peu et dont la marque ne veut pas s’atténuer ?



Je pourrai déjà parler de l’histoire du roman, de son synopsis faussement simple. Le narrateur, Pisteur, possède un don, celui d’avoir du nez, de pouvoir sentir, littéralement, toute personne ou chose, à des kilomètres à la ronde. Tout ce qui passe sous son nez reste gravé dans ses sens, et il peut ainsi pister, chasser, traquer. C’est précisément pour ce don qu’il est mandaté, lui et d’autres personnages haut-en-couleurs, pour une quête énigmatique : rechercher un petit garçon, disparu il y a quelques années. Mais cette mission se révèle bien plus profonde et tortueuse qu’elle ne le laisse présager, et Pisteur et ses compagnons de fortune participeront, malgré eux, à une quête d’une ampleur titanesque qui les dépassent tous.



Léopard Noir, Loup Rouge, c’est l’histoire d’un monde. Marlon James construit une fable démesurée, une mythologie dantesque dans une Afrique fantastique. Le bestiaire est grouillant, et on est autant curieux que dérangé devant la foule de créatures et personnages qui le composent. Les nécromanciens, les enfants hors-normes, les monstres cannibales, les métamorphes, les (anti)sorcières, les esprits, les géants, mais aussi les cités imprenables, les royaumes inexplorés, les griots et leurs histoires disparues, les obscurs mercenaires…On pressent que ce roman ne dévoile qu’une partie du monde grisant échafaudé par l’auteur.



C’est aussi l’histoire d’une langue et d’une écriture. Le récit ne se laisse pas facilement apprivoiser, il faut lutter pour être happé dedans. La lecture n’est pas aisée, autant par le style foisonnant de l’auteur que son écriture dense, poétique et sale à la fois. La multiplicité des personnages et des récits dans des récits eux-mêmes enchâssés dans des récits…On s’y perd, et c’est ce que Marlon James semble chercher. Le rythme est dense, les descriptions, actions et dialogues s’amoncellent. La jungle des mots est éreintante et laborieuse. Mais, peu à peu, on s’habitue à sa compacité et à sa masse, et on s’immerge de plus en plus dans ce paysage littéraire, en découvrant les couleurs, inédites, de son paysage. Les mots filent, laissent entrevoir et comprendre. Les phrases rayonnent, fusent, et font entendre l’écho de celles qui ne sont pas prononcées. Le dévoilement du récit est partiel, haché, et le silence de ce qui est laissé en suspend devient assourdissant.



Léopard Noir, Loup Rouge, c’est l’histoire de la violence. Gore, sanglante, sale, écœurante. La violence qui fait grimacer de dégout, celle que l’on préférait ne pas avoir découvert. La mort, torrentielle et brusque, est partout. On la sent à chaque détour de phrases, on la redoute tout en s’accoutumant à sa présence continuelle. Sadisme, tuerie, barbarie sont dépeints dans une jubilation perturbante. La bestialité enfin, comme un des fils rouges de ce roman. La sexualité, constante, est débridée et explosive, suinte des pages que l’on aimerait parfois refermer tant elles deviennent dérangeantes. La violence est physique, psychologique, sexuelle, verbale. Les coups sont aussi des mots. Les personnages se boxent par leur verve, dans un enchainement de punchlines dont on ne sort qu’essoufflé. Le langage est cru, incisif, et il ne nous ménage pas. Le récit raconte la violence, constitutive de la société et des personnages qui la composent. Pour parler de ce monde, il faut dire la violence, semble nous dire ici Marlon James.



C’est enfin l’histoire de l’identité. Celle que l’on cherche, celle que l’on a, que l’on pense avoir et que l’on aimerait acquérir. Une identité totale, celle qui fait que l’on comble notre existence, qui lui donne un sens, plus grand que notre vie elle-même. Pisteur cherche et se cherche, dans sa famille, dans son lignage, dans son héritage, dans son genre, dans sa capacité à aimer, à être complet. C’est la quête de l’identité d’un homme, de sa légitimité et de ce qui fonde son humanité. Cette quête se reflète alors dans tout le reste du récit, à toutes les échelles : personnages et royaumes cherchent à se comprendre et démontrer de leur légitimité face aux autres. S’il chasse pour accomplir sa mission, Pisteur traque aussi ce qui lui manque et ce qu’il désire, ce qu’il veut être et ce qu’il craint de perdre. Tout au long de ces centaines de pages, on l’accompagne dans sa découverte de lui-même, de son monde, de ce qu’il cherche à construire et de ce qu’il perd. L’histoire commence de la fin, du moment où Pisteur, emprisonné, est questionné par l’Inquisiteur. Le Pisteur qui nous raconte son histoire connait son identité, ce qu’il a cherché, trouvé, et perdu, et c’est finalement ce qu’il nous conte tout au long de son récit.



Difficile désormais de trouver les mots justes pour conclure cette chronique. Léopard Noir, Loup Rouge à été une lecture exigeante, parfois laborieuse, mais surtout jubilatoire et bouleversante. Il fait partie de mes chefs d’œuvres, de ces romans qui me marquent au fer rouge. Il est une ode à la littérature, à l’imagination, à l’amour de la liberté de la langue, à la puissance des mots.

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Brève histoire de sept meurtres

A Kingston, en Jamaïque, des membres de gangs préparent l'assassinat de Bob Marley, deux jours avant un concert historique pourtant organisé par des politiques, quelques semaines avant des élections cruciales pour le pays. Divers personnages racontent leur rapport au Chanteur, les évènements qui les ont amenés là...



Le mot "brève" dans ce titre est absolument relatif, non seulement parce que le roman approche les mille pages en version poche, mais également parce que sa construction polyphonique en monologues est très loin d'être facile à suivre, en termes de chronologie, de rapport à l'histoire attendue, de références historiques et culturelles, d'utilité pour le récit, de niveaux de langage, de compréhension des évènements. Ouais, la liste est longue.

C'est vraiment un roman à part, brut de pomme, hyper cru. Après deux romans lus sur cinq publiés à ce jour, on peut facilement dire que le style d'écriture de l'auteur est brutal, musclé, féroce et violent et qu'il ne mâche ni ses mots ni n'édulcore les "true colors" de son pays natal. En cela, cela en fait un auteur assez difficile à aborder, il faut être prévenu.

Cet ouvrage est d'autant plus ardu à lire qu'il comporte une quantité incalculable de références historiques, politiques, culturelles, sociales et j'en passe sur la Jamaïque. Si on se lance dans ce bouquin sans avoir jamais touché à la culture et de surcroît la littérature jamaïcaine, ce n'est même pas la peine d'espérer y comprendre quelque chose. Même avec un lexique en fin d'ouvrage et de nombreuses notes de bas de page, beaucoup d'éléments non-annotés (et qu'on ne peut repérer que si on a lu d'autres choses avant comme c'est mon cas) peuvent passer à la trappe malgré leur propre importance culturelle.

Brièvement (ah ah), je vais conclure par ceci : ce n'est pas un roman clair ou facile à suivre/comprendre. Il faut applaudir la traductrice qui a dû s'arracher les cheveux pendant les mois de traduction (on espère qu'elle a pu se reposer sur l'auteur un peu quand même). On ressent aisément la violence, la corruption, la peur, les enjeux politico-sociaux, mais on a énormément de mal à intégrer le but des dialogues ou le déroulé des évènements. Je trouve ça dommage que l'auteur jamaïcain le plus connu en France (grâce à son Man Booker Prize) soit un auteur compliqué à découvrir. Entre parenthèses, lui-même a expliqué qu'ayant quitté la Jamaïque depuis longtemps (il vit depuis une trentaine d'années aux Etats-Unis), il est conscient que la Jamaïque passée qu'il narre n'est peut-être plus la Jamaïque d'aujourd'hui car tout évolue très vite. Néanmoins, quand on lit d'autres auteurs, certains thèmes restent bien vivants de nos jours...
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Léopard noir, loup rouge

30 décembre 2022



Ayant reçu ce livre dans le cadre d'une Masse Critique, j'étais très impatient de m'engager dans la lecture de ce roman de fantasy d'inspiration africaine pour lequel les éloges ne tarissent pas...Et là, grosse claque : je me perds totalement durant les premières pages, et je n'arrive pas à coller à la narration de Pisteur.



C'est riche, baroque, ça foisonne de partout, on est chahuté, on a dû mal à imprimer ce qu'il se passe, s'en est trop : j'abandonne.J'ai laissé le livre de côté quelques semaines, je pense qu'il faut être dans de bonnes conditions pour s'y attaquer (ce n'était pas le cas pour moi).



Ce n'est pas juste une lecture pour se divertir, ça demande un sacré effort de concentration.J'ai repris la lecture à zéro il y a quelques jours seulement (pour honorer la Masse Critique quand même !), profitant de mes vacances, du repos, pour m'y atteler à nouveau. Et ça va déjà mieux ! Accrochez-vous pendant les 100 premières pages et vous sentirez que les choses commencent à se mettre en place doucement...



Vous l'aurez compris, il est encore trop tôt pour moi de donner un avis détaillé sur ce livre. Mais promis juré dès qu'il est fini, je viens vous raconter mon ressenti, si je ne me suis pas perdu sur les traces du Pisteur (ce serait une belle ironie...)



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28 janvier 2023



Un mois après mes premières impressions sur Léopard noir, loup rouge, je reviens comme promis terminer ma critique de ce roman vertigineux !Oui, ça vaut le coup de s'accrocher pendant les 200 premières pages. le récit se décante petit à petit et on comprend mieux l'intrigue, les relations entre les différents personnages, le monde dans lequel ils évoluent.Pour la faire simple, Léopard Noir, loup rouge, c'est Tolkien et G.R.R Martin qui rencontrent Quentin Tarantino (pour l'hémoglobine) Jean Genet (pour l'érotisme homosexuel) et Toni Morrisson (pour le réalisme magique et l'horreur).

C'est hyper violent parfois, avec des scènes d'horreur que vous n'êtes pas prêts d'oublier...



Personnellement, je trouve ça fabuleux qu'on ait une fantasy d'inspiration africaine, sans aucun personnage blanc, et avec un héros noir et homosexuel. Cela aurait-il été possible il y a 20 ou 30 ans ? D'ailleurs, je me demande s'il n'y aurait pas un peu de Marlon James dans Pisteur : dans une interview au Gardian, l'auteur explique que plus jeune en Jamaïque, alors qu'il découvre son homosexualité, il a été contraint de suivre des thérapies de conversion dans des églises Pentecôtistes pour "soigner" sa déviance. L'homosexualité décomplexée de Pisteur, et sa tendance à vouloir "niquer les dieux" à tout va n'est-elle pas une revanche de l'auteur pour clamer haut et fort son identité sexuelle et son rejet de la religion ?



En tout cas, cet univers inspiré des traditions et récits africains est tout bonnement spectaculaire. Parfois, j'ai dû relire une fois ou deux certaines descriptions de personnages, démons rencontrés, villes traversées (Dolingo !!), car mon imagination n'arrivait pas à imprimer.



En parlant des personnages, je trouve qu'il y a là aussi une grande réussite : certes nous suivons les péripéties de Pisteur, mais il y a de la place pour des personnages secondaires qui ne vous laisseront pas insensibles, comme le Léopard, Sogolon, ou l'Aesi. Et c'est pas anodin, car dans le tome deux de cette trilogie dénommée Dark Star, nous aurons la version de l'histoire depuis le point de vue de Sogolon, et nous en apprendrons plus sur l'Aesi. le tome 3 se terminera avec le point de vue de l'enfant...



De quoi vous donner l'envie de poursuivre la découverte de cet univers totalement déjanté et magnifique, même si la lecture n'est pas toujours aisée et que les lecteur·trices sont parfois malmené·es par la trame narrative et bien secoué·es par des scènes violentes.
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Léopard noir, loup rouge

Foisonnant, sensoriel, sensuel, horrifique, poétique, magique, envoutant, protéiforme, kaléidoscopique…tant d'adjectifs me viennent immédiatement à l'esprit pour qualifier ce livre que j'ai tour à tour détesté et adoré…Dans tous les cas hors norme, ce livre de Marlon James, auteur jamaïcain connu pour son roman "Brève histoire de sept meurtres" qui a remporté le Man Booker Prize en 2015.

Des semaines de lecture à petites doses pour le déguster comme il se doit, me demandant par moment ce que je faisais là, m'extasiant à d'autres moments, écoeurée parfois tant par les images, très dures, que par les odeurs, très fortes, souvent éblouie par la beauté des paysages et la philosophie universelle qui émerge de cette histoire…



En fait ce livre m'a fait l'effet d'une immersion brutale et sans crier gare dans la brousse africaine. Une chaleur humide m'a immédiatement fait transpirer tout au long de cette errance jusqu'à l'hébétude, voire le malaise. Des fleurs blanches s'ouvraient à mon arrivée, et se fermaient aussitôt que je me penchais pour mieux les observer, tentant de déchiffrer leur message, tout étant tellement ésotérique dans ce voyage, rien ne se livrant facilement, envoutée néanmoins par leur fort parfum musqué. Certaines lianes pendaient, d'autres remontaient s'enrouler dans les arbres, d'autres encore m'effleuraient pour mieux m'attirer dans leurs entrelacs desquels j'avais du mal à m'extirper. Il faisait sombre, les feuilles cachant la plus grande partie du ciel. Des sons se répercutaient et surtout des odeurs, mille odeurs inconnues et exotiques, m'assaillaient de toute part. J'ai croisé des mingis, ces enfants différents, déformés, albinos ou sans peau, présages de malheur, menacés de massacre pour en revendre les différents membres ; j'ai vu des êtres terrifiants et sanguinaires, les Omoluzu, qui apparaissent au plafond pour mieux se jeter sur leur victimes, assistant ainsi à des spectacles d'une cruauté innommable. J'ai été témoin de la transformation d'un homme en animal et vice versa, l'ami du héros étant un métamorphe, personnage aussi viril que drôle, j'ai fait la connaissance d'une fille fumée, d'une déesse de la rivière, d'une femme-foudre mise en cage, d'un géant (un Ogo), de la Sorcière de la Lune vieille de plus de trois cent ans.…tout s'emmêle dans ma tête quant aux étapes du voyage, quant aux richesses rencontrées, c'est confus et foisonnant, ça pétille de vie et de mort, mais j'ai su dès le départ qu'elle était clairement la ligne directrice de cette épopée : la recherche d'un enfant.



« J'ai porté le tissu à mon nez – une année de soleil, de nuit, de tonnerre et de pluie, des centaines de journées de marche, des douzaines de collines, de vallées, de sables, de mers, de maisons, de villes, de plaines. Une odeur si forte qu'elle est devenue un soupir, un son, une caresse. Je pouvais avancer la main et toucher le garçon, le saisir par l'esprit et vaciller sous le coup de sa distance, tant il était loin. Trop loin, et ma tête se hâtait, sautait et coulait sous la mer puis volait de plus en plus haut, plus haut, et sentait un air sans fumée. Une odeur qui me poussait, me tirait, me traînait au travers de jungles et de tunnels, me faisait dépasser des oiseaux, de la chair déchirée, des insectes mangeurs d'hommes, de la merde, de la pisse et du sang. le sang a afflué en moi. Tant de sang que mes yeux sont devenus rouges, puis noirs ».



« Léopard noir, loup rouge » est un roman de fantasy historique et de réalisme magique qui se déroule dans un univers imaginaire inspiré de l'Afrique précoloniale et préislamique, une Afrique païenne. Il suit les aventures de Pisteur, un chasseur engagé pour retrouver un enfant disparu dans une contrée peuplée de créatures surnaturelles et de magie. En effet Pisteur est doté d'un odorat d'une puissance inégalée lui permettant de retrouver à des kilomètres à la ronde la trace d'une personne. Vous l'aurez compris, le roman est rempli de références à la mythologie, à la culture, aux rites et à l'histoire de l'Afrique, mais il est également un roman d'aventure et de quête personnelle pour le personnage principal. Et cerise sur le gâteau, le livre ne manque pas d'humour. Il est narré par Pisteur lui-même qui raconte alors qu'il est fait prisonnier, soumis à la question par un grand inquisiteur.



Bi oju ri enu a pamo : « L'enfant est mort. C'est tout ce qu'il reste à savoir »

Voilà ses premiers mots.



Tous ces ingrédients sont terriblement attirants, certes, mais que ce livre est complexe dans sa flamboyance ! j'avais le tournis au milieu de toutes ces digressions, toutes ces histoires racontées parallèlement à l'histoire centrale à laquelle je m'accrochais comme je pouvais, celle de la recherche d'un mystérieux enfant par plusieurs personnes dont Pisteur, toutes ces personnes ayant été payées par un esclavagiste pour le retrouver…Comme si au milieu de la brousse dans laquelle j'errais, cette recherche de l'enfant était le chemin à suivre et que très souvent je me perdais sur des pistes secondaires, rendant le récit éminemment épique et picaresque, c'est vrai, mais confus aussi. Sans savoir parfois si vraiment le chemin de l'enfant était le chemin à suivre, ne sachant plus ce que je cherchais, tournant sur moi-même, pour retrouver enfin la piste, plus large, de celle menant à l'enfant.



Étonnée, parfois dérangée, aussi par la permanence de la sexualité, notamment de l'homosexualité, soulignée sans cesse, tout au long de ces presque 700 pages. Beaucoup de sexes, de sexes en érection, de fluides, de sueur, de sperme, de sang, d'instincts primaires, de bestialité. Mais en même temps une sexualité libre, ouverte, où les genres se mélangent et se confondent, Pisteur étant à la fois homme et femme n'ayant pas pu participer à la cérémonie ku de la virilité. Ceci étant,la sexualité pose toujours question, les êtres humains s'étant fait retirer leur part féminine (circoncision) ou masculine (excision) ne cessent ensuite d'être hantée par leur part coupée, perdue…Enfin, j'ai eu parfois l'impression d'un énorme chaudron dans lequel Marlon James avait pris un malin plaisir de déverser tout ce qu'il pouvait dedans, toutes les mythologies, tous les rites, toutes les bêtes imaginaires, donnant un brouet certes délicieux à petites doses, quelque peu indigeste dès qu'on le déguste plus longtemps. Impossible pour moi de lire plus de 30/40 pages d'affilé.



Si je suis contente d'avoir découvert ce livre de réalisme magique africain, ce premier tome de la Dark Star Trilogy sera pour moi la seule expérience tant j'ai peiné à lire ce livre en entier alors que j'aurais tant aimé être davantage emportée. Un amour-haine que j'ai du mal sans doute à expliquer, une note de 2,5 qui ne veut pas dire grand-chose mais qui traduit sans doute cette ambivalence…il faut sans conteste se faire sa propre expérience pour savoir ce qu'il en sera pour vous, la rencontre est dans tous les cas, avec un tel livre, unique et singulière. J'en suis certaine, jamais vous n'avez lu un tel livre. Je remercie chaleureusement Marie-Laure (@Kirzy) pour cette lecture, si je suis moins enthousiaste qu'elle (je vous invite à découvrir sa somptueuse critique), je suis consciente d'avoir découvert un livre qui fera parler de lui, c'est certain ! Des personnes ici, comme Just a Word, parlent même d'une saga monumentale et unique d'une fantasy qui fera date. Un livre à expérimenter !

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Léopard noir, loup rouge

Livre monumental, ce "léopard noir, loup rouge" m'a laissé complètement froid. Les comparaisons avec " RR Martin (Trône de fer) " ou " le seigneur des anneaux " sont ridicules, à côté de la plaque. Des aventures, à gogo, des personnages incroyables (cette fille-fumée...), des divinités barjos, des situations rocambolesques, tout ce que vous voulez, mais à part l'imagination plutôt, donc, folle, de Marlon James, que reste-t-il ? C'est froid. Je n'y ai pas trouvé d'âme, de profondeur, pour tout dire d'humanité. Excessivement superficiel. Sorte d' "heroic fantasy" sans âme. Et c'est long........... si long, je tournais les pages en espérant que j'allais trouver le passage qui rachèterait l'ennui qui me gagnait. Ben non.
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Léopard noir, loup rouge

Marre de la fantasy d'inspiration médiévale européenne ? Ce livre pourrait grandement vous plaire !



C'est foisonnant, brutal, ébouriffant.

Rien qu'à la lecture de la liste des personnages en début de volume, on est projeté dans ce monde incroyablement excitant bâti par Marlon James.



Merci à Albin Michel et à Babelio pour ce livre reçu via une Masse critique.

Je dois envoyer la critique pour des raisons de timing, mais il faut que je laisse décanter cette lecture massive ! Je reviendrai sur cette critique plus tard.
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Léopard noir, loup rouge

Comme une blague, Marlon James s’était amusé à présenter son roman comme un « Games of thrones africain », surpris ensuite de voir son expression reprise par les journalistes. Oui, Léopard noir, loup rouge s’inscrit bien dans le genre fantasy, oui il y a bien en arrière-plan des querelles dynastiques entre prétendants au royaume, mais la comparaison s’arrête vraiment là. Ce premier tome d’une trilogie annoncée ( Black star ) est l’œuvre d’un lecteur vorace qui a digéré tant son Tolkien que les contes folkloriques africains et les légendes de ce continent, mais aussi celle d’un brillant inventeur qui ne contente pas de recycler mais forge un récit détonnant aussi singulier que puissamment dopé à l’adrénaline et la testostérone.



On ne vas se mentir, j’ai mis à peu près deux cents pages avant d’arriver à saisir le fil du récit raconté à la première personne par Pisteur, mercenaire doté d’un odorat phénoménal qui lui permet de retrouver à des kilomètres à la ronde la trace d’une personne. Lorsqu’on fait sa connaissance, il est soumis à la question par un Inquisiteur qui veut lui arracher des confessions sur une précédente mission. Nous sommes dans une Afrique antique et païenne, pré-islamique, pré-colonisation. La complexité de la trame narrative est vertigineuse ; sans compromis, elle évite toute propulsion facile, gorgée de milles digressions, de milles contes secondaires initiées par l’arrivée d’un des très nombreux personnages rencontrés par Pisteur, sans aucune délimitation discernable par rapport à l’intrigue principale. J’ai mis longtemps à l’identifier, et pourtant c’est la boussole de fer au centre des six cents pages : la quête d’un mystérieux enfant disparu depuis des années, Pisteur et d’autres mercenaires ayant été payé par un esclavagiste pour le retrouver, ce ne sont pas les seuls …



Tour de force, cette épopée fantasy picaresque compose un univers cohérent, à la fois totalement imaginaire et pourtant réaliste, des cités ( incroyable Dolingo ) et des royaumes dans lesquelles évoluent des protagonistes en perpétuel déplacement. Pour retrouver l’enfant, Pisteur est entouré d’une bande hétéroclite de super héros dotés de pouvoirs : Sogolon la sorcière de la Lune, Léopard un métamorphe mi léopard mi humain ( personnage le plus « sexy » et le plus drôle de la bande ), Sadogo le géant ou encore une Bunshi une déesse de la rivière. Autour d’eux cela grouille de créatures toutes plus dangereuses les unes que les autres : Ipundulu, l’oiseau-foudre, une créature vampirique ; les frères cannibales Asanbosam et Sasanbonsam, un mangeur de chair humaine et un suceur de sang ; les Omoluzu qui apparaissent sur les plafond attirés par le sang de ceux qu’ils vont pourchasser sans fin pour les dévorer ; ou encore les Savants blancs, effrayants nécromanciens.



Evidemment, avec de telles rencontres, le danger est permanent, l’ultra violence éclate dans chaque page, cruelle, gore, horrifique, confinant dans de nombreuses scènes de viols, tortures, combats. La sexualité est également omniprésente dans ce monde de passions et d’appétits bestiaux : il y a beaucoup d’orifices, de fluides corporels et d’organes génitaux en érection. Cependant, même si on sent une certaine jubilation de l’auteur à décrire les scènes les plus brutales, la violence n’est jamais totalement gratuite car chaque acte violent à des conséquences qui propulse l’intrigue, résonnant en de longs échos.



Dans ce chaos infernal, les plus effrayants ne sont pas les monstres qui assument, eux, leur agressivité sanguinaire, et avancent, eux à visage découvert. Ce sont les personnages humains qui portent tous des masques, cherchant à dissimuler leurs intentions, à tromper, tricher, corrompre, trahir dans un récurrent jeu de rideaux. En fait, derrière la violence dantesque, la fantasy épée et sorcellerie bien brutale, la grivoiserie rabelaisienne de certaines situations, ce roman kaléidoscopique est une œuvre queer explorant la nature changeante de l’identité. Presque tous les personnages, à commencer par Pisteur, ont une sexualité fluide ou ouvertement homosexuelle, à l’image de la cérémonie initiatique ku qu’il raconte : les êtres humains naissant avec deux identités, male et femelle, il convient de trancher pour devenir homme ou femme, ce qui n’empêche l’individu de se questionner sur la part occultée qui subsiste en lui et peut ressortir à tout moment. « Nique les dieux » scande en permanence Pisteur pour rappeler son affranchissement à tout déterminisme, divin ou pas.



Bref, tout est surprenant dans ce livre-monde qui rebat les cartes du genre fantasy avec force et brio. Pour ma part, je suis encore en mode digestion de ces plus de 600 pages folles, encore grisée par cette expérience littéraire hors-norme qui demande un engagement ferme du lecteur, aussi bien exténuée par la densité des excès formels et romanesques de l’œuvre que revigorée par son électrisante énergie.

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Léopard noir, loup rouge

Tout d'abord, merci à Babelio pour m'avoir offert ce livre dans le cadre d'une Masse Critique.



Ce bouquin, j 'avais flashé dessus. En tant qu'objet, il est beau. La couverture est canon, et la quatrième de couverture donnait très envie. De la fantasy en Afrique ? Génial comme concept !



Malheureusement, j'abandonne là. Comme je l'ai reçu via Masse critique, j'ai persisté mais là, je craque.

Ce n'est clairement pas mon univers. Je n'ai littéralement rien compris à la première partie. Je n'ai pas accroché au héros. En fait, je n'ai accroché à rien. Ni l'histoire (d'ailleurs, je n'ai pas trouvé d'intrigue en tant que telle) ni à l'ambiance ni aux personnages ni à la plume. Je ne visualisais pas du tout le monde ni les personnages.

Clairement, je ne suis pas le public visé.
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Léopard noir, loup rouge

Il y a un homme-léopard changeant de forme à loisir, un géant, une sorcière, une déesse. Autant de personnages échappés d'un univers de fantasy. Mais dans le roman Léopard noir, loup rouge (éditions Albin Michel), ils évoluent, non pas dans une Europe médiévale comme c'est le cas dans Le Seigneur des anneaux par exemple, mais dans une Afrique de légende.
Lien : https://www.rfi.fr/fr/podcas..
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Brève histoire de sept meurtres

Extrait de ma chronique (en 3 parties, "Jamaican Tabloid", "Dodécaphonie", "Un héros, un grand méchant et une Cassandre" :



"Comme Catherine Dufour (qu'il ne connaît sans doute pas), Marlon James prend grand soin de singulariser, linguistiquement parlant, chacun des 12 personnages auquel il donne la parole : pour ne citer que quelques-uns des tics les plus voyants, Papa-Lo nous apostrophe en nous appelant "gentlemen" (ou "braves gens") ; Demus organise systématiquement son discours à l'aide de "voici" ou "voilà", etc.





Ce n'est pas qu'un brillant exercice de style : comme l'explique Marlon James dans un entretien accordé à Vogue, c'est bien sa volonté de servir une histoire au mieux qui le conduit vers des narrations inhabituelles ("je ne commence pas par me dire 'je vais repousser les limites de ce qu'est un roman' ; en fait, je fais même l'inverse").





Comme l'écrivait Isabelle Boof Vermesse dans un article sur Ellroy, une telle structure polyphonique pousse en effet le lecteur ou la lectrice "à ne pas se concentrer sur une causalité linéaire inducto-déductive (comme dans le roman policier classique) mais au contraire à envisager les choses globalement, à prendre en compte les échanges simultanés de toutes les parties du système, l'accent étant mis sur l'interaction et l'interférence" – et dans cette interaction peuvent, possiblement, se dévoiler des choses qui ne seraient pas apparues autrement."




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Léopard noir, loup rouge

Avant-propos



En premier lieu, je remercie très chaleureusement Gilles Dumay (Albin Michel Imaginaire) et Carol Menville pour m’avoir envoyé ce service de presse pour me permettre de découvrir cette incroyable œuvre !



Premier tome d’une trilogie de l’auteur jamaïcain Marlon James, j’avais vu passer Léopard Noir, Loup Rouge sur Instagram et dès lors je n’avais plus eu qu’une envie : lire ce roman qui promettait d’être très différent de mes lectures habituelles. Ne serait-ce que parce qu’il s’agit d’une fantasy africaine.



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Introduction



Imaginez un monde ancien, une terre féroce maudite par la loi du plus fort. Une Afrique antique, sauvage et hallucinatoire, que les dieux semblent avoir abandonnée, laissant moultes créatures monstrueuses y faire leur nid. C’est un univers de dark fantasy qui se dessine, violent, riche et complexe, mais tout autant flamboyant.



Aux lecteurices de l’Occident assoiffé.e.s de lectures radicalement différentes, engagées, protéiformes, proposant personnages, décors et bestiaires d’autres cultures, arrêtez-vous sur ce roman. Si vous avez le cœur bien accroché, venez vous plonger dans les récits de Pisteur, lui qui ne croit pas aux dieux, bien qu’il combatte des êtres maléfiques, avant tout les hommes.



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La quête de Pisteur, narration protéiforme



D’emblée, nous entrons dans une narration orale, car Pisteur est interrogé par un Inquisiteur, accusé du meurtre d’un enfant. Car il y a plusieurs années, il avait été engagé pour retrouver un enfant, or l’on sait depuis le départ que celui-ci est mort. Toutefois, c’est loin d’être un récit linéaire que raconte Pisteur. Il mêle plusieurs histoires, dont celles d’autres pour, au final, dresser son évolution mais rapporter les visages changeant du monde dans lequel il vit, les horreurs et la cruautés humaines.



Ainsi, ce sont quêtes initiatiques, quête d’identité, de vérité, mission, rencontres, combats, tortures, métamorphes, sorcières, savants blancs, démons du plafond, vampire, oiseau-foudre qui ponctuent cet ouvrage coup(s) de poing. L’imagination de Marlon James se tisse avec une base de mythologies, légendes et folklores africains au point de ne plus les différencier.



Pisteur « a du nez », il est connu pour ça et d’ailleurs il vie à travers ce don, si on peut l’appeler ainsi. En effet, il est missionné : il est payé pour retrouver des personnes. Dès qu’il capte une odeur, il peut la suivre sur des distances incroyables et ce pendant des années. Au tout début roman, il revient sur quelques-unes de ces missions. Nous comprenons dès lors qu’il possède sa propre vision du monde, sa propre morale : ainsi il retrouve une épouse qu'il reconduit à son mari en lui ayant laissant une arme. Mais très vite, le récit bascule en incluant un bestiaire d’êtres et de créatures maléfiques, surnaturels, car les territoires où voyage Pisteur témoignent de mythologie vivante.



Cet enchevêtrement narratif, proposant à la fois plusieurs histoires et donnant voix à celles d’autres personnages, est lié à la magie, à la monstruosité, à l’imaginaire réel. Et si vous doutez de la véracité de tout ceci, venez écouter Pisteur raconter son histoire.



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Face à la magie



Plus jeune, alors qu’il est en quête de se origines, de son identité, Pisteur va rencontrer un étrange jeune homme qui va le mener aux rencontres qui bouleverseront son destin. Le Léopard apparaît dans sa vie, ce métamorphe homme/léopard ou léopard/homme, ainsi qu’une Sangoma (une « anti-sorcière ») et des enfants Mingi. Ces derniers sont considérés comme maudits, maléfiques, car ils sont différents, pouvant par exemple avoir des jambes trop longues, être albinos ou simplement avoir les dents du haut qui poussent avant celles du bas. Nourrissons, ils sont voués à être abandonnés, à être tués ou à être vendus à des sorcières, qui les dépèceront pour vendre leurs membres et leurs organes, pour préparer onguents et poudres soi-disant médicinaux.



Pisteur sauve des enfants Mingi avec le Léopard. Plus tard, par trahison, le refuge de la Sangoma est attaqué, alors qu’elle tentait de sensibiliser Pisteur à la magie ; d’ailleurs elle lui laissera une marque de protection ainsi qu'une ou deux formules. Elle l’aura davantage marqué, car son nom reviendra régulièrement dans ses récits ; l’on voit qu’elle a contribué à des changements dans sa perception de voir les mondes (la jungle des rêves pour ce citer qu’elle).



Dans cet univers, les hommes sont les proies de monstres, certains appelés par des sorcières, par la magie du sang (les Omoluzu), d’autres étant plus primairement prédateurs (Asanbosam et son frère Asanbonsam, l’un mangeur de chair humaine et l’autre buveur de sang). Mais il y a également des nécromanciens, dont les savants blancs qui mêlent l’alchimie à la nécromancie, ou encore le Mauvais Ibeji (jumeau difforme qui vous fera cauchemarder).



Ce folklore comporte lot de trahisons, d’alliances insoupçonnées, car dans chaque cœur bat la vengeance, la quête de vérité, de changement ; n’oublions pas que la loi du plus fort prévaut.



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Une drôle d’équipe



Le cœur du récit s’articule comme les plus épaisses lianes de cet enchevêtrement narratif autour de la mission de retrouver le garçon. Le garçon, il n’a pas de nom, et, pendant la quasi entièreté du récit, on ignore pourquoi il est aussi important. Pisteur et le Léopard sont missionnés par un esclavagiste, ils feront équipe avec Nsaka Ne Vampi et Nyka, deux mercenaires, Sogolon, la Sorcière de La lune, Bunshi, sirène métamorphe de la rivière, Sadogo, un Ogo, homme très grand et fort (mais ne l’appelez pas géant) et de Bibi, un serviteur de l’esclavagiste. Tout le monde traîne des pieds face à cette inclusion forcée dans ce groupe, surtout Pisteur, qui a un passé avec Nyka, un passé qui lui a, entre autres, coûté un œil ; la façon dont, à la place, il possède désormais un œil de loup, d’où son surnom Œil-de-Loup, est une histoire qu’il vous racontera plus loin dans le récit.



Toutefois, l’équipe est vite divisée, comme les tensions naissent parmi les membres autour de Pisteur. À commencer à cause de Fumeli, le jeune homme archer du Léopard qui se révèle jaloux et possessif. Pisteur ne fait pas confiance à Sogolon, il sait qu’elle ment à propos de leur mission, de l’identité du garçon. Alors que Pisteur et le Léopard se déchirent, Venin fait son apparition, cette fille qui était honorée de servir de sacrifice humain à des créatures monstrueuses. Elle ne cesse de vouloir regagner la forêt pour accomplir sa destinée, mais elle va changer, se rapprocher de Sogolon au point de savoir elle-aussi tracer des runes, et d’insulter la Sorcière de la Lune. Pisteur se rapproche de Sadogo, qui se révèle sensible et tourmenté par les innombrables meurtres qu’il a commis, même ceux datant de sa condition de bourreau.



Plus tard, s’ajouteront à cette drôle d’équipe le buffle, animal intelligent, et Mossi, bel officier du chef de l’armé de Kongor. Si la vérité sur les dessous de cette quête, à savoir l’identité du garçon, s’éclaircit, d’autres trahisons, combats et tortures n’épargneront pas les personnages.



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Monstres parmi les monstres



Comme je le disais plus haut, il faut avoir le cœur bien accroché pour se plonger dans les histoires protéiformes de Pisteur. L’ensemble ne tourne cependant pas au pathos, mais les thématiques n’en demeurent pas moins terribles. L’auteur traite de sujets durs et violents, non pas gratuitement, car il dénonce, il se révolte contre. Ainsi Pisteur, qui tue, déteste les esclavagistes, les hommes qui maltraitent leur(s) épouse(s), les pédophiles, les violeurs, les sorcières. De l’horreur, il y en a dans ces pages : carnages, corps démembrés, viols, enfants esclaves, tortures, ignominies des savants blancs, meurtres, festins de créatures maléfiques, incendie des archives de Kongor (la perte du passé), inceste…



Les véritables monstres, qui sont-ils ? Les enfants Mingi, anormaux ? Les diverses créatures qui ponctuent le récit ? Les métamorphes comme le Léopard, plus animaux qu’humains ? Les esclavagistes ? Les sorcières ? Les traîtres/traîtresses ? Les savants blancs (nécromanciens-alchimistes) ? Ou encore l'Aesi (cet être magnifique à la peau noire comme l'encre, aux yeux blancs et luisants, aux cheveux rouges comme des fleurs écarlates), surnommé roi-araignée ? Pour Pisteur, il n’y a que les hommes qui peuvent porter des masques, et pas les monstres… Les hommes sont les plus monstrueux en fin de compte (si vous en doutiez encore).



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Pisteur et la/les femme(s)



Le fil rouge personnel de Pisteur demeure la quête d’identité. Il cherche ses origines, bien qu’il rejette sa mère et son père, apprend les coutumes ku pour partir. Toutefois, sa quête d’identité ne va pas sans identité de genre. Lors d’une cérémonie initiatique chez les ku, la partie femme des hommes doit être tranchée, de même que la partie homme chez les femmes ; c’est le passage à l’âge adulte. Pour les ku, les individus naissent femme et homme, ce n'est que lors de cette cérémonie que l’on devient véritablement homme ou femme. Nous parlons bien d’excision (circoncision comme clitoridectomie).



Pisteur est trop âgé lorsqu’il découvre ce rituel. Et dès lors, il va s’imaginer une dualité interne, entre sa part virile et sa part féminine. Pisteur aime les hommes, toutefois, certaines de ses attirances, il va les mettre sur le compte de sa part féminine. De même que ce sera son excuse lorsqu’il ressentira certaines émotions, jugées « faibles », toujours selon la loi du plus fort.



Cela va plus loin, car Pisteur hait sa mère, de même que l’ensemble des femmes en général, lui qui déteste les sorcières et insulte par ce nom bon nombre de femmes qu’il rencontre. Misogynie ? Eh bien, non. Et c’est là toute la complexité qui unit Pisteur au féminin. Aimer, fonder une famille, tout cela lui paraît impossible ; le Léopard lui ayant dit que personne n’aimer personne, et d’ailleurs, comment fonder une famille, avoir des enfants alors qu’il aime les hommes ? C’est la rencontre avec un personnage en particulier qui va faire évoluer intérieurement Pisteur, qui va le pousser à voir les choses sous un angle différent, à s’accepter, enfin.



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Œuvre queer



L’œuvre de Marlon James est résolu queer, et c’est un régal de suivre Pisteur, charismatique, flamboyant, de le voir au côté du Léopard, ce chat à l’humour caustique qui est toujours fourré dans les scènes les plus drôles. Un lien profond uni ces deux-là, dans un « je t’aime, moi non plus » tantôt agaçant tantôt émouvant.



Dans la représentation queer, n’oublions pas Ekoiye, le prostitué aux formes féminines, ou l’utilisation de l’inclusif avec un personnage possédé par un esprit.



L’histoire propose également des personnages féminins forts : Nsaka Ne Vampi, la mercenaire, Bunshi, la sirène métamorphe de la rivière, Sogolon, la Sorcière de la Lune qui dessine des runes et peut faire naître des tempêtes, la Sangoma qui protège seule des enfants Mingi.



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Les tambours de la jungle



Au sein des récits de Pisteur, le sang bat comme les tambours de la jungle. Menaces, trahisons, pistes mouvantes, détours, chaque minute rime avec survie, combat, tortures, souffrance, les plans sont souvent voués à l’échec. Toutefois, l’ensemble est émaillé de moments plus légers, amusants, parfois sexy, émouvants aussi (je pense à Sadogo, le Léopard, Mossi, le Pisteur). La narration est plutôt dénuée de pathos, mais les sentiments et émotions transparaissent : Pisteur n'est pas uniquement cet homme fort à la grande gueule qu’il prétend être.



Le sauvage transpire dans les pages : la violence et ignominies des hommes, les métamorphes mi-humains mi-animaux, le bestiaire des êtres dits maléfiques, la loi du plus fort, la prédation etc. Au-delà, l’auteur concocte des mélanges, rendant le sauvage horrible, intolérable : le progrès et l’alchimie au service de la nécromancie (je pense à Dolingo en particulier, où des scènes qui m’ont complètement révulsée). Les monstres, animaux comme créatures, tuent pour se nourrir, mais les hommes tuent par plaisir, pour dominer, pour écraser.



Le sang va battre dans vos veines et à vos tempes lors de votre plongée dans le monde Pisteur, dans cet ouvrage si délicieusement complexe dans lequel on s’immerge complètement. Peut-être se croisera-t-on dans la jungle des rêves ?

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En bref : Mêlant mythologies africaines à son imaginaire, Marlon James signe ici le premier tome de la trilogie Dark Star, récit coup(s) de poing et flamboyant. Dark fantasy, magie, monstres, queer : voilà les ensorcelants ingrédients de l’auteur !



La narration orale protéiforme donne vie à un enchevêtrement de récits, de monstres et de lieux spectaculaires, horribles, vertigineux, oniriques ; de palais et de champs de bataille/de lieux de carnages, à la jungle des rêves, à un royaume dans les arbres, des terres dans les souterrains. Plusieurs histoires, plusieurs voix, une galerie de monstres (souvent humains), de nombreux lieux, tout cela pour retrouver un garçon, cette énigme vivante.
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Léopard noir, loup rouge

Si vous aimez le dépaysement , ce livre est pour vous , en effet :les auteurs jamaïcains ne courent pas les librairies. L’Afrique ancienne (fantasmée) comme cadre ce n’est pas banal . Mythologies et folklores africains sont largement sous estimés sauf chez les ethnologues . Un mélange de merveilleux, d’aventure , d’horreur « gore » pimenté d’humour noir (sans jeu de mots) et rabelaisien n’est pas commun. Donc embarquez-vous dans la quête menée par le héros Pisteur (pour son flair) ou Œil-de-Loup, et ses compagnons : un homme léopard , une sorcière, une nymphe des rivières . Vous les verrez parcourir jungle, savane et désert , franchir des portes magiques, visiter des cités improbables . Ils affronteront des monstres effroyables , des sorciers maléfiques , des environnements hostiles, la trahison et la duplicité .Ils connaîtront les passions : amour , désir d’enfant , amitié , haine , folie du pouvoir. Et derrière l’aventure se dessineront des thèmes plus profonds : la guerre des sexes , l’exclusion des êtres différents, l’esclavage ,les mutilations, l’existence des dieux . Un livre-monde plein de rires , de sang , de sexe et de fureur jouant sur tous les registres . Sacrée aventure !
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Léopard noir, loup rouge

Extrait de ma chronique :



"A travers ce fil imaginaire que je viens d'évoquer se transmet une vibration, bien réelle elle : tel que je viens de le décrire, le projet de Marlon James pourrait paraître cérébral, mais il parvient, au contraire, à nous faire ressentir avec intensité l'humanité de Pisteur, même si l'on ne partage ni sa couleur de peau, ni son orientation sexuelle, ni son sens (bien caché, mais réel) de la famille.





Cela tient, sans doute, à la "grande gueule" du personnage (page 195 ou 335, voir aussi pages 188, 316 ou 549), à sa truculence (le juron "nique les dieux"), son autodérision (à l'insulte "va te faire enculer mille fois" de la page 606, il répond "ça fait largement plus de mille fois que je me fais enculer") et surtout sa morale de voyou au grand coeur (pour ne pas dire de picaro mettant le doigt là où ça fait mal), qui place au-dessus de tout le respect des enfants, y compris "disgraciés" (page 538).





C'est présent dès le premier chapitre (comme le remarque fort justement Nicolas Winter, "un seul chapitre, et toute l'essence du roman capturé d'un seul trait") : Pisteur y décrit l'Inquisiteur comme "un homme possédant deux cent vaches, qui se repaît d'un carré de peau de garçonnet et de la cramouille d'une fillette qui ne devrait pas être la femme d'un homme".





Comme Tiger d'Eric Richer ou Dragon de Thomas Day, voire Monstrueuse féerie de Laurent Pépin, Léopard noir, loup rouge est donc aussi un roman sur l'enfance meurtrie (d'où l'importance accordée à celle de Pisteur dans la première partie), dans laquelle absolument tous les méchants de l'histoire, d'Adze à Sasabonsam, s'en prendront un jour ou l'autre à un gosse."
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Neveu d'un homme illustre qui a écrasé la France et l'Europe de son génie, je n'ai guère de mal à me faire élire, au suffrage universel (masculin) président de la République, en balayant le général Cavaignac, qui avait réprimé dans le sang l'émeute populaire après la chute de la monarchie, et le malheureux Lamartine. Je soigne ma popularité pendant mon mandat, que la constitution veut unique. On dit que mes dettes, et la perspective de retrouver mes créanciers au sortir de l'Elysée, m'ont convaincu de faire le coup d'Etat qui me maintint au pouvoir. Grâce à moi, Victor Hugo a eu le loisir d'écrire de bien beaux romans et poèmes.

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