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Critiques de Martha Gellhorn (13)
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J'ai vu la misère : Récits d'une Amérique en crise

♫ Nobody knows the trouble I've seen

Nobody knows my sorrow ♪ ♫



Martha Gellhorn a vu la misère, ça oui pas de doute. C'est pas tant qu'elle ne savait pas ce que c'était, en plein coeur de la Grande Dépression tout le monde avait une idée assez précise de la définition de l'expression alors quand Roosevelt, mettant en place son New Deal et pour connaître exactement les urgences auxquelles s'attaquer en priorité pour redresser l'économie de son pays, décida d'envoyer des reporters et écrivains dans les états les plus sinistrés par le krach de 1929, Martha Gellhorn – tout juste rentrée de plusieurs années de reportages en Europe – se porta naturellement volontaire. Elle fut alors déléguée aux régions de la Nouvelle-Angleterre, du New-Jersey et des deux Caroline. Et c'est là, pile là, dans ces états dévastés qu'elle l'a prise en pleine face, la misère noire. Celle qui lui fera écrire que "Les hommes sont dans un pétrin monstrueux. Seigneur que les mots semblent pauvres : Les hommes sont confrontés à la faim et au froid, à la perspective de devenir des mendiants assistés, d'être jetés à la rue et de voir leur famille dispersée. Je ne sais pas ce qu'un homme peut endurer de pire."



Les témoignages recueillis auraient pu parler d'eux-mêmes, pour peu qu'on se soit demandé à quel point la pauvreté avait condamné ceux qui étaient déjà des gagne-misère avant le naufrage économique, mais Martha Gellhorn choisit de nous plonger dans les ténèbres de cette crise sans précédent sous la forme du docufiction et de ses rencontres émergent quatre histoires distinctes. D'abord le quotidien d'une vieille femme qui voit en Roosevelt et son programme de réhabilitation rurale (on vous file une ferme, des graines, une mule et en échange on récupère un pourcentage sur les récoltes) une lumière salvatrice ; puis l'histoire de syndicalistes meneurs de grève qui perdent leur emploi quand celle-ci échoue ; le triste choix de Jim qui, quand l'argent vient à manquer, vole son employeur pour payer un beau mariage à sa fiancée et enfin l'écoeurant destin de Ruby, petite gamine de 11 ans qui se demande comment elle pourrait bien se payer des patins à roulettes, des glaces et des bonbons et dont les fréquentations douteuses auront vite fait de trouver réponse à sa question en lui expliquant que certains hommes sont prêts – sous certaines conditions qu'on ne prendra pas le risque de lui expliquer – à donner de l'argent à de toutes jeunes filles comme elle.



Même si concernant cette période je persiste à placer le prestigieux Hard Times de Studs Terkel au sommet, Martha Gellhorn loin d'être en reste met en mots ce que Dorothy Lange et Walker Evans ont mis en image et nous brosse un tableau vivant et intelligent qui, malgré les décennies, ne nous épargne rien de la détresse et de la misère dans lesquelles ont plongé ces pauvres gens quand ils ont vu leur vie ruinée après les fermetures successives de toutes leurs usines et ateliers.



Entre l'écriture au cordeau, son sens aiguisé de l'observation et l'astucieuse retranscription des témoignages recueillis, il est bien difficile de ne pas voir émerger la future grande écrivaine, journaliste et reporter de guerre que Martha Gellhorn allait devenir.

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Mes saisons en enfer : Cinq voyages cauchem..

Le genre de livre que l’on choisit par hasard… mais pas tout à fait par hasard !



Mes saisons en enfer, avec, comme sous- titre « cinq voyages cauchemardesques », voilà qui peut m’interpeller ! Si, de plus, Sylvain Tesson écrit en quatrième de couverture « le bréviaire du reportage en milieu hostile », voilà qui ne peut que titiller ma curiosité !



Alors je suis parti avec ce livre sous le bras en me disant que je n'allais pas traîner avant de le lire. Juste quelques mois d’incubation indispensables afin qu’il trouve sa place au milieu de mes autres livres de voyages.



Car oui, j’aime les voyages et j’aime les écrivains qui en parlent.



Martha Gellhorn a touché un peu à la littérature mais c’est surtout le journalisme qui l’a rendue célèbre. Elle a traversé le XX ème siècle (1908 – 1998). Sa vie est plutôt riche et ne ressemble en rien celle d’une « potiche ». Elle s’est engagée dans la carrière de journaliste, a dû affronter tous les préjugés sexistes de son époque (une femme journaliste ? La bonne blague!), a vécu quelques temps auprès d’Ernest Hemingway, a arpenté beaucoup de pays en temps de guerre ou en période troublée. Elle pourrait être une féministe avant l’heure : elle n’avait pas froid aux yeux, n’avait pas peur de se mettre en danger ou dans des situations particulièrement inconfortables. Elle était l’égale des hommes dans bien des domaines et même souvent plus courageuse que beaucoup d’entre eux !



Ce livre est le recueil de cinq voyages dans cinq régions différentes du globe, à des périodes différentes (Chine – 1941 , Caraïbes et Suriname -1942, Afrique (1961), Moscou -milieu des années 70, Israël, Eilat -1971)

En quoi ces voyages ont-ils été cauchemardesques ? On peut l’ attribuer aisément aux conditions de transports (avions, bateaux, voitures et autres), aux conditions climatiques, sanitaires, politiques. Parfois, toutes ces conditions étaient réunies dans un seul et même voyage (bonjour la galère!)

Nous, voyageurs du XXI ème siècle, pouvons prendre exemple sur ces voyageurs d’un autre temps où la notion « d’aventure » n’était pas un vain mot.

Je dois dire que j’ai beaucoup aimé chacun de ces voyages cauchemardesques qui l’ont été pour des raisons à la fois différentes et similaires. Le dernier voyage concernant Eilat en Israël, tient très peu de place dans cet ouvrage mais symbolise le pire du pire d’un voyage cauchemardesque : l’ennui ! Et dans ce domaine, sa rencontre avec une communauté hippie l’avait particulièrement affligée : une bande de doux-dingues complètement « stones » du matin au soir et du soir au matin, incapables de faire quoi que ce soit sinon fumer leur joint !

Ca me fait tout drôle d'être le premier à déposer une critique sur un ouvrage. Mais j'assume et j'espère que je ne serai pas le dernier car ce livre mérite le détour!

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Le monde sur le vif

Tout le monde, ou presque, rêve d’être un alliage de Robert Capa, Joseph Kessel, Nicolas Bouvier et Ella Maillart. Proportions à débattre. Peut-être conviendrait-il d’y ajouter quelques parties de Martha Gellhorn ? Ses articles, avec le recul de plusieurs décennies pour les plus anciens témoignent d’une rare clairvoyance et d’une grande honnêteté intellectuelle, au-delà de ses idées personnelles que l’on devine en filigrane. Une très grande dame du journalisme du XX° siècle, vraiment.
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La guerre de face





"Octobre est un très bon mois pour survoler la Syrie. La vitesse du vent moyenne y est de 2,4 mètres par seconde. Le vent ne souffle en rafales qu’une fois par mois et il ne pleut que tous les dix jours. » clamait, il y a peu, une présentatrice TV russe.



"A Barcelone, il faisait un temps idéal pour les bombardements", écrivait Martha Gellhorm dans un article de novembre 1938 et c'est une preuve, parmi tant d'autres, que La Guerre de Face est l'indispensable compagnon de chevet pour qui s'intéresse à l'actualité, surtout si l'on plaît à considérer subir, tacitement, un état de guerre permanente.



Découvrir la guerre -toutes les guerres- grâce au regard de Martha Gellhorn a tout de l'expérience immersive. C'est trembler avec l'auteur à bord d'un P61 -un avion joliment surnommé la Veuve Noire-, lors d'un périple aérien dont on peine à croire qu'elle puisse sortir intacte (est-ce le cas, d'ailleurs?). C'est embarquer à bord d'un navire-hôpital qui traverse la Manche comme il traverserait le Styx, transportant des hordes de blessés et de moribonds. C'est aller à Dachau où déjà un soldat s'exclame "personne ne va nous croire", c'est déjeuner avec un jeune allemand à l'époque du tribunal de Nuremberg et déjà voir s'affirmer le négationnisme. Martha Gellhorn est plus qu'une femme d'intuition ; elle témoigne sans cesse d'une parfaite clairvoyance et lire cet ouvrage, c'est revisiter d'un regard lumineux les principaux conflits, de la guerre d'Espagne à l'invasion du Panama (1990).



On se prête à rêver qu'on n'est pas en train de lire un recueil de reportages, mais un roman d'une grande lucidité, teinté d'un léger humour (ainsi cette traductrice qui lors d'une conférence de la paix à Paris, dit préférer les sommets de climatologues, les hommes de science étant "naturellement plus honnêtes et plus sérieux que les hommes politiques."), et qui serait, d'une certaine manière, le roman de la guerre.



Car La Guerre de Face n'est pas l'œuvre d'une historienne, mais d'une femme qui a vécu la guerre -toutes les guerres- et témoigne avec sincérité et talent, démontrant entre autres une parfaite maitrise du montage et émaillant ça et là son texte de phrases claires comme de l'eau de roche ("L'Etat a échoué dans sa tâche : au lieu de procurer à l'homme une vie plus pleine, il l'a conduit vers une vie hantée."). En cela, elle semble avoir parfaitement compris les préceptes de celui qui fut son mari, Ernest Hemingway, et qui écrivait dans Paris est une fête : "Ce qu'il faut, c'est écrire une phrase vraie. Ecris la phrase la plus vraie que tu connaisses."



Au-delà du talent littéraire de Martha Gellhorn, la justesse de son regard surprend sans cesse ; elle semble dotée d'une capacité d'analyse hors norme, ou d'un instinct supérieur, car quel que soit le conflit qu'elle couvre, elle semble épouser naturellement la juste voie, avec la bénédiction de la lucidité, que ce soit lorsqu'elle évoque la guerre des Six Jours ou l'intervention étatsunienne au Panama, et qui est pour elle l'occasion de mettre en garde : "Nous ne pouvons vraiment pas avoir la réputation dans le monde d'une nation folle et cruelle qui s'ingère dans les vies des petites gens à la peau brune et qui ne nous ont jamais fait de mal.". No comment.



Obsédés par le règne actuel des images, on peut parfois oublier la primauté de la littérature, l'expérience unique qu'elle propose. La Guerre de face en est la parfaite piqûre de rappel ; cet ensemble de textes vaut toutes les photographies du monde.

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J'ai vu la misère : Récits d'une Amérique en crise

Martha ♥️



Celle qui fut correspondante de guerre, qui couvrit presque tous les conflits majeurs, de la guerre civile espagnole à l'invasion américaine du Panama en 1989, celle qui fut la seule femme aux côtés des 157 000 hommes à débarquer le 6 juin 1944 en Normandie, voulait qu'on se souvienne d'elle en tant que romancière. Pour la plupart des gens, elle est connue pour avoir été l’une des quatre épouses d’Hemingway... Or, Martha Gellhorn n'est pas une note de bas de page dans la biographie de quelqu'un d'autre, elle est l’une des grandes figures féminines du 20ème siècle.



« J’ai vu la misère », publié en 1936, est son premier livre, composé de quatre nouvelles, lestées d'une évidente valeur documentaire. Chaque histoire résulte de l'observation directe de Martha Gellhorn des ravages la Grande Dépression. Sur la base des rapports qu’elle transmettait à l’administration Roosevelt en tant que jeune journaliste de terrain, elle a construit des fictions qui donnent un visage et des prénoms à ceux qui furent les victimes de ces années noires. Compatissante mais surement pas larmoyante, Gellhorn raconte la pauvreté écrasante, la faim, le chômage, le désespoir et la honte de devoir faire appel à l’aide sociale. « Ruby » est sans doute la nouvelle la plus bouleversante de ce recueil ; l’histoire de cette fille rêveuse de 11 ans prête à tout pour s’offrir des patins à roulettes.



D’une écriture directe et vive, Martha Gellhorn se fait la porte-parole de ces gens ordinaires, elle leur rend dignité, humanité et dessine avec sobriété le portrait d’une Amérique déclassée. Un recueil remarquable qui fît entendre pour la première fois la voix de cette femme exceptionnelle.



Traduction de Denise Geneix, révisée par l’éditeur.
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Quel temps fait-il en Afrique ?

Ce livre est absolument magnifique !!

Pas assez connu, il présente pourtant une vision plurielle de l'Afrique des années 1960 qui est à couper le souffle.

Les personnages sont bien campés, émouvants ou haissables, mais toujours attachants et les paysages sont sublimes.

Amateurs du film Out of Africa, vous serez comblés, amateurs de bonne littérature, vous le serez encore plus !
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Le monde sur le vif

Tout change mais rien ne change.

Voilà ce que l’on pourrait se dire en sortant de ce pavé qui regroupe 6 décennies d’articles de Martha Gelhorn, des années 30 aux années 80.



Ces articles c’est elle-même qui les a choisi, deux ans seulement avant de se suicider, comme une sorte d’autobiographie. Et alors que son travail de journaliste l'a emmené à couvrir tous les grands conflits mondiaux, elle fait le choix ici de compiler des textes qui parlent de l’après ou de l’avant, des reportages en temps de (presque) paix: le Sud profond de l’Amérique pendant la Grande Dépression ; la culture dans la Pologne communiste ; le difficile chemin vers la démocratie en Espagne ; Thatcher et les mineurs… Un demi-siècle d’Histoire.



Le livre est organisé par décennie avec à la fin de chacune, un chapitre de conclusion dans lequel Martha revient sur ce qu’elle a vécu, ce qu’elle a perçu et son regard sur l’époque avec le recul .

Le premier article de cette collection vous met un coup de pied dans le bide. Années 30, elle assiste à un lynchage dans le Mississippi. Le reste rend compte de manière saisissante de l'intensité de son travail. De Gaza au Salvador, en passant par Cuba, c’est l'Histoire sur le vif, prise au moment où elle se déroule. C’est le regard de cette incroyable journaliste sur des problèmes et des crises politiques, civiles ou sociales, sur des révolutions en gestation, sur le terrorisme d'État, la pauvreté, l’injustice.



Même si sur un ou deux points, je ne partage pas son avis, je suis en admiration totale pour sa clairvoyance, sa capacité à sentir le monde et bien évidemment son indépendance et son courage.

D’une rare intelligence, ses écrits ont un accent de vérité dont manquent beaucoup de papiers aujourd’hui. Avec en plus une qualité littéraire qui rappelle que le talent de Gelhorn allait au-delà du journalisme.



Traduit par David Fauquemberg
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La guerre de face

La guerre d'Espagne, la libération du camp de Dachau -- qui l'a marquée à vie --, le Vietnam... Martha Gellhorn a rapporté de tous ces fronts des articles d'exception.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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Mes saisons en enfer : Cinq voyages cauchem..

Je contourne le plus souvent les préfaces et les introductions, préférant me plonger directement dans le texte, quitte à revenir en cours ou en fin de lecture aux textes liminaires. Pour ce livre, je n'ai pas dérogé à cette habitude et, plus encore que pour d’autres, je me suis précipité dès la dernière page sur les textes introductifs.



Embarqué dans un récit autobiographique, le lecteur accompagne d'entrée de jeu Martha Gellhorn dans ses pérégrinations à travers le monde ; plus précisément, le lecteur est embarqué par l’écrivaine qui ne le lâchera qu’après bien des aventures et des découvertes.



Très vite, l'auteure vous démontre ses talents ; bonne observatrice, dotée d’un esprit critique et imprégnée d'un humour contagieux on n'est pas surpris de comprendre qu'elle a été journaliste et globe-trotteuse. Petit à petit, on découvre qu'elle parle incidemment de la Maison Blanche comme si ses occupants étaient ses familiers. On devine progressivement une "grosse pointure" derrière l'écrivaine. On fait rapidement connaissance avec une femme de caractère, courageuse, parfois téméraire, toujours attachée à sa liberté de mouvement et de pensée.



Quel est le programme de ce grand voyage ? La Chine du temps et du côté de Chang Tchang Kaï-chek, les Caraïbes à l'époque des sous-marins allemands, l'Afrique en Land Rover de Douala à Mombassa avec mille péripéties au début des années soixante en compagnie d'un chauffeur (qui ne conduit pas), puis, au début des années soixante-dix, Moscou pour aller saluer une grande dame de la littérature et enfin Eilat à la rencontre de hippies. Cinq voyages donc, mais une seule cicerone, et laquelle !



Le lecteur rit souvent tout en étant impressionné par le caractère hors-norme de cette Américaine grand reporter. Vraiment, avec elle, les voyages mouvementés sont un plaisir à déguster bien calé dans un fauteuil confortable. On comprend, au titre de l'ouvrage, que l'auteure n'a pas choisi de nous conter des déplacement insipides. Chacun des cinq récits présente l'intérêt de nous faire voyager dans le temps et de nous frotter à des sociétés décrites avec un mélange d'espièglerie et de perspicacité mâtinées d'humour. Ainsi, quand elle décrit la vie en URSS écrit-elle : "En Union soviétique, le pouvoir apporte la richesse ―l'inverse de chez nous".



Arrivé en fin d'ouvrage, je me suis précipité sur la préface où j'ai découvert que l'auteure avait été une des épouses d'Ernest Hemingway et que la personnalité visitée à Moscou était la veuve du grand poète russe Ossip Mandelstam, victime du régime stalinien. Je ne vous dis que cela de la préface pour vous mettre en appétit et vous laisse le choix de la lire avant ou après le corps du livre. Bon voyage !
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Mes saisons en enfer : Cinq voyages cauchem..

Ce livre commence par une longue préface de Marc Kravetz. Les cinq voyages vous les retrouverez dans les détails en cliquant dans la bibliothèque sur la couverture du livre. Personnellement, bien qu’ayant lu tout le livre, je me limiterai à commenter avec Martha : « Au cœur de l’Afrique », et à donner un aperçu de la préface.



Au cœur de l’Afrique :

Après avoir passé une visite médicale en règle et reçue toutes recommandations utiles, Martha s’envole pour l’Afrique qu’elle traverse d’ouest en est depuis le Cameroun jusqu’au Tanganika et Kenya. Martha est reçue par un couple Tchécoslovaque, elle pharmacienne en pleine brousse, un commerce qui marchait fort bien grâce aux camerounais acheteurs de médicaments, lui l’aide dans la gestion du commerce. Ils ont de plantureux revenus au point de passer six mois sur douze à Paris ou en Corse. Martha quitte ses amis tchèques pour ce rendre Waza. Elle loue une voiture et bénéficie du chauffeur Ibrahim, un bon conducteur. « Je suis assise derrière et le vois mâcher une sorte de gomme, qu’il doit finir par avaler car je ne l’ai jamais vu crache ». A Waza, le but était la visite d’un parc naturel. « Je ne trouvais pas sage d’y être entraînée sans armes à proximité de lion et d’éléphants. »



Laissons parler Martha de sa propre histoire.



Du Tchad nous nous sommes envolé dans le noir pour atterrir à Abéché à 10 heures du matin. Un chauffeur en Land Rover me demandait pour rejoindre El Geneina, 80 dollars. Je trouvais cela cher pour 197 Km, mais je n’étais pas en position de négocier. Ensuite je prenais l’avion pour Karthoum au confluant des deux Nils. Avant de prendre l’avion pour Nairobi, de Karthoum, Martha envoya un télégramme à Ker and Downey Ltd à Nairobi demandant que quelqu’un l’accueil à l’aéroport. L’avion survol le Soudan un paysage sauvage : montagnes d’un brun tirant sur le rouge, gorges, cratères, aucun signe de vie, un désert porté au point d’ébullition. L’Afrique de l’Est allait-elle être encore pire que l’Afrique de l’Ouest ? Mais peu à peu, la terre de plus en plus verte, le mont Kenya couronné de neige, de grands arbres solitaires. A l’aérodrome, Monsieur White-head de Ker and Downey pour m’accueille. Je ne savais pas que Ker and Downey était la plus grande agence de safari du Kenya. Je fis part à Mr White-Head, que mon souhait n’était pas un safari dans les réserves naturelles guidé et renseigné par un chasseur blanc qui servirait de guide mais en contrepartie louer ou acheter un land Rover d’occasion, trouver un conducteur pour partager les tâches et me servir d’interprète, et partir explorer par moi-même l’Afrique de l’Est. Monsieur White-head me le déconseillait formellement argumentant, que j’étais une femme, ne connaissais pas l’Afrique où les choses ne fonctionnent pas comme ailleurs, il n’aurait pas voulu que sa fille, sa sœur se lancent dans pareil projet. Voyant ma détermination, ses équipes s’affairaient pour me trouver un chauffeur. Me fût proposé Joshua et j’achetai un Land Rover d’occasion. Joshua ne m’inspirait pas confiance. J’aurai préféré engager quelqu’un de robuste, il ne tiendrait pas le coup longtemps selon moi. Malgré les sonnettes d’alarmes tonitruantes de mon instinct, j’embauché Joshua. Le départ était fixé le lendemain à huit heures.



Les voilà parti avec un confortable salaire prévu pour Joshua. Hélas, Martha ne put pas compter sur Joshua pour être relayé au volant. Joshua se montra peu débrouillard. Il n’avait pas la force de pousser sur le levier pour enclencher des quatre roues motrices du Land Rover, gémissait et avait un comportement grincheux une bonne partie du voyage. Ne sortait pas du véhicule pour dégagé à l’huile de bras le Land Rover bloqué, avait une trouille bleu des animaux qui entourait le Land Rover. Il arrivait à servir d’interprète mais il palabrait une demie heure pour en tirer deux mots d’explication ce qui peut être très agaçant dans certaines circonstances.



La méthode de Martha pour se déstressé d’une journée de difficultés, si possible nager, boire quelques whisky ou se plonger dans un thriller. Elle avait pensé en mettre quelques-uns dans ses baguages.



Pour le livre, j’ai trouvé le contenu avec beaucoup de détails qui ne pouvait pas intéresser grand monde – Livre épuisant, que je suis arrivé à finir revenant à ma lecture très fréquemment.



Selon-moi, il convenait de lire une préface fort intéressante permettant d’apprendre beaucoup sur Martha, sa famille, ses neufs ans de vie avec Ernest Hemingway, qu’elle a épousé pour divorcer ensuite. Nous apprenons beaucoup sur ces reportages de guerre, la plume d’écrivain était tout à fait accessoire dans sa vie. Sa maman était une amie d’étude d’Eléonore Roosevelt. Au décès de sa maman, elle-même a gardé des liens avec l’épouse du président.



Martha connaissait suffisamment de français que pour voyager seule en France ; A New York auprès d’une compagnie maritime elle négocia une couchette en troisième classe contre la promesse d’un article pour le magazine publicitaire de la compagnie.



Martha était débrouillarde et n’avait pas froid aux yeux.



A l’âge de quatre-vingt-dix ans, atteinte d’un cancer et aveugle Martha se donna la mort.



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La guerre de face

Elle décrit les horreurs de la guerre, peut-être avec en plus une sensibilité féminine ? Capa en reporter de guerre, version papier, si la comparaison était pertinente. Ils ont en commun leur ami et amant, Hemingway…
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J'ai vu la misère : Récits d'une Amérique en crise

Une écriture claire, incisive. On voit les personnages évoluer. L'écriture dit tout grâce au style, simple et rythmé. L'intention est très claire. Cela rassure le lecteur. Mais à la fois, on se dit: peut-être est-ce maintenant que tout cela arrive..

Entre les effets de la crise de 29, et tout ce qui suivra, et ce que nous vivons en 2022, il y a beaucoup de similitudes. J'ai aimé ce livre et souhaite m'inspirer de Martha Gellhorn afin de la mettre en lumière dans le roman que je suis en train d'écrire
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J'ai vu la misère : Récits d'une Amérique en crise

Gellhorn brode peut-être, mais elle n’invente pas. Romancière, elle se met à la place des pauvres gens, dans leur peau. Ce sont de bonnes histoires, bien racontées, un peu vieillottes.
Lien : http://next.liberation.fr/li..
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