Citations de Martin Suter (197)
Utiliser en thérapie sexuelle l’art de la séduction gastronomique d’un demandeur d’asile tamoul, il fallait y penser !
Dans sa chambre à coucher s’alignaient des pots avec de petits plants de caloupilé ; chacun de ces petits arbres disposait de son tuteur de bambou, et tous avaient un âge différent. Le plus grand lui arrivait à peu près sous l’aisselle. (…) Il coupa deux des petites branches à neuf feuilles, passa à la cuisine, les jeta dans l’huile bouillante et y ajouta un bâton de cannelle d’une dizaine de centimètres de long. L’odeur de son enfance commença lentement à se répandre.
Une autre de ses activités majeures, plus importante encore, était le séquençage, le décryptage des codes génétiques. La CGC effectuait ce travail à une telle vitesse et à si bon marché qu’il était plus efficace et plus économique, pour les laboratoires occidentaux, d’envoyer leurs cellules en Chine.
La CGC n’était pas la plus grande, mais l’une des grandes usines génétiques de Chine. Elle employait environ deux milliers de laborantins, techniciens, chimistes, médecins et autres spécialistes.
Les banques de données génétiques grandissaient quotidiennement. Cela permettait à ceux qui en disposaient de mettre au point des cartes génétiques semblables à des cartes géographiques, qui leur permettaient d’établir l’origine d’une personne. Ce qui, bien entendu, ouvrirait grandes les portes à un nouveau mode de discrimination, toujours plus fine et plus ciblée que celle que connaissait déjà l’humanité. Ce qui permettrait aussi, par exemple, de développer des armes qui n’agiraient que sur certains groupes génétiques. On pourrait ainsi attaquer les habitants d’un pays avec des armes chimiques inoffensives pour certaines ethnies et mortelles pour d’autres.
Debout face au miroir, Tom nouait sa cravate. Il avait passé une telle quantité d’entretiens d’embauche qu’il avait désormais un peu d’entraînement. Pour les premiers, il n’en avait pas porté – il faut dire qu’il ne cherchait pas un boulot à cravate. Cravate que ses notes de fin d’études compensaient largement. Mais depuis, il avait lâché son lait, comme disait son père.
À cette époque, il avait compris quelque chose sur la jalousie : elle a beau savoir que la certitude est plus dévastatrice que le soupçon, elle n'a pas de répit tant qu'elle n'est pas certaine.
Ce qu’il voyait n’était pas une hallucination. On ne pouvait pas poser la main sur des hallucinations.
Mais dans ce cas, qu’est-ce que c’était ?
Un miracle ? Un signe ? Quelque chose de transcendant ?
Schoch n’avait jamais été un croyant pratiquant, mais avant de dévaler la pente il était tout à fait persuadé qu’il existait quelque chose dépassant sa perception et sa capacité d’imagination. Une réalité supérieure et peut-être aussi une puissance supérieure.
Cette croyance, comme toutes les autres, s’était toutefois effondrée au moment où il avait touché le fond. Et pendant toutes ces années, elle n’avait plus fait parler d’elle.
Jusqu’à ce jour. Car si cette créature fabuleuse venue d’un autre monde, peut-être même d’une autre dimension, se révélait à lui, justement à lui, cela devait avoir une signification.
Les meilleurs amants sont les hommes heureux.
Lâche, courageux, c’est avec ces catégories masculines qu’on fait les veuves, les orphelins et les mères en larmes.
Les statistiques, vous savez ce que c’est : quand ça arrive, c’est toujours du cent pour cent.
La voix de Santana était claire et éveillée lorsqu'elle demanda :_ Et à moi, quand est-ce que tu me prépares un menu d'amour?
_Jamais......
Dalmann faisait la fête dans l'un des palaces de la ville et marchait à présent au côté de Schelbert, un investisseur du nord de l'Allemagne, dans le lobby bruyant plein de décolletés, de minijupes, de talons aiguilles.
- Quelle mode de merde, cette saison, soupira Schelbert. Comment je reconnais les putes, moi, maintenant ?
- Ce sont celles qui n'en ont pas l'air.
- Una sugerencia, nada mas?
- Oui?
- Nous lui disons qu'il a été trouvé. Mais nous ne disons pas où.
C’était l’un de ces matins où il devait nouer sa cravate trois fois de suite avant d’obtenir les bonnes longueurs.
Et c'est ainsi que Maravan, le Tamoul, prépara sans se douter de rien pour Razzaq, le Pakistanais, un repas au cours duquel se nouerait une affaire qui, par quelques détours, permettrait à l'armée sri-lankaise de se procurer des chars suisses d'occasion.
Il avait entendu dire un jour que les vices auxquels on s'adonnait avec mauvaise conscience étaient bien plus mauvais pour la santé que les autres.
"Ce que j'ai fait aujourd'hui, ça n'était rien du tout. Je veux aller plus loin. Continuer à métamorphoser ce qui l'a déjà été. Rendre croustillant le dur devenu du moelleux. Croustillant ou mousseux. Ou fondant. Vous comprenez ? Je veux... Je veux faire quelque chose de neuf avec ce qui est familier. Quelque chose de surprenant avec de l'attendu." dixit Maravan
Avant l'opéra , Allmen buvait toujours deux margaritas . Elles le mettaient dans une humeur faite d'espoir , de bonheur et de circonspection . Il s'assit sur un tabouret et fit au barman un geste approbateur . Celui-ci lui rendit la pareille , enroula une serviette autour du shaker pour protéger ses mains du froid et se mit à secouer .Avec le rythme insaisissable qui constituait la moitié du secret
de ses cocktails légendaires .
Du temps de sa richesse, Allmen avait été un créancier tut à fait généreux. Et maintenant, dans son rôle de débiteur, il attendait la même magnanimité de la part de ceux auxquels il devait de l’argent. Au début, il n’avait pas été déçu sur ce point : sa bonté passée avait encore longtemps fait effet. Il n’avait pas de dettes : il avait des comptes ouverts, des ardoises, des saldi, des affaires en souffrances. Créancier et débiteur se témoignaient le respect que se doivent ceux qui ont besoin les uns des autres.
Si Scholler avait dû décrire ses sentiments pour Elvira Senn, il n'aurait pas utilisé le mot "amour". Mais il y avait dans son attitude quelque chose comme de l'adoration, de l'inclination et de l'obeissance. Et aussi _ pourquoi aurait-il dû se le cacher ? _ une attirance erotique. C'était un célibataire qui allait sur les soixantes ans et qui s'était toujours senti attiré par les femmes plus agées, dominatrices. Et cette qualité enrichissait d'une autre facette _ même si elle n'était pas très importante _ leur relation à plusieurs niveaux. Elvira avait beau avoir quatre-vingts ans, elle restait une femme attirante et de surcroit elle avait beaucoup de pouvoir.