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Critiques de Martin Winckler (1136)
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Touche pas à mes deux seins !

Toujours un régal de lire un poulpe.

Ici, c’est l’univers médical, l’auteur, Winckler connait bien le sujet et dans ses ouvrages il n’hésite pas à nous montrer l’ambition dévorante de ces hommes en blouse blanche qui oublie le côté humain, relationnel. Il est lui-même un médecin. Il aime taper sur ces pontifes, plein de pouvoirs, d’arrogance, d’abus, détestables à souhait.

Touche pas à mes seins (tout le monde reconnait le jeu de mots ? ) est écrit avec un découpage intégral, on suit la procédure du juge, l’enquête, puis notre ami le poulpe, puis un de ses amis etc.. un peu épistolaire.

C’est comme un jet de piste, la trame devient apparente à la moitié du livre et on plonge dedans avec délectation, avide de finir le bouquin ; et puis quel bonheur de lire l’aventure menée par un juge qui fait bien son boulot, défenseur de l’orphelin et pas que du riche avocat (il me rappelle la série engrenage avec l’excellent juge François Roban)

LE livre est différent des autres poulpe dans la mesure où il n’y a pas d’enquête de Gabriel qui est ici très lisse, trop lisse. On ne le reconnait pas du tout.

Winckler a repris ses personnages (Bruno Sachs, la ville de Tourmens). Au début, je prenais ça pour un clin d’œil mais le clin d’œil est devenu un œil fermé puis tout un cyclope y est apparu. Il n’avait pas besoin de se servir d’eux pour le poulpe. Au contraire, l’écriture d’un poulpe doit être facile, souple, on abat les cloisons, on ne fait pas dans la dentelle et le poulpe bastonne, bastonne…Une petite histoire de 100 pages doit se suffire à elle-même.

Enfin, c’est un détail après tout, juste mon avis…

C’est une bonne histoire, qui ravira les amateurs de polar.

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Petit éloge des séries télé

Dans ce court essai, Martin Winckler, médecin, écrivain et passionné de séries télé, analyse ce qui fait l'intérêt des séries, bien loin des idées reçues que l'on peut avoir en France à leur propos. En effet, même si les séries télé sont de plus en plus citées par les médias comme des œuvres au même titre que des films, il est souvent difficile d'avouer que l'on aime regarder des séries sans avoir à subir des commentaires méprisants. La lecture de ce livre est donc particulière déculpabilisante.



Ce livre donne ainsi des arguments pour faire valoir la légitimité des séries. En effet, bien plus qu'un simple divertissement, elles sont surtout un reflet de la société, ainsi qu'un moyen pour faire entrer dans les mœurs de nouvelles idées. À la fin des années 60, Star Trek a par exemple été pionnière en ayant parmi ses personnages principaux une femme de couleur, alors que la ségrégation était toujours d'actualité.



Il explique également les raisons qui font que les séries soient mal considérées en France, souvent la faute à un doublage catastrophique, qui enlève toutes les subtilités des dialogues d'origine, et à une diffusion sans queue ni tête. Il nous apprend aussi pourquoi les séries françaises sont souvent (bien que cela soit en train d'évoluer) de moindre qualité que leurs consœurs anglo-saxonnes.



La lecture de ce livre est rapide et très agréable. Martin Winckler va droit au but et fournit des explications très claires, accessibles à tout le monde. Il nous donne également une liste de ses séries incontournables, permettant ainsi aux amateurs de découvrir des pépites inconnues, et aux novices de piocher parmi ces nombreuses séries de qualité, à voir en VO of course !



Que vous soyez déjà conquis par les séries télé ou encore sceptique, je vous conseille donc la lecture de ce livre. Dans les deux cas, vous apprendrez des choses, tout en ayant l'occasion de découvrir un auteur très intéressant, dont je vais me pencher sur la bibliographie.
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La Maladie de Sachs

Dans la salle d'attente, dans le cabinet médical, aux domiciles des patients, à l'hôpital, Martin Winckler nous fait partager la vie du Docteur Sachs...

A travers une succession de récits, patients, confrères et employée nous brossent le portrait du médecin généraliste de campagne mais nous dévoilent également leurs maux.

Avis tout à fait personnel sur la forme : l'utilisation systématique du "je" peut être un peu perturbante, le lecteur doit rester très attentif à chaque changement de chapitre pour identifier le narrateur (est-ce un patient, un confrère, la secrétaire ?).

Avis toujours aussi personnel sur le fond : au-delà du thème de la pénurie médicale dans les campagnes et du quotidien difficile d'un médecin généraliste, j'ai vu dans ce roman une nouvelle occasion de m'interroger sur le rôle de chacun dans notre système de santé, des patients un peu plus responsables, pour des médecins un peu moins sollicités pour des "broutilles" et donc disponibles pour les vrais malades et les vraies urgences...
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La Maladie de Sachs

biographie d’un pur,d’un dur, d’un médecin comme on aimerait être surqu’il en existe plein.

Ensemble de portraits de leur médecin rédigés par des patients qui ont, de plus, la particularité de le tutoyer, du moins dans ce portrait.

C’est de cet assemblage que naîtra la connaissance de l’homme, comme un puzzle.

L’idée est superbe et l’âme de l’auteur, puisqu’il s’agit vraissemblablement d’une autobiographie, d’une grandeur inatendue

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Le Choeur des femmes

Voici un roman qui m'aura fait une très bonne impression. Tout simplement parce qu'en tant qu'homme, je n'étais pas au courant de tout ce qui se tramait dans le corps des femmes. Toute l'histoire m'a montré que les femmes n'étaient pas écoutées, qu'elles n'étaient pas soutenues, pire encore qu'elles étaient jugées, salies et souillées par le corps médical qui oscille entre bourreau et sauveur en passant par la case docteur.



Le chœur des femmes, c'est aussi une question identitaire. Une question inter-sexe encore trop souvent taboue où dans nos contrées, il faut impérativement être un homme ou une femme. Sans possibilité d'un entre deux. Une violence implacable dans le seul but de promouvoir une avancées scientifique en maltraitant des enfants à peine nés. L'empathie est partie au fur des années d'apprentissage de la médecine.



Et dans son monde médical, il y a toutes sortes d’interrogations diverses et variées de la part des personnages. Des jugements de valeurs qui se heurtent, des interrogations qui se frôlent, se bousculent et se cognent dans le corps et le cœur des femmes. Le monde soignant soigne t-il ou bien fait-il semblant de soigner ? La violence institutionnelle envers les femmes soulève bien des questions. Faut-il brutaliser les femmes pour être le meilleur médecin ? Le titre de docteur fait-il tout.



Toute l'histoire met en avant des témoignages, certes parfois longs, des logorrhées de mots, des peurs, des non-dits, des angoisses, des douleurs sur des maux que l'on ne panse pas, car on ne le pense pas. On ne les pense pas. La violence faite aux femmes ne semble pas s'arrêter. Elle est agglutinées partout, dans tous les recoins. On parle souvent de bienveillance, mais on parle peu de bientraitance.



Un livre à balancer à la tronche des hommes qui ne veulent rien savoir. Un livre qui mérite d'être lu.
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La Vacation

Faiseur d'ange.



Bruno Sachs est médecin généraliste. Toutefois les mardis il délaisse son cabinet pour pratiquer des avortements.



C'est le premier roman de Martin Winckler. Il s'attache au quotidien d'un médecin généraliste qui pratique des avortements. La narration est ici a la deuxième personne du singulier. le sujet est plus que brûlant alors que le passage de la limite pour l'IVG en France est passé de 12 à 14 semaines, et a suscité des polémiques aussi virulentes qu'inutiles. Et que pire encore, le droit à l'ivg est gravement menacé aux Etats-Unis par la faute des pseudos pro-vie.



Martin Winckler montre dans le détail la procédure d'un avortement. Rien ne nous est caché, de l'arrivée jusqu'au départ des patientes du Dr Sachs. Les raisons sont variées, les patientes ont tous les âges, viennent de tous les milieux sociaux. C'est un véritable foisonnement.



Toutefois, il s'agit d'un premier roman et cela se voit. L'écriture est parfois maladroite. Je n'ai pas aimé la narration à la deuxième personne du singulier qui pour moi casse l'immersion. de plus, Bruno Sachs est le double de papier de l'auteur. La partie sur le roman est clairement un écho de Martin Winckler. Ce passage est très poussif et le comportement arrogant de Sachs très crispant. le roman comporte de ce fait des longueurs. Cette partie était clairement dispensable.



Au final, un livre sur un sujet essentiel de société, et qui de ce fait, malgré ses faiblesses, permet de comprendre l'importance et le droit inaliénable des femmes à disposer de leur corps.
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Le Choeur des femmes

Une des rares œuvres relatant des femmes, de leurs corps et de leur rapport à la médecine gynécologique. Un récit fort sur la bienveillance médicale pour un sujet qui est très intime pour les femmes. Le sujet de l'intersexualisation est traité avec tact et donne beaucoup d'informations intéressantes. Une lecture instructive pour les femmes, et les hommes.
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Le Choeur des femmes

J'ai presque envie d'enlever une demi-étoile pour la fin qui m'a déçue, mais le livre en entier est tellement formidable que je n'en ferais rien...

Voilà des années qu'il me faisait de l'oeil, que je me disais que je n'allais pas aimer, que jamais je ne le lirai. Et puis, finalement le voilà qui atterrit sur ma table de nuit et c'est le coup de foudre!



Le docteur Jean Atwood est interne en médecine et se destine à une carrière de chirurgien plastique des organes sexuels: il doit effectuer un stage de 6 mois, et se retrouve dans un banal service de gynéco. Le docteur Karma l'accompagne et lui sert de tuteur d'abord, de mentor ensuite. Car au départ, lassé des jérémiades des femmes qui défilent dans le cabinet, le docteur Atwood ne rêve que de partir, avant de finalement, décider de se prendre au jeu et de les écouter...



C'est une histoire extrêmement riche: d'abord un petit suspens de début que je n'avais pas vu venir, mais qui a effectivement un vrai sens; puis un petit bout de son histoire d'amour, une jolie histoire d'amitié également... Et ce regard sur les femmes, sur toutes les femmes. Des récits criants de vérité, tristes ou drôles, tragiques ou fantasques, qui nous donnent une vraie claque et nous font prendre conscience que cette spécificité que partagent les femmes, et tout ce que cela induit. Un récit forcément hyper documenté, mais franchement que tout le monde devrait lire!
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Le Choeur des femmes

Très beau livre dont le sujet va bien au-delà de ce que le titre et la 4ème de couverture peuvent suggérer.

Il est question d'humanité et de tolérance. Les personnages sont touchants.

Un ouvrage vraiment enrichissant.

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Le Choeur des femmes

Superbe livre, d'autant plus qu'il a été écrit par un homme, un homme qui parle d'un sujet "de femme" avec une délicatesse et un brio étonnants. Réussir à bâtir un roman avec ce thème grave est déjà un tour de force, mais en faire un roman passionnant et riche en est un autre. Winckler est décidément une belle personne, et l'histoire de Jean devrait être lue par tous, pour le plaisir d'abord, mais aussi pour se poser les bonnes questions, pour ouvrir les yeux, pour s'informer, pour prendre conscience de ces grandes et petites choses sur lesquelles nous avons tous un pouvoir de changement, petit ou grand. Merci Mr Winckler !
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Le Choeur des femmes

Il y a certains romans, ils te mettent une claque littéraire, car l’écriture, la description, l’intrigue t’a subjuguée. Ce ne fut pas le cas avec Le chœur des femmes. En revanche, ce roman ma mis une sacrée claque d’Humanité. Et c’est tout aussi puissant, je vous assure !



Pour faire court, même si Le chœur des femmes est très bien écrit, ce n’est pas pour la prose de l’auteur que ce livre m’a bouleversée, mais pour le contenu de son récit.



L’histoire se déroule dans un hopitâl, et plus précisément dans le service gynécologique. Jean Atwood est une toute jeune diplômée, ou presque. Il ne lui reste plus qu’un stage à effectuer, et en tant que major de promo, il est évident qu’elle n’a plus rien à apprendre… Oui, c’est évident… Ou pas. Mais comprendre le corps de La Femme, connaître les termes médicaux, les grandes idées est une chose, comprendre la femme qui est actuellement en face de toi, faire avec son histoire, son vécu, ses angoisses, ses questions… en est une autre. Et ça, Jean va vite réaliser que ce n’est pas si évident que cela.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je vais rapidement vous parler du fil conducteur concernant Jean Atwood, son histoire, etc. Si dès le début, on comprend bien que la jeune femme a une histoire secrète qui n’a pas l’air d’être des plus simples, c’est surtout dans les 50 dernières pages qu’elle va se dévoiler. Une histoire certes étonnante, mais tout de même cousue de fil blanc et qui pour moi ne constitue pas l’intérêt premier du roman. En clair, elle n’y serait pas, cela ne me manquerait pas.



Au début, la jeune femme est souvent bien arrogante face à la situation de ces femmes venues consulter pour X raison. Ces femmes qui, évidemment trouvent toujours une bonne excuse quand elles sont enceinte alors qu’elles ne le souhaitaient pas. Mais bien sûr, tu veux nous faire croire que tu as pris ta pillule, et malgré ça tu es enceinte ! Et cerise sur le gâteau, voilà que le docteur Karma, le médecin en poste, il écoute ses patientes. Jusqu’au bout, sans chercher à abréger. Non mais franchement c’est quoi ce délire ? Depuis le temps qu’il exerce, il n’a pas compris qu’elles lui racontent des histoires, ses patientes ?

Voilà grosso modo le point de départ de l’histoire : Jean Atwood et ses convictions bien ancrées arrivent dans un service gynécologique, et vont découvrir la médecine auprès d’un médecin aux pratiques bien différentes de ce qu’elle aura appris pendant ses études.

Car si la jeune femme n’a aucune lacune concernant le côté médical, chirurgical, elle en a un sacré paquet vis-à-vis de l’écoute des patients. Elle comme la plupart des étudiants, et des pratiquants d’ailleurs, car c’est bien là ce que veut souligner Martin Winckler : Le fait que les médecins ne soient pas formés à écouter leurs patients. Il dénonce une pratique de la médecine trop souvent dépassée, qui ne se remet peut-être pas assez souvent en question. Toutefois, je tiens à souligner le fait que ce n’est pas une critique gratuite du corps médical dont il est question, mais j’ai ressenti dans ces mots, la volonté de vouloir faire avancer les choses. Une critique positive, en somme.

Et à travers cette confrontation entre le docteur Karma et Jean Atwood, c’est le manque d’adéquation ente le terrain et la théorie qui est mise en avant. Au fur et à mesure de son stage, Jean va apprendre beaucoup. Sur ces femmes, sur la médecine gynécologique, et sur elle-même, bien sûr. Au fil du récit elle se fait moins arrogante, moins sûre d’elle, ce qui va paradoxalement permettre aux patientes de se sentir plus en confiance à son contact.

Ce roman, c’est aussi une mine d’information concernant le domaine gynécologique, de ses pratiques, de ses avancées.



En parallèle au récit suivant Jean Atwood, le roman intercalle des récits de patientes. Et si au début de cette chronique je vous parlais de claque d’humanité, c’est justement pour ces récits. Parce que bien sûr chaque femme a son histoire, avec ses joies ses peines, chacune va vivre son avortement, sa grossesse, sa simple consultation de routine à sa façon. Et même lorsque tu crois que l’histoire est banale, tu te rends compte qu’en fait non, aucune histoire ne l’est vraiment. Et tu comprends pourquoi le docteur Karma tient à ce que l’écoute de la patiente passe avant tout.

Mais voilà qu’en lisant ces témoignages, je me rends compte que, moi qui me croyais très tolérante sur le sujet de l’avortement, je m’étais pourtant fixé une limite à cette tolérance. Du genre, je comprends qu’une femme veuille avorter si c’est justifié. Ok… Mais c’est quoi un avortement « justifié » au juste ? En quoi une personne aurait-elle plus bonne raison qu’une autre d’en arriver à cet acte ? Peut-être, toi qui es en train de me lire, tu te dis comme moi, qu’une femme violée veuille se faire avorter est plus légitime que la nana qui a oublié sa pillule (parce qu’après tout, elle avait qu’à y penser, ou demander à son mec de mettre un préservatif). Et bien je t’invite à lire ces témoignages, à lire les réflexions de Jean, du docteur karma, et peut-être que toi aussi, tu te verras la chose autrement. Evidemment, concernant le droit à l’avortement, l’acte en lui-même, j’aurais encore tant à dire, seulement ce n’est pas tant ma propre opinion que je voulais mettre en avant, que le fait que chaque récit de femme s’inscrit dans une réflexion qui va au-delà de la simple question du droit ou non à l’avortement, à condition d’accepter de remettre en question ses propres idées, à condition d’accepter l’idée que notre vécu n’est pas celui de l’autre personne et que donc notre ressenti sera forcément différent.



En conclusion, Le chœur des femmes est un roman qui mérite d’être lu et que je vous recommande vivement.
Lien : http://voyageauboutdelapage...
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Le Choeur des femmes

Tout d'abord, j'y ai appris plein de choses (d'ailleurs, je pense que la prochaine fois que j'ai rendez-vous chez un(e) gynéco, je demanderai si il est possible d'être examinée dans la position anglaise ou décubitus latéral plutôt que le traditionnel "sur le dos, pieds dans les étriers"). Ensuite, il y a forcément des questions, des situations qui font écho à notre vie et notre expérience de femme, chacune s'y retrouvera parmi ce "chœur". Malgré tout, je me suis aussi sentie frustrée par toutes ces questions intéressantes posées par des patientes auxquelles ne sont apportées aucune réponse dans le livre.



Par contre, pour ce qui concerne la partie plus romancée, moins médicale, elle est un peu trop facile, un peu trop idéale à mon goût et certains "rebondissements" ne m'ont pas surpris, je les attendais depuis quelques pages déjà.



Une très bonne lecture selon moi, à mettre dans toutes les mains. D'ailleurs, je pense que je vais le faire tourner un maximum autour de moi et si je retombe sur un exemplaire en bouquinerie, je l'achète pour l'offrir !
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Le Choeur des femmes

Jean est interne et entame un stage de six mois dans un service qui ne l'attire pas du tout puisque son objectif est de faire de la chirurgie. La gynécologie n'est pas sa tasse de thé et c'est avec des pieds de plomb que commence ce sage.



Je ne sais pas si ce livre peut plaire aux hommes mais de mon côté j'ai vraiment aimé. J'ai aimé l'évolution du personnage de Jean, j'ai aimé certains passages plus que d'autres qui sont vraiment émouvants. J'ai aimé ce médecin, avec qui travaille Jean, qui est attentif aux femmes, à leurs demandes, il est vraiment à leur écoute.



Chaque femme peut sûrement se retrouver à un moment ou à un autre dans cette histoire et comparer ce médecin au sien.



Des techniques différentes existent pour examiner les patientes mais elles ne sont pas utilisées en France, ce livre nous apprend aussi pas mal de choses et soulève certains points à améliorer dans nos hôpitaux français.



De belles histoires, d'autres plus tristes, certaines vraiment émouvantes, un beau kaléidoscope de la vie intime des femmes.
Lien : http://pages.de.lecture.de.s..
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La Vacation

Les anges du docteur Sachs

La vacation est le premier roman de Martin Winckler, auteur qu’on ne présente plus.

Nous y rencontrons le docteur Bruno Sachs, un médecin généraliste qui exerce dans un cabinet d’une petite ville de campagne (voir la maladie de Sachs, paru dix ans plus tard). Chaque semaine, il effectue une vacation dans un hôpital pour y pratiquer des avortements.

Sujet grave, ô combien…

Martin Winckler est un écrivain talentueux mais c’est aussi et d’abord un médecin, ce livre est, je crois, très largement autobiographique.

Alors que j’avais beaucoup aimé La maladie de Sachs, Les trois médecins, En souvenir d’André et le magnifique Le chœur des femmes, mon avis sur ce livre est beaucoup plus mitigé.

Je pense que ça tient essentiellement à sa forme, à sa narration entièrement à la seconde personne du singulier. L’auteur tutoie donc le docteur Sachs, scrute tous ses gestes, et toutes ses pensées… Car, contrairement à ce que pourrait laisser croire les premières pages, le docteur Sachs n’est pas si bienveillant que ça… Même s’il effectue ces vacations par choix, pour aider les femmes, très vite, il devient clair qu’il est au bord de la rupture, et qu’il en a plus qu’assez de voir certaines patientes revenir deux, trois, quatre fois, alors qu’il prend toujours le temps de les écouter, et de les conseiller, notamment sur les moyens de contraception… Le style devient haché, les mots sont incomplets, il y a de nombreuses parenthèses, des digressions qui font bien ressentir l’état d’esprit du bon docteur. Parallèlement, Bruno Sachs tente d’écrire un livre, justement sur ce qu’il vit. Et là encore, rien n’est simple, car a-t-il le droit de s’emparer de la vie de ses patientes pour en tirer un récit fictionnel ? Belle mise en abyme cela dit !

Mais ce qui m’a vraiment mise mal à l’aise, perturbée même, c’est la manière très crue dont Martin Winckler décrit avec force détails l’acte médical d’avortement… Il ne nous épargne rien, absolument rien… Et en tant que femme, j’avoue que ça m’a vraiment atteinte, durement.

Eprouvant.

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Le Choeur des femmes

Je suis du genre à m'envoyer un bouquin que je surkiffe en l'espace de quelques jours. Je crois que c'est la première fois que je mets plus d'une semaine à lire un livre qui me plaît à cause des pauses que j'ai dû faire tellement j'ai somatisé en le lisant.



J'ai "rencontré" ce livre il y a quelques années, après en avoir entendu parlé, on me l'a toujours présenté comme étant un livre que je devais absolument lire. Vu la taille du machin je m'étais toujours promis de le lire plus tard sans jamais vraiment prendre le temps de le faire.



Aussi quand je l'ai reçu dans un joli paquet cadeau pour mon anniversaire, en plus d'avoir des comptes à rendre envers la personne qui me l'a offert (t'es un vrai trouduc Camille Wz), j'en avais également envers moi-même...



Si le personnage de Jean m'agace ? Oui sur plein de points différents. Est-ce une volonté de la part de l'auteur ? J'en sais rien et je m'en fous. Est-ce que le personnage du Docteur Karma m'agace avec sa bienveillance et son côté docteur prêt à faire fantasmer un personnage d'un Barbara Cartland ? Putain oui.



Mais malgré tout. Malgré les petits trucs agaçants, j'ai du refermer le livre de nombreuses fois, complètement heurté par les consultations que subissent certaines femmes auprès d'un gynécologue.



Ça m'a rappelé Fragiles et Contagieuses (chez Éditions Cambourakis), j'avais déjà été choqué par la maltraitance subie pour "soigner" ce qui ne correspondait pas aux "normes". On décrivait ce qui se passait à la fin du 19e siècle jusqu'aux années 50 mais déjà, les propos avaient été troublants.



Ok Le Choeur des femmes n'est pas un essai, ni un pamphlet contre la médecine moderne. On reste dans le cadre de la fiction, mais Winckler étant lui-même médecin, je me dis que certaines situations tiennent forcément de l'ordre du réel.



Le roman m'a donc mis mal à l'aise au point de somatiser. Révolté aussi qu'on puisse avoir des avis qui ne tiennent pas compte de l'individu, visant à positionner le médecin en tant que dominant. Rassuré de savoir que certain.es practicien.nes s'y prennent autrement qu'en stigmatisant leurs patients (pas obligées de se déshabiller pendant une consultation, pas obligées d'écarter les jambes pour faire un frotti,...). Avec beaucoup plus d'humanité.



C'est l'histoire de Jean (prononcé Djinn) qui doit faire un stage en gynécologie avant de devenir médecin. Brillante, une des meilleures de sa promo, formée par les médecins les plus illustres (mais les plus patriarcaux) d'un grand hôpital, elle arrive la gueule à l'envers dans ce service qu'elle exècre, avec comme avant goût les "on dit" sur le médecin en chef, Franz Karma.



Au fur et à mesure des consultations que Jean passera en compagnie des patientes et de Karma, celle ci évoluera sur sa façon d'aborder la médecine, et des relations patients/médecins.



C'est parfois un peu mélo, tiré sur une romance banale mais contrecarré par des prises de positions qui me sont chères. Et notamment sur les questions transgenres. Le parti pris m'a vraiment réconforté, la libre réponse qui prend en compte les besoins de l'individu sans le charcuter pour le conformer sous prétexte qu'il en va de sa santé.



La vision qu'à Karma sur les moyens contraceptifs et la façon dont ils sont proposés, posés lorsqu'une femme se rend chez son médecin m'a fait prendre conscience de tellement de choses.



Révolution. Transformé. En tant que garçon j'ai pris les coups de poings que je méritais, et je tiens à remercier Winckler de me les avoir mis de cette façon.



J'espère vraiment que beaucoup de monde a déjà lu ce livre, qu'encore plus auront envie de le lire. J'encourage mes contacts masculins à les lire parce que ça me semble important de le faire. Je ne connais personne qui bosse dans le médical mais si jamais il s'avère qu'un jour vous puissiez en parler ou l'offrir à un médecin, faites-le.



Vraiment pas évident à lire tant il est dur à appréhender, pas au niveau du style ni au niveau des termes médicaux parce que franchement Winckler s'est démené pour rendre les choses le plus accessibles possible, surtout en terme de ce qui est dit dedans.



Voilà le genre de bouquins dont je suis fier de parler, de défendre, de conseiller, avec des valeurs qui pour moi méritent d'être au moins lues même si à la fin on ne souhaite pas y adhérer.



Je suis tellement fier de ce roman vous avez pas idée...



Camille encore une fois ..

😘



See ya,


Lien : https://www.instagram.com/lo..
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Le Choeur des femmes

Bon pavé mais qui vaut le coup. A mi-chemin entre le témoignage et le roman, les sujets traités sont assez rudes et s’inscrivent dans le mouvement Me Too en dénonçant les violences obstétriques que peuvent subir les femmes, le médecin « tout puissant » face aux internes dont Jean Atwood fait partie. Je sais, vous vous dites que ça risque d’être aussi prise de tête et vous cherchez un roman plus léger, et bien ce roman est bourré d’humour, notre personnage principal est plein de repartie.

Voici le résumé du début, Jean Atwood est interne, major de sa promo et se destine à faire de la chirurgie gynécologique. Avant d’arriver à son but, il faudra passer par six mois dans une unité de Médecine de la femme. Son supérieur et un ogre qui n’est même pas gynécologue mais croit tout savoir mieux que tout le monde, il est détestable à souhaits mais pas si cliché que ça. Jean va devoir découvrir le chœur des femmes, apprendre l’humain derrière le métier froid de chirurgien. On a une belle fresque de patientes, l’auteur sait trouver les mots juste et n’a pas peur de les utiliser, menstruation, contraception, viol, transsexualité pour ne citer qu’eux.

C’est un roman accessible et qui s’adresse à toutes mais aussi à tous, les esprits doivent changer et cette mise en lumière est nécessaire.

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La Maladie de Sachs

Bruno Sachs est un médecin généraliste installé dans une zone rurale. Au départ, il compte peu de patients, mais petit à petit, sa réputation le suit et son humanité et sa disponibilité en font l'un des médecins les plus appréciés et demandés du canton.



Ce récit est d'une écriture particulière. Le Dr Sachs est le personnage central du livre, et pourtant ce n'est jamais lui qui parle. A chaque chapitre, le personnage-narrateur change, et s'adresse au Docteur en disant "tu". On a donc le point de vue de différents patients, de la secrétaire du cabinet, de la voisine, de ses amis, puis de sa compagne. Le récit peut donc sembler haché; les premières pages peuvent sembler ennuyeuses, puisqu'il ne s'y passe pas grand chose, mais finalement, on est pris dans le quotidien d'un médecin de campagne tout simple, l'un de ceux qui veulent mettre l'humain au coeur de leur métier. Avec en toile de fond, évidemment, une critique de la médecine et de certaines de ses pratiques. Et surtout, à la fin, un cri sur le mal-être des médecins qui sont trop peu pris en considération...



Le récit est tellement particulier, que je me demande ce que pourrait rendre le film (comment filmer cette atmosphère, cette distance?) , mais peut-être le regarderai-je, un jour, par curiosité?...
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Le Choeur des femmes

J'ai acheté ce roman au feeling sans rien connaître du livre ni de l'auteur. Pourquoi je l'ai choisi ? je n'en sais trop rien car ma première impression a été de me dire "un livre sur les femmes ? J'en suis une ! aller chez le gynéco n'est jamais une partie de plaisir, pourquoi m'y plonger dans un livre?" ben oui pourquoi ? C'est surement l'inconscient...j'avais des choses a apprendre!

Ce livre est magnifique d'humanité, d'écoute et de compassion. C'est drôle et triste à la fois et j'imagine que comme moi, beaucoup de femmes se sont retrouvées comme celles de ce livre devant ces médecins nous infantilisant avec cette prétention de connaître notre corps mieux que nous le connaissons nous-mêmes ! A mettre entre toutes les mains des soignants et des patients !

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Petit éloge des séries télé

Peu d'entre nous ne sont pas touchés par les séries télévisées : qu'il s'agisse des séries américaines, françaises, de nos voisins British, des telenovelas brésiliennes, des séries latinos fortement inspirées des voisines lusophones, etc etc. La démocratisation avec Netflix - dont Martin Winkler ne parle pas ici, celle-ci n'existant pas au moment de l'écriture de cet essai - a généralisé et amplifié le phénomène. Le périodique Le 1 avait consacré un numéro - toujours aussi - interessant sur sur ce sujet. Mais ce format de chez Folio ajoute le petit plus : l'implication subjective et affective de l'aficionado qu'un article d'expert , tout documenté qu'il soit, ne saurait apporté.



La troisième partie de l'essai, consacrée à l'adaptation des séries américaines sur les chaînes de télé françaises, est particulièrement brillante. A l'inverse des deux premières parties qui sont purement informatives, ce sujet est l'occasion pour Martin Winkler de prendre position quant aux parti pris de notre télévision Made in France et fière de l'être.



Au-delà de l'aspect informatif, j'ai trouvé cette argumentation toute à fait enrichissante, malgré la conclusion que j'ai trouvé un peu décevante. Mais, si j'essaye d'être "objective", il faut bien admettre qu'il était difficile de s'attendre à autre chose pour cet livre qui n'a pas pour objectif d'être un développement de thésard écrit dans un langage pour initiés de la secte. Bref, pour 2 euros, on ne peut pas avoir l'impression d'avoir investi pour rien.
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Il fallait que je vous le dise

Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre, un témoignage sur un avortement. Il s'agit d'une bande dessinée en couleurs, dont la première édition date de 2019. Il a été réalisé par Aude Mermilliod, scénario, dessins, couleurs. Il comporte 155 pages de BD. Il commence par trois strophes extraites de la chanson Non, tu n'as pas de nom, d'Anne Sylvestre. Se trouvent ensuite un avant-propos d'Aude Mermilliod expliquant pourquoi elle a réalisé un tel ouvrage, puis une introduction de Martin Winckler.



À Montréal, en janvier 2017, Aude Memilliod a rendez-vous dans un café, avec le docteur Marc Zaffran, écrivant sous le nom de plume de Martin Winckler. Elle l'attend en sirotant un thé, et en relisant le manuscrit de sa bande dessinée. Il arrive, s'assoit et commande à son tour. Elle lui explique sa démarche : réaliser une bande dessinée sur avortement, projet qu'elle a bâti après avoir lu Le Choeur des Femmes (2009) de Martin Winckler. Elle ajoute qu'elle aimerait compléter cette première partie, avec une deuxième retraçant la vie professionnelle du médecin. Il accepte bien volontiers de l'écouter. Pour Aude, l'histoire de son avortement a commencé en 2011, à Bruxelles, quand elle était serveuse dans un bar. Sa journée était fatigante, et elle était contente de rentrer dans son appartement et de retrouver son chat. À cette époque, Aude sort d'une relation suivie de 3 ans avec Jonathan. Elle a entamé une autre relation avec Christophe. Elle se rend compte qu'au quotidien elle a des impulsions qu'elle a du mal à réprimer : envie de tuer une interlocutrice avec une voix insupportable, envie irrépressible d'une tarte à l'oignon suive d'un dégout prononcé pour le goût de l'oignon, fredonner la Javanaise (1963) de Serge Gainsbourg pendant des semaines. Lucie, sa colocataire, finit par lui demander si elle ne serait pas enceinte. Après la journée de travail du lendemain, Aude se dit qu'il faut effectivement qu'elle fasse un test. Elle passe par la pharmacie en rentrant pour en acheter un et l'utilise dès qu'elle est rentrée : il est positif, ce qui la met hors d'elle sachant qu'elle porte un stérilet. Finalement, elle appelle sa copine Vic, enceinte de 8 mois, et en discute avec elle.



Deuxième partie - Aude Mermilliod finit de raconter son histoire personnelle à Marc Zaffran, en disant qu'elle a lu son livre Le chœur des femmes après coup, et qu'elle souhaite raconter son histoire à lui. Il lui propose d'aller parler en marchant, malgré la neige qui tombe. Tout en marchant, il lui raconte son histoire : son père médecin qui faisait partie d'un réseau pratiquant des IVG clandestines. Il continue : sa première année à la fac de médecine du Mans, sa rencontre avec Caroline, une jeune femme libérée prenant la pilule. En mai 1974, Simone Veil est nommée Ministre de la Santé. Le 29 novembre 1974, elle prononce un discours sur la loi IVG devant l'Assemblée Nationale. Le 17 janvier 1975, la loi est promulguée : il reste à la mettre en œuvre.



Il s'agit donc d'un récit autobiographique en 2 parties : la première (76 pages) est consacrée à Aude Mermilliod et racontée par elle-même, la seconde (62 pages) est consacrée à Marc Zaffran, racontée par lui et dessinée par Aude. Dès la première page, le lecteur est sous le charme des dessins : ils sont très proches de la ligne claire, avec juste quelques rares traits dans les surfaces pour rehausser le pli des vêtements, et parfois l'usage très limité de 2 teintes d'une même nuance dans une surface détourée pour évoquer la luminosité. L'artiste arrondi un peu les visages et les silhouettes, les rendant plus douces, plus agréables à l'œil, plus sympathiques. Elle met en œuvre une approche naturaliste et descriptive, que ce soit pour les tenues vestimentaires, ou le jeu de ses acteurs. Le lecteur suit les différents personnages, comme s'il se tenait à leurs côtés, dans la même pièce. Il se sent le bienvenu en leur présence, assistant à des moments de vie banals, pris sur le vif, parfois invité dans leur intimité (une séance de massage relaxante). Il ne se sent jamais un intrus, plutôt un témoin privilégié qui bénéficie de la confiance que lui portent les personnages, sûrs de son regard bienveillant. Il lui semble partager la vie d'Aude comme un ami intime : sa colère en se découvrant enceinte, son regard préoccupé jusqu'à l'opération, ses sautes d'humeur, sa force de caractère, son assurance face à un mec trop insistant, son abandon en toute confiance lors de la séance de massage. L'autrice met un peu plus de distance dans sa représentation de Marc Zaffran, d'une part parce que ce n'est pas elle, ensuite parce qu'il s'agit plus de ses deux vies professionnelles (médecin & auteur) que de sa vie privée.



Quoi qu'il en soit du sujet abordé, la lecture est des plus agréables, grâce à une forme de prévenance et à un humour discret et naturel, toujours bienveillant. Aude n'hésite pas à se moquer gentiment d'elle-même : sa rage à se laver les dents pour faire disparaître le goût de la tarte aux oignons, sa traversée des phases de déni, de colère, de déprime pour accepter le résultat du test de grossesse, ses bouffées de chaleur, son exaspération face aux copines qui lui disent que ce n'est rien, son énervement face au mec trop insistant, etc. Elle se montre tout aussi habile à faire passer les émotions plus délicates comme les moments de détresse émotionnelle passagers d'Aude, le ressenti lors de l'opération d'avortement, son inquiétude à constater que les saignements continuent plusieurs jours après l'opération, ses ressentis à la lecture du livre de Martin Winckler, l'étonnement de Marc Zaffran face à la franche proposition de Caroline, le calme imposant de Simone Veil face à une assemblée composée uniquement d'hommes, le regard de jugement de la femme à l'accueil orientant vers le tout nouveau service d'IVG, le visage plein de sérieux d'un jeune Marc Zaffran apprenant à pratiquer une IVG, le regard plein de compréhension de l'aide-soignante expliquant à Marc Zaffran, médecin, qu'il y a un temps pour aborder la question de la contraception avec ses patientes, etc.



Le lecteur a parfois du mal à croire à l'élégance de la mise en images pour des scènes délicates. L'opération d'IVG se déroule sur 6 pages : le lecteur ressent les sensations physiques et les émotions d'Aude, sans que les dessins ne deviennent trop graphiques, ou photographiques, ou cliniques, un moment bouleversant. Il en va de même pour les 6 pages consacrées au massage pratiqué par Laëtitia, dépourvu de toute vulgarité, de toute sensation de voyeurisme. Le lecteur est tout aussi transporté dans l'esprit de Marc Zaffran quand il apprend à pratiquer une interruption volontaire de grossesse, en observant un collègue, ou quand il pratique sa première opération, à nouveau sans voyeurisme, sans gros plans techniques. Il le regarde également se mettre à la place d'une femme venant pour l'opération, le médecin s'imaginant ce qu'elle ressent au fur et à mesure du rendez-vous et de l'opération, le lecteur éprouvant ses sensations.



Avec la première partie autobiographique, Aude Memilliod atteint l'objectif qu'elle annonce dans son introduction : évoquer son expérience sans fard et sans dramatisation, sans tabou et sans mettre le lecteur mal à l'aise, avec une narration douce, drôle, grave, précise dans les faits et les émotions. Le lecteur passe ensuite à la deuxième partie en se demandant si elle est bien indispensable. L'autrice fait le lien avec sa propre expérience par la lecture de Le chœur des femmes, un roman, mais aussi une réflexion sur la pratique de la gynécologie et sur la relation soignant-soigné. Le lecteur comprend bien que l'autrice ne pouvait pas envisager son témoignage, en omettant l'expérience de Marc Zaffran, médecin à l'écoute des femmes, ses patientes. Sa vie constitue également un témoignage sur la mise en pratique de la loi de 1975 sur l'interruption volontaire de grossesse, sur la façon d'écouter les patients au lieu de se limiter à appliquer des techniques médicales, sur la question de la transmission de ce savoir acquis de l'expérience, par l'écriture. Dans son introduction, Marc Zaffran se questionne que ce soit lui, un homme, qui rapporte les paroles des femmes, pas tant sur sa légitimité, mais sur la justesse de sa sensibilité. En découvrant sa pratique de la médecine, le lecteur constate que son humilité lui a permis d'écouter, et que son savoir lui vient des femmes qu'il a écoutées : celles en fac de médecine avec lui, Aline (docteure pratiquant l'IVG en hôpital), Yvonne Lagneau, aide-soignante en centre de planification. Cette partie constitue également, par moment, un témoignage historique : le discours de Simone Veil, les jugements de valeurs moraux associés à l'IVG, le besoin d'avoir plus de médecins pratiquant l'IVG, le partage des bonnes pratiques. Cette partie n'est pas un historique de l'IVG : pour cela, l'autrice renvoie à la bande dessinée Le choix (2015) de Désirée et Alain Frappier.



Le lecteur entame cette bande dessinée peut-être un peu intimidé par la pagination, peut-être pas totalement convaincu de la pertinence de la deuxième partie. Il est tout de suite charmé par Aude, en totale empathie avec elle grâce à une narration visuelle élégante et sensible. Il passe dans la foulée à la deuxième partie : elle fait immédiatement sens, à la fois en donnant à voir l'autre côté (la médecine), mais aussi par l'empathie de Marc Zaffran en phase parfaite avec les ressentis d'Aude Mermilliod. Le lecteur aura pu se faire une idée de ce que peut représenter un avortement pour une femme. La lectrice aura pu bénéficier d'un témoignage informatif, ou partager cette expérience.
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