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Citations de Martine Delvaux (131)


3. « Ce qui est au cœur de la question de l'agression sexuelle, à part le pouvoir, c'est la question du consentement. Et en contrepartie de ce consentement ignoré, aboli par les agresseurs (et les institutions qui les soutiennent), il faut penser le consentement des filles entre elles, l'amitié comme "co-sentir", pour le dire avec Agamben. Ce qui fait la communauté, et donc aussi l'amitié, ce n'est pas une valeur extérieure à laquelle on adhérerait tous ; ce qui fait l'amitié, c'est un "sentir avec", un "co-sentement" qui a pour effet de nous lier. […]
Ce co-sentement est le sens même du politique, le choix qu'on peut (qu'on doit) faire de l'autre femme, de l'autre fille. C'est une autre manière de se conduire, de traverser le territoire de la domination masculine en suivant des chemins de traverse, des lignes de fuite, autant de directions qui nous mèneront à l'autre femme, à celle qui nous hante. Celle à qui je ne dois pas cesser de penser. Cette autre qui alors cesse d'être ma rivale, que je cesse d'envie, dont je cesse d'avoir peur parce que je cesse de penser qu'elle est plus grande, plus belle ou meilleure que moi, la seule qui mérite d'être élue, la seule et unique princesse. » (p. 145)
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2. « Le drame que raconte Girl Model et la position politique que le film défend concerne l'embauche de filles trop jeunes par l'industrie de la mode, des filles à qui on demande de poser nues ou à demi vêtues, dans des postures lascives, arborant des vêtements trop grands pour elles... Cette sexualisation de l'enfance – d'une part la valorisation de corps féminins très jeunes, d'autre part l'impasse faite sur l'âge réel du mannequin et l'illusion que crée l'image qu'il s'agit d'une femme alors qu'il s'agit en réalité d'une jeune, voire d'une petite fille – participe d'une culture de l'inceste où les rapports parental et sexuel sont confondus, voire rendus indémaillables, rejoignant ce que Nelly Arcan décrit dans Putain comme cette scène toujours attendue où, un jour, le client qui passerait la porte de sa chambre serait son père... » (p. 124)
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1. « Devant ce paradoxe d'une figure féminine à la fois frigide et sexuellement débridée, mon hypothèse est la suivante : la figure des filles en série est une actualisation de ce qu'on souhaite véritablement des femmes (tout en faisant mine de le leur reprocher) : de la rigidité et de la frigidité, un désir inexprimé voire inexistant, une inaccessibilité, une résistance ou un refus devant les avances des hommes. Au fond, les filles en série – poupées de plastique fabriquées en usine, jouets et ornements – que disent-elles du désir et de la liberté dont on s'acharne à priver les 'vraies' femmes ? » (p. 49)
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nous sommes éreintées et pour nous préserver, nous sacrifions une part de notre existence, arrêtons de courir, rangeons nos enjambées, cessons de passer le témoin, et dans notre chambre noire, développons seules le présent
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Si on recevait la leçon du feu, peut-être qu’on comprendrait mieux l’importance des groupes militants, leur rôle dans le maintien d’un équilibre social. Si on entendait la leçon du feu, peut-être qu’on saisirait mieux le rôle des jeunes filles en feu, l’importance de leur passion, la richesse de leurs colères, la nécessité de leurs amours.On verrait comment elles mettent le feu au monde et comment elles travaillent aussi à l’éteindre.
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On demande aux enfants de bien se comporter, c’est-à-dire de respecter les adultes, de ne pas les bousculer, de ne pas les déranger. Greta Thunberg renverse la vapeur : elle accuse les adultes d’agir comme des enfants irresponsables et gâtés. Elle demande d’honorer les jeunes. Que les adultes respectent leur descendance.
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Ne cherche pas à être parfaite. La perfection est un leurre, elle n’existe pas, sinon dans la tête et les yeux de ceux qui ont tout intérêt à nous exclure. A contraire, sois imparfaite, refuse de correspondre aux attentes, joue comme tu le veux aux jeux qui t’intéressent, et ne crains pas la désobéissance. Parce que tu peux aussi tricher, et ainsi gagner contre un sexisme qui fait tout pour que tu n’aies pas envie de jouer.
Refuse de te plier comme l’origami parce que celui assis à côté de toi dans le métro, le bus, le train, l’avion est installé jambes bien écartées, qu’il monopolise l’accoudoir central, que ses pieds sont collés tout bonnement sur les tiens, que tu dois l’enjamber pour passer… Impose-toi.
Refuse, de la même façon, de suivre le courant général, cette marée qui balaie les œuvres de femmes vers les recoins de la marge pour diffuser à grande échelle le moindre coup de pinceau masculin.
Souligne, quand tu peux, la prédominance d’un boys club dans une exposition, un catalogue d’édition, le cahier « Livres » d’un quotidien, la programmation d’un cinéma de répertoire, le syllabus d’un cours, la playlist d’une émission de radio…
Dénonce, haut et fort, la représentation non proportionnelle des individus au Parlement et au sein des conseils d’administration, parce que tout le monde mérite d’être assis à la table, pas seulement ceux qui trouvent dans le regard des gens qui sont en face le reflet de leur propre visage. C’est tout simple : il faut le dire comme les Guerrilla Girls, avec tout ton amour, en précisant que tu es certaine qu’ils se sentent très mal de constater cette réalité, l’erreur qu’ils ont commise, et qu’ils sont prêts à faire tout leur possible pour la rectifier !
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Peut-être que tu es l’exemple de ce qui se passe quand le féminisme va de soi. Quand c’est le plancher, le strict minimum, l’option par défaut, le féminisme plutôt que la discrimination, le sexisme, la misogynie. Peut-être que tu es la fille postféministe d’une mère féministe. Peut-être que tu es le visage de cet avenir-là.
Néanmoins, je ne t’imagine pas te définir comme humaniste parce que le féminisme ne serait déjà plus à l’ordre du jour. Comme si le féminisme était un militantisme de bas étage alors que parler d’humanisme correspondrait à une lutte digne et noble. Je sais que tu sais que ce serait noyer le poisson parce qu’on se trouve encore aujourd’hui dans la nécessité de lutter pour l’égalité. Le jour où on n’aura plus besoin du féminisme, alors on sera dans une logique humaniste. La même chose pourrait être dite des luttes antiracistes ou contre l’homophobie, la même chose doit être dite de toutes ces luttes qui s’opposent aux inégalités et à la discrimination. Le féminisme est une étape obligée. Refuser de le reconnaître et refuser de se dire féministe n’est qu’une grosse lâcheté.
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Je n’ai pas cherché à faire de toi quelque chose en particulier. J’ai seulement voulu t’aimer, le mieux possible, essayer de te donner de quoi avancer dans le monde avec les pieds bien plantés, avec l’assurance de mon amour, de ma fidélité à cet engagement-là, dans ma vie : ma vie avec toi. Te placer, toi, au centre.
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N’aies pas honte. Et si tu as honte, trouve dans la honte une raison et une manière de t’opposer et de t’engager. Parce que la honte, celle dont on fait l’expérience lorsqu’on est minoritaire ou dominée, qu’on ne correspond pas à la norme (blanche, masculine, hétérosexuelle, en bonne santé physique et financière) et qu’alors on apparaît à la fois trop et pas assez, trop visible et sous-représentée, cette honte-là est aussi le début de l’empathie et de la relation. Les yeux qui baissent, la peau qui rougit sont aussi une passerelle, comme le suggère Eve Kosofsky Sedgwick, une main tendue. Si tu as honte, ne porte pas ta honte toute seule. Fais usage, plutôt, de la contagion.
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Aime qui tu veux.
Habille-toi comme tu veux.
Parle, marche, danse, mange comme tu veux.
Joue avec les codes.
Invente.
Maquille.
Questionne.
Clignote.
Interroge.
Profane.
Dénature.
Chuchote.
Détourne le regard.
Ne souris pas.
Envoie promener.
Refuse.
Résiste.
Contourne.
Dérange.
Fuis.
Crie.
A plein poumons.
Sans réserve.
Sans aucune hésitation.
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Je n’ai jamais exigé que tu embrasses ou que tu te laisses embrasser par des personnes que tu ne connaissais pas ou que tu connaissais, mais vers qui tu n’avais pas envie d’aller, pas à ce moment-là ou même jamais. Je ne t’ai pas poussée dans leurs bras. Je ne t’ai pas montré qu’être une bonne petite fille, c’était de te mettre à disposition. Et aujourd’hui, je te rappelle que tu es maîtresse de ton corps. Que tu as le droit de dire non. Que tu peux ne pas sourire si tu n’as pas envie de sourire. Que tu ne dois pas faire confiance quand tout te pousse à te méfier. Que tu n’as pas à être douce, aimable, gentille pour plaire aux autres et répondre à leur désir, pour correspondre à ce que c’est qu’être une fille. Aujourd’hui, je te dis aussi que tu dois savoir parfois mentir pour te préserver. Ne pas tout dire. Ne pas tout révéler ou avouer. Ne pas penser que le monde entier a un droit de regard sur chaque aspect de ta vie. Et tu n’as pas à toujours être polie. Parce que tu ne feras jamais l’unanimité, et que tu n’es pas forcée de plaire, et surtout pas à la moitié masculine de l’humanité dont le regard posé sur toi serait garant de ta place sur cette Terre.
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Au fond, il n’y a pas de passage entre l’enfance et l’âge adulte, pour les filles. L’adolescence n’est que l’antichambre d’une féminité adulte toujours déjà atteinte. Et à l’inverse : cette féminité adolescente, représentée comme immature, labile, superficielle, instable… nous colle à la peau pour toujours.
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Et quand la fatigue me rattrape, quand je me mets à douter, quand je m’accuse de médiocrité parce qu’aucun geste n’est vraiment à la hauteur de la cause et qu’on ne sait pas ce qui va rester et ce qui sera effacé, quand je crains d’écrire dans le vide, phrases lancées en vrac dans l’univers avec l’espoir fou que quelques-unes retombent sur Terre… quand j’ai envie d’abandonner, je pense à toi, et à ce que je t’ai souvent dit : il faut avoir une passion, il faut trouver cette chose qui te fait respirer et sur laquelle tu pourras toujours compter parce que tu pourras la sortir de ta poche comme un as qui te donne un sens à ton existence.
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Françoise Collin affirmait que la question dite des femmes n’est pas une question de femmes, mais bien la question sociale majeure d’aujourd’hui. Et Kossi Efoui, lui, écrivait récemment : Croire que le féminisme est une question féminine relève de la paresse.
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Si tu n’as pas le pouvoir de retirer ta propre peau, tu as le devoir de ne pas rester muette.
Tu dois t’indigner.
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Être féministe, ce n’est pas, comme certains individus se plaisent à le caricaturer, se complaire dans une position de victime. Être féministe, c’est être vigilante, curieuse et à l’affût, critique et soupçonneuse des discours dominants. C’est regarder derrière pour voir devant, et continuer à rêver, par des paroles et des gestes militants, un monde plus tolérable, un monde où l’on vivait mieux.
Être féministe, c’est être une trouble-fête, écrit Sara Ahmed, et devenir féministes, c’est choisir de demeurer, aussi longtemps qu’il le faudra, celle qui étudie. Occuper la place non pas de quelqu’un qui sait tout (comme on le reproche trop souvent aux féministes), mais celle de la personne qui apprend, qui tente sans cesse de comprendre.
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C’est pour cette raison que, plus j’avance dans ces pages, plus les livres qui m’habitent sont ceux de militantes, de féministes noires américaines qui, en nommant les choses, en dépliant l’histoire, en écrivant la place qu’elles occupent, celle qui leur a été attribuée et celle qu’elles prennent, me remettent doucement et fermement à la mienne.
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Il faut les grèves de femmes pour s’opposer à la non-mixité du monde dans lequel on vit. Le fait de se rassembler stratégiquement les unes avec les autres devant eux, non parce qu’on les hait tous, ni parce qu’on considère que leur présence est inutile à l’intérieur des luttes féministes ou dans la vie ordinaire, mais pour enfin, peut-être un peu, se faire entendre en se faisant voir.
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Je n’ai jamais pensé que j’avais le droit de dire aux mères comment élever leurs filles en tant que féministes. Qui peut se permettre d’affirmer une chose comme celle-là ? A partir de quelle position et de quels privilèges ? Qui suis-je, moi, pour oser faire ça ?
Mais ce que je peux faire, c’est parler de ma vie avec toi, de ce que ça m’a appris de vivre avec toi.
Cet amour-là.
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