Citations de Martine Delvaux (131)
Il ne s’agit pas tant de choisir entre faire et ne pas faire, faire avec passion, par sentiment d’obligation ou même par ressentiment. Il s’agit de faire toutes ces choses avec bienveillance, parfois dans la fatigue extrême ou avec un profond agacement, le faire tout en résistant et même, parfois, refuser de le faire pour s’épargner, mais toujours avec pour horizon un monde où le geste de prendre soin cessera d’être le lot du féminin pour incomber à tout le monde, sans discrimination.
On démonise encore les mères et l’amour qu’elles peuvent avoir pour les filles, inquiétant parce qu’impossible à mesurer. Ogresses, belles-mères, sorcières, professionnelles engoncées dans des tailleurs de prêt-à-porter, toutes envahissantes,suffocantes, narcissiques, abandonnantes, compétitives, envieuses, mères qui rendent les enfants fous et encore plus les filles, trop aimées, mal aimées, jalousées, négligées, abandonnées…
On a bien sûr le droit d’avoir le nombre d’enfants qu’on désire, qu’on soit écrivaine ou pas. Le droit à son corps, c’est aussi ça. Mais moi, après ta naissance, comme Alice Walker, j’ai pensé que c’était impossible d’avoir deux enfants, que j’aurais du mal à me déplacer, que je n’aurais plus de temps, et parle de ce que ça implique de faire le choix de porter ou non un enfant, à une époque où on commence tout juste à dire tout haut que ce n’est pas si simple que ça, que la vérité est faite de plusieurs vérités différentes, et de doute.
On me dit souvent que je donne l’impression de n’avoir besoin de personne tellement je suis devenue autonome. Et pourtant… Sans m’en rendre entièrement compte, je te décourage de vouloir un emploi. Je te dis que l’école, les devoirs, c’est déjà un travail, et que tu auras toute la vie pour obtenir et dépenser de l’argent, que tu n’en auras pas le choix, et que tu as le privilège de faire le choix de ne pas en avoir besoin pour l’instant. Ce qui veut dire compter autrement, ne pas tout avoir et savoir désirer.
La déclaration d’amour comme manifestation féministe.
Est-ce qu’on peut penser le féminisme sans penser l’amour?
Ce n’est pas parce que je t’ai mise au monde que tu m’appartiens. Tu n’as jamais été à moi. Entre l’alien qui faisait bouger la peau de mon ventre et celle que tu es aujourd’hui, c’est la même étrangeté magnifique. Tu es ma fille, mais je ne sais pas tout à fait qui tu es. Chaque fois que mon regard se pose sur toi, je te découvre à nouveau. Je te reconnais, comme quand on croise quelqu’un qu’on n’a pas vu depuis longtemps, avec un léger étonnement. La distance de l’émerveillement.
On ne naît pas féministe, on le devient.
BELL HOOKS
Nommer a à voir avec la mise au monde. On baptise, on inaugure, on nomme : le nom fait exister.
«Ce n'est pas un récit sur ma mère. Ce n'est pas non plus un récit sur mon père. C'est un récit qui parle de l'absence de récit»
Il dit qu'il voudrait un jour, goûter à ce qu'on appelle la normalité. Je lui dis qu'il en mourrait d'ennui, qu'il vaut mieux être comme il est que d'être comme ceux qui nous entourent.
Si l’amour est un événement banal qui attire à lui tout le langage, tu auras été mon dictionnaire, mon Berlitz, mon Assimil. Mais ce n’est pas parce que j’écris sur toi que vraiment tu existes.