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Citations de Mary Costello (96)


Je ne me faisais plus aucune illusion – j’étais devenue une brebis galeuse. Et des mensonges, des mensonges du début à la fin… Mais on ne s’en relève pas tout à fait, Luke, surtout quand on est une femme. Les gens se régalent des commérages et des scandales, plus c’est graveleux, plus ils en raffolent. On jasait dans toute la paroisse. L’injustice – c’est ce qui me reste sur le cœur. Je n’ai jamais vraiment su si on a fini par me croire – dans un monde d’hommes la parole d’une femme est toujours entachée de doute, une femme n’est jamais totalement digne de confiance. C’est la leçon que j’ai retenue – une femme, les gens se précipitent pour la traîner dans la boue, la traiter d’affabulatrice, d’intrigante. Jusqu’aux membres de ma famille, malgré toute leur bienveillance, je me suis souvent demandé si eux aussi doutaient de moi. Si Maman et ton père se sont dit, à un moment, eh bien, elle est là-bas en Amérique, qu’est-ce qui nous garantit qu’elle n’a pas d’enfant caché. Cette pensée les a forcément traversés, tu n’arriveras pas à me l’enlever de la tête. Je ne pouvais pas rester les bras croisés ! J’étais à la fois dans une colère noire et terrorisée – et en même temps je faisais mon deuil de lui, et le deuil de ce que j’avais perdu. Il fallait que je lave mon nom et ma réputation.
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Il regarde Ellen en train de regarder Ruth. Elle la jauge. Évalue son âge. Les femmes entre elles ne se font aucun cadeau.
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Quand on a un cœur d’or comme Josie, on sert de mètre-étalon à ceux qui nous entourent. L’être humain est pris aux tripes par une rivière, une montagne. Par ses prières au ciel elle savait faire tomber des miracles dans son tablier. Les pigeons venaient se poser à côté d’elle. Comme s’ils la prenaient pour une des leurs. Comme si, aussi simple qu’elle fût, elle était plus savante que Dieu. Inutile de dire qu’elle n’avait de la simplicité que l’apparence. Elle était la plus avisée et la plus meurtrie de nous tous. Mais avec moi, elle n’avait rien à craindre.
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À l’époque c’était une obsession, les animaux : leur existence muette, leur réalité quotidienne, minute par minute. Je restais debout la nuit, hantée par une image, un souvenir – un cheval boiteux que j’avais vu ce jour-là, un groupe de chasseurs croisé sur la route, une photo montrant un singe de laboratoire aux paupières cousues. C’était une idée fixe qui me dévorait de l’intérieur, qui me menait tout droit à la rupture.
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L’image de Nora, inaltérable, l’emplit d’une douce tristesse. Ensemble, dans leur jeunesse, s’adonnant aux plaisirs de la chair. Nora assise des heures durant dans des chambres enténébrées, les choses vues de sa perspective. Les épreuves, la misère, les tragédies familiales pendant des dizaines d’années. Menaçant de le quitter. À la trappe, les plaisirs de la chair. Il avait dû la contaminer. Cette simple pensée lui fait horreur. Affaire d’ordre privé. Sans doute rongé par la culpabilité et le remords. Elle l’aura senti, les femmes ont l’intuition de ces choses… Perdue sans lui sur la fin de sa vie.
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Ce que tu as envie, ou pas envie, ça me va aussi. Ce qui compte, c’est d’être honnêtes. Pas de petits jeux entre nous. 
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Nos regards se sont croisés, elle m’a souri. Très belle, menue, les yeux bruns, l’allure très française, avec une chemise blanche près du corps. Je n’arrêtais pas de me retourner – impossible de détacher mes yeux d’elle. Elle était hyperattirante. Sexuellement, aussi. 
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Le désir ne regarde que soi. C’est une affaire privée, entre deux personnes. Tu n’as jamais éprouvé d’attirance pour une autre femme ?
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« Je n’aime pas cataloguer les genres, ni faire rentrer le désir dans des cases, poursuit-il. L’ancien paradigme est obsolète, c’est vrai. La sexualité n’est pas figée, à vrai dire, nous sommes tous humains et – tu connais l’expression – rien de ce qui est humain n’est contre-nature. »
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J’ai tout lu sur le sujet – les textes des philosophes, les rapports des expériences pratiquées sur les animaux et des vivisections. Une obsession. Je voyais de la souffrance animale partout. Dans les rues de Dublin, sur le trajet jusqu’à la maison le week-end – les chevaux efflanqués dans les champs boueux, les bétaillères où s’entassent vaches et moutons, le cirque installé à la périphérie d’un village, les bêtes enfermées dans des boîtes sans lumière vingt-trois heures sur vingt-quatre. » Elle s’interrompt soudain. « Bon, assez parlé ! »
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Il a la sensation d’être une créature insaisissable censée comprendre une chose dans ce monde aquatique, une chose fugace et fuyante, qui remonte à la nuit des temps.
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Dans sa conception des choses, les deux genres admis à l’heure actuelle, le masculin et le féminin, ne sont que des phases transitoires, des entre-deux, l’humanité ne cesse d’évoluer et cette évolution finira par aboutir à une espèce unique dans laquelle coexisteront les formes mâle et femelle, un hybride hermaphrodite hautement sophistiqué. Il est persuadé que sous la pression de ces mutations un basculement s’opérera dans un avenir proche et cette idée le séduit, à la fois sur le plan philosophique et sur le plan esthétique.
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L’un des signes annonciateurs de la fin des temps, avait-il lu un jour : quand les hommes se marieront entre eux. Durant plusieurs années c’était là que sa flamme avait brûlé : au-dedans d’un homme, à la source, à l’essentiel, au point névralgique. Le besoin de toucher cette zone, de se sentir touché. C’est une chose qu’il a toujours aimée, le contact physique, la peau, les odeurs.
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Le désir qui monte sur la langue, au fond de la gorge, le feu dans les reins ; l’amour physique tel que l’esprit, l’intellect et le sens esthétique le conçoivent. Gagnant l’appartement d’Oisín au petit matin par les rues dépeuplées, les propos salaces, les rires polissons. Sa main sur le membre d’un homme. Seigneur, empoigner un sexe qui n’était pas le sien. La main d’Oisín qui le caresse, ses lèvres, les poils dorés sur ses bras à la lumière naissante. Puis le retour chez lui, seul, en plein jour, et l’impact, la prise de conscience nauséeuse de l’acte qu’il avait commis.
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Quelle est donc cette émotion qui le saisit ? Une combinaison de désirs, l’envie impérieuse de la voir. La voir nue, être en elle. Cela fait deux ans qu’il est célibataire, deux ans qu’il a trouvé consolation entre les bras de Deirdre Kelly, qui habite les logements sociaux à la périphérie du village, pendant plusieurs semaines, l’un et l’autre subissant le contrecoup du décès de leurs mères respectives.
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Il aimerait arrêter le temps à cette seconde précise, assister au moment où la volte-face se produit, où le courant opère sa bascule et entreprend de rallier son point de départ, l’océan. Il incline la tête, l’oreille tendue. Ce revirement est forcément perçu par certains animaux, par l’ouïe des cingles, peut-être, des loutres et des cygnes, sensibles aux décibels liquides en dessous du seuil. Par les arbres et les plantes, aussi. Un son que Josie aurait sans doute capté.
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Tu connais l’expression “à la croisée des chemins”, quand on arrive à un carrefour de sa vie et qu’on doit prendre une décision ? Eh bien, peut-être que mon erreur, ç’a été de partir en Amérique. Ou bien – ne te moque pas, Luke – de ne pas rentrer dans les ordres comme j’en rêvais petite fille. Tu m’imagines mère supérieure ! » Elle lâche un grand rire spontané, il joint son rire au sien.
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Quand je pense à la grandeur de notre lignée, à ceux qui nous ont précédés et à la fortune dont ma mère était issue. Ma grand-mère, sa mère à elle, avait fréquenté une école privée en France quand elle était jeune ! Tu imagines ! Elle parlait français couramment, elle jouait du piano. Tu savais ça, Luke ? Voilà de quoi nous sommes les héritiers ! Ma mère jouait du piano. Inutile de dire que ç’a été la débâcle quand elle a épousé mon père.
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La volonté lui manquait pour devenir mathématicien, ou scientifique. Il fronce les sourcils, absorbé dans ses pensées. Qu’essaie-t-il de faire remonter à la mémoire ? Un souvenir aimanté par le soleil, le grain du bois et la cendre de cigarette. De l’index il tapote la cendre sur la surface de la table puis il malaxe les résidus entre l’index et le pouce, dans un mouvement de va-et-vient, enduisant de gris les volutes de ses empreintes digitales.
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Ce n’est pas le travail qui manque. Le souci, c’est la motivation. Cette vie solitaire engendre chez lui une inertie extrême. Certains jours il lui arrive de penser qu’il est resté assis sans bouger dans la même position pendant quelques minutes alors que plusieurs heures se sont écoulées et soudain midi sonne, ou l’après-midi est entamé, ou il est seize heures, et dehors la journée n’a plus du tout la même allure.Il pourrait réintégrer son poste d’enseignant à Belvedere. Ces années-là comptent parmi les plus heureuses de sa vie, l’époque où il se réveillait allongé près de Maeve dans leur petit appartement sur Harold’s Cross. Son souffle tiède, son corps. Une étreinte, mal réveillés, avant l’aube, le goût et l’odeur qu’elle laissait sur sa langue, sur ses doigts. Debout sous le jet de douche brûlant, hébété, propre, puis à l’assaut de l’air vif du matin. Les pieds au chaud dans des bottines en nubuck souple achetées chez Clarks sur Grafton Street.
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